♫:

L'une des choses que je déteste le plus? Les missions! Ce n'est pas les efforts qu'elles demandent qui m'ennuient mais plutôt le fait qu'on y soit assigné avec d'autres Shinobis. Et que la plupart du temps il ne s'agit pas de Kawaguchi! Je suis déjà assez irrité de devoir côtoyer continuellement des inférieurs. Où que l'on se balade dans Suna, on tombe forcément sur des représentants de ces clans pathétiques: Ketsueki, Saibogu, Marionnettistes... Autant de dégénérés qui m'insupportent. Mais si en plus je suis forcé de coopérer avec eux...

C'est donc avec une certaine appréhension que je pose le regard sur la missive que je viens de recevoir. Que faire? L'ouvrir ou simplement la jeter en prétextant ne pas l'avoir reçue si on venait à me faire un quelconque reproche? J'hésite un instant puis la balance purement et simplement par dessus mon épaule. Je l'imagine voltiger tandis qu'elle chute sur le sol recouvert de sable des rues de Suna. Une autre fois! Aujourd'hui j'ai autre chose à faire que de perdre mon temps et mon énergie pour un village que j'aimerais voir brûler!

Je dirige le nuage de silicium sur lequel je suis constamment perché en direction des terrains d'entraînement. J'ai envie d'améliorer l'une de mes techniques de Taïjutsu. Non qu'elle ne soit pas efficace, hein? Mais elle manque d'un certain panache! Un Kawaguchi ne doit pas seulement être efficace. Il doit également obtenir l'admiration des autres. Admiration qui, au passage, devrait aller de soi. Ne sommes-nous pas le clan le plus puissant du village? Qui oserait nous contester ce titre alors que nous sommes entourés d'un désert qui se plie à notre volonté? Qui serait assez fou pour le faire?

Je me ravise néanmoins en cours de route: si je ne remplis pas cette mission les conséquences pourraient rejaillir sur mon clan. Et j'imagine déjà la réaction ulcérée de mon grand-père. Je me fiche pas mal des autorités de Suna. Je les juge illégitime sur le simple fait que ce ne sont pas des Kawaguchi au pouvoir. Mais le vénérable qui dirige le clan, lui... Je ne peux pas le décevoir! Et il serait injuste que mon clan soit mal considéré à cause de mes agissements.

- "Et merde..."

Je fais demi-tour et retourne à mon point de départ. Je retrouve aisément la lettre à moitié enfoncée dans le sable et bouge les doigts. Une main de silicium sort du sable pour venir déposer dans la mienne la missive que je m'empresse ensuite d'ouvrir. Je la parcours ensuite du regard et un détail en particulier attire mon attention:

Ordre de mission:

Et voilà... Forcément il s'agit de palier à l'incompétence d'autres membres du village. C'est si compliqué d'escorter un transport de sel? Comment ces incapables ont-ils pu foirer une mission aussi simple? Pourtant ce n'est pas ce manque d'efficacité qui me gène le plus, non! C'est le fait que je doive aller à leur secours en compagnie d'une... Saibogu! Le clan que je déteste par dessus tout! Ces abrutis dénaturent Kaze avec leurs inventions dégueulasses! Ils représentent ce que je hais le plus: la perte de l'identité de notre belle nation!

Et pour couronner le tout cette... Kanpeki - prénom aussi moche que ridicule - est une Chuunin. Et donc ma supérieure. Quelque chose me dit que je vais rapidement regretter d'avoir récupéré cette lettre. En fait, je le regrette déjà! Mais que faire sinon obtempérer? La réputation du clan vaut bien quelques sacrifices. Il ne sera pas dit qu'un Kawaguchi n'a pas rempli son devoir! Même si pour ça je dois me faire violence pour coopérer avec une de ces abrutis snobinards!

Le visage tendu, je retourne chez moi pour récupérer quelques victuailles, délaissant les armes soigneusement rangées sur le râtelier de ma chambre. Ces dernières servent plus d'ornements qu'autre chose puisque j'ai le sable comme allié. Je vérifie rapidement que j'ai tout ce dont j'ai besoin - principalement de l'eau - puis verrouille la porte et me dirige vers la voie illusionnée. Le lieu de rendez-vous est fixé à cet endroit comme bien souvent. Et c'est donc là que je vais devoir attendre ma... coéquipière. Ce simple mot me fait tiquer!

Quelques minutes plus tard je suis sur place, debout sur mon nuage de sable. Je n'ai jamais vu cette Kanpeki mais en général on reconnaît aisément les Saibogu: ils ont toujours des gadgets étranges sur eux et un air supérieur sur le visage. Ha ben tiens, ça doit sûrement être elle! Je regarde une femme s'approcher et hausse un sourcil de scepticisme. J'abaisse un peu l'altitude de ma "monture" de sable pour me mettre à son niveau. Normalement je devrais la saluer ou dire quelque chose pour lui signaler que c'est moi! Mais je n'ai guère envie de papoter avec elle. On doit travailler ensemble, soit. Ce qui ne veut pas pour autant dire que je doive lui taper la causette!

*Je sens que la journée va être longue!*

En guise de salutations, donc, je montre l'ordre de mission qui se trouve entre deux de mes doigts. Il n'y a personne d'autre qui attend à part elle et moi. Du coup j'ai peu de chances de me tromper...

- "J'ai failli attendre..."

Voilà, l'ambiance est posée! Je l'observe ensuite d'un regard indifférent. Le genre de regard qu'on pose sur les insectes insignifiants...

— Putain, mais c'est la honte quand même.

Ce furent les mots que prononça Kan' lorsque le conseil qui se chargeait de distribuer des missions la briefa. Elle était toujours là debout, à écouter les paroles de Shinobis qui passaient leurs temps à recevoir et à donner des missions à tous les Sunajins de la Cité dorée. Non mais sérieusement, cette mission avait été des plus simplette possible et ils avaient quand même réussis à quasiment tous y passer... Elle aurait été ce dernier Genin, elle se serait probablement cachée et aurait déserté. Il avait beau être au bas de l'échelle, il restait un Shinobi ! Perdre contre des bandits... C'était clairement la honte.

Rangeant l'ordre de mission dans la poche de son short, la Saibogu fit volte face et se dirigea vers la sortie de la pièce.

— M'enfin. Vous inquiétez pas. J'vous ramènerai cet incapable.

Sans attendre, elle se dirigea vers la Voie Illusionnée où l'attendrait son "coéquipier". Un Kawaguchi du nom de Kira. La Mécanicienne avait déjà rencontré un membre de ce clan : Une blondasse qui l'avait battue alors qu'elle était en état d'ébriété. Une profiteuse qui lui avait piqué son bandeau frontal. La patronne du Heaven's Night. Peut-être que l'insecte qui lui servirait de poids pour cette mission la connaissait... Ce serait le bon moment pour tenter de récupérer des informations, et son bien par la même occasion. Le trajet fut rapide : La Brune enchaînait les missions et cet accès était l'endroit le plus rapide pour quitter le village. C'est à ce moment qu'elle le vit.

Arborant un papier entre ses doigts, l'Ingénieuse sut rapidement que ce gars était le Manieur de Sable. Ce dernier l'apostropha d'une manière provocatrice dont la jeune femme ne s'était pas réellement attendue. Le genre de petit pique qui avait le don de vous faire hausser un sourcil et ficherait pour l'éternité le fou qui l'avait prononcé. Ce fut exactement la réaction de Kan' qui posa ses yeux ambrées sur le visage du Délinquant. Une forte tête hein ? Le jaugeant pendant quelques secondes de plus, la Saibogu se décida à parler :

— Ouais, j'aurai voulu te faire patienter encore un p'tit moment, mais j'trouvais pas de chemin plus long. Ne changeant pas l'expression hautaine sur son visage, elle continua. Alors c'est toi Kira ? J'me souviens pas t'avoir déjà vu. Ah mais oui ! J'suis conne ! J'oublie à chaque fois que les gars de ton âge, qui sont encore Genin, j'm'en souviens jamais ! Crachant par terre, le plus près possible des pieds de son interlocuteur, elle termina. Allez, pousse toi Blondin.

Passant à côté de lui en faisant du épaule à épaule, elle se dirigea vers le poste de garde afin d'enregistrer leur sortie et la raison de leur départ. Une fois la paperasse en ordre, Kan se tourna vers l'Aspirant.

— Hey. On s'arrache.

Mains dans les poches, Kan' prit tranquillement le chemin de la sortie. Direction l'Ouest. La mission était simple, ramener un VIP au village et éviter le combat -au grand désarroi de la Brune-. Soupirant en pensant qu'elle n'allait pas pouvoir taper du Bandit, la Saibogu se tourna vers son coéquipier. Il était temps de récolter des informations sur cette fameuse patronne du Heaven's Night.

— T'es un Kawaguchi c'est ça ? Tu connaîtrais pas une meuf aussi Blonde que toi ? Il paraît qu'elle gère le Heaven's Night.

♫:

Et après on se demande pourquoi je n'aime pas les Saibogu... C'est à se demander si ce pseudo-clan d'imbéciles prétentieux ne cherche pas à recevoir des coups. Je hausse un sourcil de scepticisme alors qu'elle crache à mes pieds - ou plutôt à la base de mon nuage de sable qui lévite dans les airs - et continue à la toiser d'un air indifférent. Si elle avait le même grade que moi elle aurait déjà la tronche enfoncée dans une dune. Mais le fait qu'elle soit - techniquement du moins - ma supérieure tempère l'envie pressante que j'ai de la faire souffrir. Pourquoi perdre mon temps pour une cause perdue. C'est une abrutie et ça ne changera pas! Et puis si je l'attaque elle sera considérée comme une victime et je devrai justifier mon acte.

*Je doute que les autorités se contenteront d'un "c'est une pétasse" comme explication... Même si dans le fond il n'y a qu'à l'écouter parler deux secondes pour faire disparaître le moindre doute à ce sujet!*

Je la suis du regard un instant tandis qu'elle s'occupe de la paperasse au poste de garde. Au moins elle est utile quand il s'agit de faire la secrétaire, c'est toujours ça! Mais je doute que sa présence soit nécessaire. Je pourrais très bien m'occuper de cette mission tout seul, sans avoir à me soucier d'une Saibogu qui ne fera rien d'autre que me retarder. Mais je pourrai toujours l'utiliser comme bouclier humain si les choses venaient à dégénérer. Cette pensée m'arrache un léger sourire tandis que j'achève de rouler une cigarette que je visse ensuite au coin de mes lèvres.

Je la suis lorsqu'elle donne l'ordre de départ. Non car c'est ma supérieure - snif! - mais parce que plus vite la mission sera terminée, plus vite je ne verrai plus sa tronche. Autant torcher cette histoire rapidement pour raccourcir le temps passé en sa compagnie. J'espère juste qu'elle ne se sentira pas obligée d'ouvrir sa gueule à tout bout de champ! Espoir vite balayé lorsqu'elle juge utile de m'adresser la parole. Je soupire et lève les yeux au ciel:

Elle me demande si je suis un Kawaguchi pour commencer. Ha oui, à n'en pas douter c'est une véritable génie. Qu'est-ce qui lui a mis la puce à l'oreille? Mon nom sur l'ordre de mission? Le fait que je sois confortablement installé sur un nuage de sable? Il n'y a pas à dire, la capacité de déduction des Saibogu est infaillible. La question est tellement stupide que je ne juge pas utile de gaspiller ma salive pour lui répondre. Quoique...

- "On ne peut rien te cacher à toi hein? Quelle capacité d'analyse impressionnante..."

Tu la sens l'ironie, là? Par contre je suis déjà plus intéressé par son interrogation sur le Heaven's Night. Elle connaît Tsukiko? Cette dernière m'a parlé d'une Saibogu qui a voulu jouer à la plus maline dans son établissement. D'après la description qu'elle m'en a faite, Kanpeki doit être l'imbécile en question: Forte poitrine et rien dans la cervelle! Ouais, ça colle parfaitement!

- "Si tu parles de la blonde qui a foutu une branlée monumentale à une Saibogu qui ne tient pas l'alcool ouais, je la connais!" elle devra se contenter de ça. "Pour le reste tu m'excuseras mais d'après tes propres mots tu es une... comment déjà? Ha oui, une conne! Et moi je parle pas aux connes, ça les instruit!"

Elle tend elle-même le bâton pour se faire battre. Qu'elle ne vienne pas se plaindre après...

- "Si tu as des ordres à donner, fais-le. Pour le reste, économise ta salive!" je marque une pause pour tirer une taffe. "En parlant de ça... Je ne sais pas pour toi mais je ne compte pas ramener de prisonniers à Suna! J'espère qu'on est sur le même longueur d'onde à ce niveau-là! Je détesterais devoir ramener ton corps au village, t'as l'air de peser ton poids si je me fie à ta surcharge mammaire!"

Je me doutais que la journée allait être longue. Mais je n'imaginais pas à quel point...

Ce gars avait du répondant pour un misérable Aspirant. Et Kan' en fit l'expérience alors qu'elle pouvait sentir toute l'ironie qui traversait les lèvres de son interlocuteur. Serrant les poings, mais faisant l'effort de ne pas relever cette pique, elle laissa le Blondin le temps de se rattraper. C'est vrai que cet abruti fier de première était perché depuis le début sur une masse sablonneuse en lévitation. S'il se pensait impressionnant ou intimidant, il passait plus pour un flemmard aux yeux de la Rebelle. Est-ce qu'elle mettait son Armure pour se balader ? Non, bien sur que non ! M'enfin... Restait à voir si ce gars savait faire autre chose que ce nuage granuleux volant.

Malgré tout, le Kawaguchi dénia tout de même à répondre à la question de la Saibogu. Et sa réponse eut le don de la faire sursauter. Grinçant des dents, elle le laissa terminer, puis finalement, s'arrêta pour se retourner vers lui. Attrapant le col de Kira, elle le rejoignit sur son support sablonneux. La colère pouvait se lire sur le visage de la Brune qui toisait le Kawaguchi.

— Ecoute moi bien ! Si elle m'a battue, c'est uniquement parce que j'étais bourrée. Mais t'en fait pas. J'vais avoir ma revanche ! Et dans très peu de temps ! Le lâchant, elle reprit sa marche en essayant de garder une allure calme. Chose difficile sur le moment. Et te fait pas de mouron pour moi. C'est pas ma première mission de rang B. Des bouffons j'en ai buté des dizaines, des centaines même. Non. La seule question qui mérite d'être posée c'est : Est-ce que t'arriveras à tenir la distance ?

Sur cette déclaration, le duo se remit en chemin vers l'Ouest. La chaleur était accablante en cette matinée et les aiguilles de la montre de Kan' se rapprochaient dangereusement de Midi. Le Zénith n'était pas loin.

La Mécanicienne n'avait pas pipé mot depuis leur altercation précédente. Elle était en rogne. En rogne d'avouer qu'elle avait perdu face à cette blondasse qui avait profité de sa situation d'alcoolique. Pourquoi avait-il fallut qu'elle se batte au moment où elle s'était trouvée dans un état qu'elle n'avait jamais essayé auparavant. Une erreur. Mais elle devait désormais vivre avec cette défaite et tenter, par tous les moyens, de regagner son honneur. Le prochain combat contre cette Kawaguchi se fera sur des bases équilibrées !

Cependant, Kanpeki dut mettre un terme à sa rêverie lorsqu'elle vit la scène qui se dressait devant elle : Les cadavres Sunajins étaient bien là. Etendus sur le sol rocailleux, les corps étaient en proie à l'appétit des vautours. Ces derniers s'en donnaient à coeur joie, dévorant les entrailles rougeoyante de ce qui était à l'origines deux Genins de la Cité Dorée. Il n'y avait plus rien à faire. Le village était trop loin pour qu'ils puissent ramener les macchabées auprès de leurs familles. S'approchant de la scène, Kan' manifesta sa présence auprès des rapaces. Manifestant leurs désaccord par des cris aigus, les animaux durent finalement prendre le large, alors qu'ils voyaient bien que la Chunin ne comptait pas partir d'ici. Espérant tout de même profiter du festin plus tard, ils firent des rondes au dessus des têtes des deux Shinobis.

La Saibogu, désormais un Shinobi confirmée, essaya de se détacher de l'horreur d'une telle scène et chercha des indices pouvant être utiles à leur enquête. Elle ne possédait pas de talent sensoriel ou autre. Et dans ce genre de cas, la vue et l'instinct étaient les seuls facteurs qui lui permettrait de retrouver la piste de leur VIP. Il était probable que le survivant était encore présent. Jetant un regard aux alentours, la Rebelle se décida finalement à parler, sur un ton qui se voulait assez bruyant pour être entendus sur plusieurs dizaines de mètres à la ronde.

— Y'a quelqu'un ?

Répétant cette même phrase à intervalles régulières, le duo dut se rendre à l'évidence, il étaient seuls ici. Le Genin s'était volatilisé. Sans compter qu'il n'y avait aucune trace sur le convoi de sel. Toute la marchandise avait disparue. Mais peut-être qu'il y avait des traces que la Saibogu n'avait pas relevée...

♫:

Je n'apprécie guère les Saibogu mais en général il faut reconnaître qu'ils sont plutôt sensés. Des scientifiques réfléchissent et ne se laissent pas guider par leurs pulsions quand bien même ils sont humains et esclaves de leurs sentiments. Le moins que l'on puisse dire c'est que Kanpeki est différente des autres. Je n'ai pas la prétention de connaître tous les membres d'un clan que je place en tête de ceux qu'il faudrait éliminer. Mais pour le coup je ne m'attendais pas à ce qu'elle en vienne aux mains, qu'elle se permette de m’agripper le col et carrément monter sur mon nuage de sable.

Je l'écoute parler tout en serrant les poings dans mes poches. Je ne peux pas m'en prendre directement à elle car c'est ma supérieure. Elle ne m'a pas frappé et si je porte le premier coup je serai certainement jugé comme responsable et donc fautif. Si nous devions nous expliquer devant un conseil de discipline ce serait ma parole contre la sienne. Et que vaut celle d'un genin face à celle d'une Chuunin. D'autant plus qu'il n'y a pas de Kawaguchi hauts-placés au sein du village. Cette Oniri se ferait certainement une joie de défendre une Saibogu. Elle l'appuierait avec tout son poids de conseillère et je serais reconnu coupable. Je n'ai aucun doute sur le sujet...

Est-ce que défoncer cette imbécile vaut réellement le coup. Est-ce qu'un instant de plaisir mérite de passer des jours, des semaines voir des mois en prison? Je sais que ce n'est pas le cas. Ce n'est pas l'envie qui manque de lui donner une correction, c'est certain. Mais contrairement à cette Saibogu je sais réfléchir avant d'agir. Si elle faisait de même, elle ne se serait pas faite battre par Tsukiko. L'alcool est une excuse un brin trop facile...

Je me contente donc d'un sourire narquois à son intention, sachant pertinemment que j'ai l'avantage dans le désert. Elle est trop impulsive ou simplement suicidaire? S'en prendre à un Kawaguchi en ces lieux? Vraiment? Rien que son arrogance mérite en soi que je me moque d'elle. Mais elle me relâche et retourne au sol. Et parallèlement je laisse la masse de sable que j'ai soulevée dans son dos retomber par terre en une pluie fine et inoffensive. Dommage...

*Ouais, c'est bien ce que je pensais!* mon sourire s'accentue. *Lorsqu'il s'agit de l'ouvrir ce n'est pas la dernière! Mais quand il faut passer à l'acte...*

Toutefois elle a menacé directement Tsukiko, avouant sans détour qu'elle compte bien prendre sa revanche. La blonde n'est pas le membre du clan que j'apprécie le plus, c'est certain. Mais elle reste une Kawaguchi et je ne peux pas laisser passer ça.

- "Essaie de toucher à un seul de ses cheveux, qu'on rigole! Tu auras tout le loisir de regretter cette lamentable erreur pendant les longs mois que tu passeras à l'hôpital quand j'en aurai fini avec toi!"

Qu'elle me croit ou non, ça m'est égal! Elle se rendra bien assez vite compte que je ne lance pas des menaces en l'air, moi. Cette fille ne m'impressionne pas! Ce sont souvent les faibles qui se réfugient derrière l'agressivité. Et l'agressivité, elle semble l'avoir érigée en dogme. A-t'elle quelque chose à compenser? Un complexe d'infériorité peut-être?

- "Quant à tenir la distance avec toi..."

Je ne termine pas ma phrase et me contente d'un rire moqueur. Le palmarès qu'elle m'a exposé ne m'impressionne pas plus que sa pitoyable tentative pour prendre l'ascendant sur moi. J'en suis maintenant persuadé: cette femme se réfugie derrière la violence pour avoir l'impression d'exister, d'être quelqu'un. Sauf qu'elle n'est... personne! Juste une Saibogu de plus qui croit tenir le monde dans le creux de ses mains.

Je ne compte toutefois pas poursuivre dans la confrontation. Nous sommes en mission et je ne compte pas me laisser distraire par l'arrogance de ma coéquipière. Ce qui compte, c'est le genin qui nous a envoyé cette lettre. Le reste peut bien attendre! Dès lors nous poursuivons notre marche en silence pendant de longues heures. Et peu avant le zénith nous arrivons sur les lieux d'un massacre. La vision des corps de deux sunajins et des membres du convoi servant de repas aux vautours s'impose à nous et la première chose que je fais, c'est m'assurer qu'il ne s'agit pas de membres de mon clan. De ce côté-là je suis rassuré... Pour le reste je note que le sel du chariot qu'ils escortaient est déversé sur le sable. On dirait donc que ce n'est pas après la marchandise que les assaillants en avaient. Une attaque directe envers Suna? Possible!

Les appels de ma coéquipière ne trouvent aucun écho et nous nous rendons rapidement à l'évidence: le genin survivant n'est plus ici. Est-il vivant? Mort? Honnêtement je m'en tape complètement. Ce ne sont pas des Kawaguchi et dès lors sa survie ne m'importe pas le moins du monde. Je prends toutefois de la hauteur sur mon nuage jusqu'à arriver à une centaine de mètres du sol. L'air est déformé par la chaleur et malgré une observation attentive je ne perçois rien qui puisse indiquer sa présence. Et les éventuels traces de sa fuite ont du être recouvertes par le sable sans cesse en mouvement du désert.

- "Je ne compte pas passer la journée à courir après un lâche dont le premier réflexe a été d'abandonner ses camarades!" dis-je à Kan lorsque je reviens à sa hauteur. "On va plutôt tenter de le faire venir à nous!"

Regarde et apprends, l'imbécile! J'effectue quelques mudras et une trombe de sable s'élève d'une dune avant de venir prendre place dans le ciel d'un bleu profond de Kaze. Le Kanji "Suna" se forme peu à peu lorsque le silicium se modèle selon ma volonté.

- "Je sais, je sais..." j'anticipe la réaction de ma pseudo-partenaire. "Ça va aussi alerter les agresseurs du convoi s'ils sont encore dans les parages! Mais... ne me dis pas qu'une difficulté supplémentaire te fait peur, si?"

Voilà, plus qu'à attendre maintenant. Peut-être une heure s'écoule avant qu'un jeune homme titubant apparaisse au sommet d'une dune. Je me redresse sur mon nuage et écrase entre deux doigts la cigarette que j'étais sur le point de terminer.

- "C'est pas trop tôt..."

Je hausse un sourcil en observant la Saibogu. Puisqu'elle est cheffe d'équipe je lui laisse tout le loisir de s'occuper de l'interroger. Il y a tout de même des avantages à être moins gradé qu'elle. Je n'ai ainsi pas à discuter avec un type dont je me fiche totalement...

L'endroit était vide. Accroupie, les yeux rivés sur le sol, la Saibogu essayait de discerner des traces qu'elle aurait omise lors de sa première inspection. Observant de temps à autre son coéquipier d'un regard rapide entre deux recherches, elle dut se rendre à l'évidence que ce Kira ne voulait pas mettre la main à la patte...

Ses doigts caressaient les surfaces rocailleuse du terrain lorsque Kan' entendit la voix du Kawaguchi. De toute évidence le jeune homme ne comptait pas poireauter ici à chercher des indices. Un impatient ? Sans vouloir le reconnaître, la Saibogu avait sans doute, en face d'elle, la personne qui se rapprochait le plus de son caractère. Son sosie masculin. Se tournant vers lui, un sourcil arqué, elle l'écoutait alors que ce dernier commençait à prendre ses grands airs. Ne pipant mot, Kanpeki laissa faire. Elle avait hâte de savoir quelle connerie son allié allait bien pouvoir inventer. C'est alors que le sable se souleva à la seule volonté du Kawaguchi. Les particules se réunirent en nombre pour bientôt former un symbole reconnu par tout bon patriote... Faisant la moue, la Brune dut se rendre à l'évidence : l'idée n'était pas des plus idiote.

Le Genin avait sans doute prévu une remontrance de la part de la Saibogu puisqu'il commença à se justifier, tout en masquant cela sous de la provocation. Sans compter qu'il connaissait très mal la Mécanicienne. Son impulsivité n'était pas juste un masque pour se donner une personnalité. Elle savait se servir de ses poings et pour tout dire, elle se battait mieux qu'elle bricolait ! Ce n'était donc pas un troupeau de bandit qui la ferait trembler.

— Évite ce genre de remarque à la con. J't'ai strictement rien dit.

Sur cette note joyeuse et totalement dans l'esprit d'équipe, le duo ne prononça rien de plus et ils laissèrent les minutes défiler. Kan ne savait pas trop combien de temps s'écoula alors qu'elle repassait sans cesse dans des recoins qu'elle avait déjà vu et revu, quand soudain un nouvel événement se manifesta. Au sommet d'une dune, une silhouette se dessina : Un jeune homme au corps ensanglanté. Le survivant.

Se relevant, elle alla directement à la rencontre du nouvel arrivant. D'une démarche mesurée, la Saibogu tentait de discerner un piège ou autre. Ses capacités d'analyse n'étaient pas optimales, aussi, la Mécanicienne ne remarqua aucune anomalie. Elle ne vit pas les parchemins explosifs qui se trouvaient sous le tricot du Genin et les trois bandits qui s'étaient dissimulés derrière un amas de rocher...

Arrivant face à face avec le VIP, la jeune femme n'eut pas le temps d'entamer la discussion que ce dernier commença à parler. De toute évidence sa proximité avec un allié le rendait nerveux.

— Non...Nooon ! Ne t'approche pas aussi prêt !
— Quoi ?

L'incompréhension put à peine se lire sur le visage de la Saibogu lorsque le haut du Sunajin s'enflamma sous la combustion des sceaux. Le tatouage dorsal de la Brune s'illumina alors, laissant échapper un exosquelette courant le plus rapidement possible sur sa peau. Hélas, ce ne fut pas assez rapide... La déflagration brûla son buste et la projeta quelques mètres plus loin dans un splash sableux, tout en l'aspergeant d'hémoglobine. Par chance son casque s'était déployé juste avant, bloquant ainsi des brûlures très grave au visage. Secouée pendant de nombreuses secondes, la jeune femme se releva, son armure terminant de s'étendre sur les derniers endroits encore découverts. Elle n'eut pas le temps de souffler que trois hommes se montraient face à elle et à Kira par la même occasion. Jetant un dernier regard à l'endroit où se tenait le Genin, Kan' sut qu'elle avait échouée dans sa mission. Mais il y avait matière à vengeance : Ces trois adversaires... Ayant reprit son sang froid, la jeune femme craqua des jointures.

— Bravo les gars. Z'avez réussis à me mettre en rogne. Se mettant en position de combat, elle continua. J'vais décorer ma chambre avec vos mâchoires !

♫:

Et bien, ces bandits ont de la suite dans les idées et sont plutôt bien équipés vu qu'ils ont sûrement eu recours à des parchemins explosifs pour faire exploser notre genin survivant. Lorsque le bouclier de sable que j'ai dressé devant moi retombe sur le sol en une fine pluie dorée, je constate sans grande surprise qu'il ne reste rien du corps du lâche. Il était sûrement déjà prisonniers lorsque j'ai fais apparaître le kanji. Ou alors il s'est fait capturer en tentant de nous rejoindre par le trio qui a décidé de s'en prendre à nous. Peut-être suis-je indirectement responsable de sa mort, peut-être non... Mais ce qui est certain c'est que je me fiche pas mal de son sort. Ce n'est que justice...

*Tu n'avais qu'à pas abandonner tes camarades et sombrer avec eux!* je souris. *Le destin se charge toujours de rattraper ceux qui croient pouvoir le déjouer...*

Je tourne le regard vers Kanpeki tandis que je regagne ma position avec mon nuage, le souffle m'ayant fait glisser en arrière sur plusieurs mètres. J'ai à peine le temps de voir des brûlures sur le haut de son corps avant qu'une étrange armure de métal la recouvre entièrement. Elle était plus proche que moi du défunt genin et je dois reconnaître qu'elle a réagi aussi rapidement qu'il était concevable de le faire. Et maintenant elle semble pressée d'en découdre avec notre trois assaillants. Je m'oriente vers eux:

- "Elle a plutôt un mauvais caractère vous savez?" je désigne Kan d'un vague signe de la tête. "Si j'étais vu je ne l'aurais pas énervée! Enfin... de toute façon vous allez crever alors ça ne change pas grand chose au final..."

Puisque ma partenaire est suffisamment en forme pour se battre... autant la laisser faire. Je ne compte pas intervenir pour l'instant, ce serait contre-productif. Là j'ai l'occasion de voir ce que vaut la Saibogu lorsqu'elle se bat. Nos adversaires doivent être plutôt doués pour avoir réussi à se débarrasser des shinobis qui escortaient le convoi. Du coup j'imagine qu'ils ne seront guère faciles à abattre. Mais c'est tout l'intérêt de la chose, justement!

- "Je te les laisse, ils ne m'intéresse pas..."

Mon corps semble vouloir m'indiquer un petit soucis sous la forme d'un léger picotement au niveau de ma joue. Je l'effleure du bout de mes doigts et soupire lorsque je sens un liquide chaud les imbiber. Un morceau de roche a du m'entailler avant que j'aie eu le temps de dresser mon bouclier. Merde! Encore une fois les circonstances se chargent de me rappeler qu'il me faudra encore beaucoup d'entraînement avant d'être un shinobi confirmé!

Je frotte mes doigts et soupire tandis qu'un bandit ayant échappé à Kan se dirige dans ma direction. Enfin, disons carrément qu'il me charge kunaïs en mains. Et il semble sacrément décidé à me faire la peau si j'en juge à son regard sombre. Bon et bien on dirait bien qu'il faille que je me batte tout compte fait. Je dissipe mon nuage de sable et me réceptionne sur le sol avant de me mettre en position défensive.

Je dévie le premier coup d'un revers du bras puis balance ma tête en arrière pour éviter de me faire trancher la gorge. Ce type est plus rapide que je l'avais imaginé et bien plus adroit aussi. Je perds rapidement mon assurance tandis que je suis forcé de reculer sous les assauts furieux de mon adversaires. Il s'y connait en Taïjutsu, c'est certain. Même plus que moi puisque je n'arrive pas à trouver une ouverture pour contre-attaquer. Il me retranche dans une attitude défensive. Je n'ai guère le loisir de prendre l'avantage et je le paie peu de temps après quand une deuxième entaille apparaît sur l'un de mes avant-bras. Encore?

Je soulève une petite masse de sable que j'envoie dans le visage de mon adversaire. Peut-être qu'il me surpasse au corps à corps mais je peux heureusement compter sur une palette de compétence un brin plus vaste que lui. Je profite de la pause que l'aveuglement de mon adversaire impose pour faire un bond en arrière et effectuer une série de mudras. Quatre tentacules de sable émergent furieusement du sol et s'enroulent autours des poignets et chevilles de mon adversaire avant de le suspendre en l'air, tête en bas. Ce n'est pas l'envie de l'écarteler qui manque. Mais on va avoir besoin d'informations. Et la Saibogu semble tellement énervée qu'elle risque bien de tuer ses propres adversaires...

- "Relax, tu vas vivre encore un peu..." je m'approche nonchalamment de lui. "Même si dans le fond ce n'est peut-être pas une si bonne chose pour toi..."

Mains dans les poches, je l'observe en penchant légèrement la tête sur le côté. Cet enfoiré m'a blessé tout de même. Et puis il faut bien que je m'occupe un peu en attendant que Kan en termine ou demande mon aide. J'aimerais tellement qu'elle le fasse à vrai dire... Mais je suppose qu'elle s'en sortira toute seule. Dommage... J'avise l'un des kunaïs de mon adversaire sur le sol et me baisse pour le ramasser. Après une petite observation de l'arme, je décoche un sourire à l'homme.

- "On aura sûrement quelques questions à te poser, la conne et moi! Après je ne suis pas un expert en torture hein? C'est plutôt triste d'ailleurs parce que ça a l'air amusant comme passe-temps. Enfin bon j'en connais quand même suffisamment pour savoir qu'il faut mettre le prisonnier en condition avant de l'interroger. On va essayer un truc, ok?"

Je promène l'un des tranchant de l'arme sur son son visage avant de me raviser pour remonter au niveau du ventre. Oui, là! Il paraît que les plaies à l'abdomen sont les plus douloureuses. Et que la mort met un moment à emporter ceux qui sont frappés par ce genre de blessures.

- "Serre les dents, ça va picoter un petit peu!"

Je plante le kunaï au niveau du nombril avant de l'écarter lentement vers l'un de ses flancs. Un jet de sang se déverse sur le torse du captif avant d'aller colorer le sable d'une teinte sombre. J'observe un instant ce spectacle et recul un petit peu pour éviter de tacher mes vêtements. Puis je glisse une main dans la plaie en soupirant lorsque l'homme se met à crier. Bah oui mais il fallait réfléchir avant hein?

Je trouve ce que je cherche et retire quelques viscères qui se déplient comme un serpent névrosé en tombant sur le sol. J'espère que ce spectacle donnera à réfléchir à cet imbécile qui prétendait nous faire la peau. Il semble sur le point de s'évanouir. Je le retourne à l'endroit et lui donne quelques petites claques.

- "Ho! Hé ho! Tu te réveilles!" je me fends d'un large sourire lorsqu'il reprend ses esprits. "Voilà, c'est bien! Brave type!"

Peut-être que je me suis un peu laissé emporter tout compte fait. La plaie a l'air plus sérieuse que je le désirais. Mais bon voilà, je ne suis pas un expert. Je vous l'avais dit! Comme on dit: c'est en forgeant que l'on devient forgeron! Je continue d'observer d'un air ennuyé mon prisonnier en me demandant s'il mourra avant que Kan puisse participer à l'interrogatoire...

Prête au combat, Kan' faisait face à deux adversaires. En effet, le troisième avait brisé la formation pour s'attaquer au Genin. Ne souhaitant pas se risquer à se mettre dans une position délicate juste pour sauver les fesses du Kawaguchi, la jeune femme ne sourcilla même pas lorsque le bandit passa à côté d'elle pour attaquer Kira. Son regard doré était fixé sur le duo qui n'avait toujours pas bougé. Sous cette armure, elle ne pouvait rien laisser transparaître. Aucune émotion ne pouvait se lire sur ce masque métallique. Et c'était bien dommage : Ils ne pouvaient pas voir son excitation.

Sans dire un mot, l'un des deux fonça sur elle. Plus courageux que son camarade ou s'attendant sans doute à une attaque synchronisée de ce dernier, il s'élança seul face au danger que représentait la Mécanicienne et son armure. Un sourire féroce se dessina sur les lèvres de la Saibogu. Solidifiant son avant bras, elle para le coup d'épée avec aisance. Mais ce n'était pas terminé. Le Bandit frappait, encore et encore. Un cri de guerre, dont la tonalité changeait à chaque fois que la lame s'écrasait sur la carapace de Kan', s'échappait de ses lèvres gercées. Sentant un certain essoufflement de la part de son adversaire, cette dernière se décida à passer à l'attaque : Laissant glisser la lame au lieu de l'encaisser, le bretteur se fit entraîner par son élan, perdant ainsi son appui. Il vit distinctement un poing s'enfoncer dans son estomac. Laissant échapper de l'air, c'est du sang qui s'évacua par sa bouche lorsqu'un genou métallique en fit de même. Empoignant sa victime, la Brune l'envoya valser à quelques mètres pour qu'il s'écrase dans le sol sableux. Le misérable tremblait juste pour bouger le petit doigt. Se relever lui ferait un mal de chien.

Malheureusement, Kanpeki ne pourrait pas se délecter de cette scène puisqu'elle entendit les pas du deuxième. Se baissant alors qu'un coup de sabre menaçait de lui trancher la tête, la Rebelle enchaîna, ne laissant pas le temps à son adversaire de comprendre la vivacité de la Bête. Un coup de pied circulaire au ras du sol, le combat se termina sur le sable. Les cuisses de la Mécanicienne tenant fermement le buste du Bandit, cette dernière se tenait au dessus de sa victime. Un festival de coup de poing pleuvait sur le visage de ce qui n'était désormais qu'un pantin d'entraînement pour la Sunajin qui s'en donnait à coeur joie. Les jointures de ses dextres devinrent rapidement écarlate. Elle ne savait pas combien de temps la tête de son ennemi lui servit de punching-ball, mais ce qui était sur, c'était que celui là était bel et bien mort...

Se relevant, elle s'éloigna du cadavre et s'approcha de celui qu'elle avait laissé en vie. Il arrivait à peine à tenir sur ses quatre pattes, le sang coagulé coulant encore le long de ses lèvres. Un râle d'agonie s'échappa de sa bouche alors que la Saibogu le souleva en le tenant par la gorge. L'emmenant en face du troisième, que Kira avait réussi à maîtriser et qu'il commençait à torturer salement, Kan' se tourna vers son coéquipier.

— Merde Kira ! T'avais pas besoin d'en aller jusque là ! Il va plus nous être d'aucune utilité. Regarde, il a tellement mal qu'il n'arrive même plus à articuler un mot !

Pour le coup, le Kawaguchi y était allé bien trop fort ! Certes, la Brune n'était pas une experte en la matière... Mais tout de même ! Il suffisait de regarder ce type pour savoir que la douleur l'empêchait de marmonner quoi que ce soit.

— On va faire plus simple. Rapprochant son visage masqué de celui de son otage, elle parla, le ton menaçant. Où est la cargaison de sel ? Le lâchant sur le sol, elle se tenait droite, essayant de paraître la plus intimidante possible. Crois moi que j'hésiterai pas à te buter. D'ailleurs, à titre d'exemple...

Pointant son avant bras vers la victime torturée de son allié, la jeune femme fit émerger une mitrailleuse de cette partie de l'armure. A peine eut elle le temps de montrer le bout de son nez, qu'elle détonna plusieurs fois. Une dizaine de balles s'ancrèrent dans le corps du misérable, déjà bien amoché. Il était mort désormais. Un exemple qui rejoignait la première victime jonchant le sol non loin de là, le visage méconnaissable.

— Donc... La cargaison ?
— Je... j-je...

L'homme était en état de choc. Tremblant de tous ses membres, son teint était devenu pâle. Il était à la limite de cracher ses tripes. Il ne leur était d'aucune utilité. Soupirant, Kan' pointa son arme en direction du front de sa nouvelle cible.

— Bon... J't'avais prévenu abru-
— A-attendez !! C'es-c'est d'accord ! J'vous y emmènerai... Mais s'il v-vous plaît... ne me tuez pas... J'vous en supplie...
— Donne moi juste ce que j'veux savoir.
— NON ! Si j'vous le dit... Vous allez m'descendre.

Un sourire s'afficha sur ses lèvres. Fûté pour un brigand des routes... La réflexion fut rapide : Après quelques secondes de silence, la Saibogu parla.

— Ca marche. Mais gaffe à toi : Si tu m'l'as fait à l'envers, j'ferai en sorte que ta mort soit lente et que tu te fasses bouffer par les vautours. Ça serait d'ailleurs un juste retour des choses, tu crois pas ? Finalement, elle se tourna vers Kira. Changement de plan : le VIP étant décédé, la mission a échouée. Mais comme j'ai pas envie de me prendre un savon par l'administration, j'vais essayer de récupérer la cargaison et connaître leurs objectifs. Tu peux rentrer à Suna si ça t'chante.

♫:

Kan a aussi eu la jugeote de garder un prisonnier pour l'interroger. Et il faut reconnaître que le sien est plus en forme que le mien. J'ai peut-être un peu abusé, c'est vrai. Mais je ne vois pas l'intérêt de faire dans la subtilité avec des brigands. Que mon cobaye soit capable ou non de parler, c'est égal dans le fond. On a retrouvé le genin. N'est-ce pas ce qu'on nous demandait? Et puis de quoi elle se mêle hein? Je ne lui ai pas fait de commentaires sur l'état de son propre captif.

- "Occupe-toi de tes affaires, la conne!" c'est sec mais précis. "Quand j'aurai besoin de tes conseils je te ferai signe! En attendant fais pas chier!"

Il n'est peut-être plus capable d'articuler des phrases cohérentes mais il peut toujours me servir de jouet pendant que Kan obtiendra des informations. Je délaisse mon irritante partenaire pour me concentrer sur le brigand dont j'ai hérité. C'est sûr qu'il ne tiendra pas très longtemps encore. Autant battre le fer pendant qu'il est encore chaud pas vrai? J'en suis à imaginer quelle nouvelle blessure je pourrais lui infliger quand des cliquetis réguliers et assourdissants me font sursauter.

Putain mais c'est quoi, ça? Je tourne le regard vers la Saibogu puis sur l'appareil qu'elle porte au niveau de l'avant-bras. Encore une de ces foutues armes déloyales! Quelle fierté y a-t'il à user de ce genre de gadgets? Ce n'est pas pur, ce n'est pas... naturel! Mais je pourrais encore passer sur cette faute de goût si ce n'était pas mon prisonnier qu'elle venait de massacrer. Je suppose que ça sera utile pour l'interrogatoire du dernier survivant et ça se confirme quelques instants plus tard quand nous obtenons des informations et un guide par la même occasion.

Et voila ma coéquipière qui part dans ses délires et veut maintenant traquer les autres membres de la bande. Pour le coup je dois bien reconnaître que je suis tenté. Ce sera amusant et puis si la région devient plus sûre, ça profitera aussi à mon clan. Dans ce genre de cas les intérêts de mon clan et ceux du village sont compatibles. Et puis je ne vais pas laisser Kan tirer toute la gloire à elle. Il ne sera pas dit qu'un manieur de sable refuse un combat dans lequel un Saibogu se lance!

- "Si j'te laisse y aller seule tu vas te faire massacrer!" je hausse les épaules en énonçant ce qui me simple relever de l'évidence. "Note au passage que l'idée ne me dérange pas particulièrement. Ce serait même plutôt une bonne nouvelle! Mais ça signifierait également que je ne pourrais pas te démerder ta jolie petite bouille un jour ou l'autre. Me voilà face à un dilemme des plus sérieux..."

Les deux perspectives sont intéressantes, c'est vrai. Mais mon choix est de toute façon déjà fait. Je pousse un soupire pour le seul effet théâtrale de la scène et jette un regard au cadavre à mes côtés. Je fais un signe et le sable retombe inerte sur le sol et l'avale en même temps. Une preuve de moins et une tombe anonyme. C'est le meilleur hommage qu'il pouvait espérer... Je forme ensuite un nuage de silicium sous mes pieds, m'y installe et dépasse ma chieuse de supérieure.

- "C'est bon, je viens!" un temps d'arrêt. "Mais uniquement parce que tu as buté mon prisonnier et que je considère que le tien m'appartient!"

Et ça n'a pas changé! On se met en route en suivant les indications de notre captif. Il se révèle plus coopératif que tout à l'heure, ça c'est sûr. Je n'apprécie pas Kanpeki mais je dois reconnaître qu'elle sait y faire. Ainsi notre nouvel ami nous annonce qu'il faudra nous préparer à affronter trois nouveaux adversaires une fois que nous serons arrivés à destination. Pourquoi n'ont-ils pas eu la bonne idée de tous venir d'un coup?

Le reste du trajet n'est pas des plus captivants: l'ambiance est aussi froide que les mythiques neiges de Yuki et notre prisonnier nous retarde à cause de son état. Plus d'une fois l'envie me vient de l'achever mais je me retiens en songeant qu'il nous est encore utile. On arrive au sommet d'une d'une particulièrement élevée et on se retrouve avec une vue plongeante sur... une dizaine d'hommes et femmes assis sur le sable. Et à voir leur réaction ils sont aussi surpris que nous. Notre... guide a sûrement espéré que ses copains nous régleraient notre compte et qu'il serait libre.

- "Petit cachottier!" je trouve ça plutôt amusant dans le fond. "Et en plus il ne sait pas compter... Tu avais dit trois il me semble, non?"
- "Vous êtes foutus! Libérez-moi et je plaiderai en votre faveur! Ils vous laisseront peut-être la vie sauve!"
- "Tu crois vraiment aux conneries que tu prononces?"

Je délaisse cet abruti et me concentre sur nos nouveaux adversaires. Ils sont en train de s'armer et se dirigent vers nous. Prévisible. C'est fou cette tendance qu'on les gens à se fier au nombre plutôt qu'à la qualité. Bon pour le coup je dois bien reconnaître que ce ne sera pas forcément facile de tous se les envoyer. Mais c'est un bon exercice. Pour le coup je ne peux pas vraiment me plaindre...

- "Hey, la conne! Tu te souviens de la façon dont ils ont explosé le genin?" peut-être que l'autre sera utile finalement. "Qu'est-ce que tu dirais de leur rendre la pareille?"

Je la laisse cogiter là-dessus. Après tout les Saibogu sont plutôt doués en Fuinjutsu. Allez savoir pourquoi... Toujours est-il qu'elle pourrait sûrement se servir de notre guide foireux comme ils l'ont fait. Je fais quelques mudras et une vague de sable commence à rouler du haut de la dune sur laquelle nous nous trouvons. Voilà de quoi retarder un peu nos adversaires.

- "Ou alors on se les fait à la conventionnelle?"

Je n'ai rien contre une méthode plus classique non plus. Mais ma coéquipière va devoir se décider rapidement. Ma vague les a emporté sur quelque mètres mais ils reviennent à l'assaut. Et les kunaïs et autres flèches commencent à siffler à nos oreilles...

Pour être honnête, Kan' n'aurait jamais imaginée que son coéquipier du jour daigne l'accompagner pour cette nouvelle tâche. Elle ne l'aimait pas, il ne l'aimait pas... Bref, c'était sans doute le duo le plus loupé de toute l'histoire de Suna. Il ne fallait pas se faire d'illusion, la Saibogu partirait seule terminer le sale boulot. Non pas que ça la dérangeait le moins du monde. De toute manière, elle préférait travailler en solo. Finalement, le temps de réflexion du Kawaguchi se termina lorsqu'il ouvrit la bouche. Et sa réponse eut le don de faire hausser les sourcils de la Brune. En effet, le Blondin avait accepté sa proposition en se planquant derrière un tas d'excuse qui se tenaient plus ou moins. Son soupir montrait bien qu'il ne le faisait pas de bonté de coeur. Ne trouvant rien à dire face à la déclaration de l'Encapuchonné, la jeune femme se contenta d'hausser les épaules. Elle était déçue qu'il ait accepté.

— Comme tu veux.

Finalement, le groupe se mit en marche. Leur otage en main, ils se dirigèrent tranquillement là où ce dernier les guidait. Au fur et à mesure de ses pas, la Saibogu restait concentrée sur son environnement. Elle jouait à un jeu dangereux. Si jamais leur guide se décidait à leur jouer un mauvais tour, tout pouvait basculer rapidement. Et l'ennui, c'était qu'elle ne savait pas si ce type avait assez peur de la Mort pour ne pas se décider à leur faire la chose à l'envers... Kan' avait confiance en ses capacités, mais si il y en avait plus que trois de prédit ? Que se passerait-il ? Se ferait-elle déborder ? Cette idée ne la frôla pas une seconde et elle était bien trop fière de son pouvoir pour penser à la défaite. Ce n'était la que les pensées d'un narrateur anxieux pour son personnage...

Mais passons. Les choses sérieuses allaient commencer puisque, à la surprise générale -kof kof- le bandit capturé les avait roulé. La colère put se lire sur le visage de Kan lorsqu'elle vit la masse de brigand qui se dessinait devant elle. Le poing serré, elle écouta le rapide dialogue que prononcèrent les deux autres personnes présentes. Ce n'est qu'à la fin des derniers mots que le Kawaguchi prononça à l'égard du salopard, que la Brune frappa la tempe de ce dernier avec une force colérique. Sa voix était tremblante. Son impulsivité l'empêchait de garder son sang froid dans des moments que ceux là. Du sang coulait lentement du crâne de la nouvelle victime. Vivante ou morte ? Dans tous les cas, elle s'écrasa dans la dune sableuse et provoqua une indignation de la part de leurs nouveaux adversaires.

— Enculé.

Crachant sur le corps, elle posa un regard noir sur la foule armée. Une veine se dessinait sur le front de la Saibogu au fur et à mesure que sa férocité se dessinait sur ses traits. Grinçant des dents et grognant, elle se mit en position de combat. C'est alors que les paroles de son compagnon résonnèrent à ses oreilles. Méfiante au départ, un sourire carnassier s'afficha sur ses lèvres. Son idée la séduisait...

— Ouais, bonne idée l'Abruti ! Prenant l'inconscient entre ses mains, elle se saisit d'un parchemin explosif dans le sachet shinobi à sa ceinture. Car oui, Kan' avait ôtée son Armure... Hey les bouseux ! On se rend ! Tenez, j'vous rend vot' pote !

A l'image d'un bélier du Moyen Age, elle envoya le macchabée sur la troupe qui fonçait droit sur eux. Rattrapant au vol leur allié, c'est médusé que les attrapeurs virent de la fumée s'échapper d'un morceau de papier. Une explosion retentissante illumina la zone emportant deux ennemis et en sonnant momentanément un troisième. Les insultes fusèrent à leurs encontre et les Brigand chargèrent de plus belle. La vague de sable envoyée par la Kawaguchi avait empêtrée les plus proche de leur position. Cependant, voilà qu'ils se relevaient plus énervés que jamais. Leurs grognements étaient audible du haut de la dune. Invoquant Metal Gear, Kan était prête à faire face.

— Le véritable match commence ! Celui qui en a le plus remporte la partie !

Il devait bien y avoir une trentaine d'ennemi. Est-ce que ce duo foireux arriverait à gérer cet amas de guerrier puant ?

♫:

Je m'étais attendu à pas mal de choses mais certainement pas à ce que Kanpeki accepte mon idée. Non qu'elle soit mauvaise en soi. Mais je pensais qu'elle avait un esprit de contradiction un peu plus développé. Bon elle est tout de même restée fidèle à elle-même vu qu'elle a jugé bon d'ajouter une insulte à sa remarque. Me voilà presque rassuré, elle n'a pas perdu son caractère de merde. Même si pour le coup on ne peut pas dire que je sois en reste non plus...

Je lui offre le temps nécessaire pour équiper notre prisonnier d'un cadeau explosif, abattant une nouvelle vague de sable sur nos assaillants. Ils sont repoussés à nouveau mais pas suffisamment pour être blessés. Ce qui est vite réparé lorsque la Saibogu propulse notre bombe humaine artisanale sur ceux qui reviennent à la charge. J'ai le temps de dresser un cocon de sable autours de mon nuage avant d'être recouvert de restes humains. Je crois qu'on s'accorde tous à dire que ce n'est bon ni pour la peau, ni pour l'ego.

Lorsque ma protection retombe sur le sol meuble j'ai tout le loisir de constater les dégâts occasionnés par notre petite vengeance. Et ils ne sont guère à la hauteur de mes espérances: deux morts, un troisième agresseur sonné. On aurait certainement pu mieux faire. Enfin, c'est toujours ça de pris n'est-ce pas? On ne va pas faire la fine bouche. D'autant plus que d'autres adversaires surgissent d'une dune voisine, portant le nombre de nos ennemis à plusieurs dizaines. Et dire que ça n'allait déjà pas être facile avec une poignée d'opposants...

Kanpeki, elle, semble déjà plus motivée que moi par le combat qui va suivre. Elle me propose même de lancer un petit concours. Concours remporté par celui qui aura abattu le plus de ces brigands. La perspective est intéressante, c'est vrai. Pouvoir me moquer d'elle sur le trajet du retour lorsque je l'aurai battue à plate couture sera un véritable plaisir. Mais j'ai une bien meilleure idée!

- "Ho, tu sais..." je tourne le regard vers elle, un sourire carnassier sur le visage. "Puisque le prisonnier que tu me devais est mort et que ta dette est effacée, je crois bien que je vais passer mon tour! D'ailleurs ça me fait penser qu'il est temps de trouver une meilleure place pour profiter du spectacle! Amuse-toi bien!"

Je fais prendre de l'altitude à mon nuage, dévie plusieurs projectiles et monte à une centaine de mètres d'altitude. De là j'ai une vue parfaite sur le champ de bataille tout en restant hors de portée de la plupart des flèches et autres kunaïs de nos ennemis. Vous me prenez sûrement pour un lâche, pas vrai? Et bien sachez qu'il n'en est rien! Je regrette de ne pas pouvoir me battre alors que j'en ai envie. Je ne suis d'ailleurs généralement pas le dernier à me lancer dans la bataille...

Mais je garde à l'esprit un fait essentiel: plus Kanpeki devra affronter d'adversaires et plus elle risque d'y passer. Si c'est le cas je n'aurai alors qu'à achever les ennemis encore debouts avant de rentrer à Suna pour y annoncer la mort de ma coéquipière. Et puis dans le cas ou elle survivrait j'en aurais alors appris un peu plus sur ses capacités tandis qu'elle n'aura pratiquement rien vu des miennes. C'est de la stratégie pure et simple, rien de plus! Et puis entre une Saibogu de moins et la victoire dans un stupide concours, le choix est vite fait!

Je tire la gourde de mon sac et en prends de longues gorgées avant de reporter mon attention sur la brune et les brigands qui vont arriver à son contact. J'espère au moins que mon irritante partenaire aura la décence de proposer un spectacle digne de ce nom...

L'excitation pouvait se lire sur le visage de la Brune qui observait la petite masse d'ennemi approcher à grande foulée vers le duo. Tant de crâne à casser et ce serait à celui qui en briserait le plus. Cependant, alors que Kan' avait proposée cette merveilleuse idée, son interlocuteur se résorba. Comme ça. Au calme. Je ne vous raconte pas la tête que prit la Saibogu lorsque son allié lui posa un lapin. Elle pensait franchement qu'il aurait le courage d'assumer son rôle d'homme. Mais non, il s'envola tranquillement sur sa volute sableuse et décida qu'il ne serait qu'un simple spectateur cette fois-ci. Ne pouvant s'empêcher de soupirer face à cette lâcheté apparente de son compagnon, la jeune femme ne tarda pas à ouvrir la bouche :

— J'me doutais bien que tu n'étais qu'un putain de dégonflé.

Finalement, la Brune s'avança et commença à faire face à la troupe ennemie. Inspirant profondément, l'odeur d'électronique et de métal commença à traverser ses narines. Metal Gear avait son odeur bien particulière et la Rebelle s'y était habituée. Ses yeux pourfendaient le futur champ de bataille, en analysant la situation le plus rapidement possible. Seule, ces chances de vaincre étaient beaucoup plus faible. De plus, la Bête n'était pas non plus la guerrière la plus puissante des environs. Sa détermination était sans faille, cependant ses capacités physiques n'étaient pas assez mûrs pour qu'elle puisse rivaliser avec autant d'ennemi. Il allait falloir temporiser et les affronter sur un terrain qui les désavantageraient. Sur ces pensées, le sable se souleva grâce à une énergie fumante qui se propagea sous les semelles de métal de l'Armure. En quelques secondes, Kan' s'envola au dessus de la foule.

Faisant du statique, la Mécanicienne fit apparaître deux mitrailleuse le long de ses avant bras et commença à faire pleuvoir les balles. Deux brigands tombèrent face à la surprise de l'instant. Cependant, le reste se ressaisissait rapidement et ils se protégèrent tous derrière l'environnement ou se planquèrent derrière leurs larges boucliers faisant claquer les projectiles sur leurs surfaces rouillées. La contre attaque ne manqua pas et des flèches sifflèrent rapidement sur le duo Sunajin. De simples tintement métallique résonnèrent sur la surface solide du revêtement de la Saibogu qui observait la réponse adverse avec une certaine déception. C'est donc tout ce que ces abrutis avaient dans le ventre ?

Faire durer ce combat ne serait d'aucune utilité. Sans attendre, la Bête fit apparaître deux dispositif sur ses épaules qui se déployèrent à l'aide d'articulations mécanique. Dix missiles se trouvaient prêt à être lancés et Kan' ne se fit pas prier. Dans un son assourdissant, une pluie sifflante tomba sur les dunes de Kaze. Dans de nombreuses explosions, le sable vola sous la puissance des ondes. Des cris d'agonie se firent entendre de part et d'autre sur la surface. La fumée était épaisse et les silhouettes peinaient à se dessiner sous ces écrans opaque dus à l'attaque puissante de l'Ingénieuse. Mais c'est alors que la surprise arriva : Un puissant serpent de flamme s'étira de toute sa longueur et transperça les rideaux de particules pour foncer en direction de la Guerrière. Un cri de douleur s'échappa de la bouche de la victime alors qu'elle s'écrasait dans un son métallique étouffé. Derrière la fumée, une ombre pouvait être discernée.

— Kukuku... Z'avez vraiment cru que ça serait aussi facile ?

Spoiler:

♫:

Le spectacle que j'attendais a bien lieu... Mais j'avais espéré quelque chose de plus... raffiné, moins tape-à-l'oeil. La douce mélodie des râles d'agonie de nos adversaires sont presque entièrement couverts par la cacophonie des armes de la Saibogu. De la fumée noire s'élève en tourbillonnant furieusement du champ de bataille, le sable est propulsé en des gerbes désordonnées et les projectiles qui ricochent sur Kanpeki émettent d'irritants cliquetis métalliques. Ce n'est rien de plus qu'un bordel total...

Je m'imagine un instant en train d'essayer de convaincre ma coéquipière qu'elle manque de classe. L'idée me fait sourire un bref instant avant d'être reléguée aux oubliettes. Je ne m'attends pas à ce qu'elle comprenne toute la beauté du sable qui s'anime en silence avant de frapper par surprise. Elle ne pourrait pas saisir toute la subtilité d'un corps qui s'enfonce dans le silicium et les derniers râles d'agonie de son propriétaire tandis que ces petits grains mortels s'enfoncent dans sa gorge. Tout n'est que destruction brute pour les Saibogu. C'est l'une des raisons qui me poussent à considérer les membres de ce... clan à peine mieux que des animaux...

Alors je continue à observer ma partenaire en espérant qu'elle saura exprimer un bref instant de génie, que je vais pouvoir savourer un bref instant de cet échange qui pour l'instant se limite à de la violence classique. Je continue de vérifier que mon altitude me garanti la sécurité contre les projectiles adverses et note au passage le lot de missiles sur les épaules de l'armure de Kanpeki. Voilà, enfin des informations intéressantes et probablement exploitables dans le futur...

Finalement, c'est l'apothéose! Et elle est d'autant plus savoureuse que je ne l'ai même pas vu venir: un jutsu de feu fend la fumée noir pour venir percuter Kanpeki. Et cerise sur le gâteau, elle pousse même un petit cri de douleur tandis qu'elle s'écrase. J'observe sa chute avec émerveillement avant de me redresser sur mon nuage, main dans les poches et clopes vissée au coin des lèvres. Tiens, on dirait bien qu'il y a un de ces abrutis qui sait ce battre là en bas! Intéressant...

- "Hey l'affreux!" j'attends qu'il paraisse enfin à travers la fumée. "Bien visé!"

Je me retiens de lever le pouce mais je n'en pense pas moins. L'homme qui s'en est pris à ma coéquipière n'as pas un seul cheveux sur le crâne. Je note avec amusement qu'on peut voir le reflet du soleil sur sa peau avant de poursuivre le reste de mon analyse. Il est vêtu légèrement, à la manière des autres brigands. Mais sa posture et son calme témoignent d'une maîtrise sûrement bien supérieure au reste de ses collègues.

Je me prépare à lui dire que je ne suis qu'un simple observateur et qu'il peut continuer de jouer tranquillement avec Kanpeki mais il me prend de vitesse et fait apparaître une demi-dizaine de clones. Je hais ces saloperies! Bon, je les utilise! Mais je déteste quand les autres le font. Ça donne plus de travail et ça nécessite plus de concentration. Et puis en l'occurrence ça offre à notre adversaire la possibilité de s'attaquer aussi bien à la Saibogu qu'à moi. Bon et bien je suppose que la pause est finie...

- "Je vais vous faire griller vif kukuku ça va vous faire tout drôle!"
- "Honneur aux dames..."

Je désigne d'un vague mouvement de la tête ma coéquipière. Celle-ci s'est entre temps relevée mais je n'en attendais pas moins. Les connes dans son genre ont la peau dur. Spécialement quand cette dernière est constituée de métal ou je ne sais quel autre alliage. Mais pas le temps de rêvasser! Les cinq clones passent à l'offensive et me balance des geysers de flamme sur moi. Et mon altitude ne me protège en rien cette fois-ci.

Je fais prendre de la vitesse à mon volute de sable et esquive in extremis les jets ardents. Je me défends du dernier, particulièrement bien ajusté, en inclinant ma monture de manière à ce qu'elle me serve de bouclier. Et pendant que les flammes roussissent ma peau, brûlent mes poils et me privent momentanément d'oxygène, je prépare la riposte.

Cette dernière prends la forme d'un tourbillon de sable d'abord anodin. Mon jutsu gagne cependant rapidement en intensité et c'est une véritable trombe de sable qui englobe nos six adversaires. On commence à les perdre de vue et je me hâte d'accélérer en plongeant vers le seul. Je solidifie mon nuage et le laisse terminer sa course dans la tornade, au centre de nos ennemis. La masse et la vitesse se chargent de faire le reste et l'impact soulève une gerbe de silicium bien vite captée par ma technique de zone qui commence d'ailleurs à faiblir. Je me réceptionne sur le sol et jette un rapide regard en direction de ma coéquipière.

- "Hey, Miss Saibogu?! T'es encore capable de te battre?"

Je suppose que mon attaque ne sera pas suffisante pour mettre hors d'état de nuire tous les clones et encore moins l'original. Je croise mes doigts et les fait craquer, paré pour la suite. La réplique de l'ennemi ne tarde pas et ce sont quatre nouveaux jets de flammes qui perforent le sable encore en l'air. Bon et bien on dirait qu'il y a deux clones de moins...

Pas le temps d'épiloguer là-dessus! Je forme une main de sable qui se referme autours de moi pour me protéger de l'enfer. Ce type est coriace. Je ne sais pas vraiment si je dois continuer à m'en réjouir ou au contraire commencer à m'inquiéter...

Ca faisait mal. Très mal. Kan' était à quatre pattes sur le sol, alors qu'elle peinait à se relever. Grinçant des dents face à la douleur, ses doigts, plantés dans le sable, tremblaient sous la brûlure. Un regard sur son torse, elle put voir la surface métallique noircie et fumante. Elle avait pris cher. Pestant face à cet assaut qu'elle n'avait pas du tout anticipé, elle se releva en titubant le moins possible. La respiration de la Mécanicienne était bruyante et les personnes environnante pouvaient entendre facilement la force de son souffle. L'attaque du nouvel arrivant lui avait bien plus mal que prévu. Un son aigu continu toujours aux oreilles, Kan' réussit tout de même à entendre les paroles de son allié. Prête au combat ? Bien sur que oui ! Tant qu'elle vivrait, elle combattrait. Toujours un peu sourde et confuse, le ton de sa voix se fit plus fort que d'habitude.

— Pour qui tu me prends ?! J'vais m'le faire cet empaffé !

Si elle avait pu, elle aurait craché sur le sol, mais son casque l'en empêchait. Dommage. Elle allait devoir montrer son dédain d'une autre manière... plus subtile. Difficile d'insérer ce mot dans le style de Kan' pourtant personne ne doutait que dans un avenir proche son Taïjutsu serait semblable à un tableau de maître...

C'est alors que la Bête vit deux clones apparaître dans son champ de vision. Balayant la zone, elle vit qu'un autre se trouvait non loin. Trois donc ? Visiblement, son idée était juste. Mais était-ce juste de simples clones ? ou des illusions ? Après tout un Shinobi qui se basait uniquement sur le Ninjutsu jouait un jeu dangereux. Une unique carte qui pouvait vite être battue si l'adversaire était malin. Heureusement pour ce "crâne rasé", un combattant à distance n'était pas vraiment la tasse de thé de l'Ingénieuse. Cette dernière, genoux pliés, était prête à faire face à la prochaine attaque de son adversaire. Et l'attente fut de courte durée. En effet, ce dernier se rendit compte de la gêne qu'occasionnait le sable pour un Kawaguchi.

— Tu m'emmerdes avec ton sable gamin.

Exécutant des signes incantatoires à une vitesse surprenante, le Bandit apposa violemment les paumes de ses mains sur le sol. En quelques secondes, le sol commença à trembler crescendo. Les secousses se firent tellement forte que les appuis de Kan se firent bancals. Utilisant ses bras afin de se stabiliser, la jeune femme due finalement s'envoler. Mais cette attaque n'était pas un simple séisme : De massifs rochers émergèrent des dunes en balayant les couches de sable. Les grains s'enfonçant entre les nombreuses fissures qui se créaient à la surface. Derrière le vacarme ambiant, la voix du Chef des bandits retentit.

— Kukuku ! Maintenant on va s'battre sur mon terrain. Les volcans.

Aussitôt dit, une gerbe de lave s'éjecta du sommet d'un des reliefs. Ce shinobi n'était donc pas qu'un manipulateur du feu... Le concert commença directement et d'autres semi-liquide firent leurs apparition s'écrasant sur tout le terrain. Grinçant des dents face à ce problème, la Saibogu se concentra davantage et commença à slalomer à travers les chutes de lave tout en restant en vol grâce aux réacteurs et commença à foncer vers leur ennemi. Tirant une salve de balle, le chauve se protégea rapidement derrière un mur de lave solidifié. Les clones quant à eux, toujours en vie utilisèrent l'artillerie lourde : Leurs joues se gonflèrent et une véritable mer rouge fonça vers le duo. Au vue de la fumée l'élément n'était pas bien différent du reste... Une véritable vague fonça sur elle. Elle n'aurait pas le temps de prendre de l'altitude pour esquiver cette attaque. Serrant les dents, il allait falloir qu'elle encaisse. Transmettant son chakra dans la Metal Gear, la solidité de cette dernière augmenta de manière conséquente. Une chaleur insoutenable submergea Kan' mais le métal ne fondit pas. Cependant cela n'empêcha pas la Saibogu de roussir. Hurlant de douleur, cette dernière poussa sur ses réacteurs pour sortir de cette position délicate. La rage se mêla à sa souffrance quand finalement elle émergea, le souffle court.

Le désespoir la gagnait peu à peu...

♫:

La "bonne" nouvelle, c'est que Kan est encore capable de se battre. La mauvaise, c'est que notre adversaire commence à modeler le terrain à son avantage. Je regarde le sable disparaître dans les entrailles de la terre tandis que la roche continue de s'élever. Quelqu'un capable d'influer autant sur le terrain et avec une telle puissance n'est certainement pas à prendre à la légère. Comment se fait-il qu'un type comme lui traîne avec ces bandits sans envergures? Leur chef? Probablement...

Je récupère le sable que je peux et forme un nuage un peu plus grand que le précédent. Je saute ensuite dessus en évitant de justesse un torrent de lave en fusion. L'air est vicié par le souffre et la fumée! Je sens la colère monter en moi! De quel droit se permet-il de ravager ainsi le désert? Ce dernier est sacré pour les Kawaguchi! S'en prendre à lui, c'est s'en prendre au clan. Ça n'avait rien de personnel mais maintenant c'est différent. Il va regretter d'avoir défiguré ainsi l'océan doré qui caractérise la nation Kawaguchi!

- "Tu viens de faire une belle connerie mon pote... Du genre que tu n'es pas prête d'oublier!"

Quoique... Si on le tue il ne pourra pas non plus s'en souvenir bien longtemps. Je m'amuse un instant de cette ambiguïté avant de faire un écart sur le côté pour éviter des projectiles de lave qui tombent du ciel. Ces saloperies sont rapides et imprévisibles. Entre l'esquisse de volcan, les clones et ce type qui maîtrise plusieurs affinités, la partie s'annonce encore plus compliquée que prévue. J'aurai besoin de Kan et elle aura besoin de moi! C'est regrettable mais parfois l'union - avec une autre personne qu'un Kawaguchi - fait la force...

Nous sommes encore poussés à la défensive lorsqu'une véritable mer de flammes s'écrase sur nous. Je recule et fait quelques mudras tandis que la température augmente encore davantage et que le mur ardent se rapproche de moi. Je parviens finalement à m'entourer d'un dôme de pierre brute. Je n'aime pas recourir au seul Dôton mais puisque le sable que j'ai à disposition est limité il vaut mieux que je l'économise. Simple mesure d'austérité!

Je jette un regard aux parois de ma protection lorsqu'elles deviennent rougeoyantes et finisse par libérer un flot d'abord modeste de lave puis de plus en plus conséquent. J'abats mon dôme pour éviter d'être brûlé vif dans ma propre sphère et prends de l'altitude sur mon nuage. Kan semble aussi avoir évité le pire mais son armure porte encore les stigmates de la chaleur. Ce type est en train de nous buter à petit feu et on ne lui a même pas infligé le moindre dommage significatif.

- "Il est plus coriace que je ne le pensais..." je me rapproche de la Saibogu. "À ce rythme c'est lui qui va nous buter!"

Perspective peu réjouissante. Mais si c'est le cas peut-être aurai-je au moins le plaisir de voir Kanpeki mourir avant moi. Ce sera toujours ça de pris! Les torrents de lave se rejoignent pour ensuite fondre sur nous et nous sommes à nouveau obligés de prendre de la hauteur. Il modèle le terrain de manière à ce que ce feu liquide coulent sur notre position. Peut-être pourrais-je faire de même!

Je fais un essai et érige un nouveau bloc de roche qui coupe la trajectoire d'une rivière de lave pour la dévier sur la gauche. Mmmm, pourquoi pas après tout? Je peux toujours m'occuper de distraire notre adversaire en copiant sa stratégie. Et Kanpeki aura ainsi la possibilité de l'attaquer au corps à corps. Je lui décoche un regard en espérant que ce sera suffisant pour qu'elle comprenne et me place à la base des chutes de lave. J'en dévie ensuite l'écoulement grâce à diverses manipulation de la roche. Ça me rappelle ce jeu avec une bille que l'on lâche dans un boîtier et dont on peut modifier la trajectoire pour qu'elle arrive directement dans la case désirée.

Je dois composer avec les ripostes du chauve qui tente de s'opposer aux manipulations que j'accorde à son terrain. Mais la conne le garde suffisamment occupé pour qu'il n'y arrive pas totalement. Et cerise sur le gâteau: j'arrive même à dégommer un clone supplémentaire. Je m'accorde un court instant de répit avant de reprendre le travail. Espérons que j'arrive à fournir assez d'ouverture à ma coéquipière...