Ordre de mission:

À peine venait-elle de fouler son antre de ses pieds qu'un shinobi se présenta à la porte du domicile de la Natsumi pour lui transmettre l'ordre de se rendre immédiatement au palais du Mizukage. Aussitôt le message transmis, le messager s'éclipsa tel un éclair alors que Mairu sortit puis ferma immédiatement la porte derrière elle, pour pas que Gouik et Iyan - ses animaux de compagne - ne chercheraient à la suivre. N'ayant pas eu le temps de se débarrasser de ses sabres, la samouraï n'eut pas à s'équiper. Elle s'éclipsa alors immédiatement en direction de l'endroit où elle était attendue. Lieu qu'elle atteignit en rien de temps, en passant par les toits du village. Chose qu'elle n'effectuait qu'en cas d'urgence car contrairement aux shinobi qui aimaient abuser de cette aptitude, elle préférait avancer comme le commun des mortels, à savoir marcher normalement.

Sans se précipiter la Natsumi investit le palais du Mizukage prenant la direction du bureau de ce dernier. Arrivée devant la porte, elle inspira profondément avant de toquer. Elle attendit ensuite qu'on l'invitât à entrer pour pénétrer la pièce dont elle connaissait à présent par cœur les moindres ornements jusqu'à l'odeur familière qu'y flottait à force de s'y rendre depuis qu'elle avait décidé de servir les causes de l'homme qui le fixait à présent de ses yeux azurés de derrière son bureau.

Le Shinda et la Natsumi se salueraient tel un seigneur et son serviteur et non pas comme des amants bien que là était la source de leur lien. En effet sans cette relation intime qu'elle entretenait secrètement avec le Rokudaime Mizukage, la samouraï ne se tiendrait certainement pas devant ce dernier actuellement ; elle n'aurait peut-être même pas posé les pieds à Mizu no Kuni à vrai dire.

Sans surprise le Fossoyeur lui confia une mission et d'une importance capitale précisa-t-il car il s'agissait d'enquêter sur une découverte de plus macabre. Un amoncelant des cadavres parmi lesquels se trouveraient des victimes kirijin, shukajin mais aussi des simples civiles.

Une fois que le Shinda eut terminé de lui communiquer toutes les informations à savoir sur ladite mission, la Natsumi prit congé immédiatement. Et, une fois de plus, l’un comme l’autre ne montrèrent aucun signe qui pourrait trahir leur relation secrète au moment de se quitter. Aujourd’hui encore, leur seul contact se résumait à ce regard complice qu’ils s’échangeaient discrètement derrière leurs verres de lunettes. Peu de chose mais dont la jeune femme avait appris à se satisfaire connaissant l’homme très occupé qu’était son amant. Son devoir de kage passait avant les sentiments.

***

L’Ombre de Mizu no Kuni avait conseillé à la samouraï d’amener un genin de son choix et la jeune femme décida de se faire accompagner par son nouvel élève, Yamamoto Kaito. Un jeune garçon avec qui elle avait fait connaissance aujourd’hui même. Elle profitera de cette mission pour analyser les capacités du jeune garçon à se débrouiller sur le terrain. Rien de mieux qu’une situation réelle pour examiner le niveau d’une personne même si le risque de la perdre définitivement était aussi à prévoir mais là était une réalité que chaque shinobi devrait être prêt à affronter. Le risque de mourir ou de perdre ses camarades faisait partie des lots quotidiens des combattants.

En quittant le jeune Kaito en fin d’après-midi, Mairu lui avait fixé un rendez-vous tôt le lendemain pour son premier entrainement, seulement, lorsque le jeune garçon se pointa, elle lui annonça que finalement ils allaient effectuer leur première mission ensemble sans rentrer dans les détails. Elle profitera du trajet pour communiquer au genin ce qu'il devrait savoir sur la mission.

La samouraï, qui était déjà équipée pour la mission, accorda au jeune genin le temps de se préparer pour le déplacement qui risquait de s’étaler sur quelques jours puis tous les deux quittèrent le Village Caché de la Brume dans la matinée même pour rejoindre Shizenkai. Une île se situant non loin de l’île principale mais celle-ci était constituée principalement de marais qui rendaient l’exploitation des terres impossible. La Nature y régnait en maître mais lorsque la samouraï et son élève y posèrent les pieds, ce fut plutôt l’odeur de la mort flottant dans l'air tel un avertissement qui les accueillit et non pas le parfum d’une nature saine et sauvage. Chose qui confirmait ce qui se cachait sur cette île bien qu'ils n'étaient pas encore arrivés sur le lieu où les corps avaient été découverts.

Avant de s'aventurer à l'intérieur de l'île, la Natsumi essaya de ressentir une présence d'aura dans les environs mais elle ne perçut rien. Son champ de perception n'était pas assez large pour couvrir entièrement l'île ainsi une fois qu'ils s'étaient assez aventurés sur la terre ferme, la samouraï sondait de nouveau les alentours avant de poursuivre leur chemin en direction de l'endroit de la découverte funèbre …

Les sens aux aguets pour ne pas se laisser surprendre tout en marchant avec prudence à travers une terre hostile où le moindre faux pas pourrait les faire sombrer dans un marécage, la Natsumi et le jeune Yamamoto s'aventurèrent dans Shizenkai, suivant les indications qu'avait été fournies à la samouraï qui ouvrait la marche : prendre la direction sud-ouest après avoir débarqué au nord de l'île, la partie qui donnait vers la grande île d'où ils venaient.

La jeune femme et son jeune élève ne tardèrent pas à arriver à l'hécatombe. Lieu pas si difficile à découvrir au final car il suffisait de suivre l'odeur de la mort qui s'accentuait au fur et à mesure qu'on s'approchait de l'endroit bien macabre. L'effluve nauséabond qui flottait dans les airs n'était pas celui des corps en décomposition de façon naturelle mais celui d'une mare de sang dans laquelle flottaient des viscères des êtres sur lesquels on s'était acharné sans retenue. La scène était d'une telle atrocité que la Natsumi aurait préférée épargner son jeune élève du spectacle bien macabre mais il était trop tard.

Un jour ou l'autre, Kaito aurait fini par faire face à une telle barbarie qui faisait malheureusement partie de la réalité des shinobi mais c'était sans doute bien trop soudain pour le jeune garçon qui découvrait certainement pour la première ce qu'était une véritable hécatombe.

- Il est inutile de chercher des survivants, lâcha Mairu qui avait ramené une main pour épargner ses narines du relent qui était tout aussi insupportable que l'enfer qui se présentait à ses yeux.

Elle ne décelait aucune présence d'aura, même minime, émaner des corps inertes, signe qu'aucun n'était plus en vie. Et puis, vu l'état des cadavres, elle dotait fort que le responsable des massacres tenait à laisser des survivants derrière lui. Le samouraï soupçonnait même que l'abominable personnage avait dû s'acharner sur ses victimes même après que ceux-ci eussent rendu l'âme vue l'état des corps.

- Tout va bien ? Tu tiens bon ? Chercha ensuite à se rassurer la jeune femme tout en se tournant vers son élève. Le responsable de cette scène macabre ne semble pas être dans le coin alors voilà ce qu'on va faire : je vais fouiller les cadavres pour tenter de trouver des indices pendant que toi, tu feras le guet. Trouves-toi une cachette non loin et averti-moi si jamais tu vois quelqu'un s'approcher et … hurles si jamais on t'attaque ! … En place maintenant !

La Natsumi repéra la cachette que son élève avait choisie puis elle se plaça de façon à avoir l'emplacement dans son angle de vue avant de saisir le bâton de combat - qui complétait ses sabres - qu'elle portait dans le dos. Délicatement, elle se mit ensuite à écarter les vêtements d'un premier cadavre du bout de son bâton, s'apprêtant à déguerpir à la moindre présence d'un objet suspect comme un parchemin explosif.

Une fois avoir fouillé un cadavre, la samouraï retournait celui-ci, toujours en se servant de son bâton et avec précaution, au cas où un piège serait caché en dessous, avant de passer à un autre. Souvent, elle était forcée de faire tomber un corps qui était sur d'autres, ce qui compliquait sa tâche dégoutante dont elle doutait fort en plus du résultat. A vrai dire, la jeune femme ne pensait pas vraiment trouver le moindre indice sur les cadavres mais elle ne pouvait laisser rien au hasard. N'ayant aucune piste à suivre, la Natsumi n'avait d'autres choix que d'examiner les corps que le meurtrier avait laissés derrière lui, dans l'espoir de trouver un indice exploitable. Son initiative avait aussi pour but de servir d'appât. Voilà pourquoi, elle avait envoyé le jeune Kaito se cacher pendant qu'elle était à découverte …

Habituée à fouler des champs de bataille qui l'amenait souvent à piétiner des cadavres et à être souillée par le sang - de ses propres ennemis comme de ses alliés - la Natsumi effectua sa répugnante besogne sans la moindre hésitation. La jeune femme m’affichait aucun signe de dégoût bien qu’elle n’appréciât guère ce qu’elle était en train de faire.

Forcée de marcher dans la mare de sang qu’avaient formée les corps malmenés, bientôt les chaussures de Mairu arborèrent une teinture entièrement rougeâtre et quelque peu gluante. L’extrémité de son bâton - le côté qu’elle utilisait pour les fouilles macabres - eut droit elle aussi à la couleur bien singulière de la mort.

Alors qu’elle était à son énième cadavre, la jeune femme fut interrompue par un enfant sortit de nulle part.

La samouraï avait sondé les auras aux alentours et n’avait senti aucune dans les environs à part celle de son élève et pourtant, aux dires de l’enfant, ce dernier semblait avoir traîné dans le coin avant même leur arrivée afin de surveiller les cadavres de ses parents dont il lui interdisait de toucher. Soit le petit était doué pour camoufler son aura, chose dont chaque être vivant - shinobi compris - était doté de naissance, soit il s’était rapproché rapidement du coin pendant que la samouraï était occupée à ses fouilles cadavériques durant lesquelles elle avait cessé de sonder les environs car cela réclamait une grande concentration de sa part.

D’un regard complètement placide, malgré la scène plutôt émouvante que lui offrait le gamin, Mairu resta un instant à fixer le larmoyant qui ne tarda pas ensuite à le défier tout en la fixant des yeux humides. Ne se laissant aucunement entraîner dans ce qu’elle soupçonnait être un jeu d’acteur, Mairu restait complètement hermétique au comportement du gamin.

Sans un mot, la Natsumi recula en signe de soumission à la requête de l’enfant qu’elle ne quitta pas des yeux, cherchant à le sonder tout en le surveillant. La samouraï ne cédait pas par peur mais elle ne voyait pas l'intérêt de provoquer le petit sans savoir s'il était un véritable antagoniste. Mairu n'avait aucune confiance au gamin mais elle ne désirait pas le condamner sans preuve de mauvaise intention de la part de celui-ci.

- Qu'est-ce qui est arrivé à tes parents ? Finit par lâcher la Natsumi qui avait pris sa distance tout en restant assez proche pour pouvoir atteindre son interlocuteur de ses armes si besoin. Tu sais qui leur a fait ça ?

Les shinobi étaient forts doués pour changer d’apparence. Ayant connaissance de cette capacité très pratique pour duper, la samouraï se méfiait donc de l’enfant qui pourrait très bien être l’auteur de tous ces massacres.

La samouraï n’était pas le genre qu’on pouvait duper aisément et encore moins par l’apparence. Dans la suspicion, Mairu pouvait même tuer un enfant dans les bras de Morphée alors elle n’aurait aucune hésitation à supprimer celui-ci qui traînait seul sur une véritable hécatombe s'il se mettait à l'agresser. La samouraï ne faisait preuve d'aucune grande méfiance mais elle se tenait prête à faire sauter la tête du petit à la moindre offensive de la part de celui-ci …

L’enfant ne répondit pas aux questions de la samouraï mais se mit à pleurnicher pour finir rapidement par briser le silence par des cris de lamentation à casser les oreilles les plus sensibles.

Loin d’être émue par ce qu’elle soupçonnait toujours être une mascarade destinée à l’attendrir pour mieux ensuite la poignarder dans le dos, la Natsumi se contenta de fixer le pleurnichard d’un regard complètement placide. Elle ne fit même pas un pas vers l’enfant dont la lamentation aurait pu pourtant faire jeter sans la moindre hésitation les tendres et naïfs sur lui, cherchant à le consoler.

Lentement, les secondes s’écoulèrent et Mairu commença à se demander quoi faire face aux pleurs qui semblaient ne pas vouloir cesser du gamin sur qui elle ne savait toujours rien. Lui faire sauter la tête le ferait taire à jamais mais, malgré sa méfiance, la Natsumi ne tenait pas à faire du mal au petit tant qu’elle n’était pas certaine que ce fût un imposteur. Et puis, ce n’est pas en lui ôtant la vie qu’elle pourra lui soutirer des informations. Choses dont elle avait cruellement besoin pour pouvoir avancer dans leur investigation qui l’avait mise au pied du mur car les fouilles macabres qu’elle avait entreprises ne lui avaient apporté aucun indice.

Alors que Mairu s’apprêtait à consoler l’enfant par les paroles, sans réduire la distance qui les séparait, un homme fut son apparition aussi soudainement que le gamin. Le nouvel arrivé ne semblait pas être hostile et déclara même vouloir aider la samouraï à résoudre l’affaire des massacres inexpliqués mais une fois de plus la jeune femme resta méfiante.

Le vieillard ne mit pas longtemps pour révéler le mystère qui entourait son apparition plutôt mystérieuse et celle de l’enfant. Chose qui ne rassura pas pour autant la Natsumi qui se demandait ce qu’un ancien shinobi, très doué dans son domaine qui plus était, faisait sur une île isolée et pas de plus accueillante. Le vieil homme devait cacher quelque chose selon Mairu mais qui préféra pour l’instant ne pas révéler sa suspicion plus que le senseur pouvait la ressentir.

Ne trouvant pas une option plus raisonnable que de suivre le mystérieux vieillard qui pourrait leur fournir des informations pertinentes à exploiter pour leur enquête, la samouraï fit un signe à son élève de venir les rejoindre. Ils suivirent ensuite le shinobi retraité jusqu’à sa demeure. Endroit qui se révélait n’être qu’une caverne aménagée. Lieu assez austère mais qui plaisait assez à la Natsumi qui était habituée à vivre dans ce genre d’endroit.

Rapidement, Mairu et le jeune Kaito se retrouvèrent avec une tasse de thé entre les mains mais dans sa méfiance perpétuelle, la samouraï fit semblant de porter la sienne à ses lèvres sans avaler la moindre goutte du liquide fumant. Bien sûr, pour ne pas éveiller la suspicion de leur hôte, elle l’avait remercié avec un sourire d’apparence sincère pour la boisson chaude.

Par politesse, la jeune femme se présenta, révélant sa véritable identité - ne trouvant pas une raison de la cacher - puis présenta son élève. Elle ne cacha pas non plus que c’était le Mizukage en personne qui les avait envoyés résoudre cette affaire bien glauque.

Rassuré par la confiance que la Natsumi semblait lui accorder, sans que cette dernière l’ait réclamé, le vieillard se mit à raconter ce qui s’était passé, enfin les circonstances de la présence de l’enfant avec lui : de sa découverte jusqu’au camouflage pour sa sécurité. Il semblerait que la boucherie avait eu lieu durant la nuit, moment où le vieux senseur avait découvert le petit - qui était en pleurs - et les corps mutilés.

- N’avez-vous vraiment rien vu de ce qui s’était passé ? ... Avez-vous déjà ressenti une autre présence dans les environs ? Vous me semblez être un fin senseur.

La jeune femme laissa l’homme apporter les réponses aux questions avant de lui en ajouter des nouvelles et plus personnelles.

- Vous avez affirmé être un ancien shinobi. Quel village donc avez-vous servi ? Et depuis quand avez-vous aménagé sur cette île et pour quelle raison ? Cette île est loin d’être une des plus accueillantes de l’archipel alors je dois vous avouer que suis un peu étonnée par votre choix !

La Natsumi ne doutait point de la sincérité des paroles du vieil homme mais ce dernier ne lui avait apporté aucune information qui pourrait l'aider à avancer vraiment leur enquête.
L’étrange poignard que leur hôte de circonstance montra à la samouraï était cependant un indice important, seulement, la jeune femme n’avait aucune idée à qui pourrait bien appartenir celui-ci. Sans compter le fait que cette arme aurait pu très bien appartenir à l’une des victimes et non pas à l’assassin. Nombreux sont des shinobi qui possédaient des armes blanches et de toutes sortes : de simple poignard de pacotille au katana de qualité digne de se retrouver entre les mains des plus grands épéistes. Surtout que dans le lot des victimes se trouvaient des shinino du Pays de la Foudre, nation qui avait conquis le Pays du Fer, patrie des samouraï et des meilleurs forgerons du monde.

Attentivement, la Natsumi examina le poignard. La finition du pommeau démontrait que celui-ci n’était pas un outil de pacotille. La lame étant souillée en plus d’être en mauvais état, il était donc difficile d’en juger la qualité d’un simple regard mais le fait que celle-ci était tordue démontrait que cette dernière devrait être souple autrement elle aurait dû plutôt se casser après les usages qui l’avaient mis dans un tel état. Une propriété qui plaisait à de nombreux bretteurs mais que peu de forgerons étaient capables de confectionner. Façonner une lame souple tout en étant capable de passer à travers une cible solide était vraiment studieux que les forgerons capables d’une telle prouesse devraient se compter avec les doigts d’une seule main.

D’après ces suppositions, la samouraï conclut que le poignard avait dû appartenir à un être qui était assez aisé et ou assez passionné pour se permettre de dépenser de l’argent dans un tel objet ; à moins que cette personne l’avait volé ou obtenu de quelqu’un d’autre. Les meilleurs forgerons du monde ainsi que les plus grands collectionneurs et amateurs de sabre en tous genres étant à Tetsu no kuni, il y avait donc de forte chance que la petite arme blanche avait dû appartenir à une personne venant de ce pays.

Et si le coupable était un shinobi du Village Caché des Nuages ? Finit par conclure la samouraï dans sa tête, les yeux toujours rivés sur le poignard rongé par le sang.

Le Pays de Fer étant annexé par Kaminari, il était assez facile pour les ninjas du Village Caché de ce dernier de se fournir en arme blanche au pays des samouraï.

La conclusion qui avait germé dans l’esprit de la Natsumi ne la convainquait pas cependant. En effet, l’ancienne kumojine était au courant des tensions passées entre les deux pays mais le coupable s’en prenait aussi bien aux shinobi de Kiri qu’à ceux de Kumo. L’infâme personnage ne semblait pas viser un camp particulier. Ses victimes ne semblaient même pas avoir un profil commun. Parmi les cadavres, il y avait des shinobi, des simples civiles, des femmes, des hommes et même des enfants.

Au final, le poignard n’était en définitive qu’une voile de mystère de plus qui couvrait cette affaire macabre.

A cours d’idée, Mairu se tourna vers son jeune élève qui pourrait certainement lui apporter des compléments d’informations qui ne lui auraient pas effleuré l’esprit.

- Tu en penses quoi mon petit Kaito ?

Après avoir écouté l’exposé de son élève, Mairu se souvint d’un détail très important et qui pourrait l’aiguiller sur la provenance du poignard. Elle réclama un peu d’eau et un vieux chiffon à son hôte puis la samouraï se mit dans un coin de la caverne aménagée pour nettoyer la base de la lame des crasses qui s’y étaient accumulées. Après plusieurs frottements, la couleur métallique commença à se dévoiler pour finir par révéler ce que la kirijine cherchait : une gravure comme en était doté n’importe quel sabre sortant d’une forge professionnelle, réputée ou non. La gravure pouvait être un emblème, un nom ou encore un simple pseudonyme, signature du père créateur du sabre …

Spoiler:

L’emblème qui se révéla sur la lame distordue était familier à la Natsumi. Bien que celui-ci était assez abimé, la jeune femme reconnaissait sans mal le barbu à la couronne de laurier qui semblait la lorgner. La samouraï elle-même avait en sa possession un ninjato arborant la même gravure. Un mini-sabre dont la qualité de la lame l’avait poussé à acquérir auprès d’un marchand d’armes neuves et d’occasion afin de l’ajouter à son artillerie qui était déjà pourtant bien fournie.

La jeune femme ne vivait à Mizu no kuni que depuis récemment mais son statut de bretteuse de haut niveau l’avait amené chez des nombreux vendeurs et fabricants d’armes blanches de l’archipel qui était devenue sa patrie. Et tous semblaient porter une grande estime aux armes arborant cet insigne qui se dévoilait présentement sous ses yeux sanguins. Il semblerait que cette gravure était celle d’une mine autrefois très réputée dans le pays pour la qualité du minerai qui y avait été exploité. Seuls des outils qui étaient forgés à partir de cette matière exceptionnelle pouvaient arborer cet emblème symbole de la qualité de la lame. Aujourd’hui, de ce prestige de l’archipel ils ne restaient plus que des armes d’occasion qui étaient vendues à des prix forts. La mine, qui se situait à Kawakami, ayant été exploitée jusqu’à épuisement, celle-ci avait fermé ses portes voilà il y a plusieurs années déjà.

- Avez-vous découvert quelque chose ?

Finit par demander le vieux senseur de la grotte alors que la Natsumi avait toujours le regard rivé sur le seul indice qu’ils avaient.

- Oui. Cette arme provient de l’ancienne mine de Kawakami.
- Ha ! La célèbre mine !?
- Savez-vous quelque chose de cette mine ?
- Pas grand-chose si n’est que la qualité de son minerai a forgé sa réputation. En général, le minerai est vendu pour être exploité dans des diverses forges mais celui de Kawakami était exploité sur place. Ce qui a permis à la mine d’avoir le monopole sur son minerai.

Des informations que la Natsumi détenait déjà.

- Vous comptez vous rendre à Kawakami ? Poursuivit le vieil homme.
- Oui. Je n'ai que cette arme comme indice et il y a que là-bas que je pourrais trouver des informations sur sa provenance.
- Pourriez-vous me tenir informé de votre découverte ? Je sais que vous n’avez aucune obligation de m’informer mais cette île est la mienne et j’aimerais bien savoir ce qui s’est passé.
- Je vous comprends. Je vous ferai parvenir un rapport.

La Natsumi jugeait qu’elle devait au moins ça au vieil homme même si elle n’avait pas entièrement en cet être qui s’était isolé sur une île vraiment hostile pour une raison qui lui était inconnue. N’aimant pas fouiner dans la vie privée d’autrui, malgré sa curiosité, la jeune femme aux yeux rubis se retenait de poser des questions sur ce qui avait poussé le vieux senseur à s’isoler de la sorte, cependant, elle ne put s’empêcher de lui réclamer une chose que son instinct de femme la poussait à exprimer.

- Aimeriez-vous que j’amène cet enfant ? Je lui trouverai un foyer plus adéquat à son épanouissement à Kiri ou dans une autre ville.

Tous les regards se tournèrent vers le gamin qui était resté à l’écart.

- Veux-tu les suivre ? Lui lança le vieil homme qui l’avait extirpé de l’hécatombe.

En guise de réponse, le petit se contenta de secouer vigoureusement la tête.

- On dirait qu’il préfère rester avec le vieux croulant que de retrouver la civilisation.

La Natsumi n’insista pas et remercia le vieil homme avant de s’éclipser de la taverne avec Kaito.
La grande île où se trouvait le Village Caché du Pays de l'Eau étant assez proche de Shizenkai, Mairu décida d’y déposer son élève pour ensuite reprendre la mer pour Kawakami. Elle chargea Kaito d’informer le Mizukage sur ce qu’ils avaient découverts et de lui dire qu’elle poursuivra la mission seule. La jeune femme confia au jeune Yamamoto un rouleau de parchemin à donner au Rokudaine. Celui-ci permettra à la samouraï de lui faire un rapport en direct sur l’avancée de son enquête via une technique de fuinjutsu. Il se passerait peut-être des nombreux jours voire des semaines avant que la kirijine ne réussirait à rassembler des données sur cette affaire de plus sombre.

***

La Natsumi se rendit à Kawakami alors que la journée s’achevait. La jeune femme passa la nuit sur la côte sud-ouest où elle avait atterri avec sa petite barque personnelle avant de reprendre son chemin à pied en direction de l'ancienne mine, du moins de ce qu'il en restait : des araignées et des courants d'air …