« On saurait dès lors s'interroger sur cette ambivalence trompe-l'oeil. Le fantasme qui anime le Yuukan depuis les premières hostilités qui entraineront le monde dans la guerre la plus totale est dangereux en ce qu'il idolâtre cette simplicité qui sied aux faux savants. Senju Ramatatsu dira lui-même à ce propos "Nos deux doctrines [Senju et Uchiwa] trouvent accord sur un point cependant: Ce n'est pas l'autre mais la puissance que nous combattons". De ce postulat les conclusions à tirer son nombreuses; une prévaut toutefois....»

Ce n'étais pas assez clair. La convalescence avait transformé ses projets d'écrit en une montagne infiniment complexe. Une heure lui avait été nécessaire pour poser ces quelques lignes peu éclairées et criantes de simplicité. Elle ne savait plus développer. Mais peut-être la passion qu'elle voulait déchainer trompait son esprit ? Peut-être que la colère était là, faisant fuir le verbe qui lui faisait défaut ? Ces mouvements creux de Nation et d'Ordre révoltaient la jeune, vous l'aurez sans doute compris. Cette propension qu'avaient les shinobis à ne rien saisir de l'essence des choses lui apparaissait déplorable. Et pourtant, face à l'idiotie qu'elle voulait briser, elle était impuissante. La systématisation du conflit d'intérêt de court terme avait embrigadé la plèbe, l'invitant à se forger de fausses causes similaires en tout si l'on s'y penchait attentivement.

Dans cette situation, la Hayashi n'avait qu'une seule et unique solution: trouver conseil chez son mentor et professeur, Seiun. Plus jeune, après avoir été admise dans les rangs Konohajins, Mahogani avait émis le souhait de travailler son esprit en dehors des théâtres d'opérations militaires afin de s'inscrire dans la lignée de cette branche érudite du clan Hayashi. C'est donc à l'âge de dix ans que son père, heureux d'un tel choix -bien qu'il n'y soit pas totalement étranger- la confia à son frère alors reconnu comme le personnage le plus compétent dans le domaine de l'étude. Il est vrai que sa bibliothèque était de loin la plus impressionnante, et son esprit de loin le plus vif et fourni. C'est donc à bonne école que la rouquine fut instruite. Au-delà de la seule instruction, la jeune Mahogani et son oncle devinrent très vite de grands compagnons de pensée, échangeant et devisant dès que l'occasion se présentait. Quand il ne siégeait pas au conseil, sa porte lui était toujours ouverte.

Aussi allait-elle en profiter. Vêtue de noir et de rouge, parfumée d'une odeur dont ne chantera jamais assez les louanges, Mahogani se rendit à la demeure de son oncle. Oh elle connaissait le chemin par coeur, et pour cause, elle l'emprunta de longues années durant, et la proximité de leurs deux habitats n'excusait pas, fut un temps, qu'elle se présente en retard, voilà qui ajoutait un peu d'histoire et justifiait cette maîtrise parfaite de l'itinéraire. Seiun était quelqu'un d'extrêmement rigoureux quand il le fallait, mais il était la plus agréable des compagnies une fois le masque d'instructeur remplacé par celui du maître. Petit fait humoristique, ce grand voyageur habitué à la précarité de la vie nomade ne savait pas se débrouiller sans sa femme une fois à la maison, et étant donné que cette dernière n'était pas de nature à se laisser dicter sa vie, c'était à la vieille Yenkoba que revenait la lourde tâche de s'assurer que le maître des lieux n'ait pas de petit bobo et ne manque de rien - même si cette dernière s'était donné pour mission de rendre son petit cousin autonome... Pauvre Seiun.

-Bonjour Yenkoba ! Lâcha Mahogani avec le sourire.

-Oh, Mahogani, ma chérie. Sa voix de grand-mère était une étreinte perpétuelle.

-Seiun est là ?

-Oui. Un peu de colère dans la voix. Il est là-haut, et tu lui diras de ramener sa tasse !

Et elle s'en alla houspiller dans le salon. La jeune Hayashi, quant à elle, s'empressa de gravir les marches qui la mèneraient à l'immense bureau de son oncle.

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