C'est avec ces mots que j'accueillais les gardes qui étaient venus me prévenir de l'arrivée imminente dans mon bureau de l'homme qui allait, s'il acceptait, devenir mon second. Depuis la séance d'Ogami avec Kibō et les Conseillers de Kaze, beaucoup de choses avaient changé. Kibō déjà, était revenu de Ki après avoir été enlevé et amené à Konoha, avait été soigné et était à nouveau un homme saint. Cette séance extraordinaire avait comme but l'élection du nouveau Seigneur de Kaze ainsi que le maintient de Kibō à sa place, ou la nomination d'un Hachidaime.
Et il était ainsi, Toshiro Ogami était devenu Hachidaime Kazekage et Matsuno Kibō avait été relevé de ses fonctions de Kage et n'avait, malheureusement, pas été élus au poste de Seigneur. Il était aujourd'hui rentré à Suna en tant que jônin et cette possibilité était une aubaine pour moi, pour nous, le Kakumeigun. C'est pour cela qu'aujourd'hui, c'est à Kibō que je vais avoir affaire.
Lorsqu'il entra dans mon bureau je me levais avant de baisser le torse pour le saluer et lui présenter tout le respect qu'un ancien Kage mérite.
« Kibō, soyez le bienvenue dans le quartier général du Kakumeigun. J'espère que vous avez été bien accueilli ? »
Je lui proposais ensuite de s'asseoir. Je faisais par la même occasion signe à l'un des membres du Kakumeigun qui s'empressa de proposer cigares et boissons à notre invité.
« Je vous remercie d'avoir accepté mon invitation. »
Je prenais un peu plus de temps, je remettais mon discours en place dans ma tête, triais le nombre incalculable d'informations et son flux sans précédent afin de ne pas vexer et surtout ne pas dire quelque chose qu'il ne faut pas.
« Je suis désolé pour votre non nomination au poste de Seigneur, sachez que vous auriez eu tout mon soutien si cela avait été le cas... »
Je marquais ensuite une légère pause avant de reprendre.
« Vous en savez certainement beaucoup et je suppose que l'état actuel du Kakumeigun ne vous a pas échappé. Nous ne sommes plus aussi craint et respecté que par le passé et manquons un peu de bras. »
Je laissais à cette dernière information le temps d'être comprise et avalée et prenait une bonne gorgée du jus de fruit que l'on m'avait servi avant de reprendre.
« Si vous êtes ici aujourd'hui, c'est pour une bonne raison. Je souhaite vous proposer le poste de Second du Kakumeigun. Vous m'aiderez dans la gestion et la mise en place de futures missions. Vous êtes pour moi l'homme providentiel, vous avez de l'expérience et le Kakumeigun ainsi que moi-même en manquons. Vous ne pouvez être que bénéfique à l'organisation et par ce biais, au village lui-même. »
Je laissais quelques secondes avant de reprendre.
« Qu'en dites-vous, Kibō ? Je suis là pour répondre à vos questions et dans la mesure du possible satisfaire vos demandes. N'hésitez pas à me poser les questions que vous désirez. »
La demande avait été faite, je n'avais pas tourné autour du pot inutilement. Je suis quelqu'un de patient lorsqu'il en est nécessaire, mais aujourd'hui, il n'était nullement nécessaire de faire patienter plus longtemps notre invité de marque. J'en avais parlé avec Ogami et il était lui aussi en faveur de cette idée. Avec Kibō dans nos rangs, nous retrouverions une partie de notre puissance d'antan.
J’avais rendez-vous au Kakumeigun pour rencontrer l’actuel Chef de l’Unité Spéciale de Suna. Ogami m’avait redonné mes droits de Shinobi, mais je ne restais qu’un simple Jônin, aucune responsabilité ne pesait sur mes épaules. Je devais l’avouer, on se sentait bien plus léger, mais était-ce ce que je voulais ? Non, si j’avais entrepris cette voie, c’était pour changer le cours de ce monde et non pour effectué le strict minimum. J’étais un leader, j’étais ambitieux, voire même trop, mais voilà où ma mentalité m’a mené…
Aujourd’hui, je devais réintégrer les rangs et regagner le respect de Kazejins, Sunajins et de tous les Shinobis, de ce pays, comme ceux d’autrui. Je n’étais qu’une pâle copie de l’ancien moi, on ne me reconnaissait plus pour mes anciennes actions et gestes, mais pour la guerre que j’avais déclenchée. Les gens avaient la mémoire courte, c’était pour cela que nous n’avions pas le droit à l’erreur, un faux pas et on passait d’héros à zéro.
Mon corps passa l’entrée du bâtiment dédié au Kakumeigun. Je sentais les regards peser sur moi, mais je les ignorais, on m’avait appris à négliger l’avis des autres et mes sentiments. Quelques années auparavant j’aurais explosé de rage et j’aurais distribué des claques à tout ce ceux qui oser me regarder comme si j’avais la peste. Cependant, grâce à Kakeshuou, je savais désormais me contrôler, comme si je ne ressentais rien, mon expression était neutre et on avait l’impression que mon corps était vide.
Je toquais et attendais qu’on me donne l’autorisation de rentrer. Le Chef du Kakumeigun se leva et s’inclina face à moi. Je m’inclinais également face à mon supérieur hiérarchique. Bien que je sois toujours le Nanadaime, je n’étais plus l’Ombre actuelle, par conséquent, Kazushi était mon supérieur.
— Un peu froid, mais je ne m’attendais pas à des sourires.
Je pris place et je fis un signe de la main pour refuser les cigares.
— Un verre d’eau suffira.
Je portais mon attention sur celui qui me faisait face, j’essayais de lire en lui avec mes yeux de glace. Mon regard plongea dans le sien, une vieille habitude que j’avais, les yeux étaient le miroir de notre âme, non ?
— Il serait irrespectueux de refuser l'invitation d’un supérieur.
Je le laissais continuer son introduction pour comprendre les raisons de cette entrevue. Le Ketsueki savait piquer là où ça faisait mal, les nouvelles voyageaient vite ici, on était déjà au courant de ma non nomination. Quel échec. J’acquiesçais suite à ses excuses, mais il n’y était pour rien. Au moins, il avait le mérite d’être franc et d’aller droit au but. Le poste de Second au Kakumeigun ? Voilà ce que je méritais à Suna ? Je devais mettre ma fierté de côté et œuvrer pour le bien du village, même si cela me faisait mal.
— Merci pour la proposition. Si tel est votre souhait, je suis votre homme. Je ne vois pas l’intérêt de refuser. Par contre, pourriez-vous me donner quelques détails sur la façon dont fonctionne actuellement le Kakumeigun et quelles sont vos préoccupations majeures ?
Je remerciais celui qui venait de m’amener le verre d’eau en espérant qu’il n’ait pas craché dedans… Je portais la coupe à mes lèvres et attendais la réponse du Ketsueki. D’ailleurs, savait-il que ma tenue provenait de son clan ? Un cadeau de Yami, une déserteuse et moi je portais ça, n’étais-ce pas ironique ?
J'attendais la réponse de Kibō avec un certain stress. J'appréhendais sa réponse et serais vraiment déçu si celui-ci venait à refuser mon offre. Je sais qu'elle n'est pas exceptionnelle pour un Nanadaime et un homme avec le curriculum vitae de Kibō, mais il faut avouer qu'un électrochoc était nécessaire afin de réveiller le Matsuno. Cet électrochoc avait été sa destitution qui, finalement et par la magie de l'effet papillon avait mené à sa guérison.
J'étais aujourd'hui content de savoir que Suna comptait dans ses rangs un shinobi tel que lui, prêt à tout pour le bien du village et des siens, prêt à faire les sacrifices nécessaires pour celui-ci.
Je remarquais qu'il désirait prendre la parole et portait donc mon attention sur sa réponse. Il acceptait. Kibō sera donc dans quelques heures officiellement 'Second du Kakumeigun'. Un bon pas en avant sur la longue marche de la rédemption qui l'attend. Il me demandait ensuite comment le Kakumeigun fonctionnait actuellement.
« Je vous remercie d'accepter ma proposition et je suis ravi de vous savoir dans nos rangs. Pour ce qui est du fonctionnement... »
Je me levais afin d'aller chercher un parchemin dans une des bibliothèques sur ma droite. Je cherchais parmi le nombre incalculable de classeurs et de parchemins celui qu'il me fallait. Celui qui, à l'aide de schéma et de texte expliquait brièvement l'organisation actuelle du Kakumeigun.
J'expliquais à Kibō tous les détails qu'il devait savoir sur le Kakumeigun d'aujourd'hui tout en appuyant mes propos en lui montrant les quelques schémas qui se trouvaient sur mon parchemin.
« Nous sommes actuellement une quarantaine. Beaucoup font des petites missions de repérage, surveillance et de mise en place de service de sécurité dans le village et dans tout Kaze. Actuellement cinq de nos shinobis sont en missions à l'extérieur du village contre environ dix pour le village. Quinze autres s'occupent de la maintenance et la défense de l'Ergastule. Le reste est au repos et travaillent au quartier général, prêt à la mobilisation. »
Voici pour l'effectif du Kakumeigun. Nous ne sommes pas non plus des centaines, mais en même temps cela serait ridicule si tous les shinobis du village étaient membre des forces spéciales, non ?
« Vous avez d'autres questions ? Si ce n'est pas le cas, je souhaite vous faire visiter moi-même les lieux et vous montrer votre nouveau bureau. »
Je souriais lorsque je disais cette dernière phrase, je voulais que Kibō se sente chez lui, ici au Kakumeigun et à Suna aussi. Je sais que rien ne sera plus comme avant pour lui, mais il peut se racheter, j'en suis sûr, car au final, il n'était pas responsable de ses actes.
Kazushi sortit un parchemin qu’il exposa sur son bureau et me présenta. Le Ketsueki semblait bien organisé et tout était clair dans ses explications. Le Kakumeigun n’avait pas changé tant que ça, à part la nouvelle section nommé « Rônin », qui n’existait à mon époque. Des Shinobis sous une autre identité ? Intéressant, mais pourquoi ? Il y avait des missions secrètes que personne ne devait connaître l’auteur ? Ce sujet m’intriguait et je n’allais pas louper mon supérieur.
— Quel type de mission est accordé aux Rônin, des assassinats ?
Il s’agissait des missions les plus délicates, elles pouvaient être simples, mais les conséquences étaient souvent compliquées à gérer si l’on connaissait l’auteur. En effet, si personne ne savait qui a tué tel home, la vengeance n’était pas possible et à moins d’avoir le temps et les capacités pour effectuer des recherches, l’assassin ne sera jamais trouvé.
Le Chef du Kakumeigun souhaitait par la suite me faire visiter le bâtiment, mais ne savait-il pas que j’avais été un membre du Kakumeigun avant de passer Bras droit du Kazekage et ensuite Ombre du Vent ?
— Très bien allons-y, nous verrons si le QG a changé.
Mon supérieur allait comprendre indirectement que je connaissais cet endroit, mais si ça lui faisait plaisir de me faire visiter les lieux, qu’il en soit ainsi. Je marchais donc à ses côtés, lui posant diverses questions anodines, mais aucune vraiment importante qui nécessitait une longue réflexion.
— Au niveau des traques, avons-nous une liste des personnes recherchées ? Nos alliés sont au courant qu’ils doivent nous avertir si une de ces personnes est aperçu sur leur terre ?
En parlant des alliées, je parlais principalement du Shûkai, car mise à part eux, nous n’avions pas d’autre bonne relation sur le Yuukan. Enfin, d’après ce que je savais et qui sait, peut-être qu’il n’y avait plus d’entente avec l’Empire de Samui Kakeshuou.
— Sinon, avez-vous déjà une mission à me donner ? Quel est notre objectif primaire en ce moment ?
J’étais prêt à partir en mission sur le champ s’il le fallait. Maintenant, il restait à voir si Kazushi avait quelque chose pour moi ou s’il prévoyait de me laisser prendre mes marques dans mon bureau personnel.
Kibō ne s'était pas fait presser pour poser une question sur les 'Rônins'. D'un autre côté, il était actuellement mon second, il devait savoir. Pas tout, mais il en saura une très grande partie.
« Par exemple oui. Des missions qui peuvent avoir un impact plus grand et direct sur la géopolitique d'un pays par exemple. Imaginons un daiymo ou un kage un peu trop entreprenant et menaçant la sécurité de notre pays. L'assassinat peut-très bien être une solution. C'est moi qui ai mis en place cette unité et je compte bien la laisser secrète. Je n'ai par contre pas encore eu l'occasion de l'utiliser. »
Je lui souriais tout en lui répondant, car je sais que j'aurais pu faire une blague, mais cela n'aurait absolument pas été judicieux. Nous nous levions ensuite afin de partir faire la visite, rapide étant donné que peu de choses avaient changé depuis son passage ici. Je souhaitais tout de même lui montrer les nouvelles salles d'interrogatoire ainsi que la nouvelle salle des opérations. C'est ici que sont gérés les lettres et appels reçus. Le reste de la visite était plus une visite de routine.
« Nous avons bien une liste des personnes à traquer. Je ferais livrer dans votre bureau la mise à jour hebdomadaire de celle-ci. Pour ce qui est des autres pays du Yuukan, il faut que je voie encore les détails avec Ogami, savoir où en sont les négociations. »
Nous continuons la visite jusqu'à ce que nous nous retrouvions devant l'entrée de ce qui sera son bureau. Au deuxième étage comme le mien, mais deux portes plus à droite. Nous avions chacun dans nos bureaux respectifs, une porte menant à la salle de conférence qui séparait nos deux locaux.
« Pour ce qui est d'une mission, il y aura quelque chose très rapidement pour vous ainsi que deux autres personnes. Vous en saurez plus rapidement, je dois encore préparer quelques petits détails. »
Je me dirigeais ensuite dans mon bureau toujours suivi de Kibō et lui servais un verre d'eau avant de me servir moi aussi et de prendre mon verre pour le tendre dans sa direction.
« A votre nouveau statut ? »
Je patientais, grand sourire face à un homme que je respectais, mais qui par je ne sais quel choix divin était aujourd'hui sous mes ordres.
La voie du Rônin pouvait m'intéresser, mais pour le moment, j'allais laisser cette solution de côté pour reprendre mes marques au sein du village et du Kakumeigun. J'acquiesçais face aux paroles du Ketsueki, alors qu'il répondait à mon autre question. J'allais recevoir une liste des personnes à traquer, cependant, encore quelques points devaient être réglés avec Ogami avant de partir à la recherche d'une de ces personnes. Je voulais retrouver Oniri et Yami, j'avais besoin de comprendre. Pourquoi avaient-elles quitté Suna alors qu'elle aimait ce pays ? N'y avait-il pas un moyen pour les faire revenir ? Nous avions besoin d'elles et de tous ceux qui aimaient ce pays pour le relever et lui rendre sa gloire d'antan. Une gloire presque mythologique vu l'ancienneté de celle-ci...
— Merci pour la liste, je l'étudierai lors de sa réception.
Pour ce qui était d'une mission, Kazushi allait m'en dégoter une. J'allais enfin pouvoir reprendre du service. À quand remontait ma dernière mission pour le village ? En voilà une bonne question. Par contre, je n'allais pas être seul sur la mission. Une bonne occasion pour moi de recoudre avec les Sunajins, j'espérais qu'ils ne me voient pas trop d'un mauvais œil...
— Très bien, j'attends votre ordre de mission alors.
Ce fut alors que le Chef du Kakumeigun me servit un verre d'eau et fit santé à mon nouveau statut. Pourquoi pas, c'était une belle attention de sa part.
— Santé!
Le Ketsueki semblait être une bonne personne, je ne le connaissais pas personnellement, mais ces quelques instants passés en sa compagnie me réconfortèrent sur celui qui dirigeait cette unité spéciale. À présent, il restait à voir s'il était capable de gérer ce groupe et s'il avait les compétences pour mener ses troupes et intervenir en cas de besoin pour mettre à disposition ses capacités de ninjas.
En soi, cette entrevue avec Kazushi s'était bien passé et nous étions satisfaits tous les deux. Il m'avait confié un rôle important et lui, possédait une excellente recrue. Le Kakumeigun avait de beaux jours devant lui, il fallait espérait que les malédictions cessent de plonger Suna toujours plus profondément dans les abysses.
