La brume un peu plus loin empêchait d’apprécier le paysage. Mais cela importait peu le Shinda qui savait déjà à quoi ressemblaient les environs. Natif de l’endroit, il était encore rare ou occasionnel qu’il s’extasie de la vue sur son pays qu’il avait défendu pendant un bon moment. Et il continuait encore aujourd’hui.

De par son action de concert avec le Shûkai, il avait empêché les envahisseurs principaux de prendre possession des lieux : Kumo. Ce village avait définitivement décidé de mettre des bâtons dans les roues du nécromancien. Il en serait presque à regretter de ne pas avoir fait un crochet par leurs remparts lors de son passage là-bas il y a plusieurs semaines. Mais il n’avait à l’époque pas cette envie, il avait dû jouer la carte de la discrétion pour lancer son entreprise de recrutement au profit du Fumetsu. Il n’est pas dit que maintenant, les choses se passeraient aussi bien. Mais son avenir proche ne le prédisposait pas à se rendre sur les terres de Kaminari. Pour l’instant.

Cette réunion avait été une véritable joute verbale. Les arguments tels des armes meurtrières. Le valeureux combattant qu’il était en serait presque exténué. Il y a bien longtemps qu’il n’avait dû se montrer aussi diplomate. Mais il fallait bien admettre qu’il avait progressé. Avec la valeur de ses objectifs, il ne pouvait en être autrement. Et puis lorsqu’on part de zéro, on ne peut que s’améliorer.

Une cigarette vint trouver refuge entre ses lèvres. Alors qu’il la retenait par le bout du filtre et qu’il cherchait le briquet dans sa poche, il fit volte-face suite à une petite indication de ses dons de senseur. Il avait bien évidemment senti la présence s’approcher. Il n’avait pas voulu lui faire dos trop longtemps au cas où. La situation entre les deux hommes méritait d’être éclaircie. Et ce fut donc clope au bec que Michiki se retrouva face à l’Empereur qui l’observait de son regard de glace.

Qui avait assisté aux évènements au temple de Sanbi sentirait une tension sans équivalent en ce lieu. Pour autant, le Shinda semblait présenter un visage serein par rapport à tout ceci. Etait-ce de l’inconscience ? De la stupidité ? Un abus de confiance ? Quoique ce soit, ça pourrait lui coûter cher. Il devait donc réfléchir attentivement à ce qu’il allait faire. Une bouffée de tabac se dissipa dans l’air au moment où son sourire s’afficha radieusement :

- Eh bien félicitations Empereur ! On peut dire que c’est une franche réussite. Quelle est la prochaine étape pour nous donc ?

Nous ?! Le Shinda aurait-il tout bonnement perdu la tête ?!

Cochons !


Comme il s’y était attendu au visage du Samui, Michiki eut le droit à une réponse plutôt…brève mais nette. Rien qu’à la prononciation, un message était passé. Mais c’était encore pire en ce qui concerne les mots employés. Le message était le même, si ce n’est plus violent et plus dur. On en aurait presque ressenti la capacité de Kakeshuou à contrôler le froid tellement il en était imprégné dans ses termes et dans son attitude. La tournure des évènements lors de la réunion avec le Daimyô de l’Eau lui avait fortement déplu.

Alors que le Daimyô tâchait de départager Raïkage et Empereur, Michiki avait vu là l’occasion de marquer les esprits et d’intéresser le seigneur de ce pays. Lui qui avait ouvert la discussion sur les opinions et projets des deux Nukenins, le Shinda avait alors offert du grand spectacle ! Un oratoire comme il n’en avait jamais mené ! Il s’affinait avec le temps. Qu’en serait-il dans 5 ans à ce rythme ?! Un politicien encore plus sournois et redoutable que le Kamui ? Etait-ce là intéressant pour lui ? Peut-être pas. Mais il en aurait dit autant il y a quelques mois et il avait dû mener tout un discours il y a quelques heures pour tenter de convaincre le seigneur de tout un pays de lui confier la charge de ses terres. Et il ne s’en était pas si mal tiré si le Samui n’avait pas tapé du poing sur la table pour imposer des conditions impossibles à tenir. Surtout quand le Daimyô respectait celles-ci sans rien dire. La volonté d’indépendance de ce monsieur était morte en même temps que sa crédibilité, aux yeux du Fossoyeur en tout cas.

Mais ce revirement de situation avait donc eut de quoi insupporter le Samui. A juste titre il est vrai. Mais ce qu’il fallait noter également c’est que ces paroles avaient suivies celle de l’Empereur exprimant clairement sa volonté de ne pas refonder Kiri. Une chose pour laquelle les deux parties s’étaient plus ou moins préparées. En ce sens, un simple échange de regards avait suffi aux deux hommes. Et il en avait fallu un autre pour que le Shinda tâche de se faire comprendre par la suite. Au vu de la situation actuelle, c’était un échec. L’heure semblait maintenant aux explications, comme l’avait suggéré Kakeshuou :

- De magnifiques engagements en effet ! Mais je ne vois pas pourquoi notre collaboration prendrait fin si prématurément, s’étonna faussement Michiki. Après tout, nous avons un pays à pacifier et un village à reconstruire.

Le regard azur du Shinda dépassa un peu ses verres lorsque leur porteur baissa légèrement la tête, sans pour autant lâcher son interlocuteur des yeux :

- Car il est toujours bien question de ça Kamui ? Kiri sera rebâtie malgré ce que vous avez pu en dire lors de cette rencontre. Tout comme le fait que je vous y aiderais.

Un léger sourire se mit à pointer le bout de son nez sur la face du nécromancien qui commençait doucement mais délicatement à se faire comprendre. Il n’avait plus qu’à espérer que l’Empereur accepterait d’entendre de telles explications. Sans quoi il faudrait en effet que le Fossoyeur s’arrange pour rapidement quitter les lieux.

- Je dois bien avouer que votre regard a failli me perturber avant que vous n’annonciez ça à ce seigneur. Pendant une seconde, j’étais prêt à vous sauter dessus et vous découper la peau du visage. Et c’est plus ou moins ce que j’ai fait…

S’il fallait juger de l’état d’avancement du sourire de Michiki sur son faciès, on pourrait le qualifier de manière parfaitement mathématique. Et là en l’occurrence, le niveau devait être de…20%.

- Moi qui me suis présenté comme votre fidèle soutien, fervent défenseur de Kiri, vous avez annoncé face à cette audience que ce n’était pas là votre objectif. Le seigneur de l’Eau ne se serait-il pas douté de quelque chose si je n’avais pas réagi un tant soit peu à votre encontre ?

…40%...

- D’autant plus que cela coïncidait avec son questionnement sur notre implication de Nukenins. Il était en train de nous présenter une ouverture qu’il aurait été stupide de laisser passer.

…60%...

- Le fait que Goren s’allie à moi à ce moment-là renforçait l’aubaine qu’il nous présentait. Quoi de mieux que deux Nukenins face à un homme qui commençait à se sentir acculé contre un mur, faisant face à deux puissances mondiales. Il me semblait évident que son choix se porterait sur nous.

…80%...

- Au-delà du fait que ça m’est apparu comme évident, c’est pourtant bien le choix qu’il a formulé par la suite. Votre réponse l’a ensuite fait plier dans votre sens. Car qui laisserait la reconstruction de tout un village à deux hommes. Nous avons beau avoir quelques ressources, nous ne bénéficions pas non plus de celles du Shûkai. Et dans tous les cas, il aurait finalement dû se rendre à l’évidence que sans l’Empire, cette entreprise était vaine dès le début.

…100% ! Puis ses dents repartirent dans l’ombre lorsque ce joli sourire mourut. Le visage de nouveau sérieux, Michiki n’était pas dupe non plus. Il pouvait toujours y avoir quelques points qui inciteraient le Kamui à se méfier. Même s’il n’en était rien. Afin d’apporter une forme de conclusion à tout ce discours, le Shinda se prononça une dernière fois avant de laisser la parole au Samui :

- En soit, il est légitime que vous vous posiez des questions et je ne me montrerais pas dissident pour y répondre. Mais si vous jugez mes paroles caduques, alors il n’y a en effet plus rien que je ne puisse accomplir pour vous. Si vous avez été honnête envers le Daimyô en ce qui concerne Kiri et le fait que vous ne souhaitiez pas que le village soit rebâti, alors il n’y aurait en effet plus rien à attendre d’une collaboration entre nous.

Culs et chemises !

Il était évident que tout ceci ne suffirait pas à l’Empereur. Michiki était passé par quelques épreuves pour réussir à gagner sa confiance et les actes qui s’étaient déroulés lors de la réunion avait plus ou moins anéantis ce travail. Une véritable conquête de la confiance du Samui. Voilà ce qu’avait dû entreprendre le Shinda lors des deux derniers mois. Mais ses actions lui avaient valus de rentrer dans ses bonnes grâces. Quelle mouche l’avait donc piqué de trahir l’un des personnages les plus influents de ce monde ?

Il n’en était rien pour autant. Sa « trahison » était préméditée naturellement. Comme il l’avait expliqué plus tôt, il n’avait pas fait cela intentionnellement pour nuire à l’Empereur. Quel fou s’y risquerait ? Tout un Empire à vos trousses. Déjà que le fait d’être déserteur ne devait pas aider mais là c’était comme s’il signait son arrêt de mort. Michiki avait beau avoir jeté un coup d’œil au Kamui avant de se « retourner contre lui », il ne semblait pas convaincu de la sincérité de ses mots. Mais ceux de Kakeshuou lui restèrent en travers de la gorge sur certains points. Et malgré la situation, il ne manqua pas d’y répondre :

- Si Kyu Goren est un être sans honneur ni principe, alors la plus mauvaise farce dans l’histoire est que vous m’ayez fait confiance depuis le début. Nous collaborions que j’avais déjà un beau palmarès derrière moi. Cela ne veut rien dire dans le monde shinobi. Les morts peuvent à la limite refléter notre niveau. Encore plus pour ma part. Mais ne venez pas me dire que des meurtres vous dégoûtent d’une personne. C’est par là que notre alliance à commencer, ne vous en déplaise !

Le Samui avait par la suite exposé son avis au sujet de Kiri. Il n’était en effet pas contre, mais il craignait les conséquences de sa fondation. Michiki avait beau l’écouter jusqu’au bout, ses mots étaient déjà trouvés. Il comprenait la manœuvre engagée là mais elle était à la limite de l’obsolète. Pourtant il laissait son interlocuteur présenter ses arguments. Il y répondrait par la suite au fur et à mesure. Donc, lorsque le Samui eut fini de parler, il prit à son tour la parole :

- Je comprends votre inquiétude sur la question d’indépendance de Kiri. Et je ne me répéterais pas mais là encore il s’agissait d’une simple stratégie. Je n’ai pas votre don pour la politique ça c’est certain. Et le fait que Mizu revienne sous la coupole de Shûkai m’aurait dérangé que je n’aurais même pas pris la peine de signer ce contrat là-bas. Et pourtant je l’ai fait. Me liant de près ou de loin à cet archipel.

Il fixait sérieusement le Kamui. Le vif du sujet était abordé ici maintenant. L’avenir du Shinda au sein de sa nation se jouait ici. Il avait pris un risque lors de la rencontre avec le Daimyô. Ce risque engendrait des conséquences auxquelles il faisait face en ce moment. Il n’avait là que les mots pour réveiller le lien de fidélité entre lui et l’Empereur. Il ne lui suffirait pas d’un petit meurtre de Daimyô pour le coup :

- Ce pays est tout ce qu’il me reste. Autant que vous je souhaite voir l’archipel délivrée de sa vermine. Depuis Tori no kuni, je n’ai cessé d’œuvrer dans votre sens. De vous apporter informations et conseils. Si vous doutez de moi, en est-il de même de notre ami commun qui nous a mis en relation ? Si vous lui faites un minimum confiance, vous comprendrez que vous pouvez en faire de même avec moi.

Il reprit paisiblement sa respiration avant de reprendre. Le but étant également de ne pas déblatérer monticule de phrases d’un bloc. Ce n’était pas avec ça qu’on attisait la confiance de quelqu’un. Plus vous vous perdez en explications, et plus cela paraît louche. Michiki tâchait donc de faire le strict nécessaire.

- Je ne vous l’ai pas caché, voir Kiri renaître est mon souhait le plus cher. Vous êtes de ceux qui m’apporteront leur aide pour y parvenir. Une discussion que nous avons déjà eu avec des conditions que vous avez déjà exprimé. Je vous mentirais si je vous disais que je ne souhaite pas avoir un poste important dans la reconstruction de Kiri ou la gestion du pays. En l’échange de mes services, ce fut toujours la seule récompense que j’ai demandé. Et je n’en veux pas d’autres. Si votre souhait est de faire de Kiri une base militaire de l’Empire, votre volonté concorde avec mes objectifs. Je veux de nouveau Kiri pour cracher à la face du monde que les Kirijins sont loin d’être défaits. Le Shûkai l’a prouvé et nous pouvons aujourd’hui l’affirmer une nouvelle fois. C’est pour ça que je me suis battu.

Michiki marqua une nouvelle pause avant de continuer. Il était un peu perdu car il était difficile de convaincre par les mots. Il avait toujours été un homme d’action. La manipulation était son fort dans quelques domaines. Mais dans le domaine des Mots, Kakeshuou le surpassait. Il craignait juste que certaines de ses paroles ne soient interprétées de travers. Un peu las de devoir trouver les bons arguments oraux pour se justifier, il se contenta de sortir une nouvelle cigarette. Tout en l’allumant, il conclut :

- Vous avez la charge de ce pays, vous le léguez à qui bon vous semblera. Je ne vais pas vous bourrer le crâne à coup de beaux discours. J’ai dit tout ce que j’avais à vous dire. Si vous me jugez toujours aussi peu digne de confiance, ma prochaine préoccupation sera en effet de quitter le pays.

Michiki observait le plus paisiblement possible son interlocuteur. Le ton commençait à monter de son côté. L’Empereur s’emportait sur des détails. Lui qui ne réclamait aucune confiance selon ce qu’il disait, en cherchait tout de même. Quoique non. Ce qu’il recherchait ressemblait plus à de la fidélité. Une fidélité aveugle. Tel un lien entre le vassal et son seigneur. Une réciprocité peut-être pas au rendez-vous. Michiki regardait cet homme droit dans les yeux.

Son discours, sa manière d’agir, de penser. Tout traduisait chez lui un homme qui avait toujours eu attrait au pouvoir. Une véritable course à l’influence qui lui avait en effet valu sa place aujourd’hui. Mais cette soif insatiable l’avait mené à perdre peut-être certaines valeurs que nombres d’hommes loin de la politique et des responsabilités avaient su préservés. Michiki n’avait pas la prétention d’en faire partie. Lui qui avait toujours chapardé les restes, il ne s’estimait pas par rapport à l’image qu’il renvoyait. Le nécromancien psychopathe et craint de tous avait réussi à prouver sa valeur et l’avènement de la Brume Sanglante ne l’avait qu’aider dans sa tâche. Aujourd’hui, il postulait à une place et un avenir glorieux dans le renouveau de la Brume. Il le faisait au prix d’un poste important et d’un rôle déterminant dans cette entreprise. D’où son alliance avec le Shûkai.

Pô avait été bien avisé de l’envoyer vers le Samui. La volonté de ce shinobi l’avait mené loin. Pour le Shinda qui avait toujours marché dans l’ombre de ses supérieurs, il lui offrirait une chance inimaginable autrement. Il s’était investi corps et âme dans cette conquête. Sur le champ de bataille, comme avant, il avait agi en conséquence de son projet. Tout n’avait été que prospection et préparation. L’avènement de tout cela une fois le pied posé sur le sol de l’archipel. La rencontre avec les Kumojins et Kyu Goren. Et le plus primordial parmi tous : leur entrevue avec le Daimyô du pays. Un homme s’étant targué de valeurs lui aussi. Au final, il ne valait pas mieux que son prédécesseur. Face à la pression de l’Empereur, il lui avait concédé l’entièreté des terres.

Pour autant, Michiki ne lui en voulait pas car cela faisait partie du plan après tout. Son action au cours de cette réunion n’avait pas été de véritablement convaincre son interlocuteur qu’il valait mieux ne pas faire confiance à l’une ou l’autre des puissances. Le but avait été de démanteler Kumo de là. Ce qui avait été une réussite. Il avait donc par la suite eut le droit à une série de conditions pour que lui soit géré le destin de Mizu no kuni. Et c’était là que le seigneur de l’Eau avait finalement plié en la faveur de Kakeshuou. Ce qui n’avait fait que rentrer dans les plans du Shinda. Acculé contre deux partis, l’homme politique qu’il était se serait renfermé et le Shûkai aurait dû intervenir par la force. Au moins ici, cet « épisode », comme l’avait appelé le Samui, avait permis aux deux alliés d’obtenir gain de cause. Mais le Fossoyeur n’était guères étonné de voir l’Empereur s’emporter ainsi. Il espérait juste qu’il finirait par comprendre son acte.

Pour le moment, Michiki n’avait pas grand-chose à rajouter. Il avait à peu près dit tout ce qu’il avait à dire. Plaider encore plus ne ferait que le placer dans la position de celui qui essaye de convaincre qu’il n’est pas coupable. Une chose qu’il ne ferait pas car il ne se sentait fautif d’aucun mal. Il n’avait pas lâché le regard froid du Samui. Pas un sourcillement malgré la brume ambiante les séparant. Rien de tout ça ne l’impressionnait ou ne l’effrayait. Il n’avait pas à l’être. Seuls les lâches et les coupables auraient été sensibles à ce tour de force. Pour Michiki, il ne lui inspirait que quelques mots :

- Tu n’as pas besoin d’élever la voix avec moi. Je t’ai témoigné ma fidélité à de nombreuses reprises. Ce qui te dérange a permis à l’Empire d’obtenir gain de cause sans pour autant en venir aux armes. Je t’ai déjà servi et je le continuerais. Tant que tu n’entacheras pas l’avenir de cette terre qui nous est chère, je n’aurais aucune raison de me retourner contre toi.

C’était bien la première fois que le Shinda s’était permis de s’adresser à lui aussi personnellement. Il en était venu même à le tutoyer. Le respect était toujours là mais il marquait cette discussion d’une manière distincte pour appuyer ce qui n’était que parole. Qu’un aussi insignifiant détail soit remarqué et pris en compte ou pas lui était égal. Il ne baissait toujours pas les yeux face à cet homme qu’il avait aidé. Et qu’il aiderait encore. Tant que ce dernier lui permettrait.

Un sourire aurait été de trop. Même s’il témoignerait bien de la satisfaction du Shinda à ce moment précis lorsque le Kamui le déclara Gouverneur de ces terres. Un objectif rondement mené et une bataille de tous les instants depuis que le Fossoyeur avait refait surface. Tous ces efforts finalement récompensé. Le chemin à parcourir était encore important, mais il pouvait se vanter d’en avoir parcouru la moitié. Et la reconnaissance de l’Empereur par l’octroi de ce titre apportait un avènement à son combat.

Le Samui ne manqua pas d’énumérer ses fonctions au nouveau Gouverneur. Il lui précisa ses droits et ses devoirs qu’il se devait de respecter en tant que membre privilégié du Shûkai. Il ne gagnait pas non plus le bandeau administratif de la nation mais il se rangeait sous sa bannière. A partir de maintenant, il en devenait un défenseur au même titre que d’autres shinobis de l’Empire. Mais ce pouvoir accordé par Kakeshuou risquait d’attiser la haine de certains de ses subalternes qui ne comprendraient pas la présence d’un vulgaire Nukenin dans les hautes instances de l’Empire. Et si le Shinda venait à être confronté à ces détracteurs, il devra leur prouver ce fameux jour qu’il est loin d’être un vulgaire Nukenin.

Mais l’heure était pour le moment aux préparations pour la tant attendue reconstruction. Un mot souvent prononcée et qui allait continuer de l’être pour encore un long moment. L’excitation à cette idée submergeait le Shinda qui avait du mal à contenir son bonheur. Mais par respect pour l’instant solennel se déroulant ici, il gardait sa parfaite neutralité. Il se contenta d’un léger inclinement de tête visant à remercier le Kamui :

- Je te remercie pour cet honneur que tu m’accordes. Et je ne manquerais pas de remplir cette tâche du mieux que je le pourrais. Tu ne regretteras pas ce choix.

Il marqua une brève pause. Le Samui lui parla ensuite de ses alliés. Il lui conseilla de se méfier de ceux dont il s’entourait. Michiki le laissa terminer son discours. Il comprenait les inquiétudes de l’Empereur mais il y apporta une réponse rassurante, emprunte de sa volonté et de sa détermination :

- Je fais toujours attention de ceux avec qui je m’entoure. Et quand bien même un dérapage survient, je sais le gérer de la meilleure façon qui soit. Par conséquent, inutile de t’en faire sur l’éventualité d’une rencontre entre vous. Je m’assurerais personnellement que ce ne soit fait qu’en des circonstances particulières si je les juge assez investis dans notre cause.

Cet entretien touchait à sa fin. Les deux hommes commençaient à se séparer. Le Kamui marchait comme quelqu’un s’avançant vers son avenir et son destin. Michiki resta un instant à le regarder s’éloigner. Finalement, son sourire s’installa après tant de retenue de sa part. Le vrai combat commençait maintenant. Il n’avait plus une seconde à perdre. Toujours aussi jovial, il sauta vers l’arbre le plus proche et prit la direction des ruines du village. Il n’avait qu’une hâte : débuter son entreprise, ce pourquoi il avait la responsabilité de ce pays. Si Kakeshuou avait douté de lui, il risquait de vite se raviser avec ce que Michiki préparait.