Des pas tranquilles, la Natsumi se dirigea vers l'hôpital de Kirigakure no Satô. Lieu où elle allait mettre les pieds pour la première fois et où elle espérait se rendre le moins possible. Aussi bien en tant patient que simple visiteur. Elle ne détestait pas cet endroit mais ce n'était pas non plus un espace où elle aimait trainer.

La raison de sa visite d'aujourd'hui était un genin qu'elle avait déposé dans l'établissement la vieille suite à cette attaque surprise menée par ceux qui s'étaient présentés sous le nom de "serviteur de Sa Majesté". Le patient était un jeune Samui arrogant mais non dénué de volonté mais qui avait lamentablement échoué dans un combat qu'il avait souhaité mener seul. Grièvement blessé, la Natsumi l'avait transporté en urgence à l’hôpital après s’être débarrassé elle-même de l’ennemi qui s’était acharné sur le jouvenceau comme si ce dernier était la cible principale de l’antagoniste. Enfin, là était le sentiment qu'avait habité la jeune femme qui avait assisté à la scène. Une impression qu'elle avait partagée avec le Mizukage mais pour l'heure la véritable nature de cette attaque n'a pas encore été statuée, seules des suppositions avaient été avancées.

Tout en marchant, la Natsumi se remémora le combat de la veille. Non pas pour le plaisir de se souvenir des mauvais moments mais pour se rappeler de la personnalité du jeune Samui qui allait rejoindre son équipe sous la recommandation du Mizukage. Là était en réalité le sujet qui motivait le déplacement de la samouraï qui jamais ne se serait déplacée juste pour prendre connaissance de l’état du blessé qu'elle connaissait à peine. Cette information, elle aurait pu très bien l'obtenir sans devoir se rendre personnellement à l’hôpital.

Samui Sora, jeune garçon doté d’une insolence non dissimulée avait tenu à s’occuper seul du plus fort des ennemis qui les avaient encerclés et avait essuyé un échec total. Mairu reconnaissait cependant qu’il avait combattu vaillamment. Sa volonté de gagner même face à un adversaire qu’il savait plus puissant que lui l’avait fait pousser des ailes mais qui ont malheureusement brulé rapidement. Chose à prévoir quand on se laissait envahir par l'orgueil qui souvent poussait à confondre courage et témérité.

Malgré cette pensée assez positive que la Natsumi avait sur Sora, le prendre en charge ne la réjouissait pas pour autant. Non pas parce qu'elle avait peur de ne pas être à la hauteur des devoirs qui l'attendaient mais parce que le jeune Samui allait être le deuxième cas "adolescent turbulent" qu'elle allait devoir prendre en main. Koema, un de ses deux "disciples" officiels, lui était bien suffisant comme élève à problèmes mais Michiki lui avait fait comprendre que les jeunes pousses de Kiri avaient besoin d'être pris en charge mais que le village manquait cruellement des effectifs assez expérimentés que la samouraï accepta sa proposition sans énoncer la moindre protestation.

La voilà donc en chemin pour annoncer la nouvelle au jeune Samui dont étrangement elle avait hâte de voir la réaction. Ce fut donc animée par cette idée que la Natsumi arriva à destination. Elle toqua légèrement à la porte de la pièce où séjournait le genin avant de pousser celle-ci sans attendre une invitation à rentrer …

On attendant le surnom plutôt dévalorisant que le jeune Samui lui balançait alors qu'elle rentrait à peine dans la pièce, la Natsumi s'arrêta instantanément. La jeune femme ne s'attendait pas à être accueillie les bras ouverts mais elle avait loin d'imaginer de se faire traiter d'une créature de réputation repoussante et mauvaise que la déclaration de Sora l'avait un tantinet choqué. Ses pas qui s'étaient arrêtés net suffisaient à prouver que le surnom ne l'avait pas laissé indifférente bien que son faciès continuât d'arborer cette expression relativement sereine qui était la sienne.

Le regard froid que Mairu jetât sur le genin en disait long sur le fond de ses pensées bien qu'elle garda le silence. Elle préférait ne pas rétorquer aux propos séditieux du pubère bien que l'envie l'étreignît. En tant qu'adulte, elle devait montrer le bon exemple et répondre à la provocation puérile d'un gamin n'en était pas une.

Se montrer responsable était un devoir que la Natsumi trouvait personnellement bien chiant que l'insoumise qui sommeillait en elle avait souvent envie de transcender mais elle savait que si elle laissait la véritable elle s'exprimer, le genin blessé pourrait très bien finir par passer par la fenêtre de la chambre où ils se trouvaient et qui se situait au troisième étage. Chose qui pourrait très bien la trainer devant la justice au carrément la faire jeter en prison si la victime décédait - par accident - alors il valait mieux qu'elle se retenait. Chose qu'elle parvenait sans mal. Contrôler ses émotions était une des rares qualités qu'elle possédait même si parfois la saturation finissait par la faire exploser.

La jeune femme ne répondit pas de suite à la dernière et la seule question qui - selon elle - méritait une réponse du jeune Samui. Au lieu d'y répondre, elle se dirigea vers l'unique fenêtre de la pièce qu'elle ouvrit en prenant tout son temps avant de se retourner pour faire face à l'alité qu'elle fixa un moment dans le silence.

- Ton adversaire n'était qu'un vulgaire clone comme les trois autres, lâcha enfin la Natsumi. Un simple coup et il s'est évaporé … Enfin, tant mieux que notre combat n'a pas duré car autrement je n'aurais jamais pu t'amener ici à temps.

Implicitement et subtilement, Mairu venait de traiter le jeune Samui d'un faible qui avait été secouru par la sorcière qu'elle méprisait.

- Comment te sens-tu mon petit Sora ? Poursuivit la samouraï après un répit tout posant une main sur le front de l'adolescent alors qu'elle s'était assise sur le bord du lit. Je pourrais te préparer une potion magique pour soulager tes douleurs si tu veux !? Ajouta la jeune femme avec le sourire.

Sa main semblait vouloir tâter la température du jouvenceau mais en réalité, Mairu avait établi ce contact parce qu'elle savait que Sora n'apprécierait pas son geste…

Face aux âneries que blablatait le jeune Samui, la Natsumi se contenta de le fixer d'un regard serein et un tantinet amusé.

Même un parfait benêt aurait compris que les paroles du jouvenceau étaient destinées à la provoquer mais si le surnom que Sora lui avait octroyé à son arrivée avait perturbé un bref instant Mairu, pas un seul des mots qui s’ensuivirent n’arriva cependant à l’atteindre.

La provocation orale était une arme inefficace contre la samouraï dont il fallait plus que des simples paroles pour sortir de ses gonds mais comme tout commun des mortels, sa patiente avait des limites. Mais même dans l’exaspération, la jeune femme faisait cependant preuve d’une grande sérénité. Rarement elle haussait le ton, presque jamais elle ne tapait du poing sur la table mais son calme n’était pas à prendre pour une soumission. En effet, malgré le silence dont la Natsumi faisait preuve, son regard pouvait trahir son état intérieur et si son interlocuteur n’avait pas eu la clairvoyance de remarquer son état d’âme à ce moment là alors elle lui faisait comprendre qu’il avait dépassé les bornes en le molestant et sans management ; peu importait si le provocateur était un enfant, un adulte ou une personne âgée.

La Natsumi haussait rarement la voix mais elle distribuait facilement des coups. Chose dont le jeune Samui risquait fort d’apprendre rapidement s’il persistait dans son arrogance.

Mais pour l’heure, la jeune femme était plutôt amusée qu'irritée par le comportement du jeune Samui. La jeune femme supposait que c’était dans la nature du genin d’être insupportable. Il était certainement dans ses habitudes de se montrer en véritable « tête à claques ».

Un sourire s’esquissa en coin des lèvres de Mairu lorsque Sora s’affala sur le sol. Restant assise au bord du lit, la samouraï ne broncha même pas pour tenter d’aider le blessé entêté.

- Un futur Rikudô Sennin incapable de se tenir sur ses jambes ! Se contenta de lâcher la jeune femme sur un ton calme mais non dénué de moquerie. Tu es sûr que c’est un rêve à ta hauteur mon petit Sora ? Enchaina Mairu avec une pointe d'ironie alors que le jeune garçon regagnait maladroitement son lit pour ensuite y jouer l’endormi.

La Natsumi abandonna le coin du lit pour se rédiger vers la fenêtre. Elle se posta à côté de cette dernière de façon à pouvoir jeter un regard de temps à autre à l'extérieur tout en gardant l'attention sur le jeune Samui.

Les bras croisés sous son opulente poitrine, la jeune femme laissa le jouvenceau s’adonner à son comportement enfantin, se contentant de le fixer silencieusement de son regard sanguin lorsque le garçon aux cheveux bicolores ouvrait l’œil pour vérifier certainement si celle qu'elle traitait de sorcière n’était pas partie.

Après plusieurs coups d'œil dans sa direction venant de Sora, Mairu décida de briser le silence.

- On dirait que tu n’arrives pas à dormir ! … Je vais te chanter une berceuse pour t’aider :
Nenneko shasshari mase (dodo, fais dodo)
Neta ko no kawaisa (l'enfant qui dort est si mignon)
Okite naku ko no (quand le bébé s'éveille et pleure)
Nenkororo, tsura nikusa (dodo, qu'il a l'air vilain)
Nenkororon, nenkororon (dodo, dododo) …

- C’est très méchant ce que tu viens de dire mon petit Sora ! Lâcha la Natsumi d’une voix faussement froissée tout en fixant le jeune Samui d’un regard qui se voulait sérieux. Dire à une femme qu’elle chante mal, ce n’est vraiment pas très gentil ! Surtout que je chantais pour toi !

En réalité, Sora avait raison, Mairu chantait effectivement mal. Connaissant elle-même cette vérité, la jeune femme se contentait en général de fredonner lorsque l’envie de chanter la gagnait. Chose qui lui arrivait très rarement mais qui se produisait pourtant parfois lorsqu’elle était d’humeur.

- Tu ne veux plus m’appeler sorcière pour tu cherches à savoir mon nom ? Questionna la jeune femme d’un ton taquin … En tout cas, je suis contente que tu t’intéresses à moi mon petit Sora, ajoute-t-elle ensuite avec le sourire tout en revenant vers le lit sur le bord duquel elle se permit de nouveau de reposer son gros séant. Je me nomme Natsumi Mairu. Je suis une samouraï et non pas une kunoïchi et je suis au service du Rokudaime et non pas d’une grosse agence secrète … Je suis ici pour prendre de tes nouvelles, car après tout c’est moi qui t’aie amené ici, mais aussi parce que j’ai quelque chose à t’annoncer … Quelque chose dont je suis certaine te fera TRÈS plaisir mon petit Sora, ajouta Mairu d’une voix chantante tout en affichant un sourire plutôt mesquin.

La samouraï savait pertinemment que c’était plutôt l’inverse de ce qu’elle venait d'affirmer qui allait se produire, au vu de l’animosité inexplicable que suscitait sa personne chez le genin.

La jeune femme laissa s’instaurer un silence pour jouer avec les nerfs du jeune Samui qu’elle fixait sereinement de ses prunelles sanguines.

- Désormais tu vas devoir m’obéir car tu as été placé sous mon commandement mon cher futur Rikudô Sennin ! Finit par reprendre la samouraï sur un ton enjoué.

La véritable raison de sa présence en ce lieu avait été enfin dite et d’une façon un peu détournée mais qui restait compréhensible sauf peut-être pour des véritables niais.

- Bon ! Je vais te laisser te reposer maintenant, annonça soudainement Mairu tout en se redressant. Je te présenterais à tes coéquipiers dès que tu te seras rétabli, ajouta la samouraï avant de fouiller dans l’une de ses longues manches pour en sortir une sucette encore emballée qu’elle reposa aux côtés de Sora sur le lit. Celui qui était derrière cette attaque surprise se révèle être le membre le plus puissant de ton clan, reprit ensuite la jeune femme d’une voix bien sérieuse cette fois-ci avant de prendre la direction de la porte.

La Natsumi jugeait qu’il était important que le jeune Samui sache que c’était l’Empereur en personne qui avait orchestré cette mascarade qui avait envoyé le genin en ce lieu. Une fois de plus, la jeune femme n’avait pas énoncé les choses clairement en nommant directement le concerné mais elle n’avait aucun doute que Sora saura de qui elle voulait parler. Après tout, sauf erreur de sa part, Kakeshuou était le plus puissant des Samui encore en vie …