J'avais donc finalement autorisé aux trois Nukenins le bénéfice du doute, et aussi l'occasion de me parler en privé pour chacun d'eux. Ils s'étaient montré tous plus ou moins intrigants et le plus important était qu'ils m'avaient ramené Usagi. Pourquoi l'avoir enlevé ? C'était une question que je me posai encore. En tout cas, un délai avait été accordé et dans quelques heures, une décision serait prise pour chaque membre du trio. Je ne m'attendais pas à ce que tous viennent me voir, j'avais autorisé des entrevues juste parce que la kunoïchi aux cheveux pourpres l'avait demandé et pour un soucis d'équité, les deux autres pourraient le faire s'ils le voulaient.

Cette dernière était d'ailleurs venue en premier pour me parler, comme je l'avais imaginé. On l'avait donc conduit comme prévu jusqu'en haut du Palais, dans au milieu de la cour où je l'attendais au milieu de plusieurs sièges mis à disposition au besoin. Cela pouvait paraître étrange qu'il y ait des chaises dehors, mais c'était justement l'intérêt du plan. Mais ça, pas besoin de révéler la raison à mon interlocutrice pour le moment.

La concernée s'assit et attendit que mes hommes se retirent pour entamer la conversation. Sans grosse surprise, elle semblait comprendre ma manière de faire : elle m'avait semblé de ses premiers mots comme une personne censée. Bien entendu, ce qui m'intrigua fut ce qu'elle appelait son « objectif ». Elle avait besoin de moi apparemment.

─ Il est vrai qu'Usagi est très importante pour moi, mais Kumo l'est tout autant, et même plus. C'est pourquoi je ne peux pas vous laisser retourner d'où vous venez, vous qui avez enlevé non seulement ma fille mais aussi une Kumojin.

Usagi était tout comme Anko un membre du village qui faisait parti de ma vie, de ma famille. Il était hors de question que je perde ma fille comme j'avais perdu ma soeur. Mais là encore, la question revenait : pourquoi avoir enlevé ma fille pour me la rendre ensuite ? Est-ce que cette femme l'avait enlevé juste pour son projet ? Elle devait sûrement se douter que ça n'augmenterait pas ses chances, au contraire.

─ Vous avez donc enlevé ma fille pour votre projet ? Soit...

Quelques courtes secondes de silence où je fermai les yeux. Ce projet m'intriguait, et c'était le sujet de cette entrevue. Nous ne pouvions pas passer à côté de cela.

─ Je vous écoute.

Mon interlocutrice me semblait consciente de ce qu’elle disait et faisait. J’étais penché à la croire donc, et c’était tant mieux. C’est d’ailleurs ce qu’elle voulut m’affirmer avec son « cartes sur table ». Le délit des trois Nukenins devait juste être de l’espionnage au départ. Apparemment, ils étaient tombés par hasard sur Usagi, qui s’était bien enfuie, et sur Law ainsi que Shin. Cette version était plausible, car ma fille avait toujours été opposée aux Kumojins lorsqu’elle fuguait. La faiblesse de son bas âge, mais qu’importe. La kunoïchi continua en réfutant toute négociation réfléchie. Si le trio avait décidé de ramener leur otage, c’était par justice. La jeune femme savait, à ce qu’elle disait, que mes hommes l’auraient tuée sans qu’elle puisse faire le moindre geste s’ils le voulaient : elle faisait preuve de bon sens encore une fois. Elle ne tarda pas à venir à son objectif. Un groupe de Kaze no Kuni qui désirait un village caché pour ses terres. C’était plus un groupuscule, vu qu’ils n’étaient visiblement pas assez nombreux pour aboutir seuls. L’appui de Kumo, mon appui, pour obtenir ce village qui combattrait avec le mien dans le futur. Une proposition qui avait du sens, mais qui demandait réflexion.

─ Le Kakumeigun donc. Vos intentions ont l’air nobles et je dois reconnaître que vous m’inspirez la confiance, mademoiselle.. ?

Lui demander son nom à cet instant me semblait approprié. Ma colère avait entièrement disparue, et je me sentais vraiment disposé à agir sans crainte et avec bonne réflexion. Mais libérer les trois ninjas n’était pas chose assurée, du moins pas pour chacun.

─ Connaissant mieux que quiconque le caractère de ma fille, je suis plutôt prédisposé à vous croire concernant ce sujet. Néanmoins, l’idée de m’allier avec vous me semble difficile au vu de ce qui s’est passé. Ma colère vient à peine de s’envoler, pour être aussi franc que vous l’avez été avec moi.

Je marquai un court temps d’arrêt, juste pour structurer mes propos dans ma tête.

─ Je pense que l’arrivée d’un quatrième village shinobi serait une bonne chose, ou du moins un évènement loin d’être négatif. Comme vous le savez sans doute, j’ai fait de Kumo un village qui est depuis toujours neutre. Préserver la paix, ou plutôt pour être plus réaliste limiter les conflits : voilà notre objectif.

Je fixai la jeune femme, tout en réfléchissant à la décision que je devais prendre. Décidément, ce n’était pas chose facile, il vaudrait mieux fixer des conditions. A moins de refuser provisoirement ?

─ Je ne connais pas vos aptitudes au combat, mais je ressens chez vous une certaine diplomatie et intelligence qui feraient sûrement de vous un très bon Kage... ce qui deviendrait Kazekage pour le Pays du Vent n’est-ce pas ? Enfin tout ça pour dire que je peux vous faire confiance, mais pas au reste de votre groupe. Est-ce vous qui le dirigez d’ailleurs ?

Il me semble qu’elle ne l’avait pas précisé, du moins pas clairement, la question avait donc tout son sens. Et il était vrai que même si je pouvais avoir confiance en cette kunoïchi, je ne savais rien des autres membres du dénommé Kakumeigun.

─ Si vous me donnez toutes les informations relatives à votre organisation, je voudrais bien y réfléchir ici même sans attendre. Sinon, je pense que je ne pourrai rien faire de plus pour l’instant. A vous de voir.

La franchise était de mise, je n’avais aucunement l’intention de trahir mon interlocutrice. Avoir ces informations serait un signe de bonne volonté, et l’alliance serait d’autant plus claire vu que Kumo connaîtrait tout sur le Kakumeigun. Oui, en faisant ça, l’appui de Kumo pourrait peut-être bien être apporté.

La jeune femme ne tarda pas à m’expliquer certains des objectifs du futur village qu’elle et son organisation voulaient former. Elle semblait insister sur le fait que nous allions bel et bien être des alliés. Une entraide pour accomplir leur objectif, qui resterait pour toujours entre nos deux villages. Lorsque l’un rentrerait en guerre, l’autre participerait. C’était le fondement même d’une alliance mais la kunoïchi semblait vraiment me faire comprendre que ses paroles n’était pas comme le pays qu’elle défendait : du Vent. Ses idéaux semblaient de plus en plus justes. Eviter à nouveau la guerre, préserver la paix pour les habitants de Kaze no Kuni, cela me rappelait un peu mes ambitions d’il y a quelques années, toujours intactes d’ailleurs.

Lorsque mon interlocutrice reprit, son premier mot m’interpella. « Suna », parlait-elle du sable ? En y réfléchissant mais surtout en continuant d’écouter son discours, je compris que c’était le nom qu’il voulait donner à leur village. Suna, ça sonnait plutôt bien, me disais-je tout en essayant de ne pas afficher de sourire. Autre chose qui m’intéressa : la future politique qui serait adoptée. Un triumvirat, voilà quelque chose de peu commun. Kawaguchi Manzo, Karas et Nishimura Kusanagi que j’avais en face de moi. Trois tâches bien séparées mais plutôt réparties avec brio. Je n’étais pas totalement persuadé que ça allait fonctionner, mais l’organisation semblait être bonne.

─ Suna donc… Le village caché du Sable je suppose ?

Actuellement, Kusanagi et ses compagnons cherchaient des hommes pour s’allier à eux. La chose primordiale était bien entendu d’avoir un minimum de shinobis et de civils à rallier pour ce futur village. Cela semblait être leur priorité du moment, ils voulaient donc laisser à Kumo tout ce qui était politique. Convaincre les hautes instances du Pays du Vent pendant qu’ils faisaient le reste, voilà la tâche que la Nishimura me demandait.

─ Vous semblez avoir été franche avec moi et je vous en remercie. Il est vrai que je pourrai sans doute faire comprendre aux politiciens de Kaze no Kuni que la création d’un village serait bénéfique pour eux et votre nation.

La locutrice pouvait dès à présent comprendre que j’avais finalement accepté sa proposition. J’avais réfléchi plusieurs fois et elle avait su me convaincre. C’était sans doute mon désir de garder la paix sur le monde qui m’avait conduit à ce choix. Cependant…

─ J’accepte votre demande. Cependant, sachez que meme si Suna permettra d’avoir la paix dans votre pays, ce nouveau village sera un nouveau danger pour la paix mondiale. Je pense, du moins j’espère, que vous êtes consciente de cela. Il y a beaucoup de positif dans votre projet, mais du négatif se cache.

Je levai les yeux avant de déclarer d’une voix forte que l’illusion pouvait prendre fin. L’instant d’après, toute l’atmosphère et le paysage changea autour de nous. Et oui, nous n’étions guerre dans une cour mais bien à l’intérieur d’une salle de mon palais.

─ Je ne pouvais pas prendre de risques, considérez qu’en levant ce Genjutsu, je vous considère comme alliée. Comme vous le voyez, je ne fais que rarement les choses à moitié. Aussi, je vais être entier dans notre nouvelle collaboration.

Je marquai une petite pause avant de venir sur le point qui me semblait important.

─ Le nombre de villageois est important, l’accord des politiciens l’est tout autant, cependant il vous faut des shinobis puissants, et nombreux. Je vous suggère d’aller rencontrer les clans importants de Kaze no Kuni, comme les Kawaguchi ou les Marionnettistes. Plus vous aurez ralliés de ces derniers, plus votre village sera fondé sur de bonnes bases.

Voilà mon conseil, qui je l’espérais, allait être respecté.