[Cours Ninjutsu] Que le vent souffle... [PV - Mikami]

Le Pays des Oiseaux était désormais la demeure attitrée d’Aokiji. En plus de ses fonctions de Gouverneur, le Samui était également à la tête d’une nouvelle initiative de l’Empire : les grandes écoles nationales de ninja. Chaque Nation s’était vu attribuer une spécialité. Les techniques d’invocation pour Van à Taki no Kuni, le Taijutsu pour Yanosa à Kusa no Kuni, la médecine pour Yuki à Yuki no Kuni et enfin les techniques sensorielles sous la responsabilité de l’Empereur lui-même à Tsuchi no Kuni. Aokiji avait quant à lui hérité de l’école en Ninjutsu. Ce n’était un secret pour personne, cette discipline était le domaine de prédilection du jeune homme. Cependant, ce dernier n’allait pas tenir cet établissement seul. Il n’avait pas la science infuse après tout. En effet, il allait être accompagné par de nombreux professeurs, chacun méticuleusement sélectionné par ses soins. Tous avaient un aspect du Ninjutsu dans lequel ils excellaient, offrant donc un enseignement varié et de qualité.

Pour se faire, un bâtiment à la taille démesurée avait été construit dans les montagnes du Mont Uniwashi. Un plus d’un pôle administratif, cette école comportait d’autres bâtiments annexes tels que des salles de cours, amphithéâtres, terrains d’entrainements en extérieurs, sans compter les jardins et autres espaces de détentes aménagées pour les étudiants.

Aujourd’hui, Aokiji était présent sur place pour accueillir un nouvel étudiant. Pourquoi avait-il fait le déplacement pour une seule personne ? Et bien car il s’agissait de quelqu’un qui lui était relativement familier. Mikami, un Taichou avec qui il avait eu l’occasion de s’entrainer autrefois. Cet Aokiji était curieux de voir sa réaction. De plus, le blond ne connaissait pas la raison exact de la venue exacte de Mikami à l’école. Il était donc également quelque peu intrigué par son déplacement. En effet, le Gouverneur était persuadé que le domaine de prédilection du jeune homme était le Taijutsu. Peut-être voulait-il tout simplement ajouté une corde à son arc ?

Quoiqu’il en soit, Aokiji se tenait debout dans le hall d’entrée de l’école, attendant patiemment le nouvel élève. Ce dernier ne tarda pas à faire son apparition et entamer les formules de politesse.

« Ca faisait longtemps, Mikami-kun. Que me vaut cette visite ? J’espère que le voyage n’a pas été trop éprouvant. »

En effet, en plus du trajet entre le Shozaichi et le Pays des Oiseaux, ils avaient également dû emprunter les sentiers humides et brumeux de la montagne.

Un jour calme et sans nuage ni la moindre brise pour les apporter, à l'extérieur de Shozaichi, sur un terrain esseulé et excentré de celui où l'amnésique avait élu domicile... Mikami plaquait à nouveau les mains l'une contre l'autre, le front suant à grosse goutte et les sourcils froncés en une dizaine de plis à eux deux. Quelques secondes de silence précédèrent un sifflement et quelques gouttes sur son front s'envolèrent, des branches se plièrent et des feuilles rejoignirent le sol un peu prématurément. Cela faisait bien des mois qu'il s’entraînait et il était encore loin d'avoir la même aisance avec le vent qu'avec la foudre ; et son répertoire se limitait encore à l'apparition d'une faible bourrasque. Est-ce que petit, ça lui avait pris autant de temps d'apprendre à manier le raiton ? Sûrement pas... Les Yorurai étaient un genre de prématurés.

Mais à ce rythme, il mourrait au combat avant d'apprendre à passer les lignes ennemies autrement qu'en les perçant de front. S'il voulait pouvoir faire preuve de plus de discrétion, il fallait qu'il commence par manier le fûton. Et puis même dans son style de prédilection, cette technique lui permettrait d'avoir bien plus de tranchant ainsi que d'embraser là où ses adversaires voudraient poser le pied. La vision de ces débouchés mirent un coup de fouet à son esprit et à sa détermination. Mine de rien, il se connaissait et savait comment se faire avancer. Deux autres mudras et ses mains se plaquèrent ; un dernier signe incantatoire fut ajouté de sa main gauche et de l'autre il dégaina aussi vite que la foudre frappait. La pointe de la lame vers le haut, seule une brise vint caresser la verdure lui faisant face.

Il soupira...

C'était dorénavant clair, il allait avoir besoin d'aide. Même les meilleurs des écrits ne l'aidait pas plus et la bibliothécaire avait levé les mains en hochant des épaules et secouant la tête la dernière fois qu'il était allé la voir. Mais qui pourrait l'aider ? Il n'était proche d'aucun utilisateur de fûton et ne voyait pas qui dans ce putain d'empire pourrait le...

Son esprit tilta. Ça se vit à son visage qui se releva presque imperceptiblement en laissant la mâchoire inférieure à sa place, teint illuminé et lèvres dès lors légèrement entrouvertes. Une fois de plus il songea que tout n'était pas à jeter dans ce putain d'empire, et loin de là... Il rengaina aussitôt et bondit en direction de la capitale sans passer par chez lui. Là-bas, il demanda quelle école enseignait le ninjutsu.

* * *

Tori no kuni. Il n'y était pas retourné depuis les expériences avec Van. Reniflant à nouveau le parfum de la flore de ce pays, il en vint à éprouver quelques crampes fantômes par simple association d'idée. Les vraies s'étant considérablement calmées depuis quelques temps. Mais au-delà de ça, il n'avait jamais emprunté ce genre d'itinéraire et malgré l'humidité, ça lui changeait des grottes et des marécages. Le jeune homme s'arrêta une nouvelle fois à la cime d'un arbre, perçant le sommet des feuillages comme une lame jaillissant dans le dos d'un corps transpercé. Et cette fois il le vit.

Ce domaine aux multiples bâtiments épurés et aux jardins espacés, au pied des collines et entouré de forêt de bambou. Mikami s'arrêta un instant pour apprécier la vue, ce genre d'endroit lui plaisait particulièrement. Conservant une certaine harmonie avec la nature qui les entouraient, les voies d'accès avaient été taillées ou construites dans la roche. Il serait temps qu'il les rejoigne. Sa silhouette disparut à nouveau dans les arbres et plus loin, bien en contre-bas, le shûkaijin apparut sur le sentier. Il grimpa, sans sourire au lèvre mais d'une mine bien réceptive au caractère agréable de l'endroit.

Sabre à la ceinture - et cette fois-ci c'était le sien - il passa sous l'arche et s'avança dans le hall d'entrée. Aokiji lui même était présent, et apparemment l'attendait.

- Ça faisait longtemps, Mikami-kun. Que me vaut cette visite ? J’espère que le voyage n’a pas été trop éprouvant.

Le Yorurai fut d'abord surpris de se sentir attendu, même s'il ne le montra pas et que les mots du Samui tendaient à prouver le contraire. Sûrement un coup du gratte-papier à qui il avait parlé à Shozaichi, ce n'était vraiment pas son genre de prévenir. Il se vit contrarié d'avoir été devancé et même annoncé sans qu'on ne le lui dise, lui qui aimait prendre le temps de voyager et qui était même susceptible de faire un détour imprévu pouvant durer plusieurs jours... Mais peu importe, il fallait sûrement que cette personne assise derrière son bureau ne s'occupe de temps à autre, n'ait un contact avec autre chose que ses interminables piles de papiers...

Et Aokiji ? Restait-il tout aussi proche du terrain depuis la distribution des importants postes impériaux ? Il en vint à se demander s'il prenait le temps d'être présent pour chaque élève qui franchissait cette arche dans l'espoir d'améliorer son ninjutsu.

- C'est un plaisir de vous revoir, Aokiji-dono.

Il le salua.

J'aime voyager, alors autant vous dire que ça a été plus plaisant qu'autre chose.

Il oublia les fonctions relevant au Samui, appréciant déjà la personne avant de le regarder comme le régent de ce pays. Et puis il venait s'entrainer, pas pour de la diplomatie. Son regard baladait dans la salle, observant l'intérieur et fantasmant même sur ce sur quoi pourrait déboucher ces quelques couloirs dont il voyait l'entrée. Il en revint au principal et à son interlocuteur :

- Je m'entraine à la maîtrise de l'élément vent, mais il semble que j'atteigne mes limites. Je suis venu m'enquérir du soutien de votre école. Si toutefois vous en avez les disponibilités bien sûr.

Et il se tenait prêt à être dirigé vers l'un de ses fameux couloir, s'imaginant mal avoir à remplir un formulaire ou être invité à rejoindre la sortie. Il gratta néanmoins son épaule à travers la manche encore humide de son kimono. Les moustiques des montagnes brumeuses avaient quant à eux laissés leur trace... Cependant Mikami aussi. Juste quelques senbons, ayant profité de l'occasion pour ne pas perdre la main au tir de précision. Et bien logé au creux d'une branche surélevée, depuis un arbre perché sur le plus haut sommet... un senbon noir.

C’était donc ça. Le jeune homme souhaitait s’entrainer à la maitrise élémentaire du Fûton. Même s’il avait débuté son entrainement seul, Mikami semblait avoir certaine difficulté à progresser, d’où sa venue sur place. Son initiative était louable, et Aokiji ne pouvait que saluer ce geste. Lui-même s’était entrainé seul pour développer sa seconde affinité primaire. Mais bon, il fallait avouer qu’il avait certaines prédispositions non négligeables au Fûton, contrairement à Mikami. Quoiqu’il en soit, il avait frappé à la bonne porte. Le Samui esquissa un léger sourire puis tourna les talons.

« Les disponibilités ? Les portes de cette école te seront toujours ouvertes, Mikami-kun. »

Aokiji entama donc le pas, faisant signe au nouvel arrivant de le suivre. Ils traversèrent alors une cours où ils croisèrent quelques étudiants ici et là discuter entre eux. L’école comptait assez peu d’adhérents pour le moment, mais ce n’était qu’une question de temps avant que la notoriété de celle-ci se développe. Le Samui conduit Mikami vers l’un des bâtiments annexes, celui qui contenait les salles de cours. Ils n’eurent pas trop de mal à trouver une pièce vide, où ils y pénétrèrent tous les deux. Le blond avait été plutôt silencieux pour l’instant. Il se mit à fouiller dans l’une des armoires de la salle puis se redirigea vers son élève du moment. Il avait dans ses mains une petite boite en bois qu’il déposa sur l’une des tables. Son regard se tourna ensuite vers Mikami, surement intrigué par cette boite et son contenu.

« Tu t’entraines donc à la maitrise du Fûton, hein ? Intéressant. Parmi les cinq éléments primaires, il s’agit surement là du plus puissant mais également du plus compliqué à maitriser. Je ne remets pas en cause les efforts que tu as pu effectuer jusqu’à maintenant, mais j’aimerais juste m’assurer que tu ais de véritable disposition au Fûton. Cela afin de ne pas te faire perdre ton temps, et le mien par la même occasion... »

Aokiji ouvrit la boite, dévoilant ainsi son contenu. A l’intérieur, plusieurs bouts de papiers vierges. Il ne s’agissait bien évident pas de papier ordinaire…

« Du papier à chakra. Ce papier est sensible à la nature du chakra. Je vais te faire une démonstration. »

Le Samui en prit alors deux, un dans chaque main. Le papier dans sa main gauche devint trempé en quelque secondes, alors que celui dans sa main droite se coupa en deux.

« Vu la réaction du papier, tu peux donc constater que je possède deux affinités. La Suiton, d’où le papier mouillé et le Fûton, la feuille coupée en deux. Comme tu le sais, je suis issu du clan Samui. Je possède un Kekkei Gekaï rare, le Hyôton. Celui-ci nécessite ces deux natures de chakra, ce qui me donne un certain avantage quant à la maitrise de celles-ci. En général, le ninja de haut niveau possède deux affinités, voire trois pour les plus doués. »

Aokiji tourna alors la boite en direction de Mikami.

« Voyons si tu as vraiment ce qu’il faut pour devenir un shinobi de haut rang. Montre-moi tes deux natures de chakra. »

De mémoire, le Gouverneur se souvenait que Mikami utilisait le Raïton. Il serait donc intéressant de voir s’il était également capable de maitriser l’élément contraire à celui-ci, le Fûton.

Les deux shinobis traversèrent une partie de l'école, lentement. Mikami prit le temps de regarder autour de lui, de reconnaître vaguement quelques visages croisés à Shozaichi, de loin. Très loin. Son caractère vadrouilleur le tenait à l'écart de ces personnes ; mais l'orientait aussi vers d'autres. Et face à la liberté de mouvements et aux découvertes, c'était négligeable. Aokiji l'avait conduit dans ce qui lui évoquait un dojo, et s'empara d'une boîte qu'il présenta ouverte au Taichou.

* Merde, v'là les formulaires. *

- Du papier à chakra...

* Fiouu... *

L'Onshi rappela les bases à son vis-à-vis, qui les écouta même s'il les connaissait. Dans l'esprit de ce dernier, les choses se compliquèrent quand on lui parla des prédispositions. Il savait pertinemment n'en avoir aucune avec le vent et qu'un forcing allait être nécessaire s'il souhaitait maîtriser cette affinité. Pourtant il allait le faire, car il y était déterminé. Il avait réussi à soulever des bourrasques et ne s'arrêterait pas en si bon chemin, aussi long celui-ci pourrait-il être. Se rappelant les paroles du gouverneur sur leur possible perte de temps, il plongea une main dans la boîte et tint deux feuilles qu'il se distribua. Il les présenta au Samui, et malaxa son chakra sans chercher à en changer la nature.

Les deux feuilles se froissèrent. Se froissèrent et se re-froissèrent, encore et encore. Et encore. Ne restait que deux vagues et pitoyables semblant de boulettes de papier, comme se tordant de douleur au bout des pinces du Yorurai. Ne sachant que faire de celles-ci, il les mirent en contact et cette fois fit passer un peu de foudre entre ses doigts. Les feuilles brûlèrent et retombèrent en une fine pluie de cendre qui se désagrégea avant même de ne pouvoir toucher le sol, puis s'envola.

- Je ne vais pas vous mentir, je n'ai aucune prédisposition avec cette affinité. En tout cas pas les vôtres...

Ce qui expliquait l'impasse dans laquelle il se trouvait. Mais il avait la volonté, arme la plus redoutable que tout shinobi puisse détenir. La question étant alors... est-ce qu'Aokiji était l'homme de la situation ? Il souhaitait lui faire comprendre que les séances d'entrainement n'allaient pas être des plus faciles.

- Cependant...

Il plongea à nouveau une main dans la boîte et en sortit un bout de papier. Mikami considéra celui-ci comme le dernier, désireux de faire ses preuves face à celui qui investirait du temps et de l'énergie à faire du jeune homme un expert en l'art de maîtriser le vent. Faisant déjà parti des plus capables en Ninjutsu, il se décevrait lui-même s'il n'arrivait pas à relever le défi. Il présenta alors cette dernière feuille au Samui, cette fois-ci tenu entre l'index et le majeur. Il le fit instinctivement, mais cette tenue lui évoquait des ciseaux, de la découpe, et une tranche nette. Il malaxa son chakra, doucement pour que la feuille ne se torde pas subitement comme les deux autres l'avaient fait.

D'abord il se concentra sur la vision qu'il avait du maniement du vent, comme il l'avait fait lors de ses premières séances en solitaire. Puis il se remémora ce que les manuscrits et parchemins lui avaient dit. Le bout de papier se mit à trembler, le jeune homme le fixait en intensifiant l'exercice et seul le vrombissement s'intensifiait à son tour.

* Je n'ai d'ailleurs absolument pas cette prédisposition. Cependant... *

Il s'imagina trancher un tronc d'arbre comme du beurre et comme il l'avait souvent fait.

- ... j'aime penser que rien n'est impossible.

Quand il sortit de ses pensées, le papier s'était découpé.

Aokjii restait silencieux, observant attentivement Mikami s’essayer à cet exercice qui n’était pas aussi évident qu’on pourrait le croire. Surtout quand on n’avait aucune idée de comment s’y prendre. Le Samui s’était volontairement montré très vague car, selon lui, le Taichou devait y arriver par lui-même. La nature de chakra définit une partie de son identité de ninja. S’il ne parvenait pas à trouver sa voie, cela voulait tout simplement dire qu’il n’était pas encore prêt. Tentative après tentative, le blond observait, impassible, les feuilles de chakra se froisser les unes après les autres, témoins du Raïton circulant dans le corps du jeune homme. Rien de bien surprenant. Mais si Mikami voulait vraiment avancer, il allait devoir faire bien mieux que ça. Il prit donc son temps, ferma ses yeux et après un moment de concentration, la feuille de chakra réagit de manière totalement différente. Contrairement aux tentatives précédentes, le bout de papier ne s’était pas froissé. A la surprise d’Aokiji, le papier s’était coupé en deux. Vouloir maitriser le Fûton était une chose, mais en avoir les dispositions en était une autre. Le Samui était donc surpris. Le hasard faisait bien les choses ou était-ce tout simplement le destin ? Quoiqu’il en soit, le blond laissa échapper un léger soupir, comme un soulagement, puis s’adressa au Taichou.

« Et bien… C’est pas mal pour un début. Car oui, ce n’est qu’un commencement. Entraine-toi encore quelques instants jusqu’à ce que tu te sentes bien à l’aise avec les feuilles de chakra. Je t’attendrais dans la cours. Rejoins-moi quand tu es prêt. »

Aokiji quitta donc la pièce et se dirigea vers la cours. Il prit place sur un rocher et sortit un livre de son vêtement. Un peu de lecture pour patienter. Au bout de quelques minutes, Mikami revint, comme lui avait demandé le Samui. Il était donc prêt. Du moins, il le pensait… Le blond se releva et rangea son bouquin.

« Bien. On peut donc commencer ton entrainement. »

Le Samui se baissa et ramassa une feuille morte sur le sol. En plein automne, ce n’était pas ce qu’il manquait. Il plaça ensuite la feuille entre ses deux mains, puis, la seconde d’après présenta celle-ci à Mikami. La feuille avait été coupée en deux, à l’instar du papier à chakra un peu plus tôt.

« Tu l’auras compris, il s’agit du même exercice que tout à l’heure. Mais ne te fit pas aux apparences. Cet exercice est bien plus compliqué qu’il en a l’air. Si le papier de tout à l’heure était très sensible au chakra, cette feuille morte l’est beaucoup moins. Tu devras donc malaxer beaucoup plus de chakra que tout à l’heure. A toi de jouer, Mikami-kun. »

Aokiji se mit donc en retrait et reprit sa position de tout à l’heure. Assis sur un rocher et la tête dans son livre sur lequel on pouvait lire « La force de l’esprit ».

- Entraine-toi encore quelques instants jusqu’à ce que tu te sentes bien à l’aise avec les feuilles de chakra. Je t’attendrais dans la cours. Rejoins-moi quand tu es prêt.

Une enclume sembla lui atterrir sur le crâne à l'écoute de ces mots. Un Yorurai, plus que fortement prédisposé au raiton, ne passait pas cet exercice. Mais il lui semblait que déchirer une seule feuille suffisait, que ces papiers dits sensibles ne servaient que de tests et d'indicateur. Jamais il n'aurait penser qu'il faille s'attarder dessus. Lui qui avait hâte de passer à la suite, devoir réitérer plusieurs fois lui jeta le poids du monde sur les épaules. Mais il savait avoir le choix. Pouvoir enchaîner sur la suite, jouer un temps avec quelques feuilles qu'il couperait par la seule force d'une effluve de chakra et aller prendre l'air, en créer un courant.

Il choisit de rester. La perfection n'est approchable que par la répétition, et c'était ce qu'il visait. À présent conscient que scinder ses papiers faisait partie de l'entrainement, il s'assit en tailleur devant la boîte et piocha une feuille. Il la tint, la fit vrombir, s'imagina en train de la trancher... Il reposa le morceau restant à côté de celui ayant chuté. Il en piocha une autre, la vit vrombir, la trancha mentalement. Il reposa le morceau restant à côté de celui ayant chuté. Et encore une autre, encore et encore, s'approchant à chaque fois un peu plus de l'instantanéité. Plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'il n'ait plus le temps de les sortir de la boîte. Si bien que pour finir, il s'amusa à les découper plus en l'air, et anticiper le point de chute du morceau détaché en posant celui restant à l'endroit envisagé.

Une façon d'accomplir l'exercice en pensant à autre chose. En combat, il ne pourrait rester concentré seulement sur des images de lui tranchant des arbres. Il remarqua qu'il n'en restait plus qu'une. Pour le fun, il la froissa, la déposa sur le sommet de la pile de papiers tranchés, et referma la boîte.

Mikami sortit sans sourire aux lèvres, mais une satisfaction loin des moindres au fond de l'esprit. Ils allaient enchaîner, et avec des feuilles mortes. Apparemment, leur constitution normale les rendait plus difficile à trancher. Patience Mikami patience... Après cette feuille et une longue labeur, viendra le jour où tu trancheras des forêts entières d'un simple mouvements de bras. Gare aux ennemis se trouvant à l'intérieur...

Il saisit la feuille que lui tendit le faisan bleu par ce qu'il restait de la tige, malaxa son chakra. Effectivement, ça n'avait absolument rien à voir. Il s'imagina à nouveau tranchant un tronc d'arbre, plein de feuilles mortes cette fois-ci. Une faille apparut sur la feuille, et dans sa tête le katana ne fit qu'entamer le bois. Il retira son sabre imaginaire et recommença. La fissure se prolongea. Encore, encore, comme voulant trop précipitamment en finir, ou persuadé que la vision et la réalité n'était pas si liées que ça, il s'imagina insufflant du raiton dans sa lame pour ne faire qu'une seule et nette découpe, de la feuille morte y compris. Celle-ci se froissa et brûla rapidement.

- Oups...

Le brun ramassa une autre feuille de lui-même. Réitéra. Une première goutte de sueur perla, beaucoup de concentration avait été requise pour si peu... Mais il avait réussit à trancher le papier, chose qu'il n'avait jamais réussi à faire à partir de ses bourrasques. Il y avait sûrement quelque chose de différent avec ses autres entraînements, et effectivement il y avait une différence. Mais derrière l'objet de son attention se dressait le visage attentif de l'ancien bras-droit de l'ôdâ, et de l'actuel empereur. Son attention glissa sur cette personne dont les traits se firent plus clair alors que la feuille se flouta. Celle-ci ne fit plus que vrombir alors que les pensées de l'amnésique avait virevolté ailleurs.

Alors c'était Aokiji qui avait pris la place de Samihare Kanki... De ce point de vue là, l'empire n'apportait que du bon. Restait à voir ce que le nouveau Gouverneur apporterait à ce pays... Une certaine et profonde curiosité s'éveilla chez Mikami qui n'arrivait pas à se projeter dans l'avenir de cette contrée et de ses habitants. Mais ce Samui là semblait être bien plus posé, sûrement quelqu'un de réfléchi et de valeur. Le Yorurai restait persuadé que s'il n'apportait pas du bénéfique, il laisserait le job à des personnes de confiance pour tout ce qui concernerait les affaires n'ayant pas trait à ses connaissances. Mais qu'adviendrait-il de ses décisions en cas de crise ? Ceci, seul l'avenir pourrait le dire.

Mikami finit par s'apercevoir que le seul vent ne soufflant plus dans la cour était le sien, et que seul le sifflement des courants d'air ne parvenait à ses oreilles. Ayant obtenu un mystérieux regain de détermination, il plongea son regard sur la feuille et la fendit de trois-quart. Ce fut à travers cette fente qu'il aperçut le titre du livre de son professeur. Et il comprit la différence qu'il y avait entre cet entrainement et les siens. Dans l'idée, il cherchait à rendre des bourrasques tranchantes, alors que cette fois-ci les deux hommes attaquaient directement par la tranche. La volonté de couper guidait cette séance, et elle pourrait même trancher dans le roc. Si héréditairement, Mikami n'était pas homme à conserver un fort flegme sur son visage, il aurait sûrement froncé les sourcils.

Son chakra monta jusqu'aux doigts, la fente déjà présente courut jusqu'à l'extrémité de la feuille. Avant que le morceau ne glisse complètement une autre fente vint séparer verticalement ce qu'il restait de la partie tenue par le Yorurai.

- Donne moi un arbre et je t'en débarrasse de toute sa garniture.

Simple façon d'exprimer sa volonté et la force de son esprit, même si cette fois il n'avait retenu un léger sourire satisfait.

Le pauvre Mikami semblait galérer. Aokiji l’observait du coin de l’œil et même s’il n’en avait pas l’air, il suivait attentivement l’avancement de son élève du jour. Le Samui était conscient que l’exercice n’était pas forcément évident, mais le jeune homme était de toute évidence très déterminé. Malgré les ratés, il persévérait, tailladant les feuilles millimètres par millimètres. Comme il l’avait démontré durant les précédentes heures, il avait une certaine vivacité d’esprit qui lui permettrait d’arriver à bout de ces maudites feuilles mortes. Et après de nombreux essais, Mikami finit par trancher une feuille, et ce à son plus grand plaisir. Un plaisir pas très humble à vrai dire. Il n’avait coupé qu’une seule feuille pour l’instant, il n’était pas encore tout à fait prêt au goût du Samui. Ce dernier laissa échapper un léger fou rire avant de refermer son livre. Il se releva ensuite de son rocher, le regard fixé sur @Mikami.

« Je te prends aux mots alors. Coupe moi toutes ces feuilles mortes sur le sol, si tu te sens si confiant. Je vais te laisser t’entrainer seul encore une fois. Profites-en pour te reposer un peu également. »

Aokiji pointa alors un petit sentier partant de la cour.

« Je te donne rendez-vous prêt de l’autel dans les bois, à la tombée de la nuit. Suis ce sentier et tu devrais y arriver en une dizaine de minutes. Un conseil, sois en forme. »

Sur ces paroles, le Samui s’en alla donc, car il avait d’autres responsabilités pour la journée. Il faisait confiance à Mikami quant au reste de la journée. Il espérait juste que le jeune homme ne se surmène pas, car l’entrainement de ce soir allait être plus éprouvant. Il avait plus ou moins fait la moitié du chemin. Il devait donc garder le cap.

Comme convenu, la nuit tombée, Aokiji attendit la venue de Mikami. Dissimulé dans la pénombre, appuyé contre arbre, il patientait calmement en espérant que le Taichou n’allait pas trop le faire attendre. Au bout de quelques minutes, ce dernier apparut donc dans le clair de lune, surement intrigué par ce lieu insolite. Ils se trouvaient au milieu des bois, en face d’un autel illuminé par deux grandes flammes. Le Samui sortit alors de sa cachette, surprenant peut être son compagnon au passage.

« Bonsoir Mikami-kun. J’espère que tu es en forme. Nous allons maintenant passer à la prochaine étape de ton entrainement. »

Aokiji se rapprocha alors de l’une des grandes flammes, qui devait faire environ 1 mètre de haut, puis se tourna vers le brun.

« Maintenant que tu sais plus ou moins faire appel à ton chakra Fûton, il te faut maintenant apprendre à le moduler afin de pouvoir utiliser des techniques. Je suppose que tu es courant, mais le Feu est l’élément primaire ayant l’ascendant sur le Vent. Etrange me diras-tu, car il suffit de souffler sur une bougie pour l’éteindre. »

Le Samui positionna sa main en face du feu, puis, après avoir effectué un signe avec son autre main, une vive bourrasque jaillit en direction des flammes qui s’éteignirent en une seconde.

« Mais pourtant un souffle parfaitement dosé peut raviver n’importe quel brasier… »

Le blond réitéra la même manœuvre. Une bourrasque, beaucoup plus modérée cette fois, jaillit et raviva la flamme qui reprit peu à peu sa forme d’origine. Aokiji se tourna ensuite vers Mikami.

« En modulant correctement mon chakra Fûton, je suis parvenu à rallumer cette flamme. A ton tour. Mais fait attention, une quantité de chakra insuffisante ne ravivera pas le braisier, ou le fera très lentement, ce qui t’épuisera inutilement. Et au contraire, une quantité trop élever éteindra les flammes en quelques secondes. A toi de trouver le bon équilibre. »

Aokiji éteint à nouveau le feu, puis se mit encore une fois en retrait. Il était curieux de voir comme Mikami allait aborder cet exercice.

* Tout l'arbre ? *

S'il l'avait dit, il se sentait prêt à le faire, quelque part au fond de lui. Même s'il ne s'attendait pas à être pris au mot, Mikami souhaitait seulement démontrer sa détermination à avancer. Et ce devait être lié aux actes, alors il ne sourcilla pas quand il lui désigna le chêne à débarrasser de son feuillage. Il prit note du sentier à suivre pour la fin de la journée et regarda Aokiji s'éloigner. Le brun souffla, frappa dans ses mains, et sauta directement dans l'arbre où il prit néanmoins une position confortable pour suivre son exercice.

Le temps passa et les demi-feuilles tombaient avec de moins en moins d'intervalles jusqu'à ce qu'un tapis ne se forme sur le sol d'où émergeait un arbre nu. Le jeune homme sourit face au spectacle et s'allongea enfin sur une branche, les mains croisées derrière la nuque et le regard tourné vers le ciel strié en plusieurs parts des bras dégarnis de son lotis. Avant que le soleil ne se couche, le jeune homme aurait bien le temps de récupérer dans cette position et même de faire un tour du propriétaire. Puis il eut la bougeotte, rapidement. Même incapable de fermer tranquillement les yeux, il bondit sur le branche du dessus, moins épaisse et bien plus frêle. Il y appliqua les mains, malaxa son chakra.

Sans le relâcher de suite, il cherchait à accumuler plus de puissance. Il resta quelques secondes jusqu'à ce qu'il ne sente comme une brise entre chacun de ses doigts. Et il poussa. L'air siffla d'un souffle strident et la branche fut tranchée nettement, celles du dessous sévèrement entaillées. Mikami resta partagé entre satisfaction et imperfection, il aurait souhaité ne s'arrêter qu'à une seule. Alors il partit à la recherche d'une cours où il pourrait s'entraîner sur des rondins à tranche, une main fermement posée sur le manche de son katana.

Cependant il ne trouva pas de suite, se perdant facilement et mentalement dans un enchevêtrement de couloir à l'architecture lui rappelant... il ne sut pas ce que ceci lui rappela, mais il s'y plaisait. Des dojos et des cours pour s’entraîner comme pour se détendre et méditer, partout il y avait le son ruisselant d'une fontaine comme posée pour apaiser les esprits qui n'arriveraient pas à leurs fins aussi facilement qu'ils l'auraient pensés. À force de papillonner dans cette ambiance et au son de son pas lent se posant sur les couloirs en bois longeant les espaces naturels, sont esprit finit par lui aussi se distraire.

La fûton était l'affinité qui pourrait le mettre en grande difficulté. Et comme l'avait dit le Samui, le katon pouvait en venir à bout. Mais l'apprentissage de cette affinité n'avait pas intéressé le Yorurai, qui avait vu une autre utilisation au vent que de réaliser des tranches aériennes ou de pouvoir apprendre l'on'kyôton. Avec sa maîtrise naturelle de la foudre, il pouvait aisément créer un brasier. Rares étaient les terrain qui l'en empêcheraient et l'humidité ambiante ne ferait que lui faciliter la tâche s'il devait électrocuter tout le monde. Et s'il créait des flammes il pourrait les maîtriser grâce au fûton et ainsi faire face à un utilisateur exclusif de cette même affinité, bouclant ainsi la boucle et la tournant à son avantage.

Mais dans tout ça, il aurait besoin de garder les mains libres. Le bretteur n'en utilisait déjà plus qu'une pour composer des mudras lorsqu'il combattait sabre en main. Il ne pouvait tout simplement pas se permettre d'utiliser son fûton les deux paumes poussant l'air ; et continuant sa visite de l'école, il était déjà en train de s'entraîner à souffler bien plus d'air que ses poumons n'en contenaient.

* * *

Rassasié, physiquement comme spirituellement, il avait mangé et médité. Habituellement sociable l'amnésique s'était cette fois-ci tenu à l'écart des quelques autres étudiants, restant dans ses pensées et projets qui prenaient progressivement forme entre deux séances de tri de rêves et souvenirs. Le crépuscule finit enfin par donner ses teintes à la voûte célestes et Mikami débarrassa son bentô pour se rendre au sentier indiqué plus tôt dans la journée. Le jour se mourut sur la route et dans la pénombre grandissante il aperçut deux points lumineux danser derrière les buissons. Il sourit en voyant les flammes et tourna soudainement la tête en direction de la voix du Samui qui lui parut fantomatique, sans pour autant démonter son flegme qui depuis quelques temps s'encrait plus durablement sur son faciès.

Il lui expliqua l'exercice, et dès lors il devrait trouver le bon équilibre. Alors le Yorurai s'assit en tailleur devant la flamme un sourire déjà dessiné sur les lèvres, faisant abstraction du regard intéressé du Gouverneur. Ainsi commença une longue séance de soufflage, s'attelant à dégager de plus en plus d'air d'entre ses lèvres entrouvertes pour d'abord apprendre à éteindre les feux qu'il aurait allumé...

Spoiler:

**Contenu sponsorisé** Informations

» Un nouveau souffle [Henkan]
» Je regardais son souffle [Solo]
» Le souffle du dingo (Solo rang D)
» Le bourgeon grandit sous le souffle de l'ours qui observe sa vie |Rp Kuchiyose|
» Quand souffle le Glas de l'hiver [Feat Jisetsu Kotomi]

[Cours Ninjutsu] Que le vent souffle... [PV - Mikami]

[Cours Ninjutsu] Que le vent souffle... [PV - Mikami]

Sujets similaires

Sujets similaires