Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis sa déclaration en plein cœur de l’Arène des Sables. Lui qui avait promis la révolution ne s’était pas trompé. Comment le pourrait-il, puisqu’il avait déjà vécu tous ces évènements ? Pour la première fois, l’Ordre shinobi avait découvert un ennemi qui sans même avoir besoin de combattre, avait accompli chaque chose qu’il avait promise. Des morts dans chaque camp, une suprématie totale de la part des membres du Kaihô-sha et la confirmation que le mouvement contestataire de la Nation était devenue l’égal de l’Ordre en place.

Les cendres nocives des terres brûlantes de Hai no Kuni n’inquiétaient pas l’Inconnu. Après tout, quoi de plus normal pour cet homme qui portait un masque à gaz. S’il s’en servait pour appuyer le fait que la Nation était un mouvement du peuple, il avait su qu’un jour il lui servirait à autre chose.

Lié de près à chacun des membres du Kaihô-sha dont il était le leader incontesté, il ne put passer à côté d’Akina, surnommée « V » ou la Cinquième qui faisait face à un nouvel adversaire. Et au travers de pensées échangées, l’Inconnu vit le visage connu du Sixième. Sous son masque, le Nukenin restait totalement de marbre. Il effectua un signe incantatoire et se concentra un instant.

* Membres du Kaihô-sha, il semblerait que notre message ait été entendu. Dès qu’une ouverture se présente, quittez la zone où vous vous trouvez et faites battre en retraite les troupes de la Nation. *

Qu’il l’ait prévu ou non, l’arrivée de certains des Élus des Senju face aux membres du Kaihô-sha changeait la donne. Laisser les troupes de la Nation là-bas, c’était risquer de perdre davantage. Et plus il l’avait côtoyé, moins l’Inconnu avait aimé le fait de prendre des risques. Il haïssait l’incertitude.

De toute façon, la Nation avait montré au monde entier son autorité, sa volonté et sa représentation d’un peuple qui était las du dictat de l’Ordre et des grandes puissances. La victoire était déjà acquise.

Le leader de la Corporation et de l’élite de la Nation regarda sa montre. Et maintenant, il ne restait plus qu’à s’occuper de la dernière étape du plan. Celle qui consistait en l’élimination pure et simple du seul « risque » qui persistait en ce monde.

« Mon allié arrivera dans exactement une minute et trente-trois secondes. Patiente encore un peu, nous arriverons très vite… »

Face à lui, un plateau simple et plat qui s’étendait à des centaines de mètres d’horizon. Derrière, on voyait presque la côte et la mer agitée. En bref, il n’y avait rien de visible devant l’homme au masque.

Pourtant, dès que ce dernier posa sa main devant lui, un grand escalier menant à un plateau circulaire en marbre d’un blanc pur. Au centre, un être tout aussi blanc semblait attendre patiemment.

« … Obli. »

Il arriva avec délicatesse sur des terres pourtant si hostiles. Sous sa large tunique blanche, les cendres brunes et sanguines d’Hai no Kuni tournoyaient avant de s’écraser. Le Patriarche ne manqua pas la présence de son allié, comme toujours ponctuel. Il ne s’excusa pas pour son possible retard, se doutant bien que si tel était le cas l’Inconnu eut déjà été au courant depuis longtemps. Non, le chef de Ta no Kuni préféra regarder le marbre blanc et majestueux qu’il y avait en face de lui.

Derrière lui, le Grand Palais de Ta no Kuni baissait en altitude, petit à petit et silencieusement. Qui y avait-il à l’intérieur ? C’était un secret que les membres de la Corporation voulaient garder. Pour autant, le moine fit un pas en avant, dépassant alors légèrement l’homme au masque. Il voulait voir de plus près celui qui se trouvait au centre de ce monument. Forcément, il grimaça intérieurement avant de poser une voix calme et sereine, malgré ce qu’il devait en penser.

« Voilà donc Obli. »

Il soupira. Sa collaboration très étroite avec la Corporation et avec Jiseyama était surtout motivée pour retrouver ce réceptacle des cinq réels Furyous. Aujourd’hui était un jour à marquer d’une pierre blanche. Aujourd’hui, le monde allait définitivement changer.

Pourtant, le Patriarche n’entama pas sa montée des marches vers Obli. Non, il avait ressenti autre chose. Des sources de chakra et de présence qui convergeaient sur cette direction. Ils étaient plusieurs et parmi eux il y avait des clients à la fois suspects et puissants. Sans être inquiet le moins du monde, le dirigeant du Pays des Rizières et des moines de Maskine se retourna.

« Et voilà nos invités. »

Forcément, comment espérer ne pas être un minimum dérangés par des insectes pour l’entreprise du jour. Le soleil commençait à se coucher, et si le Patriarche était curieux de savoir comment ces nouveaux arrivants avaient pu venir jusqu’à Hai no Kuni aussi vite, une chose était sûre…

Ils n’avaient aucune chance.

Jiseyama, l’homme qu’elle avait tant aimé. De toute sa vie de nécromancienne, Irana n’avait jamais eu de sentiments pour d’autres personnes que ses géniteurs et cet homme. Recueillie très tôt par les Uchiwa, la jeune enfant avait rapidement compris que ses talents innés pour la nécromancie et les techniques interdites étaient la raison de sa survie dans cette Grande Guerre. Sans ses capacités, jamais elle n’aurait été choisie par les détenteurs du Sharingan.

Les adversaires des Uchiwa étaient également connus de tout le Yuukan : il s’agissait du clan mythique des Senju. Se reposant sur leur maîtrise du Mokuton, celle du Hana et aussi sur des chakra terriblement grands, on leur rapportait même le pouvoir de manipuler les démons à queues. Si les deux clans étaient au début rivaux, ils se haïssaient de la pire des façons à l’époque où Irana développait son Kinjutsu. Et ses talents se confirmèrent rapidement, faisant d’elle un Talent de Guerre des Uchiwa.

Et en tant que principale source de frappe du côté des Uchiwa, elle ne tarda pas à être opposée au Talent de Guerre des Senju. Il s’agissait d’un homme aux cheveux blonds, dont le charme et la force s’abattirent dès qu’elle l’aperçut. Malgré leurs incessants combats, Jiseyama et Irana surent de plus en plus qu’ils avaient développé un amour pur, contrairement à la haine qui continuait de déchirer les camps des Senju et des Uchiwa.

Entre un homme capable de lire chaque esprit, de prévoir le futur et une femme qui pouvait vaincre la mort, il n’y eut rien d’étonnant à ce que malgré les génocides des clans Uchiwa et Senju, Jiseyama et Irana survirent. Mais au lieu de développer leur amour pur et de bâtier un monde nouveau comme ils se l’étaient promis, Jiseyama disparut.

Le cœur d’Irana fut brisé et elle poursuivit son but seul : construire un monde nouveau. La suite est connue : elle devint l’une des ennemies public numéro un avec Gogyou Makka et fut défaite sur l’île de la Cendre.

Telle fut l’histoire que la Nécromancienne raconta aux Shodaime qu’elle avait ressuscités pour justifier sa rancœur envers l’Inconnu, alias Jiseyama.

« Je t’ai enfin retrouvé, Jiseyama. »

Irana, les Shodaime (hormis Kadoria Uriô) et les shinobis experts en Fûinjutsu s’étaient tous interposés en même temps entre le Patriarche, l’Inconnu et le Grand Temple. Pour que ces derniers parviennent jusqu’à Obli, ils devraient leur passer sur le corps.

« Je suis la première à vouloir que l’Ordre shinobi soit écrasé. Mais en ramenant Obli parmi nous, vous prenez des risques inconsidérés. Sa force dépasse l’entendement. N’est-ce pas là une hérésie, Patriarche ? »

La Nécromancienne invoqua une figure bien connue de tous : Gogyou Makka. Fort heureusement pour eux, Gogyou Makka détestait autant le Patriarche que ce dernier. Après tout, les moines ne pouvaient qu’haïr ce clan qui tuait les mères lors des naissances. Une hérésie de plus à combattre pour le Patriarche, mais celle-ci serait sans doute plus difficile à annihiler…

Spoiler:

Sur tous les possibles ninjas qui maîtrisaient le Fûinjutsu dans Suna, ils n’avaient pu en choisir que quelques-uns. Mais au moins, les Shodaime pouvaient se satisfaire d’une chose : ils étaient sûrs que les alliés qu’ils avaient sélectionnés étaient fidèles à l’Ordre. C’est ainsi qu’après avoir retrouvé Irana à la frontière, le groupe de ninjas s’était frayé un chemin jusqu’à Haï no Kuni grâce à la mer. Samui Mahan avait permis à tout le groupuscule de traverser l’océan à une vitesse vertigineuse. Et heureusement pour l’Edo Tenseï qu’il était : il avait un chakra illimité.

Comme prévu, Jiseyama et le Patriarche étaient là. Sans le connaître, Kusanagi, Mahan, Miyu et tous les autres ninjas purent se douter que la silhouette qui était derrière eux était celle d’Obli, le Furyou. S’interposant entre cette créature et leurs deux ennemis, leurs intentions étaient claires : il fallait empêcher qu’ils accèdent au Furyou, qu’importe leurs intentions !

« J’ai du mal à te reconnaître sous ce masque, mais tout semble indiquer que c’est bien toi, Jiseyama. »

Sur ces mots, Samui Mahan indiqua du regard aux véritables ninjas « vivants » de rester à l’écart. Ils ignoraient probablement le niveau du Patriarche et de Jiseyama, alors le mieux à faire pour eux était d’observer.

Hayashi Miyu adressa un regard vicieux à destination du Patriarche. Ces deux-là se connaissaient bien, et leurs termes n’avaient jamais été bons. Quoi de plus normal pour deux personnes qui ne vénéraient ni la même divinité, et dont les pays limitrophes n’avaient cessés de rentrer en conflit durant la Grande Guerre ?

« Patriarche, il semblerait qu’enfin, après toutes ces années, vous ayez décidé de montrer votre vrai visage. »

Et forcément, Nishimura Kusanagi qui était la plus récente de tous, ne put s’empêcher de faire dans l’humour. Et elle s’adressa directement à l’homme au masque, en le pointant du doigt.

« Il paraît que tes dons de Yamanaka et de Jisetsu te permettent de sonder les esprits des vivants et d’en voir aussi bien le passé que le futur… T’as dû prévoir tout ton plan mais c’est un peu con… »

Elle esquissa un rictus qui s’empressa de prendre toute la largeur de son visage.

« … on est morts, alors comment tu vas faire pour prévoir ce qu’on va faire ?! »

Plus que des paroles, les relations entre les uns et les autres semblaient déjà avoir divisé la zone. Jiseyama et Irana allaient s’affronter, tandis que le Patriarche toujours devant son Grand Temple allait faire face à tous les autres...

Je me trouvais au côté des plus grands Shinobi que le monde ait porté. Je me trouvais au côté d'illustres Shinobi, les suivant pour je ne sais quelle raison. Toutes ces histoires n'étaient pas claires dans ma tête, je ne savais pas s'ils étaient mes alliés ou mes ennemis, mais je résonnais selon un simple dicton : l'ennemi de mon ennemi est mon ami. Ce dicton est à double sens et il s'applique pleinement à cette situation. Bakusho Yoh était un ennemi de Kumo et c'était un ami de l'adversaire que j'avais affronté. Les Shodaime accompagné de la Kunoichi étaient ses ennemis, par déduction, je me trouvais donc dans le bon camp.

Le voyage du pays du vent jusqu'au pays du riz fut assez éprouvant, car long, mais nous devions faire vite puisque c'était une urgence. Je profitais de la longue route pour m'adresser aux Shodaime et leur poser toute sorte de questions. Curieux, je désirais connaître le monde et son histoire. Je pus en savoir plus sur son état, je pus en apprendre plus sur les intentions de nos ennemis, sur leur identité, sur le danger qu'ils représentaient puisque même les Shodaime pourvu d'un chakra illimité grâce à la technique interdite Edo Tensei, craignaient.

Nos adversaires étaient vivants tout comme moi, mais restait tout de même extrêmement puissant. Leur puissance devait dépasser l'entendement, elle devait être inimaginable, inconcevable. En une seule attaque ils pouvaient m'éliminer. Je me trouvais également au côté d'une Kunoichi ; visiblement à l'origine de l'Edo Tensei. Elle a réussi à invoquer trois des quatre Shodaime, d'ailleurs où était le Raikage ? C'est dommage, j'aurais vraiment aimé le voir pour lui poser certaines questions sur Hôritsu. Pourquoi n'avait-elle pas invoquer le Shodaime Raikage ? Je n'en savais pas, je leur fis d'ailleurs part de mes interrogations à ce sujet ; notamment sur l'identité de la Kunoichi qui semblait être à l'origine de l'Edo Tensei et qui était toujours en vie. Je voulais connaître les origines de ses pouvoirs, son histoire, ses intentions, son plan...

Ce que je pus comprendre, c'est que nos ennemis souhaitaient ressusciter un furyou ; Obli s'appellait-il. J'étais conscient des risques que j'encourais en venant avec eux. J'étais conscient que je risquais de perdre la vie ou de subir des blessures considérables, des traumatismes... J'étais une pièce importance du plan, mes compétences en Fuinjutsu allaient leur servir. En d'autre terme, il était fort probable qu'ils s'acharnent sur moi, étant vivant, faible, mais important, plutôt que de décharger leur puissance sur des zombies quasi-immortelles. C'était une possibilité, mais vu sous un autre angle, les choses s'annonçaient différents. J'avais l'appuie de zombies immortelles au chakra illimités qui n'hésiteront pas à se sacrifier pour que je puisse vivre. Nos adversaires le savaient sûrement, ils devront donc terrasser les zombies avant de s'en prendre à nous.

Samui Mahan me fit signe de rester en retrait, j'eus donc rejoins les experts en Fuinjutsu venu aussi pour observer le spectacle. Sur ce plateau rocheux près de la mer, j'allais assister, voire participer à un combat titanesque, que dis-je, démentielle, entre des Shinobi dont la puissance sortait de l’imaginable. C'était le combat final de cette guerre. J'avais en face de moi, le cerveau de ce conflit, les investigateurs de ce mouvement de la nation à l'origine de toutes ces catastrophes, de toutes ces destructions, ces vies perdues. De l'issue du combat dépendait le sort de ce monde.

Le voyage s’était fait dans la précipitation. Pour rajouter au côté impressionnant de sa rencontre avec le Shodaime Mizukage, Kumonosu put en prime rencontrer les cadavres ressuscités des Shodaime Hokage et Kazekage. Le fait d’accompagner une ancienne chef de son village natal ne lui faisait ni chaud ni froid. Il n’avait jamais été un passionné de l’histoire de Suna, dont il défendait pourtant la cité. C’était avant tout un lieu de naissance qu’il tenait à faire prospérer. La mentalité des clans et leur place prépondérante dans la direction le dégoûtait au plus haut point.

D’où son insensibilité quant aux personnes qui l’accompagnaient. Mais il n’était pas stupide pour autant. Il avait tendu l’oreille sur tout le chemin pour capter tout ce qui se disait. Il n’avait pas perdu une miette. Son carnet d’informations s’étofferait donc de quelques pages. Même si leurs guides n’étaient plus de ce monde, ils pouvaient justement transmettre quelques secrets d’histoire peu connus des vivants. Toujours est-il que leur course n’était pas placée pour autant sous le signe de la discussion. Il fallait faire vite et sans traîner. Leur route les mena sur un plateau rocailleux où ils retrouvèrent une belle clique plus redoutable encore que celui que Kumonosu avait croisé dans le centre-ville.

Tous leurs chakras se ressentaient pourtant comme s’ils émanaient simplement des pores de leurs peaux. Une puissance déferlant sur cette plaine et rendant l’atmosphère plus tendue que jamais. Entre des corps réanimés et invincibles face à de tels ennemis, le terrain chaotique qui s’annonçait n’allait pas laisser le moindre répit aux modestes shinobis « vivants ». Il n’y avait pas que Kumonosu dans le lot. D’autres avaient été recrutés dans la bataille, un peu sur le tas. Leur rôle était encore incertain. Ils devaient suivre les instructions. Ce qu’ils firent lorsque le Mizukage leur intima de rester en retrait pour le moment. Pas besoin de le dire deux fois.

C’était dans la nature et le style de combat du marionnettiste. La distance était son unique sûreté lors d’un affrontement. Celui-là ne ferait pas exception. Surtout celui-là, songea-t-il. Les hostilités n’allaient pas tarder à commencer et elles amèneraient dans leur sillage une destruction des lieux sans précédent. La quête de tout ceci ? Rien d’autre qu’Obli, le Furyou suprême à ce qu’on disait. Et dans cet affrontement de titans, le modeste Sunajin assistait à tout cela sans savoir où était sa place. Il devait juste guetter l’instant où il serait mis à disposition. En attendant, l’objectif secondaire était aussi de survivre et de ne pas être pris dans « les dommages collatéraux ». L’expression polie signifiant « Fallait pas te trouver là à ce moment-là ». Et cela s’annonçait déjà une sacrée épreuve au vu des personnalités présentes ici. Si Kumonosu repartait d’ici, il en aurait à raconter et à rattraper. L’œil à l’affût, il ne perdrait rien de ce qui allait suivre.