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 Entre amateurs de bonne chair [Solo]

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Nukenin
Otsutsuki K. Nikkou
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Message(#) Sujet: Entre amateurs de bonne chair [Solo] Entre amateurs de bonne chair [Solo] EmptyDim 1 Nov 2015 - 21:53

Un couloir sombre entrecoupé de quelques tâches lumineuses symbolisées par des torches rudimentaires enflammées. L’endroit n’était pas inconnu au nécromancien qui avait déjà par le passé explorer ces galeries souterraines s’étendant sur des kilomètres dans les profondeurs terrestres. Un véritable labyrinthe pour tout novice non accompagné. Même les senseurs ne pouvaient s’y repérer ici. L’infrastructure avait été conçue pour que seuls ceux autorisés puissent retrouver leur chemin. La première fois qu’il était venu ici, c’était lorsqu’il était tout jeune. Ryûku, son senseï dans l’art de la nécromancie, l’avait emmené dans ces tunnels afin qu’il puisse développer le don qu’il maîtrisait parfaitement aujourd’hui. Le bon vieux temps pourrait presque faire sourire le Fossoyeur.

Mais il chassa ses pensées de son esprit. Ce qui l’amenait ici, ce n’était ni les souvenirs d’antan ni des commodités mondaines. Il faut dire que la personne qu’il venait voir ici n’avait rien de commode. Mais il l’aimait bien quand même. Au final, ils se ressemblaient beaucoup tous les deux. Cette fois par contre, la réflexion arracha une esquisse de sourire malicieux sur le faciès du binoclard qui continuait sa marche.

Les intersections se succédaient, se ressemblant toutes. Pour autant, le pas du Shinda était guidé par l’habitude et l’expérience. Cela faisait certes quelques temps qu’il n’était pas venu mais ses souvenirs restaient bons sur le parcours à prendre. Il finit d’ailleurs par arriver au terme de ce labyrinthe. La dernière « épreuve » pour en rencontrer le fondateur et propriétaire consistait en une pièce carrée dont l’un des murs était décoré de trois portes en bois. Un simple écriteau vieilli par le temps et les mites indiquait : « Un seul choix possible ». A côté du panneau en bois, pour égayer la pièce, une petite case dessinée à même le mur représentant une tête de mort. Sans même s’attarder sur une des portes en particulier, Michiki fit un pas vers l’écriteau, déposa une main sur le crâne squelettique. Suivi un grincement alors qu’un pan de mur sembla se renfoncer sur lui-même avant de glisser sur le côté pour offrir une nouvelle entrée au nécromancien.

Il s’engouffra dans un petit sas sombre. Le battant de pierre pivota derrière lui pour le plonger dans l’obscurité totale. Enfin pas tant que ça au final puisqu’à quelques mètres, un rideau occultait la lumière qui semblait se dégager de derrière. Droit vers la pièce de tissu, Michiki l’écarta pour faire face au propriétaire :

Spoiler:

Ce dernier le fixait déjà de son regard azuréen. Il avait dû être mis au courant de sa présence depuis longtemps déjà. Michiki accueillit donc le regard d’un petit sourire en coin :

- Ravi de voir que tu n’as pas changé.

- « Ravi » de voir que tu ne t’es toujours pas changé. Sérieusement je crois que je t’ai toujours connu avec ces fringues ! Tu pourrais pas te rhabiller un jour ?

- C’est pas dans mes priorités non !

Le dealer d’Ame n’avait pas changé d’un pouce. Même pas pris une ride. Cela dit ce n’était guère étonnant vu qu’il était encore assez jeune. Il devait être l’aîné de Michiki de seulement une dizaine d’années. Ce dernier aurait donc été surpris s’il avait vu le visage du jeune homme déjà endommagé par les ravages du temps.

Sur la table qui faisait face au propriétaire des lieux, une série d’ustensiles tous plus repoussants les uns que les autres. S’accumulaient à même le bois terni par l’usage : des aiguilles de toute forme et de toute longueur, des seringues à l’aspect inexplicablement rouillé, plusieurs outils en inox totalement sales et une vaste collection de pots en terre cuite. Leur contenu ne faisait pas un doute lorsque l’on connaissait l’homme qui s’en servait. Tout l’ensemble était éclairé par une lumière blafarde non naturelle qui grésillait par moment. Assis sur un simple coussin à ras la table basse, le propriétaire détailla son invité. Le nécromancien quant à lui avait reporté son attention sur la troisième « présence » dans cette pièce.

Un squelette d’homme adulte épaulait celui qui scrutait la trogne de Michiki. Le Fossoyeur ne connaissait que trop bien les us et coutumes de l’endroit. Raison pour laquelle il s’inclina respectueusement face au tas d’ossements :

- Mes respects monsieur Kateo, dit-il sereinement.

- T’as vu Papa ?! Tu le reconnais hein ?! C’est le ptit Michiki, le protégé du vieux sénile et de l’autre affreuse bonne femme.

- J’ai témoigné du respect envers ton père, fais en de même quand tu parles de mes « parents », rétorqua le Shinda un peu sèchement.

- Oh mais j’ai toujours eu le plus profond respect pour les morts !

S’ensuivit un silence de cathédrale, alors que l’interlocuteur de Michiki lui arborait son plus beau sourire. Ce qui était assez difficile au vu de l’état de sa dentition. Le Fossoyeur resta impassible, attendant quelques secondes avant de reprendre :

- J’ai passé les trois dernières années de ma vie à traquer le salaud qui a buté Kazumi.

- Et c’est un succès flagrant puisque le susdit salaud court encore ! Et que dire de celui qui a crevé Ryûku.

Michiki resta encore plus stoïque à ces mots. Son interlocuteur était également au courant de ça. Ce type était plein de ressources, c’en était énervant. Ou plutôt frustrant. En fait son beau discours sur le respect de ceux à qui il devait tout n’était que du vent et son hôte le savait très bien. D’où le fait qu’il se soit permis une remarque un peu trop osée. Il l’avait fait exprès pour lui foutre le nez dans sa merde en fait. D’où le radieux sourire couleur piano qui n’avait pas quitté son visage. Mais il détourna enfin le regard pour s’affairer à sa table.

Sans attendre d’y être invité, Michiki prit place face à lui sur un coussin miteux posé là. il observa silencieusement le petit manège du dealer qui commençait à se concocter une dose d’on ne savait trop quoi. Quand on voyait les dégâts sur sa personne, il devait y avoir là un peu de souffre, du phosphore et de l’essence de Makka elle-même ! Un coktail explosif, mais nocif qui lui avait provoqué pas mal de chamboulements. Et Michiki ne pensait pas ça uniquement parce que ce type parlait à un squelette. Il eut un regard en coin pour ce dernier. S’il y avait une autre chose qu’il avait appris en ces lieux, c’était de ne jamais demander ce qui avait amené le paternel de cette énergumène à finir en pub ambulante sur l’importance du calcium.

Alors que le trentenaire face à lui terminait sa mixture, il plaça deux seringues de chaque côté du bol où reposait le liquide verdâtre. Il releva la tête et demanda très simplement :

- T’en prendras combien de grammes ?

- Comme d’habitude, lui répondit Michiki avec exaspération.

- Bon sang gamin depuis que je te connais tu refuses toujours mes invitations. Je t’ai déjà dit que c’était pas de la merde qu’on te refile n’importe où. Ça c’est pas de la cochonnerie !

Et il ponctua sa phrase d’une piqûre dans le bras après avoir rempli soigneusement l’une des seringues. Face au refus du nécromancien, il remplit la deuxième et enchaîna :

- Remarque t’as raison de refuser ça en fait plus pour moi.

Et la mixture termina direct dans les veines du trafiquant. Il mit un instant à se remettre de ses émotions. Les années passées à ingérer par tout pore de sa peau de telles substances l’avaient presque immunisés des effets notoires et/ou apaisants. Il devait se prendre une bonne dose de cheval avant d’être réellement sous l’emprise de ses préparations. Ce qui lui permettait de garder une once de « lucidité » dans ses paroles. Même si Michiki soupçonnait qu’il n’en ait jamais eu, et ce bien avant qu’il ne devienne ce qu’il était aujourd’hui. Mais l’intéressé renversa vite sa tête vers son invité pour le fixer dans les yeux, essayant d’attraper son regard derrière ses lunettes mauves :

- Encore quand t’étais à peine majeur, je veux bien comprendre. Mais là on est entre hommes bon sang ! Tu crois que c’est comme ça que tu deviendras un grand ?! Demande à Papa comment qu’on fait.

Il gratifia le squelette d’une tape sur l’épaule qui manqua d’ébranler l’ensemble. Et le silence mortuaire pour seule réponse. Le bonhomme retourna aussi naturellement à ses occupations, rangeant un peu le matériel qui traînait. Il fit littéralement table rase avant de venir laisser choir sa main contre le panneau en bois. La vibration se propagea jusque dans les contenants posés sur la table. Les deux hommes échangèrent un regard, le dealer eut un sourire faux et le brisa aussi sec lorsqu’il se remit à parler :

- Alors dis-moi un peu ce qui t’amènes. Je me doute que notre agréable compagnie à Papa et moi ne t’a pas poussé à te taper plusieurs kilomètres de marche. Alors dépêche-toi de me dire ce dont t’as besoin. C’est pas que je suis pressé mais on a un cours de rumba après.

Sans porter aucune attention à l’absurdité de ces paroles, Michiki sortit calmement un morceau de papier de l’une de ses poches. Il sortit par la même une cigarette qui traînait là. Une aubaine ! Chacun son petit péché mignon après tout. Mais à peine l’eut-il mis dans le bec qu’elle finit roussi sur place par un petit jet de flammes. Michiki eut un regard surpris pour son interlocuteur dont la bouche fumait encore.

- La règle n’a pas changé : pas de ces saloperies ici. Je veux pas choper une merde à cause de tes trucs.

Michiki n’avait pas souvenir de toutes les règles qu’il fallait respecter face à cet homme. Cette dernière lui échappait totalement à chaque fois. Si la drogue était monnaie courante chez lui, il était presque inconcevable de comprendre son aversion des clopes. Mais comme toutes les autres règles faisant loi ici, il valait mieux ne pas chercher à comprendre. Etant donné que la cigarette fut terminée prématurément, Michiki déposa la liste sur la table, la tournant de telle sorte que son hôte puisse en lire le détail sans se casser le cou.

- Est-ce que tu aurais tout ça ?

- Alors voyons. L’aménite, il m’en reste ouais. Les goushias, je dois en avoir. La belcrade si l’autre garce m’a pas tout piqué il m’en reste…

Et il détailla ainsi à voix haute chaque ingrédient noté avant de finalement se lever. Il farfouillait dans chaque coin de la pièce, inspectant le moindre recoin étrange pour en dénicher une dose de ce que le Shinda avait demandé. Le petit tas d’ingrédients s’amoncela devant ce dernier qui en faisait le compte. Puis le dealer revint à sa place, balançant sur le haut du paquet une dernière touffe d’herbe séchée. Il en prit un brin qu’il glissa dans sa bouche. Il commença à mâchonner alors que Michiki sortit un parchemin pour tout sceller en un coup.

- Ma foi c’est parfait ! Merci Hanzô, toujours aussi pro.

- Y a pas de quoi l’affreux. Mais dis moi un truc, tu comptes nous préparer une attaque biologique sur quel village avec ça ?

- Je ne vise pas de village voyons.

- Usage personnel ?

- On peut dire ça.

- Tu te droguerais avec ça ?! s’étonna le dénommé Hanzô. Et même pas avec ma came de professionnel ! C’est du joli que tu peux préparer avec ça mais ça ne vaudra jamais l’une de mes potions magiques.

- Je te rassure je comptais pas ingérer ça. Sauf si je voulais que mon organisme développe une immunité face à cette daube. Non j’avais en tête une utilisation plus…spartiate de la chose.

Un sourcil s’éleva haut sur le front du dealer. Un sourire franc et honnête s’afficha par la même occasion que le mince trait de poils s’était soulevé. Il avait l’air amusé de la chose. A n’en pas douter, il avait compris où voulait en venir le nécromancien qui souriait lui aussi, satisfait du petit effet qu’il venait de produire. Il fallait être doué pour surprendre celui qui lui faisait face. C’était d’ailleurs la première fois depuis toutes ces années qu’il y parvenait.

- Tu penses donc à un poison de combat ?

- Tout à fait.

Un éclat de rire rauque accompagna la réponse toute simple. Le squelette jusque-là maintenu tant bien que mal en position assise vint s’écrouler sur la table, tête la première. De là où il se tenait, Michiki ne pouvait donc qu’admirer le sommet de son crâne tandis que le propriétaire de ce corps osseux continuait dans son hilarité. Il finit par se calmer après une ou deux minutes, les larmes aux yeux. Il passa une main sur le coin d’un œil et il entreprit de relever son père pour le réinstaller convenablement. Lorsqu’il en eut fini avec ça, il en revint à sa discussion :

- Ryûku avait bien raison. T’es qu’un vieux serpent fourbe. J’aimerais pas être celui qui se retrouvera face à toi avec un poison comme ça dans ton arsenal.

- Je te rassure, j’aimerais pas me retrouver contre toi non plus, répliqua Michiki.

Un petit sourire se partagea entre les deux hommes. Oui, s’il y avait affrontement un jour ou l’autre entre ces deux-là, ça promettait ! Le dealer tapa une nouvelle fois sur le panneau en bois pour renchaîner :

- Bon ! Il te fallait autre chose ?

- Non j’ai tout ce qu’il me faut normalement. Je repasserais peut-être d’ici quelques mois pour une commande de recrues. Si t’as des potentiels intéressants je serais pas contre. Ma collection commence à prendre la poussière.

- Je devrais avoir un nouvel arrivage ouais. C’est pas la belle époque de la Brume Sanglante mais deux, trois massacres arrivent parfois.

Michiki eut un léger blocage à l’évocation de la Brume. Il connaissait son interlocuteur. Il choisissait toujours bien ses mots. Donc les sous-entendus passaient toujours très délicatement. Il lui suffit d’un regard vers Hanzô pour remarquer le clin d’œil qu’il lui accorda. Le Fossoyeur secoua la tête de droite à gauche avec un petit rictus en coin. Le propriétaire des lieux se leva en même temps que son invité qui commençait à prendre la direction de la sortie. Il avait son parchemin de fournitures donc plus rien ne le retenait. Hanzô se tint immobile, mains dans les poches, l’observant. Michiki lui accorda donc son salut :

- Il me reste plus qu’à prendre congé de vous. Ravi de vous avoir revu monsieur Kateo. Au fait Hanzô ! Tu passeras le bonjour à ton frère pour moi quand tu le croiseras.

- C’est un sac à purin mon frérot ! Il est reparti faire mumuse aux petits pantins dans son bac à sable géant. Qu’il y crève toute façon c’te salaud.

L’amour fraternel était immense dans cette famille. L’amour paternel y était déjà particulier alors entre frères il n’en était que plus…amoindri. Hanzô partit récupérer son géniteur à sa place, entourant un bras autour de ses épaules. Il lui murmura là où devrait se trouver ses oreilles quelque chose d’inaudible mais ressemblant à : « Tu dis au revoir à Michiki ? ». Le nécromancien préféra ne pas y accorder d’importance. Il écarta le pan de tissu servant de rideau entre le sas et la pièce sombre. Alors qu’il allait retrouver le labyrinthe, il fut rappelé par une remarque :

- Et toi par la même tu passeras le bonjour à l’Hydre.

Michiki fit volte-face brutalement, les yeux écarquillés. Hanzô fut content de l’effet qu’il venait de produire. Il ricana de contentement. Rien d’étonnant après tout. S’il y avait bien une personne capable d’être au courant sur cette terre, c’était ce petit dealer tout discret qui avait pourtant un réseau d’informations impressionnant dont on négligeait l’ampleur. Michiki reçut donc la réplique d’un simple sourire carnassier et d’un très aimable :

- Tu viendras lui dire en face un de ces quatre !

- Ça va pas ou quoi ?! C’est ton œuvre donc ça doit être de la merde. Je ne traîne que dans les hautes sphères moi monsieur. Retourne dans ta grotte.

Et ce fut sur ces mots qu’il le gratifia d’un beau majeur bien levé vers le ciel tandis que les autres restaient repliés. Et au même moment, le squelette s’anima ; son bras se soulevant pour que la main vienne accorder un petit salut.

« Ces deux-là décidemment… » songea Michiki.


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Message(#) Sujet: Re: Entre amateurs de bonne chair [Solo] Entre amateurs de bonne chair [Solo] EmptyDim 1 Nov 2015 - 22:05

Contexte:

Les couloirs obscurs laissèrent place à la fameuse pièce où se cachait l’entrée du repaire. Le Shinda actionna le mécanisme pour observer le pan de mur se dérober. Il franchit l’antichambre en deux pas avant d’écarter le rideau d’un revers de la main. Son fournisseur officiel et exclusif se tenait à quelques mètres devant lui, farfouillant frénétiquement ses tiroirs.

- Tu tombes mal l’ami. J’ai une commande assez importante pour un attentat biologique. Alors je sais pas pourquoi t’es là mais j’ai pas le temps. Reviens d’ici un mois.

- Même si je te disais avoir besoin de beaucoup de corps ?

- Ce ne sont pas dix malheureux macchabés qui me feront revoir mes priorités, dit-il perché en haut d’une échelle, arpentant ses étagères tout en jetant un regard rapide au nécromancien. A dans un mois.

- Tu te doutes que je ne viendrai pas te réclamer un chiffre si ridicule. Sinon je me serais débrouillé seul pour la cueillette !

- Possible mais là j’ai pas ce qu’il te faut.

- Tu ne m’avais pas parlé d’un carnage fructueux la dernière fois ?

- Si bien sûr. Une secte dont tous les membres ont préférés s’ôter la vie dans une séance collective. Un festin pour les charognards comme toi. Mais tu as beau être le roi dans ce domaine, tu n’es pas un client aussi important. Du moins pas pour de si grosses commandes. Je ne les fournis que par centaines. J’étais à court de parchemins ce jour-là…

- Qui t’as dit que je ne les prendrais pas par centaines aujourd'hui ? demanda Michiki l’air joueur.

Cette fois le dealer d’Ame se stoppa net dans son action. Il se laissa glisser en bas de son échelle, mains sur le cadran. S’époussetant les mains, il fit volte-face pour rejoindre le Fossoyeur qu’il toisa de la tête aux pieds. Comme s’il essayait de vérifier qu’il s’agissait bien du jeune homme qu’il avait connu tout petit du temps où il n’était pas aussi redoutable qu’aujourd’hui.

- Cherches pas t’as pas les moyens…

- Pas encore, rectifia-t-il. Mais leur usage compensera largement la chose.

- Tu sais que pour une telle quantité, j’en demande minimum le triple ?

- Pas de problème, répliqua calmement le Shinda.

Il fut gratifié d’un regard de travers qu’il affronta tout sourire. Son interlocuteur fulminait à cent à l’heure. Cela se voyait sur son faciès. La concentration lui tirait les traits alors qu’il tâchait de déceler par un simple regard ce que tramait le nécromancien à lunettes. Puis il partagea le sourire de son client de longue date :

- Tu deviens de plus en plus ambitieux on dirait. Il était temps tu me diras..

- J’avais juste besoin d’un peu de temps pour cogiter tout ça !

- Tss ! T’as jamais été un rapide ça c’est sûr.

Michiki ne répondit pas au compliment alors que son auteur allait vers une troisième pièce aux rideaux et porte fermés. Il ressortit quelques temps après, les bras chargés. Il en déversa le contenu sur la petite table basse à laquelle les deux hommes prirent place, assis sur des coussins au sol.

Les rouleaux d’invocation jonchaient l’espace de bois. Plusieurs couleurs différentes s’entremêlaient. Des verts, des rouges, des oranges et des bleus s’entassaient dans le plus grand des chaos. Déblayant du mieux le passage, leur propriétaire en fit rouler trois face à son potentiel client. Puis il désigna chacun d’eux avec une petite annotation dès que son doigt passait d’un rouleau à l’autre :

- 200 dans les oranges, 600 dans les rouges et 1000 dans les bleus.

Michiki observa les parchemins avec attention. Il calculait mentalement le nombre de pièces dont il aurait besoin pour son œuvre. Difficile de faire le compte comme ça ici en précision. Il ne pouvait même pas faire une estimation. Sa main droite sur la table, ses doigts tapotaient à un rythme régulier le bois noirci par le temps. Puis le bruit incessant prit fin alors que la dextre s’élevait de quelques centimètres, prête à faire un choix. Ce qui attisa le feu de la curiosité et de l’intérêt dans les yeux de celui qui lui faisait face. Puis le bras du Shinda décrivit un balayage aérien vers la droite. D’une voix sans ton, le nécromancien déclara finalement sa conclusion à voix haute :

- Dans le doute, je vais te prendre les trois. Un de chaque comme ça, pas de jaloux !

Le fournisseur ne le quittait pas des yeux. Il semblait toujours à la recherche visuelle d’un indice à propos des intentions du projet pharamineux qui se préparait. Pourquoi un si modeste nécromancien se lançait dans une telle entreprise ? Jamais un individu isolé n’avait fait appel à ses services pour se procurer autant de cadavres. Les yeux améthyste de Michiki ne trahissaient qu’une émotion : la détermination. Le maître des lieux finit par reprendre la parole après une minute de silence :

- Es-tu sûr de réaliser ce que tout ça représente ? Je te parle d’un taux d’intérêt triple et toi tu souhaites me prendre…1800 corps, dit-il après un rapide calcul mental.

- C’est bien ça, répondit sobrement le Shinda.

Son interlocuteur gardait un visage à la fois neutre et fermé. Jamais le Fossoyeur ne l’avait vu aussi sérieux. Il avait l’air même soucieux. Un sentiment qui ne lui convenait guères. Un nouveau silence d’une minute fut finalement rompu encore une fois par le dealer d’Ame :

- Tu connais les règles. Si tu ne me rembourses pas, la sentence est maximale. Surtout avec une telle commande. Et je te fais ce rappel en tant qu’ami. Tu sais que je ne plaisante pas avec ces choses-là. M’oblige pas à devoir user de la force pour obtenir gain de cause. Tu perdrais, tu le sais ça ?

- J’ai pleinement conscience de cet engagement, et surtout ce qu’il implique. Tu seras dédommagé de la somme demandé. En temps et en heures. Je te le garantis.

- Dans ce cas…

Il poussa de la paume les trois rouleaux vers leur nouvel acquéreur. Michiki s’en empara avant de précieusement les ranger dans une sacoche prévue à cet effet. Pendant qu’il arrangeait son barda, le reste des rouleaux et leur propriétaire avaient disparus dans la pièce d’à côté d’où ils étaient venus. Il ne tarda pas à réapparaître. Il reprit sa place, le visage toujours aussi sérieux, et sa voix en suivait l’exemple :

- Il te fallait autre chose ?

- Tu peux peut-être m’aider oui. Ton frère est toujours du côté de Kaze ?

L’homme croisa les bras et se recula légèrement sur son coussin. Il dévisagea le nécromancien qui lui rendit un sourire des plus insolents pour l’inciter à répondre.

- J’en sais foutrement rien. Je t’ai déjà dit que mon frangin est un beau sac à merde. Et tu remarqueras que j’utilise le présent et non le passé. Donc épargne-moi ce genre de services. J’accepterais de traiter avec toi à propos de mon frère le jour où tu m’en ramèneras le cadavre.

- L’offre est alléchante mais je doute que je céderais son corps aussi facilement. Un tel potentiel peut être une arme précieuse à qui sait l’utiliser.

- Va le mettre hors d’état de nuire le potentiel et ce sera ton corps qu’on m’amènera. Je le prendrais même pas pour des clopinettes d’ailleurs. Faudrait me payer pour que je le récupère.

- J’en serais blessé, répondit Michiki en se levant.

- Pour ce que je m’en fous, rétorqua l’autre.

Epoussetant son pantalon au niveau de ses genoux, le nécromancien remonta ensuite ses lunettes avant de tendre une main vers son aimable fournisseur de toujours. Ce dernier répondit et les deux hommes échangèrent une brève poignée de main. Elle se conclut sur une déclaration du dealer :

- T’as trois mois, Michiki.

- Tu les auras dans deux !

- Je l’espère sincèrement.

Puis le Shinda quitta la pièce. Son bras vint soulever la pièce de toile le séparant de la sortie. Il s’arrêta là, dos tourné à l’hôte des lieux :

- Le bonjour à ton frère au passage, dit-il en souriant.

Et le rideau retomba derrière lui en même temps que les vociférations et insultes du dealer qui avait renversé la table sous un élan de rage.
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Message(#) Sujet: Re: Entre amateurs de bonne chair [Solo] Entre amateurs de bonne chair [Solo] EmptyDim 29 Nov 2015 - 19:11

La brume embrassait les pas du Shinda qui s’avançaient progressivement vers sa destination. Les contrées de Mizu no kuni qu’il connaissait parfaitement le menèrent à ce lac si particulier où tout avait commencé il y a avait fort longtemps. C’était en tout cas ce que racontaient les anciens de l’archipel. Il y avait toujours une part de vérité dans les légendes. Même s’il ne les écoutait pas toujours, Michiki savait y prêter l’oreille parfois. Son regard se porta sur l’étendue d’eau perdue au milieu des montagnes.

L’immense parcelle aqueuse était formée par la réunion de plusieurs rivières. Le phénomène était assez rare et presque féérique. Au lieu de regagner directement la mer, ils restaient dans les terres, formant un cours d’eau original jamais vu ailleurs. C’était assez impressionnant à observer. Aussi le Shinda profita de son promontoire avait d’entamer sa descente vers le lac. Il progressait lentement à travers les rochers. Ici la brume semblait s’arrêter. Les montagnes se dressaient autour telle une cuvette stoppant la progression de cette météo signature de Mizu. Il y avait une végétation touffue mais rare qui se disséminait un peu partout à flanc de rochers. Le Fossoyeur n’était pas un habitué de ce genre de topographie mais ça ne l’impressionnait pas pour autant. Son voyage à travers le monde l’avait mené à visiter bien des contrées toutes aussi différente les unes que les autres. Sa route l’avait même mené à un moment à Kaze no kuni ! Autant dire l’exact opposé géographique et météorologique de sa terre natale.

Sa descente l’amena à finir les pieds au bord du clapotis régulier de l’eau venant s’échouer sur les quelques galets. L’eau sombre ne laissait rien transparaître. Impossible donc d’évaluer le contenu ou même la profondeur qu’il pouvait y avoir sous la surface. Pourtant, Michiki s’en retrouvait comme hypnotisé. L’inconnu se reflétait dans le verre de ses lunettes alors que ses pensées divaguaient. Puis dans le plus plat des silences, il brisa son état de statue pour s’agenouiller. Il fouilla sa ceinture pour s’emparer d’un rouleau à l’allure différente des autres. Lorsqu’il le déplia au sol face à lui, un sceau d’une extrême complexité y figurait. Les pictogrammes et insignes dessinés étaient plus nombreux et plus complexes que tous les autres qu’il possédait. Un sceau très sécurisé qu’il avait mûrement travaillé pour l’occasion. Beaucoup de temps passé à repenser à tout ce qu’il savait en matière de Fûinjutsu. Mais l’investissement temporel fait dans ce simple rouleau s’avèrerait prometteur et utile.

Bien à plat sur le sol, le parchemin fut effleuré de la paume de la main par son propriétaire. Son regard se releva pour fixer la ligne d’horizon formé par l’eau. Une importante masse de chakra commença à déferler de son être tout entier et à se concentrer dans sa paume de main. Sa dextre était maintenant fermement appuyée contre le papier. Le chakra déployé aurait apeuré quiconque passant dans les parages à ce moment-là. Encore heureux qu’il était seul ici. L’opération mit un certain temps. Le lac se mit à avoir des remous. Le sol vrombissait sous les genoux du nécromancien qui ne relâchait pas sa concentration pour autant. Il s’aida de sa deuxième main pour plaquer encore plus le parchemin au sol. Du mouvement agita la surface de l’eau. Quelque chose se profilait en dessous. Plusieurs mêmes. Ou quelque chose d’immense.

Puis un bruit sec et unique. Celui d’une roche qui se brise. Suivi de la terre qui se craquèle quelque part pour répandre un simple écho sur les parois rocailleuses entourant l’endroit. Le chakra s’estompa alors peu à peu et Michiki se redressa. Un fier sourire sur ses lèvres et des gouttes de sueur perlant de son front.

Il se pencha de nouveau pour enrouler le parchemin dont les signes avaient changés. De nouveaux s’étaient inscrits après cet étrange rituel, rendant la surface blanche encore plus brouillonne. On ne discernait presque plus le blanc de la feuille derrière toutes ses inscriptions. Titubant jusqu’à un rocher tout proche, Michiki y prit place en tailleur. Il soufflait à un rythme régulier pour récupérer. Il avait dû user de beaucoup de chakra pour l’opération. Des moyens importants qu’il avait développés pour en arriver là. C’était la première fois qu’il parvenait à un tel résultat. Regardant le rouleau encore dans sa main, il se prit à rêver de l’usage qu’il pourrait en avoir. Dans son flot tumultueux de pensées, il commença à se dire qu’il pourrait changer la face du monde avec ceci. Puis un vent de nostalgie le saisit à la gorge.

Les souvenirs d’un pauvre jeune homme orphelin hébergé par une brave kunoichi et recruté un peu par hasard dans l’armée Kirijin. Les débuts d’un adolescent regardé de travers par tous ses congénères pour ses capacités morbides. Un regard qui avait bien changé au fil du temps avec sa montée en grade fulgurante. L’hypocrisie humaine avait fait son travail pour faire de lui un élément important du village. Mais aujourd’hui, la cité n’était plus alors que lui se tenait toujours là. Il voyait ce dont il était capable aujourd’hui et ses pensées se dirigèrent vers cette cabane isolée de tout dans les bois brumeux où le temps semblait s’être arrêté. Le jour même où il avait assassiné le propriétaire de ce lieu, la Nature avait repris ses droits pour ne laisser derrière elle que la trace indélébile du Fossoyeur de Kiri. Celui-là même qui aujourd’hui en arpentait les terres, rêvant de sa reconstruction prochaine. Une tâche et une responsabilité qui nécessitait la meilleure des préparations. Ce pourquoi il s’était déplacé jusqu’ici. Ayant repris des forces, il se releva finalement pour rebrousser chemin. Une fois en hauteur, il ne put réprimer un regard en arrière pour observer à nouveau l’étendue d’eau redevenue calme et parfaitement plate. Les rivières adjacentes ne semblaient pas inchangées en surface. Difficile de dire ce qu’il advenait dans les profondeurs. Puis il tourna le dos à ce paysage pour reprendre la route. Le bâteau l’attendait et il ne devait pas traîner. La nouvelle ère de l’archipel se profilait et le destin du Kirijin y était intimement lié.
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