Cela devait faire une petite heure que la jeune fille errait, dans les rues du village caché, avec pour seul but de se réveiller. C'était la première fois depuis plusieurs semaines qu'elle avait réussi à passer une nuit complète, sans que personne ne la réveille. Mais cette journée était la plus banale du monde et donc, par définition, la pire qui soit. Soleil chaleureux, oiseaux sifflotant gentiment et nuages calmes étaient ses ennemis jurés. Ce n'était même pas le jour du marché, à quoi cette journée pouvait-elle bien servir ? Certainement à rien, pour elle en tout cas. Seulement, ceux qui avaient décidé de cette journée n'avaient pas pris en compte sa volonté d'acier, cette journée finirait bien : elle l'avait décidé lors de son réveil, une heure auparavant.
A l'angle de la trente-septième rue qu'elle empruntait, elle avait décider de les compter, se trouvait une magnifique vitrine à l'odeur chocolatée. Rien que pour l'odeur, Ko aurait pu passer des heures entières à observer l'intérieur flou, par l’entrebâillement de la porte d'entrée. Au bout de cinq minutes, sans bouger de devant la boutique de sucreries, elle finit par décider que c'était sa chance de passer une bonne journée. Elle poussa la porte et pénétra à l'intérieur du bâtiment. Une fois entrée, la jeune fille faillit défaillir de bonheur : l'odeur si unique du chocolat avait imprégné l'entièreté de la boutique, des lattes du plancher jusqu'au torchons utilisés pour nettoyer les vitres. Après une longue réflexion et quelques remarques des vendeuses sur sa couleur de cheveux, elle finit par ressortir la pâtisserie avec seulement deux choux fourrés au chocolat.
La genin, repartant du bon pied, se mit alors en quête d'un lieu paisible où elle pourrait manger en paix. Partout où son regard embrumé pouvait se poser : il le faisait. Malheureusement, faire cela en même temps qu'avancer dans la rue devait être trop au-dessus de ses capacités car : elle percuta quelqu'un, en plein milieu de la quarantième rue qu'elle empruntait. Ses choux, si soigneusement emballés, sortirent de leurs boite de transport et vinrent s'écraser chacun à un endroit différent. Le premier alla se coincer dans un pot de fleurs et le second... arriva au sommet de la chevelure rousse de l'inconnu qu'elle venait percuter. Ko voulu s'excuser mais l'inconnu ne lui en laissa pas le temps. Il s'excusa et l'aida à se relever si rapidement qu'elle n'eut le temps de dire quelque chose qu'une fois qu'il fut vingt mètres plus loin. Il est vrai, c'était aussi un peu de sa faute : la situation l'avait légèrement laissée sans voix.
La kumojin allait s'élancer sur les traces de l'inconnu mais son pied accrocha un obstacle, elle s'étala, de tout son long, en plein milieu de la rue. Quelques passants lui demandèrent si elle allait bien, elle répondit par un simple « oui » ; elle était trop occupée à chercher sur quoi elle avait buté pour répondre autre chose. Elle finit par trouver. C'était un porte-monnaie, il appartenait certainement au garçon qu'elle avait bousculée juste avant. Cela ne faisait qu'une raison de plus pour le rattraper, ce qu'elle fit une fois remise sur pieds.
Elle ne chercha pas longtemps, la tête enchoutée était facilement repérable, et ne pris pas cinq minutes pour la rejoindre. Il se tenait devant une sorte de stand de jeu, la jeune fille tapota l'épaule de l'inconnu.
« Excusez-moi.. Eum... » elle chercha par quoi commencer « Est-ce vous qui avez fait tomber ce porte-monnaie ? »
Elle tendit la petite bourse à son interlocuteur avant de chercher comment lui expliquer pour ses cheveux.
« Et.. Euh... Vous, vos cheveux... Mon chou au chocolat... Dessus... »