Lorsque je mis le nez dehors ce matin et humai l’air vivifiant du printemps, j’aurais juré avoir pu y sentir le changement. Bien sûr, n’importe qui aurait pris cela comme un signe que le printemps cédait de plus en plus sa place à l’été, mais c’était en ignorant ce que cette journée avait en réserve pour moi. Comment aurais-je pu? Prenant tout de même cela comme un bon présage pour la journée à venir, je descendis les marches avec une nouvelle énergie et pris la direction que j’avais maintenant souvent l’habitude de prendre : le quartier Inuzuka. Eh oui, ce n’est pas parce que je suis Inuzuka que j’habite dans leur quartier; après tout c’est grand Konoha! Pour être franc avec vous, c’est plus parce qu’à mon arrivée je ne m’entendais pas très bien avec les membres de mon clan dans le village que je ne me suis pas installé là-bas à mon arrivée. Bien sûr avec le temps j’ai appris à les apprécier et maintenant je les considère autant ma famille que les membres du village Inuzuka dans lequel j’ai grandi, mais ça n’avait pas toujours été le cas. Bref, le passé est le passé, tournons-nous vers l’avenir!

Depuis que j’avais aidé avec la Purge du clan, Motari-sama demandait de plus en plus souvent à me voir; aujourd’hui n’était pas différent des autre fois – du moins le pensais-je à ce moment-là. Remarquez, ce n’était pas moi qui allait m’en plaindre alors que mes efforts étaient finalement remarqués et récompensés. Et pour que le chef de la meute me tienne dans son cercle personnel était témoin de la confiance qu’il me portait. J’ignorais s’il se rappelait de la première fois que nous nous étions rencontrés, c’était il y avait plusieurs années tandis que nous l’accompagnions lors de l’hommage au précédent chef Dôbutsu. Je venais à peine de sortir de l’adolescence et d’être promu Jônin du village à l’époque, pas étonnant qu’il ne m’ait pas remarqué. Dans les dernières années, toutefois, je pensais m’être établi une certaine réputation à travers la meute. Je ne venais peut-être pas d’un haut lignage dans la meute comme Akira, mais mes faits parlaient plus que n’importe quoi d’autre et c’était ce que je croyais que Motari voyait dans mon avis lorsqu’il me demandait comme c’était maintenant le cas.

Je venais tout juste de traverser le pont lorsque je sentis aussitôt l’agitation dans l’air. Sans que cela ne m’étonne guère, je compris que cela venait du quartier Inuzuka. Que se passait-il, par la colère de Kyûbi? Était-ce pour cette raison que Motari-sama me demandait? Ma curiosité me poussait à me lancer en toute hâte vers la résidence principale, mais je ne voulais pas risquer d’empirer la situation en passant en éclair à travers le quartier. La prudence prima finalement et m’avançai sans faire signe que j’avais capté la tension dans l’air vers le quartier. Évidemment, cela ne prit pas trente secondes qu’on vint à ma rencontre et qu’on m’informait de toute cette agitation : le chef de la Meute avait convoqué une réunion de la Première Meute de toute urgence. Les pièces du puzzle s’assemblèrent alors dans ma tête : ce n’était pas une coïncidence que Motari-sama m’avait convoqué en même temps de rassembler la Première Meute, il m’invitait carrément à faire partie de la Première Meute! C’était un honneur dans le clan de faire partie de la meute la plus influente auquel je n’aurais jamais rêvé. Je gardai toutefois cette information pour moi et me contentai d’accélérer un peu plus le pas vers la résidence principale. Je ne voulais surtout pas les faire attendre lors de ma première apparition.

Quand j’arrivai finalement à destination, les gardes postés à l’entrée de la résidence se contentèrent d’un hochement de tête entendu – comme s’ils étaient au courant de tout – et me laissèrent passer afin que j’entre sur la propriété puis dans la demeure. Aussitôt, je fus assailli par les odeurs de bois, de tapisserie et toutes autres sortes d’odeurs présentes dans une grande maisonnée comme celle-ci avant de faire le focus sur celles qui m’intéressaient. Je trouvai facilement l’odeur de Motari-sama et des autres que je devinais l’accompagnaient. Je me hâtai de les rejoindre, me fiant à mon nez alors que je m’enfonçais dans les couloirs de la résidence, jusqu’à ce que j’arrive devant une porte coulissante. Ça y est, j’étais là. De l’autre côté de cette mince porte se trouvait la Première Meute, que je m’apprêtais à rejoindre. Je pris une grande respiration, éclaircis mon esprit et expirai en même temps de cognai sur le petit cadrage en bois pour faire connaître ma présence. Aussitôt la voix de Motari-sama retentit de l’autre côté.

Inuzuka Motari, Chef du clan Inuzuka

- Ah, cela doit être Takeo! Entre, mon garçon!

Génial, pas de pression du tout que mon arrivée ait été si attendue, mais pas question de faire marche arrière. Obtempérant, je fis glissai la porte et m’engouffrai dans la salle en refermant la petite porte derrière moi. Un geste trop brusque et j’avais peur de la brises aussi la manipulai-je avec soin. Je fis alors un regard circulaire et reconnus certains visages alors que d’autres m’étaient inconnus. Mon regard se posa alors sur Akira et je dus faire de grands efforts pour ne pas me départir de mon air affable en remarquant sa présence ici. Mais que faisait-il là, lui? Ce n’était pas comme s’il avait fait quoi que ce soit pour mériter une place ici. Mes yeux tombèrent alors sur son père et je compris que c’était lui qui avait amené son fils dans la Meute. Ce dernier me jetait un regard noir comme jamais et lui répondis d’un grand sourire. Une fois le tour de table fait, je m’avançai vers le chef et m’inclinai devant lui.

- Motari-sama, vous m’avez demandé?

- Hehehe… C’est effectivement le cas. Vois-tu, il nous arrive de nous rassembler, mes amis et moi, et de discuter de tout et de rien autour d’une bonne bouteille de saké. Tu aimes le saké? Évidemment que tu aimes le saké! Il éclata tout seul de rire avant de reprendre. Nous étions ainsi réunis lorsque j’ai soudainement pensé à toi et comment tu aimais le saké. Tu nous as filé un sacré coup de main avec… ce-que-tu-sais. J’ai donc eu l’idée de te faire amener et de te faire prendre un verre de saké avec nous. Allez, viens prendre place!

D’un geste de la main, ce dernier m’invita à m’installer à côté de lui. Étant le nouveau venu, il fallait bien que le maître de cérémonie soit celui qui m’introduise. Faisant du mieux que je pouvais pour ne pas rougir devant toute cette assemblée, je traversai la salle marmonnai un remerciement à l’homme qui s’était tassé pour me faire une place. Aussitôt assis on me tendit une tasse de saké bien fumante et, faisant le tour des hommes et femmes du regard, je levai mon verre à leur santé en cachant du mieux que je pouvais mon cœur qui battait à tout rompre et cognait sur mon torse. Ces derniers répondirent d’un toast silencieux et tous ensembles nous avalâmes le contenu de notre verre d’un seul trait. Je laissai le liquide brûlant traverser ma gorge et se répandre dans tous les coins de mon corps avant de tendre ma tasse pour un autre verre. Un sourire se fendit sur les lèvres de Motari-sama et il s’empressa de la remplir. Aussitôt remplie je la bus de nouveau d’un seul trait alors que je méditais sur ce qui m’arrivais. Jamais, au grand jamais je n’aurais cru ce matin que c’était pour cette raison que j’étais convoqué ce matin – en fait jamais je n’aurais cru boire du saké aussi tôt dans la journée, mais au diable les bonnes manières. Avec une simple gorgée ou peut-être plusieurs, j’avais été accepté parmi la Première Meute.

M’étalant de tout mon long dans mon divan, je soupirai de soulagement de pouvoir enfin prendre le temps de respirer. Même s’il s’agissait que de plusieurs petites affaires bénignes, je devais avouer que ma journée s’était révélée plus qu’occupée. Cela avait commencé avec Aka et Sei qui, pour une raison obscure, tenaient plus que tout à aller à l’extérieur prendre une marche. Leur faisant confiance – et tenant aussi compte du fait que nous étions en plein Konoha – je les laissai sortir d’eux-mêmes pour qu’ils aillent trotter où ils en avaient envie. Bien sûr, une fois tout cela terminée j’étais incapable de me rendormir alors je vais me faire à manger. Le seul problème : nous avions cruellement besoin de faire des courses et donc il ne restait pratiquement plus rien à manger sauf quelques fruits et quelques fins de légumes. Je me composai une salade express le temps que mes ninkens reviennent et dès leur retour nous partîmes faire les courses. Dire que cela a été une épreuve serait un euphémisme, ayant oublié que j’allais là-bas avec deux ninkens affamés. Pas besoin de vous dire que cette partie de ma journée s’étira beaucoup plus que nécessaire et que je revins à l’appartement avec rien d’autre comme envie que de relaxer. Comme vous l’aurez devinez, je n’eus pas ce loisir.

Je vais vous épargner le reste de mes déboires et vais reprendre au bout où je pouvais finalement prendre du temps pour moi. Bien sûr j’avais mes ninkens qui ne cessaient de tourner autour de moi, mais je fermai les yeux et les ignorai en espérant vainement qu’ils arrêteraient. Aussitôt mes yeux clos, mon esprit se mit à vagabonder sur les derniers événements. Cela faisait quelques semaines que j’avais été introduit à la Première Meute et nous nous étions tous rencontrés qu’à de quelques occasions. Comme si cela était un message de mon subconscient, mon cerveau cria aussitôt l’alerte dans mon esprit que nous étions justement supposés nous rejoindre ce soir même. Adieu la petite soirée tranquille que je m’étais planifié. Je n’allais toutefois pas rechigner sur le fait que je m’en allais rejoindre les personnes les plus influentes de toute la Meute autour des meilleures bouteilles de saké que j’avais gouté. Cela dit, je n’étais pas pressé de les rejoindre et profiter encore de ce petit moment de répit dans ma journée. Fermer mes yeux n’avaient peut-être pas été la plus brillante des idées pour ne pas m’endormir puisque je me réveillai quelques heures plus tard, réalisant qu’au final j’avais finis par m’assoupir. Un coup d’œil à l’horloge me rassura que je n’étais pas en retard et que j’avais même le temps d’une douche pour me réveiller. Chanceux dans ma malchance comme on dit.

Une fois rafraîchi et vêtu pour la circonstance – je ne pouvais pas me rappeler la dernière fois que j’avais porté ce haori – je pris la direction du quartier Inuzuka pour aller rejoindre les autres membres de la Première Meute dans la résidence même de Motari-sama. Je saluai les deux gardes à l’entrée, en reconnaissant un des deux, puis continuai mon chemin jusqu’à ce que j’aie rejoint mes comparses. J’entrai dans la salle avec familiarité et envoyai la main à quelques gens avec lesquels je m’étais plus lié que d’autres. Qu’il était loin le temps où je cognais timidement à la porte et attendais qu’on m’y invite avant d’entrer! Je commençai mon chemin vers eux, non sans avoir auparavant rendu hommage à Motari-sama en m’inclinant légèrement d’où j’étais. Un signe de respect subtil, qui n’avait rien des grandes pompes cérémoniales, mais qui montrait tout de même que je ne prenais jamais ces moments pour acquis. Une fois cela fait j’allai retrouver mes nouveaux comparses. Avec tous les gens différents qu’il y avait dans la Meute, il n’était pas étonnant que je ne puisse pas me tenir avec tous en une soirée, pas que je voulais passer du temps avec tous non plus. Comment? Bien sûr que non que je ne parle pas d’Akira et de son père, qu’allez-vous croire-là? Enfin bref, je m’assis avec Hidetoki, Ayasu et Keiko qui étaient les trois Inuzuka de la Meute avec lesquels je m’entendais le mieux et aussitôt ceux-ci me versèrent une tasse de saké. Le sourire aux lèvres, je trinquai avec eux et avalai mon saké cul sec. Que la soirée commence!

Cette dernière allait bon train, le saké coulant à flot comme à l’habitude, quand soudainement mon nez capta une odeur pour la moins inhabituelle pour l’ambiance qui régnait dans les lieux. Je fis de mon mieux pour cacher mon trouble – ma formation des Unités Spéciales rendant le tout beaucoup plus facile – mais je ne pus détourner mon attention de ce que je venais de capter. Continuant d’écouter la conversation d’une oreille distraite, je me mis alors en tâche de trouver d’où venait cette odeur. Malheureusement pour moi, si on comptait la place de la table où j’étais, la panoplie d’odeurs différentes m’envahissant de partout et la quantité de saké que j’avais bu, cela faisait beaucoup de facteurs qui rendaient ma nouvelle tâche beaucoup plus difficile. Je ne pouvais toutefois pas laisser cela aller et mon devoir prit alors le dessus sur mon plaisir. Aussitôt, je me levai aussitôt et attrapai la bouteille de saké qui trônait au centre de la table pour en remplir ma tasse.

- Continuez sans moi, je reviens dans un instant.

Sans la moindre explication supplémentaire, j’attrapai ma tasse en tournant les talons et commençai à marcher entre les tables. Si en apparence je me cherchais une table à laquelle je pouvais m’installer pour boire un peu, mon nez était totalement concentré à suivre cette odeur qui n’avait pas sa place en ces lieux. Alors que tout le monde passait un bon moment, comment pouvais-je sentir autant de ressentiment? Je zigzaguai quelques minutes entre les différents groupuscules qui s’étaient formés puis, comme si mon instinct m’envoyait un message, je tournai le regard vers Akira et son père. Au moment même où mes yeux se posaient sur eux je fus frappé par l’odeur infectieuse que j’avais sentie plus tôt et qui se dégageait définitivement d’eux. L’odeur était telle que je dus faire semblant de perdre pied comme un ivrogne tant j’en avais perdu mes moyens. Cependant, d’où j’étais je pouvais maintenant bien sentir leur odeur et je fronçai les sourcils d’inquiétude en sentant l’odeur sucré de celui qui est trop confiant de son coup. Cela sentait le plan foireux, c’était le cas de le dire. Le Destin semblait avoir attendu l’instant où j’avais cette réflexion pour mettre les pièces en mouvement puisqu’à peine quelques secondes plus tard, le père d’Akira se levait afin de porter un toast.

Inuzuka Kanjiro – Frère d’Inuzuka Motari

- Quelle belle soirée, quelle belle soirée… Avec la plus agréable compagnie, bien entendu. J’aimerais lever mon verre à la personne sans qui rien de tout ceci ne pourrait être possible, une personne très spécial et que je chéris particulièrement : mon frère, Motari!

La première partie de son discours fut accueillie par des applaudissements et des sifflements de la foule qui finit par s’animer au point de lancer quelques aboiements avant que Kanjiro-san ne les calme. Toujours avec le même sourire malicieux que plus tôt qui ne me disait rien de bon, il poursuivit.

- Motari, mon cher frère, qui se dévoue corps et âme à la Meute, j’aimerais te remercier pour ton dévouement pour le clan. Les dernières décennies n’ont pas été faciles, avec toutes ces guerres et ces ennemis tous plus affreux les uns que les autres, mais tu as su nous diriger avec fermeté à travers ces eaux houleuses et nous empêcher de chavirer. Pour tous tes efforts passés et présents, je te remercie. Santé!

Il leva son verre en direction de Motari-sama, qui répondit d’un hochement de tête reconnaissant, et la foule Inuzuka répondit en cœur tout en se lançant dans plusieurs débordements pour appuyer le toast d’un des aînés de la Meute. D’autant que je pouvais en voir, tout le monde avait suivi le toast de Kanjiro et allait dans son sens, lui qui ne cessait de louanger le chef de la meute. Je voyais toutefois clair dans son jeu : là où les autres pensaient qu’il avait terminé son discours je ne voyais qu’une pause, un semblant de fin qui avait eu pour but de mettre les gens de son côté alors qu’inconsciemment ils ne pouvaient qu’être d’accord avec ses paroles. Le clou de son discours s’en venait, je le sentais venir. Comme de fait, Kanjiro demanda de nouveau le silence quand bien même son toast était terminé. Ce fut à cet instant que certains comprirent qu’il y avait plus à ce toast, mais il était déjà trop tard et le frère du chef était parti dans sa lancée.

- De telles épreuves ne laissent toutefois personne inchangée, encore plus les personnes avec beaucoup de responsabilités. Plus de gens dépendent d’eux, plus cela leur pèse sur la conscience. Après tout ce qui s’est passé jusqu’à date – la Grande Guerre, la Sédentarisation, les Furyous – nul doute que ton esprit est plus qu’accablé par les tracas du passé. Et loin de moi l’idée d’être alarmiste, mais les menaces ne sont pas sur le point de cesser de se pointer le bout du nez. Nous n’avons qu’à penser à la tragédie de Suna et à ce Kaiho-Sha; selon moi ce n’était que le début. J’espère que tu ne le prendras pas mal, mon frère, mais tu n’es plus jeune jeune. Il rit faiblement à sa boutade et un murmure de rire parcourut la salle puisqu’il fallait avouer que Motari-sama ne se faisait plus jeune. Ce que j’essaies de dire, c’est que peut-être il est temps pour nous de trouver quelqu’un qui a la force de nous supporter pendant la prochaine épreuve et les autres à suivre. Ce groupe recueillant ce qui a de meilleur dans la Meute, il ne fait pas de doute que nous pourrions trouver parmi nous un candidat qui ferait l’affaire.

Cette fois-ci, il était évident qu’il avait terminé et que la balle était maintenant dans notre camp. Évidemment, il n’avait aucunement l’autorité de décider de changer de chef de meute, mais si le clan – sous son influence – venait à décider qu’il était temps de choisir un nouveau chef ça serait la fin du règne de Motari-sama. Il n’y avait là rien de catastrophique en soit, c’était plutôt le choix de son successeur qui pourrait se révéler l’être. En regardant celui qui avait proposé l’idée, je devinais très bien celui qu’il allait proposer : Akira, son propre fils. Ainsi, il aurait à travers son fils la main mise sur le clan que son frère dirigeait depuis si longtemps. Hors de question de laisser cela passer, plutôt mourir que de laisser Akira à la tête du clan. Tandis que la foule commençait à s’agiter alors que la nouvelle peu à peu à s’ancrer dans leurs esprits, mon regard se porta vers Motari-sama et je fus alarmé d’y voir une pointe d’inquiétude. S’il avait dirigé le clan d’une main de fer depuis plusieurs années, son frère n’avait pas tort en disant qu’il commençait à se faire vieux et qu’il ne pouvait plus accomplir les mêmes prouesses qu’il pouvait il y avait à peine cinq ans. Le chef actuel du clan semblait en être lui aussi conscient et c’était la raison pour laquelle il avait l’air si inquiet. Avait-il peur que le clan lui échappe des mains?

Plusieurs minutes s’écoulèrent après l’annonce de Kanjiro, minutes pendant lesquelles tout le monde discuta entre eux de la possibilité de changer de chef de meute. Était-ce vraiment le temps? Motari-sama était-il si vieux? Devions-nous réellement l’écouter alors qu’il n’était pas lui-même chef de meute? Chaque petit groupe pesait le pour et le contre sous le regard satisfait de Kanjiro, imité par son fils qui était resté assis. S’il ne réussissait pas à faire pencher l’avis de la Première Meute, au moins il aura réussi à installer le doute dans leur esprit, car plus jamais ils ne pourront oublier ce que Kanjiro leur avait révélé. C’était le genre de chose que peu importe notre bonne volonté nous ne pouvions simplement pas écarter de notre tête. Finalement, le silence s’installa autour de moi et vit avec surprise que Motari-sama lui-même allait prendre la parole. Il y avait quelque chose qui ne me disait rien de bon, une façon qu’il avait de se tenir qui me laissait croire qu’il avait abandonné.

Inuzuka Motari, Chef du clan Inuzuka

- Confrères, consoeurs, j’entends votre trouble. Les paroles on ne peut plus justes de mon frère vous font vous remettre en question et cela est tout à fait normal. Il est vrai que cela fait plusieurs années que je dirige les affaires du clan et il serait faux de dire que toutes ces années à vous surveiller – bien que les plus belles années de ma vie – n’ont pas laissés leurs marques sur moi. Lorsqu’on atteint un âge comme le mien, on en vient souvent à penser à une succession, quelqu’un à qui laisser le flambeau, mais le moment n’est jamais le bon. Peu importe les événements, il se passe toujours quelque chose pendant lequel on se dit : « Pas encore, il n’est pas encore prêt. Après celui-là et je tire mon chapeau ». Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. C’est pourquoi même lorsque le temps se calmait, jamais je ne faisais le premier pas.

Il prit une pause, comme s’il cherchait comment dire ce qui allait suivre, mais cette fois-ci personne ne laissa échapper le moindre mot.

Après ce qui a été dit ce soir, j’ai plus ou moins l’impression que le premier pas a été fait pour moi. Je le dis donc clairement : je donne ma position de chef de Meute. Faites courir le mot à travers la meute que d’ici une semaine, quiconque se juge digne d’accéder au titre de chef vienne ici-même, à la résidence et expose sa valeur. Tous ceux présents pourront ainsi juger de la revendication de chacun. Maintenant vous pouvez retourner chez vous, la fête est terminée pour aujourd’hui.

À peine avait-il fini de parler qu’il se levait et se retirait dans ses quartiers par une petite porte juste derrière son siège. Un murmure inquiet traversa la foule qui commença tranquillement à se lever à quitter les lieux, chacun se demandant qui prendrait bien la place de Motari-sama. Qui seulement avait la valeur nécessaire pour égaler celle du Doyen du clan? Alors que la salle se vidait, mon regard se vrilla sur Kanjiro et malgré mes efforts je ne pus garder un air impassible devant l’air satisfait qu’il affichait. Les rares qui étaient restés dans la salle et qui m’aurait observé aurait pu voir toute la colère que j’avais envers cet homme et envers son rejeton, Akira. Je ne faisais peut-être pas partie de la meute de Motari, mais j’allais leur faire comprendre que je valais mille fois mieux que n’importe qui qui oserait prétendre au titre de chef de la Meute. Il fallait simplement que je le fasse comprendre au plus de gens possible d’ici la prochaine semaine. J’avais l’impression que j’allais être très occupé pendant les jours qui allaient suivre.

Comme je l’avais deviné, la semaine avait été très occupée. L’annonce de Motari-sama avait créé un vrai tsunami à travers la Meute et les premières heures suivants l’annonce tout le monde s’était pensé méritant de ce titre. Le titre de chef de Meute n’avait rien à voir avec l’ascendance, mais bien avec la force et le respect. Quiconque était respecté par l’entièreté de la meute était digne d’en être le chef. Bien sûr, la poussière était vite retombée et les têtes s’étaient refroidies, laissant place seulement à quelques candidats cherchant à montrer leur valeur. La stratégie derrière étant d’aller prouver sa valeur aux autres membres du clan afin de leur prouver être le plus valeureux membre du clan à pouvoir prendre la place de chef, elle s’était révélé efficace pour les gens peu influents dans le clan. Bien sûr, j’avais une autre stratégie en tête, que ma rencontre avec le Ministre de Nami il y avait de cela un an ou deux m’avait inspiré. À l’époque, j’avais dû négocier avec l’un des hommes les plus influents du pays, afin que son influence s’étende sur le reste du pays. Il me fallait simplement en faire de même, mais à plus petite échelle. C’était pourquoi au lieu d’aller me faire valoir auprès des foules, j’avais concentré mes efforts sur gagner la sympathie des membres de la Première Meute qui ne m’étaient pas déjà amicaux.

Cela va sans dire que cela se révéla être un peu plus ardu que je ne l’aurais cru. Au risque de vous surprendre, si je n’étais pas dans leurs bonnes grâces c’était parce qu’il y avait une raison. La première chose sur laquelle je m’attelai donc fut de me renseigner sur mes adversaires, à savoir ce que j’avais bien pu faire pour qu’ils me soient aussi antipathiques. Pour quelqu’un dans les Forces Spéciales c’était un peu plus simple que pour les autres, il suffisait d’une petite filature et d’une écoute attentive, mais autant fallait-il être là au bon moment pour avoir la bonne information. Une fois celle-ci en main, je devais travailler afin de briser l’impression négative qu’il avait de moi – lui faire comprendre qu’au fond j’étais un bon gars peu importe ce qu’il avait entendu de moi – et ce n’était qu’une fois qu’il avait changé d’idée à mon sujet que je pouvais lui montrer qui j’étais réellement : pas un shinobi lambda, mais bien un Jônin expérimenté qui avait participé à plusieurs missions pour le compte de la Nanadaime. Évidemment, je ne pouvais pas leur dire que j’étais dans l’ANBU, mais j’étais d’avis que je dégageais tout de même l’aura de confiance de celui qui n’hésitait jamais que personne ne pouvait ignorer.

La semaine passa beaucoup plus rapidement que je ne l’aurais cru, mais d’un autre côté je l’avais passé à droite et à gauche avec divers membres du clan alors pas étonnant que je n’aie pas vu le temps de passé. Dans le temps de le dire, la semaine laissée par Motari-sama avait passée et il était temps pour la Meute de se rassembler afin de décider celui qui continuerait à les représenter. Le jour J finalement arrivé, je m’habillai avec soin et peignai mes ninken du mieux qu’un homme pouvait le faire. Je ne voulais rien laisser au hasard et tenais à ce que nous paraissions sous notre plus beau jour. Cela paraissait superficiel, mais les apparences jouaient sur beaucoup dans l’idée que les gens se faisaient de nous. Je ne voulais pas qu’Akira ne tombe chef de clan à cause d’une mèche folle ou d’une tresse mal placée. Je devais être légèrement stressé par tout cela puisque je me retrouvai à être prêt beaucoup trop tôt. Au lieu de tourner en rond dans mon appartement, je décidai d’aller rendre une visite à Motari-sama, peut-être qu’il pourrait me donner des conseils sur comment gagner le cœur du clan. Arrivé sur les lieux, j’eu de la difficulté à reconnaître Motari-sama : lui qui autrefois se tenait droit comme un chêne malgré sa petite taille il était maintenant voûté – ou bien ne faisais-je que le remarquer aujourd’hui? – et ne semblait être que l’ombre de lui-même.

Inuzuka Motari, Chef du clan Inuzuka

- Et bien, si ce n’est pas Takeo! Un peu d’avance, tu ne trouves pas?

- Un peu d’avance, ou peut-être trop tard; cela dépend de comment on le voit, répondis-je sérieusement alors que lui avait voulu cela une blague.

- Quelles raisons t’amènes ici, mon garçon?

- Je venais justement vous voir, Motari-sama. Peut-être auriez-vous de sages paroles pour l’un de ceux qui aspire à prendre votre titre?

L’ancien chef de clan à en devenir – puisque jusqu’à ce nous trouvions un successeur il était toujours considéré comme le chef en poste – écarquilla les yeux et me regarda.

- Alors je n’avais pas mal entendu, toi aussi tu veux prendre cette place. Je ne te savais pas avec cette fibre, petit.

- Pour être honnête moi non plus, mais la semaine passée lorsque j’écoutais Kanjiro-san parler je voyais son plan aussi clairement que je vois mon reflet dans un miroir et je ne pouvais pas laisser Akira prendre votre place. Cela avait été loin d’être ce que j’avais prévu, mais je ne peux pas laisser le clan entre de telles mains alors autant que cela soit les miennes, aussi inexpérimentés soient-elles.

Nous restâmes tous les deux en silence pendant quelques secondes, puis à ma grande surprise j’entendis alors le rire de Motari-sama. Je le regardai étrangement alors qu’il commençait à éclater d’un fou rire qui devint rapidement contagieux alors que j’embarquai avec lui dans son rire. Après quelques secondes intenses, nous nous calmèrent et le Doyen du clan lança entre deux grandes respirations.

- Ce désir de protéger les tiens et de vouloir ce qui a de mieux pour eux, c’est ce qu’un chef de Meute ne peut demander de mieux. Peu importe les leçons que tu devras apprendre en cours de route, tu as déjà le principal. Il y avait bien une raison pourquoi je t’aimais bien, Takeo, et je viens de comprendre pourquoi. Vas et empêches mon idiot de frère d’avoir ce titre par pur égoïsme.

Sans que je puisse les contrôler, mes yeux s’embuèrent devant les paroles de Motari-sama et je dus secouer la tête à plusieurs reprises afin de chasser les larmes qui menaçaient de couler. Sans doute le savait-il, mais ses paroles étaient exactement ce que j’avais eu besoin d’entendre. Je savais que je pouvais aller défendre ma place avec la bénédiction de Motari-sama. Probablement pour une des dernières fois, je m’inclinai profondément devant le chef de la Meute, lui communiquant mentalement toute la gratitude que j’avais pour lui, puis me relevai et pris la direction de la sortie. Avant que je ne quitte totalement la pièce, la voix de Motari résonna dans mon dos.

- N’oublies pas, mon garçon : le Loup se déplace toujours en meute.

Je tressaillis en entendant la devise du clan, que je n’avais pas l’occasion d’entendre souvent, sentant que derrière ses paroles se cachaient un sens caché que je n’avais pas encore compris. Un vrai chef de Meute comprendrait le sens dissimulé sous le premier, j’ignorais si Motari-sama m’aidait en me pointant vers notre devise ou si cela allait encore plus semer le doute dans mon esprit. Et si je faillais à comprendre ce que notre devise voulait vraiment dire? En route vers le grand hall – la seule pièce de la résidence à pouvoir accueillir autant de monde – je dus me résoudre à laisser ce problème de côté, me disant que la répondre viendrait sûrement d’elle-même comme c’était toujours le cas avec ces phrases énigmatiques bourrées d’une connaissance antique. Je croisais intérieurement les doigts pour qu’elle vienne avant qu’il ne soit trop tard.

Une fois que j’arrivai à destination, je remarquai que j’étais loin d’être à l’avance. C’était ça ou bien mon entretien avec Motari-sama avait duré beaucoup plus longtemps qu’il ne l’avait paru. Tout cela pour dire que plusieurs personnes étaient déjà installées autour d’un espace qui étaient sans doute réserver pour les candidats afin de faire leur plaidoyer. Ces dernières voulaient vraiment avoir des places de choix pour l’événement. Lorsqu’on me vit entrer les discussions se transformèrent en chuchotements – j’étais après tout l’un des peu qui avait annoncé son intérêt publiquement à prendre la place – mais quand ils remarquèrent mon désintéressement ils reprirent rapidement leur volume initial. Ce n’était pas contre eux, mais j’avais des choses beaucoup plus importantes à penser que leur conversation, en l’occurrence ce que je pourrais bien dire afin de convaincre le plus de gens possibles de ma valeur. Évidemment, j’espérais que l’effet de ruissellement que j’avais utilisé avec les membres de la Première Meute fasse effet et facilite ma tâche, mais je ne devais rien prendre pour acquis et me préparer à tous les scénarios. En fait, le problème résidait plus dans le fait de comment le dire plus que de quoi dire puisque je n’avais aucun problème à prouver ma valeur autant en tant que shinobi qu’en tant qu’Inuzuka, je devais simplement le dire d’une façon qui n’avait pas l’air imbue d’elle-même.

J’étais tant absorbé par mes pensées que je n’avais pas remarqué que la salle s’était peu à peu remplie et que l’heure fatidique approchait de plus en plus. Un regard autour de moi et je remarquai non loin pas seulement Akira, mais également les deux autres Inuzuka à s’être officiellement proclamé comme prochain chef de Meute. Sans même leur adresser un regard, je me tournai vers la foule qui nous regardait tous avidement à la recherche de visage familier, des personnes vers lesquelles je pourrais obtenir du soutien lorsque je m’adresserai à eux et en trouvai çà et là, notamment mes comparses de la Première Meute Hidetoki, Ayasu et Keiko, mais également quelques visages que j’avais réussi à convaincre du bon fondement de ma revendication pendant la semaine. C’est alors que mes posèrent sur un groupe de personne et mon cœur manqua un battement : ma famille! Avec tout ce qui c’était passé pendant la semaine je n’avais même pas pris la peine de passer à mon village afin de leur apprendre la nouvelle. D’une façon ou d’une autre elle s’était rendue jusque là-bas, mais je m’en voulais tout de même de ne pas un instant avoir pensé à eux. Ma mère, qui lisait en moi tel un livre ouvert, dut ressentir ma déception et prononça sans voix que tout était daijobu. Soulagé intérieurement, je pouvais maintenant me concentrer totalement sur ce qui allait venir. Cela ne se fit pas attendre puisque quelques minutes après, Kanjiro-san se levait et attirait l’attention du tout le monde.

Inuzuka Kanjiro – Frère d’Inuzuka Motari

- Bonjour à tous et à toutes, merci de vous êtes déplacés en si grand nombre. Aujourd’hui est une journée exceptionnelle puisque nous allons, tous ensembles, pouvoir changer le cours de l’histoire de la Meute. Tous ensembles, nous allons décider qui viendra à représenter notre clan et porter le fardeau de s’en occuper. Comme vous le savez tous, mon honorable frère, Motari, s’est occupé de cette tâche depuis plusieurs années, mais ce dernier a exprimé le souhait la semaine dernière de vouloir laisser le flambeau à la prochaine génération.

- *Tu l’as plutôt forcé à le faire, tu veux dire*, pensai-je alors que je l’écoutais parler hypocritement de son frère.

- C’est donc ce que nous allons faire sans plus tarder. Devant vous se tienne… quatre jeunes hommes qui pensent qu’ils ont ce qu’il faut pour être le chef de la Meute. Avant d’avancer plus loin dans le processus, y aurait-il quelqu’un qui souhaiterait s’ajouter à la dernière minute à ce groupe de personnes méritantes?

Il s’adressa à la foule et jeta un regard large sur l’étendue de celle-ci. Cela m’étonnerais autant que n’importe qui, mais peut-être que quelqu’un voulait attendre à la dernière minute pour se proposer et ainsi jouer de l’effet de surprise. Certes, Motari-sama avait donné une semaine pour se préparer alors quiconque aurait voulu le faire se serait avancer avant, mais Kanjiro semblait vouloir donner la chance à tous les coureurs. Que c’était honorable de sa part quand on savait que c’était lui qui avait forcé le tout sur Motari-sama et qu’il mettait tout en œuvre pour mettre son fils à sa place. Un drôle de silence s’installa dans le hall alors que tout le monde attendait voir si quelqu’un se lèverait, personne ne sachant réellement à quel moment il était bon d’arrêter d’attendre et de continuer avec ce que nous avions prévus faire. En tout cas une chose était certaine, ce n’était pas moi qui ferait le premier pas; je ne voulais pas paraître pressé d’avoir le titre. Mais tout de même, ça commençait à être légèrement gênant à attendre ainsi sans rien dire!

Spoiler:

Avant la réunion...

Ces quelques mois passés au village depuis mon retour de mission s'étaient écoulés à une vitesse folle; même si pour certains je n'avais officiellement pas eu grand chose à faire. En effet, la Hokage, Miko-sama, m'avait accordé un congés durant lequel j'étais sensée me reposer. Cependant, comme chacun le sait; le repos était un terme très relatif pour la plupart des shinobi et certainement davantage encore pour moi. Je passai en fait le plus clair de mon temps à m'entrainer afin de ne rien perdre des compétences que j'avais accumulées durant ces dernières années. Après, en dehors de ces séances d'exercices je n'avais clairement pas grand chose à faire, inutile de se voiler la face, ah si entrainer d'autres ninjas aussi, mais c'était une autre histoire. Quoi qu'il en soit, je ne m'étais presque pas ennuyée...

Avec mon retour, j'avais aussi repris contact avec ma famille qui vivait à Konoha dans le quartier des Inuzuka. Cela pouvait paraitre cruel envers eux, mais ils ne m'avaient pas manqués un instant, tout au moins mon père avec lequel j'avais vécu et vivais toujours une relation très conflictuelle. Néanmoins, n'étant pas dénué de coeur ou d'émotions; je ne pouvais pas simplement les ignorer. Alors les rencontrer, ne serait ce que pour que ma mère sache que je suis toujours en vie. Ce fut donc accompagnée de Raki que j'avais décidé de me rendre là-bas. Je reconnu quelques visages ici et là mais ne m'arrêtais pas pour les saluer, marchant toujours vers la "demeure" de mes géniteurs. Enfin, j'y arrivai. Cette petite maison où j'avais grandi était toujours dressée au même endroit, coincée entre deux autre bâtisses plus imposantes.

Je frappai à la porte, et aussitôt on m'ouvrit. Akia, ma mère. un genre de hippie à sa façon, semblait réjouie de me voir. Elle me prit dans ses bras en signe de bonjour et me fit rentrer. En cinq ans, pas grand chose n'avait changé, l'intérieur était toujours aussi austère, seules quelques photographies trônant sur un vaisselier massif égayaient la pièce principale. Comme lorsqu'il était plus jeune, Raki alla se coucher le long de la porte de ce qui était avant ma chambre. Ma mère tira le panneau en bois qui séparait la maison du jardin et appela mon père pour lui annoncer que j'étais là. Je l'entendis bougonner puis passer l'encadrure de la porte suivi de Rukia et Raisa, ses deux ninken. Les retrouvailles furent très formelles comme les discussions qui animèrent le repas comme la suite de la journée, jusqu'à ce qu'elle apprenne qu'une réunion des Inuzuka aurait lieu quelques jours plus tard.

"Et ce serait bien que tu y assistes, on ne te voit pas beaucoup depuis ton retour. Je veux dire, les autres personnes du clan."
"Je verrai bien... Tu y seras ?"
"Non, nous serons absents à la date fixée. Tu pourras y aller comme ça. Je sais à quel point tu n'aimes pas être de la pièce que moi, et je te suis reconnaissant d'avoir fait l'effort aujourd'hui, ne serait-ce que pour ta mère."
"Et ce n'est que pour elle que je suis là, en fait. Bref, je dois y aller, on se reverra plus tard."

Pendant la réunion...

Le jour de la réunion était arrivé. Je m'étais rendue à la résidence principal du chef de clan vêtue d'un habit plus traditionnel que ce que je pouvais porter habituellement. Tout ce tissu couvrant le moindre centimètre carré de peau, ou presque; m'incommodait plus qu'autre chose, mais bon... Je devais faire un effort, encore; mais pour la bonne cause cette fois. Ainsi donc je pénétrai dans la grande bâtisse, me dirigeant vers la salle où tout le monde devait se trouver. J'étais visiblement arrivée un peu en avance, il n'y avait pas grand monde, si ce n'était le chef de clan, semblant toujours plus vieux; discutant avec deux autres Inuzuka. Voyant que mon entrée passa inaperçue, j'allai m'installer à une table sur la droite, pas très loin de l'entrée, ou la sortie le cas échéant et attendis simplement que plus de monde arrive.

Au moins, si Raki avait été ici, je me serai sans doute un peu moins ennuyée; mais j'avais préféré lui demander de rester dehors à surveiller les alentours, on ne savait jamais. Enfin, après une bonne demi-heure, le chef Motari vint à ma rencontre, je m'étais levée et inclinée devant lui en signe du respect que je lui portais et celui me tint quelques mots, banals au début puis rapidement plus intéressés.

"Reiichi, c'est ça ? La fille de Genta ?"
"Bonjour Motari-sama. Oui, c'est moi"
"Hum... J'ai appris pour la mission que tu as accompli. Cinq ans et trois mois, c'est ça ?"
"Oui Motari-sama."
"C'est bien, c'est bien. Je suis très heureux de te voir ici. Nous reparlerons après si tu as le temps."
"Très bien Motari-sama."

Dis-je juste avant qu'il ne se retourne pour aller voir quelqu'un d'autre. Le temps de notre petite discussion, même très court, avait suffit à un nombre assez conséquent de personnes d'arriver, et au final, de remplir la salle. J'observais chacun des Inuzuka présents, des visages me revenaient, les plus vieux surtout, et d'autres ne me disaient pas grand chose. Il y avait quelques personnes parmi cette assemblée que je n'appréciais pas, clairement pas même. Même si les Inuzuka étaient en général emprunt d'un certain honneur et surtout très fidèles, quelques uns échappaient à cette personnalité plus ou moins commune au clan. Effectivement, ceux-là étaient plus enclin à la fourberie, voire la perfidie; servant plus leurs intérêts personnels que la meute. Je n'arrivais pas à détacher mon regard du frère de notre chef, particulièrement.

Enfin, parmi les Inuzuka présents, je vis Takeo; lui je l'avais bien reconnu. C'était un jeune homme plutôt droit dans ses bottes, enfin, du peu que je pus observer de sa personne. Et il semblait parfaitement se fondre dans la masse, s'adapter, leur ressembler, très bien s'il y parvenait. Après... Je ne le connaissais probablement pas autant que je le pensais, mais ça ne changeait rien, il m'inspirait quand même pas mal d'ondes positives, contrairement à d'autres. Une fois mon tour d'horizon effectué avec minutie, je me rendis que l'on m'avait servit à boire, et que deux cousins -probablement plus qu'autre chose- s'étaient assis à ma droite et à ma gauche.

Après un moment, le temps de boire quelques verres et d'écouter la discussion barbante de mes voisins; Kanjiro parla. Puis s'en suivi la réponse du chef. Un nouveau meneur alors ?

Le jour de l'élection...

Je me retrouvai maintenant, une semaine après, de nouveau dans cette pièce qui avait laissé raisonner le discours de Kanjiro, le frère du chef. S'il l'avait souhaité, Motari aurait pu m'ordonner d'éliminer cet homme; je me serais acquittée de cette tâche sans aucun problème et sans que cela ressemble à une trahison... Mais non, il semblait avoir réellement accepté, preuve qu'il était vraiment un bon chef. Ceci-dit, Kanjiro ne serait pas forcément le nouveau leader des Inuzuka. On verrait bien.

Un point de la tirade de Kanjiro me fit sourire "ce groupe de personnes méritantes". Comme si devenir chef des Inuzuka était une récompense. Je pensais sincèrement que le mérite n'avait rien à voir avec ce genre de responsabilités. Il ne fallait qu'une chose : être capable. J'aurais pu m'avancer, parler de moi, d'où j'étais, ce que j'ai fait; mais j'avais déjà été payée pour ce travail-ci et je n'avais absolument pas la fibre du dirigeant, pas encore ou pas tel que les gens le voudraient. Donc finalement, je restai à ma place; me contentant simplement d'observer. Néanmoins et vu le peu de confiance que j'accordais au frère de Motori, j'étais largement prête à... agir. Dans l'intérêt de la meute.

Alors, finalement, je fis un pas en avant et rejoignis le petit groupe sans prêter attention aux regards sans doute surpris. Sans un mot je me plaçais à côté de Takeo et attendis. Je ne savais pas vraiment pourquoi j'avais fait ça, ce n'était pas la solution la plus simple pour permettre au clan de perdurer sereinement au sein de Konoha, mais c'était à coup sûr la plus réfléchie, enfin, que je croyais.

Au début, un silence pesant s’installa sur l’assemblée, personne n’osant faire quoi que ce soit pour le briser. Puis, un mouvement dans le coin de mon œil attira mon regard et tandis que je tournais la tête pour voir la cause de ce moment un murmure commença à se répandre parmi la foule. C’est avec stupeur que je regardai Reiichi percer la foule et traverser l’espace nous séparant pour venir se poser à mes côtés. L’espace de quelques secondes je pensai avoir halluciné, mais quand je vis que Reiichi ne quittait pas mes côtés je dus me rendre à l’évidence qu’elle était bien réelle et qu’elle venait tout juste de décider qu’elle se sentait prête à prendre les rênes de la meute. J’ignorais ce qui l’avait poussé à agir aussi spontanément – je nous savais des gens spontanés, mais jamais à ce point – mais je sentais qu’elle allait sans doute expliquer ses raisons pour vouloir prendre la tête de la Meute. Enfin, il serait plus juste de dire qu’elle aurait à expliquer ses raisons devant le restant du clan et disons simplement que j’étais curieux d’entendre ce qu’elle avait à dire. Aussi étonné que je l’étais, je repris rapidement contenance la surprise passée et tournai mon regard vers Kanjiro pour voir comment il allait réagir à tout cela. Fin manipulateur comme il était, il garda son phlegme et se contenta d’hausser légèrement un sourcil.

- Eh bien, qu’avons-nous là? Faut croire que j’ai bien fait de le demander, dit-il en riant. Maintenant que tout le monde est là, nous allons pouvoir commencer la sélection de notre prochain chef de Meute. Cela sera bien simple, chacune des personnes ici devant vous prendra la parole et expliquera la raison qui fait d’elle la personne la mieux placée pour prendre la place de mon frère Motari. Lorsque chacun aura parlé, cela sera à votre tour de choisir qui vous voudrez suivre. Sans plus attendre, je vais laisser la parole à nos braves frères et sœurs.

Il ouvrit le bras de façon théâtral vers nous et son geste fut suivit de quelques acclamations et sifflements. Bien vite, toutefois, le silence retomba sur l’assemblée et les discours commencèrent. Je serai tout à fait honnête avec vous : je n’ai rien écouté des deux premiers discours tant mon esprit était préoccupé autant par Akira que par Reiichi. Le premier puisqu’il s’agissait en quelque sorte de mon némésis et que je me devais à tout prix l’empêcher de prendre la place de Motari-sama, la deuxième parce qu’il s’agissait en fait d’un élément plus qu’imprévisible. Je n’avais rencontré l’Inuzuka qu’une fois par le plus grand des hasards alors je ne pouvais pas dire que j’en savais beaucoup sur elle. La plus grande question restait pourquoi elle avait si soudainement décidé de se proposer? Cela faisait à peine quelques semaines qu’elle était revenue à Konoha – enfin selon mes estimations – après une absence de cinq ans et quelques mois; était-elle vraiment prête à prendre ce rôle si tôt? Comme elle me l’avait elle-même dit lors de notre rencontre, elle n’était pas très à jour avec les événements du village. Soit elle s’était mise à jour depuis ou bien elle comptait sur cela pour se remettre dans le bain. Peu importe ses raisons, les deux discours finirent par passer et ce fut au tour d’Akira d’aller prendre la parole. Dès son avancée, on put constater qu’il était un favori du clan en voyant l’accueil qu’il reçut.

Inuzuka Akira – Fils d’Inuzuka Kanjiro

- Bonjour! Merci! Avant de dire quoi que ce soit, j’aimerais lever mon chapeau à Motari-sama qui pendant toutes ces années à soutenu le fardeau de notre clan. C’est lui qui, à travers toutes les épreuves, a su garder le clan uni et prospère. Je ne connais personne qui aurait pu mieux accomplir cette tâche que toi. Mais en plus d’être un chef de clan exemplaire, tu es également un oncle irremplaçable. La Meute est une grande famille, oui, mais nous sommes liés par le sang et la voix du sang est la plus forte. C’est pourquoi en voulant te succéder j’espère poursuivre ton œuvre pour le clan.

Il s’arrêta pour mettre l’accent sur ce qu’il venait de dire et je dus me retenir pour ne pas rouler des yeux. Suivre son œuvre pour le clan, sérieusement? Étais-je le seul à sentir l’odeur étouffante de la suffisance, comme celle d’un vieux parfum qui vous assaille soudainement les narines? Si je connaissais bien quelqu’un qui était différent de Motari-sama, c’était bien Akira. Qu’il se prétende son héritier à cause de leur lien de sang était simplement ridicule pour n’importe qui connaissant réellement le jeune homme. Il fallait toutefois croire que j’étais le seul le connaître pour qui il était réellement.

- Qui d’autre que son neveu pour poursuivre ce que Motari-sama a entrepris pendant toutes ses années? Entre tous ceux ici présents, je peux affirmer que je suis celui qui a passé le plus de temps avec lui, à l’écouter et à observer ses moindres gestes; on pourrait presque dire que j’ai grandis pour être le chef de la Meute! Mais en plus d’avoir suivis dans les pas de mon oncle, je ne suis pas pour autant rester dans son ombre. Par plusieurs occasions j’ai été appelé à défendre que ce soit notre clan, notre village ou notre nation. Je crois avoir démontré que j’étais capable de défendre autant les intérêts que la sécurité de notre clan et je crois que c’est pour toutes ces raisons que je suis celui qui serait le mieux placé pour suivre Motari-sama. Merci de m’avoir écouté.

Les applaudissements fusèrent d’un peu partout lorsqu’il eut terminé et lorsqu’il se retourna pour aller reprendre sa place, pendant un bref moment, je pus voir son sourire satisfait comme s’il savait déjà que c’était dans la poche. Évidemment, le temps qu’il se retourne pour faire face à la foule il avait disparu et aucune trace ne restait de ce que j’avais vu. Si seulement je n’étais pas le seul à voir son hypocrisie! Ce n’était cependant pas le temps pour cela puisqu’Akira qui quittait le feu des projecteurs voulait dire que c’était mon tour d’aller parler à la Meute. Mon cœur battant à tout rompre et ses battements envahissant mes oreilles, je m’avançai et me retrouvai devant tous ces visages qui me regardaient, certains familiers d’autres totalement inconnus. Prenant une grande inspiration, je me rappelai ce qui me poussait à faire ça et j’eus un regain d’énergie. Ça ou l’adrénaline qui commençait finalement à se faire sentir.

- Bonjour à tous et à toutes et merci de vous être déplacés en si grand nombre. Nous avons tous nos vies respectives – avec les obligations qui viennent avec – et ça n’est pas toujours facile de pouvoir concilier le travail avec la famille. Pour les nombreux shinobis parmi nous, vous savez de quoi je parle. Pour les autres, je ne peux malheureusement pas parler en votre nom. Cela dit, il y a une personne qui avait la chance de pouvoir harmoniser son temps entre son travail et sa famille puisque son travail était sa famille : Motari-sama. Pendant toutes ces années, sa seule préoccupation a été le bien-être de sa famille, de sa Meute et il s’est acquitté de sa tâche avec brio. Que j’en entende un se plaindre! Ma remarque fut accueillie par quelques rires. Blagues à part, cela a peut-être l’air d’être le job de rêve pouvoir s’occuper de sa famille, mais cela est loin de l’être. Je ne peux qu’imaginer le stress et la pression que c’est d’avoir une meute au complet qui dépend de toi. Malgré tout cela, Motari-sama n’a jamais flanché, ne s’est jamais plaint de son sort et a toujours su nous diriger dans la bonne direction. Maintenant, il est temps de choisir un nouveau chef de Meute et de relever notre bien-aimé Motari de ce fardeau.

Ce fut à mon tour de faire une pause dans mon discours. Il fallait avouer que ça en jetait et que ça rajoutait de l’effet à un discours. Mais en plus de faire beau, cela me permit également de rapidement remettre de l’ordre dans mes pensées.

- Évidemment, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire et pour cause nous sommes cinq à nous disputer cette place. Cinq personnes toutes différentes les unes des autres et avec des expériences différentes qui pourtant veulent occuper la même place. Cela me permet de tirer deux conclusions : la première c’est que pour nous autres Inuzuka la famille c’est sacré. Pour tout vous dire, je n’avais jamais envisagé la position de chef de la Meute avant l’annonce de Motari-sama la semaine dernière. Pour ceux qui ne le sauraient pas, j’ai été élevé toute mon enfance dans le village aux abords du village et cela fait seulement une dizaine d’année que je suis au village. Quand je suis arrivé ici, j’étais presque comme un étranger; j’étais un Inuzuka sans en être un. J’ai appris à vous connaître, mes cousins de Konoha, et ce n’est plus le cas – heureusement – mais jamais l’idée de diriger la meute m’était pour autant venue à l’esprit. Cela changea quand j’entendis l’annonce de notre chef de Meute; quelque chose en moi se réveilla et je sus que si je ne faisais pas l’effort d’au moins essayer j’allais m’en vouloirs toute ma vie.

Cela m’amène à ma deuxième conclusion, soit qu’il n’y a pas de prédispositions pour être un chef de Meute. Le chef de la Meute, c’est comme un état d’esprit. C’est celui qui va prendre la peine d’écouter chacun, celui qui va protéger les siens et faire tout en son pouvoir pour qu’ils puissent prospérer. C’est celui qui va sortir les crocs devant la menace et qui va frapper pour le bien de sa Meute. Je l’ai fait à plusieurs fois pour le Village : j’ai été envoyé à Yu no Kuni pour démanteler le Shôraizen, j’ai affronté à plusieurs reprises le messager de Monwa, Envizib, allant jusqu’à le traquer dans les montagnes de Kawa, j’ai fait face à Makka lorqu’elle est revenue d’entre les morts pour venir transmettre un message à Konoha et j’ai fait partie de l’Opération Raz-de-Marée en éliminant la menace du clan Suihou dans le port d’Ebisu; je suis prêt à le faire pour mon clan si jamais cela devient nécessaire.

Pendant une fraction de seconde je pensai parler de l’aide que j’avais apporté au clan en purgeant celui-ci des traîtres, mais je me ravisai en me disant que ce n’était peut-être pas la meilleure idée d’en parler devant tout le monde. C’était comme avec Demon : les gens savaient qu’il avait été ramené, mais ils ne devaient pas savoir que j’avais été impliqué. Malheureusement pour moi, certains de mes hauts faits devront rester dans l’ombre.

- À travers toutes ces épreuves, je crois avoir développé et démontré ce qu’il faut pour pouvoir guider la Meute et de continuer le travail que Motari-sama a commencé. Je pensais avoir terminé et m’apprêtais à laisser ma place à Reiichi lorsque soudainement les paroles de Motari-sama me revinrent en tête et j’eus subitement l’envie de rajouter quelque chose. Mais même après tout cela, je dois tout de même m’en remettre à vous afin de décider du futur du clan. J’ai beau croire que j’ai ce qu’il faut pour suivre dans les traces de Motari-sama, c’est ultimement à vous que revient cette décision parce que même si nous sommes en train de choisir celui qui mènera la Meute, le Loup se déplace toujours en meute.

Là je sus que j’avais terminé et c’est sous une foule silencieuse que je retournai prendre place aux côtés des autres prétendants. Mes dernières paroles semblaient avoir fait leur effet sur le clan et avoir donné à plusieurs matières à réflexion puisque personne n’avait réagi lorsque j’avais quitté les devants. Enfin, j’espérais que c’était pour cela et non parce qu’ils avaient détesté mon discours parce sinon là ça serait vraiment la honte. Je m’étais ouvert le cœur devant eux et avait exprimé le fin fond de ma pensée, j’espérais qu’il l’avait vu. Tout d’un coup toutes mes erreurs me vinrent en tête et je trouvai aussitôt les failles dans mon discours en pensant à ce que j’aurais pu dire de mieux, mais il était trop tard. Mon moment était passé et j’allais devoir faire avec ce que j’avais dit. C’était toujours comme ça, c’était après avoir fait quelque chose qu’on trouve des meilleures idées, il n’y avait toutefois rien que je pouvais faire qui pouvais changer ce que j’avais dit. Je devais croiser les doigts et croire en ma Meute et mes paroles. En attendant s’était à Reiichi d’aller exprimer ses motivations pour prendre la place de Motari-sama.

Une idée si brillante ne pouvait venir que de moi, sortir de l'ombre ainsi et laisser planer le doute... En écoutant les discours de chacun, j'en avais presque des sueurs froides. C'était impossible qu'ils aient raconté tout ça au feeling, sans préparation. Et moi j'arrivais là d'dans comme une fleur. Qu'allais-je bien pouvoir leur dire ? Ah mais... En fait, je n'avais rien à prouver ou à démontrer puisque je ne voulais pas devenir "cheffe de meute". Au contraire même, j'étais parfaite dans mon rôle, dans ma fonction de bon petit soldat. En revanche, même si je n'allais et surtout ne pouvais pas convaincre le clan de me choisir, je pouvais néanmoins faire en sorte qu'ils fassent le bon choix.

Je sentais que ce monologue allait être drôle... ou gênant. Il fallait bien avouer que je n'étais pas la plus douée pour parler, et encore moins de ce genre de choses, le clan, la famille etc etc... Surtout quand un gars comme Takeo pouvais assurer le taf. Le seul qui semblait véritablement habité par tout ce voulait dire le mot "chef". D'entre tous, je trouvais qu'il était le seul à ne pas voir que le côté prestigieux de la chose, et sans doute le seul à être vraiment sincère. Bref, quoi qu'il en soit, c'était maintenant à mon tour de parler, tout le monde attendait.

"Bonjour à... tous. Souris-je. Je suis Inuzuka Reiichi... Enfin, ça vous le savez déjà. Que mon nom est Inuzuka... Sinon, je ne serai pas là.."

Continuais-je dans un chuchotement tout juste audible pour le commun des Shinobi, dont ne faisaient pas partie les Inuzuka. Comme prévu, c'était en effet gênant; tout au moins comme introduction.

"La plupart d'entre vous ne doivent avoir qu'un souvenir assez lointain de moi, pour ceux qui se souviennent, évidemment. Rigolais-je, toute seule. Bon, autant le dire tout de suite; je ne compte pas devenir cheffe du clan, je ne le prétendrai sûrement jamais, même. Pas que je ne suis pas méritante, non, puisque j'ai autant donné que chacun d'entre vous à la meute, et au village; mais surtout, en fait... Parce que ce n'est pas une question de mérite, je crois."

Dis-je à moitié plongée dans mes songes. Oui, broder quelque chose de compréhensible devant une assemblée n'était pas évident, comme je l'avais imaginé. Et surtout pour quelqu'un comme moi, qui aimait la simplicité.

"Devenir le leader d'un groupe, ce n'est pas un cadeau ou... un héritage. Je fixai alors Akira. C'est simplement une question. Une question de responsabilité, une question de savoir ce qui est le mieux pour les siens mais aussi pour les autres. C'est une forme d'abnégation, un don de soi pour l'intérêt commun... Et ça, je sais ce que c'est."

Pas de problème sur ce point, passer cinq ans dans le Yuukan à débusquer le moindre ennemi de la feuille sans laisser percevoir qu'on est une ramification de l'arbre qu'est Konoha, ne voir aucun village familier pendant plusieurs années, passer si longtemps loin de tout, jusqu'à ce que son visage ne devienne qu'une photographie floue dans l'esprit des personnes... Oué, j'avais pas mal expérimenté l'abnégation; et ne m'en plaignais pas d'ailleurs.

"Vous voyez, je suis rentrée il y a quelques semaines d'une très longue mission.. Les seuls Inuzuka qui se sont préoccupés de mon retour, ou qui se sont même, plus simplement encore, intéressés à cette Inuzuka qu'ils n'avaient pas vu depuis longtemps, ou dont ils ne se souvenaient pas; sont Motari-sama et Takeo-san. Je marquai un court silence et repris, c'était quand même une très longue phrase. Oh... Je n'en veux à personne, cela ne m'a posé aucun problème qu'ils soient les deux seuls parmi toute la meute à s'être... rapprochés. Mais ce que je veux dire, c'est que c'est ça être chef. C'est s'occuper de chacun, accorder une attention particulière à tous. Faire passer l'autre avant soi même."

Des explications que tous ne saisiraient pas forcément, et je ne les en blâmerai tellement cela pouvait manquer de clarté.

"Il y a des personnes qui sont faites pour diriger, que ce soit un village ou un clan. Et ici, je ne vois que deux personnes capables d'y arriver : Motari-sama et Takeo-san! Et franchement, j'ai une vision très objective de ce qui m'entoure : Akira ne peut pas être chef des Inuzuka, c'est encore un chiot, loin d'être sevré d'après ce que je peux voir et entendre. Quant aux autres... Si vous êtes capables de donner mon âge... Alors peut-être que... Mais je doute que vous le puissiez."

Bon, je sentais les regards s’appesantir un peu plus chaque secondes sur mes fragiles épaules, si bien que j'en ploierai si j'en avais véritablement quelque chose à faire. Tien, encore une raison de ne pas être cheffe : je m'en fous.

"Bref, faites bien votre choix. Un chef qui connait jusqu'à la plus inconnue d'entre nous, ou un Inuzuka qui estime qu'être chef est son héritage légitime ?"

Achevais-je en passant une main dans mes cheveux noirs. Mon discours avait sans doute eu de l'effet... Mais lequel.. Impossible de le deviner. En tout, cas on m'avait écouté, c'était déjà ça.

Finalement, j'avais pas si mal parlé. Ceci-dit, maintenant je n'avais qu'une hâte : repartir en mission pour cinq autres années.

Revenant à ma place parmi les candidats, je tentai de me rassurer en me disant que j’avais dit tout ce que j’avais à dire et que je n’aurais pas pu faire mieux, mais une petite partie de moi ne pouvait s’empêcher de rester tendu comme un arc malgré les encouragements que je me donnais intérieurement. Je savais également qu’il n’y avait plus rien que je pouvais faire pour changer ma plaidoirie, mais attendre simplement sans rien faire que le destin se déroule devant moi était tout simplement intenable. C’était pourquoi j’occupais mon temps à décortiquer mon discours et d’en voir toutes les failles que mes opposants pourraient tirer avantages. Enfin, je ne savais pas pour Reiichi et les deux autres, mais j’étais persuadé qu’Akira ne manquerait jamais une pareille chance de rabaisser ses adversaires pour se mettre en valeur. Quant à moi, la meilleure façon de démonter mes ennemis était de prévoir leurs oppositions à l’avance et avoir une réponse à porter de main. Cela allait devoir toutefois attendre puisque Reiichi-san s’apprêtait à prendre la parole et plus que n’importe quel des autres à mes côtés c’était elle que je voulais entendre.

La raison pour laquelle je tenais tant à l’écouter alors que les discours des autres m’étaient passés d’une oreille à l’autre était bien simple : c’était la seule autre qui avait vraiment l’étoffe d’un chef. Certes Akira avait son « lignage » et le support de beaucoup, mais il n’avait rien en lui qui faisait de lui un chef de Meute. Reiichi avait, quant à elle, quelque chose qui la séparait des autres. Non seulement c’était la seule autre joueuse du lot elle ne semblait jamais se préoccuper de l’opinions des autres, mais on aurait dit qu’elle transpirait la confiance comme si sa mission dont elle venait toujours revenir l’avait emplie d’une assurance qui dégageait maintenant d’elle comme une aura. J’étais très curieux de ce qui la poussait à vouloir cette place – était-ce quelque chose qui s’était déroulé pendant sa mission? – mais je ne m’attendais certainement pas à ce qu’elle allait dire. Après un début tout en humilité et en simplicité, elle entra alors dans le vif du sujet et en surpris plus d’un lorsqu’elle annonça d’emblée ne pas vouloir le titre de chef de Meute. En même temps un poids sembla se délester de mes épaules tandis que je me demandais ce qui l’avait bien poussé à venir s’exprimer à la Meute si ce n’était pas pour prendre les rênes du clan. Je compris toutefois bien vite la cause de sa présence devant la Meute : les paroles de Kanjiro-san avaient réveillé quelque chose en elle et elle voulait s’assurer que la Meute ne soit pas influencée par ses paroles. Alors je n’étais plus le seul à vouloir les remettre à leur place?

Tout en écoutant Reiichi-san parler, un sourire commença à s’étirer sur mes lèvres : sans même nous consulter nous venions de devenir alliés dans cette guerre contre les manigances de Kanjiro. Si à deux nous parvenions à convaincre la Meute que l’héritage n’était pas tout dans le choix d’un chef de Meute, nous avions une chance de trouver un vrai successeur à Motari-sama. Au fond, elle et moi pensions un peu de la même façon, c’est-à-dire que pour être chef de clan il fallait s’attendre à donner beaucoup plus qu’on ne recevait. Elle parla alors à la Meute de la mission dont elle avait fait mention lors de notre rencontre. Sans aller dans les détails, elle évoquait ce retour pour souligner le fait que les seules personnes à avoir montré de l’intérêt à son retour, outre sa famille sans doute, étaient Motari-sama… et moi. À la mention de mon nom, je fis tous les efforts possibles pour ne pas rougir et je pense m’en être bien tiré puisque tous les regards restèrent rivés sur la jeune femme. Elle expliqua ensuite que cet intérêt envers les membres de la Meute représentait ce que c’était de diriger la Meute. Par la suite cela fut encore plus difficile de garder contenance devant les éloges de Reiichi-san auxquelles je ne m’étais pas du tout attendu. Si j’avais su que c’était ce qu’elle allait dire lorsqu’elle s’avancerait, je ne me serais pas torturé autant!

Ses dernières paroles ne laissaient aucun doute quant à la personne qu’elle choisissait, démontrant mieux que je ne l’aurais pu faire moi-même les raisons qui faisaient de moi un meilleur prospect qu’Akira. Savoir que j’avais l’approbation et l’appui d’une kunoichi comme Reiichi m’emplit d’une nouvelle confiance et plus que jamais j’étais confiant de mes chances. Plusieurs murmures fusaient à travers la mêlée alors que plusieurs petits groupes y allaient chacun avec leur propre réaction du dernier discours. J’aurais bien aimé entendre ce qu’ils avaient à dire, mais il y avait beaucoup trop de discussions en même temps pour les discerner les unes des autres et ma spécialité restait les odeurs, pas les sons. Tout ce que je pouvais faire, c’était de les regarder et d’essayer sans succès de déchiffrer un mot ou deux à travers leurs conversations. Je lui avais adressé un bref hochement de tête lorsqu’elle était revenue se placer avec nous pour témoigner de ma reconnaissance de son appui. Je ne lui avais rien demandé et n’avais pas une seule fois parlé de ce sujet avec elle, mais elle était allée jusqu’à parler ouvertement devant le clan pour me soutenir. Ce n’était pas tous les jours que j’avais droit à cela et je me jurai que je réglerai cette dette un jour. L’affaiblissement des voix autour de moi me ramenèrent à la réalité et vis que nul autre que le tireur de ficelles lui-même cherchait l’attention de la foule.

Inuzuka Kanjiro – Frère d’Inuzuka Motari

- De sages paroles, de sages paroles… Merci beaucoup Reiichi-san. Alors, maintenant que tout le monde s’est exprimé – pas toujours comme on l’aurait pensé, dit-il en riant pour lui-même, il est temps pour la Meute de faire son choix. Des… quatre candidats devant vous, lequel soutiendrez-vous? À qui ferez-vous confiance pour poursuivre l’œuvre de Motari-sama? Prenez le temps de bien réfléchir et préparez-vous pour l’Appel de la Meute.

Je n’y avais jamais assisté – Motari-sama ayant été choisi chef de la Meute bien avant ma naissance – mais tous les jeunes Inuzuka savaient ce que c’était des histoires qui se racontaient en famille. C’était la fameuse cérémonie qui déterminait lequel des candidats monteraient au titre de chef de Meute. Lorsque le prétendant s’avancerait, tous ceux l’ayant choisi comme chef de Meute devront faire ressortir le ninken en eux et hurler leur ferveur. Celui qui sera le plus hurlé sera celui qui aura convaincu la Meute. Aussitôt que les mots étaient sortis de la bouche de Kanjiro, une vague d’excitation avait traversé la foule alors que les plus vieux d’entre eux se rappelaient de la dernière fois que cela avait eu lieu. Après la première excitation, un silence révérenciel planait sur la Meute, qui n’osait pas faire un son avant que le moment ne soit arrivé. L’assemblée au complet – nous autres à l’avant inclus – resta en haleine pendant quelques secondes, laissant aux derniers indécis le temps de faire un choix, avant que Kanjiro ne fasse un signe de la main dans notre direction. Ça y était, le moment de vérité était arrivé; le premier candidat était sur le point de s’avancer.

Spoiler:

Cette longue réunion des Inuzuka pour voir le couronnement du futur nouveau chef de clan touchait de seconde en seconde à sa fin. Les longs discours étaient terminés, quelques rebondissements, bonnes intentions et traits de lucidité l'avaient parfaitement animé du début à la fin en notant un passage plutôt humoristique avec l'apparition fugace d'Akira. Finalement, nous en étions à cet instant, celui où chacun allait exprimer son choix; je n'avais jamais assisté à ce genre de cérémonie, mais j'en avais comme la plupart des Inuzuka complètement étranger à cette tradition, entendu parlé.

Même si j'étais plutôt du genre extravertie voire sur certain point et pour certaines personnes, extravagante; faire ressortir le ninken caché ou plus profond de mon esprit autre part que dans un affrontement, où là cela me permettait de libérer le maximum de mon potentiel; devant toute la meute, ça me semblait particulièrement difficile. Etrange comme sentiment. Enfin, j'avais de la chance de faire partie des candidats, moi, je n'avais qu'à écouter, finalement.

Bon, j'imaginais aisément qu'aucun n'hurlerait pour moi, ce qui n'était pas plus mal même si au milieu du tumulte cela laisserait flotter une certaine gêne -imaginez un gros blanc alors que chacun hurlait-, un moment gênant quoi. Du coup, finalement, plutôt que de faire face au silence, je décidai de rejoindre la meute. Je désertai ainsi la place des prétendants, pour aller hurler parmi les autres.

Comparativement, il vallait mieux suivre la masse et s'y fondre plutôt que de faire tâche... Surprenant que je puisse penser ainsi sachant que la gêne ne me dérangeait, d'ordinaire, pas. Ainsi donc, lorsque vint le tour de Takeo, j'hurlais, comme une bonne partie, voire la majeur partie de l'assemblée. Néanmoins, je m'étais retenue, ne faisant au final que crier. Ce qui passa parfaitement inaperçu dans le vacarme qui emplissait les murs de la grande salle. Puis vint le tour des autres jusqu'à ce qu'en fin tous se taisent pour laisser l'élection s'achever.

J'aurais voulu faire comme les autres, me lâcher, laisser le ninken en moins s'exprimer. Mais ces cinq années passées en dehors du village m'avait appris une chose : relâcher la bête qui sommeillait en moi provoquait bien plus de terreur, d'horreur et de souffrance, que d'émotions. C'était un problème, mais chaque choses en son temps; il était maintenant l'heure du "choix".

Regardant nerveusement la foule qui s’était amassée devant nous, je n’osais même pas imaginé le nombre de personnes qui hurleraient pour moi. Je pensais avoir fait une bonne performance et, avec l’aide de Reiichi-san, je pensais avoir touché plusieurs personnes dans l’assistance, mais une minuscule partie dans le fin fond de ma conscience ne pouvait s’empêcher de penser à tous les scénarios catastrophes qui arriveraient une fois que j’allais m’avancer. On pourrait dire que j’étais angoissé par le fait de savoir une bonne fois pour toute à quel point j’avais l’appui de mes confrères et consœurs. Et si je me berçais d’illusions quand je pensais que je m’en étais bien tiré? Et si… non, ce n’était plus le temps des si, c’était l’heure de vérité. Le moment fatidique où le futur de la Meute serait décidé était finalement arrivé. Faisant de mon mieux pour reprendre de l’ardeur, je tentai de chasser mon incertitude et de laisser paraître en contrôle des événements. Après tout, si j’étais vraiment pour être le prochain chef du clan, je ne pouvais pas me permettre de paraître aussi torturé.

Lorsque le premier des prétendants s’avança, la réaction fut telle que je sus immédiatement qu’il ne serait pas notre chef de Meute. De toute façon, il ne m’avait jamais vraiment marqué et ce depuis que je l’avais rencontré au début de la réunion; sans doute en était-il de même pour le restant de la Meute. Seuls ceux qui l’encourageaient depuis le début et qui l’avait probablement permis de se tenir là avaient hurlés et c’est sans grande cérémonie qu’il se recula afin de laisser sa place au deuxième candidat. Pas qu’il n’ait été plus marquant que le premier, recevant presqu’autant de cris que celui avant. Sans grandes surprises, cela allait se jouer entre Akira et moi. Maintenant que nous savions que Reiichi ne s’était pas avancée pour se proposer – tiens, où était-elle d’ailleurs? Ah, elle était là, elle était allée rejoindre le restant de la Meute pour pouvoir hurler avec les autres – tout allait être déterminé par les prochaines minutes.

C’était enfin le tour d’Akira et j’avais l’impression d’être encore plus nerveux de voir la réaction qu’il allait avoir que la mienne. Il était mon rival, celui qui depuis tant d’années me regardait de haut et pensait que je n’allais mener à rien. À chaque étape importante de ma vie depuis mon arrivée à Konoha il avait été là pour me montrer une leçon et à chaque fois je l’avais emporté, mais toutes ces victoires ne vaudraient rien s’il parvenait à gagner celle-ci, l’épreuve finale. Il ne faisait donc aucun doute que voir comment il parviendrait à attirer le soutien de la Meute était quelque chose que j’attendais autant que je redoutais. Vint finalement le moment il s’avança, se séparant du reste du groupe d’un bon pas, et le vacarme qui s’en suivit fit chavirer mon cœur. Était-ce la fin? Akira avait-il réellement réussi à convaincre la Meute, malgré le discours de Reiichi qui leur avait exposé son attitude fallacieuse? Je ne pouvais pas parvenir à y croire, mais devait tout de même garder la tête haute jusqu’à la fin. Je ne pouvais pas lui donner la satisfaction de me voir abattu. Se reculant pour revenir parmi nos rangs, il ne put s’empêcher de me jeter un petit regard de côté qui voulait tout dire. Oh non, je n’allais pas lui donner ce plaisir!

Comme si j’étais animé par la flamme du désespoir, je perdis toute trace d’angoisse et d’inquiétude pour laisser seulement le désir de vouloir surpasser Akira. Faisant un pas vers l’avant, je me préparai à faire face à peu importe la réponse que j’aurais et peu à peu je sentis mes lèvres s’étirer en un sourire lorsque je vus – ou plutôt entendis – la réponse de la Meute : un hurlement à en percer les tympans retentit dans la salle, allant jusqu’à faire vibrer le petit dais sur lequel nous nous tenions devant la foule. Je sentais même la vibration jusque dans la moindre fibre de mon corps et instinctivement je sus qu’Akira ne pourrait jamais égaler cela. Un nouveau sentiment m’envahissait, celui de fierté devant ma Meute d’avoir su bien choisir alors que mon regard s’attardait sur plusieurs personnes hurlant leur conviction pour moi et silencieusement je les remerciais de croire en moi. Maintenant que j’entendais cela je me trouvais idiot d’avoir pu penser un instant que je ne gagnerais pas l’appui du clan. Reculant pour retourner parmi les autres candidats, ce fut à mon tour de jeter un regard à Akira sans pour autant lui lancer la moindre pique. Après tout, les actions venaient de parler plus fort que n’importe quel mot. Clairement lui-même sous le choc, Kanjirô n’eut d’autre choix que de terminer la cérémonie. Quand bien même voudrait-il mettre fin à tout cela, le clan ne le supporterait pas.

Inuzuka Kanjiro – Frère d’Inuzuka Motari

- Bon… et bien, je crois que… que la Meute à parler. C’est donc avec… un immense honneur… que je vous présente votre prochain chef de Meute, Inuzuka Takeo!

À l’annonce de mon nom, je m’avançai de nouveau, cette fois pas seulement aux cris de mes partisans mais aux cris de l’entièreté de la meute qui acclamait maintenant leur nouveau chef. Il n’était plus question de supporter qui que ce soit, il était question de montrer son appartenance à la Meute. Je levai la main en l’air en signe de salutation et de remerciement à la foule puis commençai à hurler en leur compagnie. Après ce qui me parut comme une éternité, le silence revint peu à peu dans la salle.

- Merci, merci à tous! Je tiens à vous remercier chacun d’entre vous qui avez crié pour moi et qui avez cru en moi. Je suis content que mes paroles aient sus se rendre jusqu’à vous et je vais faire tout ce qui est humainement possible afin de poursuivre l’œuvre de Motari-sama. Ce dernier a toujours été un pilier pour le clan et une personne vers qui on pouvait se tourner et c’est ce que je vais essayer de continuer. Pour ce qui est de ceux qui avaient confiance en un autre candidat, je suis désolé que ce dernier n’ait pas accédé au titre, mais je tâcherai tout de même de faire de mon mieux pour vous guider dans le droit chemin. Merci encore!

La fin de mon discours fut accueilli de nouveau par quelques cris, mais beaucoup moins intenses que la première fois. Une fois que l’annonce fut faite, c’était maintenant le temps de célébrer et aussitôt une musique entraînante apparût de nulle part alors la fête s’installait peu à peu. Pour ma part, la première chose que je fis en descendant du dais fut d’aller retrouver ma famille dont j’aurais pu reconnaître leur odeur parmi milles. Je me fis rapidement un chemin vers eux, récoltant au passage plusieurs tapes sur l’épaule, et les étreignis tous contre moi. J’ignorais quand, mais à un certain point les larmes m’étaient venus aux yeux puisque je me rendis compte que je pleurais de joie dans les bras de ma famille. Ceux qui étaient le plus importants à mes yeux étaient là pour l’une des journées les plus importantes de ma vie – quand bien même je n’avais que vingt-trois ans je doutais que d’autres événements puissent accoter celui-ci – c’était quelque chose d’inestimable. J’essuyai rapidement mes yeux avec le revers de ma main et bien vite je repris du poil de la bête et festoyai tout au long de la soirée. À un certain moment, lorsque la fête commença à redescendre en intensité, je me permis un regard d’ensemble sur la Meute dont je devais maintenant assurer la pérennité et j’eus l’espace d’une seconde la très nette impression qu’une drôle d’odeur planait sur les Inuzuka. Il m’était impossible d’identifier cette odeur, mais si j’avais eu à dire ce que c’était j’aurais dit qu’il s’agissait de l’odeur du changement.

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