Une journée s'était écoulée depuis mon avènement. Le temps avait défilé à une vitesse ahurissante alors que j'avais un vague souvenir des heures interminables dans la souffrance au quotidien... Mais tout cela était de l'histoire ancienne ! J'avais vécu ma propre renaissance en partance pour un tout nouveau départ...

J'avais revêtu une tenue échancrée sur mon décolleté de coloris noir et rouge qui m'arrivait juste un peu au dessus des genoux tandis que le nouvel ornement entre ma poitrine était des plus visibles : une cicatrice a la verticale, vestige de cette ascension sacrificielle.
Je souriais en constatant mon reflet : j'étais désormais dotée d'une énergie nouvelle qui circulait entre mes veines à travers ce cœur éternel. Fini les airs maladifs, la puissance était en moi !

Bons nombres de plans se formulaient dans ma tête même si pour l'heure, certains d'entre eux n'étaient que des esquisses qui n'attendaient que d'être réellement appliqués.
Cependant, la fin de ma première nuit s'était terminée dans une effusion de sang ayant disparue dans l'étanchement du sable corrompu par sa seule présence en ce lieu profané pour la gloire de Jashin... Sa soif était inépuisable. L'appel du sang, pour le servir, était indomptable.

Avec cette pensée en tête, je quittais le manoir, bien vide qui ne le serait plus très longtemps, d'un pas assuré pour me rendre auprès d'Oniri. Sans que je ne sache vraiment pourquoi, j'avais cette envie irrépressible de lui rendre visite en premier.

La Saibogu n'était visiblement pas dans son nouveau logis. Ce constat me fit étirer un sourire perfide.

« Tu ne peux pas m'échapper Oniri... »

Murmurais-je à demi-mots tandis que je cherchais sa présence à travers notre lien écarlate. Mes veines tambourinaient avec hargne sous l'afflux sanguin qui s'y déversait. Je sentais la présence d'Oniri non loin d'ici. Je laissais l'hémoglobine parler et me dirigeais dans la direction qu'elle m'indiquait : la pistant et la traquant comme la proie qu'elle était, ainsi a ma merci.

Le sang de la nymphe aux cheveux immaculés était délectable. Je me souvenais de son arôme si particulier et enivrant... Il me fallait un met de ce choix pour étancher la soif du Seigneur Noir...

Dans la nuit éthérée, je m'engouffrais sur les toits pour la débusquer. Elle semblait se réfugier quelque part dans le désert mais ne pourrait guère se cacher longtemps... La luminescence de l'astre nocturne éclairait les alentours plus que nécessaire et je l'avais littéralement dans la peau...

Je m'enfonçais alors dans notre contrée désertique en remontant la piste jusqu'à l'apercevoir au sommet d'une dune. Nul doute qu'elle avait senti ma présence.

« Trouvée ! »

Me contentais-je de lui dire dans un sourire enjôleur et un brin belliqueux tout en m'approchant d'elle à pas feutrés.

La nuit était pleine, ce qui n'était pas le cas de la lune qui finirait de compléter d'ici quelques jours. Je nourrissais pourtant déjà ce besoin d'évasion ce qui m'avait poussé à rejoindre le désert tout en m'éloignant le plus possible de la civilisation. Je me savais perdre le contrôle lorsque l'astre nocturne montait à son zenith. J'avais déjà provoqué de nombreux problèmes et ne tenait aucunement à répéter mes erreurs. Ce faisant, j'avais fait le choix de me perdre dans une zone totalement vierge là au nul ne pourrait subir les conséquences de mes actes. Vêtu d'une simple short et d'un t-shirt flottant je marchai pied nu à travers les dunes, les cheveux aux vents. Mes holsters étaient comme à leur habitude attachés autour de mes cuisses. On n'était jamais trop prudent et il restait toujours hors de question que j'aille quelque part sans mes armes.

Cette fois-ci la chasse aux scorpions ne saurait retenir mon attention. Il me fallait trouver autre source de divertissement qui, optionnellement, ne consisterait pas en la traque d'êtres humains. Baignant dans la clameur argenté de la lune, voguant sans réel but je finis par ressentir une présence familière à plusieurs lieux d'ici. Elle m'avait trouvée et venait à moi. J'en étais certaine. La question étant de savoir pourquoi. Elle tombait plutôt mal, je n'étais pas d'humeur à voir qui que ce soit. L'idée sournoise de l'attaquer me traversa l'esprit aussi rapidement qu'une étoile filante avant de disparaître dans l'espace lointain. Non c'était idiot. Il s'agissait d'elle après tout je n'allais tout de même pas lui faire de mal.

Pourtant je me rendais compte que quelque chose avait changé en elle. Je pouvais le sentir d'ici. Elle n'était plus la même, un étrange chakra semblait la dominer. Le pressentiments que j'avais eux quelques jours plutôt se confirmait-il ? Toujours fut-il que je me décidai à l'attendre, étendant plus que de raison la portée de mes sens jusque dans les confins du désert. Il n'y avait que nous deux sur des centaines de kilomètres. Le reste n'étant que la faune local, insecte et autres prédateurs reptiliens. Ce petit jeu m'occupa jusqu'à ce que la Ketsueki se présente à moi. Le ton de sa voix avait quelque choses de déroutant, de sombrement familier.

-Ce n'est pas comme si je cherchai à me cacher... Dis-je d'un ton placide.

Je me retournai pour lui faire face et elle eut tout à loisir de contempler ces yeux démoniaques que je n'étais pas en mesure de réprimer. Elle était joliment vêtu, peut-être même de façon un peu trop provocatrice pour la Yami que je connaissais, mais ce qui m'attira le plus fut certainement cette nouvelle et longue cicatrice parcourant son buste. Je m'en enquérais aussitôt.

-Que t'est-il arrivé ?

Mon regard était interrogateur le sien fut emprunt de noir malice. A cet instant je compris. Elle avait finit par accomplir ce fameux rituel. J'ignorai si c'était de la colère où une quelconque forme de frénésie qui me gagna et avant que je n'ai le temps de réaliser ce que je faisais, je m'étais déjà approchée d'elle pour la gifler.

-Idiote ! Qu'est-ce que tu as fait?

Sans m'abstenir je l'aurai certainement étripé sur place. Dans mon état tout était décuplé, sentiments comme sensations. Chaque instant devenait une épreuve pour ne pas virer vers mes instincts. Je serrais les poings et m'éloignai de quelque pas tout en lui faisant face, la dévisageant de bas en haut. Elle était toujours aussi belle et avait fiers allure. Quelque part je me réjouissais de la retrouver ainsi et non plus à l'article de la mort. De l'autre, je me demandai ce qu'il avait concrètement put advenir d'elle.

-Et puis-je savoir ce que tu fais ici ? Es-tu venu pour me chasser ? Boire mon sang ? Discuter ? Ou simplement rester là à me regarder dans le blanc des yeux ?

J'eus un rire provocateur. La simple idée qu'elle vienne à moi m'agaçait. Décidément personne n'était foutu de me laisser tranquille.

-Tu vois bien que ce n'est pas le moment...

Oniri aussi semblait changée. Son accueil n'était pas vraiment celui que j'attendais. Mais qu'attendais-je de toute façon ? Je n'étais pas là pour faire la causette. Son air était beaucoup trop sérieux : il fallait que j'équilibre le tout.

Lorsqu'elle se retourna finalement face à moi, elle me divulgua ses pupilles reptiliennes que j'avais déjà vu et qui m'évoquait un souvenir que je jugeais fort lointain...

« Oh je vois... la bête est de sortie. »

Me contentais-je de dire dans un demi-sourire. C'était sans doute là la raison de son auto-exil.

« Aurais-tu peur de faire des bêtises ? »

Pourtant les questions se succédaient entre nous : nous avions vraisemblablement des choses à nous dire...

« Ce qui m'est arrivé ? Oh...Trois fois rien ! Je suis guérie ! »

Lui répondais-je avec une joie non dissimulée, tout en en rajoutant même un peu pour l'effet de spectacle avant de faire une moue boudeuse.

« Mmh... Tu n'as pas l'air très ravie cela dit... »

Je me moquais bien de son avis intérieurement mais je jouais avec elle. Jusqu'à ce que d'un geste vif sa main vint frapper ma joue. J'étirais un nouveau sourire tout en portant mes doigts a cette sensation chaleureuse désagréable.

« Non... vraiment pas ravie... »

Elle semblait même en colère, me traitant d'idiote après avoir sûrement fait s'imbriquer les pièces du puzzle pour comprendre ce qu'il s'était vraiment passé.

« Je n'ai pas fait grand chose non plus à vrai dire... Je suis morte puis de nouveau vivante. Sauf que mon palpitant s'est fait croqué par une chauve-souris géante et que l'on m'en a implanté un nouveau à la place... Enfin nouveau... Façon de parler ! Le cœur éternel a traversé bien des âges... »

Lui expliquais-je tout en gardant cet amusement dans le regard teinté d'une pointe de fierté, tandis qu'elle reculait, les poings serrés avant de me demander la raison de ma venue.

« Un peu de tout ça a la fois, je l'avoue... »

Me contentais-je de répondre d'un ton calme et détaché. Comme si cette idée, malgré tout, me peinait quelque peu.

« Y'a-t-il un bon moment pour cela ? C'est lorsque l'on s'y attend le moins que cela survient n'est-ce pas ? »

J'avais sans doute trop traîné avec Méphisto... Quoi qu'il en était, j'étais là pour assouvir ma soif et celle du Seigneur Noir, c'est pourquoi, d'un geste rapide, un fouet écarlate fendait l'air pour frapper son cou et le gratifier d'une entaille.

« A table... »

Murmurais-je d'une voix sombre et un regard tout aussi noir, bien loin de l'air pittoresque que j'arborais jusqu'ici, tandis que je bondissais dans sa direction...

Ce cœur qui battait dans sa poitrine ne lui appartenait pas ? C'était à rien n'y comprendre. Quelque part je ne parvenais à trouver de sens à toute cette histoire. A dire vrai je ne me sentais pas d'humeur à réfléchir. Tout ce que je constatai étant le fait qu'elle se trouvait encore là alors que je lui avais sciemment fait comprendre qu'elle devait partir. Au contraire elle prenait un malin plaisir à faire dans la provocation. Que croyait-elle ? En d'autres circonstances je me serais certainement inquiétée de son sort, mais dans l'immédiat je fonctionnai uniquement sur les instincts et les nerfs. Je serrais alors les poings à chacune de ses remarques, perdant patience. Allait-elle se décider à foutre le camp ? Non. Elle préféra même de passer à l'attaque en déployant son fouet de sang. Moi qui l'avait vu tend de fois accomplir ce geste j'eus tout le temps de me préparer. Le liane écarlate fouetta l'air en direction de la gorge, mais se heurta à mon avant bras avant de s'enrouler autour.

-Navrée, mais cela ne fonctionne pas sur moi... Dis-je d'un ton suave teinté de sarcasme.

Mon regard était plus perçant que jamais alors qu'ils se détachaient des ombres jetées par le clair de lune ; brillant d'un éclat sauvage. Il m'était de plus en plus difficile de la considérer autrement que comme une proie potentielle. Dans la fraction de seconde qui précéda mes paroles je dégainai mon arme pour tirer une balle sur le fouet qui se disloqua sur l'instant. Je ne perdis pas un seul instant pour enfouir mon avant-bras mutilé dans le sable. La douleur fut des plus vives, mais mon sang put être totalement épongé avant qu'elle ne parvienne à le rappeler à elle. Cela permettrait également à ma blessure d'éviter de suinter. Je ne l'avais pas quitté du regard un seul instant durant l'opération.

-Tu vois ? Ce n'est pas la peine de te donner tout ce mal. Laisse tomber...

J'étais toujours aussi calme. Pourtant le ton de ma voix incitait de plus en plus à la provocation. « Oui c'est cela, vient me chercher si tu l'oses, si tu t'en sens réellement capable » ; voici ce que je laissai réellement sous entendre avec elle. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Était-ce parce que c'était elle ? Comme si je pouvais ressortir un plaisir malsain à affronter celle qui m'était si cher, celle au côté de laquelle j'avais tant combattu et paradoxalement affrontée durant ces dernières années. Avais-je la possibilité de tout foutre en l'air en un seul instant ? Pourquoi pas ? Elle le faisait si bien, elle l'avait toujours fait...

A cette idée mes lèvres s'étirèrent dans un sourire carnassier. Mes dents humaines avaient été remplacées par une série de petits crocs parfaitement alignés qui donnaient pâle figure à ceux de la Ketsueki. Pourtant elle ne voulu pas en démordre et n'hésitant pas à s'élancer sur moi malgré mes remarques. Sans plus attendre je bondissais en arrière tout en braquant le canon de mon arme dans sa direction. Je pressai à trois reprises sur la détente. Mes actions étaient dépourvus d'hésitations, mais restaient malgré tout modérées. Les tires visaient à directement lui déchirer l'épaule, la hanche et la cuisse. Je retombai quelques mètres plus loin suite à mon dernier saut.

-Dernier avertissement... La prochaine fois je ne te manquerai pas. Et cela me ferait si mal de t'en faire...

Cette affirmations était à la fois fausse et véridique. La contradiction se voyait mise en jeu dans mon esprit torturé. Pourtant la voie de la raison m'apparaissait avec de moins en moins d'intensité à mesure que cette confrontation se prolongeai. Était-ce parce que je lui en voulais d'être devenue ainsi ? Peut-être...

Le canon de mon arme se retrouva une nouvelle fois braqué sur elle en guise de menace, seulement je sentis à cet instant une douleur atroce m'élancer au niveau de mon poignet blessé. Je faisais tout pour ne rien laisser paraître, mais ce désagrément était tel que mon bras se mit à trembler. Cela recommençait, tout était tellement décuplé. Mes sentiments et mes sens, dont celui lié à la souffrance...

Music ♫:

Je bondissais sur elle, le sourire aux lèvres après avoir constaté de sa propre monstruosité à travers son expression carnassière. Plus je la provoquais et plus elle semblait se complaire dans la situation : tant mieux, c'était également le cas pour moi.

Elle recula en arrière, armant son arme et faisant feu, me décochant trois balles dans l'épaule, la hanche et la cuisse. Les projectiles déchirèrent ma peau à leur passage mais se contentaient de l'effleurer et je savais pertinemment que ce n'était pas parce que Oniri avait manqué ses tirs.
La Saibogu atterrissait plusieurs mètres en arrières tandis que je retombais à l'endroit même de sa position précédente, le regard noir et toujours ce sourire perfide figé sur mes lèvres.

Le sang s'écoulait de mes plaies mais lévitait dans les airs devant mes blessures en un fin filament avant de retrouver leur place originelle, dans mes veines. Il coagulait avant que la chair ne se reconstituent aussitôt grâce à mon chakra médicinal.

Mon regard se voulait intéressé malgré son « avertissement ».

« Quoi que l'on fasse, nous ne parviendrons pas à nous blesser mutuellement par des actes... Si ce n'est en nous entre-tuant... »

Je marquais une pause pour laisser s'installer le silence avant de reprendre, l'air aussi provocateur que le sien :

« Et je n'ai pas non plus très envie de discuter... »

Je n'allais donc pas user des paroles pour la blesser : cela n'aurait été que trop redondant de toute-façon. Nous nous étions faits bien plus de mal au cours de notre amitié fusionnelle par les mots que les actes.

Le canon de son arme était braqué sur moi et je pouvais voir son bras tendu trembler, ce qui eut le don de me surprendre tout en renforçant ma soif de provocation. Etait-ce la douleur qui vrillait son contrôler ?
J'écartais les bras, laissant le champ libre jusqu'à mon thorax, elle n'avait qu'à pressé sur la détente et c'était fini. Elle ne manquerait pas son tir.

« Qu'est-ce que tu attends ? Tires. »

Lui suggérais-je d'un ton mielleux.
Avait-elle le cran de le faire ? Je n'en doutais pas. Elle n'était pas vraiment elle même si bien que je ne pouvais calquer ses intentions sur la Oniri que je connaissais : ainsi, elle était capable de tout. Une panthère agile prête a frapper quand j'étais la lionne me tenant prête à bondir. Deux prédatrices voyant en l'autre sa proie... Nous nous jaugions comme ces fauves. Je faisais un pas de côté tandis que son bras armé suivait mon mouvement et bientôt nous avancions en même temps et a l'opposé pour garder une distance suffisante. Elle semblait tiraillée par sa nature, cherchant à garder le contrôle.

« Laisses toi aller à tes instincts ! Pourquoi t'embêter à résister à cette soif qui t'appelles ? Personnellement, je ne saurais lui résister... »

Elle luttait. Il fallait faire tomber cette barrière.
Toujours médisante par mon sourire, je m'entaillais l'avant bras, laissant mon sang s'écouler sur le sable dans un clapotis à peine perceptible tandis que je ramenais ma blessure à ma bouche pour la gratifier d'un coup de la pointe de ma langue.

« Il n'a jamais été aussi puissant... »

L'arôme de ma propre hémoglobine n'avait jamais été si exquis, si teneur en pouvoir et en possibilités. Il n'était plus altéré et m'offrait davantage de manœuvre.

Mon sang s'éleva dans les airs tout autour de moi depuis ma plaie tandis que le vent frais frappait nos corps ne faisant fient de sa morsure. Je voulais des réponses.

« Alors ? Qu'est-ce que cela fait... d'être un monstre ? »

Je jubilais intérieurement.

« Oh ! Ne me répond pas... et tu sais pourquoi ? »

Je marquais un léger temps d'arrêt avant d'affirmer :

« Parce que j'en étais un bien avant toi... »

Mon sourire s'étirait de plus bel tandis que mon sang tournoyait de plus en plus vite avant d'être projeté dans sa direction, tranchant tout sur son passage sous sa pression.

Tu as versé ton sang pour elle. Elle a versé le sien pour toi. A présent vous vous retrouver l'une face à l'autre en proie à vos plus sombres instincts.

Une sourire belliqueux défia un regard sauvage emplit d'intensité. Oniri semblait ne plus être que l'ombre de ce qu'elle fut jadis. Fiers et droite, elle présentait ses attributs démoniaques qui lentement apparaissaient de parts et d'autres de son corps.

Elle a incarné ce dont tu rêvais. Elle est ce que tu as toujours voulu posséder.

Son bras tremblant n'était du qu'à la douleur. Le doute n'existait plus. Lentement elle se transformait. Lentement elle évoluait.

Toutes deux se tournaient autour. Ces femmes dansaient une dernière valse au milieu des ombres satyriques de la nuit tel de cauchemar qui prenaient progressivement place dans notre monde.

Les paroles de la Ketsueki étaient pleines d'arrogances encore et toujours. Le temps avoir cessé sa course pour rebrousser chemin.. Il n'y avait plus le désert, il n'y avait plus les étoiles, mais ce grand hall victorien et ces deux femmes baignant sous le halo d'or projeté par un imposant vitrail.

Vous étiez naïves. Vous étiez sottes. Vous n'étiez que des enfants jouant à des jeux d'adultes. Aujourd'hui tu es une femme, mais tu continues d'agir comme cette adolescente apeurée d'autrefois.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine. La rage l'emplissait. Le lointain écho de ses pas retentissait jusqu'au sommet de la voûte. Elle avançait vers elle, le chemin était si loin. Elle marchait encore et encore avec détermination.

Ta somptueuse robe d’albâtre est déjà souillée...

Un éclat d'espoir se dressait fièrement devant cet océan de ténèbres. Sa détermination était sans faille.

Entendu cette mélodie ? Vois-tu ses doigts frêles glisser sur les touches du piano ? Cet hymne funeste t'y est dédié...

Elle continuait de danser. La vie n'était que divertissement pour elle et se filet écarlate représentait son compagnon de jeu.

Cela recommençait. L'histoire venait à se répéter. Les murs s'effacèrent pour laisser place au théâtre du désert et aux murmures de la symphonie du vent. Sa brise s'éleva entraînant dans son sillon quelques volutes de sables.

Elle se teint prête une fois encore. Alors que sa main était fermement cramponnée au manche de son arme elle s'élança en bondissant de l'avant, prête à fondre sur son amie de toujours.

Perds la possibilité d'enfanter...

Perds celle que tu aimais...

Perds ton humanité...

La projection écarlate claqua en déformant l'air sur son passage avant de brutalement heurter la jeune femme en plein vol. Une fois encore... Le même endroit était visé. Et pourtant...

Et pourtant... Si tu décides de continuer d'avancer.

Dis-toi simplement...

Que feras-tu ?

Plutôt que d'être projetée en arrière, l'entité démoniaque poursuivit sa lancée et retomba juste en face de la Ketsueki que pu voir le haut de la tenue de sa cible déchiré. Elle put y avoir l'immonde cicatrice qu'elle avait infligé à ce il y avait trois ans de cela.

Le sceau présent sur son nombril avait absorbé l'impact.

Non son regard n'avait plus rien d'humain. Sa longue chevelure d'ivoire dansait. Ses pupilles luisaient d'une intensité bestiale. Elle était comme une apparition, une chasseresse nocturne surgit dans la nuit animée par cette volonté vengeresse.

L'éclat argenté de l'astre nocturne se reflétait sur la carcasse métallique de l'arme. Le canon était plaquée contre le bas ventre de la veuve noir...

Que feras-tu... ?

Un cliquetis caractéristiques suivit d'un coup de tonnerre. Ce fut ce que pus entendre la Ketsueki avant que la balle ne parte lui déchirer les entrailles.

-Ni compte pas. Je ne serais jamais comme toi...

Parce que son poignet s'était tourné de quelque millimètre avant de faire feu, elle resterait encore entière...

Music ♫:

La princesse des neiges bondissait vers moi, laissant l'astre lunaire se refléter sur sa silhouette démoniaque. Ma salve écarlate partie pour la frapper à l'abdomen, me rappelant cette scène d'antan qui me paraissait si lointaine. A cette époque, je n'étais pas moi même. Aujourd'hui, j'étais en pleine possession de mes moyens et j'agissais exactement de la même manière.

Mon assaut déchira les pans de sa tunique, dévoilant un corps mutilé par un cicatrice reposant sur son bas ventre : celle qui je lui avais infligée autrefois. Tout ne se déroula toutefois pas de la même façon puisqu'elle ne fut cette fois ci pas projetée en arrière mais poursuivait son avancée alors que mon attaque se faisait absorber par un sceau placer sur son abdomen. Ce constat me fit étirer un sourire satisfait et fière : elle aussi avait changé de bien des manières. Sa volonté était désormais plus forte qu'autrefois mais elle manquait encore d'assurance pour m'égaler.

Le canon de son arme se posa sur mon propre ventre tandis que je penchais la tête en observant cette gueule de monstre serties de crocs acérés, le sourire aux lèvres. Elle gardait une part de son humanité. En témoignait ses armes qu'elle continuait à utiliser alors qu'elle disposait désormais de griffes tout aussi dévastatrices. Elle s'attachait encore à son passé, à ce qu'elle était autrefois.

Je savais ce qu'elle visait : ce dont je l'avais privé autrefois. Pourtant je restais silencieuse, sans broncher, attendant la détonation qui ne tarda pas à venir. La balle venait perforer mes entrailles alors qu'un trou était désormais creusé de part et d'autre de ma chair. La douleur était vive, je le concédais. Cette sensation de brûlure extrême alors que ma peau s'était disloquée sous la vive pression véloce du projectile.
Pourtant, je maintenais mon sourire et l'accentuais même alors que mes yeux s'écarquillaient. Elle avait sciemment fait en sorte de ne pas atteindre son objectif.

L'un de mes genoux se déroba pour toucher le sol tandis que je haletais, la main couverte d'hémoglobine qui, malgré la blessure profonde, poursuivait son circuit naturellement dans mon corps. Ma paume se posa sur la plaie qui commençait à voir ses tissus se reconstruire et ses tissus se refermer tandis que mon regard ne quittait pas le sien.

« Tu as manqué ton tir. »

Elle m'avait bel et bien touché mais pas ce qu'elle visait à la base.

« Ou plutôt devrais-je dire : tu as sciemment loupé ce que tu voulais pourtant me prendre... »

Je me redressais, un main sur l'abdomen pour poursuivre ma cicatrisation.

« Tu as peur de ce que tu es devenue je me trompe ? A quoi bon faire taire ta véritable nature qui ne fera que te rattraper inéluctablement de toute façon, quoi que tu fasses ?! Tu utilises les armes de Saibogu Oniri alors que tu as des griffes, des cornes et des crocs pour marteler la chair. Tu uses de ta conscience pour garder pieds et ne pas faire ce que Saibogu Oniri n'aimerait pas que tu fasses... Mais désormais elle n'existe plus. Tu n'es plus Oniri tout comme je ne suis plus Yami... »

L'avait-elle compris ?

« Yami et Oniri se seraient-elles martelées de la sorte ? Nous connaissons toutes les deux la réponse. »

Preuve en était le changement...

« Le changement est déjà amorcé et toi aussi tu verseras le sang. Une nouvelle voie s'offre à toi. Un nouvel élan de puissance dont tu pourrais te servir intelligemment plutôt que de te combattre toi même. Tu brides ton potentiel. »

Je lui adressais un sourire goguenard :

« Tu es déçue de ce que je suis devenue non ? Mais tu l'es également pour toi même. Commence par vivre avec cette idée pour ton cas personnel avant de chercher à modifier le mien... Mêle toi de ce qui te regarde Oniri... Ton propre déséquilibre est un fardeau déjà bien trop grand à porter pour tes épaules encore frêles... Il existe pourtant un moyen de soulager ce poids... Cède et n'ai plus peur. La peur est une gangrène utilisée par les incertains. »

Là dessus, je détournais les talons, laissant mon ancienne meilleure amie maîtriser sa situation. Je n'avais, pour ma part, pas besoin d'un tel calibrage : j'avais foi en ce que j'étais devenue et n'éprouvais nul remord à exposer et utiliser cette part de moi même.

-Tu devrais pourtant le savoir. Je ne rate jamais ma cible...

J'avais en effet visé a côté, mais cela avait été de mon propre chef. Si ma balle l'avait transpercé à l'endroit prévu, si a son tour elle se serait vu dépossédé de ce droit alors cela aurait signifié que je n'aurais pas valu mieux qu'elle. Mon regard inquisiteur se posa sur celle qui venait de poser un genou à terre. Elle était devenue incroyablement forte, s'était indéniable. Je retrouvai ce même sentiment de futilité dans mes attaques que lors de mon affrontement contre Megami il y avait trois ans de cela. Cependant cette fois-ci c'était Yami qui venait souligner toute la monstruosité de ma condition. L'ivresse me gagnait. Je devais lutter pour ne pas de nouveau presser sur la détente, pour ne pas la blesser encore et encore, pour ne pas déchirer sa chair sous une pluie de balles. Combien en faudrait-il pour qu'elle en meurt ? Je me le demandai. L'idée était immonde bien que tissé par mon esprit corrompue. Cette femme devant moi incarnait tout ce que j'avais perdu alors que la frénésie et la rage martelait mon être.

Tu n'es pas assoiffée de sang comme elle. Non... Tu es simplement avide d'existence.

Chacune de ses paroles se présentaient comme autant de poignards enfoncés dans le cœur. Si douloureux parce qu'ils étaient enduit par l'infâme poison de la vérité. Je ne pouvais le nier, elle avait raison sur toute la ligne. Ce constat ne fit qu'accentuer mon amertume. Ma main griffue se cramponna davantage sur le manche de mon âme. Un seul tire... Il suffisait d'un seul tire en pleine tête pour que tout soit terminé. Je n'aurais alors plus à la craindre, plus à m'inquiéter. Tout ceci serait de l'histoire ancienne et appartiendrait au passé. Ce serait si facile...

Et pourtant...

Je l'essai échapper rire sombre, à la fois nerveux et désaxés. La lune brillait dans le ciel. Aussi incomplète soit-elle ses rayons enrichissaient mon corps démoniaque déjà perturbé par ces flots d'émotions. Cet éclat fut un échappatoire de l'instant qui me permit de reprendre un tant soit peu de contrôle sur la situation.

-Tu as raison sur toute la ligne ma chère... Alors dans ce cas je continuerai d'avancer sans être Oniri. Je ne ferais cependant pas preuve de la même faiblesse que toi, ni de celle de Yami.

J'eus un sourire plein de confiance qui ne devait qu'être accentué par mon faciès satirique. Savait-elle ce dont je faisais référence ?

-Contrairement à toi je continuerai de perpétrer cette promesse que s'était faite la Saibogu. A savoir celle de ne jamais oublier... Toi tu n'as pas eux ce courage. C'est la peur de la mort qui ta conduit à devenir ce que tu es aujourd'hui.

Le désespoir l'avait transformé à cette chose répugnante tandis que ma nouvelle condition n'était que le fruit d'un héritage légendaire. Aussi incontrôlable et primaire soit-il, je ne le laisserai pas avoir raison de moi.

-Elle avait également fait la promesse d'être là pour son amie, de tout faire pour la ramener à la raison. Je m'y appliquerai. Tôt ou tard cela finira par payer. En attendant retourne dans ton manoir. Complote autant que tu le désirs. Fait donc ta Ketsueki, mais garde à l'esprit que je suis l’œil de Suna. Je continuerai de veiller sur toi et à préserver le village de tes manigances. Tu as beau te pavaner nous sommes parfaitement consciente que tu ne peux rien contre-moi. Il t'es impossible de me tuer et la souffrance m'indiffères désormais.

Je rangeai lentement mon arme tout en continuant de lutter contre les pulsions qui secouaient mon être. Elle s'en alla sans ajouter mot, me laissant seule au milieu de la nuit désertique.

Tu n'es plus Oniri, mais tu as décidé de rester une Kunoichi, a savoir une machine de mort pour la vie...