Music ♪♫:

Cette fois-ci le son de scies circulaires et des perceuses était entravé par celui de la radio qui crachait à plein circuit sa musique particulièrement rock dans l'ensemble du hangar. Toute l'équipe avait voté à l’unanimité pour installer cette petite merveille dans le but de rythmer nos journées de travail. Et du travail il y en avait, plus que de raison. Le Kamikaze n'avait gère apprécié sa petite épopée à Ki et il nous fallait à présent le remettre en état. Presque un mois s'était écoulé depuis l'incident et il nous faudrait tout autant pour remettre l'engin en état de vol. Nous pouvions nous estimer heureux dans notre malheur car seul un des moteurs principaux avait été endommagé. Rien d’insurmontable en somme. Depuis, Kan' et moi passions le plus clair de notre temps à bricoler. J'avais fait modifier nos planning de sorte à nous délester des missions afin de pouvoir nous concentrer sur les réparations. Nous travaillons depuis l'aube sur l'engin avec toute la bande initialement recrutée sur le projet.

L'ambiance était assez gaillarde et burlesque entre nous tous ce qui avait plutôt l'air de convenir à Kan' qui s'était très rapidement adaptée au cadre. Je n'étais pas comme elle, pas aussi familière, mais cela ne signifiait pas pour autant que j'avais peur de me salir les mains. Ces mêmes main encrassées par l'huile moteur et la graisse qui s'avéraient sacrément utile pour bricoler. La radio continuait de déverser son déluge musical quand cette fois-ci un autre son se mit à résonner dans la salle. Aux yeux de toute l'équipe, voir de l'ensemble des employés du Kenkyuujo, il s'agissait du son signifiant la venu de l'instant le plus important de la journée : La Pause. Et je tenais un coup d’œil à ma montre pour rendre compte qu'il était déjà... Dix-huit heures... Non, en réalité il ne s'agissait pas de l'annonce de la Pause, mais plutôt celle de la fin de journée. Je n'en revenais pas, le temps était passé si rapidement. Nous travaillions depuis pratiquement une dizaine d'heures sur l'engin sans nous en rendre compte. Quand j'y repensai la sonnerie avait retenti à trois reprises aujourd'hui. Ou était-ce hier ? Je me rendais compte que je commençais lentement à perdre toute notion de temps.

Je me relevai brusquement, le corps partiellement endoloris après avoir passée une partie de la journée allongée sous un moteur de trois tonnes.

-Allez c'est terminé. On remballe tout ! Nous reprendrons demains à la même heure.

J'aurais préféré dire après-demain. Je me rendais compte à quel point j'étais exténuée, mais ce n'était rien comparé aux mines cadavériques qu'arboraient mes collègues. Une fois de plus je compris que je devais ma ténacité à ma condition de non-humaine, moi qui ne parvenais toujours pas à déterminer si cela était une bénédiction ou une malédiction. Les heures de sommeil se raréfiaient et je déambulai de plus en plus la nuit à la recherche d'une occupation quelconques.

Une fois le matériel nettoyé et rangé nous nous dirigeâmes jusqu'aux vestiaires afin de nous débarbouiller. De tous, je fus celle qui passai le plus de temps sous la douche, soucieuse de l'image que je pouvais donner à autrui. Cela ne m'empêcha pas de garder mon ensemble pantalon de travail plus short, au moment de retourner à la surface après avoir emprunté l’ascenseur principal. Avant de rentrer chez-nous, nous prîmes pour la plupart la direction de la cafétéria afin de profiter d'une dernière boisson chaude. Une fois notre gobelet en main, Kan' et moi nous précipitâmes sur la terrasse pour chacune nous allumer une cigarette. Nous nous lançâmes mutuellement des regards cernés.

-Avec un peu de chance nous aurons terminé avant la fin de la semaine. Tout de moins si nous ne sommes pas mort d'ici là. Hélas nous n'avons pas le choix que de respecter les délais.

Je poussai un soupir de fatigue, alternant tantôt entre une gorgée de café et une latte de cigarette.

-Comptes-tu participer à la sécurité de l'examen Kan' ? C'est pour bientôt. Nous hébergeons déjà quelque dignitaires de Konoha chez-nous. J'ignore si tu étais au courant.

Dis-je pour changer de conversation. Et a cet instant je réalisai à quel point mon isonomie chronique allait mettre utile. Il n'y avait pas assez d'heures dans une journée pour ce que je devais et prévoyais de faire.