Un rapport sur un tremblement de terre à la frontière nord de Kaze no Kuni avait été remis à Suna. Bien entendu, deux ou trois points sur l’échelle de Richter, ce n’était rien. Et en plein désert, c’était encore moins visible. Alors forcément, le village qui avait d’autres objectifs sur le court terme, comme par exemple la préparation de l’Examen Chûnin international, n’avait pas réellement donné suite à ce rapport, d’ailleurs sans doute lié à ce qui s’était passé à Ki no Kuni. Mais c’était justement ce genre de petites choses anormales ou naturelles qui sortaient de l’ordinaire qui constituaient le socle d’informations dont disposait Nara Natsuki.

Alors forcément, lorsque plusieurs semaines plus tard, en plein déroulement de l’Examen Chûnin, un nouveau tremblement de terre frappa à une vingtaine de kilomètres du village caché du Sable, Nara Natsuki fut le premier au courant. L’intéressé avait fait savoir à Suna qu’il allait se charger de l’enquête, profitant des bonnes relations du moment entre son village et celui qui allait lancer la troisième épreuve de l’Examen Chûnin.

Il ne tenait qu’à lui de choisir ou non des Sunajins pour l’épauler. Après tout, l’un des gradés les plus réputés de Konoha pour un tremblement de terre – cette fois de cinq points sur l’échelle de Richter – semblait suffisant. Mais pour le chef de la Racine, cela pouvait être quelque-chose de plus grave…

Et quoique ces deux tremblements de terre puissent avoir en commun, si c’était le cas, ils convergeaient vers Suna.

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Alors qu'il bullait tranquillement sur son lit, à découvrir les merveilles qu'avaient pu créer les Saibogu en compactant tant de données sur de si petits écrans – il n'avait rien de mieux à faire – l'attention de Natsuki fut attirée par une feuille de papier qui glissa sous sa porte. Instinctivement, il jeta le poste de contrôle portable qui reposait sur son ventre avec violence et roula sur le côté pour soulever son lit afin de le dresser comme barrière. Les sens en alerte, il se prépara à encaisser l'attaque. Mais alors qu'il attendait, les bras tendu pour éviter que son sommier au matelas si tendre ne s'écroule, rien ne survint. Pas d'explosion, pas de dards empoisonnés projetés à tout va, pas de nuée d'insectes tueurs, pas de nuage de gaz empoisonné. Rien, si ce n'était cette même petite feuille innocente qui attendait toujours, impassible. Il risqua un coup d’œil par dessus sa muraille de fortune, puis par la fenêtre pour s'assurer que personne ne l'avait vu, et remit en place le sommier en se raclant discrètement la gorge.

Prudent, il s'approcha du mystérieux message, le ramassa, et le déplia délicatement. Ce qu'il trouva dessus après une brève lecture lui fit écarquiller les yeux : il ne s'y attendait vraiment pas. Ses bras tombèrent le long de son corps, et l'angle que prit la caméra permit au lecteur avisé de découvrir le contenu du courrier – pour peu qu'il sache lire le japonais. Ecrit en caractères très soignés, l'on pouvait y lire le message suivant : '' Salut Natsuki, juste pour t'informer que la prochaine MA (Mission d'introduction à l'Acte #6) te concernera et ta participation est la bienvenue donc prépare toi. Bon RP et bonne soirée ! ''

Tout était dit : il avait intérêt à se préparer, peu importe ce qui l'attendait. Il ne perdit pas davantage de temps, et s'en alla quérir le classeur qui contenait l'essentiel de ses affaires amenées à Suna, toutes soigneusement rangées dans des sceaux. Enfin, c'est ce qu'il aurait fait, avant de se dire '' est-ce que le chakra dépensé pour activer ces sceaux me sera décompter de ma réserve pour la mission acte ? ''. Un risque qu'il ne pouvait pas se permettre de prendre. Tant pis, il voyagera léger. Il se rendit dans son armoire, et commença par enfiler sa tenue de combat habituelle, le modèle prévu pour le poste d'éclaireur. Suffisamment équipé pour assurer des escarmouches, et assez léger pour lui permettre de se déplacer sans encombre. Des manches longues pour couvrir tout son corps, quelques pièces d'armures légères pour se protéger, et surtout, une cagoule noir assortie au reste de la tenue pour dissimuler son visage. Ne restaient visible que ses yeux, grâce à une large fente allant de l'arrête de son nez à ses sourcils. Son bandeau quant à lui, il avait eu l'obligation de le porter en permanence, aussi il n'y dérogea pas, et le noua en guise de ceinture autour de sa taille, là où il l'encombrera le moins pour se battre. En guise d'armement, il dû se contenter de ce qu'il avait déballé à son arrivée à Suna quelques semaines plus tôt, à savoir un demi porte-jarretelle modèle support à kunais – projectiles inclus -, une sangle dorsale dans laquelle il rangea sa paire de tonfas - qui constituait ses armes de prédilections -, et plusieurs parchemins divers qu'il calla dans les nombreuses poches de son gilet tactique de combat. Finalement, et après hésitation, il prit avec lui deux fioles qui contenaient les insectes mutants que lui avait confié Miko. Il était censé s'en servir durant la première épreuve de l'examen chunin, mais il avait jugé '' un peu abusé '' le fait d'employer ces créatures contre des genins, lesquels rappelons-le devenaient des modèles similaires aux vers des sables visible dans Dune quand on les nourrissaient avec un peu de chakra ( les insectes, pas les genins ).

Puis il attendit sur le palier de sa porte, qu'il se passe quelque chose.

Quelque chose ne se passa pas, malgré qu'il attendit un bon moment. Alors il s'intéressa aux environs, et notamment à un phénomène très mystérieux, quoi que naturel : les tremblements de terre. Car c'était justement le point de rencontre entre ces deux qui nécessitait quelques investigations plus poussées. En tant normal, il n'y aurait pas prêté attention, mais le fait était qu'un incident similaire s'était produit il y a moins de six mois au Pays du Bois, avec des conséquences plutôt dramatiques. Alors même si le Pays du Vent n'avait pas été éventré en deux par les séismes, il ne pouvait s'ôter de l'esprit l'idée qu'il y avait peut-être un rapport entre les ondes sismiques inhabituelles qui se répétaient ici et celles ayant eu lieu au Pays du bois. Il n'y avait qu'un seul moyen d'en avoir le cœur net.

Il partit donc équipé comme décrit plus haut à l'endroit où il pu faire savoir à Suna qu'il allait se charger personnellement de l'enquête. Et comme il profitait des bonnes relations actuelles entre la Feuille et le Sable, il lui fut aimablement demandé s'il désirait profiter du soutien d'un ou deux Sunajin. La question souleva de vieux souvenirs, qui le firent frissonner. Près de la moitié des event, missions spéciales et assignation de routines auxquels il a participé dans sa vie ne se sont jamais terminés – ou se sont soldés par sa défaite pure et simple – parce que les individus qui étaient avec lui ont disparut en plein milieu du jour au lendemain, avant de se faire dégrouper. Il ne se sentait donc pas les épaules à assumer de frapper deux nouvelles personnes de cette étrange malédiction qui le poursuivait. Militairement parlant, il aurait affaiblit Suna de deux de ses shinobis, et Miko l'aurait félicité, mais bon, éthiquement, cela ne se faisait pas. Il répondit donc qu'il préférait assurer cette enquête seul. Ce n'était que des tremblements de terre après tout, cela ne nécessitait pas d'amputer au Village du Sable deux éléments qui seront probablement utiles autre part.

Au fond de lui, il savait que cela allait être bien plus. La logique lui disait qu'il vaudrait mieux avoir avec lui du soutien, et que trois personnes étaient capable de bien plus qu'une seule, que ce soit en puissance martiale ou en réflexion, mais cela faisait bien longtemps qu'il préférait assurer ses missions en solitaire. Il pouvait faire bien trop de dégâts lors de ses accès de frénésies, et ne se pardonnerait jamais s'il tuait un allié au cours d'une d'entre elles.

Il se mentait à lui-même, cela aussi il le savait. Certes, il ne voulait pas blesser d'équipier, mais son soucis principal était surtout de ne pas se faire surprendre s'il en venait à perdre le contrôle. Il avait honte de ce qu'il devenait, de ce qu'il faisait pendant ce temps là, mais il avait apprit à se contenter des cadavres comme témoins : ils étaient les seuls dont il ne craignait pas pas le jugement.

Le visage fermé et le regard froid braqué vers l'horizon, il se rendit en direction de l'épicentre approximatif du dernier tremblement de terre, situé à une vingtaine de kilomètres seulement de Suna.

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Nara Natsuki s’était décidé. Se rendre seul à l’épicentre du dernier tremblement de terre était une chose belle et bien risquée. Mais peu confiant quant à sa capacité à rester lui-même, il avait choisi la solitude. Au moins, s’il tombait face à un problème conséquent, il pourrait se laisser aller sans le moindre témoin. Qu’importe ce que chacun penserait de cette vision des choses, le chef de la Racine était le seul décideur de ses actes. Et ce dernier avait fait son choix.

Vingt kilomètres, ce n’était pas quelque-chose de difficile pour un shinobi, mais le désert bien aride de Kaze no Kuni changeait la donne. Heureusement pour le gradé qu’il était, le Nara n’eut pas de problème durant sa route. Aucun séisme, aucune mauvaise surprise, aucun Sunajin malencontreusement placé sur sa route, tout semblait montrer un bon présage.

Mais c’est forcément lorsqu’on se dit ce genre de choses que l’exception vient détruire une règle que l’on commençait à croire établie.

En effet, à peine le shinobi du village caché des Feuilles avait-il commencé à inspecter les lieux qu’une secousse naquit de d’une centaine de mètres vers le sud. Le chakra sous ses pieds prêts à amortir un quelconque tremblement, Natsuki s’était retourné vers la provenance de ce nouveau choc.

Si au début la magnitude restait faible, elle grimpa vite en flèche… à l’image d’une masse de sable de plus en plus grande. Si l’on pouvait au départ douter que cette imposante dune découlait d’un trou dans le désert provoqué par le séisme, les lueurs bleues qui apparurent sur ladite masse changèrent ce doute en désespoir.

Ichibi, le démon à une queue, était apparu. Et comme si sa masse de chakra et son incroyable prestance ne suffisaient pas, il offrit au désert son premier cri depuis longtemps, dirigé vers les cieux.

Tout autour du Bijû, le sable glissait vers lui. Si les quelques motifs et épaisseurs du désert environnant disparaissaient sans opposer de résistance, Nara Natsuki n’allait probablement pas se laisser aspirer de la sorte. Mais comment allait-il s’empêcher d’être attiré par l’une des créatures réputées si puissantes qu’elles étaient devenues légendaires ?

Et s’il arrivait à rester sur ses positions, comment pourrait-il faire face à un tel monstre ?

Spoiler:

L'on peut aussi bâtir quelque chose de beau
avec les pierres qui entravent le chemin.

L'entrainement que Natsuki s'était infligé pour assurer efficacement son rôle d'Homme en Noir pendant l'examen Chûnin avait porté ses fruits : à vivre de jour comme de nuit dans un environnement à 40 degrés en tenue d'hiver, il s'était en un mois assez rapidement habitué à la chaleur du désert, si bien que sa petite traversée de vingt kilomètres ne lui fut pas plus affligeante qu'à un Sunajin pure souche. Il suait à grosses gouttes à chaque foulée dans le sable, mais avait de quoi s'hydrater – un fait qui bientôt deviendra le dernier de ses préoccupations.

Alors qu'il approchait de la position approximative du dernier épicentre sismique enregistré, il constata qu'il n'y avait toujours rien à l'horizon. Ni forme de vie, ni désastre environnemental. Personne ne s'aventurait sans bonne raison dans le désert en pleine journée en même temps. Il avait donc peu d'espoir de trouver quoi que ce soit, si ce n'était des indices allant dans le sens contraire de la théorie qu'il avait en tête.

Au final, avant même qu'il n'ai eu le temps de commencer à chercher quoi que ce soit, un nouveau tremblement de terre survint. Les dunes ondulèrent comme des vagues dans une tempête en mer, forçant Natsuki a exécuter de multiples pirouettes pour ne pas finir ensevelit sous une lame de sable : impossible de conserver son équilibre dans de telles conditions, il n'aurait pas eu assez de mouliner dans l'air avec ses six bras pour rester debout. C'est alors que les véritables ennuies commencèrent...

Le séisme trouva sa source en une énorme forme qui émergeait du sable. D'abord indistincte, Natsuki remarqua rapidement qu'il s'agissait d'une patte, suivit du reste du corps qui y était rattaché. La créature à demi-enfoui faisait déjà largement une dizaine de fois la taille du shinobi près d'elle, et plus elle se dégageait du sable, plus elle démontrait à quel point elle était plus imposante encore.

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Natsuki resta interdit devant le monstre qui lui faisait face. Sa présence à elle seule était écrasante, d'un tout autre niveau que celle émanée par le Patriarche dans ses moments d’esbroufe. Le Nara tatoué, qui jusqu'à présent n'avait jamais entendu son nom ailleurs que dans les légendes et la religion, se retrouva devant celui que l'on appelait '' Ichibi ''. La situation était tout simplement catastrophique.

Il fallait qu'il s'enfuit. Il avait trouvé la source la plus vraisemblable des tremblements de terre, inutile de faire de vieux os ici : l'affrontement était tout bonnement impossible. Mais un hurlement à vriller les tympans l'arracha de ses réflexions, et le cloua sur place. Ses mains étaient une protection bien dérisoire sur ses oreilles face à la puissance du cri d'Ichibi, une raison de plus de ne pas rester davantage ici, d'autant plus qu'il n'avait pas été repéré. S'il était à peu près sûr d'une chose, en plus de se faire étaler si la créature titanesque s'en prenait à lui, c'était d'être largement capable de la battre à la course. C'était sans compter sur la suite...

Resté jusqu'à présent immobile à dévisager le Démon, des fois que sa vision était basée sur le mouvement, il ne remarqua que trop tard ce qu'il se passait à ses pieds. L'immense cratère qu'avait creusé Ichibi pour émerger de l'océan doré s'était changé en pente glissante, cœur de sables mouvants convergeant vers la créature. Happé par le glissement, Natsuki bascula sur le sol, balayé par le flot de sables qui lui coupa toute retraite. Il tenta de se redresser, puis de se cramponner et ramper en à contre-courant, mais sans succès : tels les grains qui filaient sous ses doigts, il était inexorablement attiré vers le monstre.

Coincé de la sorte, incapable de lutter contre le courant, il ne tarda pas à perdre son sang froid. Et ce qui le dégouta le plus était sans doute que ce fut volontaire. Il détestait plus que tout cette force qui coulait dans ses veines, et avait toujours dédaigner la considérer comme sienne. A ses yeux, ce n'était rien de plus qu'une marque de faiblesse, une malédiction contre laquelle il ne parvenait pas à lutter, et qui le poussait aux comportements les plus primaires. Une rage destructrice et aveugle à laquelle il refusait de s'abandonner, car allant à l'encontre de tous les principes pour lesquels il s'était toujours battu. Mais là, mit dos au mur, contre une créature face à laquelle il savait qu'il n'avait aucune chance, et avec des options plus que limitées pour l'empêcher d'atteindre Suna – son apparition ici ne pouvait pas être une coïncidence - , il n'avait d'autre choix que d'ouvrir une voie toute tracée à ses pulsions meurtrières. Devant un Démon à Queue qui incarnait la suprématie et l'apogée de la puissance, son sang maudit lui interdisait de toute façon de plier l'échine : sa rage ne connaissait aucun obstacle, et ravageait tout ce qui tentait d'en devenir un.

Alors qu'il n'avait plus eu de crise aigüe depuis longtemps, Natsuki allait devoir mettre à l'épreuve tous les progrès qu'il avait fait avec Iji et Nozomi en se plongeant de lui-même au cœur de la frénésie. Ce n'était toute façon qu'une question de secondes avant l'inévitable : s'il luttait dans ces conditions, sa volonté s'effriterait comme cette parois de sable qui l'entrainait vers la mort.

Cela commença par un craquement sinistre. Des os qui se brisaient et de la chaire qui éclatait pour laisser place à de nouveaux appendices. Quatre bras couverts d'écailles sombres et irrégulières prirent rapidement forme, à mesure que les tatouages sur ses jambes s'illuminaient, brillant d'une lueur pâle sous ses vêtements. Et déjà, il sentait son esprit s’obscurcir. La matière étrange ne s'arrêta toutefois pas à recouvrir ses bras, et se propagea sur le reste de la chair exposée de façon complètement anarchique. Ses vêtements, bien que moulants, étaient déjà mit à mal par l'épaisse carapace protectrice qui grandissait, et commencèrent à céder par endroit tandis que sa masse musculaire s'accroissait à vue d'oeil. La mue quant à elle s'adapta parfaitement, laissant deviner les muscles bandés à l’extrême qui roulaient dessous.

Une aura meurtrière émana de Natsuki, lequel ne chercha plus à lutter contre la marée de sable. Bien au contraire, il fit volte-face et dévala la pente au pas de course, en direction du monstre. Ses yeux voilés de sang ne perdirent pas de vue Ichibi, et dès qu'il arriva sous l'angle recherché, il transforma toute sa vitesse d'élan en bond prodigieux. Ses jambes le propulsèrent droit sous le menton gigantesque du Démon, et c'est avec une paume droite brandit qu'il le percuta de plein fouet. Ses doigts se refermèrent alors sur le cuir de la créature, et usant de cette prise ainsi que du reste de son élan, il impulsa d'une rotation de la hanche trois violents uppercut du côté gauche, décochés successivement.

Peut-être aurait-il dû suivre son instinct et s'enfuir. Peut-être aurait-il dû accepter de l'aide de la seule personne qui s'était proposée ( mais qui n'était pas sûre de pouvoir le faire ). Peut-être aurait-il dû écouter Mizuki, et discuter avec Ichibi autour d'un plateau de beignets de sauterelles cuit selon la recette originelle. En lieu et place, il avait préféré laisser son sang lui dicter sa conduite, et ouvert les hostilités contre un monstre qui le surclassait largement, et qui n'était menaçant que de réputation. Une frappe préventive, auraient dit certains, mais Natsuki savait que ce serait mentir en affirmant cela. Au fond de lui, il avait conscience que tôt ou tard, il aurait été amené à affronter les Démons à Queues s'il voulait évaluer ses progrès dans sa capacité à se maîtriser. Aujourd'hui survenait juste un peu plus tôt que prévu, en lui offrant l'opportunité de lâcher sa pleine puissance sans l'intérêt thérapeutique qui allait avec.

Qu'importe, il ne s’épanouissait vraiment que sur le champs de bataille. L'Histoire avait mit Ichibi sur sa route, c'était l'occasion de prouver à ceux qui l'assistaient qu'ils n'avaient pas depuis deux ans régulièrement passé leur temps dans une cave avec lui pour rien. Ce combat provoqué, futile ou nécessaire, n'était rien d'autre qu'un test, dont il n'en connaîtra éventuellement que les résultats. S'il survivait.

Être en colère n'était au final pas si grave : le tout était d'en faire quelque chose d'utile. Restait à voir s'il en était déjà capable...

Sentant le sable glisser vers lui, le démon n’avait pas manqué la présence du petit homme en bas. Au départ aspiré, ce dernier sembla se débattre pour ne pas finir broyé par la solidité du sable qui composait le monstre. D’ailleurs, le ninja était lui aussi devenu une créature infâme, que ce soit au niveau de son apparence ou du nombre de ses membres qui n’en finissait plus d’augmenter. Voulait-il combattre ? Ichibi ricana de façon intérieure, s’amusant toujours à regarder sa nouvelle proie se débattre.

Mais il fallait le reconnaître : elle le faisait bien. Doté d’une âme et d’un esprit plus farouche que posé, la créature gonfla son ventre au fur et à mesure que le sable du désert lui parvenait. Disposant naturellement de l’avantage du terrain, il ne comprenait pas bien pourquoi le Konohajin s’abreuvait d’espoirs de victoire alors que même ceux de survie lui paraîtraient fous. Mais plutôt que de réfléchir inutilement, le Bijû faisait également gonfler son corps pour une autre raison.

La rapidité et la force avec laquelle le petit homme arriva à hauteur du démon à une queue surprit ce dernier. Trop gros pour esquiver, bien trop pris de court pour sauter, il n’eut d’autre choix que de sentir le coup lourd du ninja forcer sa gueule à tourner. Sentant un bref instant une douleur qui lui était restée inconnue pendant longtemps, Ichibi ne perdit cependant pas une seconde pour remonter l’air qu’il avait stocké de son ventre jusqu’à ses joues sableuses.

Puis avant même que l’homme ne frappe à nouveau, le démon lui refit face, les joues bombées. Et il lâcha tout l’air comprimé accumulé. Nara Natsuki disparut aussitôt.

En réalité, ce dernier avait été projeté avec une violence qu’il n’avait sans doute jamais connue. Mais fort heureusement pour lui, la solidité de sa peau démonique l’avait sauvée d’une mort directe. Et lorsqu’il retomba cinq kilomètres plus loin, le fait que ce soit sur du sable le sauva également de blessures mortelles. Deux côtes brisées, voilà grossièrement le tribut que le Konohajin paya pour avoir affronté aussi brièvement Ichibi.

Ses bras suppléants disparurent progressivement, et sa peau retrouva sa couleur normale. Pouvant se vanter d’avoir survécu à un tel assaut, le chef de la Racine n’allait cependant pas pouvoir échapper à l’inconscient. Dans une ou deux heures, il se réveillerait, à une bonne dizaine de kilomètres de Suna…

Tel un moustique face à un colosse, le combat de Natsuki semblait joué d'avance. Pourtant ni la peur ni l’appréhension ne trouvèrent de place dans son esprit baigné dans la rage. Il avait frappé, un coup qui semblait bien dérisoire aux yeux de Démon, mais qui fit connaître à ce dernier la douleur. Une simple piqure dans une carapace de cuir et de sable, peut-être, mais une entaille profonde dans la fierté de la créature, qui avait de quoi ébranler tout ce dont en quoi elle a probablement toujours cru. Si les humains avaient toujours été les êtres faibles destinés à fléchir devant lui, Ichibi avait aujourd'hui trouvé un fou osant se dresser sur sa route, et le frapper.

Un geste audacieux, qui se devait d'être punit sans quoi cela enlèverait tout le mérite d'une prochaine tentative. Les humains devaient savoir à quoi s'en tenir s'ils s'essayaient à l'approcher, et quelles en seraient les cruelles conséquences. Alors Ichibi fit volte-face, et ouvrit grand la gueule. Natsuki n'eut que le temps d'apercevoir l'obscurité derrière une rangée de dents, avant de perdre contact avec ses sens.

Le monde défilait autour de lui, sans qu'il ne comprenne, ni ne cherche à comprendre. Il en était de toute façon incapable, seule la douleur le rattachait encore à la réalité. Il y eu un choc, puis un deuxième, et le sable du désert commença à ralentir sa course. Ce n'est qu'une fois immobilisé, le corps meurtrie et le visage éclaté dans la poussière qu'il réalisa que ce paysage, c'était lui qui l'avait traversé. Les images étaient brèves, floues, et lentement, la lumière s'éteignit.

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Le réveil ne fut pas agréable. Agressés par le soleil, les yeux de Natsuki ne s'ouvrirent qu'avec réticence. Il tenta de se redresser, mais une violente brûlure se fit sentir, l'intimant de réfléchir à deux fois avant de bouger. Pire encore, le pic soudain lui fit remarquer une douleur plus diffuse lorsqu'il s'atténua, mais clairement marqué. Son corps entier le faisait souffrir, il avait l'impression que ses os et muscles faisaient la queue pour se plaindre du traitement qu'il leur avait infligé. Et il avait chaud. Il était complètement rôti par le soleil ardent du désert sous lequel il avait perdu connaissance.

Il porta une main à front, dont le sang battait encore vivement dans ses tempes, et tenta d'observer les environs. Ichibi n'était plus là, il ne le voyait nulle part. Ce n'était même pas une fuite, il était simplement parti, n'ayant guère envie de poursuivre le moucheron qu'il avait expulsé sans effort. Le Nara tatoué retomba sur le dos, les forces pour le moment sapées, le moral davantage encore.

Il avait attendu beaucoup de ce combat, au point de s'abandonner volontairement à ce qui le répugnait le plus. Il avait tenté de donner un sens à cette frénésie, à ce qu'il lui arrivait. Il avait voulu se prouver qu'il était capable. Mais c'était trop tôt, bien plus que ce qu'il avait imaginé. Et le résultat avait été catastrophique à la hauteur de la déception. Il était en vie, certes, et ne comptait aucune blessure dont il sera incapable de se remettre - compte tenu de ce contre quoi il s'était dressé, il pouvait difficilement espérer mieux -, mais le dépit ne venait pas de là. Lui qui avait voulu tenter le diable, éprouver ses limites, il n'avait au final qu’eut le temps de réaliser qu'il était encore très loin de ce qu'il pensait avoir atteint.

Au final, tout ceci n'avait eu aucun sens, aucune finalité, aucun but qu'il pouvait apercevoir. C'était simplement arrivé. Une péripétie dans une histoire qui n'avait jamais commencé, ou qui ne connaîtra jamais sa fin. Elle ne laissait que le constat d'une cuisante défaite sans intérêt. Mais puisqu'il était en vie, le combat continuait.

Péniblement, il se releva, et se mit en marche vers Suna.