Bretteurs

Mikami ouvrit la porte de son "chez lui" en laissant l'eau bouillir derrière lui. Le bois grinça et la fraîcheur matinale s'engouffra à l'intérieur en prenant soin de draper son visage sur le passage. La multitude d'odeurs végétales et les quelques piaillements qui se fondaient dans le calme l'aidèrent à se réveiller. Une journée froide, mais une journée ensoleillée. De quoi se mettre en forme dès les premières heures alors. Shozaichi trônaient toujours sur cette colline, plusieurs centaines de mètres au loin, et deux tasses de thé vides, séchées par les brises, siégeaient toujours sur le rondin de bois proche d'une des fenêtres. Il le dépassa sans refermer la porte derrière lui et se jeta sur le hamac en faisant glisser le katana sur sa poitrine.

Tout doucement, il transperçait une cible imaginaire qui se déplaçait de gauche à droite au fur et à mesure qu'il se balançait d'avant en arrière, car il s'était assis perpendiculairement. Cette cible factice pris forme humaine et devint rapidement un très bon maître dans l'art du kenjutsu alors que l'amnésique ne pouvait que parer ses assauts tant qu'il restait assis à bouger au gré des allées et venues du tissu. Loin de l'agitation courant sans ligne d'arrivée les rues de la capitale, cet adversaire connaissant tous ses points faibles décuplaient ses capacités. Rapidement il l'accula et le força à se lever, pénétrer cet espace de combat entre le sentier qui passait devant chez lui et les extrémités des cordes retenant l'objet de toute ses flâneries.

Il y allait bon train, tranchant le vent et esquivant des abeilles dont le dard aurait pu le transpercer de part en part. Toute interaction avec ce petit monde qui prospérait autour de son toit était susceptible d'être une attaque de plus lancée par son ennemi imaginaire. À aucun moment il ne fallait qu'il relâche l'attention, chaque moucheron qui se posait sur sa nuque étant un kunai qui venait glisser le long de sa gorge. Même son ouïe se mêlait aux festivités et d'un rythme tout juste soutenu mais particulièrement régulier, Mikami déambulait allégrement sur ce petit carré de terre où le moindre brin d'herbe de trop, piétiné, l’entraînait dans une chute dont il se blâmait avant de repartir encore plus exigeant.

S'il n'avait aucune idée de comment allait se finir cet entrainement, le Yorurai n'avait pas oublié que c'était dans la matinée que Chef recevait les lettres arrivant des différents villages alentours. Son après-midi dépendrait alors de leur quantité et leur contenu, mais il savait où il prendrait son repas et ce plaisir induit une montée d'énergie qui fit qu'il décapita son adversaire d'une tranche surprenante et aussi nette que précise. Ne restait plus que sa position bras allongés, une jambe tendue et l'autre fléchie, une lame qui n'avait été dégainée, et la tête pensée d'un adversaire qui dans son esprit gisait là, loin de sa propre nuque, entre cette route terreuse détachée de l'artère principale et ce petit coin de quiétude qu'il s'était aménagé.

Je n’aime pas le matin. Ça caille, les oiseaux chantent et ça me réveille. Du coup j’essaye de les buter en lançant des kunaïs sur eux. Mais bon la majorité du temps je retrouve pas mes armes après alors j’ai arrêté les frais. Cela ne fait pas très longtemps que je suis dans l’armée, j’ai un peu de mal à trouver mes marques et je n’ai pas spécialement eu le temps de discuter avec mes nouveaux « camarades ». En vérité je crois que je n’ai parlé à personne depuis une bonne semaine. Je vais passer pour un ermite si ça continue, mais bon quand je n’ai rien à dire et rien à faire… bah je ne fais rien. Mais en dehors de cela je suis tout de même en mesure d’affirmer que je me sens bien. J’ai plus mes parents et ma fratrie sur le dos alors forcément ça libère d’un poids. Cela dit c’est vite dit, car Ketsuatsu peut être d’un poids totalement différent. Même si aux abords c’est un simple sabre, quand je montre ses capacités… c’est une tout autre histoire. Une lame qui tourne au rouge vif comme ça sans prévenir, c’est à la fois suspect et surprenant.

Mais pour le moment, je n’ai pas vraiment eu à montrer les capacités de mon sabre, tout comme les miennes. Enfin il fallait que je fasse mes preuves pour rentrer dans l’armée bien entendu… mais j’ai laissé pas mal de zones d’ombres sur mes habilités, parce qu’en vérité, je ne sais pas moi-même de quoi je suis capable réellement. Je me cherche un petit peu si vous voulez. Une chose est certaine : je suis un soldat. Je préfère me battre plutôt que de parler pendant des heures, la diplomatie, ça m’endort vous voyez. C’est mort pour une carrière de politicien déjà. Bref ! Que le temps passe vite quand on s’amuse ! Non je plaisante, je m’ennuie comme un rat mort. De ce fait, je fais une balade en dehors du Shozaichi, histoire de me dégourdir un peu les jambes.

Une fois que la capitale fut assez loin à mon goût, j’allais me promener le plus loin possible encore, même si ce n’était que quelques centaines de mètres, c’était suffisant à mon goût. D’autant plus que mon sens de l’ouïe venait de faire une trouvaille des plus intéressante : un sabre qui fend l’air. Ce bruit, bien que succinct et léger, pouvait tout de même se faire entendre, lorsque les oreilles sont expertes dans ce domaine, ce qui est mon cas. Le maniement du sabre, je ne connais que trop bien, raison pour laquelle je ne pouvais qu’entendre cette douce mélodie. Je me dirigeais donc vers cette envoutante musique d’un pas décidé et enjoué. Quelques secondes plus tard, voilà que je me retrouvais non loin d’un sabreur - sans déconner - qui venait visiblement de terminer son exercice matinal. Sa victime venait sans doute d’être décapitée. C’est toujours plus stimulant de s’imaginer combattre avec quelqu’un quand on est… seul. Enfin plus maintenant, étant donné que je suis là. N’étant pas fan du silence, je décidais de prendre les devants afin d’entamer la conversation :

— Ça fait toujours plaisir d’entendre ce petit bruit. Normalement c’est indétectable pour les néophytes de cet art. Mais pour moi c’est une autre histoire. Ah ça fait du bien de croiser quelqu’un qui ne manie pas une lame comme un débutant. Bon on va faire vite pour les présentations comme ce n’est pas mon fort. Tobio Teppei, un nouveau. Mais genre vraiment nouveau. Tout neuf ça sort de l’œuf tu vois ? Et toi camarade... je présume ?

Moi et ma grande bouche. Bon sinon il se présente ou comment ça se passe ?

« Putin tu fais chiiiiier ! »

D’un geste brut, tu fracasse le volet a moitié ouvert de ta chambre, le fracas fini le travail que le soleil avait commencé, te voilà réveillé. Trois jours que tu es la, et te voilà deja en train de te demander comment les gens font pour vivre ici. Les journées du sud sont tellement longues ! Jamais le soleil ne t’avait réveillé avant, il faut dire qu’à Yuki, il se fait assez rare… Les jours ou il se lève.

Ni une ni deux, tu enfile une redingote qui trainait au sol. Honnêtement, tu ne serais dire si c’était une robe ou un espèce de kimono. De toute façon, il fait tellement chaud ici que même a poil tu transpirerais. Claquant la porte d’entrée du taudis qui te sert d’appartement, tu mets le nez dehors. Tu ne sais même pas pourquoi tu sors enfaite, tu n’as rien à faire, personne à voir, mais tu sors, déterminé. Tu marche, d’un pas déterminé, comme si tu avais une destination. La vérité, c’est ton hyperactivité t’empêche de rester la, à végéter, entre ton sofa poisseux et ton délabré.

A force d’avancer, tu te retrouves en dehors de la ville, enfin, à quelques mètres. Ou peut-être kilomètres… Tu n’as jamais eu le sens de l’orientation, puis de toute façon, même si tu n’arrives pas à retrouver ton nid, dormir à la fraiche te ferra le plus grand bien. La, tu en croise deux, deux sudistes, surement membre du Shukai eux aussi. Plutôt jeunes on dirait, même très jeune, genre de l’âge ou on s’agite dès qu’on leur frôle la queue. Tu aurais pu dire quelque chose, du style : « Salut les puceaux on joue a touche pipi ? » Mais les sudistes n’ont pas d’humour, c’est bien connu. Et puis franchement, à part leurs raconté que tu as marché bien trop longtemps pour savoir comment rentré chez toi, que ton rêve serais de vivre nue pour supporter toute cette chaleur et que cela fais bien trop longtemps que tu n’as pas arraché un cœur à mains nues, tu n’aurais pas su quoi leur dire. Donc tu reste la, debout, à les regarder, l’air de rien.

- Ça fait toujours plaisir d’entendre ce petit bruit. Normalement c’est indétectable pour les néophytes de cet art. Mais pour moi c’est une autre histoire. Ah ça fait du bien de croiser quelqu’un qui ne manie pas une lame comme un débutant. Bon on va faire vite pour les présentations comme ce n’est pas mon fort. Tobio Teppei, un nouveau. Mais genre vraiment nouveau. Tout neuf ça sort de l’œuf tu vois ? Et toi camarade... je présume.

- Mikami.

Lui dit-il en se redressant et se retournant vers lui avant de lui accorder un salut d'escrime que son vis-à-vis pourrait accepter comme un bonjour marqué du respect que se témoignaient mutuellement chaque bretteur... sans pour autant en faire toute une formalité, vu le détachement qu'il y mettait.

- Et oui, je suppose que nous sommes camarades. Mais tu n'as pas attendu de nous rejoindre pour jouer du sabre apparemment... Maintenant tu es obligé de me montrer ce que tu sais faire !

Le Yorurai l'obligea d'un sourire narquois, avant de remarquer qu'une autre personne était parvenue jusqu'à son coin de tranquillité. Si recevoir de la visite n'était pas rare, en avoir deux si rapprochées par le fruit du hasard était exceptionnel. Peut-être que le hasard n'avait rien à voir là-dedans après tout... Et parallèlement, il entendit la bouilloire s'exciter à l'intérieur de la cuisine. Ainsi il venait de trouver une raison d'inviter cette jeune femme qui restait en retrait sans pour autant passer son chemin. Peut-être que la bousculer un peu la forcerait à délier sa langue...

- Hoy ! Enchanté, je te présente Teppei, je m'appelle Mikami. Ça te dérangerait d'attraper un peu de thé derrière toi ? Oui, le buisson juste à ta droite, c'est du thé qui pousse. Ya aussi de l'eau qui boue derrière la fenêtre juste derrière moi. Alors si ça te dérange pas...

Exactement, elle pouvait servir le thé dans les deux verres sur le rondin de bois. Et se servir aussi bien sûr. C'était comme une manière de l'inviter à prendre place, de se mettre à l'aise, même si ce devait être difficilement perçu de la même manière que de l'oreille avec laquelle l'amnésique l'entendait. Alors si jamais cet optique l'énervait...

- Tu peux aussi te joindre aux festivités si tu veux.

En accompagnant ses mots d'un quart de tour donné au manche du sabre, renouvelant ce sourire en coin. Cette journée serait mouvementée, et tous trois ne se doutaient pas encore de ce qui les attendait...

Mikami. C’est vachement concis comme manière de se présenter, mais au moins il ne passe pas par quatre chemins, pas comme moi en somme. Bref, ce fameux Mikami semblait manier aussi bien la lame que moi. Cela dit, c’est bien beau de le dire, mais il faut tout de même qu’il fasse ses preuves devant moi le gars, parce que je peux raconter des conneries, ça ne serait pas la première ni la dernière. Une salutation plus tard, le voilà qu’il attestait du fait que nous sommes visiblement camarades. Tiens bah ça me fera au moins une bonne nouvelle dans la journée. Entre nous je préfère avoir le gars avec le sabre de mon côté. C’est pas une histoire de « qui a la plus grosse », mais faut reconnaître que le maniement de la lame est un art qui n’est pas à la portée de tous. Mikami se permit donc un petit trait d’humour en me disant que maintenant j’étais obligé de lui montrer ce que j’ai dans le ventre. Je trouve ça drôle parce que clairement non. J’ai la flemme. Mais je ne sais pas si je peux lui sortir ça comme excuse. Ça fait un peu con. Remarque je suis pas à ça près. J’exprimais alors mon refus en ces termes :

— Aha… oui, mais non. D’ordinaire j’aurais accepté une invitation de ce genre dans la seconde. Mais là c’est n’est pas une bonne idée.

Dis-je en tripotant le manche de Ketsuatsu d’un geste hésitant et anxieux. Mon sabre a des propriétés vraiment uniques. L’appel du sang peut rendre fou. Raison pour laquelle je ne m’en sers pas aussi souvent que l’on pourrait le croire. Je vais passer pour un dégonflé, mais clairement… ce n’est pas du tout une bonne idée. Pas envie de finir comme mon ancêtre. Ketsuatsu aura toujours une mauvaise influence sur moi. Pas question de le laisser prendre le pas sur moi. Mais attention, ce n’est pas parce que je ne m’en sers pas tous les quatre matins que je suis un sabreur du dimanche. Dans ma famille on dit que j’ai un don, que je suis une sorte de prodige… pour une fois je crois que je peux leur faire confiance. Je suis très doué, mais… disons que je vais devoir me forger pas mal d’expérience avant de me considérer comme un expert. Bref. C’est alors que mon interlocuteur s’adressa à quelqu’un d’autre que moi. Curieux, je tournais la tête d’un quart de tour, jetant ainsi mon regard sur la deuxième invitée surprise de ce petit comité de camarades. Une femme. Une soubrette ? Bah quoi je me demande ! Mikami lui demande de servir le thé j’ai quand même le droit au bénéfice du doute non ? Enfin non, je me corrige, il lui demande de faire une cueillette dans l’arbre et d’aller chercher l’eau bouillante. Genre c’est elle qui doit se coltiner ça tu sais. Se joindre aux festivités… bah voyons, qu’est-ce qu’on s’amuse. Cela dit Mikami n’avait pas tort de lui proposer de nous rejoindre, ça détourne son attention de moi et ça me laisse un prétexte pour laisser ma lame rangée dans son fourreau. Ce qui n’est pas plus mal. Je vais donc jouer le jeu !

— Ouais carrément. Pis tant que tu y es, faut récurer les toilettes et faire les poussières. Un petit temps d’hésitation pour finalement reprendre dans un rire narquois : nan je déconne ! Fin après je sais pas peut-être que notre hôte a besoin de nettoyer sa baraque. Tiens, si ça ne te dérange pas je veux bien te filer un coup de main pour le thé, comme ça je bouge mes fesses ça sera pas plus mal.

Et accessoirement je me trouve un bon prétexte à la con pour éviter de sortir mon sabre aux yeux de tous. Mais peut-on me blâmer pour avoir envie d’être prudent ? Je ne pense pas. On ne montre pas toutes ses cartes tout de suite, sinon il ne reste plus rien à montrer. Règle numéro un de mon père, amateur de jeux de cartes. Cela dit il n’a jamais gagné quand il jouait alors finalement me fier à ses règles n’est pas la meilleure idée du siècle. Bon allez, j’ai du pain sur la planche, parait-il !

T’avais raison Sana, les deux la sont gravement atteint, à peine t’avais t’il remarquer qu’il te demandait déjà de leur servir le thé. On a souvent raconté que les Suzurane passait un peu pour des sauvages auprès des autres shinobi, mais la franchement, entre un peuple qui voue sont existance à la guerre et des gamins qui demande à une femme de leur servir à boire avant de s’être présenté, j’ai du mal à choisir.

« Sinon moi c’est Sana, pour information. »

Mouhahaha. Le ton que tu avais employé était tellement désinvolte, j’en eu presque une érection. Tes paroles, on aurait pu facilement les traduire par « eh les guignols. Vous savez ou vous pouvez vous le mettre votre thé ? ». Un des deux, le plus gens, en apparence, t’as proposé de t’aider, un peu inutile vu comme il paraissait assez simple de faire cela toute seule. Mais bon, tu avais une optique plus intéressante en tête. Apparemment, l’autre lui avait demandé de lui montrer de quoi il était capable. Et ça, c’était cool !

« Ne t’inquiète pas, je peux faire le thé tout seul, ne vous dérangez pas pour moi, moi aussi j’aimerais bien voir de quoi vous êtes capable. »

Marchant vers la pousse de thé indiqué, tu pensais au faite que tu n’avais jamais vu des ninjas exterrieur combattre, ou même montré comment il s’y prennait. Tu ne connaissais rien aux arts ninjas et observer ces deux la ne te ferais pas de mal.Tu ramassait une jeune pousse, l’arrachant délicatement avec tes doigts puis te dirigeait vers l’eau entrain de bouillir. Cette maison était au moins aussi délabrer que la tienne, d’un coup, tu te sentait moins seul. Il est marrent qu’on t’ai invité à entrer dans un espace si négligé. Finalement, les sudistes ne sont peut-être pas si précieux qu’ils en ont l’air. Retirant l’eau du feu, tu y plongea les plantes, dans cinq minutes se serait prêt. S’il voulait se foutre sur la gueule c’était le moment, tu t’accouda à la fenêtre pour les observer.

L'épée du Yorurai se tenait fièrement et vigoureusement droite, pointe vers le ciel, alors qu'il invitait Teppei à venir jouer du sabre avec lui. Ceci sans s'attendre à un refus qu'il accepta cependant, se disant que les occasions de combattre ne manqueraient pas, pour l'un comme pour l'autre. Son poignet comme le rayonnement de son visage se détendirent alors, laissant retomber mollement la lame du katana vers le sol. Pas très excitants ces nouveaux. Quoi que plein de surprises, Mikami apprécia que le jeune homme propose de lui même qu'on nettoie sa baraque. Ne l'ayant pas occupée pendant un temps et ayant oublié d'en fermer la porte... un sanglier en avait profité pour se battre contre une autre bête, décidant sûrement que sa petite baraque ferait un bon ring et une fraîche aire de repos. Si l'autre animal avait apparemment était chassé, le sanglier reposait à ce jour dans son congélateur, soigneusement répartis pour qu'il ne prenne moins de place que s'il était resté en un seul morceau.

Mais passons. Il faillit en rajouter une couche en lui disant qu'il fallait nettoyer l'évier du sous-sol, dès lors repeint du sang de la pauvre bête. Mais le sabreur semblait en avoir déjà assez fait comme ça et vu la motivation de la jeune fille, elle risquerait de ne même pas servir le thé.

- Enchanté Sana.

Lui répondit-il alors avec un sourire naturel en emplissant le tout d'une sincère sympathie. Comportement habituel chez l'amnésique... mais peut-être que cette fois ç'avait été volontairement marqué pour voir si la kunoichi désinvolte s'énerverait. Ou peut-être que ce n'était qu'une façon de lui renvoyer la sympathie qu'elle lui inspirait. Surtout quand elle se dressa en spectatrice. Le Yorurai se retourna alors vers le Tobio armé d'un sourire carnassier et d'un sabre dont la pointe retrouvait le chemin des cieux. Le pauvre n'allait pas avoir d'autre choix que de se défendre ou de se laisser faire, dommage pour l...

- Mikami-saaaaan !

La voix résonna d'entre les arbres d'où les oiseaux s'éparpillèrent comme repoussés par ce qui semblait un appel à l'aide. Tendant l'oreille, il entendit les pas hâtés d'un homme qui coupait même à travers les buissons, trébuchant à plusieurs reprises et rampant même parfois comme pour ne jamais s'arrêter. Il bondit alors d'entre les broussailles le souffle haletant, plusieurs brindilles coincés entre les cheveux et quelques habits déchirés.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu devrais pas être au restaurant ?

- On a reçu les ordres de Missions Clandestines tout à l'heure et...!

Levant les yeux pendant sa phrase, le front suintant et le visage maculé de sueur comme de terre, il remarqua la présence de deux personnes auxquelles il n'était pas habitué, se coupant ainsi dans son élan alors que le doute germait dans son esprit. Mais apparemment, l'urgence de la situation prima cette fois-ci sur la discrétion :

- C'est à Enies'lobi, le chef de village forme une police des polices dont il est à la tête pour asseoir une fois pour toute sa suprématie !

- ... C'est prévu pour quand ?

- Ils... Les mercenaires arrivent en fin d'après-midi !

- Ok... Bien, détends-toi maintenant, l'information est passée. On va pouvoir s'en occuper, on a pratiquement toute la journée devant nous pour s'organiser. Alors... calme-toi et viens prendre le thé !

D'une voix joviale dont l'intonation en fin de phrase remontait assez pour que la Suzurane puisse l'entendre. En plus des deux verres qui siégeaient sur le rondins de bois à l'extérieur, deux autres se trouvaient à l'intérieur à côté la fenêtre, elle pouvait pas les louper.

- Assieds-toi à l'ombre... Putain t'as l'air en panique, c'est de l'eau fraîche qu'il te faut.

- Haa... Haa... J'avais peur... que tu sois pas chez toi...

Mikami grimaça pour encaisser la contrariété du jeune homme comme pour réfléchir à la situation qui semblait s'être aggravée en seulement quelques jours. Cette histoire de mercenaire... ça sentait vraiment pas bon.

- Au fait, je te présente Sana et Teppei, ils sont nouveaux au shûkai.

Affalé contre le mur sous la fenêtre de la cuisine, il marmonna quelques mots en agitant un signe de la main qui se transforma bien vite en mouvement d'exténuation : sa main alla à droite, à gauche, tenta de revenir à droite puis s'élança vers le sol comme un homme touché en pleine tête.

- Je crois que ça veut dire "Salut", il a besoin de reprendre son souffle... Dites-moi tous les deux, ça vous dit de partir en balade tout à l'heure ?

Grand sourire, une nouvelle fois, avec des regards allant tour à tour de la Suzurane au sabreur, et vice-versa.

Bien entendu je pouvais compter sur le soutien de Sana pour éviter de me battre. TU PARLES ! Je ne peux compter sur personne. Et pourtant je n’ai vraiment pas envie de me frotter à lui pour le moment. Aussi excitant que cela puisse être, ça ne me tente pas vraiment pour le moment. De plus, si par mégarde je le touche et que le sang coule… je n’ose imaginer ce qui va suivre. Bref, la situation n’était pas du tout agréable pour moi et je ne savais pas trop quoi faire. Et le fait que l’autre agite son sabre depuis tout à l’heure ça ne m’aide pas à réfléchir. Mais alors que je pensais que je devais me résoudre à sortir Ketsuatsu de son fourreau, un cri retentit. Visiblement quelqu’un semblait très pressé de voir mon semblable bretteur, car c’est bien son nom qui avait été imploré par un hurlement à la limite du désagréable. Je n’eus même pas le temps de réagir, qu’un inconnu débarqua soudainement dans un fracas peu commun. Eh bah dis-donc, ça doit être sacrément urgent comme message si jamais c’est le cas. S’en suivit alors un enchainement de répliques qui me laissèrent perplexe, mais qui semblaient être en mesure de me sauver la mise d’un hypothétique croisement de fer avec Mikami. Une fois que notre sabreur nous présenta moi et Sana, j’eus le réflexe de lui faire un léger signe de salutation en posant mes deux doigts sur le front avant de les lever d’un geste vif. L’homme essaya quant à lui de nous saluer comme il pouvait, mais il semblerait que son sprint ait eu raison de lui. Ce qui eu le don de me faire sourire je dois bien l’avouer.

Dans ma tête j’essaye d’assembler les pièces du puzzle pour que ce soit plus clair. Mais il semblait que la seule issue possible de la suite de cette journée soit d’accompagner Mikami. D’autant plus qu’il venait de nous faire une proposition de « balade » si je ne m’abuse. Le sourire du sabreur semblait quant à lui un signe apparent du fait que cette balade risque d’être distrayante. S’il s’agit de botter des fesses alors je suis partant. C’est vrai quoi, ça me donnera l’occasion de me défouler et ce n’est pas plus mal.

— Pourquoi pas. Moi personnellement je pensais que ma journée allait se résumer à une morose balade en dehors du Shozaichi alors… si ça peut me sortir de l’ennui, ça sera une bonne chose. Je suis partant.

Par contre, il va falloir que notre hôte nous explique un peu en quoi va consister la balade, parce que clairement j’ai besoin de savoir exactement ce qu’il va se passer. Mais le fait d’accepter sa demande me sort d’une situation au départ défavorable : le fait de me battre contre lui. Là en l’occurrence s’il s’agit de ce que j’imagine, ça me laissera l’occasion de montrer ce que je sais faire, sans en faire de trop. Donc c’est tout bon pour moi. Je remercie le ciel de l’arrivée de cet homme. Même si l’aspect théâtral de celle-ci était un peu à revoir. Normalement dans une arrivée avec style on ne termine pas dans cet état et tout essoufflé. M’enfin j’imagine que nous n’avons pas à faire avec un shinobi alors ça peut être compréhensible. Maintenant il reste une inconnue à cette équation : la réponse de Sana. Elle qui voulait voir de quoi on est capable, il va falloir qu’elle se remue le derrière si elle veut avoir cette occasion.

— Bon bah le temps que Sana se décide je vais poser mes fesses par terre si ça vous dérange pas.

Prends ton temps ma chère, que je me prélasse un peu. Oui c’est bien moi qui parlais de me sortir de l’ennui alors que je m’installe tranquillement par terre. La logique s’en est allée très loin.

Finalement, la journée s’annonçait peut-être beaucoup plus intéressante que prévu. Alors que tu avais un peu chauffer l’ambiance en espérant voir les deux se massacrer à grand coup de sabre, un merdeux s’était pointé en beuglant comme pas possible. Franchement, impossible de retranscrire le moindre de ses mots. Tu avais vaguement compris quelque chose comme mercenaires. Qui dit mercenaire dit grosse baston en perceptive.

« Le thé est servi ! »

Tout ça t’avais mis en joie, ta nonchalance avait fait place à de l’excitation. Tout à coup, servir le thé à deux pré pubère était beaucoup plus sympa qu’il y a cinq minutes. Gentillement, tu leur apportais leur boisson, fait avec tout l’amour que tu étais capable de ressentir. Bon, on va pas se mentir, ce n’était pas grand chose, mais c’était à partir de pas grand chose que l’on en faisait de grande.

« Une balade ? Je suis partante ! Tu nous fais un petit topo ? »

Tu essayais tant bien que mal de cacher cette pointe d’ivresse grandissante dans ta voix. Tu voulais tout savoir maintenant, le merdeux en avait dit à la fois trop et pas assez. Il te fallait plus de renseignement ? Qu’allait-il se passer maintenant ? Un groupe à exterminer, des coups a prendre et à rendre ? Il t’en fallait plus que ce simple mot : ballade.

« Ce serait sympa aussi d’en apprendre un peu plus sur vous, d’ou venez vous exactement ? Qu’es qui vous amène ici ? »

Et oui, il y a un instant tu n’avais clairement rien à foutre de leur vie respective, pour tout dire, tu n’avais même pas retenue leurs noms, une habitude chez toi apparemment. Mais maintenant, ils étaient devenue bien plus intéressant, des gars avec des plans castagnes étaient forcement à découvrir. Alors faisons ça.

(#) Sujet: Re: Bretteurs Mar 1 Mar 2016 - 3:05

Mikami alla rejoindre Teppei et le civil autour du rondin de bois alors que Sana servait le thé. Il lui fit glisser les verres tour à tour et attendit qu'elle s'assoit pour répondre. Du moins, il laissa son camarade commencer mais dut prendre la relève face à ces difficultés respiratoires...

- Je vous présente Janlui, il travaille au restaurant où on se rend. On y fera escale pour le raccompagner, manger, et s'organiser. Moi je sais pas vraiment d'où je viens... je suis amnésique depuis environ quatre ans, et ça fait trois ans que j'ai rejoint le shûkai. C'était encore l'alliance à l'époque... Mais je sais que j'ai des racines au pays de la foudre ! Pas étonnant remarque, j'suis un expert !

Dit-il fièrement le doigt levé. Celui ci était parcouru d'un courant électrique qui tourbillonnait, par endroit marqué d'étincelles noires. Petit à petit les éclairs jaunes et noirs se scindèrent de façon à devenir très distinctement dissociables l'un de l'autre, et prirent la forme de serpents qui cherchaient à se mordre le cou, se battaient autour de son index. Certes, il se la pétait un peu ; mais parallèlement lui aussi s'émerveillait de ce genre de petites choses qu'il savait faire et ça se lisait aussi à son visage. Le Yorurai laissa Sana et Teppei se présenter, puis entama le topo de la situation.

- Enies'lobi est un village qui se trouve dans le massif montagneux qui se trouve là-bas, regardez... Vous voyez Shozaichi ? Décaler votre regard vers l'Ouest, sur la montagne au premier plan, il y a un petit village civil difficile d'accès. Le chef de village a eu besoin de prendre des vacances, pour des problèmes de santé. Le vice-chef en a profité pour installer quelques amis dans l'administration, en plus de quelques mercenaires civils qui lui obéiraient... Bien sûr, l'un d'eux lui a planté un couteau dans le dos pour prendre sa place, et depuis le village est coincé par une bureaucratie d'opportunistes qui maintient son pouvoir par la force... C'est un sacré bordel, en plus de ressembler à une prison à échelle humaine. Les villageois s'organisent pour résister, mais de temps en temps... il faut veiller à ce que la balance ne soit pas trop déséquilibrée. Tu peux enchainer ?

- Ouais... 'a va mieux. Apparemment, le chef veut en finir une fois pour toute avec les opposants et a promis une bonne paye à plusieurs équipes de ninjas mercenaires. Ils sont dix, et il sera le chef de cette unité. Après ça, impossible d'aller contre son autorité. C'est pourquoi il faut que ces ninjas n'arrivent jamais à Enies'lobi. Une avance a été payée, alors s'ils n'arrivent pas, ça va apparemment provoquer la discorde entre le chef et ses contacts qui lui ont envoyé ces équipes... Ça devrait le paralyser un moment.

- Bien...

Il but dans sa tasse de thé, méditant à la situation. Dix ninjas, ça faisait beaucoup. Surtout pour un village tel que celui-ci. Même s'ils avaient augmenté les taxes, appliqué une surveillance et un contrôle serré sur toute son économie et levé à leur bénéfice une bonne partie des flux... pour cette unité, il était évident que la quantité avait été préféré à la qualité. Il souhaitait faire peur par le nombre et l'occupation des rues, en plus de la possibilité de faire face à bien plus de bavures. Effectivement, ce beau monde ne devrait jamais arriver à destination...

- Sana, Teppei, opérationnels pour une opération coup de poing sans retenue ? Des questions ?

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