Sei et Rei s’affrontaient calmement, testant leur force mutuelle et riant aux éclats – le tout sous l’œil attentif de Kei et Mei qui avaient pris la veille des alentours d’Akio. Ce dernier, agenouillé en plein milieu du terrain d’entraînement, méditait dans le calme. Ses esprits avaient besoin de repos et de distraction eux-aussi, et l’endroit y était parfaitement propice. Ce n’était pas un lieu où la quantité de victimes avait été importante, aussi la quantité d’esprits qui rodaient était faible. Kruo, de son côté, s’amusait à danser en long et large sur le terrain, balançant sa faux à tout va – parfois même passant à travers le corps d’Akio ou des autres sans les blesser. Si jamais il était dit que l’une des faucheuses serait une adepte de ce genre de sports… Le Mamoru se permit un petit sourire serein. Le calme environnant avait quelque chose magique pour lui, et il sentait son corps se ressourcer. Prières et méditations dans le but de restaurer le bien de sa vie. C’était l’essentiel. Rin et Kiara se disputaient entre elles, et Tsuchi jouait avec la terre.

Il aurait aimé que cette idylle dure plus longtemps, mais ce n’était pas la raison pour laquelle il était là. Il était faible. Terriblement faible – seul l’entraînement et l’exercice, en plus des exercices spirituels, pouvaient lui permettre de récupérer une partie de la consistance qu’il avait auparavant. Un peu de cette force qu’il convoitait tellement dans le but de protéger son jeune Maître. Un peu de force pour ne plus se sentir comme un fardeau devant le civil. Un peu de force pour que ce dernier le regarde comme il aimerait être regardé… Dégainant son Katana, il s’appuya avec sur le sol afin de se relever – en l’espace d’un instant, l’Oni qui l’accompagnait cessa toute discussion avec la corbeau et arriva près de lui. Si elle n’avait rien de matériel, Rin était suffisante pour s’exercer au maniement du sabre – et dire que le sien avait des dimensions originales était un doux euphémisme.

Le fer se croisa avec la démone une unique fois avant que le gardien du Nord n’attire l’attention du Mamoru. Quelqu'un venait d’arriver. Rangeant sa lame, le brun se retourna et adressa un sourire gêné à l’inconnu avant de baisser la tête platement.

« Je… C’est votre terrain d’entraînement ? Désolé… Je voulais juste… »

HRP:

Tandis qu’Akio fixait l’inconnu arrivant vers lui, l’intégralité de sa brigade d’esprits et de démons s’évapora en l’espace d’un instant, rejoignant gentiment le collier de ce dernier. Seul un cardinal resta, s’assurant qu’aucune âme opportuniste ne vienne profiter de son ami – c’était bien là la nature de leur relation. Courbant son corps une fois de plus, le brun se releva et vint rejoindre de son regard celui de l’arrivant. Si cela ne le gênait pas qu’il soit sur ce terrain, il n’y avait aucune raison d’arrêter l’entraînement ; sinon la gêne de se montrer en train de combattre l’air. Personne d’autre que lui ne parvenait à voir ses démons, et c’était une bénédiction lorsqu’il s’agissait de rester discret et invisible dans le village – après tout, le Jeune Maître et lui ne se distinguait en rien des autres. C’était seulement ces situations particulières où le Mamoru ressentait l’envie que tout le monde sache ce qu’il vivait. Ce qu’il voyait. Que les incrédules cèdent. Que les croyants aient leur confirmation. Que les gens cessent de le prendre pour un fou spiritué et acceptent sa particularité…

Ses réflexions furent coupées nettes alors que l’arrivant lui proposa de s’entraîner ensemble. C’était… Une alternative viable. Rin aimait d’ailleurs particulièrement l’idée, chantonnant de sa voix rauque dans les oreilles du Médium – comme s’il comptait l’utiliser pour un simple combat d’entraînement... Se courbant une fois de plus, Akio recula son pied droit de sorte à être tourné aux trois quart de l’inconnu. Par la suite, avec la grâce et l’élégance qu’il retournait à sa maîtrise de la Lame, il tendit le bras gauche vers l’adverse et fit passer le droit au-dessus de sa tête, plié sévèrement au niveau du coude. Sa Lame, dans le prolongement de ce dernier, était dans une parallèle parfaite au premier bras, prête à trancher et en découdre. Le corps du brun était encore extrêmement affaibli, sa puissance laissant fortement à désirer comparer à celle qu’il avait connu dans le temps – pourtant, il ne comptait pas se laisser faire.

C’était l’occasion parfaite d’essayer de racheter les multiples pêchés de sa vie. L’occasion parfaite pour récupérer ne serait-ce que pour estimer combien de ses capacités avait-il perdu. Qui serait le meilleur bretteur ? Il n’avait aucune envie de rivaliser. Le calme serein de sa personnalité lui imposait de rester en retrait, mais l’envie ardente qu’il avait de pouvoir, à nouveau, retrouver son utilité aux côtés de son Maître... Elle était suffisante pour mener son bras à la victoire de ce combat. D’un geste serein de la tête, le Bretteur Spirituel montra à son ennemi que ce dernier pouvait se mettre en position également – c’était l’acceptation inconditionnelle du défi.