Assumer les conséquences.

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Suna n'avait pas changé. Ema observait autour d'elle, silencieuse. Ce qu'elle ressentait pour son village différait beaucoup à présent. Le fait de savoir Satomu hors de son village, loin d'elle, la faisait à présent souffrir, se remémorant ses actions passées et ses souvenirs avec son enfant, et son mari. Il était certain que sa vie d'avant n'était plus qu'un lointain passé qu'elle ne pourrait plus revivre. Sa confiance en son mari avait été brisé, tout comme le lien qui l'unissait à Satomu. Elle ne se sentait plus mère, ni épouse. Des sentiments intenses parcoururent la Kunoichi. Alors que tout son être commençait à perdre à nouveau pieds, l'ensemble des émotions qui étaient entrain de submerger se stoppèrent, laissant un vide effroyable dans la Kunoichi. Son esprit, son cerveau, son corps se refusaient à sombrer, bloquant toutes espèces de sentiments.

Le regard de la Kunoichi s'éteignit. Suna ne représentait plus rien pour elle, il semblait. Se concentrant sur son escorte, Ema n'avait même pas remarqué le trajet qu'ils prenaient. Contrairement à ce qu'elle s'était imaginée, Ema ne se fit pas conduire vers l'Ergatsule, mais plutôt dans les locaux du Régent. Allait-elle vraiment devoir faire face à Ogami aussi rapidement ? La Kunoichi n'était absolument pas prête à parler de ce qu'il venait de se passer. Elle n'avait pas encore de plan d'action et était trop fatiguée pour mentir ou cacher la vérité, après tout, elle venait d’enchaîner une journée à Konoha, suivit d'une dispute qui l'empêcha de dormir toute la nuit, suivit de la perte de son fils pour enchaîner un voyage retour à Suna. Si aujourd'hui son Régent venait à lui poser des questions ou lui mettre la pression, la Matsuno risquerait à nouveau de craquer...

Atterrir dans une cellule lui aurait permis de se reposer, de penser à une stratégie et d'un plan pour justifier sa pseudo désertion. Mais à présent, peu importait, de toute manière, elle était déjà au Palais. La Kunoichi ne savait trop que faire, ni quoi penser. Elle n'avait pas envie de coopérer, mais en même temps elle ne pouvait se mettre son supérieur à dos, risquant une peine de mort si elle se montrait désinvolte, ou pire, si elle mentait.

Satomu avait été sacrifié pour remettre Kibō en place en tant que Kage. Pour le moment, elle n'avait pas du tout envie de le défendre et encore moins d'argumenter contre Ogami. Le fait est qu'elle s'en fichait éperdument. La raison de tous ces événements était sa faiblesse constante, chose qu'elle devait changer le plus tôt possible. Sa naïveté, son innocence et son manque total de puissance avaient engendré la situation dans laquelle elle était. Elle ne pouvait et ne voulait plus se fier à qui que ce soit. Comme elle avait pu l'expérimenter en claquant la porte derrière elle, en sortant de cette pièce où elle avait du laisser Satomu, la jeune femme était tout à fait seule et décidée à le rester. Quant à Kibō... Elle n'avait pas d'opinion à son sujet.

Arrivant devant le bureau du Régent, Ema s'attendait au pire... Les idées qu'elle avait avancée auprès de Kibō pour défendre Suna et l'idée de garder Satomu allaient être certainement reprises contre elle-même. Peut-être qu'avec un peu de chance, Ogami n'en parlerait pas ? Rapidement, le Régent autorisa l'entrée de la Kunoichi, qui, toujours silencieuse, entra.

Spoiler:

(#) Sujet: Re: Assumer les conséquences. Mar 24 Jan 2017 - 23:33

Mon ancienne coéquipière était revenue de Hi no Kuni et avait été accueilli comme il se devait. Je trouvais que c'était encore trop gentil et pas assez marquant pour lui provoquer ce qu'on pourrait appeler de « déclic ». J'avais de toute façon épuisé les idées la concernant, j'étais arrivé au bout de ce que je pouvais faire avec elle. D'une femme presque amourachée, elle était devenue une amie, elle m'avait ensuite haïe pour au final me remercier. Et aujourd'hui qu'est-ce qu'elle pensait de moi ? La réponse ne m'intéressait guère. J'étais heureux de la savoir en vie, heureux de son retour et pourtant cela ne m'empêchait pas de la mépriser pour ses actes récents.

Finalement, mes sentiments à son égard n'importaient que très peu. Je ne devais pas réagir en tant qu'ami mais en tant que supérieur hiérarchique, tout simplement. Même si son action avait permis à Kaze no Kuni de retrouver un très bon élément, elle devait être sévèrement punie.

J'entendis taper à la porte, c'était bien elle et elle avait été ponctuelle ; Fin c'était plutôt mes hommes qui l'étaient. Je lui demandai d'entrer et ne la regardai qu'un bref moment avant de poser mes yeux sur la chaise se situant devant mon bureau. De ma main droite, j'indiquai à mon ancienne partenaire de s'asseoir. Une fois assise, je pris la parole.

« Tu es en vie et j'en suis heureux. Néanmoins tu te doutes quand même qu'à un moment donné, il faut assumer les conséquences de ses actes. Je ne parle pas que de ton excursion à Hi no Kuni, c'est une accumulation d'erreurs. À l'heure d'aujourd'hui, à mes yeux tu es loin d'être une Kunoïchi et je me demande même si tu l'as été un jour. Tes décisions sont motivées par tes sentiments, tu réfléchis en tant que "Ema copine de", "Ema femme de", "Ema mère de" mais jamais en tant que Ema Kunoïchi de Suna. »

Je me levai de la chaise, laissant quelques secondes de silence. Je plantai alors mes yeux dans les siens.

« J'ai voulu te faire confiance, je me suis dit que te confier un rôle important dans le développement de Kaze et Ki allait te permettre d'aller de l'avant ; Avoir des hommes sous ta responsabilité, j'imaginais que ça allait te faire mûrir et que tu te rendrais compte de la voie à suivre afin de pouvoir servir ton pays. Mais non, cela n'a pas suffit... »

Elle avait quitté nos terres et avait déserté son poste, une sanction était de mise. Un tribunal militaire aurait été aussi de mise mais je m'étais arrangé avec les autorités afin d'arbitrer ce cas « à l'amiable ». Une proposition avait été donné quant à son sujet et avait été acceptée par l'ensemble des personnes présentes. Cette décision, je me devais donc de l'appliquer sans détour. Elle était pour moi correcte et clémente.

Je gardai une expression sérieuse sur mon visage quoi que les sourcils légèrement froncés pour exprimer mon mécontentement.

« Tu es suspendue de tes fonctions à compter de ce jour. Le développement de Ki no Kuni sera affecté à une autre personne et tu retourneras à la vie civile... Cependant avec quelques conditions jusqu'à qu'on en décide autrement : tu n'auras pas le droit de quitter Suna et comme tu t'en doutes... tu n'auras pas non plus accès aux structures militaires à l'intérieur de nos murs. Tu es en sursis et donc au moindre problème, tu seras envoyée en prison et les conséquences de tes actes seront bien plus prononcées. »

Voulait-elle plus d'informations ? De toute façon, j'avais demandé à qu'un parchemin soit rédigé afin de lui apporter des détails sur ces sanctions.

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Ema entra, accueillit par un mur de glace : Ogami Toshiro. Il semblait qu'être devenu Régent lui avait fait prendre la grosse tête à en juger par sa capacité à ne plus regarder son équipière dans les yeux tout en lui disant à quelques mots près qu'elle était une insulte pour les Shinobis. Heureusement pour elle, qui venait de perdre son mari et son fils, perdre Suna n'avait absolument aucune importance. Sur tout le village, personne n'eut l'idée de venir aider Kibō ou encore Ema. Seul un mercenaire et Konoha avaient aidé -non sans quelques déboires- le Kage, c'en était affligeant. Ogami, lui, s'était contenté de prendre la place de Régent, d'envoyer au fin fond de Ki le couple qui l'embêtait tant, pour ensuite faire sa petite vie. Le fait de se retrouver là était simplement dû à ce qu'on appelait l'obéissance et le respect des supérieurs -aussi parce qu'elle avait encore son mari à Suna et que pour récupérer son gamin elle devait faire preuve d'une incommensurable habileté à mentir pour lui faire reprendre ses fonctions, accessoirement-. Rien, absolument rien, n'aurait pu l'empêcher de partir. Après tout ce que Suna n'avait PAS fait pour elle, elle n'en avait clairement plus rien à faire de toute cette mise en scène, ces mascarades et ce besoin d'écouter aux ordres. Pour elle, Ogami resterait son équipier timide et introverti qui n'arrivait pas à placer deux mots dans une conversation. Ainsi le voir édicter des ordres sans queue ni tête la fascinait.

Finalement il avait enfin le courage de la regarder dans les yeux. La Kunoichi était imperméable aux paroles de cet homme en qui elle ne croyait plus, auquel elle n'accordait plus aucun crédit.

Tout comme il l'avait fait avec Kibō, il le faisait à Ema. Civil, exilé sans endroit où s'en aller, prisonnier de son propre village, et encore, elle, elle avait toute sa tête, alors imaginez...

Elle n'eut aucune réaction. Sa décision finale se concrétisant de plus en plus. Les actions qu'Ema avaient entreprises n'étaient que le résultat de l'inaction des hautes instances, de Suna, de Kaze sur une problématique qui aurait du faire bouger plus de monde : un Kazekage fou. Personne, absolument personne n'avait eu le bon sens de lancer des missions sur la raison de cette folie, aucune mission ou intervention n'avait été effectué pour essayer d'endiguer le problème, d'en comprendre l'origine, ou encore d'en parler avec Aburame Miko. C'est avec amertume qu'elle le reconnaissait enfin, seul Konoha avait aidé Kibō.

Le Toshiro ne s'excuserait pas de n'avoir pas réagit à temps, de n'avoir rien fait pour chercher les deux Matsunos ou encore de n'avoir pas pris contact avec Konoha à temps. Elle aurait très bien pu s'être faite kidnapper elle aussi qu'il n'en aurait rien fait, elle en était persuadée. Il n'avait absolument aucun pouvoir de décision sur Ema. Elle s'en fichait royalement. Personne n'allait lui dicter sa conduite, sa manière d'agir et de penser. Voler au secours de son mari avait été le meilleur choix qu'elle avait fait en tant que Kunoichi, et cela, personne ne le lui prendrait. Elle seule avait eu le courage de mettre sa foi dans un Pays ennemi qui n'attendait que la réconciliation. Non, elle n'avait pas oublié Tetsui et elle ne portait pas Konoha dans son coeur, bien au contraire.

La réunion du matin, avec Kibō et les deux Aburames se montrait réellement constructive. C'était un déchirement de penser qu'effectivement, Satomu était plus en sécurité à Konoha, gardé par les assassins de Tetsui qu'à Suna, où elle avait toujours été fidèle, inconditionnellement.

Tout du long, la Kunoichi resta impassible, silencieuse et imperceptible. Elle ne bronchait pas, seules ses pensées vagabondaient dans son esprit. La tête haute, son regard suivait celui du Toshiro.

Il ne lui restait que très peu d’options, mais ces options valaient mieux que ce qu'on allait lui offrir à Suna. Il était impossible qu'elle puisse obéir à Ogami en tant que chef, alors qu'elle n'arrivait même plus à le respecter en tant qu'ami. Rester à Suna devenait impossible...

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