Savoir perdre pour mieux gagner [Lamara]

Miko l'avait acceptée à Konoha. Elle lui avait même proposé du travail à l'hôpital. L'interrogatoire était également terminé. La jeune femme était désormais pleinement Konohajin, sans sceau pour bloquer son chakra. Retrouvant ses facultés... Et le reste. Assise sur le lit de l'auberge où elle logeait toujours pour le moment, elle soupira. Un soupir parfaitement contrôlé. Le contrôle, prendre sur soi... Cela faisait des mois qu'elle ne faisait que cela. Lorsqu'elle était seule, ça n'était pas gênant. Mais maintenant qu'elle était dans un village, c'était autre chose. Elle était une véritable bombe à retardement.

Sans parle du fait que même avec du contrôle, elle pourrait blesser autrui sans le vouloir. Il suffisait que son propre sang soit en contact avec un malade, un enfant ou n'importe qui d'autre... Pour qu'elle risque de le tuer malgré elle. Seulement, elle devait travailler à l'hôpital. Elle serait en contact avec des gens qui avaient des plaies ouvertes, ou bien un système immunitaire affaibli. Le sien était beaucoup plus fort depuis qu'elle avait obtenu ce pouvoir. Ce qui n'était pas négligeable pour un médecin. Mais à quel prix ? Il était hors de question qu'elle risque la vie de qui que ce soit pour ça.

Alors elle se releva, et déposa Haru son son lit. C'était trop dangereux pour lui. Et elle sorti de la chambre, ainsi que de l'auberge. Elle savait parfaitement où se diriger. On lui avait montré les différents clans et surtout leurs quartiers lors de sa visite. En quelques minutes de marche elle fut rendue à l'endroit désiré. Le quartier des Sabakyô.

Elle croisa plusieurs personnes. Des visages inconnus, et d'autres qu'elle avait déjà vus à la base du Shôraizen. Elle sourit alors pour elle-même : ils étaient de retour chez eux. Il y avait-il un meilleur endroit pour eux qu'ici ? Après tout, c'était Konoha qui les avait délivrés. Ils devaient leur liberté et leur vie à ce village. Tout comme elle, bientôt.

- « Bonjour, je souhaiterais rencontrer votre représentant, s'il vous plaît. »

Elle s'était approchée d'une vieille femme assise dans un siège. Celle ci devait certainement avoir pour principale occupation d’observer les passants. Celle ci l'observa avec intensité, avant de se lever et de lui faire signe de la suivre. La femme marchait bien plus vite que ce que son grand âge aurait pu faire penser. Nozomi la suivit cependant sans un mot dans les ruelles du quartier. Jusqu'à ce qu'elles arrivent devant un bâtiment un peu plus grand que les autres. Elle la fit entrer dans ce qui ressemblait à un salon. Plusieurs fauteuils présents dans la pièce invitaient à s'asseoir.

- « Je vais voir si elle peut vous recevoir. »

La vieille femme la laissa alors seule dans la pièce. Nozomi prit place sur un des sièges et attendit patiemment. Elle était nerveuse, mais essayait de se contrôler. Et si jamais il n'y avait pas de solution ? Après tout, s'il y en avait eu une, Seitô en aurait probablement bénéficié. Ou bien peut-être qu'il ne le désirait pas. Il se servait de ses capacités en combat, et avait été traité et élevé comme une arme durant toute sa vie. Non, ce n'était pas possible. S'il y avait eu une solution, il l'aurait prise. Certainement. Il le lui avait dit qu'il n'y en avait pas. Elle secoua la tête de droite à gauche, comme pour chasser ses pensées. Elle devait tourner la page !

Elle n'avait plus qu'à attendre, désormais.

Elle devait avouer ne pas s’attendre à de la visite de si bon matin. Aussi quand on l’avertit de la présence d’une inconnue qui la demandait dans la petite salle d’attente de la clinique, elle fut quelque peu surprise. La clinique était d’avantage pour un usage local en cas d’urgence de l’un de ses protégés quant à ses aptitudes. Elle n’en était même pas en charge en journée, laissant ce rôle à un autre groupe de médecins de son clan.

Elle travaillait à l’Hôpital dans le département de recherche en infectiologie depuis quelques années maintenant que les membres de son clan avaient pu bénéficier du remède qu’elle avait mis au point grâce aux subventions du Yondaime Hokage… Et était déjà en retard. Attrapant son manteau long sur le porte manteau, elle le revêtit et le ferma puis se munit de son attaché-case. Elle n’était pas particulièrement loin de l’institution mais avait des dossiers à ramener qu’elle avait emmenés chez elle à la fin de son service pour continuer la rédaction de sa thèse.

─ Bonjour, Sabakyô Lamara, chef du clan Sabakyô et vous êtes ?

Arrivant dans la pièce, elle se dirigea vers la jeune femme habillée de manière très légère malgré la fraîcheur de la matinée -fraîcheur qui ne durait cependant pas bien longtemps en ce moment-, et lui serra la main. Lui souriant légèrement, elle attendit de s’avoir ce que son interlocutrice lui voulait afin de déterminer l’urgence de la situation. Elle avait beau avoir un emploi stable, ses responsabilités en tant que représentante de son clan primaient toujours. Ses collègues le savaient et avaient appris à lui pardonner ses rares manquements.

L'attente fut courte. Une femme se présenta à elle quelques minutes plus tard. Elle paraissait jeune, peut-être encore plus qu'elle-même. De longs cheveux encadraient son visage. Il se dégageait de celui-ci une grande impression de douceur. Et pourtant, cette jeune femme douce était la chef du clan Sabakyô. Ce clan réputé pour être si dangereux – malgré lui -. Elle devait être très talentueuse. Et il ne fallait certainement pas la prendre à la légère. Nozomi se leva à son arrivée dans la pièce, et serra la main tendue.

- « Bonjour, merci d'être venue. Je me nomme Myouga Nozomi. »

Elle lui rendit son sourire. Et prit une inspiration avant de poursuivre.

- « Désolée de vous déranger. En vérité, je viens vous voir pour vous demander votre aide. »

Un léger instant d'hésitation avant de continuer :

- « Mon nom complet est Sabakyô Myouga Nozomi Yumei. Ça devrait déjà vous parler d'avantage. »

Un nom complet que personne n'avait encore jamais entendu jusqu'à présent. Car concernant l'héritage donné par Seitô, seul lui avait été au courant. Bien que ceux connaissant leur relation – et qui se comptaient sur les doigts d'une seule main – pouvaient avoir des doutes. Et pour son prénom d'origine, seul son père le connaissait. Ainsi qu'un nukenin croisé à qui elle avait donné un « faux » nom pour se présenter. Et jamais personne n'aurait pu avoir la connaissance des deux à la fois. Mis à part elle-même. La tatouée observa quelques instants la réaction de la Sabakyô.

- « Je viens d'arriver à Konoha. Je faisais partie... Du Shôraizen. Là bas, je suis devenue l'une des vôtres. Mais je suis également médecin, et ma maîtrise de cet héritage n'est sans doute pas aussi parfaite que ceux qui comme vous l'ont depuis leur plus tendre enfance. »

Elle soupira avant de continuer.

- « J'aimerais m'intégrer à Konoha. Obtenir la confiance de ses habitants. Y vivre. Mais j'ai peur que cette... Faculté ainsi que le métier que je vais débuter à l'hôpital ne soient pas compatibles. Et si jamais je me coupais, et que mon sang souillé parvenait sur un patient ? Ou bien que je perde la maîtrise de mon corps et que je contamine tout l'hôpital ? »

La jeune femme adressa un sourire timide à son interlocutrice.

- « C'est pour cela que je suis venue vous voir. Être Sabakyô immunise contre certaines maladies et c'est parfait lorsque l'on côtoie des malades à longueur de journée. Mais d'un autre côté, c'est bien trop risqué. J'aurais aimé savoir s'il y avait un moyen d'inverser le processus. Ou au moins, de ne plus être une bombe à retardement... »

Si jamais Lamara n'avait pas de solution, elle-même en possédait une. Après tout, elle avait cherché durant plusieurs années un remède à Seitô. Il lui faudrait alors détruire toute les maladies présentes dans son corps, une par une. Mais le processus serait long et fastidieux. Peut-être que la chef de clan en savait d'avantage.

L’air subitement grave alors qu’elle lui donnait son nom complet, la jeune femme n’hésite à froncer ses sourcils élégants. Sabakyô ? Jetant à nouveau un coup d’œil à son allure, elle s’avoua quelque peu surprise. La jeune femme faisait plus danseuse nomade que membre torturée et cynique du clan Sabakyô. Elle ne l’avait d’ailleurs pas vu à l’époque de la sinistre Ame.

Écoutant la suite, elle se mordit légèrement la lèvre supérieure tout en serrant les poings à l’énonciation de l’organisation du Shoraizen. Elle avait appris à pardonner, forcée par les autorités du village qu’elle avait accepté d’écouter et de suivre par respect pour leurs implications passées dans la résolution de problèmes dont étaient victimes les membres de son clan. La tolérance. On en avait fait preuve envers eux il y avait de cela maintenant quelques années, la moindre des choses était de rendre la pareille.

─ Que diriez-vous de m’accompagner un moment ? Je me rendais à l’Hôpital justement.

Regardant sa montre afin de surveiller l’heure, elle invita la jeune femme à marcher avec elle alors qu’elle lui tenait la porte.

─ Je comprends votre inquiétude malheureusement trop bien placée, et ne peux que la respecter. Je peux déjà vous assurer que vous un avez un contrôle de votre chakra au-dessus de la moyenne pour ne vous enquérir des risques d’épidémie que maintenant.

Descendant l’avenue, elles sortaient déjà du quartier Sabakyô, longeant un autre lot de maisons, puis un parc assez spacieux au centre duquel trônait un petit étang au bord duquel elle aimait se prélasser ses rares jours de vacances.

─ Voyez-vous, le problème de la maîtrise survient en général chez les jeunes enfants à partir de cinq ans environ, quand leur chakra commence à se manifester plus activement. Au fil des années, nous avons pris garde à canaliser au maximum les crises dont ils pourraient être responsables sans s’en rendre compte. Mais demander à un enfant de maintenir une concentration constante sur son organisme était -comme vous devez vous en douter-, énormément pénible, amenant à des accidents d’ampleur encore plus désastreuse.

Passant une main dans ses cheveux pour replacer une mèche derrière son oreille gauche, elle changea son attaché-case de main afin de répartir le poids.

─ Mais grâce aux installations de Konoha et à l’implication des chercheurs et médecins de l’institut médical, nous avons réussis à améliorer les performances d’un sérum que j’avais déjà mis au point, et surtout à le distribuer à grande échelle, afin de permettre aux membres de mon clan une bien meilleure gestion de leurs … dons.

Elle parlait beaucoup, elle espérait toutefois ne pas ennuyer son interlocutrice. Mais … Vu ses origines et sa demande, un léger cours d’histoire s’avérait nécessaire.

─ Si je vous raconte tout cela, c’est que bien que vous ayez été contaminée, le sérum marcherait tout aussi bien sur vous. Cependant … Un contact direct entre votre sang et vos patients, provoquerait une très grave infection, et engendrerait des mesures sanitaires malheureusement plutôt conséquentes. Vous représenteriez toujours un risque dans votre … branche. C’est notamment pour cela qu’hormis pour soigner nos propres malades, très peu d’entre nous ne deviennent médecins.

Tournant à nouveau pour déboucher sur l’artère principale du village, elle la descendit avant de bifurquer à nouveau. Les commerces ouvraient petit à petit, la vie animait doucement Konoha. Sabakyô Lamara s’arrêta néanmoins au détour d’une ruelle entre deux jardins qu’elle utilisait comme d’un raccourci. Se tournant vers cette Sabakyô inconnue, elle haussa un sourcil, tout en continuant avec la même délicatesse empreinte de sagesse et de dureté.

─ Le choix est vôtre, je serai bien sûr en mesure de vous enlever ce fardeau si tel est votre désir. Mais … Permettez-moi une question. Vous avez paru bien silencieuse et surprise tout au long de mon histoire … Pourquoi ? Sans trop d’indiscrétion non plus ... Pour quelles raisons arborez-vous cette marque que beaucoup ont maudit, et surtout qui vous l’a apposé ?

La dernière question lui avait brûlé les lèvres, elle devait l’admettre. Sa pauvre interlocutrice semblait avoir souffert au vu de la formulation de sa demande. Qui aurait bien pu la transformer de la sorte et la laisser livrée à elle-même ?

Durant quelques instants, la jeune femme se demanda si son interlocutrice allait la frapper ou bien accepter de l'aider. Sans doute oscillait-elle entre les deux. Ce ne devait pas être évident pour elle de savoir que certains membres de son clan avaient trahi le village qui leur avait tant donné. Un clan dont elle était responsable.

- « Oui, bien sûr. Je vous suis. »

Et les médecins prirent le chemin de l'hôpital, où elles travaillaient toutes les deux. Ainsi donc Lamara était également dans cette voie. Ce n'était pas très étonnant. Nozomi rougit légèrement suite au compliment adressé par l'autre Sabakyô. C'était l'un de ses seuls atouts – à ses yeux -. Elle maîtrisait son chakra depuis sa plus tendre enfance. Et si jamais elle faisait l'erreur de se tromper lors d'un dosage, c'était la vie de la personne qu'elle soignait qui était en jeu. Elle avait donc acquis très tôt cette connaissance, tout comme celle du corps humain. Deux choses qu'elle pratiquait depuis plus de quinze ans, désormais.

Elle écouta patiemment l'histoire du clan Sabakyô. Lamara était douée, très douée. Elle devait certainement être la médecin la plus compétente de Konoha. Et ses membres lui devaient beaucoup. Elle avait cherché un remède aux siens, tout comme elle-même avait cherché un remède pour Seitô. A la seule différence que l'une l'avait trouvé, et pas l'autre...Puis vinrent les questions. Lui répondre était la moindre des choses, au vu de ce qu'elle lui demandait.

- « Hé bien... Tout comme vous, j'ai cherché un remède à cela pour quelqu'un qui m'était cher. Durant trois ans, j'ai analysé toutes les données sur lui que j'avais. Mais je n'ai jamais rien trouvé pour l'aider. Son cas est visiblement particulier, ou bien vous êtes bien meilleure que moi. Toujours est-il que le seul moyen que j'ai trouvé pour le sortir de cette solitude était de devenir Sabakyô moi-même. »

Elle jeta un coup d’œil à Lamara, puis reprit :

- « J'étais la seule personne de son entourage à pouvoir le voir sans son masque. A porter avec lui son fardeau. A pouvoir pleinement... L'aimer. »

Inutile de citer son nom, son interlocutrice n'était pas stupide. Elle devait avoir compris de qui il s'agissait. Aucun autre Sabakyô n'avait besoin de porter de masque en permanence.

- « Mais il est mort, désormais. Depuis presque un an. Je n'ai plus besoin de cela. En tous cas, si je souhaite tourner la page et passer à autre chose. »

Elle avait toujours aidé les autres. Quitte à sacrifier son propre corps. Mais c'était à elle désormais de vivre pleinement sa vie.

* Il est temps que nos chemins se séparent, mon amour.*

Elle avait bien assez porté le deuil.

- « Alors, si vous voulez toujours m'aider malgré ça, je suis prête à recevoir ce sérum. Et si je ne peux tout de même pas exercer mon métier, alors j'enlèverais ces maladies qui empoisonnent mon corps une à une s'il le faut. »

Jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus un « risque sanitaire » pour ses patients. Soigner était tout ce qu'elle avait fait de toute sa vie. Si elle ne pouvait plus le faire, que deviendrait-elle ?

─ Je vois.

En pleine réflexion et analysant la situation, Lamara regarda cette énième ancienne membre du Shoraizen. Cette organisation avant tant coûté à son clan alors qu’elle lui avait enfin apporté paix en les enjoignant à rejoindre la Feuille. Mais elle avait fauté, n’avait pas manœuvré d’une main assez ferme, les plus jeunes et les plus fougueux d’entre eux ayant suivi aveuglément Seitô qui s’était placé en martyre aux yeux du village tout entier. Et pourtant, quelle fierté quand un membre de son clan avait été nommé intendant. Mais il avait dévié, puis déserté en emmenant avec lui les esprits encore influençables. Et même si dans les chiffres ils ne représentaient qu’une petite partie, elle ne pouvait s’empêcher d’en être chagrinée. Pas tous n’étaient revenus. Beaucoup étaient morts. Et tous avaient fait honte à son clan et à leurs pairs qui aspiraient à la paix.
─ Je maîtrise certainement en effet mieux le sujet que vous … Cependant, son cas était en effet particulier. Ses pouvoirs avaient beau être héréditaires, ils avaient été renforcés au moyen d’un sceau inextricable. Une bénédiction et une malédiction à la fois. Vous m’envoyez désolée pour votre liaison et les conséquences de celle-ci. Mais je ne regrette pas sa mort. Seulement sa décision d’avoir arpenté ce chemin chaotique et d’avoir jeté une ombre sur les miens.

Amère, elle poussa la porte d’entrée de l’Hôpital, faisant signe à la jeune femme tatouée de la suivre alors qu’elle saluait au passage certains de ses collègues.
─ Avec le vaccin, vous serez en mesure de contrôler vos dons, cependant si vous ne voulez pas risquer la vie de vos patients, surtout si vous les accompagnez sur le terrain où les choses sont toujours plus délicates, je vous conseillerai de vous débarrasser totalement du sceau et des différentes toxines qui vous habitent. Je peux le faire pour vous plutôt rapidement … Et serais même intéressée d’étudier les différentes toxines qu’Il avait développé au sein de son organisme. Peut-être sera-t-il amené à racheter ses erreurs même après sa mort … Après vous.

Ayant tourné la clé dans la serrure de sa propre salle d’examen, elle ouvrit la porte et invita la jeune femme avec un sourire redevenu aimable.
─ Je vous laisse prendre place et prendre votre décision. Vaccin ou sceau, vous êtes libre de choisir.

L’invitant à se diriger vers la table d’examen, elle ouvrit sa sacoche pendant ce temps, replaçant les différents dossiers pris la veille.

Lamara restait calme, malgré ce que la Myouga pouvait lui dire. Le Shoraizen avait dû beaucoup coûter à son clan. Autant physiquement que psychologiquement. Seitô était parti en emmenant avec lui des membres de leurs familles, et certains n'étaient jamais revenus. Sans parler que le fait qu'il soit un Sabakyô avait discrédité le clan en entier. C'était cela lorsque l'on faisait partie d'un grand clan shinobi : ceux portant le même nom héritaient malgré eux de la réputation des plus connus. En bien comme en mal, malheureusement. C'est ce que déplora la chef de clan. Nozomi ne put qu’acquiescer, sans savoir quoi dire.

Le seul point « positif » était que même Lamara n'aurait pas pu trouver de solution à son problème. Nozomi avait eu beau chercher durant plusieurs années, tourner le problème dans tous les sens, tout ce qu'elle avait trouvé n'était qu'une solution temporaire. Quant à devenir elle-même Sabakyô... C'était tout ce qu'elle avait pu faire pour l'aider. Et en échange, il avait essayé de la tuer. D'accord, il avait été manipulé de l'intérieur par sa sœur, mais tout de même. Il aurait pu arrêter son geste et reprendre les commandes de son propre esprit en voyant qu'il s'agissait d'elle. Et surtout, il aurait pu lui en parler ensuite, quand tout cela avait été terminé. Voir peut-être même s'excuser, montrer qu'il s'était inquiété pour elle, tout comme elle s'était inquiétée pour lui. Mais non, rien de tout cela. Il ne lui en avait jamais parlé, comme si tout cela n'avait jamais eu lieu ou bien que c'était tout à fait normal. Et c'était ce qui lui avait fait le plus mal.

Dans leurs pensées, les deux jeunes femmes continuaient leur chemin vers l’hôpital. Nozomi suivit silencieusement Lamara, qui la fit entrer dans un cabinet. Elle lui expliqua les atouts du vaccin ainsi que du sceau, ainsi que leurs inconvénients. La Myouga prit place sur la table d'examen, avant de finalement répondre à celle qui faisait preuve de beaucoup de patience :

- « Je choisis le sceau. Le vaccin pourrait m'aider à contrôler d'avantage ce pouvoir, mais ce n'est pas ce que je souhaite. Je veux pouvoir continuer à exercer mon métier, sans mettre en danger la vie des autres. »

Elle lui adressa un mince sourire.

- « Et ça vous fera une étrangère de moins dans vos rangs. »

A sa connaissance, elle avait été la seule membre du Shoraizen à bénéficier de ce traitement. Tous les autres Sabakyô l'étaient déjà d'origine.

- « Je serais ravie qu'Il vous soit utile afin de racheter ses erreurs. J'ai déjà fait une liste de tout ce qui est contenu dans ce sang, si vous le souhaitez je peux vous la donner. »

Si elle lui faisait assez confiance pour ça, ça pourrait lui épargner de longues heures de recherches inutiles. Dans le cas contraire, elle le ferait certainement elle-même. Elle hésita, avant de poursuivre.

- « Et si jamais vous avez besoin d'aide un jour pour quoi que ce soit, n'hésitez pas. Je vous aiderais vous et les vôtres sans aucune hésitation. Je vous serais toujours redevable. »

La chef de clan l'avait dit elle-même : rares étaient les Sabakyô à devenir médecin. Alors mis à part Lamara elle-même, Nozomi était certainement la seule à posséder autant de connaissances médicales sur ce clan et à pouvoir les aider d'une façon ou d'une autre en cas de nécessité. Que ce soit pour fabriquer le vaccin élaboré par Lamara ou bien endiguer une épidémie, par exemple. Dans tous les cas, la chef Sabakyô était une femme qui méritait beaucoup de respect. Nozomi espérait sincèrement pouvoir un jour la remercier comme il se le devait. Grâce à elle, elle allait enfin pouvoir reprendre une vie normale...

... Libérée.

De nouveau calme et fragile, Lamara regarda un instant Nozomi alors qu’elle prenait sa décision et lui proposait son aide pour l’avenir, pensive. Une étrangère de moins dans ses rangs … Oui. Elle en était rassurée. Confier leur malédiction à autrui et leur réputation n’était pas de son goût. Et elle appréciait constater qu’elle avait lentement mais sûrement guidé l’étrangère jusqu’à cet instant fatidique où elle demandait enfin à se faire enlever le sceau de Seitô.
─ Si c’est votre décision … Allongez-vous sur la table, le temps de chercher ce dont j’ai besoin.

S’accroupissant près d’un placard à même le sol, elle en sortit un flacon d’encre, un pinceau, ainsi qu’un parchemin vierge. Voilà qui devrait l’aider pour retirer efficacement le sceau de la jeune femme et lui permettre de l’étudier plus tard.
─ Je vais vous expliquer comment nous allons procéder, je vais faire en sorte d’importer votre sceau à l’intérieur de ce parchemin. De ce fait je pourrai l’examiner plus tard. Et j’apprécierais par ailleurs en effet vos notes, qui s’avéreront sans aucun doute très utiles.

Attendant l’accord de la tatouée pour qu’elle enlève son semblant de robe avant de rester en seul soutien-gorge sur la table d’examen, elle déposa le parchemin à demi ouvert sur le ventre de la patiente.
─ Mais … où se trouve le sceau ? Je ne le vois pas … ah … la langue … Hmm … Laissez, après tout, vos romances vampiriques ne me concernent pas. Tirez la langue s’il vous plait, je vais le déplacer légèrement.

Trempant le pinceau dans le flacon, elle entreprit de relier par quelques arrondis le sceau sur la langue au haut du sternum. Un peu de chakra et il se déplaça tout seul, rendant le reste de l’opération plus facile. Enfin … facile … Elle commença à redessiner les contours du sceau actuel, y ajoutant quelques écritures de son cru donnant un aspect solaire à l’encre. Terminant chaque branche par les Kanjis « Fléau », « Épidémie », « Maladie », « Sang », et « Soin », elle relia toujours à l’aide d’incantations écrites en ligne le dit soleil au parchemin, écrivant enfin sur celui-ci et non plus sur la jeune femme. Finissant par le Kanji « Transport », elle l’entoura de quelques prières avant d’admirer son travail. Nozomi était restée concentrée tout au long de l’opération, tout comme elle, et le résultat semblait convaincant.
─ Votre métabolisme étant amené à changer, il est fort probable que vous ressentirez quelques irritations à mesure que le sceau éliminera les différentes toxines présentes dans votre corps ou plus exactement à mesure qu’il les absorbera.

Cheval, singe, rat, elle concentra son chakra dans ses doigts, et plus particulièrement à chaque terminaison jusqu’à ce qu’une flammèche chakratique d’une lueur violette les embrase. Armant sa main en serre, elle l’apposa sur le soleil, chacune des flammèches posée sur l’une des branches du soleil. L’effet fut immédiat, et chaque Kanji s’illumina d’une lueur violacée. Les caractères incantatoires linéaires commencèrent à bouger, diminuant peu à peu les branches du soleil autour du sceau. Elle sentit sous ses doigts l’ancienne membre du Shoraizen tressaillir à mesure que son fuinjutsu se compressait autour de celui de Seitô.

Une bonne minute passa dans les mêmes conditions avant que les cinq Kanjis ne disparaissent. Laissant couler sa main de la malédiction au centre du parchemin, en animant la ligne les reliant, elle continua à insuffler son chakra le temps que l’incantation finisse de tracter le nid à virus jusqu’au centre du parchemin. Une fois l’opération terminée, elle ferma aussitôt ce dernier et le scella, comme si elle avait peur que les maladies ne s’en échappent et continuent leur œuvre destructrice en dehors du corps hôte.
─ Eh bien, ce n’était pas si terrible que ça n’est-ce pas ? Permettez ?

Diffusant son chakra dans le corps de la jeune femme afin de l’analyser, elle constata avec un sourire que les différents virus avaient été délogés pour laisser derrière eux un système immunitaire parfaitement normal.
─ Vous voici enfin libre et en parfaite santé, je vais donc vous laisser sortir. Si vous remarquez quelque chose, n’hésitez pas à revenir me voir et … j’apprécie votre générosité envers les miens. Vos propositions d’aide en cas de besoin ne sont pas tombées dans l’oreille d’une sourde, et je vous en remercie. Vous semblez être une bonne personne Nozomi. J’espère que nous nous reverrons. D’ici là, finissez votre installation. J’espère que vous vous plairez parmi nous.

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