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 L'idéologie de Kusa [Yano]

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Saibogu Yamato
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Message(#) Sujet: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyVen 10 Juin 2016 - 15:04




Bien que Taki fasse partie de l'Empire, il est relativement rare d'y recevoir des visiteurs de marque. Ce n'est pas vraiment étonnant dans la mesure où la nation se trouve éloignée du centre impérial qu'est le Shozaichi. Et certains pourraient même y voir une opportunité de sauvegarder un peu de l'autorité de jadis. Autrefois les Cascades étaient fières. Et ont fait ce qu'il fallait pour protéger leurs intérêts. Mais qui aurait alors pu prévoir que l'Alliance se muerait en Empire? Et que la liberté que les Pays Neutres s'étaient acharnés à défendre deviendrait alors une prison? Dur de fermer les yeux sur l'ironie de la situation...

Kaya considère les autres petites nations comme des alliées naturelles dans le cadre d'une éventuelle - nécessaire? - lutte pour l'indépendance. Mais tous les Seigneurs de Guerre ne ressemblent pas à Hoheinheim. Certains pourraient très bien s'accommoder de leur situation. Oterashi Yanosa est-il de ceux-là? Cette question a occupé les pensées de la noiraude pendant la majeure partie de son trajet. Et force est de constater qu'en arrivant à destination elle n'a toujours pas trouvé de réponse satisfaisante. Elle doit en apprendre plus sur l'homme.

Pourtant elle possède déjà quelques éléments de réponse. Hoheinheim n'aurait jamais accepté que son voisin construise un forum sur ses terres sans entretenir de relations cordiales. Il y a encore beaucoup de choses que la Mamoru ignore sur Van-sama mais elle est certaine qu'il n'est pas du genre à ployer l'échine. S'il approuve la requête de Kusa c'est qu'il y voit un intérêt. Mais lequel?

Et puis Kaya connaît l'Oterashi de réputation. Comme toute personne s'intéressant un temps soit peu à la politique impériale ou aux exploits de ses combattants les plus aguerris. Il est l'un des rares à avoir posé le pied sur cette île inconnue qui a émergé au large des côtes il y a de cela quelques mois. Ses mérites en bataille sont loués et ses capacités martiales, reconnues. Et il semblerait qu'il ait affronté avec succès un groupe souhaitant s'en prendre aux Mamoru d'après les dires de Nadeshiko. Si c'est le cas alors elle lui est redevable. Mais les récits et les légendes ne suffisent pas à définir un homme. Ni a convaincre la noiraude.

Cette dernière donne une nouvelle poussée et prends à nouveau de l'altitude. Le paysage de Taki défile sous ses yeux, sublimé par les rayons encore timides de l'astre solaire. Les multiples rivières s'entrelacent aux pieds des montagnes et serpentent dans les plaines ou les forêts. L'une d'elle, Kiji, est précisément la destination de la Mamoru. Et la voici enfin en vue. La jeune femme se stabilise quelques instants pour observer les environs avant de se laisser planer jusqu'au sol puis sceller ses ailes dans les sceaux qui recouvrent ses omoplates. Elle est la première.

Les secondes puis les minutes s'égrainent sous le chant des oiseaux. Kaya savoure chaque saveur distillée par la nature et le jeu de lumière subtil des rayons du soleil filtrant à travers les branches des arbres. Le regard posé sur les divers esprits s'étant regroupés autours d'elle, elle finit par remarqué l'approche d'un petit groupe. Elle se redresse sur la souche d'arbre lui ayant jusque-là servi de chaise et s'assure rapidement d'être présentable. Puis accueille les nouveaux arrivants selon l'usage en vigueur.
"Les Cascades vous souhaitent la bienvenue Seigneur Yanosa!" glisse-t'elle poliment en s'inclinant. "Je suis Kaya, du clan Mamoru. Et l'une des élèves de Van-sama. Ce dernier étant absent en ce moment, il m'a demandé de le représenter."
Les yeux de la noiraude se pose tour à tour sur les suivants du Seigneur de Guerre. Ils semblent taillés dans le roc et leur regard est volontaire. Est-ce le fruit de l'entraînement dispensé à Kusa? Un court instant Kaya se demande si son Senseï l'a bien envoyée ici comme hôtesse ou s'il ne souhaitait pas plutôt qu'elle officie comme sentinelle. Peut-être que l'Herbe inquiète le Hoheinheim. Et qu'il souhaite se renseigner à son sujet sous le couvert de l'amitié. Difficile de dire à quoi il pensait en lui demandant de venir ici. Mais il avait certainement une idée derrière la tête.
"J'ai pris la liberté d'amener ma propre main d'oeuvre." indique-t'elle en restant volontairement vague sur la "main d'oeuvre" en question. "Mais je vois que vous disposez déjà de solides bâtisseurs. Bien! Et Maintenant?"
Kaya n'est pas vraiment familière du projet du Seigneur de Guerre. Elle sait qu'il entend bâtir un forum en restant respectueux de la nature. Elle a bien une idée du concept général mais lorsque la culture kusajin - que certains qualifient de brutale - est de la partie, on peut s'attendre à tout...
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Iwa
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptySam 11 Juin 2016 - 15:14

Rendez-vous avait été donné au matin, à l'orée de la forêt de Kiji au sud-est du pays de Taki. Malgré le ton sur lequel s'était conclue l'entrevue du guerrier rouge avec le lumineux il y avait des semaines de cela, les deux hommes avaient pu terminer de sceller un accord de confiance apparente, et le Hoheinheim avait consenti à laisser son homologue Seigneur de Guerre venir bâtir l'un de ces fameux « Forums » dont il lui avait longuement parlé, sur le territoire dont il avait la charge. Si les deux hommes avaient été placés dans un contexte politico-militaire, alors cet accord aurait très certainement pu être une preuve de faiblesse de la part de Van, mais il n'en était rien. Ce que faisait Yanosa, absolument tout ce qu'il entreprenait, ne visait qu'à une seule et unique chose : sauver ce qui pouvait encore l'être de l'humanité, en la poussant violemment au cul si nécessaire. Et si une part non négligeable de violence était effectivement nécessaire dans le processus, la base sur laquelle devrait se bâtir le monde suivant restait d'une simplicité et d'une sobriété à toute épreuve, et c'était précisément une partie de cette base que le Rouge et les siens venaient en ce jour commencer à bâtir à Taki.

La route avait été faite de nuit, après un repas frugal au Forum nord-est de Kusa. Yanosa y avait rassemblé une demi-douzaine d'hommes et femmes, dont certains avaient déjà prouvé qu'ils étaient des bâtisseurs très capables, en plus de posséder les affinités adéquates avec le travail qui les attendait, et s'était mis en route à travers les forêts denses et sauvages. Pour arriver à l'heure, et ne pas faire traîner les choses, le petit groupe avait comme qui dirait coupé à travers champ, en franchissant par deux fois les frontières nord-ouest du Pays du Feu pour en traverser les bois, qui faisaient un raccourci parfait entre l'Herbe et les Cascades. La cadence fut soutenue, assez pour garantir l'horaire convenu, mais pas au point de fatiguer les organismes qui auraient besoin d'être opérationnels une fois sur place. La Porte de la Vie avait beau octroyer à son usager force, endurance et vitesse, il ne fallait en effet pas présumer de ses forces et de son chakra...

Aux premiers rayons du soleil dardant à travers les arbres, le petit groupe fut donc arrivé à destination, ralentissant l'allure et s'approchant en marchant de l'émissaire envoyée par le Hoheinheim. Yanosa, presque en retrait, examinait les alentours en projetant son regard un peu partout, sondant la zone et sa topographie. Après un moment, en écoutant les salutations de la jeune femme brune qui les accueillait, il revint sur le devant du groupe, laissant tout loisir à ses accompagnants d'examiner eux aussi l'endroit.

« Une Mamoru ? Ravi, Kaya. Les membres de ton peuple sont trop souvent mis au rebut ici, à ce que je crois savoir. Van a donc réellement commencé à faire les bons choix... Par contre, lâche le « Seigneur » avec moi, s'il te plaît, les révérences... Pas trop mon truc. »

Yanosa s'interrompit, autant pour examiner plus spécifiquement les yeux noirs et rouges de Kaya que pour écouter la suite de son discours d'accueil. Comme souvent avec les membres de ce clan, il se dégageait de la jeune femme une aura à la fois mortifère et pleine d'une vie invisible. Manipuler les esprits, communier avec eux et tire l'essence du pouvoir de l'au-delà, cela n'était pas un pouvoir qui laissait sa propre aura inchangée... Le guerrier rouge savait toutefois apprécier, contrairement à d'autres, les qualités et le caractère unique des membres du clan Mamoru, de même que ses acolytes bâtisseurs venus de Kusa. Ces derniers, d'ailleurs, semblèrent attirer plus spécialement l'attention de Kaya, et Yanosa eut tôt fait de deviner pourquoi en se « rappelant » de leur condition et de leur état physique actuel.

« Oh, ça... ? C'est en général le niveau moyen que l'on atteint, avec un entraînement rigoureux et l'usage raisonné des verrous de chakra. Vous savez... les Portes Célestes. Maintenir leurs gonds ouverts n'est pas mince affaire, mais avec de la rigueur et du savoir-faire, tu seras certainement surprise de voir ce qu'on peut accomplir.

Ce qui nous amène d'ailleurs... A l'ouvrage en lui-même ! L'endroit... dit-il en regardant à nouveau autours de lui, a l'air vraiment pas mal. A cheval entre forêt et plaine cabossée, avec points d'eau multiples... Oui, ce sera parfait. Je ne sais pas quels détails Van t'as communiqué mais, ce qu'il va logiquement nous falloir à présent c'est avant tout une carrière. De la pierre, en grandes quantités et de bonne qualité. Le Forum qui sera construit ici sera grand... très grand. La relative proximité avec Tetsu pourra se révéler être un atout autant qu'une menace, au moins à court terme, mais ce qui est sur c'est que l'endroit attirera, je l'espère, énormément de monde.

Mais, dis-moi Kaya, quand tu parles de main d'oeuvre... ? Je ne vois personne autre que nous huit ici, jusqu'à preuve du contraire...
 »
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyLun 13 Juin 2016 - 8:40




L'homme est sympathique. Il a le contact facile et surtout cette simplicité qui fait souvent défaut aux pontes du Shûkai. Pour un peu Kaya aurait levé d'étonnement l'un de ses habituels sourcils. Mais elle n'oublie pas en face de qui elle se trouve. Et que si le Seigneur de Guerre semble apprécier les échanges dénués de fioritures, il n'en reste pas moins le dirigeant de la puissante Kusa. Quelque peu prise à contre-pied, la noiraude reste silencieuse quelques secondes avant d'opiner du chef. Le tout en se retenant de s'incliner à nouveau. Les habitudes ont la vie dure...

Mais plus que le comportement de l'individu, ce sont ses mots qui interpellent Kaya. Sa vision des Mamoru semble positif. Et c'est suffisamment rare pour attirer l'intention de la jeune diplomate. Ce dernier appuie même le choix de Hoheinheim de prendre l'une des représentantes de ce clan honni en tant qu'élève. Cette fois-ci le sourire que la manieuse d'esprit décoche à Yanosa est empreint de sincérité. Pourtant elle ne devrait pas être étonnée: cela ne fait que confirmer les dires de Nadeshiko. Mais elle ne s'imaginait pas que l'Oterashi viendrait lui-même sur le sujet. Et aussi rapidement. Oui, il est... différent. C'est une évidence. Et c'est précisément ce qui perturbe la noiraude. Les faux-semblants, elle connaît. La sincérité, un peu moins...
"La situation de mon clan à Taki pourrait être meilleure, c'est vrai." confirme-t'elle. "Heureusement les choses tendent à s'améliorer. Même s'il faut leur donner un petit... coup de pouce de temps à autre. Bientôt nous pourrons à nouveau envisager l'avenir sereinement."
Bientôt... Lorsqu'elle aura pris la tête des siens et séparé le grain de l'ivraie. C'est encore de la musique d'avenir. Mais plus si éloignée que ça. Les rangs de ses alliés grossissent de mois en mois. Yanosa pourrait-il être de ceux-là? Il est bien trop tôt pour l'envisager. Et le fait qu'il ait de la sympathie pour les Mamoru ne signifie pas pour autant qu'il est prêt à verser le sang pour eux. Kaya continue d'observer les suivants du Seigneur de Guerre tandis que ce dernier lui expose le secret de leurs musculatures saillantes.
"J'ai entendu parler des Portes Célestes, oui." indique-t'elle. "Un art aussi puissant que dangereux à ce que l'on dit. Peut-être aurai-je l'occasion de le voir un jour à l'oeuvre. J'espère simplement que ce ne soit pas à mes dépends.
Là encore c'est un sourire qui vient ponctuer sa phrase. L'une des caractéristiques des relations diplomatiques sont leur versatilité. Les alliés d'aujourd'hui peuvent devenir les ennemis de demain à une vitesse qui frôle parfois le surréalisme. Le Rouge et ses hommes ont traversé la frontière pour bâtir. Un jour, peut-être, le feront-ils pour détruire... Toujours est-il qu'aujourd'hui c'est la collaboration qui prime. Et celle-ci est plutôt bien engagée puisque le Seigneur de Guerre semble apprécier l'endroit que Hoheinheim a mis a sa disposition.
"Le Lumineux sera ravi d'apprendre que les lieux vous conviennent. Il met d'ailleurs à votre disposition les ressources de Taki dont vous pourriez avoir besoin pour la construction de ce forum." précise-t'elle avant de desceller une carte des environs. "Le district dispose de deux carrières majeures. Ici et... ici!"
Un esprit se charge de maintenir la carte bien déployée sur la souche tandis que le doigt de la noiraude se balade sur les endroits indiqués. Les carrières sont relativement éloignées mais les mettre à profit ne relève pas de l'impossible. Il faut cependant espérer que les hommes de Kusa sont aussi efficaces que ce que l'Oterashi laisse entendre. Sans quoi les lunes risquent de se succéder avant que ce forum émerge du sol...
"L'une est reconnue pour la qualité de son marbre. L'autre produit du granite. Cette pierre correspond plutôt bien aux vôtres, non?" glisse-t'elle avant de reprendre avec plus de sérieux. "Les deux sont situées aux abords d'une rivière. Nous pourrons d'ailleurs réquisitionner une partie de leurs personnels et de leurs jonques de transport. Mais c'est à la force des bras qu'il faudra les amener jusqu'ici lorsque nous les aurons débarquées..."
Ça prendra un certain temps. Même si les hommes de Kusa sont entraînés et volontaires. Kaya leur apportera son aide. À son niveau. Elle n'a pas la prétention d'égaler des guerriers qui érigent le taïjutsu en dogme. Et ne compte d'ailleurs pas se salir les mains pour bâtir un édifice sans savoir exactement ce dont il s'agit. Ce qui l'inquiète ce n'est pas le forum en lui-même. C'est l'idéologie qui se cache derrière. Idéologie dont elle ne sait rien. ou presque. Mais elle ne restera pas pour autant les bras croisés.

La Mamoru se mords donc le pouce et appose un sceau sur le sol mousseux de la forêt. Il gagne en taille et se remplit d'une mélasse sombre dont émerge quelques têtes recouvertes de cicatrices. Finalement une poignée de petite créatures arrivant à la taille de leur invocatrice font leur apparition. Ils jettent des regards curieux - voir agressif - au groupe de kusajins puis viennent entourer la noiraude.
"Ils ne sont pas aussi disciplinés et forts que vos hommes, j'en ai bien peur. Mais l'avantage c'est qu'on peut les tuer à la tâche puisqu'ils sont... et bien... déjà morts!" dit-elle en tournant son regard vers Yanosa. "Ils seront utiles, croyez-moi!"
Voilà qui répond à sa question sur la fameuse main d'oeuvre dont elle parlait. Kaya a tendance à oublier que la plupart des gens ne perçoivent pas les mêmes choses qu'elle. Les Mamoru sont à cheval entre deux mondes, n''appartenant pas complètement à l'un ou à l'autre. Mais ce qui est bizarre pour le commun des mortels n'est rien de moins qu'une habitude pour les manieurs d'esprits. La noiraude marque une pause, hésitante, avant de reprendre.
"Vous semblez être un homme qui apprécie l'honnêteté, Yanosa-sama. Du moins est-ce l'impression que vous me donnez. Alors permettez-moi de vous demander: qu'espérez-vous en construisant un forum si près de la frontière avec Tetsu? Ce serait l'un des premiers endroits à souffrir des affres d'une guerre avec Kaminari et ses satellites. En fait..." ajoute-t'elle, hésitant à nouveau. "En fait je m'interroge sur l'intérêt que vous pouvez avoir de construire un forum tout court à Taki no Kuni. Pourquoi faites-vous ça?"
Elle penche légèrement la tête sur le côté en se demandant si elle a bien jugé l'homme. S'il est ouvert aux débats alors celui qui se profile risque d'être riche en enseignements. Dans le cas contraire, elle sera simplement remise à sa place. Qu'a-t'elle à perdre. Et puis elle ne remet pas en question la pertinence du choix de son interlocuteur. Elle essaie simplement de le comprendre. Le tout en espérant qu'il ne représente pas une menace à long terme pour les Cascades.
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyLun 13 Juin 2016 - 15:58

« Oh, mais l'avenir sera loin d'être serein pour qui que ce soit Kaya, mais.. nous y reviendrons. »

Le guerrier rouge, sans vraiment le laisser paraître, continua à jauger son interlocutrice aux orbites noirs comme le jais, marchant mollement devant elle de droite et de gauche en examinant encore les alentours. Dans sa tête se profilaient déjà des ébauches de plans et d'agencement, qui permettraient à ce Forum d'épouser naturellement les formes caractéristiques des lieux. Taki et Kusa, voisins de par le fait, n'en disposait pas moins d'une géographie différente, et Yanosa pouvait ici observer tous les confluents qui donnaient in fine sa stature au Lac Towada, au Pays de l'Herbe. Il leur faudrait beaucoup travailler sur le chevauchement des ruisseaux et sur la stabilité au sol, tout en prenant soin de capitaliser sur l'énergie fournie par les cours d'eau, comme ils l'avaient fait pour le Forum nord-est à Kusa.

« Le savoir, Kaya, est l'un des piliers du monde... Ne serait-ce que par curiosité, tu devrais souhaiter voir ces facultés en action, peu importe ce que ça pourrait te coûter... n'ai-je pas raison ? J'ai connu mon lot de combats et de batailles, et je peux te le dire sans détour : tu n'as pas vu de vrai guerrier se battre, si de ta vie tu n'as pas contemplé l'ouverture d'au moins six verrous de chakra. »

Le jashiniste laissa la jeune Mamoru reprendre son briefing et l'observa sortir une carte d'un sceau avant de la poser tout à fait à plat sur la souche d'arbre non loin. A plat... alors que seul le doigt menu de Kaya parcourait nonchalamment ses lignes sans y exercer de pression. Un frisson oscillant entre curiosité et plaisir parcourut l'échine du guerrier rouge, alors qu'il examinait ladite carte en suivant les indications de l'émissaire de Van tout en commençant à sentir tout près de lui d'étranges énergies se muer et se déplacer. Des esprits... à n'en pas douter. Ils ne dégageaient en l'état aucun chakra à proprement parler, mais ils étaient bien là, et il n'était besoin d'être un senseur pour les percevoir. Simplement d'avoir l'esprit ouvert et réceptif à ce genre de signaux.

« Du marbre, sans rire ? Ce truc est bien trop lourd et trop peu abondant pour en faire ce que nous voulons, mais... il pourra servir, pour les fondations à des endroits clés. Le terrain a beau être intéressant, il reste un tantinet difficile par endroit. Le granit, lui, on va en avoir besoin d'un paquet, mais seulement après avoir posé proprement les bases... Shinrô, tu es d'accord ?

- Oué, en faisant les choses dans l'ordre on s'en sortira très bien, et le marbre pourra servir mais inutile d'en extraire trop.

- Ha, quoi que... Tu imagines la tête des nantis du pays, si on leur dit que tout leur marbre a été réquisitionné pour construire « je ne sais quelle fantaisie au sud » ? Je paierais cher pour voir ça... Non, on ne vas pas lésiner sur le marbre, en fin de compte... On en trouvera une utilité, j'en suis sûr », lâcha-t-il en ré-haussant son regard vers Kaya, un air farceur sur le visage.

Mais son attention fut plus ou moins happée par l'intervention de Kaya, qui répondait tardivement à la dernière interrogation du guerrier rouge en déployant un large sceau au sol, d'où sortirent plusieurs corps mutilés mais apparemment capables de se mouvoir. Des morts, « tout simplement ». Yanosa aurait du s'y attendre, mais l'irruption de ces corps désincarnés le prit malgré tout un peu par surprise, content au fond de pouvoir compter sur un peu de main d'oeuvre « gratuite » malgré la force de travail presque infinie dont lui et les kusajins pouvaient faire preuve.

« Et bien... ma foi, ce sera toujours ça de pris. Je ne donne pas cher de leur résistance face à un bloc de granit de 500 kilos, même à plusieurs, mais ils nous simplifieront la tâche pour sûr. »

La Mamoru se fit ensuite plus bavarde qu'auparavant. Non pas qu'elle ait pu paraître réservée ou en retrait les instants précédents, mais dans son regard et son attitude, Yanosa lisait une inquiète curiosité quant à ses desseins, ses ambitions et ce qui pouvait bien accompagner la construction d'un tel édifice. A l'écoute de ces justes préoccupations, le jashiniste ne put s'empêcher de sourire.

« L'honnêteté... En réalité, plus qu'une qualité... ce n'est à mon sens rien de moins qu'un pré-requis. Ceux qui s'avisent de me mentir le paient souvent au prix fort, et m'est avis qu'un menteur de moins ne fait que rendre ce monde un tantinet meilleur... J'apprécie donc, en toute logique, que tu t'interroges ouvertement de la sorte, au lieu de circonvolutionner autours de la question. Si ce Forum doit être construit... C'est avant tout pour matérialiser concrètement les ambitions qui devraient être celles de tous les habitants de ce pays : apprendre ensembles à développer leurs talents individuels tout en se mettant au service d'un Tout bien plus grand.

Je ne vais pas te le cacher, et tu seras libre de rapporter cela à ton « maître », Van, mais certaines personnes, ou même groupes de personnes, ne seront pas capables ou se refuseront à accepter d'embrasser une telle vision de l'avenir, et leur destin ne sera au final pas différent de celui qui attend les menteurs, les hypocrites et les imbéciles. Pourquoi Taki ? Par pure commodité à vrai dire, Kaya. C'est le pays le plus proche de Kusa avec lequel nous entretenions déjà des liens étroits et... il faut bien commencer quelque part. Ne va pas imaginer que la construction de ce Forum est une fin en soit, loin de là. Mais au delà de tout ce que je pourrais t'expliquer, je ne peux finalement que t'inviter à aller voir de tes yeux comment se porte Kusa, ou plus exactement, comment se porte son peuple.

Car si d'aventure des conflits venaient à éclater... je t'assure que je plaindrais sincèrement ceux qui tenteraient de passer en force.
»

Yanosa prit un instant en posant ces derniers mots, avant de se retourner vers ses six compagnons dont le fameux Shinrô.

« Mais des mots, passons plutôt aux actes mes amis : Shinrô, avec trois autres experts, tu resteras ici pour préparer proprement le terrain pour qu'on puisse commencer rapidement à poser les bases. Kamura et Jouza, vous resterez avec moi et Kaya pour aller chercher les premières tonnes de marbre. Une fois réunis ici, on avisera pour la suite, notamment l'acheminement du granit. Si tout le monde a son parchemin... on est parti.

Et... vu que de toute façon je peux facilement rejoindre mes compagnons une fois qu'il seront à la carrière... Que dirais-tu d'aller faire tout de suite un saut à Kusa, Kaya ?
 »

La question était posée de façon anodine, comme si le voyage pouvait s'opérer immédiatement et sans aucune contrainte, et le regard de Yanosa trahissait la simplicité qu'il aurait de les emmener tout deux là bas, en un instant. Sa main tendue vers elle, de même, incitait à un saut de la foi un tantinet inquiétant.



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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyMer 15 Juin 2016 - 11:21




Ce rouge est un fin orateur et il sait garder cette part de mystère qui incite à l'intérêt. Mais plus la discussion avance et plus la méfiance resserre ses griffes autours de Kaya. La réponse que le Seigneur de Guerre lui a fournie est de nature à l'inquiéter. L'homme semble vouloir imposer son idéologie. La Mamoru ne s'en formaliserait pas s'il limitait ses ambitions à sa seule nation. Pourtant il ne cache pas son désir d'étendre sa doctrine au-delà de ses frontières. Elle ne doute pas que l'homme entend agir en accord avec sa vision du bien ou du nécessaire. Mais l'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions?

Que fera-t'il, donc, de ceux qui refuseront de ployer face au... savoir qu'il entend propager? Si les menteurs ne sont que des nuisibles à ses yeux et que leur mort rend le monde meilleur alors il n'y pas besoin d'aller chercher très loin la réponse. D'autant plus qu'il n'hésite pas à mettre en avant la comparaison. Et puis il y a aussi cette phrase au sujet de ceux qui se risqueraient à un conflit contre l'Herbe. Est-une mise en garde, une menace? Ou se contente-t'il d'exposer un simple réalité? Quoiqu'il en soit elle veut bien le croire sur parole. Si tout les kusajins sont semblable à l'échantillon qu'elle a sous les yeux, il y a en effet de quoi y réfléchir à deux fois avant de s'en prendre à leur nation. Kaya n'estime cependant pas nécessaire de préciser que Taki n'est pas sans défense elle aussi. Une guerre d'ego serait sans doute mal placée. Et aujourd'hui, ce sont des alliés qui se trouvent en face d'elle.
"Le savoir, Yanosa-sama, peut également se révéler dangereux. En tant que Mamoru je suis parfaitement consciente de cette réalité..." nuance-t'elle. "La connaissance est un outil, rien de plus. Et placée entre de mauvaises mains elle peut-être aussi destructrice que le plus puissant des jutsus.
Mais elle ne lui apprend rien. Et elle n'entend pas lui donner une quelconque leçon de moral. Simplement à nuancer ses propos et ainsi partager avec lui son propre point de vue. Ainsi que ses réserves. Le rouge apprécie l'honnêteté, donc. Elle se comportera ainsi en accord avec ce dogme.
"Je rapporterai vos propos à Van-sama." indique-t'elle donc sur le ton de l'évidence. "Et vu que vous m'y invitez j'en conclus que certains détails de votre accord lui ont échappés. Il sera ravi d'en prendre connaissance."
C'est en caressant le petit scorpion noir glissé dans sa manche ample qu'elle prononce ces mots. Un bref courant d'air accompagné d'un petit bruit lui indique que le kuchiyose est parti retrouvé son maître. Mais pour l'heure Kaya est tentée d'accepter l'invitation du Seigneur de Guerre. Par intérêt et curiosité. Si elle espère évidemment en apprendre plus sur leurs étranges voisins, elle désire également voir de ses propres yeux le résultat de l'ambition de l'Oterashi. Peut-être que son modèle porte ses fruits après tout. Et qu'il serait en effet bénéfique pour Taki. Même si cela s'avère souvent compliqué, il faut savoir réserver son jugement. Le peuple a parfois besoin d'être mené à la laisse. Dans son propre intérêt.

Le rouge donne ses indications et ses hommes y obéissent avec la discipline qui semblait déjà les caractériser. Le regard de la noiraude les survole rapidement avant de se fixer sur la main tendue vers elle. Ce n'est pas la destination qui l'inquiète mais plutôt la façon qui leur permettra de l'atteindre. Elle hésite encore un instant puis fait un pas dans la direction de l'Oterashi et glisse sa main dans la sienne.
"Quelque chose me dit que je vais le regretter..."
Cette phrase, lâchée en aparté, prend tout son sens quelques instants plus tard. Elle ne comprend pas réellement ce qu'il se passe mais ressent en revanche parfaitement la pression écrasante qui tente de la broyer. Et lorsque le paysage se fige à nouveau quelques secondes plus tard, complètement différent de celui dans lequel ils évoluaient quelques instants plus tôt, elle tombe presque immédiatement à genoux. Elle se sent... fatiguée. Secouée. Son ventre exprime d'ailleurs cette réalité en déversant sur le sol le petit déjeuner ingurgité peu avant. La honte ne tarde pas à supplanter l'inquiétude. Elle sent peser le regard des gens sur elle. Et comme la faiblesse ne semble pas être tolérée à Kusa, elle offre un bien piètre spectacle.
"Je...excusez-moi!" glisse-t'elle en se redressant avec la dignité qui lui reste. "Je ne m'attendais pas vraiment à ça!"
Elle s'interroge encore un instant sur la nature exact de leur... moyen de transport avant de finalement calmer sa respiration et à faire un brin abstraction de la fatigue qui menace de l'étreindre. Elle résiste donc à l'envie - la nécessité? - de prendre appui sur un mur et se force à garder l'esprit clair.
"Je vais être franche puisque vous m'y encouragez, Yanosa-sama. Alors avant que nous commencions la visite je me dois de vous dire: pour l'instant vous m'inquiétez plus que vous me convainquez! Mon avis pèse bien peu dans la balance, évidemment." reconnaît-elle. "Et je n'ai pas la science infuse. Si votre vision du monde apporte en effet bénéfices et prospérité à votre peuple je reconnaîtrai volontiers mon erreur! Mais je me demandais... Si je refuse d'embrasser votre vision de l'avenir me considérerez-vous comme l'un de ces parias que vous évoquiez tout à l'heure?"
Comme l'un de ces nuisibles qui ronge le monde et qui ne mérite pas de respirer? Mal à l'aise, vaseuse, la Mamoru tente de laisser son regard rivé dans celui du rouge. Mais ne nous mentons pas: si elle craint la réponse, elle redoute davantage encore ses conséquences...
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyMer 15 Juin 2016 - 15:02

Avec un tantinet de réticence, la jeune Mamoru consentit à prendre la main du guerrier rouge, non sans avoir relevé quelques nuances qu'elle avait souhaité mettre en évidence dans le discours de ce dernier. La connaissance, selon elle, pouvait représenter une forme de menace et de danger, si elle était mise entre les mauvaises mains. A cela, Yanosa ne pouvait pas rétorquer le contraire, mais il saurait lui aussi y apporter une nuance le moment venu... Avant le grand départ, il sentit la faible signature à peine perceptible d'un être bien vivant quitter le corps de Kaya. Il n'en reconnut pas la teinte, le goût, mais la garda précieusement en mémoire pour la prochaine fois qu'il aurait l'occasion de la sentir. Pour l'heure, toute son attention était de toute façon happée par le processus de téléportation, qu'il initia sitôt la main de Kaya dans la sienne. Un simple mudra de son autre main, et les deux corps commencèrent leur migration vers le sceau choisi par le jashiniste: la manoeuvre pouvait sembler prendre des éternités lorqu'on en était le sujet, mais elle ne prenait en réalité qu'une fraction de seconde.

Kaya et Yanosa se retrouvèrent donc l'instant suivant près du Forum nord-est, attirant à peine quelques regards suite à leur arrivée soudaine. Les locaux commençaient en effet à avoir l'habitude des allers et venues du guerrier rouge, qui mettait ses capacités à contribution pour voyager rapidement d'un pays à l'autre, et la vue d'une passagère suscita à peine quelques haussements de sourcils. Kaya, pourtant, avait une petite mine: c'était même un euphémisme, quand on considérait la masse de bile mêlée à des aliments digérés qu'elle relâcha l'instant suivant sur le sol. Yanosa, quant à lui, n'était pas non plus en reste, même s'il avait appris à amenuiser et contrôler les effets néfastes de ce moyen de transport: son corps tremblait visiblement par endroit et son niveau de chakra avait drastiquement chuté.

« Ha... Pas de quoi t'excuser, Kaya... Ce procédé a beau être très pratique, il est aussi.. pour sûr, très exigeant pour le corps. »

La vue du Forum s'offrait à eux: cet amas gigantesque de pierre qui s'étendait sur près d'un kilomètre de large tout en laissant les arbres et la végétation prospérer en son sein. Tout autours d'eux, les activités en tout genre battaient leur plein, certains transportant à mains nues des marchandises de plusieurs centaines de kilos, d'autre mangeant goulument les fruits de la chasse qui demeurait, avec l'agriculture, la principale source de nourriture du pays, sur de longues tablées en pierre à l'extérieur, et d'autres encore s'entraînant bruyamment à l'intérieur, où l'on pouvait deviner à l'oreille les chocs répétés de la chair contre la chair, et de la pierre ravagée en continu sous les impacts.

« Quoi qu'il en soit.. bienvenu à Kusa, Forum nord-est. Mais je me doute que plus qu'une visite guidée, ce sont des réponses à tes questions que tu aimerais avoir, je me trompe ? »

Il ne se trompait pas, l'inquiétude franchement assumée de la Mamoru transparaissant aisément dans son discours, qui se conclut par une question de fond assez pertinente et à laquelle le jashiniste se devrait de donner une réponse franche. Kaya semblait ouverte... assez du moins pour accepter de se faire trimballer et malmener jusqu'à un pays qu'elle ne connaissait pas ou peu pour en découvrir le secret de la réussite vantée par son « Seigneur » supposé. Le fait est que c'était à ce « Seigneur » que Kusa devait son évolution. Mais bien moins qu'un leader, c'était un guide et un modèle plus que toute autre chose.

« Ton avis n'a pas besoin de « peser » plus lourd qu'un autre. En fait, en ce qui me concerne, il peut avoir autant de poids que n'importe quel autre, quel que soit le « pouvoir » fantoche, politique, appelle ça comme tu veux, que tu pourrais avoir. Et pour répondre à ta question.. Si, au terme de notre petit tour, tu venais à te positionner en ferme opposante à tout ce que ce peuple peut représenter de progrès et d'avenir, alors il sera toujours temps de défendre ton point de vue à l'aide de tes esprits... Et de tes poings. Il y a une culture de la contradiction par ici, et il te sera toujours permis, à minima, de défendre ta position et ta vie par le combat. En un contre un, cela va de soit...

Mais, je gage que les choses ne tourneront pas comme ça, de toute façon. Je te crois assez intelligente pour bien voir qu'il n'y a pas une once de menace dans mes paroles, mais aussi pour ne pas laisser tes doutes persister après ce que tu auras eu l'occasion de voir ici. Je ne te cache pas... qu'il y a une forme de déterminisme, dans tout ça: comme je te l'ai dit tout à l'heure, certains sont tout bonnement incapables d'envisager l'avenir sous un autre spectre que celui qu'ils ont sur les yeux, et d'autres refusent de le faire car ils s'estiment trop privilégiés pour laisser un quelconque changement venir perturber leur « équilibre personnel ».

Je ne te vois pas appartenir à l'une de ces deux catégories, même si.. je peux me tromper. Mais je t'en prie, explore les environs à ta guise, mange un morceau si... enfin, si ton estomac te le permet,et reviens simplement me dire quand tu en auras fini. Je nous ramènerai avant que tu ne me donnes tes « conclusions », si cela peut servir à garder ton franc-parler intact. 
»

Yanosa lui-même alla s'installer à une table en pierre, s'accoudant dessus en récupérant un gobelet pour se servir un grand verre d'eau de la carafe toute proche avec l'autre main.

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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyJeu 16 Juin 2016 - 13:20




La réponse du Rouge à le mérite d'être claire. L’ambiguïté ne semble guère avoir sa place à Kusa ou parmi son peuple. Kaya est étrangement rassurée par ce constat. Si l'honneur cohabite avec la brutalité alors elle a des raisons de se sentir en... sécurité? Ce mot lui semble mal adapté à sa situation. Et pourtant elle ne ressent effectivement aucune animosité dans les propos de Yanosa. Il se contente d'exposer les faits. Rien que les faits. Il n'est décemment pas possible de le blâmer pour ça. En réalité l'homme mériterait plutôt le respect.

La noiraude jette un regard à ses esprits puis sur les gens qui passent autours d'eux. Pourquoi hésite-t'elle à découvrir les lieux. Est-ce la perspective de découvrir que le Seigneur de Guerre a réussi a bâtir une société supérieure à celle de Taki? Que ce peuple représente réellement le progrès et l'avenir? L'homme semble si sûr de lui qu'il favorise les doutes de la Mamoru. Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'elle n'a pas enduré ce voyage pour rien.
"Très bien, faisons ça!" acquiesce-t'elle. "Mais c'est ici-même que je vous ferai part de mes conclusions. Quelles qu'elles soient..."
La jeune femme est prête à se battre pour ses idées elle aussi. Si on a peur de défendre ce que l'on est alors on ne vaut pas mieux que les nuisibles dont parlait le Rouge tout à l'heure. C'est donc avec un léger à priori - dont elle tente de faire abstraction - qu'elle entame sa découverte du forum nord-est de Kusa. Et il ne faut guère longtemps à la noiraude pour faire connaissance avec une culture aux multiples facettes.

Le mélange de simplicité et d’opulence est la première chose qui lui saute aux yeux. Alors qu'à Taki et dans d'autres régions de l'Empire les gens n'hésitent pas à exhiber leurs richesses lorsqu'ils en possèdent, elles se limitent ici au nécessaire. L'éternel clivage entre riches et pauvres n'est pas réellement gommé. Mais la cohabitation semble sereine et basée sur l'échange. L'architecture est également à cette image. Sans ornementations ou fioritures, elle reste révélatrice du savoir faire des bâtisseurs dont l'Oterashi vantait - à juste titre semblerait-il - les mérites à Taki.

La Mamoru prend son temps pour parcourir le forum et ses bâtiments annexes. La plupart des personnes présentes semblent être des guerriers. Certains méditent, travaillent ou... se battent. Kaya a ainsi l'occasion d'assister à une brève - mais violente - altercation entre deux kusajin. Elle pose les yeux sur le sang qui vient de gicler à ses pieds puis sur les gens qui forment une arène humaine. Finalement le différent est réglé par le combat et le vainqueur tend la main au vaincu pour l'aider à se relever. Il ne semble plus y avoir la moindre animosité et le public se disperse dans le calme. De quoi apporter un semblant de réponse à la noiraude.

Finalement les heures s'écoulent, entrecoupées d'un repas savoureux. La fatigue se fait encore sentir mais elle se sent mieux. Ces lieux invitent à l'apaisement. N'a-t'elle pas hésité à rejoindre ce groupe de guerriers qui méditaient? Quoi qu'il en soit elle possède désormais une réponse à ses interrogations. Et c'est le pas décidé qu'elle décide de rejoindre le Rouge. Ce dernier l'attend toujours sur place. Avec impatience? Curiosité?
"Cet endroit est un lieu... étrange. Je n'arrive pas vraiment à le définir en fait. Des choses que je croyais opposées coexistent avec une telle facilité que je me suis demandée un instant si vous n'aviez pas prévu mon arrivée et orchestré tout ceci. Je vous rassure, j'ai compris que ce n'était pas le cas." ajoute-t'elle en souriant. "J'ai vraiment cherché des nuages sur le ciel que vous m'avez dépeint Yanosa-sama. Et je n'en ai pas trouvés...
Pourquoi a-t'elle l'impression d'avouer un échec? La noiraude vient s'installer sur le banc en face du Rouge et se sert à son tour un verre d'eau fraîche qu'elle porte à ses lèvres. Puis son visage s'assombrit tandis qu'elle relâche un soupire.
"Alors je me suis demandée comment vous aviez fait pour arriver à un tel résultat. Et le tableau que vous m'avez présenté m'a presque fait oublier que vous m'aviez déjà donné la réponse. Vous vous êtes débarrassés des nuisibles. Vous m'avez montré une destination Yanosa-sama. Pas le chemin que vous avez emprunté pour l'atteindre. Et si je n'ai rien trouvé parce qu'il n'y avait plus rien à trouver..." précise-t'elle. "Qu'aurais-je trouvé à cet endroit quelques mois plus tôt? Un charnier? De longues files de prisonniers que vous jugiez indignes de fouler vos terres? Vous m'avez montré une parodie de société, rien de plus...
Elle s'imagine déjà entourée des habitants de Kusa et les coups pleuvoir sur elle. La laissera-t'on vivre? Yanosa lui tendra-t'il la main pour la relever lorsqu'il l'aura écrasée? Ou seront-ce ces esprits qui la mèneront de l'Autre Côté? Mais elle est soulagée. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était plus risquée à une si grande honnêteté. Ça fait du bien.
"Et j'imagine que c'est à ce moment que nous retombons dans le traditionnel la fin justifie-t'elle les moyens..." lâche-t'elle, fatiguée. "Et l'instant où je vous avoue que j'avais une idée bien tranchée sur la question avant de venir jusqu'ici. Je ne suis pas sûre d'apprécier votre idéologie Yanosa-sama. Le problème, voyez-vous, c'est que je ne suis pas sûre de la détester non plus..."
Elle finit par relever son regard incandescent pour le plonger dans celui du Seigneur de Guerre. Et maintenant?
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyJeu 30 Juin 2016 - 14:43

Tout en prenant le temps d'échanger quelques mots avec les locaux, le jashiniste endurci laissa son regard vagabonder vers la Mamoru qu'il avait invité sur ces terres de progrès pour voir ce qu'elle voyait, observer ce qu'elle observait, la laissant se soustraire à sa vue bien volontiers lorsque sa curiosité la poussait à aller inspecter plus avant certaines sections particulière du Forum. Yanosa en profita pour régler quelques affaires qui pouvaient nécessiter son attention ou plus simplement son point de vue, gardant un « oeil » sensoriel tourné vers Kaya afin de savoir tout de même où elle se trouvait. Et les heures passèrent ainsi, l'une découvrant, et l'autre s'occupant des façons les plus utiles qu'il pouvait. Il était de toute façon hors de question pour le guerrier rouge d'exécuter un autre voyage rapide en parallèle avant de revenir sur place, ce genre de transposition, à deux qui plus est, demandant une quantité phénoménale d'énergie pour être menée à bien.

Puis, enfin, la noiraude accompagnée de ses esprits invisibles revint à son point de départ, à la tablée où s'était réinstallé Yanosa. Ce dernier ne cachait pas son impatiente curiosité quant à l'opinion que la jeune Kaya avait pu se faire de l'endroit et de ses habitants, laissant ses yeux grands ouverts et ses haussements de sourcil trahir ce sentiment. Sans piper mot, il la laissa donc lui exposer ses observations et réflexions, intéressé et ravi à la fois que le dialogue avec la Mamoru puisse se poursuivre sans une once de langue de bois ou de faux semblant. Et lorsqu'elle en eut fini, il laissa un temps de silence s'installer, immobile, avant de finalement porter un large godet d'eau fraîche à ses lèvres pour le vider d'une traite. Il se hâta ensuite de répondre à la jeune femme, avec toujours cette même franchise qui caractérisait jusque là leurs échanges.

« Une parodie de société qui fonctionne... N'est-ce pas, au fond, la société jalousée par toutes les autres ? C'est une question tout à fait rhétorique: peu importe ce que tu aurais pu voir ici il y a des mois de ça, et peu importe le traitement qui a pu être réservé aux terroristes et aux sceptiques, du moment qu'ils ne soient plus là pour tenter vainement de nuire à notre voie. « La fin justifie les moyens »... un proverbe qui s'affirme autant qu'il ne s'infirme au quotidien à une foultitude d'endroits en même temps à travers le monde. Certains y voient une excuse, ou un prétexte, pour s'autoriser le mensonge, la duperie et le vice, d'autres, comme moi, y comprennent simplement la pure nécessité de leurs actes au sein d'un monde qui agonise.

La vérité ? C'est que la grande majorité des habitants de ce pays ont tenté l'aventure, l'expérience d'une nouvelle idéologie collective, de leur plein gré le plus absolu. Les autres se sont marginalisés d'eux-même... tentant de convaincre leurs pairs « d'ouvrir les yeux » pour les plus modérés, attentant à ma vie et celle de mes proches collaborateurs pour les moins intelligents. De ma main, où de celles d'autres personnes, les dissidents les plus violents et les plus disrupteurs ont été tués, et Kusa a pu continuer son évolution...

Toujours pour dire la vérité... Je suis vraiment satisfait, à titre personnel, de l'issue de cette petite inspection improvisée. On m'a souvent dit prêcheur ou prosélyte, mais rares sont les choses qui me satisfassent autant que cela
, dit-il en avançant simplement sa paume ouverte en direction de Kaya. Un esprit critique ouvert et prompt à admettre ses propres conflits intérieurs. Je te parlais de déterminisme tout à l'heure: sache que sans d'autres esprits comme le tiens, beaucoup d'autres, à la vérité, et bien ce monde est condamné, et nous avec. Toi et les tiens, qui communiquez avec et maîtrisez les puissances d'autres mondes, vous devez l'avoir pressenti, vous aussi. Des démons bien tangibles font irruption un peu partout depuis plusieurs années, les murs qui séparent notre dimension d'une infinité d'autres se font plus ténus et perméables que jamais, et nous continuons malgré tout à l'échelle de notre race à nous préoccuper de choses insignifiantes et méprisables qui nous éloignent de notre vrai objectif.

De celui qui cultive la terre à celui qui tord les dimensions de l'espace, à un autre qui bâtit des cités de cristal en passant par d'autres encore qui, comme toi, peuvent mettre à profit les forces occultes et dialoguer avec elles: tous peuvent et doivent s'unir au sein d'un nouvel ordre, un ordre sans frontières qui n'aura qu'un seul but: faire atteindre son apogée à notre race.
»

Après ce long discours, Yanosa s'arrêta net, se servant à nouveau de l'eau dans son godet pour le vider aussi sec en fermant les yeux. Il ignorait si au fond Kaya pourrait compter activement dans les rangs de ceux qui œuvreraient pour ce nouvel ordre uni, mais il savait au fond que faute de mieux, elle ne s'en constituerait pas un obstacle dans le pire des scenario. Elle était proche du Hoheinheim, et ferait peut-être primer sa loyauté envers lui sur toute autre chose qui pourrait entrer en conflit avec celle-ci, mais lui exposer l'entièreté de sa vision du monde et des projets qui en découlaient restait un risque relativement raisonnable. Van lui-même avait de toute façon été averti en première main de l'urgence de la situation et de prendre les responsabilités qui s'imposaient, il n'y aurait donc pas de grande révélation possible de ce côté là. Ce qui restait encore une inconnue relativement importante aux yeux du guerrier rouge, c'était comment le clan Mamoru, installé dans différentes forêts du pays des Cascades, recevrait le « message » apporté par les kusajins et leur représentant le plus charismatique. Et la réponse donnée par Kaya, aussi personnelle et subjective qu'elle pouvait être, pouvait malgré tout représenter un premier élément important de ce nouveau puzzle auquel Yanosa et les siens s'attaquaient.

« Mes collègues ont du atteindre la carrière de marbre à présent... lança-t-il ensuite, songeur, en observant les rayons du soleil. Sauf si tu veux prendre le temps d'autre chose... On retourne à Taki quand tu veux pour commencer le travail. »



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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyVen 1 Juil 2016 - 7:15


Kaya baisse le regard sur la coupe qu'elle entoure de ses doigts puis sur les esprits qui forment un cercle modeste autours d'eux. Les réponses apportées par le Rouge en soulèvent davantage encore. Et lorsque la jeune femme croit comprendre une nouvelle facette de l'homme alors elle se rend finalement compte qu'elle n'a fait qu'en effleurer la surface. Le monde n'est pas tout noir ou tout blanc, c'est une évidence. La Mamoru l'a appris au moment de sa familiarisation avec les secrets de son clan. Mais la nuance de gris dans laquelle évolue l'Oterashi lui était jusque là inconnue.

Le pire dans tout ceci c'est que la noiraude est parfaitement consciente que la portée du discours du Seigneur de Kusa la dépasse. L'honnêteté qui le caractérise s'accompagne d'une multitudes d'informations qu'elle a l'habitude d'obtenir avec patience et ruse. Le fait que ce ne soit guère nécessaire ici la place dans une situation inconfortable. D'autant plus qu'elle n'a guère les arguments pour contrer la logique implacable du Rouge. Il a raison. C'est une évidence dont elle aurait préféré ne pas avoir à tenir compte. Il est aisé de mépriser l'utopie. Mais beaucoup moins d'accepter qu'elle puisse devenir réalité...

La fin justifie les moyens... Tout tourne autours de cette simple phrase. Il est vrai que ce proverbe est souvent utilisé en guise d'excuse ou de prétexte. Mais il arrive que des gens de bonne volonté se servent de cette philosophie pour le bien du plus grand nombre, noircissant leurs âmes pour préserver celles des autres. L'Oterashi est-il de ceux-là? Prêt à se salir les mains pour que d'autres n'aient pas à le faire? Ou simplement un dictateur qui cache ses réels desseins derrière le bouclier de l'altruisme? Certains disent que la folie est la marque du génie. La Mamoru espère simplement que ce postulat s'applique au Rouge.
"Il existe des maux nécessaires, oui..." concède-t'elle. "L'espoir et les belles paroles n'ont jamais fait avancer le monde et je vous rejoins sur la nécessité d'agir avant qu'il ne soit trop tard pour l'humanité ou la civilisation qu'elle s'efforce de construire. Mais il m'arrive de me dire que..."
Elle marque une pause et relève le regard pour croiser celui du Seigneur de Guerre. Elle se sent presque honteuse d'exprimer sa pensée à haute-voix dans un lieu qui respire la volonté d'agir. Mais ce serait manquer de respect au Rouge que de faire preuve de retenue dans cette échange placé sous le signe de l'honnêteté.
"Il m'arrive de me dire que l'humanité mérite l'obscurité vers laquelle elle se précipite. C'est peut-être simplement notre nature qui s'exprime dans ce... besoin d'auto-destruction." elle hausse tristement les épaules. "Je ne crois pas être pessimiste. Je me considère plutôt comme une réaliste. Et tant que l'humain restera ce qu'il est je ne vois malheureusement aucune raison de me tourner vers l'optimisme."
Et puis, surtout, Kaya n'est pas de celle qui souhaite aider son prochain. Son intérêt se porte exclusivement sur Taki et les Mamoru. Un territoire et un clan déjà suffisamment vastes pour que ses ambitions s'y limitent. La jeune femme serait curieuse de voir le monde que l'Oterashi espère bâtir. Mais il lui semble à présent clair qu'elle n'y contribuera pas. Et ne s'y opposera pas. Le Rouge fait ce qui lui semble juste pour le bien de son peuple. Comment le lui reprocher? N'agit-elle pas de la même manière en ce qui concerne le sien? Reste à savoir combien de temps les intérêts des habitants de Taki et de Kusa resteront communs.
"J'aimerais vous demander quelque chose Yanosa-sama: m'autoriseriez-vous à rester une semaine ici, au forum? Je n'ai fait qu'effleurer la philosophie de ces lieux. Et j'espère que quelques jours supplémentaires m'aideront à la comprendre. Certaines choses m'échappent encore et je n'aime pas juger ce que je ne comprends pas vraiment..." dit-elle avant de nuancer ses propos. "Bien sûr je compte m'acquitter de la mission qu'on m'a confiée et vous pourrez évidemment compter sur moi pendant toute la durée des travaux à Taki. Mais ensuite..."
Elle retient un sourire en se disant que la vie est décidément bien imprévisible. Le matin-même elle aurait sûrement rigolé si on lui avait dit qu'elle voudrait volontairement quitter Taki le temps de quelques jours. Et maintenant... La noiraude saisit la main tendue par le Rouge et se prépare à un voyage aussi bref que désagréable. Cette fois ce n'est plus la curiosité qui l'anime mais bien l'appréhension. Dire qu'elle vient à peine de se remettre du précédent voyage...
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptySam 2 Juil 2016 - 16:50

Devant la réponse donnée par Kaya, le guerrier rouge resta coi pendant un instant, marquant un bref et presque imperceptible mouvement de recul sur son assise en continuant de fixer son interlocutrice. Mériter les ténèbres... Voilà une éventualité, une hypothèse, une possibilité, qui lui faisait en réalité froid dans le dos. Cela ne faisait pas loin d'une décennie que Yanosa oeuvrait pour tenter d'affirmer la destinée humaine, guidée par la prestance et l'influence divine de Jashin, le plus fervent défenseur de la cause humaine et aussi le moins connu. Il savait -ou croyait savoir- que son Guide ne lui aurait pas caché ce genre de « détail », à savoir, l'absolu futilité de toute son entreprise. Il ne l'aurait pas lancé sur une trajectoire qui était vouée à s'écraser sur un mur infranchissable, tout en lui octroyant ce « pouvoir », cette capacité à renaître sans cesse ou à défaut de ne jamais mourir. A moins, bien sûr, que malgré son statut et l'entre-dimension dans lequel il résidait, il ignora tout de cette fin programmée et inéluctable de l'Homme... Ce qui était une autre hypothèse, une autre possibilité, tout aussi inquiétante pour le guerrier rouge, qui avait lui-même parlé de déterminisme un peu plus tôt et savait pertinemment que cette notion pouvait également jouer contre lui.

« Réaliste, pessimiste... Ce sont des humeurs, rien de plus, ce sont les actes qui font le monde et pas les tempéraments . Mais je t'accorderai ce point que... si effectivement l'humanité est vouée à sombrer dans les ténèbres, alors peut-être que tout ce qui est entrepris, tout ce qui est mis en oeuvre notamment par moi et les miens, alors peut-être effectivement que tout cela est fait en pure perte. Mais quels choix nous resterait-il alors, autre que de précipiter ces ténèbres ou de continuer à tenter vainement de les combattre ? Jusqu'à preuve du contraire, cet aspect là de notre destinée nous appartient encore et je compte bien continuer à me battre pour elle, et à tuer ceux qui voudront m'en empêcher aussi longtemps qu'il le faudra. »

Yanosa ne cachait pas un certain malaise en donnant sa réponse à la Mamoru, mais choisit de ne pas donner plus de suite que cela à cette « brèche », pour ainsi dire, pratiquée par celle-ci dans la voie qu'il lui avait exposé. Kaya enchaînait, de toute façon et bien heureusement, sur un autre sujet pour autant lié au premier. Elle lui demandait la permission de reste une semaine ici ? Pour qui pensait-elle passer aux yeux du jashiniste... une espionne ?

« Hahaha ! Tu me demandes mon autorisation, à moi, et pour ça ? En vertu du rapprochement amorcé entre Kusa et Taki, et pour n'importe qui ici et ailleurs, tout Mamoru quel qu'il soit est le bienvenu pour la durée qu'il souhaite. Il n'y a pas de secret à garder ici, aucun qu'on ne soit prêt à partager en tout cas. Tu me diras simplement si tu préfères revenir ici comme ça, dit-il en prenant la main de Kaya et en la serrant fermement pour déclencher la transposition vers Taki

...ou par un autre moyen de ton choix, rajouta-t-il alors que le décor autours d'eux venait de changer assez radicalement. Ce n'est pas la même durée.. mais... ce ne sont pas les mêmes efforts non plus. »

Le duo venait de rejoindre en un clin d'oeil l'équipe chargée de recueillir le marbre qui servirait principalement à créer les fondations, et qui avait manifestement déjà commencé le travail. Les mains et les bras de certains déjà nimbés de foudre ou de vent tranchant et taillant dans la carrière, d'autres s'affairant à lier des troncs et des branches entre eux pour former de très utiles plates-formes de transport, chacun connaissant son rôle et son domaine de prédilection.

« Et parlant d'efforts... En avant, ma foi. »
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyMar 5 Juil 2016 - 6:02


Elle s'imaginait que le retour serait peut-être plus supportable. Mais l'arrivée se révèle aussi brutale que la dernière fois. Kaya est prise de nausée et s'éloigne pour prendre appui sur de la roche déjà taillée. L'entrain dont fait preuve Yanosa l'énerve quelque peu. Ou, pour être plus exacte, le sensation de faiblesse qu'elle ressent en se trouvant à ses côtés. La Mamoru n'a jamais été très portée sur les efforts physiques. Pourquoi le serait-elle alors qu'elle dispose constamment de serviteurs pour l'épauler? Elle n'a pas fainéante pour autant mais l'ardeur des hommes du Seigneur de Guerre et de l'intéressé en question accentue un contraste un peu trop évident à son goût.

La jeune femme ne cherche pas à donner le change et s'accorde les minutes dont elle a besoin pour récupérer du voyage. Pourquoi cacher ce qui est évident? Ou chercher à égaler l'efficacité des hommes du Rouge? Elle aidera à sa manière, selon ses moyens. Et ses moyens, justement, prennent la forme des démons déjà invoqués avant le départ à Kusa. La noiraude sert le point et le sceau qui macule cette dernière s'illumine un bref instant d'une lueur sombre. Les créatures se regroupent rapidement autours de leur maîtresse qui leur ordonne de transporter les pierres jusqu'aux navires. Ils vocifèrent par principe mais s'exécutent rapidement. Ils connaissent le prix de la désobéissance.

Kaya, de son côté, entame un large tour sur le cratère formé par la carrière. Les mains dans le dos, le regard attentif, elle observe les kusajin découper la roche avec une aisance qui rendrait bien des utilisateurs de taïjutsu jaloux. Elle s'interroge: ces hommes ont-ils été volontairement triés sur le volet pour impressionner? Où sont-ils représentatifs du pays voisin? Ce qu'elle a vu au forum quelques minutes plus tôt la ferait plutôt pencher pour la première hypothèse. Est-ce pour cela que Van-senseï a autorisé l'homme à propager sa vision du monde au-delà de ses frontières? Pour le ménager? Parce qu'il sait qu'une guerre avec le voisin ne serait pas de bonne augure pour les Cascades?
*Est-ce qu'il est sincère dans ses démarches avec Kusa?*
Voilà bien l'une des réponses qui lui fait cruellement défaut. Il faudra attendre le retour du Hoheinheim pour comprendre le but de cet accord. Pour peu qu'il soit disposé à en parler avec elle. Même s''il s'est montré honnête jusqu'à maintenant, le maître de Taki ne lui dit pas tout pour autant. Ce qui, en soit, est tout à fait normal. Le pouvoir amène les secrets dans son sillage. Et la plupart ne sont sûrement pas de nature à être partagés...

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Les réflexions sur Kusa et son Seigneur de Guerre laissent peu à peu place à l'ennui. Les heures s'écoulent et hormis garder un oeil sur ses démons pour s'assurer qu'ils ne succombent par à leurs instincts primaires, Kaya n'a guère été active. Son inaction reflète ses incertitude quant à la situation. Elle ne souhaite pas vraiment apporter son aide pour bâtir un forum qui représente une philosophie dont les subtilités lui échappent encore. Mais elle est en revanche consciente que plus les travaux dureront et plus elle sera amenée à passer du temps en compagnie des kusajins. Non que ça lui déplaise. Mais c'est toujours des heures, des minutes et des secondes qu'elle pourrait employer pour des desseins plus... personnels.

C'est donc une poignée d'heure avant le coucher du soleil qu'elle retire son manteau et dévoile une tenue facilitant davantage les mouvements. Elle se laisse glisser en bas de son observation, aux côtés du Rouge qu'elle gratifie d'un léger sourire et d'un signe de tête décidé. Quelques secondes plus tard une faux maniée par un spectre s'enfonce profondément dans la roche pour la découper sur sa hauteur. Les coups recommencent encore une dizaine de fois et cisèlent un cube de marbre. L'opération se répète ensuite tandis que la Mamoru puise allègrement dans son chakra pour compenser son manque de compétences physiques.
"Je me rendrai à Kusa par mes propres moyens, en fait!" indique-t'elle sur le ton de la discussion. "Votre méthode de déplacement est efficace, c'est certain. Mais elle n'est définitivement pas faite pour moi. Et puis ne dit-on pas que le voyage est tout aussi important que la destination? Je m'en voudrais de passer à côté des paysages de votre nation!"
Et elle lui aurait bien fait part de sa décision plus tôt si seulement elle était capable de résister aux effets négatifs d'un déplacement si rapide. Quelle piètre image elle doit offrir... Pourtant elle n'en n'a pas vraiment honte. Les choses semblent faciles avec les kusajins. Il s'agit simplement d'être soi-même dans le fond. Comme si les boucliers que la vie vous force à ériger pour vous protéger des autres n'avaient soudainement plus la moindre utilité. C'est déroutant. Mais également libératoire. Un mince sourire naît à nouveau sur les lèvres de la noiraude tandis qu'elle poursuit ses efforts.

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La clarté lunaire illumine déjà les Cascades lorsque les travaux sont arrêtés pour la journée. Kaya n'a pas vraiment tenu le rythme et s'est résolue à un repos forcé. Entre la fatigue et son niveau modeste, les efforts soutenus l'ont plus ou moins achevée. C'est donc le regard dans le vague qu'elle observe les flammes du feu de camp danser face à elle. Elle puise de temps à autre dans son bol de riz en repoussant constamment le sommeil qui menace de l'étreindre. Les kusajins, quant à eux, trouvent encore la force de plaisanter entre eux.

Kaya, elle, est inquiète. Parce qu'elle aimerait éviter de plomber l'ambiance avec ce qu'elle a à dire. Peut-être que cela perçu comme une insulte. Ou encore un signe qui traduit un manque de confiance. Elle comprendrait l'une ou l'autre interprétation. Mais elle n'oublie pas à quel nation va sa fidélité. Et les devoirs que cela comporte.
"Je vais devoir vous interrompre... Votre présence est soumise à quelques conditions, comme vous le savez. Aucun membre de la délégation kusajin n'est autorisé à se déplacer librement dans le pays de nuit. Ceci dans le but - vous le comprendrez aisément - d'éviter des actes qui pourraient ternir les relations entre nos deux nations." indique-t'elle avant de juger utile de préciser un détail. "Et croyez-moi: je saurai si quelqu'un va à l'encontre de cette simple règle de prudence."
Un esprit attribué à chaque étranger. Des veilleurs qui ne dorment pas et ne font pas le moindre bruit. Voilà qui devrait suffire à contrôler les déplacements des invités des Cascades. Mais le ton employé par la jeune femme ne traduit pas vraiment de la méfiance. Elle se contente d'exposer les ordres qu'elle a reçus et qu'elle compte bien faire appliquer. Le tout en espérant qu'elle n'aura pas à se mesurer à cette meute de guerrier et que Yanosa soit fidèle aux accords conclus entre les deux nations. Mais jusqu'à présent ce dernier ne lui a pas donné de raisons de douter sur ce point.
"Je vais me coucher!" ajoute-t'elle. "Je vous souhaite une excellente nuit!"
Laissant ainsi une partie de ses esprits derrière elle, la noiraude s'exécute et rejoint rapidement une branche d'arbre sur laquelle elle s'installe aussi confortablement que possible. À chaque jour suffit sa peine!

<=====<>=====>

Ce sont des coups répétés qui la tirent des bras de Morphée. Et elle n'a pas besoin d'ouvrir les yeux pour imaginer les kusajins s'activer avec l'énergie qui les caractérise. La Mamoru regagne le sol et se frotte un instant les yeux en baillant. Levée du mauvais pied, encore à moitié dans les vapes, elle ne tarde pas à rejoindre le Rouge et à lui adresser un vague signe de tête encore nimbé de fatigue. Elle écarte ensuite une mèche de cheveux de son visage avant de l'observer avec un agacement quelque peu perceptible.
"Dites, par curiosité..." commence-t'elle d'une voix encore un peu rauque. "C'est quoi la journée type d'un kusajin? Vous dormez de temps à autre quand même?"
Elle commence à redouter les prochains jours. Seront-ils tous marqués par ce rythme effréné. Mais la jeune femme se rassure quelque peu en se disant qu'elle reste maîtresse de son emploi du temps. Et pour l'heure, elle n'a qu'une idée en tête. Une idée qui ne rime certainement pas avec efforts intenses dès le réveil!
"J'ai besoin d'un bon plongeon dans la rivière." lâche-t'elle, résignée. "Parce que tout puissant que vous soyiez Yanosa-sama, la seule envie que j'ai là, maintenant, c'est d'enfoncer mon poing dans le visage de l'un de vos hommes..."
Le pire c'est que ça ferait sûrement plaisir à la personne en question. Il y verrait là une simple joute pour régler un différent. N'est-ce pas ainsi que les problèmes se règlent à Kusa? Un peu de sang versé, quelques dents en moins et la rancune disparaît. Un sourire malicieux s'installe sur les lèvres de la Mamoru tandis qu'elle cherche une certaine forme d'approbation dans le regard du Rouge. Comprend-t'il le déclic qui vient de s'opérer?
"Est-ce que je... peux?" se risque-t'elle avant de désigner l'un des kusajins. "Disons que j'ai un différent avec le grand brun, là. Je peux le provoquer en duel pour obtenir réparation?"
Au-delà de cette simple question c'est surtout la curiosité qui s'exprime. Il est vrai que la Mamoru songe sérieusement à affronter l'un de ces hommes. Histoire d'évaluer la qualité de l'entraînement qu'il a reçu. Entre un champ de bataille et une carrière de pierre il y a une différence... Décidée, Kaya croise ses bras et continue d'observer Yanosa en plissant les yeux. Peut-elle?
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyMer 6 Juil 2016 - 15:48

Aussitôt revenu à Taki en compagnie de Kaya, Yanosa lorgna du côté de la carrière, en jetant un oeil à Mizuchi sur sa droite qui était le porteur du sceau qu'il venait d'utiliser pour se transposer avec la Mamoru. Cette dernière, comme à l'allée, ne semblait vraiment pas dans son assiette, ce qui ne surprit pas le Rouge outre mesure étant donnée l'intégrité physique de sa passagère. Pas frêle pour un sous, elle n'en restait pas moins une guerrière de l'ombre, une tacticienne, peut-être, surtout encline à déployer ses démons via l'art du Fuuin, et en aucun cas n'avait un corps apte à accepter sans broncher les contraintes imposées par ce genre de voyage. Sans piper un mot de plus, Yanosa s'était donc avancé au coeur de la carrière en laissant Kaya récupérer sur place, en marge, et se mit au travail avec les siens.

Spécialisé, entre autre, dans l'usage du Raiton, le jashiniste s'empressa dans un premier temps d'extraire avec ses comparses de grandes quantités de marbre brut, laissant des mains plus finement équipées, et dotées entre autres de lames forgées de main de maître par Asuka, donner un peu forme au matériau avant de l'acheminer en dehors du cratère. Travaillant à la chaîne et malgré tout de bon coeur, tout ce petit monde était assisté par une véritable petite brigade de démons placés sous la tutelle de Kaya, restée en retrait, et qui s'employait surtout à transporter les lourds stock de marbre d'un point A à un point B, jusqu'aux charrettes en bois improvisées en l'occurrence. Taquin, un peu curieux aussi, Yanosa ne put s'empêcher à l'occasion de propulser un bloc de matériau de 200 kilos vers l'un des démons qui redescendait la côte du cratère. L'expérience aurait pu dynamiser le flux... si toutefois elle avait été concluante.

Coïncidence ou pas, peu après cet « incident », Kaya décida de rejoindre la troupe de kusajins à l'œuvre en dévalant la pente et en faisant signe à Yanosa, revenant sur le sujet qui avait été laissé en suspend des heures plus tôt après avoir donné plusieurs coups de faux mystique dans le marbre brut restant à extraire, le taillant efficacement et contribuant -enfin?- au bon déroulement des travaux.

« A ta guise, c'est tout à fait compréhensible. Après tout, même moi, je ne suis pas contre une petite ballade de temps à autre... Quand j'en ai le temps, ceci dit. Tous les Jisetsu du monde ne peuvent pas m'en donner assez, pour ce qu'il y a à faire... Joli coup de fourchette, au fait. Mais ça ne vaut pas de l'acier Kinzoku: tiens, cadeau, dit-il en ramassant puis lançant aussi sec un katana en apparence simpliste à la Mamoru. Vois ça comme un... hm... cadeau diplomatique ? »

Forgée et affûtée par une Kinzoku de sang mêlée, ce sabre, comme d'autres armes de la même créatrice, représentait un aboutissement absolu en la matière, ce que Yanosa laisserait tout le temps à la Mamoru de découvrir en temps et en heure. Mais, les heures passant justement, le moment vint où le repos fut de mise. Les organismes, éreintés malgré l'enthousiasme de leur propriétaire respectif, se reposèrent devant de belles pièces de chasse rôties au feu en échangeant des boutades et des éclairs de pensée. Fatiguée, elle aussi, mais sans doute plus à cause des voyages de la journée qu'autre chose, Kaya n'en trouva pas moins la force pour lancer les avertissements d'usage.

« T'en fais pas va... On est là pour bâtir et instruire, pas pour faire du contre-espionnage avec une nation qui est de toute façon déjà alliée à la nôtre... répondit Mizuchi. Mais t'inquiète ! Tu devais nous balancer le laïus, maintenant c'est fait: profite du gibier maintenant ! Hahaha ! »

Yanosa ne rajouta pas un mot, n'en pensant pas moins. Il avait pris l'habitude de naturellement prendre la parole pour exprimer la pensée collective des siens, mais laisser parfois l'opportunité à ces derniers de le faire à sa place l'emplissait d'un sentiment de satisfaction fugace et incongru, qu'il n'aurait pas pu s'imaginer ressentir il y avait de ça quelques années.

« Bonne nuit, Kaya... » finit-il par dire, lorsque la Mamoru s'éloigna pour aller se coucher. Il n'aurait pas trop su dire quoi à ce moment là, mais une douce et sombre aura sembla l'embrasser de ses membres intangibles, lui donnant un léger frisson, lui le guerrier au sang si chaud.

Le lendemain, avant que le premier rayon du soleil ne daigne percer à l'horizon, le groupe kusajin était déjà à l'œuvre. Yanosa fut préposé à la charge des derniers gros blocs sur les charrettes, faisant la liaison entre le cratère et le chemin qui s'en éloignait, et fut donc également le premier à revoir la mine pâle de Kaya pointer le bout de son nez, accueillant non sans un certain degrés de plaisir ses cheveux aussi noirs que le néant.

« Haha ! Pour tout te dire... dit-il en terminant de charger un énorme bloc de marbre, beaucoup d'entre nous, en temps normal, trouvent du repos en pleine journée en méditant. La nuit n'est pas vraiment plus un temps de repos que ça, pour nous. Mais, travailler la nuit dans une carrière... n'a rien de vraiment pratique, ça c'est une certitude. »

Yanosa la laissa s'approcher, suivant son regard qui alla darder en contrebas, vers Mizuchi, toujours à l'œuvre à l'extraction. Puis le rouge eut la preuve que son laïus sur le franc parler avait bel et bien pris chez la Mamoru. Il commençait à l'apprécier, foncièrement, et ne sut trop sur le moment ce qui était en plus grande partie la source de son rire: l'humeur de chien de la Mamoru au réveil, ou la nature de sa requête.

« Haha... Hahaha ! Réparation tu dis ? Je ne sais pas ce qu'a bien pu te faire Mizuchi pour que tu lui en veuilles mais, grief ou pas je ne pense pas qu'il sera contre une petite joute. Et, ce ne sont pas « mes » hommes. D'abord parce que Kizu représente la gente féminine kusajin dans le groupe et ensuite parce qu'ils n'ont pas d'ordre à recevoir de moi. Fais à ta guise, donc, mais... côté réparations... hormis la satisfaction très hypothétique de lui faire mordre la poussière, ne t'attends pas à grand chose ! »
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyJeu 7 Juil 2016 - 5:59


La sérénité que dégage le Rouge est contagieuse. Mais ignorait que son détachement l'était également. Elle fronce les sourcils lorsqu'il se met à rire, se demandant s'il se fiche d'elle. Puis c'est un sourire qui vient se dessiner sur les lèvres de la Mamoru, annonciateur de son propre rire cristallin. Elle hoche la tête de gauche à droite, résignée et amusée en même temps. Elle se sent bête d'avoir été si sanguine pour des raisons qui, finalement, ne sont guère suffisante pour se battre. L'esprit un brin plus clair, son humeur massacrante apaisée par ce bref échange, elle lâche un long soupire qui traduit davantage une prise de conscience qu'une simple désapprobation.
"S'il est favorable à un duel alors ce dernière n'a plus vraiment raison d'être dans ce cas." fait-elle remarquer, malicieuse. "Le but n'est pas vraiment qu'il y prenne du plaisir... Votre mentalité est porteuse d'une révolution, c'est certain. Mais qu'Isanami m'en soit témoin: elle est tout de même sacrément bizarre!"
Ce n'est pas une insulte voilée. Plutôt une constatation qui lui semble évidente. Mais si elle pousse quelque peu son raisonnement et qu'elle se libère de l'affection qui naît en elle pour le Rouge, une réalité s'impose: les kusajins prendraient un certain plaisir à faire la guerre. Peut-être est-ce même là tout ce qu'ils désirent, la seule chose qu'ils attendent vraiment. Des bâtisseurs appréciant la destruction? L'idée semble quelque peu étrange elle-aussi. Elle pressent qu'il lui faudra un certain temps pour comprendre ces gens. Et elle en vient même à se demander si une semaine passée dans le Pays de l'Herbe sera suffisante pour saisir la majorité des subtilités de cette culture.

Toujours est-il que Kaya n'est plus vraiment encline à croiser le fer avec des gens qui se posent en alliés de Taki. Par prudence mais aussi par stratégie. Pourquoi exposer ainsi ses capacités à un homme qui pourrait très bien les retourner contre elle un jour ou l'autre? Ce dernier semble connaître les Mamoru. Il a même été jusqu'à lui assurer protection sur le territoire de Kusa. Mais certaines subtilités doivent sûrement lui échapper. Il est dans son intérêt que cela continue ainsi. Parallèlement elle ne peut s'empêcher de se sentir coupable. Le Rouge s'est montré honnête du début à la fin. Il ne lui a pas tout dit, c'est évident. Mais qui le ferait? Elle, de son côté, à l'impression de jouer un double-jeu qui la dérange. Mais tant pis!
"Je m'absente quelques instants!" lâche-t'elle finalement avant de s'éloigner, s'arrêter puis se retourner à nouveau vers le Seigneur de Guerre. "Ha! Et s'il-vous-plaît, évitez d'écraser un nouveau démon. Ils sont plutôt durs à apprivoiser. Sans parler du temps que cela peut prendre..."
Elle lui décoche un léger sourire puis s'enfonce dans les bois qui délimitent le chantier pour rejoindre le coude de la rivière. Kaya puise dans ses ressources sensorielles pour s'assurer qu'aucun petit curieux ne laisse traîner ses yeux sur ses courbes puis s'enfonce dans les flots frais. Elle entame quelques longueurs contre le courant avant de se laisser simplement porter par ce dernier. Elle observe les nuages défiler dans le ciel et savoure la caresse de l'eau sur sa peau claire avant de nager vers le rivage et s'y accouder. Un esprit lui apporte le katana offert la veille par le Rouge et elle le dégaine.

Sans réellement s'y connaître en armes, il semble rapidement évident que la lame est d'excellente facture. Le feuilletage qui se dessine le long de son corps trahit un travail précis et passionné. Si Kusa compte dans ses rangs des forgeron Kinzoku alors il faudra composer avec un problème supplémentaire en cas de conflit avec le pays voisin. Oui, il vaut définitivement mieux les avoir comme alliés. Plus le temps passe et plus elle comprend la décision de son Senseï. Et dire qu'elle était à deux doigts de douter de sa capacité de discernement...

<=====<>=====>

Une fois sa toilette faite, Kaya est retournée auprès des kusajins pour joindre ses efforts - relatifs - aux leurs. L'après-midi laissa rapidement place à la matinée puis le ciel s'obscurcit peu à peu, annonçant le début de soirée. La noiraude ne se joignit pas aux kusajins, préférant retourner nager et mettre ses idées au clair. Une façon de se retrouver soi-même, en somme. Elle commence peu à peu à envisager une discussion avec le Rouge. Sa prudence se confronte à son instinct et elle hésite longuement avant de finalement prendre sa décision.

Lorsqu'elle revient au campement sa première démarche et de retourner auprès des étrangers. Elle ne tarde pas à retrouver l'Oterashi parmi ses hommes, échangeant avec eux comme s'ils étaient davantage des compagnons que des subordonnés. Une façon d'être qui lui semble toujours aussi étrange même si elle comprend l'intérêt de la camaraderie. Si des hommes doivent mourir pour vous, autant que ce soit pour le respect que vous leur inspirez plutôt que l'autorité que vous représentez. Le Seigneur de Guerre semble l'avoir compris. Et sa façon d'être ne semble pas porter préjudice à la discipline de ses hommes. Cet homme est visiblement un conciliateur né. Ce qui ajoute à l'estime que la Mamoru lui porte déjà. Et peut-être aussi à la méfiance dont elle essaie de faire preuve à son égard.
"Yanosa-sama? Puis-je vous dire quelques mots en privé s'il-vous-plaît?"
Elle s'écarte déjà du feu de camp en espérant qu'il veuille bien la suivre. Elle constate avec un certain plaisir que c'est le cas. La noiraude reste silencieuse quelques instants, hésitante. Et si les minute suivantes devenaient la pire erreur qu'elle ait jamais commise de sa vie?
"Aujourd'hui je représente Taki et son Seigneur de Guerre. Mais demain je ne serai plus seulement l'élève de votre alliée mais aussi la dirigeante du clan Mamoru." indique-t'elle. "Je vais en prendre la tête, de gré ou de force. Je réunis mes partisans et crée les alliances nécessaires à la satisfaction de mes ambitions. J'aimerais beaucoup pouvoir vous compter parmi eux..."
La jeune femme pose le regard sur l'amas de blocs qui quitteront la carrière aux premières lueurs de l'aube et formeront les fondations du futur forum de Taki. Un complément d'informations est sans doute nécessaire à ce stade-là de la conversation.
"Van-sama m'appuie dans ma démarche. Pour des raisons personnelles mais aussi parce qu'il considère que j'ai les épaules pour assurer cette fonction et une vision qui fait cruellement défaut aux miens depuis quelques années déjà. Du moins c'est ce que je me plais à croire..." nuance-t'elle avant de reprendre. "Vous le savez peut-être mais les Mamoru sont scindés en deux branches: les manieurs d'esprits et ceux qui ont étendu leurs connaissances pour parvenir à maîtriser les démons. Nous devons également compter avec la haine qu'une partie des habitants des Cascades nous portent."
Des faits, rien de plus. Le but n'est pas de provoquer la sympathie mais bien de dresser au Rouge un tableau aussi complet que possible. Par égard pour l'honnêteté qui illuminent leurs discussions depuis leur rencontre, Kaya ne souhaite pas user d'une quelconque manœuvre diplomatique. Elle se contentera simplement d'exposer la vérité. Telle qu'elle la perçoit tout du moins.
"Je ne vous demande pas de vous impliquer dans ma prise de pouvoir. En réalité je ne le souhaite pas. Mais je dois également penser à l'avenir des miens comme vous vous préoccupez de l'avenir des vôtres. Et les intérêts d'un peuple ou d'un clan ne se limitent pas aux seules frontières. Vous en êtes conscient. Tout comme je le suis aussi." glisse-t'elle, marquant une pause pour croiser à nouveau le regard du Rouge. "Dans la continuité des accords avec Taki je me demande si vous seriez prêt à envisager un rapprochement avec les Mamoru? Peut-être en acceptant un ambassadeur du clan sur vos terres? En échange de quoi l'un des vôtres serait évidemment accueilli au parmi nous pour remplir une fonction équivalente. Cette idée vous séduit-elle?"
Et dans le cas contraire que faudrait-il pour qu'elle trouve grâce à ses yeux? Kaya ne souhaite pas jouer un double-jeu et nouer une alliance au détriment de Taki. Mais si le pays entretient de bonnes relations avec l'Herbe alors il semble logique que son clan le plus emblématique en fasse de même...
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Message(#) Sujet: Re: L'idéologie de Kusa [Yano] L'idéologie de Kusa [Yano] EmptyVen 8 Juil 2016 - 10:36

Le rire de Yanosa trouva bientôt son pareil chez la Mamoru, qui semblait suffisamment réceptive au détachement du jashiniste pour s'aligner sur son humeur, somme toute jouasse et décontractée. La brume noire qui entourait Kaya après son réveil venait de se dissiper d'un coup d'un seul, et Yanosa reçut l'instant d'après ce qui constituait sans doute le plus proche d'un compliment pour lui et les siens.

« Bizarre, ça me convient tout à fait. Pour autant, c'est le propre de l'Homme: il a de la violence en lui, une violence qu'il ne doit pas retourner contre son environnement s'il veut espérer avoir un avenir. Canaliser cette violence contre ses semblables reste le meilleur moyen qu'il ait de prospérer, paradoxalement, en tirant leur niveau vers le haut du même coup. Le meurtre, si c'est loin d'être un crime à mes yeux, reste pour autant une exception dans cette structure: il n'y a que les parasites et les mauvaises herbes qu'on arrache à la racine. Pour être tout à fait précis sur les termes, toutefois, c'est plus une simple évolution qu'une révolution que nous nous efforçons d'apporter... »

Des précisions, encore et toujours des précisions. Le guerrier rouge ne jugeait jamais superflu d'en rajouter, à plus forte raison lorsqu'il s'agissait d'informer en profondeur sa nouvelle connaissance, intéressée et dotée d'un esprit critique aussi rare que pointilleux. Celle-ci, revenue à une humeur moins terne, se décida donc à concrétiser son idée première, à savoir faire trempette dans le cours d'eau le plus proche. Yanosa opina du chef avec un léger sourire à l'annonce faite sur l'apprivoisement des démons, un tantinet gêné au fond d'avoir ruiné des efforts certes rattrapables de la Mamoru mais dont il ignorait la teneur jusqu'alors.

« C'est noté, l'expérience n'a pas été concluante de toute façon, donc... Bonne baignade, Kaya. »

Lâchant ces quelques mots, il la regarda partir vers la forêt où ruisselait le cours d'eau, se figeant momentanément devant le chargement de marbre. La combinaison noire de la jeune femme laissait, peu ou prou, deviner chacune de ses formes et si le jashiniste n'avait jamais porté un quelconque intérêt à ce genre de chose, il dut admettre que selon les canons de beauté en vigueur dans son esprit, la Mamoru faisait carton plein à tous les niveaux. Haussant un sourcil de perplexité face à sa propre réflexion, il alla se remettre au travail pour aider ses camarades de chantier. Le travail reprit donc de plus belle et continua à son plein régime une fois la noiraude revenue, Yanosa reniflant passivement les effluves d'eau sauvage qui émanaient d'elle. Le soir venu, alors que la petite troupe mettait un point final à l'organisation des véhicules de bois improvisés sur lesquels se trouvaient des tonnes et des tonnes de marbre, la jeune Kaya réitéra son petit voyage jusqu'à la rivière qui courait non loin.

Le jashiniste se surprit alors à ce moment là à hésiter. Il aurait voulu la suivre, jouer au jeu du chat et de la souris, ne serait-ce que l'espace de quelques minutes, afin de voir ce qu'on ressentait en empiétant sur l'intimité d'autrui, lorsque cet autrui semblait susciter les faveurs de vos nerfs. Mais il ne le fit pas, non pas par peur de l'inconnu, ce même inconnu qu'il aimait tant braver d'ordinaire, mais plutôt car son esprit était tourné tout entier vers son objectif et ses envies les plus vivaces: étendre sa voie, bâtir le monde que les Hommes méritaient, et par dessus tout combattre. Combattre encore et encore, des adversaires puissants, retors, et au besoin qui gênaient ses projets, afin de joindre l'utile à l'agréable. Toutefois, plus tard dans la soirée alors que le Rouge conversait avec les siens, Kaya revint vers lui pour lui proposer un aparté.

« Le -sama, très honnêtement... je pense qu'on peut arrêter. Non ? Et puis tout aussi honnêtement je vois mal ce que je pourrais entendre que mes camarades ne pourraient pas.. Mais vas-y, je te suis. »

Une fois rendu à part, la Mamoru entama son discours. Le jashiniste l'écouta attentivement, plaçant ses mains sur ses hanches en fronçant les sourcils. Prendre la tête du clan Mamoru ? Un tel clan avait-il seulement besoin d'un chef ? Yanosa en doutait, mais trouva malgré tout un intérêt dans les informations que lui donnait là la jeune femme. Esprits et démons... le schisme semblait profond et potentiellement inconciliable, et pourtant...

« Et je crois savoir à quelle branche du appartiens... démoniste. Si mon opinion sur le sujet peut t'intéresser sache que... tout à l'opposé des Hommes, que je cherche à tuteurer, le sort des démons m'est tout à fait égal. Qu'ils servent, enchaînés, bâillonnés, torturés et brimés en continue entre les mains de Mamoru compétents me laisse même un arrière goût sucré en bouche... Ils ne sont rien, hormis des esclaves d'outre-monde, et même si je les préfère démembrés et morts pour de bon... Ta façon, entre autre, de les domestiquer, me plaît assez pour pouvoir naturellement me poser en défenseur de ces pratiques. Ô, bien sûr, je me doute que ces dernières revêtent un aspect... dangereux. Raison pour laquelle tous ne devraient pas être autorisés à manipuler ces forces sans tutorat adéquat, mais, ce n'est que mon avis... »

Le guerrier rouge laissa finir la noiraude, qui compléta son discours par un volet un peu plus diplomatique, à la teneur plus symbolique qu'autre chose. Yanosa, lui, avait bien l'intention de constituer quelque chose de très concret avec cette entente en cours de formation.

« Les frontières et moi, ça fait deux, littéralement. En ce qui me concerne, des familles Mamoru entières peuvent bien venir s'installer dans les forêts de Kusa, ou dans l'un des Forums, cela m'indiffère totalement pourvu qu'ils ou elles respectent les usages en vigueur, ceux-là même que nous essayons....hm... comment le dire de façon un peu enrobée... « d'exporter », dirons-nous. La réciproque est vraie, de par le fait: si cela ne pouvait mener à aucun trouble superflu, je suis sûr que des Tôhatsu et des Jisetsu seraient ravis de se rapprocher des côtes.

Je dois toutefois... m'enquérir d'une chose ou deux, au sujet de cette « prise de pouvoir » dont tu me parles. Quelles fonctions doit, très concrètement, assumer le chef des Mamoru ? L'actuel... Qui est-il et comment est-il ? Car tout autant que les frontières, les dictateurs et les dirigeants politiques me donnent de l'urticaire: ce serait assez fâcheux, surtout étant donnée ta plastique irréprochable et ton esprit d'une obscurité rayonnante, que tu finisses par tomber dans l'une de ces catégories la tête la première...
 »

Complimenter une femme et la menacer, subtilement mais néanmoins très concrètement, de mort dans la même phrase, c'était possible lorsque l'on s'appelait Yanosa Oterashi. Etant donnée la franchise de leurs échanges précédents, ce dernier savait que s'il déstabilisait la jeune femme maintenant, il pourrait le lire sur son visage. Ce qu'il savait aussi, c'était qu'il allait avoir besoin de ses réserves de chakra gonflées à bloc d'ici l'aube, pour « acheminer » le marbre jusqu'au site de construction. »
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