Dhartsedo... Ce nom n'évoquait pas grand chose à Kaya jusqu'à ce que la ville portuaire soit enfin en vue, nimbée dans son manteau blanc. Les neiges éternelles de Yuki... Elle en avait entendu parler. Mais elle restait tout de même sceptique. Force est de reconnaître maintenant qu'elle s'était trompée. Car le climat du pays de la neige n'est véritablement pas accueillant. La Mamoru a déjà hâte d'être de retour à Marutogoya, de retrouver le confort des Cascades et un ciel qu'elle espère d'un bleu parfait. Mais il se pourrait que le Kamui en décide tout autrement.

C'est en tant que membre du Sasayaki qu'elle a été chargé d'accompagner le Samui lors de ce déplacement. Pour ouvrir l'oeil et obtenir des informations sur les idées qui prédominent au sein de la population. En d'autres termes: pour prendre la température. Et agir en cas ou l'évolution de la situation le lui imposait. La noiraude à du mal à imaginer que quelqu'un puisse être assez fou pour venir confronter l'Empereur. Mais la rébellion a déjà montré qu'elle ne manquait pas de témérité par le passé. Est-ce que tout ceci est lié? Il n'est pas déraisonnable de l'imaginer. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que la plupart des gens attendent avec impatience l'arrivée de ce fameux "héritier". Par simple curiosité ou par sympathie? La réponse sera déterminante pour le sort de ce pays.

La jeune femme observe Kirito s'approcher du Kamui et cherche Ketsuen du regard. La garde rapprochée de l'Empereur... Des Samui, forcément. Il faut croire que la confiance est une vertu qui se perd au sein du Shûkai. A-t'elle seulement existé? Que ce soit maintenant ou à l'époque du Triumvirat? L'accorder à autrui est sans doute l'un des plus mauvais que l'on puisse faire en ces temps troublés. Le choix de Kakeshuou est sûrement justifié. Et d'un autre côté le fait qu'elle soit présente en ces lieux pourrait indiquer que le vieil homme a une certaine estime pour elle. Un bon point? Pas sûr...

*L'Héritier est sûrement déjà dans la foule. Et il aura pris soin d'assurer ses arrières. Nous sommes sur son terrain après tout...* ordonne-t'elle à ses spectres. *Restez attentifs et rapportez-moi le moindre comportement anormal!*

Elle sert le poing et le sceau de commandement qui macule sa paume s'illumine aussi brièvement que furtivement pour appuyer sa demande. La noiraude observe ses serviteurs pourfendre la foule de leurs corps décharnés sans que quiconque en ait conscience. Puis elle infléchit sa course pour croiser Ketsuen et lui décocher un vague regard. Il s'agit d'être discret et d'éviter qu'on puisse la relier à la délégation impériale. Puis d'espérer que ce voyage en valait la peine...

Tokoro, je veux un agent tout les quinze, trente et cinquante mètres autour des déplacement de Kakeshuou-Sama, prêt à agir en cas de frappe d'Est en Ouest et du Nord au Sud de sa position.

Notre priorité reste la protection des civils malgré la présence du grand Kamui. Veillez à rester discret. Nous profiteront de notre présence militaire déjà maximisé depuis l'attaque à notre avantage. À la moindre agitation, je veux que chacun de ces soldats dirigent les citoyens dans les bâtiments les plus près et qu'ils bouclent un périmètre de sécurité si le fils de la montagne engage des hostilités.

Aussi, je compte sur toi pour envoyer une patrouille conséquente au Port. Il n'est absolument pas question que le port soit endommagé ou serve d'échappatoire à l'ennemi. Assure toi qu'ils gardent un oeil sur la capitainerie. On a pas reconstruit tout ça pour rien.

Les ordres avaient été donnés.

Depuis la fin de l'attaque, l'année dernière, que je n'avais pas bougé de Dhartsedo hormis pour quelques exceptions et devoirs militaires. Tranquillement, j'avais commencé à y établir une véritable base d'opération des forces de la police militaire de l'empire du territoire de Yuki no kuni durant les dernières semaines qui avaient suivis la reconstruction du port. Mes intentions étaient donc claires; augmenter le pouvoir de la police de Dhartsedo afin d'offrir un meilleur soutiens aux forces militaires de l'empire qui y étaient basés. Rien n'avait encore été concrétisé, mais cela allait venir.

Après que mes mots eurent été entendu par Tokoro, celui-ci s'affaira sans attendre en sortant du bureau dans lequel je m'étais installé à la nouvelle caserne. Celle-ci avait été reconstruite sur deux étages. Le premier était divisé en deux; une petite partie, à l'entrée, servait de bureau du service au citoyen et l'autre, environ le trois-quart de la superficie du bâtiment sur cet étage, était en fait un grand hall qui servait à la réunion du corps des forces au complet. Enfin, les bureaux et loges des cadres supérieurs se situaient dans la première moitié de la surface supérieur et les dortoirs des hommes dans la seconde moitié.

Et c'était justement dans le grand hall que s'étaient réunis les sergents et chefs d'équipes des forces policières qui allaient recevoir les instructions que je venais de transmettre à Tokoro Samui, le lieutenant de tout ces gens, cousin de mon propre père et celui qui m'aidait à renforcer la garde du port principal du pays de la neige. Et lorsque tout fut expliqué, tous se dispersèrent pour retrouver l'équipe qui était sous leur commandement. Ils allaient se mettre en position. Et je sortis à mon tour.


Mes pas foulèrent la neige éternelle qui reposait sur le sol de ces terres nordiques. Je pouvais déjà voir la foule qui se réunissait devant le Kamui, qui lui débarquait sur le territoire de sa race en étant accueillit par Kirito-Senpai. Nous nous étions rencontré la veille lui et moi, c'était là qu'il m'avait annoncé l'arrivée de notre empereur et des raisons de sa visite. Le tout avait donc été tenu dans le discrétion la plus totale afin de ne pas créer plus d'agitation que nécessaire. Avec eux, une jeune femme que je n'avais jamais rencontré auparavant, une Mamoru qui était probablement une lointaine cousine de ce Higeki que j'avais rencontré au pays de l'eau.

C'est aussi elle que je croisa par hasard dans les rues de la ville, après avoir quitté mon bureau et m'être rapproché des docks. Un seul signe de tête s'échangea entre nous, puis j'allai rejoindre les hauteurs d'un bâtiment qui était dos à la foule. De cet endroit, j'avais un point de vu sur toute la zone.

Comme il était malheureux pour moi de ne pas pouvoir participer à cette joute verbale, surtout puisque j'étais celui qui avait réussit à rallié les Suzurane sous la bannière du Triumvirat qui avait été rétablie au pays de la neige. Loin, trop loin même selon moi, je ne pu me prononcer ni même entendre la totalité du débat qui se déroula entre notre Empereur bien connu et celui que l'on surnommait Le Fils De La Montagne. Cependant, j'avais une vue parfaite de ce qui s'y passait et je pu néanmoins suivre le moindre des mouvements et des gestuelles des deux camps. Kakeshuou-Sama se faisait noble et calme alors que son opposant, lui, était beaucoup plus agité, se faisait beaucoup plus démonstratif et intense tout au long de son discours. L'on ne pouvait le nier, il savait animer les foules et si ce n'était de tout ce travail qui nous avions accomplie au sein du Shukai durant cette dernière année, mais surtout celui que j'avais moi-même accomplie ici-même, à Dhartsedo, le Suzurane oublié aurait facilement pu voir le nombre de ses suivants doubler, voir même tripler suite à un tel discours, à une telle démonstration de ses convictions. Dommage pour lui que j'avais personnellement veillé à ce que l'étendard de l'empire soit hissé bien haut dans la ville portuaire de Yuki no Kuni et que ses habitants y voient un signe rassembleur, un signe de protection. Car après tout, où était-il...ce Hakyô...lorsque les Nukenins attaquèrent sournoisement le port? Avait-il aidé à la reconstruction ou encore à faire sentir ces citoyens que l'on avait à coeur à les aider, à les protéger?

...Jamais. C'était moi, sous le blason de l'empire, qui l'avait fait.

Malgré tout, il réussit à convaincre quelques coeurs enragés de le rejoindre. L'idée d'un retour à un Triumvirat ne plaisait déjà pas à tout le monde et encore moins dans les circonstances actuelles. Le fait d'avoir caché la vérité sur le sort de la vieille Oge n'avait pas plus à tout le monde et certains des anciens partisans de l'empire, ainsi que d'autres qu'ils ne l'avaient jamais supporté, avait trouvé scandaleux d'avoir été assez bête pour se laissé avoir dans les anciens tours de passes passes politique du vieux lion blanc. Ces mêmes scandalisés abandonnaient maintenant leurs maisons pour se joindre au nouveau rival de mon supérieur. Je ne pu qu'hocher la tête de gauche à droite en observant le spectacle et émettre un sifflement de dédain qui passa entre mes dents.

Celaaa seeemble te déraaangeer, peetiit Saaaamuuiii. Laaiisse lees. Cees ââmes sooont faaaibles eeet indiignes.

Pauvres crétins...ils crachent dans la main de ceux qui les ont sauver d'un carnage il y a à peine un an. Qu'ils partent, bande de lâche.

Haaa..haaaaa..haa! Ooon ne peeuut pas toouus êêêtre de geeentil toutoouu de gaaarde commmmme toooiiiiiiii.

Au moins j'ai de l'honneur...et je suis loyal à mes convictions.

Vraaaiiiii...Jeee nee peeuux le niieer jeeeune morteeel.

Et la voix rauque et caverneuse de mon sabre s'effaça pour ne plus être qu'un souvenir emporté par la brise glacée. Pour ma part, je restai en position afin de m'assurer que mon collègue, Kirito, ne tente rien de plus que ce qu'il avait déjà fait. Il avait déjà eut du courage de faire valoir son opinion et d'élever le ton contre ce dangereux personnage qu'était le membre du clan de la rage runique. Aller plus loin serait de la pure folie maintenant, mais il tint sa langue dans sa poche. Probablement avait-il compris que de tenter le diable serait fatal et compromettrait la sécurité civile de la place publique.

L'homme retira alors la lame qu'il avait planté au sol et commença à s'éloigner de notre chef à tous. Je fis alors un signe de main en direction d'un officier de la police impériale qui s'empressa alors de communiquer à tout les autres membres de son équipe qu'il fallait commencer à libérer le passage pour le départ du Suzurane et de ses nouveaux disciples, et ils s'empressèrent à la manoeuvre. Écartant la foule de protestataires qui huaient le nouveau venu et les lâches qui le suivaient, les forces de l'ordre assurèrent que ceux-ci puissent passer sans encombre en dehors du cercle de spectateurs. De mon côté, je suivis leur départ des yeux, puis je descendis de mon toit, l'air sérieux.

Darthsedo allait peut-être avoir besoin de son champion prochainement...peut-être était-ce mieux pour moi de rester dans les parages et de veiller à ce que les forces impériales soient prêtes à toutes éventualités.