Mamoru Azuni avait été emplie d’une grande satisfaction lorsque le Mizukage de la nouvelle Kiri avait accepté son retour. De nouveau un membre d’une certaine importance dans le village caché de la Brume, la Forgeronne pouvait alors s’adonner à ses pratiques. Si elle passait le plus clair de son temps à forger armes pour les soldats du Shinda et à s’entraîner, elle se doutait bien que ça ne tarderait pas à changer. Et elle ne s’y méprenait pas car reçut quelques jours plus tard une convocation. Celle-ci était marquée du sceau du Rokudaime.

Lorsqu’elle l’ouvrit, elle en lit immédiatement le contenu d’une traite, sans néanmoins omettre le moindre caractère. Elle adressa un signe de tête en guise de timide remerciement au messager. Il ne faisait là que son travail. Une fois qu’il rebroussa chemin, laissant la Forgeronne seule sur son terrain d’entraînement, elle repensa au contenu de la missive. Une entrevue de la plus haute importance, pouvait-on en conclure.

Marcher jusqu’au Palais du Mizukage ne lui prit qu’une dizaine de minutes. Sentant sa lame invisible à sa taille, chacun de ses pas discret la rapprochait davantage de son chef. Jusqu’à ce qu’elle soit devant sa porte à frapper de deux coups secs.

« Maître Mizukage, bonjour. »

Elle ferma la porte derrière elle, puis approcha de quelques pas. Avant de rajouter le moindre mot, elle posa genou à terre et salua avec respect son supérieur. En se relevant, ses cheveux noirs reprirent leur forme de cascades sombres. Ses yeux vinrent à nouveau tutoyer ceux de Shinda Michiki.

« Vous vouliez me voir. »

Contrairement à la plupart des soldats de l’Ombre, elle ne posa pas de question. Si elle avait reçu cette convocation, c’était bien entendu parce que le Mizukage souhaitait la voir. Mamoru Azuni était sur ce point-là extrêmement fidèle à l’image qu’on se faisait d’elle : directe mais respectueuse de la hiérarchie, et ne faisant jamais le moindre zèle.

La Mamoru risquait d’arriver incessamment sous peu. Le Rokudaime l’avait convoqué il y a seulement quelques minutes. Elle ne se trouvait pas loin du palais alors son arrivée serait imminente. Il avait quitté son bureau pour se rendre dans la pièce non loin où s’était déroulée leur première rencontre. La même théière reposait au même endroit. Elle avait été lavée depuis et préparée pour l’occasion. Comme à son habitude, Michiki en vérifiait le contenu. Rien de ce qu’il buvait n’était d’abord minutieusement vérifié par ses soins. Un bon réflexe de survie.

Il prépara la mixture chaude lorsque deux coups retentirent à la porte. Il ne répondit pas, cette formule de politesse était obsolète. Qui allait répondre « Non restez dehors ? » ? Cette remarque intérieure fit sourire le Shinda dans son coin alors qu’il se retournait pour répondre au salut de la kunoichi qui s’était inclinée. Le geste le surprit légèrement mais il était ravi de voir qu’une telle relation pouvait s’établir entre eux. Même s’il n’estimait pas qu’il devait en être ainsi entre eux, il passa outre et déposa une tasse sur la table tandis que l’autre resta dans l’étreinte de sa main. Il désigna le canapé en face du sien pour inviter sa subalterne à le rejoindre.

Elle n’avait pas perdu de temps elle non plus en soulignant qu’il l’avait demandé. Pas sous forme interrogative. Un esprit clair qui va droit au but et ne s’entiche pas de courtoisie. La Brume Sanglante dans toute sa splendeur. Malgré le renouveau, il était toujours plaisant de retrouver un goût de chez soi dans ce nouveau Kiri impérial. Une note sombre dans ce tableau idyllique que beaucoup acclamait. Le Shinda ne pouvait se préoccuper de ça pour le moment. Il y avait bien plus urgent. Avant de se mettre un Empire à dos, il fallait déjà se préparer à y faire face. Défenses et alliés étaient donc en première ligne de mire pour le Mizukage. Raison pour laquelle il avait fait venir la Douzième Forgeronne aujourd’hui.

- En effet. Et je ne t’aurais pas fait déplacé pour rien tu te doutes. J’ai besoin que tu te rendes en mission. Elle est de la plus haute importance. L’échec ne sera pas toléré.

Le simple regard qu’il avait à ce moment-là aurait épargné l’usage de ces mots. Mais c’était pour soutenir verbalement ce que la communication non verbale était censé faire passer. Il prit une gorgée de thé avant de reprendre.

- Ton objectif sera donc de te rendre à Konoha pour remettre cette missive à l’Hokage, dit-il en sortant le dit papier d’un sceau sur son poignet. L’objet de cette lettre concerne les Gekeis.

Malgré le fait qu’Azuni connaissait mieux que quiconque l’histoire du village, un bref exposé s’imposait :

- Ils se sont en effet installés là-bas suite à la destruction de l’ancienne Kiri. Une décision à l’initiative de leur chef. Pour le connaître personnellement, je sais qu’il l’a fait sans pour autant renier sa patrie et je suppose qu’il subsiste certains de leurs membres adeptes de cette pensée. L’idée serait donc de conclure un accord courtois entre nos nations pour permettre à ses familles de pouvoir retrouver leurs familles quand elles le souhaitent.

Une autre gorgée de thé plus tard, il reprit rapidement en s’humectant les lèvres :

- Il faudra donc faire preuve de la plus grande diplomatie. Tu seras accompagnée d’une jeune recrue. Ce sera une excellente expérience pour ce shinobi d’avoir une idée de ce qu’est le monde en dehors de nos contrées. Assure-toi qu’il respecte bien les directives. Nous n’avons pas besoin d’ennemis immédiatement.

Ce qui laissait une ouverture pour un débat qu’ils n’avaient pas eu encore tous les deux. Il était des plus importants. Mais Michiki marchait sur des œufs avec ce sujet. Pourtant il pressentait que son interlocutrice ne serait pas un danger pour ses projets s’il en parlait avec elle. Il fallait juste ne pas tourner autour du pot vu son caractère.

- Mais j’aimerais avant tout avoir ton avis sur un sujet qui me tient à cœur. Que penses-tu de la situation actuelle de Kiri ? Vis-à-vis de l’Empire j’entends.