Tout cela s’était passé beaucoup trop vite. Il semblait qu’un battement de cils avait suffi pour que tout bascule. Un instant elle fumait paisiblement sa cigarette à la fenêtre et écoutait distraitement le garçonnet qui courrait après ses papillons dans la pièce voisine, songeant avec nostalgie à tous ces rôles qu’elle n’aurait jamais l’occasion d’endosser, que soudainement Satochi avait surgi pour délivrer ses sinistres nouvelles. Ses effectifs déjà réduits, elle confia néanmoins une grosse partie de ses derniers ninjas y compris ses ninjas gardiens ainsi que plusieurs soldats sans chakra au Rakuzan.

Serrant le poing alors qu’elle déléguait le déploiement immédiat de ses troupes à Satochi, elle lui promit qu’elle interviendrait elle aussi, le temps de sécuriser la cité. Fermant momentanément ses yeux pour se concentrer, elle leva légèrement sa main devant elle par la fenêtre, tout son parc vrombissant en guise de réponse, alors que des nappes de fumée noire commencèrent à s’élever du sol et des plantes malgré la pluie battante. Dispersant d’un geste l’ensemble des insectes sortis de leur torpeur, les filets noirs de la concentration en nano-insectes filèrent à toute vitesse à plusieurs points de la ville.

Une vingtaine des clones ainsi formés se positionnaient calmement sur les remparts de la capitale à égale distance les uns des autres, alors que quatre autres rejoignaient les responsables de la ville pour participer activement à la protection et l’évacuation. Un dernier descendit dans les sous-sols du Palais, s’infiltrant dans la salle condamnée avant de poser sa main sur le sceau mis en place par Konoha. Aussitôt le sol trembla légèrement autour. Les ronces se déployaient.

* * * * *

À l’Est Rokubi et ses partisans, au Nord les rumeurs d’une guerre qui ne tarderait pas à les concerner, et maintenant Taiyô, Jiseyama et Kyûbi au Sud. Peut-être aurait-elle pu trouver du réconfort dans l’idée que l’Ouest était cependant enfin sécurisé par leur action récente… Mais pour l’heure elle avait d’autres soucis en tête. La capitale et le pays restaient une priorité et il fallait qu’elle fasse confiance à ses hommes jusqu'à ce qu’elle les rejoigne.

Mais elle comprit soudainement que ce n’était pas possible. Non pas à cause de ses responsabilités ou de la nécessité absolue de sa présence pour assurer proprement les défenses de la ville, mais car deux individus venaient de lui être révélés. Deux personnes qu’elle ne pourrait ignorer.

Appelant le gamin qu’elle avait gardé non loin d’elle depuis que Satochi était venu la trouver, l’Aburame se tourna en direction des portes qui s’ouvrirent à peine une seconde après, laissant entrer le duo.

Quelle idée stupide de penser pouvoir m’affronter à deux seulement. Et moi qui pensait m'être faite une certaine réputation…

Lâcha-t-elle dans un soupir moqueur, affichant un air légèrement amusé sur son visage. Mais le craquement de son auriculaire qui retentit en écho à sa pique ne pouvait que la trahir pour ceux qui la connaissaient suffisamment bien quant au sérieux qu’elle ressentait vis à vis de ces soudaines apparitions. Les très probables assassins avaient décidément choisi leur moment.

Spoiler:

« Si elle n’est pas occupée ailleurs, elle se mettra au travers de mon chemin. Et peu de monde sur cette planète ne peut la vaincre. Vas les réveiller. Ils ne la vaincront sans doute pas, mais au moins ils l’arrêteront. »
« Quels sont leurs ordres ? »

Un léger rire rauque se fit entendre de la part de l’homme masqué.

« Elle a avec elle Matsuno Satomu. Leur petit fils. Qu’ils le récupèrent : ils adoreront élever l’enfant de l’enfant qu’ils n’ont pas pu élever. Pour une fois, leurs souffrances pathétiques serviront sincèrement. »

_____________________

Les deux ombres avancèrent silencieusement en direction de la capitale Hijine. Ils ne se soucièrent pas du cri inhumain qui déchira la nuit, ignorant les dizaines de gardes et de personnes qu’ils croisèrent sur leur chemin. La capitale était quasi-déserte : tous étaient cloitrés chez eux, à patienter sagement que les militaires de leur pays, shinobis ou non, s’occupent de leurs problèmes. Mais ça ne les intéressait pas : ils avaient une mission. Et malgré leurs morts, jamais ils ne s’étaient sentis aussi vivants. Matsuno Satomu… Il portait leur nom. Il était de leur sang.

Alors, il leur revenait.

Ils arrivèrent aux portes du palais et purent facilement s’y introduire, se retrouvant face à l’Aburame assez rapidement : sa réputation n’était plus à faire. Elle devait les avoir repérés depuis longtemps. Ils l’écoutèrent, restant stoïques face à la Daimyô. Puis, Akina enleva sa capuche, laissant apparaître son teint blanchâtre et cadavérique, ses nombreuses cicatrices et ses yeux nacrés indiquant sa cécité. Elle avait un visage triste, larmoyant : on sentait en elle toutes les souffrances qu’elle avait pu vivre de son vivant, et qu’on continuait à lui faire subir de sa mort.

« Aburame-Sama... Nous ne sommes pas là pour vous affronter. Nous venons juste réclamer ce qui nous est dû. »

Miko ne les connaissait pas, mais des airs chez Akina lui rappelait vaguement quelqu’un. Takeshi, lui, n’enleva pas sa capuche, gardant sa tête entière dans l’ombre de sa cape. La femme semblait des plus sincères : elle était convaincue et sûre que Satomu lui revenait. Elle souriait lamentablement, épuisée et au bord des larmes.

« Nous voulons notre petit-fils... »

Des cadavres. Encore des edo tensei. Ces créatures la fatiguaient. La dégoûtaient. La révulsaient. Contrôlées à distance par leur maître marionnettiste, ces restes de personne ne faisaient que hanter le monde, maudissant sûrement leur présence sur Terre. Car oui, un edo tensei n’était jamais maître de ses faits et gestes. Fut un temps, elle s’était demandée si se verser à cet art en valait la peine, envisageant avec un arrière-goût amer dans la bouche de pouvoir récupérer ce qu’elle avait perdu si jeune. Mais elle n’avait jamais franchi le cap. Effrayée par ce qu'elle aurait pu devenir, effrayée par la noyade à laquelle elle se serait risquée.

Malheureusement il semblerait que ce qui vous est dû m’ait été confié …

Déjà quelques insectes émanaient d’elle, invisibles à l’œil nu, ils n’avaient pas pour but d’attaquer. Juste … se disperser. Se préparer.

Et quelle mauvaise nourrice ferais-je si je vous donnais cet enfant. Après tout … C’est à cause de vous que Kibo ou peu importe son prénom, votre fils, a sombré dans la folie n’est-ce pas ?

C’était en tout cas le dernier souvenir totalement lucide et non corrompu qui avait été confié par Kibo aux Konohajins. À voir les supposés parents du Sunajin, elle comprenait enfin son côté insupportable. Les Matsuno étaient véritablement une belle famille d’emmerdeurs, toute génération confondue. Des grands parents zombies qui débarquaient comme s’ils se croyaient chez eux à fondre en larmes sous la première émotion venue, à Satomu le gamin fouinard, en passant par Kibo l’idéologiste naïf et Ema la mère indigne… Mais quand est-ce qu’ils arrêteraient tous ? Si elle leur donnait le gosse, en serait-ce fini ? Probablement pas, les parents débarqueraient outrés alors qu’ils l’avaient laissé ici comme si son palais était une garderie tout confort ad vitam æternam.

Mais si vous souhaitez tant que l’enfant vous revienne je vous propose ceci : rendez-vous. Vous patienterez dans mes cachots le temps que votre fils soit de retour. Ainsi vous pourrez espérer une discussion raisonnable qui pourrait déboucher sur vos demandes… En échange, je ne vous demanderai qu’une seule question : qui vous a ramené d’entre les morts ?

Ses yeux se teintèrent progressivement pour virer sur le doré profond. Ses Kinnegans s’activaient. Et avec eux, une première précaution. S’ils tentaient quoique ce soit, elle les broierait de ses propres mains. Malgré toute son ironie interne, elle n'envisageait pas une seule seconde de confier Satomu à ceux qui pouvaient sans réelle difficulté s'apparenter à "l'Ennemi". De quel droit pensaient-ils pouvoir menacer la vie d’un enfant si jeune... Que Satomu soit chez elle assurait en effet que ses parents ne s’en prennent jamais à Konoha, mais jamais elle n’avait compté mettre la vie du gamin en danger. Et elle ne commencerait pas aujourd’hui.

Spoiler:

« … Vous ? »

Le temps semblait arrêté. Les mots étaient silencieux. Le regard était perdu. Elle tourna la tête, lentement, de toute sa hauteur de cadavre revenu à la vie. Elle regarda son époux, ses yeux se teintant de larmes : les seules émotions qu’elle pouvait avoir.

« Aburame-Sama... Nous n’avons pas tous connu le même sort face à la mort. »

Son expression avait changé du tout au tout. La tristesse avait laissé place à la folie rageuse. Du chakra s’échappait de tous ses pores, alors qu’elle donnait l’air d’être comme possédée. Elle leva sa main, écartant ses doigts, son mari se levant au rythme de son bras. Fixant l’Aburame de deux yeux rougis, un sourire malsain sur les lèvres, elle bougea quelques doigts, mettant Takeshi entre elle et la Daimyô. D’un autre mouvement, la cape noire qui recouvrait le Matsuno s’envola, montrant à Miko comme à une adepte digne de lui sa monstrueuse nudité.

Matsuno Takeshi. Marionnette de Matsuno Akina. Quelle douce ironie : la marionnette qui en contrôlait une autre. Le pantin craquelait de tous ses membres, tournant la tête et regardant l’Aburame de deux grands yeux vides. Sur son torse était apposé un sceau, en dessous duquel on pouvait lire un mot, comme une ode à tout ce que les deux amants avaient perdu : famille.

« Donnez-moi mon petit-fils, vous entendez ? »

Pendant qu’elle parlait, Takeshi avait ouvert la bouche, laissant s’échapper un gaz bleuâtre. Akina, elle, avait posé trois sceaux autour d’elle et une immense barrière de chakra l’entoura. De la mère et de l’épouse aimante qu’elle avait été, il ne restait plus rien, sinon cette réincarnation démoniaque qui contrôlait son mari par le simple geste de ses doigts habiles.

Et alors qu'elle manipulait son pantin comme un vulgaire jouet, on pouvait l’entendre murmurer, sans qu’elle ne parle spécifiquement à quelqu’un :

« Il n’est pas en sécurité avec vous. Il ne le sera pas ailleurs qu’avec nous. Jiseyama vous tuera tous, jusqu’au dernier… Laissez-moi mon petit fils. S’il vous plaît, laissez-le moi. »

Spoiler:

Mais … Que … La scène qui venait de se dérouler sous ses yeux l’avait hypnotisé tant le côté macabre la prenait par surprise. Cette famille était décidément bien dérangée. Mais sa colère ne se dirigeait pas envers cette femme qui contrôlait avec autant de plaisir malsain son mari décédé. Non, elle se dirigeait à l’encontre de Jiseyama qui avait fait de tous les Matsuno ses jouets favoris. Mais la comédie s’arrêterait là, il ne jouerait pas d’avantage avec leurs vies, et arrêterait d’inclure dans son cirque sordide la vie du garçon qu’on lui avait confié.

Satomu à ses côtés était d’ailleurs tétanisé, quoi de plus normal devant le spectacle qui lui faisait face. Effrayé, il poussa un petit glapissement inquiet alors que l’homme nu aux orbites vides les regardait, s’accrochant encore plus à elle. Il allait falloir qu’elle s’occupe également du garçon pour qu’il ne soit pas une gène.

Un gaz s’échappa de la bouche du corps instrumentalisé de l’époux Matsuno et déjà elle pouvait sentir ses insectes précédemment dégagés mourir à son contact. Ils étaient venus préparés ? Composant un mudra, elle gonfla ses poumons avant d’expulser un déchaînement venteux devant elle afin de repousser gaz et cadavre le temps pour elle de se préparer correctement. Créant un clone identique, l’Aburame laissa le clone prendre l’enfant terrorisé qui commençait à pleurer dans ses bras afin de le calmer et détourner ses yeux de la scène macabre à souhait. Reculant, le clone et Satomu attendaient dans le fond de la salle. La dépense en chakra serait coûteuse mais elle lui économiserait bien du temps et de l’énergie, et ainsi Satomu serait définitivement en sécurité.

Moi qui venais de refaire faire le vernissage …

Mécontente, Miko laissa la boue couler le long de son bras pour former un énorme marteau en pierre. Ce fuinjutsu sur le corps de l’époux et la visible expertise de la femme n’annonçaient rien de bon. Quitte à frapper, autant prendre un peu de distance. Faisant tourner son marteau dans sa main, l’Aburame eut un petit sourire sadique alors qu’elle renforçait la puissance de son chakra dans arme pour le prochain coup, attendant l’offensive adverse. Elle allait enfin pouvoir déchaîner sa fureur.

Au fond de la salle, le clone dont les Kinnegans étaient déjà activés se solidifia puis se concentra sur la barrière de chakra dressée par la femme. S'il pouvait au moins la fragiliser ...

Spoiler:

Elle regarda le gaz toxique se faire dissiper comme s’il n’était que de la poussière, pendant que la Daimyô s’acharnait à vouloir garder l’enfant avec elle. Akina serra les dents, son ton bienveillant perdant peu à peu de sa superbe à mesure que le temps passait. Ses iris, virées au rouge, étaient révélatrices de toute la rage qui habitait la Matsuno actuellement. Ses traits étaient défigurés par la crispation au niveau de sa mâchoire, tellement elle serrait les dents.

« POURQUOI ? Si vous voulez tant un enfant, Aburame-Sama, faites-en un vous-même ! RENDEZ-LE MOI ! »

Elle bougea de nouveau les doigts. Son mari craquela et mit ses deux bras en avant. Ses mains tombèrent sur le sol, laissant la place à deux aiguilles desquelles coulait un liquide noirâtre dont les gouttes fumèrent en touchant le sol. Puis, ses deux aiguilles foncèrent à une vitesse prodigieuse vers les deux Aburame.

« Il est à moi. Il est mon sang. Il est la dernière personne qui m’est chère… Je le protègerais. »

Les paroles de la Matsuno se firent de plus en plus confuses. Elle mit ses mains sur sa tête, toujours en proie à une folie schizophrène : elle était tiraillée, entre son comportement naturel, les ordres qu’on lui donnait, son envie de protéger Satomu et la souffrance qu’elle avait au fond d’elle depuis plusieurs années désormais.

« Si je ne l’ai pas, personne ne l’aura. »

Elle bougea de nouveau ses doigts et sa marionnette de mari fonça lui-même en direction de Satomu. Ouvrant grand sa bouche, une épée en sortit, avec un objectif précis. Si Miko ne voulait pas lui rendre son petit-fils, très bien. Elle l’emporterait avec elle dans sa tombe.

Spoiler:

La mascarade commençait à bien faire. La Matsuno ou plutôt ce qu’il en restait venait de signer son arrêt de (re)mort alors qu’elle tirait sur la corde la plus sensible que l’Aburame possédait. Resserrant la prise de sa main droite sur son marteau, elle regarda les mains du mari Matsuno tomber au sol… Un marionnettiste n’avait pas pour habitude de laisser des morceaux de sa marionnette tomber sans arrière penser. Peut-être que l'esprit qui contrôlait la femme n'était pas très réfléchi. Peut-être que la Matsuno elle-même n’était pas aussi douée que ce qu’elle laissait paraître. Mais pas le temps de se soucier réellement des mains.

Ravivant le chakra contenu dans son dojutsu, l’Aburame aspira l’un des projectiles alors qu’elle se plaçait face à l’autre, s’interposant à l’aide de sa prothèse recouverte d’une couche protectrice d’insectes dont son clone renforça la solidité. Qu’est-ce que c’était agréable de combattre avec une personne qui comprenait son mode de fonctionnement instantanément... Bon, logique en même temps. Mais déjà le clone focalisait son regard sur le Matsuno, une faille absorbant l’épée qui lui sortait de la bouche, alors que l’original esquiva la charge sur le chemin de laquelle elle était grâce à ses sens déjà aux aguets, profitant de l’élan ainsi créé pour abattre de toutes ses forces son marteau contre le faciès du mari.

Le coup avait pour but de renvoyer le mari aux côtés de son épouse, en espérant que la violence de l’impact détruirait la marionnette abominable. Comment expliquer à Kibo une fois tout ceci terminé qu'elle avait réduit ses parents en bouillie sans qu'il ne retente à nouveau de la tuer ? Bah ... Il était le dernier de ses soucis. Ce n'était d'ailleurs même pas sûr qu'il survive lui même dans ce pays sans chakra.

Si je vous donnais votre petit-fils … qu’en feriez-vous ? Vous qui êtes contrôlée par autrui. Est-ce que Satomu finirait comme votre mari ? Réduit à … ça ?

Insufflant de nouveau son chakra dans l’arme, elle se préparait à en finir. Protégée de la sorte, cette gourde pensait ne rien risquer … foutaises. Orientant à ses insectes sur la zone de se diriger petit à petit vers la barrière fuinjutsu en restant dispersés, Miko attendait l’opportunité de frapper un grand coup. Littéralement. En espérant que le tout s'arrêterait là. Jiseyama n'était pas nécromancien... Il y avait donc quelqu'un d'autre. Cette personne était-elle ici ?

Spoiler:

Qu’est-ce qu’elle en ferait ? Quelle question étrange. Elle ferait ce que tout bonne mère ferait à son enfant, à sa chair, à son sang. Ce que Miko ne pouvait visiblement pas comprendre, puisque sa question sortait de nulle part, comme si elle ne savait pas. Comme si elle ne saurait jamais.

« Akina ? »

Elle fut étonnée d'entendre cette voix. Elle écarquilla les yeux, qui se baignèrent de larmes presqu’instantanément. Autour d’elle, tout était noir. Son mari se trouvait là, face à elle, son visage dur et si rassurant la regardant sans aucun sourire. L’espace d’un instant, elle semblait revivre. Un sourire se dessina sur son visage cadavérique.

« Takeshi… Tu es vivant… »

Au fond d’elle, elle connaissait la réponse à cette question : bien sûr qu’il ne l’était pas. Mais l’entendre, même en souvenir, était d’un réconfort qu’elle ne pouvait décrire. S’il battait encore ne serait-ce qu’un peu, son cœur se brisa de nouveau à la vue de cet homme qu’elle avait tant aimé, qu’elle avait tant chéri et avec qui elle avait tellement de projets. Mais ce qui la brisa le plus, c’était cet air sévère que son mari arborait. Pourquoi ? Pourquoi le regardait-elle comme si elle était un monstre ? Comme si elle était une créature démoniaque venue semée le chaos et la destruction ? Elle le fixa, ne voyant que lui et ses deux yeux remplis d’accusation.

« Akina… Pourquoi fais-tu ça ? »

Pourquoi ? Le pensait-il réellement ? Après tout ce qu’ils avaient traversé ? Tout ce qu’ils avaient vécu, ensemble ? La vie les avait déchirés, détruits, brisés : mais elle l’avait fait en les gardant unis. Comment pouvait-il être aussi méprisant envers son acte ? Ils avaient eu un enfant, qu’ils avaient aimé, mais qui leur avait été retiré. Et alors qu’elle pouvait rattraper tout ce qu’elle avait raté, il la jugeait comme si elle commettait un acte abominable ? Sa surprise laissa place à de la colère, ses larmes de joie à des larmes de rage.

« Pourquoi ? Ne comprends-tu pas ? Cet enfant, c’est tout ce qu’il me reste de ce que nous étions autrefois. Ne comprends-tu pas que je glisse sur un rocher taillé à pic depuis tant d’années et que l’élever, l’aimer, être enfin la mère que j’ai toujours voulu être, c’est le seul brin d’herbe auquel j’ai pu accrocher mes ongles ? Tu veux quoi ? Que je me noie, que je m’empoisonne ? Que je laisse sombrer dans le silence le désir le plus cher de ma vie ? »

Elle baissa la tête et releva les bras, en position d’attaque.

« Vas-t-en Takeshi. Laisse-moi faire ce que tu as été incapable de faire. Laisse-moi protéger ma famille. »

Elle posa son regard embrumé sur Miko qui venait de détruire la marionnette de son mari, éparpillée en mille morceaux sur le sol. Elle bougea gracieusement ses doigts et tous les morceaux du pantin vinrent se reformer près d’elle, dans un état impeccable. Elle l’envoya en l’air, laissant cette fois-ci tomber ses deux jambes pour laisser place à un long tuyau. En très peu de temps, une fumée verte en sortit et envahit tout le terrain. Puis, elle ordonna à Takeshi de foncer vers Satomu pour le récupérer et le ramener près d’elle. C’était elle, sa grand-mère. Et personne d’autre.

Spoiler:

@Aburame Miko a 24H pour poster ou elle sera exclue de l'Acte (huehue).

Elle aurait pu avoir pitié pour eux, pour cette famille brisée, ce couple détruit, ces parents et grand-parents qui n’avaient et ne pourraient jamais voir leur descendance grandir et s’épanouir. Elle aurait pu avoir pitié de Takeshi alors que son corps s’éparpillait à travers la salle en d’inombrables morceaux de chair, son corps réduit à n’être que la sinistre marionnette d’un autre, sa volonté réduite à néant. Elle aurait pu avoir pitié d’Akina qui se mettait à divaguer, et s’adresser dans le vide à son mari qu’elle contrôlait tel un pantin, sans possibilité elle-même d’influer sur ses propres actions, à rêver d’un monde meilleur, un monde où elle aurait protégé les siens. Mais elle ne pouvait pas.

La situation l’en empêchait, elle ne pouvait se permettre de laisser libre court à ses émotions. Mais en un sens, aurait-elle réellement été attristée pour eux ? De ce qu’elle en savait, ils travaillaient de leur vivant pour Jiseyama… Akina reformant la marionnette qu’était son mari, elle laissa tomber cette fois les jambes de celle-ci. Du gaz. Encore. Dans un mouvement, elle ordonna à ses insectes déjà répartis de dévorer tout chakra étranger : gaz et même fils chakratique de la marionnette. Mais trop tard, celle-ci avait bougé sans qu’elle ne puisse anticiper d’avantage ses mouvements. Activant ses dojutsus, elle rembobina en un instant la scène pour y voir plus clairement, se concentrant sur Takeshi et sa trajectoire. Les jambes étaient tombées, et la marionnette avait réagi à une impulsion venant des fils d’Akina, fusant à toute vitesse … en direction de Satomu.

Le rembobinage n’avait duré qu’un instant et déjà les yeux dorés de l’Aburame se gorgeaient de chakra, son corps poussant une nouvelle fois toute limite qu'elle s'était pourtant imposée. Alors qu’elle revoyait la scène, elle avait entraperçu ce visage. Le visage d’Akina plein d’espoir. Se déplaçant à une vitesse telle que tout semblait ralenti en comparaison, elle abattit de toute ses forces son marteau sur le crâne de la marionnette avec une telle puissance que son plancher s’ouvrit, le corps perforant quelques étages en dessous. S’appuyant sur le manche de son arme, l’Aburame leva un regard rageur en direction de l’edo tensei, plusieurs mèches de cheveux tombant devant son visage essoufflé. Elle allait le payer.

Protéger ta famille ? Tu n’es rien. Tu n’es personne. Tu n’as pas pu protéger ton mari, ton fils et encore moins toi-même. Tu t’es soumise à Jiseyama par faiblesse et par peur. Si vraiment tu souhaitais le bonheur de cet enfant, tu briserais les chaînes qui t’entravent et tu partirais. Mais tu ne peux pas. Le moindre de tes mouvements est dicté par autrui. Et tu sais comme moi que cette personne ne veut pas le bien de ton petit-fils. Tu veux protéger ta famille ? Mais tu n’as jamais su. Tu es faible Akina, tu l'étais dans la vie, et l'es encore dans la mort.

Se redressant alors qu'elle regagnait de sa superbe, elle fit un signe de tête au clone pour qu’il s’éloigne du trou, pour se diriger vers l’autre angle de la pièce. Était-ce la dernière prestation de Takeshi ? Elle verrait bien sous peu.

Spoiler:

« Akina ? »
« Laisse-moi… Takeshi je t’en prie… Laisse-moi… »

Elle était épuisée, à bout de force. Elle avait tout donné, et son cœur continuait de se détruire à l’intérieur. En face d’elle, elle voyait Miko s’acharnait à défendre son petit-fils. Le sien. A elle. Elle n’était rien d’autre qu’une étrangère, qui l’avait sans doute kidnappé, et qui n’avait aucun droit, d’aucune sorte. A ses côtés, ce qui semblait être l’esprit de son mari ne cessait de la hanter, la regardant non plus avec des yeux attendrissants mais apeurés, des yeux qui rappelaient à s’y méprendre ceux du petit garçon tétanisé que le clone de la Daimyô s’évertuait à protéger. Son regard à elle était emplie d’une rage peu commune : on pouvait aisément deviner que les effets de l’Edo Tensei n’était pas les seules caractéristiques à prendre en compte. Un cliché, bien trop souvent usité, mais qui, force était de le constater, se révélait vrai. Sa propre envie, l’ombre de ses désirs – ou plutôt ce qu’il en restait – dominait la raison et les ordres de l’invocateur. Elle ne voulait pas juste retarder l’Aburame, elle voulait la détruire. Elle ne voulait pas l’empêcher de rejoindre Jiseyama, elle voulait récupérer son enfant. Qu’importe le prix.

« AKINA ! »

Mais elle ne l’écoutait plus. D’une main tremblante, elle ramena toutes les pièces de la marionnette : elle n’avait plus assez de chakra pour la reconstituer. Ni même pour l’utiliser efficacement. Qu’à cela ne tienne. Elle utiliserait sa capacité à lui. Elle aurait dû le faire depuis le début. Quelle sotte était-elle pour avoir pensé un seul instant que son duo fonctionnerait si elle était seule. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, ils agissaient ensemble. Comme une seule personne. Et même si elle le voyait dans ses yeux, et même si la désapprobation transpirait de chaque cellule de l’esprit de l’homme qu’elle aimait, et même si elle devait l’emporter avec elle dans la tombe, elle le ferait. Pour son sang.

Elle joignit ses deux mains ensemble, exécutant un signe étrange et méconnu de l’Aburame. Aussitôt, le sceau sur le torse de Takeshi s’illumina, dégageant une quantité de chakra ahurissante. L’espace de ces quelques secondes, Miko put le voir, aux côtés du cadavre de sa femme. L’esprit de la marionnette, qui regardait avec une crainte non-dissimulée son corps-pantin se vider de son chakra qui emplissait la pièce.

« Je suis désolée… »

On ne savait pas trop à qui elle s’adressait, au fond. A Takeshi, à Satomu ou à Miko. Le fait est que les larmes coulèrent le long de ses joues, alors que le chakra continuait à se déverser. Encore et encore, emplissant la pièce d’une étrange aura. L’esprit du Matsuno disparut, tant pour l’Aburame que pour sa femme. Puis, plus rien. Le vide. L’afflux de chakra n’avait absolument rien fait d’apparent. Akina se remit assise, haletante ; si elle n’avait pas déjà été morte, elle n’en serait de nouveau pas loin. Elle s’appuya contre sa barrière de chakra qui résistait toujours aux assauts répétés de son adversaire.

« Et maintenant, Aburame Miko ? Comment allez-vous faire ? »

Nouvelle voix dans cette pièce. Satomu, alors paralysé de peur, prit soudainement vie. Une aura de désespoir émanait de lui, une aura similaire à ce qui s’échappait du cœur de la marionnette quelques secondes auparavant. Finalement, la technique avait eu un effet ; celui de posséder le corps du jeune garçon. Il émit un petit rire, en même temps que sa grand-mère.

« Vous devrez tuer ce corps pour la vaincre. Lui donnant ainsi la victoire… Mais ne rien faire équivaut aussi à la laisser gagner. »

Les traits du jeune garçon n’avaient plus rien de juvéniles ni d’enfantin : ils étaient devenus mauvais, marqués par la haine et la souffrance. Il ne ressemblait même plus à un enfant.

Lui aussi était devenu un pantin de Matsuno Akina.

Spoiler:

C’était … fini. Akina semblait vidée de son chakra, divaguant à nouveau comme si elle s’adressait une autre personne. Mais la marionnette disparue remonta du trou creusé dans le plancher … non … Seules quelques parties du pantin … Et celles-ci étaient maniées avec extrêmement de lenteur et d’inefficacité, de quoi la rassurer. La marionnetiste ne faisait que s’acharner telle un automate… mais son supplice prendrait fin. S’avançant lentement vers sa proie, la Daimyô traînait son arme derrière elle, essoufflée des efforts qu’elle avait fait jusqu’à maintenant. Akina n’avait nulle part où s’enfuir et n’en avait de toute façon pas la volonté.

Laissez-moi vous libérer Akina, acceptez de nouveau votre mort.

Mais la femme n’avait visiblement pas l’intention de se rendre. Un écho se fit entendre, alors qu’une silhouette floutée et chakratique se dessinait à ses côtés. Akina venait de composer un signe étrange … que … regardant la marionnette elle vit le sceau sur son torse s’activer. Qu’était-ce encore ? D’où réussissait-elle à activer un tel mécanisme ? Ce sceau n’était pas donc pas destiné à enfermer son petit-fils… Se repositionnant devant son clone et le garçon, elle tendit sa main devant elle, faisant sortir ses insectes pour qu’ils dévorent l’étrange technique qui émanait du sceau.

Mais celle-ci était trop puissante, trop soudaine et balaya ses insectes, ne leur permettant pas de manger une grande quantité de chakra. Aveuglée momentanément, elle put cependant clairement entendre son ennemie s’excuser en larmes alors que le souffle balayait tout devant elle. Satomu … Son clone s’était recroquevillé pour protéger de son mieux le garçon avec son corps renforcé. Enfin le calme revint. Plus de silhouette chakratique, plus de bruit, plus de larmes. Seul le silence régnait.

Mais celui-ci ne dura qu’un instant. Déjà une voix sinistre retentissait derrière elle, un frisson lui parcourant l’échine. Non. Se retournant, elle put constater le visage déformé de l’enfant encore fermement tenu par le clone qui resserra son étreinte. Tétanisée alors que l’enfant éclatait d’un rire malveillant en même temps que la marionnettiste, l’Aburame ne bougeait plus. Choquée. Perturbée. Un flot d’images défilait à nouveau dans sa tête. Des images de Satomu, de ses parents, de son mari et de ce petit garçon qui aurait dû être le sien mais qu’elle n’avait jamais pu voir grandir. Elle n’avait pas su le protéger. Encore une fois … Tout ceci était sa faute. Non.

Qu’avez-vous fait ? … QU’AVEZ-VOUS FAIT ?!

Se retournant en hurlant sous l’emprise de la rage qui l’habitait, l’Aburame avait perdu ce contrôle qu’elle affectionnait tant, lançant de toute ses forces son marteau sur la barrière chakratique encore indemne de la Matsuno. Ses mains cette fois vides se crispaient autant qu’elles le pouvaient, tremblant de rage au rythme de la respiration saccadée de la Daimyô. Elle allait la tuer, la démembrer, l’égorger. C’était elle la responsable de tout ceci. Cette femme. Elle la tuerait et Satomu redeviendrait comme avant. Purgé de ce mal qui s’était emparé de lui. Comment avait-elle pu ... Laissant échapper un flot d’insectes de plus en plus noir et épais de chaque parcelle de son être, l’Aburame aux yeux dorés riva son regard haineux en direction de la Matsuno. De la marionnette…

Ce mot retentit comme un écho dans tout son être, repensant aux paroles du nouveau pantin inhumain. La Matsuno aussi était une marionnette après tout… Leur rire ... Se pouvait-il … qu’ils soient liés ? Fermant les yeux un instant, elle finit par effectuer un mudra avec sa main encore en chair, résorbant ses insectes à mesure qu’elle redevenait maîtresse de ses émotions. Retrouvant son calme et son masque inexpressif, elle tourna le dos à la Matsuno qu'elle garderait pour plus tard, s’accroupissant auprès du garçon possédé toujours retenu par le clone solidifié.

Tiens le bien...

Bloquant les jambes alors que son clone maintenait la tête et les bras du garçonnet, elle posa sa main sur son front, laissant quelques insectes s’échapper progressivement en petits filets. Son Kinjutsu. L’art de toute sa vie. Ces petits être symbiotiques qui vivaient au sein de son corps et qu’elle avait créé étaient capables de s’infiltrer dans le corps humain de par leur taille nanoscopique. Une partie d’entre eux avait absorbé un peu du chakra précédent. De quoi traquer tout chakra identique et de purger tous les restes qu’ils pourraient trouver dans ce petit corps frêle. Sceau, genjutsu, autre. Si Satomu pouvait être purgé et sauvé à temps c’était l’unique solution. Pourvu qu’elle ne se trompait pas. Pourvu que ses insectes puissent en effet chasser le nouvel hôte du corps du petit être innocent qui n’avait jamais rien demandé à personne mais qui avait déjà connu bien plus de souffrances qu’une grande majorité des habitants de ce monde.

Sa famille était maudite. Il avait vu son père fou, déchu, enlevé et ne le reverrait peut-être plus jamais; il avait vu sa mère sombrer dans le désespoir, le confier à Konoha puis l’abandonner et ne la reverrait peut-être plus jamais; il avait enfin rencontré ses grand-parents, ceux-ci finissant par vouloir sa mort dans un spectacle cauchemardesque et ne les reverrait plus jamais. Mais il la reverrait elle, elle ne lui ferait pas défaut. Elle s’accrochait à cet espoir. Devait-t-il se retrouver orphelin, elle l’élèverait, le chérirait, l’éduquerait pour qu’il devienne l’un des plus puissants ninjas de son temps et ne dévie pas du droit chemin. Devaient-ils tous l’abandonner ou le trahir, elle briserait la malédiction des Matsuno et sauverait ce garçon… Comme si c’était le sien. Ce soir, elle n’arrêterait peut-être pas Rokubi, elle n’arrêterait peut-être pas Kyûbi ni Jiseyama, mais elle arrêterait une bonne fois pour toute le sort sinistre que le destin lui avait réservé.

Spoiler:

« Ca suffit, Aburame-Sama. Vous avez gagné. »

Satomu fit un mouvement de tête vers Akina, toujours enfermée dans sa barrière de chakra, recroquevillée sur elle-même. Le peu de souffle de vie qui l’animait, le peu qu’elle avait réussi à retrouver au-delà de l’Edo Tensei, semblait totalement s’évanouir. Du corps inerte d’Akina Matsuno, il ne restait que des murmures. Des bribes de paroles, des mots qu’on pouvait entendre de loin : elle ne cessait de demander pardon et de dire qu’elle était désolée.

Les traits de Satomu redevinrent normaux, son visage se défaisant des traits malveillants et angoissants que sa possession lui avait donnés. Lentement, délicatement, il fut allongé au sol, inconscient, dans les bras de l’esprit de son grand-père, regardant son petit-fils endormi. Puis, les murmures d’Akina se turent, et la barrière de chakra s’envola. Takeshi leva la tête, regardant le corps de sa femme qui était retournée au monde auquel elle appartenait. Il caressa lentement les cheveux de son petit enfant, le regard sévère posé sur Akina.

« J’ignore si vous êtes mère, Aburame-Sama. Mais si vous l’êtes, vous comprendrez le comportement de ma femme. L’ordre qui avait été donné à son cadavre était le plus abjecte et le plus cruel qu’on pouvait donner à une mère de famille à qui on a tout pris. Il lui a demandé de réparer ses erreurs en sauvant Satomu. »

Il posa son regard dur, et pourtant embué, sur son petit-fils.

« Elle n’a rien d’une mauvaise personne, et encore moins d’une mauvaise mère. Lorsque nous nous sommes rencontrés, elle respirait le bonheur, la joie de vivre et le bien-être. Nous sommes immédiatement tombés amoureux, et de cet amour est né Yamuro. Mais pour subvenir à nos besoins, dans un pays aussi pauvre que Ki l’était, le simple fait d’être shinobi ne suffisait pas. On a donc rejoint une compagnie, qui cherchait justement des ninjas de qualité pour prospérer. Du moins, c’est ce qu’on pensait. Une chose en entraînant une autre, nous nous sommes retrouvés pris au piège d’un engrenage infernal dans lequel nous n’avions d’autres choix que de continuer. Ils avaient fait en sorte qu’on atteigne le point de non-retour sans même s’en rendre compte. Akina ne voulait pas, et je lui ai forcé la main. Pour protéger Yamuro. Pour pas qu’il soit un moyen de pression. Pour que notre seule faiblesse, à tous les deux, soit préservé. Je l’ai fait abandonner son enfant. »

Il eut un léger rictus. Sans le savoir, Yamuro avait agi comme lui, des années plus tard : pour se protéger, sa femme et lui, il avait obligé Ema à abandonner son enfant. Une histoire qui allait sûrement faire écho aux oreilles de l’Aburame.

« Il n’y a rien de pire au monde pour une mère de perdre son enfant. Après quoi, le Kaihô-Sha allait de plus en plus loin dans ses exactions, et plus on avançait, plus Akina et moi essayions de trouver une issue. Peine perdue avec Jiseyama. Il finit toujours par deviner et il a toujours un temps d’avance. Quand nous avons tenté le tout pour le tout, nous n’avons rien réussi à faire. Pire encore : il jugeait qu’Akina et moi étions trop précieux pour son organisation, alors il a fait en sorte que, quoiqu’il arrive, nous le suivions. Jusqu’à nous obliger à attaquer notre propre enfant, à Suna, il y a plusieurs mois. »

Une fois encore, le regard de Takeshi s’embruma, toujours posé sur le corps de sa femme.

« Akina était déjà meurtrie. Ce coup d’éclat l’a définitivement tuée. Mais même morte, Jiseyama décida qu’elle n’avait pas terminé son œuvre, et il nous envoya à vous pour… ça. »

Takeshi posa la tête du jeune garçon sur le sol et se leva, faisant face à la Daimyô.

« L’emprise de Jiseyama s’est arrêté à partir du moment où vous étiez trop faible pour vous rendre à temps à Taiyô et le stopper. Akina était juste paniquée. Sa dernière offensive… notre dernière offensive, était juste pour nous assurer que, quoiqu’il arrive, quoiqu’il se passe, qu’importe la situation, Satomu était en sécurité avec vous. Même en devenant votre pire ennemi l’espace de quelques secondes, vous avez fait en sorte de le protéger. Pour cela, Aburame-Sama, je vous en serais éternellement reconnaissant. Satomu est en sécurité avec vous, plus qu’avec quiconque. Yamuro a choisi la bonne personne. »

Il baissa la tête.

« J’ignore si Jiseyama réussira à lâcher Kyubi sur le monde. Mais s’il ne réussit pas, il se mettra à la recherche des autres démons pouvant lui accorder le pouvoir de détruire ce monde pour en refaçonner un à son image. J’ai eu vent de beaucoup d’histoires, Aburame-Sama. Je sais par exemple toute la ferveur et la rage que met Konoha, sous l’impulsion de votre élève, à défendre le Yuukan de la fureur d’un des frères de Kyûbi. »

Pour la première fois, il regarda Miko dans les yeux, d’un regard plein de détermination. Il devenait de plus en plus lumineux et, paradoxalement, de moins en moins net.

« Mais il y a une chose dont je suis sûr, Aburame-Sama. Il y avait deux personnes que Jiseyama craignait par-dessus tout. L’une d’elle se trouvait être Habashi Zanshi, Godaime Kazekage, et il a fait en sorte de s’en débarrasser. L’autre… C’est vous. Je sais que vous avez de nombreuses responsabilités, mais je vous en conjure… »

Il disparaissait de plus en plus, dans une espèce de scintillement qui s’envolait vers le ciel. Le corps d’Akina luisait de la même façon. Il posa son regard sur son petit-fils.

« Pour Satomu. Pour les vôtres. Pour le Yuukan. Mettez-vous au travers de son chemin. Son pouvoir s’amenuise, et il a aujourd’hui besoin de forces plus grandes, plus démoniaques. Vous pouvez le vaincre… J’en suis persuadé. »

Il adressa un sourire, pour la première fois depuis tout ce temps, à la Daimyô.

« En ce qui concerne l’enfant, j’ai fait en sorte de modifier légèrement ses souvenirs. Les atrocités commises par son père et sa grand-mère n’existent plus dans sa mémoire. Il se croit ici en vacances pendant que son père et sa mère, tous deux shinobis émérites, devaient risquer leurs vies dans des missions capitales. Quant à sa grand-mère, ne m’en voulez pas, Aburame-Sama… J’ai fait en sorte qu’il la considère comme quelqu’un d’aimant, de chaleureux et pour qui elle avait énormément compté. Parce que c’est ce qu’elle aurait dû être. »

Il disparut entièrement, baignant la pièce dans une obscurité au calme mortuaire. Même les rues étaient désormais silencieuses.

« Merci pour tout. »

Aux pieds de Miko, le jeune enfant se réveilla, frottant ses yeux, il les leva ensuite en direction de l’Aburame, une mine un peu bougonne. Il leva les bras vers elle, le ton suppliant et encore ensommeillé

« A bras, tata. »

… À bras toi aussi, reste avec tata numéro deux un moment, je viendrai te voir plus tard si tu es sage.

Quelle famille de cons égoïstes… Attendant que le clone prenne Satomu dans ses bras en veillant à ce qu’il ne voit rien du reste de la pièce, et l’emmène ailleurs, Miko fit disparaître son sourire jusqu’à maintenant figé qu’elle avait fait apparaître pour l’enfant avant de se passer une main sur le visage. Quelle belle bande d’abrutis… Pour qui s’étaient-ils pris à utiliser leurs dernières forces pour la tester. Ces crétins avaient réussi à la foutre en rogne. Et leur corps inerte sur le plancher totalement en ruine ne suffisait pas à la calmer. Parler de Jiseyama n’avait en effet pas aidé…

La pièce était totalement détruite, un pan entier du mur ayant été soufflé/détruit donnant directement sur l’extérieur. S’asseyant sur le rebord alors que l’air frais s’engouffrait dans la pièce, l’Aburame sortit son paquet de cigarettes, en sortant une avant de l’allumer grâce à son briquet intégré. Elle ne le penserait jamais assez : cette prothèse était parfaite. Portant la cigarette à ses lèvres, elle plissa les yeux, distraite, réfléchissant à tout ce que Takeshi venait de lui dire. Zanshi était visiblement morte donc … Et elle faisait suffisamment peur à Jiseyama pour qu’il lui envoie ses larbins pour manger son chakra ? C’était flatteur… Mais c’était dire le degré de préparation de cet énergumène. Kibo, Satochi et le reste de ses forces seraient-ils suffisants pour l’arrêter ou les avait-il également prévu dans son équation ?

Exhalant longuement sa fumée, elle tira à nouveau sur ce poison alors qu’elle sentait la fatigue l’envahir. Ce combat l’avait véritablement fait puiser dans ses réserves. Et elle détestait ça. À devenir Kage puis Daimyo, elle avait certes arrêté de dépasser ses limites et reposé son corps, l’empêchant d’aggraver son état, mais son corps et son mental restaient ceux d’une guerrière, d’une combattante… Toutes ces années, elle avait mûri, gagné en expérience, peaufiné ses techniques et réussissait à emmagasiner plus de chakra. Mais si son corps n’arrivait pas à suivre car elle continuait à faire passer ses intérêts avant ceux des autres, elle finirait par ne plus valoir grand chose … Serait-elle une menace encore longtemps ? Si Takeshi avait en effet raison quant à sa possibilité d’arrêter Jiseyama cela ne durerait pas … Alors … que faisait-elle encore ici ?

Se craquant le cou en un geste peu élégant, un semblant de décision commença à germer dans son esprit alors qu’elle relâchait le maintien de son chakra Jisetsu constamment utilisé, ses mèches de cheveux se blanchissant alors que sur ses mains elle pouvait voir sa peau se parcheminer un peu. Que dirait Mizuki si elle la voyait dans cet état. Elle prendrait sûrement peur. Miko avait bien vu l’inquiétude dans son regard alors que son élève l’avait vu dans son lit d’hôpital au lendemain de la greffe, réalisant subitement les signes de vieillesse et de fatigue qu’elle lui avait caché toutes ces années.

Mais le temps n’était plus aux fioritures. Oui … Toutes ces années avaient précipité sa vieillesse, avaient épuisé son corps. Tout ce temps à braver la mort, tous ces dégâts que son corps avait subis, toutes ces drogues qu’elle avait prise, toutes ces épreuves l’avaient diminué. Mais elle en était paradoxalement ressortie grandie. Et il était temps pour elle de s’assumer comme elle était : une vieille femme… Mais une vieille femme sacrément puissante. Écrasant son mégot sur son plancher -un peu plus, un peu moins …-, elle se releva, son corps l’élançant à nouveau à cause de ce soudain boost de vitesse qu’elle avait utilisée.

Laissant un flot d’insectes s’échapper d’elle, elle leur ordonna de récupérer les différents morceaux de la marionnette. Kibo serait intéressé de récupérer ses parents en un seul morceau s’il avait la chance de survivre à ce qui l’attendait au Pays du Soleil. S’approchant du corps d’Akina, elle activa de nouveau son dojutsu, s’agenouillant tout en concentrant son regard afin de réitérer l’expérience comme lorsqu’elle avait interrogé la jeune nécromancienne. Si seulement elle pouvait obtenir quelques informations supplémentaires … Forçant encore et encore sur ses yeux, peu habituée qu’elle était à remonter le passé, elle réitéra l’opération sur Takeshi, avant de vérifier grâce à sa sensorialité et ses nano-insectes si ceux-ci n’arboraient pas de marques particulières ou de fuinjutsus étrangers.

Était-ce trop espérer que de se dire que Jiseyama ou l’un de ses sbires contrôlait Akina en tant qu’edo tensei via un sceau ? Un peu de chakra c’était tout ce qu’elle demandait pour remonter leur piste une prochaine fois. Finissant par dégager deux longs filets d’insectes de son corps, elle leur demanda de se diriger respectivement à Kawa et Taiyô no Kuni. Ses clones ne servaient pas à grand-chose et d’autant qu’elle garderait le peu qu’il lui restait pour défendre la capitale au besoin, mais l’espoir d’être spectatrice de ce qu’il adviendrait de Rokubi, Kyûbi et Jiseyama l’animait. Toute information était bonne à prendre…

Spoiler: