Ordre de mission:

Voilà à peine quelques mois qu'elle avait décidé de servir Kirigakure no Sato, non plus exactement Michiki Shinda - l'homme dont elle était éprise - mais elle était déjà à sa seconde mission pour le compte du village caché du Pays de l'eau. Fait qui devrait réjouir la Natsumi car c'était une preuve que le Rokudaime Mizukage lui accordait sa confiance. Chose qu'on ne lui avait jamais concédée durant toutes ces années où elle avait servi Kumogakure no Satô ; pas même de la part de ses propres camarades de l'époque qui se méfiaient fortement de la kunoïchi marginale qu'elle avait été. Seulement, la samouraï n'était point exaltée par sa situation présente car elle ne puisait aucun plaisir dans ses devoirs. Elle exécutait ces derniers uniquement parce qu'il le fallait. Comme à l'époque, elle se contentait d'obéir et ferait tout pour mener à bien la mission qu'on lui confiait, un point c'est tout !

La Natsumi était loin d'être le parfait "soldat" dévoué à sa Nation et elle était la première à le savoir mais elle ne tenait pas pour autant à changer. Elle se complaisait à être ce qu'elle était et elle s'en fichait royalement des avis d'autrui sur ce point. On la rejetait ou bien on l'acceptait telle qu'elle était et chercher à la faire changer serait peine perdue. Aucun individu, pas même le Mizukage, la forcerait à devenir un être dont elle n'avait point envie de devenir, pas même pour la perspective d'un futur glorieux. La gloire était une des futilités de ce monde qu'elle laissait volontiers à ceux qui la convoitaient.

Et puis, que pouvait-on donc bien lui reprocher tant qu'elle exécutait correctement ses tâches ?

Des pas modérés, accompagnée de son élève, Mairu longea le couloir de la résidence où l'invité du Daimyô du Pays de l'eau avait déplié bagage quelques jours avant la date officielle de son entrevue avec le Seigneur du pays. La samouraï avait été dépêchée sur place afin d'assurer la protection de l'invité de marque. La réussite de la mission ne se reposerait pas uniquement sur ses aptitudes en combat mais recourrait également de la diplomatie de sa part. Il était primordial qu'elle ne faille pas à son devoir de "garde du corps" mais elle devait également imprégner l'homme - qui allait sans aucun doute jouer un rôle important dans l'avenir de Kirigakure no Satô - des bons souvenirs de son passage au pays. Afin d'assurer les deux rôles correctement, elle avait amené Koema avec elle. Connaissant la personnalité de son élève, Mairu pensait qu'elle serait parfaite dans le rôle du "garde du corps" alors que de son côté elle endosserait le rôle de la diplomate. C'était aussi une occasion pour la samouraï de voir si elle pouvait faire confiance en la turbulente Kaguya. Les conséquences ne seraient pas de moindre si elles venaient à échouer, surtout pour la sensei, mais la Natsumi préférait tester la fiabilité de sa disciple sur ce genre de mission où le risque de se faire tuer était assez faible plutôt que sur un champ de bataille où la moindre négligence pourrait se solder par leur mort.

- Reste là ! Ordonna Mairu à Koema alors qu'elles s'étaient arrêtées devant une porte. Et n'oublie pas ! Pas de bêtise !

La Natsumi avait l'impression de parler à un enfant de bas âge mais c'est ce qu'était Koema malgré ses seize ans. Elle lui avait formellement interdit de se livrer à ses cabrioles à tout bout de champ et aussi de parler, à moins que c'était pour répondre à une question qu'on lui poserait. En échange, elle lui avait promis de la laisser s'occuper de tous ceux qui tenteraient de s'en prendre à leur invité. Contrairement à elle, la jeune Kaguya puisait du plaisir à combattre alors elle pouvait au moins lui concéder cette jouissance bien que la Natsumi trouvait cela plutôt malsaine. Mairu priait déjà pour les malheureux qui oseraient s'en prendre à eux, sachant le sort que leur réserverait Koema.

La Natsumi toqua à la porte avant de se présenter à haute voix afin de se faire entendre à travers le bois très épais qui la séparait de son interlocuteur. Elle attendit ensuite qu'on l'invitât à entrer avant de pousser la porte qu'elle prit le soin de refermer derrière elle, laissant son élève surveiller le couloir …

-Mais on va s'ennuyer gros-lolos senseï!

Oui elle avait osée, mais pour plusieurs raisons très très très précises. La première c'est qu'elle s'ennuyait ferme et quand elle s'ennuyait bha elle avait tendance à être encore plus franche que d'habitude. Et ensuite parce que faire les guides touristiques franchement! Non mais sérieusement, elle combattait elle travaillait pas à l'office du tourisme de Mizu no Kuni. Non mais sérieux! La brume sanglante voyage agency tant qu'on y est? C'était à s'arracher les cheveux mais comme elle y tenait Koema ne le fit pas. Fort heureusement Mairu alias gros lolos sama dans son extrême bonté et sur un élan d'intelligence lui promit de lui laisser les éventuels combats qui auraient lieux en échange qu'elle se tienne bien? Non mais c'était pas vraiment équitable. On devait s'interdire de s'amuser en mission maintenant? Incroyable autant de dureté, c'était pas possible que ce soit viable! Bon elle avait pas le choix sinon c'était un vieux samui barbu. Du coup fallait bien patienter et prendre sur elle, sucette en bouche pour éviter de parler! Ah parce que bien sur elle interdit de parler, elle pouvait strictement rien faire! Condamnée à être l'esclave d'une femme aux gros seins quel vie!

-Oui gros-lolos sama.

Grommela-elle en attendant que Mairu ressorte avec l'invité de luxe. Pendant ce temps, elle essaya de trouver un jeu pour s'amuser mais sans possibilité de maîtriser l'art du ninjutsu c'était tout de suite impossibleuh de se cloner et donc de faire des jeux! Du coup elle s'endormie, oui parfaitement elle pionça en attendant qu'ils ressortent. Bien sur elle se releva en entendant la porte s'ouvrir et fit son meilleur salut militaire. La jeunesse de Kiri en action! Gogogogo powers rangers! Elle s'égarait comme souvent, faisant courbette en essayant de pas croiser le regard de la Natsumi elle suivit le duo. La destination lui était inconnue mais elle s'en moquait, tout ce qu'elle souhaitait c'était un maximum de sang et d'os se brisant au contact de ses phalanges elle en frémissait d'avance. Oh oui elle sentait qu'elle allait bien s'amuser! Une journée et un voyage qui avec de la chance se transformerait en mission commando! Rien de mieux que l'odeur et les bruits des blessés en guise de mélodie et de décors pour une joie assuré. Elle ne demandait pas grand chose en somme mais il semblait que le destin ne lui donne pas ce qu'elle voulait tout de suite.

Se contenir devenait donc difficile au fur et à mesure qu'ils sortaient de la résidence pour s’engouffrer sur l'archipel de la brume sanglante. La distance commençait à être entamé et Koema allumait régulièrement une cigarette en jetant des rapides coups d'oeils aux alentours. Pitié elle s'ennuyait ferme, que Sanbi leurs viennent en aide! Ou elle ne répondrait plus de rien. C'était barbant, chiant, pourquoi n'avait-elle pas fait de grasse matinée? Son lit lui manquait et les tournées des bars aussi. Enfin à l'approche des bois, les gueux se montraient un peu plus réticents et observateurs. La populace et les imbéciles se regroupant au passage de l'escorte spéciale. Ptet pour voir la paire de Natsumi c'était pas commun dans le pays! Non sérieusement la foule observait les deux shinobis et l'invité de luxe, et Koema elle n'attendait qu'une seule chose que vous aurez sans doute deviné en lisant ces lignes redondantes. Un combat! Même contre des pouilleux! Tout mais n'importe quoi! Tant qu'elle cognait dur ça lui conviendrait! A voir si la 'chance' lui sourirait. Il fallait espérer que oui.

Dans le cas contraire...

- Bien le bonjour Monsieur Ikeda. Je me nomme Natsumi Mairu. Je suis envoyée par le Rokudaime Mizukage afin d’assurer votre sécurité le temps de votre séjour à Mizu no Kuni, fit la samouraï accompagné d’une courbette d’usage.
- Quelle indécence ! Lâcha un homme d’une voix froide alors que Mairu s’était à peine redressée.

Le mécontent se tenait un peu à l’écart derrière l’invité du Daimyô. C’était un géant qui dépassait largement Mairu de trois têtes et celui-ci était tellement sec qu’il pourrait bien tomber en miettes s’il venait à fracasser. Tout en lâchant le reproche, le grand bâton avait les yeux rivés sur l’opulente poitrine de la Natsumi alors que de deux doigts, il feignait d’arranger ses lunettes pourtant bien en place. Malgré la sérénité qu’il tentait d’arborer, Mairu décela le trouble qui animait le colosse. Chose qui lui arrache un sourire intérieur. En d’autre circonstances, elle aurait pris un plaisir malsain de provoquer cet homme qui jouait au puceau mais la situation ne s’apprêtait pas à la puérilité.

- Si mes accoutrements vous dérangent, je vous demanderais de bien vouloir m’accorder le temps d’aller me changer Monsieur, s’adressa Mairu à Ikeda.
- Non, non, non ! Lâcha l’homme tout en secouant rigoureusement les mains pour bien marquer son désaccord. Ne faites donc pas attention aux propos de mon secrétaire. Vous pouvez rester ainsi. Non, restez ainsi … Je ne m’attendais pas à avoir une si rafraichissante Demoiselle comme garde du corps. Cela change de la compagnie de ces hommes qui ne vous offrent autre chose à voir que leurs visages rigides qui ne vous donnent même pas envie de leur adresser la parole. Je remercierais le Rokudaime pour sa délicate attention … J’espère cependant que vous serez à la hauteur de votre tâche Mademoiselle Natsumi !
- Soyez sans crainte Monsieur. Je ferais tout mon possible pour que votre séjour soit agréable. D’ailleurs, à moins que vous préfériez rester ici, j’aimerais vous escorter vers un autre endroit où je pense que vous seriez mieux.
- Où donc comptez-vous m’amener !
- Ne m’en voulez pas mais je préfèrerais vous en faire la surprise Monsieur, fit la Natsumi d’une voix presque chantante.
- Je vois ! Dans ce cas … Hide, préparez donc mes affaires. Nous allons suivre la Demoiselle Natsumi.
- Bien Monsieur !

Après une courbette bien marquée, le secrétaire s’éclipsa vers une porte autre que celle par laquelle la Natsumi était rentrée et derrière laquelle était postée Koema.

Ne désirant pas rester dans la pièce, Monsieur Ikade invita la Natsumi à lui parler de la renaissance de Kirigakure no Satô tout en faisant le tour du domaine où il se trouvait, le temps que ses affaires soient prêtes. Ils sortirent par la porte gardée par son élève qui se comporta plus que bien à la grande surprise de la sensei.

Moins d’une heure plus tard et après une longue discussion sur des sujets concernant le pays et qui ne passionnaient pas réellement la Natsumi mais auxquels elle fit cependant mine de s’intéresser pour ne pas froisser l’invité, une petite diligence, tirée par un unique cheval guider par Hide le secrétaire qui s'était improvisé en cocher alors qu'à on bord se tenait l’hôte du daimo, quitta tranquillement la résidence. Les deux gardes du corps suivirent le véhicule hippomobile à pied.

Quand le chemin le permettait, la samouraï se plaçait au même niveau que la porte de l'hippomobile afin de poursuivre la conversation bien ennuyeuse avec Monsieur Ikade alors qu'elle avait chargé son élève de surveiller l’arrière du convoi réduit en fermant la marche.

Motivé par le sourire parfois forcé et l’attention que lui accordait son interlocutrice, Ikade bavardait à cœur joie. Difficile de savoir si le personnage était de nature loquace ou c'était la Natsumi qui le rendait ainsi mais la jeune femme avait fini par supplier intérieurement que l'homme se taise un instant tant le sujet de conversation à sens presque unique devenait de plus en dénué d'intérêt. Prière qui fut exaucée par un groupe de bandits qui leur bloqua le chemin alors qu'ils empruntaient une route bordée de forêts. Bien que là n'était point signe d'un bon présage, la Nastumi fut soulagée par ce moment de répit pour ses oreilles malgré elle.

- Qu'est …
- Restez à l'intérieur et ne sortez surtout pas la tête je vous prie Monsieur Ikade, fit la samouraï tout en s'avançant vers les hommes dont un siffla à son approche.
- Wouah ! Quelle paire !
- Laissez-nous passer et aucun mal ne vous sera fait ! Se contenta de lâcher la Natsumi, ignorant totalement la remarque déplacée de celui qui paraissait être le meneur du petit groupe.
- Polie et autoritaire avec ça ! J'crois que j'ai dégoté ma …

Mairu qui chargea l'homme afin de lui asséner un violent coup de poing dans le ventre interrompit celui-ci qui se plia en deux. La Natsumi avertissait toujours avant d'attaquer mais elle n'était pas du genre à insister. Alors que sa cible menaçait de s'écrouler, la jeune femme la saisit par le vêtement avant de le balancer sur le côté menaçant de faire tomber deux de ses propres camarades sous son poids. Surpris, les bandits de chemin n'osèrent s'approcher alors que sans un mot, Mairu retourna auprès du cheval.

- Koema ! Assures-toi qu'ils ne nous poursuivent pas ! Lâcha la jeune femme avant de taper sur le postérieur de l'animal qui se mit aussitôt à courir, forçant un passage à travers les hommes qui commençaient à les charger.

La Samouraï s'accrocha à l'arrière de la diligence. Le regard posé sur la jeune Kaguya qui s'amusait à présent comme une folle, la Natsumi s'éloigna avec le véhicule hippomobile. Lorsqu'ils furent assez éloignés Mairu ordonna au cocher de s'arrêter. La jeune femme posa ensuite pieds à terre avant d'aller prendre de nouvelles de son hôte.

- Pas trop secoué Monsieur Ikade ? Vraiment navrée pour ce désagrément mais on n'est jamais à l'abri d'une attaque des petits voyous et cela est d'autant plus vrai à Mizu qui a été longtemps abandonné au banditisme en tous genres après la chute du Village Caché. Le Rokudaime s'efforce de sécuriser le pays mais comprenez que cela est une tâche qui demande du temps.
- Je vois ! ... Si le Rokudaime vous a envoyé assuré ma sécurité c'est qu'il doit avoir confiance en vous alors il n'y a aucune raison que je n'en fasse pas de même. Par contre, est-ce que tout ira bien pour la petite ?
- Ne vous inquiétez pas ! C'est une jeune fille aux os bien solides !

Depuis sa position, la Natsumi analysait ce qui se passait non loin. Peu à peu les auras des bandits s'éteignaient les unes après les autres alors que celle de Koema se mouvait sans cesse. Mairu aurait préféré que son élève se contente de les assommer mais elle ne lui en avait pas donné l'ordre. Elle pensait l'avoir assez bridé pour qu'elle méritait de s'amuser un peu à sa manière. Contrairement à elle, Koema était une véritable héritière de la Brume Sanglante qui puisait du plaisir à verser du sang. C'était cruel de sa part de laisser ces hommes périr de la sorte mais leurs cadavres inciteront peut-être ceux qui continuaient de s'adonner au banditisme dans le pays à abandonner …