Ses paupières étaient lourdes, douloureuses. Lorsqu'il les ouvrit, le ciel était en flamme. Jamais. Il n'avait vu un ciel aussi magnifique, d'un rouge flamboyant… C'était irréel et pourtant, on aurait pu jurer se brûler la main, si on tentait de s'y approcher. Enfin, un oiseau passa au-dessus de lui. On ne voyait pas sa parure, seulement sa forme, car à part le ciel… tout était noir… sombre. Les branches qu'il apercevait étaient sans vie. Tout comme le sol sur lequel il était posé. Il laissa sa tête tombée sur le côté et posa ses yeux embrumés sur son bras étendu. Il essaya de serrer ses doigts, mais rien n'y faisait. Son corps ne lui répondait plus. Plus loin, au-delà de sa main sans vie, il pouvait voir les villageois courir, fuir. Ils criaient, ils pleuraient et ils s'enflammaient.
L'odeur lui rappelait les plats trop cuit de sa mère un peu tête en l'air. Il pouvait voir son sourire embarrassé et la tête déçue de son père. Il pouvait entendre ses parents rires et finalement décider d'aller manger chez Madame Arisa.
La fumée entrait dans ses poumons et venait chatouiller le fond de sa gorge. Il toussait. Son thorax le brulait et ses yeux pleuraient. Que faisait-il ici ? Son esprit s'embrouillait… Pourtant, il pouvait entendre des voix s'approcher…elles l'appelaient, mais lui, il partait.
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« Daiki ! Ton goûté ! »Impatient, le petit vint rejoindre sa mère, son sac-à-dos déjà ouvert. Il sautillait, ne tenait vraisemblablement pas en place. Chose qui faisait bien esquisser un sourire amusé à sa mère. Elle emballa soigneusement son bento avant de le ranger dans le sac et… libérer le petit monstre. Celui-ci se précipita donc à l'extérieur afin de rejoindre ses amis.
C'était un petit village de quelques habitants. Principalement des fermiers et des forestiers. Il y avait cependant bien une enseignante afin de donner les bases de l'éducation aux plus jeunes. L'école était située dans la petite chapelle du village. Là, les quelques enfants venaient y faire leur leçon. Âgé à peine de quatre ans, notre jeune intéressé ne connaissait pas encore grand-chose à la vie.
« Madame, Madame ! »Le sourire fier et innocent, le petit venait de dessiner un ciel bleu dégagé. Ce fut avec tendresse que l'enseignante félicita la création de l'enfant, tout comme celle de ses camarades. Leur parent seront ravis les assura-t-elle avant d'entre un bruit fracassant.
Tous sursautèrent et se regardèrent en quête de réponse. Un long et terrible silence prit place lorsque soudain une personne se mit à crier au feu. Très vite la panique s'installa dans le village surpris et remplit d'incompréhension. A peine les portes de la chapelle ouverte, ou pouvait voir les maisons modestes s'enflammer dans une rapidité incroyable. On pouvait voir des parents venir rechercher leur enfant en panique avant de les tirer au loin.
« Mama ?! Papa ?! Mamaaaa ?! » Ses cris ne semblaient atteindre personne. Perdu, l'enfant recherchait désespérément ses parents. Mais les flammes l'entourèrent dangereusement. Ebloui, désorienté et bousculer par les gens en panique, il ne retrouva pas son chemin. Ce fut la main d'un homme, un vieil oncle, qui vint l'agrippé afin de le tirer de force hors du village. L'enfant se débattit, ses parents… il devait retrouver ses parents. Néanmoins, le vieil oncle le gronda, il criait des mots qu'il ne comprenait pas. Tous se mirent à courir loin des flammes, néanmoins la main le lâcha. L'enfant tomba et fut piétiné par les quelques villageois qui courraient sans faire attention. Tout ceci n'était qu'un cauchemar. La douleur dans ses côtes, le feu qui ravageait sa maison, les cris et les pleurs. Tout cela ne pouvait être vrai. Immobile, étendu sur la terre, l'enfant ferma les yeux….
Un cauchemars. Voilà tout.