Chevauchant à une allure sereine le suidé sauvage, qui avait fini par la laisser monter sur son dos sans la moindre protestation, la Natsumi arrêta le sanglier au bord de la rivière. Restant sur sa monture bien singulière, la jeune femme balaya du regard l’alentour, pour tenter de percevoir si elle n’était pas épiée. Souffrant d’une légère myopie, sans ses lunettes, qui avaient été jeté par celui qui l’avait capturé, voilà il y a plus de cinq mois, et qu’elle n’avait pas eu l’occasion de remplacer depuis, Mairu ne voyait pas nettement les contours des choses au-delà des cinq mètres. Handicap qui ne l’empêchait pas cependant de déterminer la nature des choses. Malgré sa vision légèrement floutée, elle savait distinguer un humain d’un arbre ou encore un sanglier d’un loup sans la moindre difficulté.

Depuis l’incident d’il y a trois jours, lors de la première chevauchée de sa nouvelle monture qui l’avait menée à la lisière de la Forêt de la brume, la Natsumi était toujours aux aguets. Un adolescent l’avait surpris et l’avait traité de la sorcière aux yeux rouges. Les paroles du pubère supposaient fortement qu’il était au courant de son existence dans cette forêt. Hypothèse qui, depuis lors, ne cessait d’inquiéter Mariu.

Shindi Michiki, l’homme qui l’avait amené ici après l’avoir sauvé par deux fois, lui avait déclaré qu’elle serait en sécurité ici mais il semblerait que cela n’allait pas durer éternellement. Il était vrai qu’à part quelques incidents qui ne s’étaient pas trop mal terminés pour sa personne, elle n’avait jamais été importunée mais il semblerait qu’elle avait passé trop de temps en ce lieu et avait donc fini par attirer l’attention. Le fait d’avoir sillonné la forêt de long en large au lieu d’être restée tranquillement auprès de son cabanon perdu au milieu de la forêt brumeuse, était surement l’origine de tout ceci. Des êtres, s'étant aventurés assez loin au cœur de la forêt, avait dû certainement remarquer sa présence et ses activités peu communes, voire totalement excentriques, d’où surement le surnom de la sorcière dont on lui avait collé. Après tout, tout le monde ne s’amusait pas à chevaucher un animal sauvage au péril de sa vie mais là était son passe-temps pour tuer l’ennui.

*****

L’appréhension de la jeune femme était justifiée bien que, présentement, elle se trouvait assez loin du danger qui la guettait. À des dizaines de kilomètres de sa position, dans le premier village le plus proche de la forêt où elle se terrait, des rumeurs couraient à son sujet. Les pubères qui l’avaient surpris avaient confirmé l’existence de la Sorcière aux yeux rouges chevauchant des bêtes sauvages qui avait été avancée par des enfants que s’étaient aventurés dans la Forêt de la brume avant eux.
Quelques jours plus tard, à cause de l’ampleur exagérée qu’avaient pris les choses, le doyen du village réunit les adultes du bourg pour tenter de calmer leurs esprits avant que cela ne tourne à la paranoïa. Le sage personnage avança qu’il n’y avait pas de quoi s’alarmer et qu’il fallait laisser la Sorcière aux yeux rouges vivre sa vie dans cette forêt damnée car elle y avait plus sa place de toute manière qu’au sein d’un village.

« Le sage Matsumoto a bien raison. Laissons donc cette sorcière tranquille ! Pourquoi chercher des problèmes avec elle alors qu'elle ne cherche point à nous nuire ? Appuya une femme d’un âge assez avancé.
- Je ne suis pas d’accord ! Pour notre sécurité, il faut éliminer le danger que représente cette sorcière avant qu’elle ne s’en prenne à l’un d’entre nous ! Déclara un homme à fleur de l’âge.
- Je suis bien d’accord ! Il faut éradiquer le mal avant qu’il nous tombe dessus ! »

Du brouhaha se leva face aux avis qui différaient.

« Cela suffit ! S’écria le sage. Le silence se fit. Depuis quand êtes-vous devenus aussi déraisonnables !? Poursuivit le doyen. Dois-je vous rappeler que nous avons toujours vécu auprès de cette forêt qui a été souvent source de calamité pour notre village ? Cela ne date pas d’hier et c’est pourquoi il est interdit de s’y aventurer. Interdiction que certains de nos enfants bafouent cependant ouvertement. Ne pensez-vous pas qu’il serait plus sage d’apprendre à nos descendants de respecter la règle de survie qui a été établie par nos aïeux au lieu de perdre notre temps à disputailler futilement sur un sujet qui ne devrait même pas atteindre nos oreilles ? Laissons donc cette sorcière vivre sa vie dans cette forêt maudite et continuons de vivre la nôtre sereinement au lieu de chercher des ennuis. Vous n'êtes pas sans savoir que des shinobi errants, dont la plupart sont des monstres sans foi ni loi, se terrent souvent dans la Forêt de la brume. Vous n'êtes-vous pas demandé si cette sorcière aux yeux rouges n'était pas l’un d’eux ? … Désirez-vous donc se précipiter vers une mort bien frivole ? »

Personne ne dit mot face aux paroles de l’ancien mais cela ne signifiait pas pour autant que tous étaient d’accord avec son beau discours …

Une fois un tantinet rassurée, la jeune femme descendit enfin de sa monture pour aller prendre son bain glacial que son corps avait fini par apprécier. Lorsque les bains chauds lui manquaient trop, la Natsumi prenait alors la peine de réchauffer de l’eau mais la plupart du temps elle se lavait dans la rivière dont la température ne montait jamais très haut car les rayons du soleil venaient rarement la réchauffer à cause de la brume qui la voilait constamment. La Sauvageonne n’était pas sensible aux changements de température mais s’habituait facilement aux aléas de mère nature. Elle a été élevée à la dure. Éducation qui avait certainement contribué à sa résistance, aussi bien face aux efforts physiques qu’aux changements climatiques, sinon, on pouvait avancer qu'elle était bien constituée de naissance tout simplement.

Nue dans la rivière, la jeune femme cessa de se frotter le dos, en attendant un bruissement dans le bois qui bordait l’eau. Discrètement, elle jeta un coup d’œil en direction de l’endroit suspect mais ne perçut aucune présence. Elle supposa alors que là n’était qu’un petit animal sauvage puis reprit son activité. Son suidé sauvage, qui était resté à l’attendre tranquillement sur le rivage, l’alertera en cas de présence étrangère dans le parage car, mis à part elle, l’animal se méfiait des humains. La Natsumi mit cependant tous ses sens en éveil. Elle n’était pas du genre à se relâcher, surtout pas lorsqu’elle pressentait qu’un danger la guettait.

Son bain s’acheva finalement sans incident. Une fois rhabillée, la jeune femme reprit le chemin du retour à dos de sa monture alors qu’habituellement elle trainait toujours dans la forêt, parfois pour un long moment, après chaque plongée dans la rivière avant de rentrer se mettre au chaud dans sa chaumière.

Depuis la péripétie avec les trois pubères, l’anxiété la rongeait un peu plus chaque jour au point d'arriver à perturber les habitudes qu’elle avait finies par adopter dans cette forêt qui était devenue son domicile. Elle se disait que là n’était pas bon pour sa santé, aussi bien physique que mentale, et qu’elle ferait mieux de partir de cet endroit avant que la peur ne devienne son lot quotidien. Si elle était restée aussi longtemps dans cette forêt, pourtant bien morbide, c'était parce qu'elle s'y sentait en sécurité mais ce n'était plus le cas à présent. Il n'y avait donc aucune raison qu'elle restait plus longtemps à se terrer dans un endroit où elle ne sentait plus à l'abri. Autant aller affronter le danger en face que t'attendre que celui-ci ne la rattrape. Ce fut donc dans cette optique que le lendemain matin, la Natsumi se retrouva à la lisière de la Forêt de la brume.

Perchée sur sa monture, la jeune femme contemplait le paysage bien différent qui s’offrait à ses yeux. Celui-ci était bien plus dégagé et ensoleillé mais pourtant la Sauvageonne hésitait à s’y aventurer, sachant ce qui l’attendait au bout de celui-ci : le monde qu’elle avait délaissé.

Après plus d’une minute d’indécision, Mairu obligea sa monture à faire volteface avant de s’enfoncer à grande vitesse dans la forêt, en direction de sa chaumière. Finalement, elle n’avait pas réussi à partir.

Allongée sur son lit, chose qu’elle faisait rarement en plein jour, à moins qu’elle n’était malade, épuisée ou blessée, l’ex-kunoïchi se demanda pourquoi elle avait autant peur de retourner dans la civilisation. Depuis quand était-elle donc devenue une lâche qui avait peur de ses propres congénères ? Ces derniers n'étaient pas tous des monstres qui en voulaient à sa personne et pourtant elle appréhendait de revivre parmi eux. Était-elle donc devenue une créature totalement farouche qui ne pouvait apprécier que la compagnie d'un animal sauvage ? Alors que cette pensée l'effleurait, la jeune femme esquissa un léger sourire tout en fixant le sanglier qu'elle avait apprivoisé qui s'était allongé dans la même pièce, après avoir foutu quelques bordels comme à son habitude, à la recherche de quelque chose à mettre sous la dent …

Plusieurs jours passèrent et la Natsumi n'arrivait toujours pas à se décider à partir, bien que là était son souhait. Son anxiété avait fini par s'estomper mais son envie de quitter la Forêt de la brume, où elle pensait s'être terrée assez longuement, n'avait pas disparu. Elle avait de nouveau repris ses habitudes à vagabonder dans la forêt mais elle évitait cependant de trop s'éloigner de son bien piètre abri mais où elle avait fini par se sentir comme dans un cocon protecteur alors qu'il suffirait d'une simple étincelle pour le rendre entièrement en cendres.

Allongée sur le dos, sur une branche pas très haute, les bras suspendus dans le vide, la Natsumi guettait la direction d'où provenait le moindre bruit qui arrivait à ses oreilles aux aguets. Son sanglier l'avait délaissé pour aller s'aventurer dans la forêt. Chose que l'animal faisait régulièrement mais la bête finissait toujours par revenir vers elle. Et si l'animal s'attardait alors que la jeune femme avait besoin de lui, il lui suffisait alors de siffler d'une certaine façon pour que le suidé accourait s'il était à la portée de l'appel auquel la Natsumi l'avait habitué. Au début la Sauvageonne avait assimilé au signal l'heure de manger puis, une fois que le suidé s'était habituée à l'avertissement, elle avait remplacé la nourriture par une simple caresse que la bête avait finie par apprécier.

La jeune femme interrompit sa sieste alors que le sanglier était revenu lui renifler une de ses mains suspendues comme pour la réveiller. Mairu se mit à grattouiller la tête de l'animal avant de se mettre sur son séant puis sauter à terre. Elle retourna ensuite à sa cabane, le suidé la talonnant, s'arrêtant parfois pour fouiner dans le sol avant de se précipiter pour la rattraper.

La Natsumi se mit à s'entrainer au tir à l'arc avec un arbre qui se trouvait près de son cabanon et sur lequel elle avait dessiné une cible. Viser de près était devenu presque un jeu d'enfant pour elle, à force d'entrainement presque quotidien, mais sans ses lunettes elle avait du mal à cibler de loin. Après presque une heure d'acharnement, changeant de position de tir et de distance régulièrement, la Natsumi finit par rentrer dans son antre pour aller se préparer à manger alors que de nouveau, le suidé l'avait faussé compagnie.

Alors que la jeune femme était en plein découpage des feuilles, qu'elle savait comestibles et qu'elle avait ramassées dans le bois, des bruits suspects au-dehors suspendirent son geste. Elle essuya le couteau de cuisine qu'elle avait en main avant de le glisser avec précaution dans l'une de ses bottes puis ramassa les deux autres qui n'étaient pas loin, pour les mettre avec le premier. La Natsumi alla ensuite s'équiper rapidement de son carquois, chargé de flèches, avant de récupérer son arc qui était juste à côté puis elle s'éclipsa dans la chambre pour récupérer le katana qui n'était jamais très loin de son lit. La jeune femme prit ensuite la sortie dérobée qui avait été aménagée dans la pièce en une sorte de mini-porte basculante qui se refermait toute seule une fois lâchée. Discrètement, elle contourna le cabanon, tout en glissant le katana dans sa ceinture qui était assez solide pour soutenir l'arme, avant d'armer son arc. Elle se plaqua ensuite au pan du mur qui donnait vers le devant. Un homme, armé d'une hache, était posté devant l'entrée.

« Alors ? Demanda le garde alors qu'un troisième homme, équipé d'un katana, était sorti de la cabane, talonné par un autre qui avait une énorme machette dans la main droite.
- Elle n'est pas là !
- C'est pas possible ! On l'a bien vu rentrer pourtant ! ... Il y a une autre sortie ?
- Il y a que la fenêtre mais elle est verrouillée de l'intérieur donc impossible qu'elle soit sortie par là … Elle ne doit pas être partie bien loin ... Makura, fait le tour de la cabane par ce côté ! » Ordonna le meneur, qui n'était autre que celui qui avait été contre la décision de laisser tranquille la Sorcière aux yeux rouges comme l'avait suggéré le doyen de son village.

Alors que le dénommé Makura s'exécuta, celui qui se prenait pour un chasseur de sorciers se dirigea vers l'endroit où s'était embusqué la Natsumi.

D'après les dires des trois hommes, ils l'avaient surveillé et pourtant elle n'avait rien remarqué. Elle se décevait vraiment. Être incapable de sentir la présence des simples paysans était vraiment lamentable. Peut-être était-ce à cause de l'absence de chakra chez les hommes ? Chercha-t-elle à se consoler face à son incompétence mais elle n'avait pas tort. La non-présence de chakra était un avantage quand on ne désirait pas révéler sa présence, si on n'était pas un shinobi capable de dissimuler son chakra qui était comme une lumière qui indiquait sa position.

Se consolant avec l'idée qu'elle avait avancée dans ses pensées, discrètement, la jeune femme tenta de s'éloigner alors que le prédateur se rapprochait dangereusement. Dans le recul, un de ses pieds se posa malencontreusement sur une branche sèche qui craqua. Un bruit qui avait suffi pour alerter l'homme.

« Par ici les gars ! Je l'ai trouvé ! » Gueula le villageois pour interpeler ses compères.

Au lieu de fuir, Mairu visa celui qui interpellait ses camarades avec son arc déjà armé. La jeune femme visa l'endroit le plus facile à cibler, qui était le ventre, avant d'armer rapidement son arc, tout en commençant à reculer, alors que sa première cible s'était arrêtée dans un hurlement.

« Ren !? S'inquiéta un de ses compagnons qui s'étaient précipités vers lui.
- Rattrapez-la bordel ! »

Les deux hommes se mirent à courir vers la Natsumi qui décocha sa seconde flèche mais qui n'atteignit aucune cible. La jeune femme détala alors, tout en sifflant à répétition le signal d'appel de son suidé, qui était toujours en vadrouille. Malgré l'insistance de la jeune femme à l'appeler, l'animal ne se pointa pas …

Tout en courant, la Natsumi arma de nouveau son arc puis, après avoir réussi à distancer suffisamment ses poursuivants qui, de toute évidence, n'étaient pas habitués à courir comme elle, la jeune femme s'arrêta pour viser l'homme qui était en tête. Elle savait être incapable de tirer correctement tout en cavalant alors, au lieu de recourir à une tentative d'attaque qu'elle savait échouer d'avance, elle préférait mettre toutes les chances de toucher sa cible de son côté, quitte à courir le risque de se faire rattraper. Malgré son initiative, la cible réussit à éviter la flèche mais qui alla se planter en plein poitrine de son pair qui courait derrière lui.

« Makura ! S'écria celui qui avait esquivé tout en faisant demi-tour pour aller au secours de son compagnon qui se vidait rapidement de son sang. Bon sang ! Tient bon mon vieux ! Paniqua l'homme qui avait abandonné son arme au le sol pour soutenir le haut du corps de son camarade blessé.
- Je … Je crois que je suis foutu !
- Ne dis pas ça ! Tu vas t'en sortir … Je t'en prie, ne meurt pas mon vieux !
- Mais qu'est-ce que vous foutez ? » Lâcha le meneur qui avait fini par rattraper les deux autres dont un, touché au plein poumon était en train de respirer péniblement, alors que le second pleurait comme une madeleine sur son confrère sur le point de rendre l'âme.

L'instigateur de la chasse à la sorcière ne se tenait plus bien droit et avait une main compressée sur sa blessure pour empêcher le sang de couler. Il n'avait pas retiré la flèche pour éviter une hémorragie plus intense.

« Non ! Non ! … Réveilles-toi mon vieux ! Fit l'homme fléchi sur son camarade qui ne bougeait plus et qu'il secouait vainement alors que des larmes ruisselaient de ses yeux. Il est mort ... Il est mort et c'est de ta faute Ren ! Accusa l'affligé tout en relevant la tête vers celui qu'il accusait. Regarde ce qui est arrivé à cause de ton idée stupide ! … Pourquoi ? Pourquoi t'avons-nous écouté !? … Et il est où ton shinobi qui allait nous aider hein ? … Était-ce un mensonge pour qu'on te suive dans ta folie ? »

Le dénommé Ren ne dit mot, reconnaissant s'être allé réellement trop loin. Il ne désirait qu'être reconnu comme étant un héros qui avait éradiqué une menace qui planait sur son village en éliminant la Sorcière aux yeux rouges mais il venait de perdre un camarade à cause de son ambition bien stupide en plus d'avoir été blessé lamentablement, à peine avait-il posé les pieds sur le champ de bataille. De plus, le shinobi errant, qui l'avait incité à entreprendre cette traque absurde, ne s'était pas manifesté comme il l'avait promis. Le scélérat s'était bien moqué de lui. Il lui avait dit d'aller ouvrir le bal et qu'il viendrait leur prêter main-forte en cas de besoin mais un de leurs venait de mourir mais pas le moindre signe de sa présence.

« Des parfaits incapables ! » Affirma soudain une voix bien glaciale.

Un homme venait de faire son apparition, comme par magie, au milieu du chemin brumeux.

« Vous arrivez bien tard ! Vous étiez censé nous aider mais un de nôtre vient de mourir et vous n'avez rien fait !
- Jamais je ne t'ai promis de protéger ta misérable vie ou celle de tes amis ! Je t'avais dit que je vous aiderais en cas de besoin, me voilà donc pour aller courser cette … Sorcière aux yeux rouges à votre place. … Trois hommes incapables d'arrêter une simple bonne femme ! Vraiment pitoyable ! Vous auriez mieux fait de rester à votre place à retourner la terre dans vos champs au lieu de chercher à devenir des héros !
- Salaud ! » Cria l'homme qui délaissa le corps inerte de son compagnon pour ramasser sa hache avant de se précipiter vers le renégat mais qui le trancha en deux en un seul coup alors que le paysan se trouvait à la portée de son sabre.

Alors que le corps de son camarade se divisait en deux sous ses yeux écarquillés de frayeur, Ren lâcha prise son arme. Ce n'était pas du tout ce qu'il avait prévu. Tout partait de travers. Pourquoi n'avait-il donc pas écouté sa raison qui lui avait murmuré de ne pas faire confiance à cet homme qui était venu le voir pour lui proposer de partir à la traque à la Sorcière aux yeux rouges ? Il avait senti qu'il émanait du shinobi errant une aura bien sinistre dont il fallait se méfier mais, aveuglé par son désir ardent d'être reconnu comme un être qui avait aidé son village, il l'avait écouté. Maintenant, il récoltait le fruit de son ambition déplacée.

« Je vous en prie épargnez-moi !
- Tu veux donc laisser tes compagnons mourir seuls ? Ils sont morts par ta faute alors la moindre des choses serait de les accompagner, ne crois-tu pas ? Je vais donc t'accorder cette faveur et sans la moindre souffrance alors remercie-moi ! Déclara le shinobi errant, tout parcourant la lame de son katana, souillé par le sang, le long du cou de Ren qui avait fini les genoux à terre.
- Je vous en prie, j'ai ... »

Sans laisser l'agenouillé terminer sa phrase, le scélérat le décapita sans la moindre hésitation. Il fendit ensuite violemment l'air à la diagonale pour se débarrasser du sang qui couvait la lame de son katana avant de rengainer ce dernier.

« À nous deux maintenant, la Natsumi ! » ...

Mairu avait repris sa course dès lors qu'elle avait décoché la flèche qui s'était plantée dans la poitrine de l'un de ses poursuivants. À présent elle était bien loin de leur position. Ne désirant pas cependant se faire repérer par inadvertance, elle ne chercha pas à interpeler le suidé qui était toujours aux abonnés absents alors qu'elle avait tant besoin de lui présentement. Pourquoi, ça se passait donc toujours ainsi ? Pourquoi était-ce toujours lorsqu'on avait grandement besoin de quelqu'un ou de quelque chose, que celui-ci se trouvait hors de votre portée ?

Connaissant à présent presque par cœur tous les recoins de la Forêt de la brume qui était devenue son territoire, la jeune femme se cacha dans une grotte située au sein du flanc d'une petite montée, cachée par des arbres et des plantes bien abondantes en cette période de l'année. Sans technique permettant de détecter la présence même d'un être dénué de chakra comme elle était, il était quasi impossible pour un humain de la retrouver. Elle avait déniché cette cachette alors qu’elle suivait des traces de sang - que l’humidité et la pluie avaient nettoyées complètement depuis - qui avaient fini par l’amener jusqu’ici où elle avait découvert un sanglier en agonie. Animal qu’elle avait décidé de soigner pour ensuite apprivoiser. C’était le suidé qui était devenu sa monture actuellement.

Ce n’était pas dans ses habitudes de se cacher, à moins de se trouver face à un ennemi qu’elle savait être incapable de battre. Chose qui ne représentait aucunement ces pauvres paysans, qu’elle pourrait très bien dégommer un par un, mais la Nastumi ne désirait pas les affronter. Malgré ses attitudes plutôt enfantines et imprévisibles, la jeune femme était un être doué de bon sens qui préférait éviter des écoulements de sang futiles si possible. Certains verraient surement son attitude comme de la lâcheté mais elle n’avait cure des avis des autres sur ses comportements et cela ne datait pas d’hier.

Un bruissement se fit entendre. L’ex-kunoïchi saisit son arc, qui était à la portée de sa main droite, pour viser vers l’entrée.

« Grouik ! Fit un sanglier tout en se précipitant vers la jeune femme qui soupira de soulagement.
- Où étais-tu passé sale bête ? Lâcha tout bas Mairu avant de grattouiller la bête qui reniflait à présent l’air alors qu’il s’était arrêté juste à côté de sa maîtresse. J’espère que tu ne les as pas attiré jusqu'ici sinon soit sûr que je vais te rôtir pour de bon !
- Grouik !
- Chut ! Tais-toi bêta !
- Grouik ! » Fit de nouveau le suidé avant de s’allonger aux pieds de la jeune femme.

La nuit commençait à tomber et le ventre de la Natsumi criait famine. Les gargouillements persistants de celui-ci finirent par réveiller le sanglier qui redressa la tête, se demandant certainement qu’était-ce les bruits étranges qu’il entendait. Mairu lui caressa la tête pour rassurer l’animal qui finit par se rendormir. Lui au moins avait dû bien se remplir la pense durant son escapade alors qu’elle n’avait même pas eu le temps de prendre son déjeuner. Pour la jeune femme, il n’y avait pas pure torture que la faim qui pouvait la rendre complètement vulnérable. Elle était le genre qui déroberait de la nourriture, même à un camarade, quand elle avait trop faim. Sachant qu’elle serait incapable de tenir toute une nuit sans rien dans l’estomac, la jeune femme décida d’abandonner sa cachette, avant que toutes ses forces ne l’abandonnent à cause de l'inanition. Avec un peu de chance, les trois hommes avaient peut-être abandonné leur chasse ridicule, en rentrant chez eux. Dans le cas contraire, elle n’hésiterait pas à les mettre en hors d’état de nuire afin de pouvoir se ressourcer tranquillement.

« Non, tu restes ici ! » Ordonna Mairu au suidé qui s’était relevé la voyant se diriger vers la sortie.

La bête ne l’écouta pas mais vint vers elle malgré les signes accompagnés des paroles que la maîtresse faisait pour tenter de faire comprendre à son animal qu’il devait rester.

« Je ne sais pas si tu ne comprends vraiment pas ou si tu fais juste le têtu !
- Grouik !
- Bon ok, je t’amène mais si jamais je te dis de fuir, tu fuis, compris ?
- Grouik ! ... Grouik ! »

Mairu décida de ne pas monter sur la bête afin de ne pas l’épuiser futilement. Elle le fera seulement lorsqu’il y aura urgence. Comme d’habitude, le sanglier la suivait, s’arrêtant de temps en temps pour remuer le sol, pour avaler quelques vers et insectes, puis il courait rattraper sa maîtresse.

« Tu as un peu fini de te goinfrer ? » Chuchota la jeune femme qui désirait que sa monture soit toujours à sa portée au cas où les choses se gâteraient subitement.

En guise de réponse, le suidé sauvage s’arrêta de nouveau pour fouiner. La Natsumi soupira de désespoir avant de poursuivre son chemin, tous les sens aux aguets. Elle évitait les chemins trop bien tracés mais empruntait que des sentiers, qui étaient parfois presque impraticables, pour éviter de se faire surprendre. Elle perdit de vue son suidé mais n’y accorda pas plus d’attention. L’animal avait dû trouver de quoi s’occuper et cela l’arrangeait fortement car il risquerait de leur faire démasquer à l’approche du cabanon. Lieu que la jeune femme atteignit sans encombre quelques minutes plus tard.

Embusquée derrière un arbre, Mairu guettait la cabane pendant un moment avant de décider de s’en approcher discrètement. Elle passa par-derrière pour se poster là où se trouvait la sortie dérobée, une oreille collée contre le mur pour tenter de percevoir de l'activité à l’intérieur mais aucun bruit ne lui parvint. Tout doucement, elle s’accroupit puis, discrètement, elle poussa la porte dérobée qui ne mit aucun son car elle avait été conçue et était entretenue pour être discrète.

À quatre pattes, la jeune femme se faufila à l’intérieur.

« Te voilà enfin … Natsumi ! » Fit une voix que l' apostrophée méprisait au plus haut point alors qu’elle n’avait que la moitié du corps à l’intérieur.

L’homme avait insisté sur son nom que la jeune femme savait qu'il haïssait. Le cauchemar allait-il donc recommencer ? ...