Ayant terminé de distribuer ordres et missives à ses subalternes, le Shinda profitait d’un moment de calme pour se poser dans le fond de son fauteuil. Il avait devant lui une carte de l’archipel où plusieurs points, traits, raturages et autres gribouillis s’entassaient. Il n’y avait presque plus de formes permettant de distinguer le pays. S’il ne changeait pas son support bientôt, il n’y aurait plus qu’un amas d’encre.

Il rangea le papier sous forme de rouleau de côté, mettant ainsi ses dernières préoccupations de côté. Il ressortait d’un débat de plusieurs dizaines de minutes concernant Mizu et ses terres, même si le sujet lui tenait à cœur, il avait besoin de mettre ça de côté pour se concentrer sur autre chose ou bien prendre une pause. N’étant pas non plus un grand adepte de la fainéantise, il choisit de ressortir quelques dossiers d’un des tiroirs de son bureau. Il en tira trois qu’il consulta avec attention. Il s’agissait là des états de service des trois jeunes gens qu’il avait décidé de prendre sous son aile. Une tâche qui lui demanderait du temps mais qu’il était prêt à remplir pour offrir à Kiri une nouvelle gloire basée sur ses nouveaux soldats pour que sa Brume devienne meilleure que celles ayant déjà existées.

Il avait déjà consulté ces papiers plusieurs fois et il n’apprenait rien de nouveau. Il s’assura d’un élément qui l’avait intéressé lors de ses premières lectures et son initiative fut payante. Deux parmi eux maîtrisaient le Fûinjutsu mais de manière différente. Les Mamoru s’en servaient à des fins de support, tout comme pouvait le faire la Nécromancie, tandis que l’autre s’appliquait dans un cadre de combat au corps-à-corps. Les Suzurane payaient cher ce pouvoir puisque la clé pour parvenir à ses différentes forces, conférées par on ne sait quelles divinités, était la douleur. Le combat devait être bien géré par conséquent. d’où le fait que Michiki s’attarda sur le cas de Yagura avant de finalement rédiger une missive à son attention. Il lui donna rendez-vous pour le lendemain afin de débuter le travail auprès de la jeunesse.

***

Lorsque le jeune homme se présenta, Michiki s’était débarrassé au maximum de ses tâches quotidiennes afin de consacrer un peu de temps à son élève. Lorsque ce dernier fit son entrée, le Shinda se leva de son siège et se saisit de sa ceinture à parchemins qu’il avait déposés sur le côté pour ne pas être gêné dans son fauteuil présidentiel. Puis d’un simple mouvement de doigt, il indiqua au Suzurane qu’il bougeait d’ici pour se rendre sur le toit du bâtiment. Comme lors de leur première rencontre. Le duo grimpa les marches qui menaient à l’extérieur. L’air frais vint amener un peu de renouveau dans la poitrine du Rokudaime qui avait passé une partie de sa journée cloîtré dans son bureau. Il s’avança légèrement au milieu de l’aire du cercle que décrivait le haut du bâtiment avant de faire face à Yagura :

- Mes hommages Yagura. J’espère que tu t’es remis de votre petit test de l’autre jour. Que ce soit le cas ou non, tu vas avoir besoin de toutes tes forces aujourd’hui. J’ai pu voir et constaté de mes yeux que tu maîtrisais le Fûinjutsu. Fort heureusement j’en suis aussi un adepte. Par conséquent je pense pouvoir t’aider à étoffer ton panel de techniques. Si tu commençais par me dire un peu ce que tu as en réserve. A moins que tu ne préfères une démonstration ?

Sur ces derniers mots, Michiki avait adopté une posture de combat indiquant clairement qu’il était prêt à se défendre contre tout assaut pouvant provenir de son disciple. Si ce dernier préférait des actes aux mots, il aurait l’occasion de montrer ce qu’il sait faire et le nécromancien pourrait ainsi cibler leurs pistes de travail.

Le Suzurane avoua ne pas être réellement très développé au niveau de ses jutsus de sceaux. Rien d’étonnant à son niveau mais il fit un bref descriptif de son panel qui était certes assez maigre. Pourtant le Shinda avait pu noter une certaine originalité dans l’utilisation de ce domaine. On appréhendait généralement des principes bien plus basiques et bien plus simples que ceux évoqués et utilisés par le jeune homme. Ce qui ne manquait pas de conforter le nécromancien dans son choix de recrutement. Entraîner de parfaits petits soldats lambda se contentant de respecter le cadre qui leur avait été imposé depuis toujours, ce n’était pas de ça dont il voulait.

Le but de ces entraînements était d’envisager et d’exploiter d’autres voies pour être parfaitement maître de ses capacités. La faculté d’adapter un don à plusieurs situations ou usages pouvait sauver des vies, à commencer par la sienne. Ce qui était le plus important aux yeux du Fossoyeur. Il allait donc épauler cette recrue dans l’appréhension de réflexions nouvelles sur ses compétences pour qu’il développe de nouveaux jutsus qui lui seraient très utiles. Mais pour cela il devrait commencer en lui réexposant les bases.

Il se saisit d’un des rouleaux à sa ceinture et le présenta à la verticale à son élève. Le parchemin bien en évidence, il le gardant ainsi levé vers le ciel alors qu’il reprenait la parole suite aux dires de son interlocuteur :

- Tu sembles au moins connaître les prémices de ce domaine. Ça nous évitera de repartir sur les bancs de l’académie au moins ! Mais pour ce que j’envisage, on va te faire commencer par du basique tout de même.

D’un claquement de doigt de sa main valide, Michiki parvint à créer un nuage de fumée autour du rouleau qu’il tenait faisant ainsi apparaître au sol le corps d’un furet totalement inerte. L’animal avait été scellé il y a longtemps dans ce papier et les connaissances nécromanciennes du Shinda avait permis à la carcasse de rester intacte. La décomposition après autant de temps n’était pas un spectacle des plus ravissants pour quiconque. Encore heureux pour la recrue qui lui serait sûrement reconnaissante quand il débuterait l’exercice. L’odeur ça vous empêche de vous concentrer.

- Puisque tu sembles capable de sceller des choses simples comme une arme de jet, nous allons essayer de passer à la vitesse supérieure. Tu vas devoir pour cela te concentrer un peu plus que lorsqu’il s’agit d’un kunaï. La masse de l’objet est ici plus importante. D’autant que les cellules vivantes sont plus compliquées à transférer dans le rouleau mais ça tu le découvriras bien assez tôt je pense !

Il vint à ses côtés pour lui déposer le corps et le rouleau dont provenait la carcasse. Il s’assit alors en tailleur devant lui et sortit le nécessaire à fumer pour se caler une clope dans le bec. Il tira une latte avant d’observer attentivement le Suzurane à l’action.