Une discusion nécessaire [Zennosuke]

Alors qu’il avait une après-midi de libre, Kisen avait décidé de se rendre aux portes du village pour discuter avec les membres de l’unité chokkatsu. Il commençait à bien les connaître à force de travailler avec eux. En effet, comme il passait la plupart de son temps libre à surveiller les individus qui entraient dans le village, il prenait régulièrement l’initiative de rencontrer les shinobis étrangers. Et comme ceux-ci devaient absolument passer par leur quartier général pour espérer rentrer, il discutait avec eux régulièrement. Et depuis sa nomination au poste de bras-droit du Kazai, il venait également pour se renseigner sur les éléments survenus qui sortaient de l’ordinaire.

Lorsqu’il arriva devant les portes du village, il se rendit compte qu’un grand groupe de marchand arrivait. Pensant que l’unité allait avoir beaucoup de travail, il décida de ne pas les déranger et d’attendre que tout le monde soit passé pour aller leur rendre visite. Il s’installa donc sur une banc se trouvant en face des portes pour attendre et observer les passants en même temps. Habituellement perché sur le toit du bâtiment à côté de lui, il n’avait pas l’habitude de croiser le regard des gens qu’il observait. Il essaya donc de faire attention à ne pas trop fixer les passants pour ne pas les rendre nerveux. Il savait qu’une personne de son gabarit pouvait être assez intimidante pour les autres personnes.

Kisen attendit donc que plus personne ne soit présent pour se rendre dans le bâtiment. Comme à son habitude, il fut très bien accueilli. Les membres de l’unité du Chokkatsu l’aimaient bien, mais il aimait surtout le travail qu’il faisait. L’un d’entre eux vint à lui pour lui donner les informations qu’il recherchait. Il apprit ainsi que le convoi de marchand était attendu et qu’il n’y avait eu aucune perturbation dernièrement. Le Bannin fut rassuré, mis à part quelques rares problème interne avec quelques affaires de délits non résolues, le Kazai n’avait pas grand chose à faire. L’absence de son chef n’avait pas encore posé de problème de sécurité, Kisen avait encore les choses en mains.

Ce fut donc l’esprit tranquille que Kisen sortit du bâtiment pour rejoindre son bureau. Il avait été absent assez longtemps, et il devait être sûr que l’unité pouvait supporter des absences de quelques jours s’il voulait pouvoir peaufiner son nouveau projet. Alors qu’il sortait à peine du bâtiment, il aperçut un homme venir à sa rencontre. Il fut très étonné et s’arrêta immédiatement lorsqu’il se rendit compte qu’il s’agissait du Raikage.

Tac tac tac tac tac… Mes pas raisonnaient sur le sol des ruelles de Kuogakure no Sato. J’étais vêtu de mon habituel uniforme du Satoru par-dessus duquel la cape blanche, frappée de nuages, représentatifs d’un des emblèmes de Kaminari, flottait légèrement en arrière, sous l’action du vent. Mon large kusa, blanc lui aussi, vissé sur ma tête, me protégeait des rayons du soleil. Un poil rabaissé, le rebord avant du chapeau cachait mon regard aux yeux du monde, me permettant d’observer en toute quiétude, tout ce qui se passait autour de moi, sans en donner l’impression. Je restais visible. Et de loin. Ma taille n’aidant pas sur ce plan.

Comme à chaque fois que je me promenais dans les ruelles du village en pleine journée, j’étais souvent abordé pour entendre diverses réclamations, par moments, pour faire l’objet d’encouragements. À chaque fois, de la manière la plus courtoise possible, je m’appliquais à écouter d’abord avant, éventuellement, d’apporter une solution aux problèmes, séance tenante ou de promettre d’y accorder une attention plus ou moins importante, dans les jours ou semaines à venir. Après tout, n’étais-je pas là pour eux ? N’étais-je pas à ce poste pour les kumojins ? Il me semble que si. Satisfaire aux attentes de sécurité et de bien-être des populations de Kaminari no Kuni, dans un large sens est ma mission.

Après plusieurs minutes passées à répondre aux sollicitations, je parvenais enfin en vue du bâtiment que je souhaitais visiter. En réalité, présenté ainsi, la chose pouvait prêter à confusion. Mon but véritable était tout autre. En réalité, si j’avais quitté mon bureau et mis une pause à mes réflexions sur le monde ninja, son évolution et les différentes questions urgentes pour lesquelles il me fallait trouver une solution idoine, c’était uniquement dans le but d’échanger avec quelqu’un. Voilà la raison pour laquelle je me trouvais près des portes du village, dans le bâtiment abritant le Kazai. Celui que je cherchais ? Le Bras-droit du Kazai : Bannin Kisen ; celui-là même dont la silhouette se détachait de l’embrasure de la porte principale du bâtiment dans lequel j’allais pénétrer. M’avait-il vu venir ? À en juger par sa première réaction, non. Il est vrai que je ne m’étais pas annoncé. Je m’approchais du géant de Kumo, tout en ramenant légèrement vers l’arrière mon kusa, afin de découvrir mes yeux. Il serait impoli de ma part de m’adresser au Bannin sans que nos regards ne se croisent…

« Salutations Kisen. Pardonne-moi de ne pas m’être annoncé au préalable, mais c’est toi que je venais voir. Tu te portes bien ? »

Je regardais de droite à gauche. L’air de rien, une rapide inspection des lieux. Tout semblait en ordre. Même en l’absence de Kadoria Sho, Kisen se débrouillait pas mal. Je dirais même, qu’il se débrouillait bien. Aucune difficulté majeure jusque-là. Parfait !

« Peut-être pourrions-nous trouver un endroit calme pour échanger ? »

Une invite. S'il ne trouvait pas un lieu plus... convivial ? Je me chargerais de cette question.

Le Raikage s’approcha alors de Kisen. Le jeune Bannin était très intrigué de cette visite, et se demandait bien ce qu’il avait à lui dire. Il n’était aucunement anxieux car il savait qu’il n’avait rien fait de mal. Kisen ne le connaissait pas très bien, il l’avait déjà rencontré, mais ils n’avaient jamais réellement eu de discussion ensemble. Il se rappelait d’ailleurs très bien de la mission où il avait rencontré le Kage et que ce dernier l’avait promu Chuunin. Malgré les circonstances tragiques de cette rencontre, il en gardait un bon souvenir. Il se demandait donc si le Kage avait une nouvelle importante à lui annoncer ou s’il voulait juste discuter.

- C’est un plaisir de vous voir ici Raikage-Sama ! Tout se passe bien pour le moment !

Lorsque son interlocuteur lui proposa d’aller dans un endroit plus tranquille pour pouvoir discuter, Kisen regarda autour de lui. Il se rendit compte que les portes du village n’étaient pas l’endroit idéal. Il pensa alors au sentier perdu, mais il se dit alors que le Kage ne devait peut-être pas sortir du village sans préparatif. Il eut alors une meilleure idée en se rappelant d’une des premières missions qu’il avait effectuée.

- Il y a un point de vue non loin d’ici qui surplombe le village, nous ne devrions pas y rencontrer quelqu’un à cette heure-ci. Enfin, c’est vous qui voyez !

Le point de vue était inconnu de la plupart des villageois, Kisen l’avait découvert peu de temps après son arrivée au village alors qu’il en faisait le tour pour visiter. Il y avait amené un groupe d’enfant pendant l’hiver pour leur montrer la beauté du village dans lequel ils vivaient. C’était un lieu discret qui permettait en même temps d’avoir une vue sur une bonne partie du village.

Le Bannin me mena donc à un endroit que je connaissais déjà, moi aussi. Un endroit stratégique à partir duquel, Kisen pouvait avoir une vue sur une bonne partie du village. J'étais sûr qu'il venait régulièrement ici. Il n'avait pas tort de le faire car la vue était imprenable, presque aussi belle que le spectacle qui s’offrait à moi à partir des fenêtres de mon bureau. De là où nous étions, nous pouvions voir, les portes et au-delà, vers l’extérieur. Je voyais au loin, cette petite caravane, pleine de ce que je devinais être des marchandises, s’approcher lentement du village. Je voyais tout en bas, des shinobis anticipant déjà l’arrivée de ces visiteurs. L’organisation aux portes semblait huilée. Le Kazai, à mes yeux faisait son travail, sans tintamarre et c’était là, ce qui lui était demandé.

Là-bas, vers l’est, mon regard se portait. Le quartier Hakushi. C’est là qu’était construite une des tours du Chokkatsu. Les Hakushi, composaient une bonne partie des troupes de cette unité peu connue. Je clignais des yeux, portant mon regard ailleurs, tandis qu’une bourrasque me frappa le visage. Je les voyais tous, les quartiers Seki, Bakusho, Monjara et Dento avec au centre, les quartiers mixtes et le centre-ville. Kumo était belle. Avec sa verdure et sa végétation particulière parsemée de collines rocailleuses abritant des bunkers. Les sous-quartiers dans lesquels pouvaient se refugier, en cas de catastrophe, une très grande partie de la population, sinon sa totalité.

« La vue est belle. Cela faisait un moment que je n’étais plus venu ici. »

Sans regarder Kisen, je m’approchais d’une rampe de pierres, et y posais mes coudes. La petite caravane était arrivée. Deux shinobis se tenaient à proximité. Ils devaient être en train de l’inspecter et de questionner le caravanier sur ses motifs. Un spectacle que je me plus à regarder silencieusement quelques temps avant de m’intéresser à nouveau au Bannin.

« Alors Kisen ? Et le Kazai ? Il me semble que tu fais de ton mieux avec les moyens dont tu disposes. Rencontres-tu beaucoup de difficultés ? ... En l’absence de Sho ? »

Mes yeux bleus le sondaient à présent. Je sais qu’il souffrait de cette absence. Sho l’avait désigné Bras-droit du Kazai et peu après, avait disparu. Sa disparition remontait à un peu plus d’un saison à la date d’aujourd’hui. Une saison sans nouvelles. Si Kisen me questionnais à ce propos, que pourrais-je lui répondre ? Pas grand-chose, sinon, probablement, une réponse évasive qui alimenterait encore plus ses questionnements.

*Une saison entière…*

Je repensais à cette lettre du Raikage. Cette lettre dont seul Hasaki avait lu le contenu. Le nom de Kadoria Sho y était, parmi ceux sur qui il fallait poser un œil vigilant. Il était à présent quelque part dans le monde. Avait-il rejoint Hakushi Mihawk ? Lui aussi hors du village peu après la tenue du premier Conseil sous mon ère. C’est dire comment gros pouvait être le problème. Et alors que je pensais à ces implications, mon cœur fit comme un sursaut dans ma poitrine. Deux autres noms, liés à Kumo avait été évoqués ceux de Monjara Shinji et d’Ishidate Masamune. Mais… Non. J’avais confiance au premier nommé et pour le second… toujours aucune nouvelle. Par contre, curiosité de la vie, le Sandaime Raikage était de retour. Là au village, dans une résidence surveillée. Libre de ses mouvements, mais surveillé comme du lait sur le feu. Il me semble que j’avais les choses sous contrôle, mais était-ce la réalité ? Et si oui, pour combien de temps encore ?

Je regardais Kisen. Je me perdais dans mes réflexions.

Alors qu’ils se rendaient vers le lieu suggéré par Kisen, ce dernier se rendit compte que le Kage connaissait déjà cet endroit. Cela ne l’étonna guère, puisqu’il se doutait bien que ce n’allait pas être un Bannin, arrivé dans le village depuis seulement quelques années, qui allait faire découvrir le village au chef de ce même village. Mais il fut néanmoins content de le connaitre suffisamment pour connaitre des endroits tels que celui-là.

- Je ne viens pas souvent ici non plus, je préfère généralement rester plus proche des portes pour être disponible en cas de besoin.

Voyant que Zennosuke s’appuyait sur une rampe de pierres, le jeune Bannin en fit de même. Ils regardèrent alors le spectacle qui s’offrait devant leurs yeux. Ainsi le duo purent voir que le convoi de marchand avait correctement était pris en charge par les gardes du village. Kisen en était ravi, il ne voulait pas que la qualité de son travail soit remis en question en présence de son supérieur.

Et ce fut justement sur son poste au Kazai que Kisen fut interrogé par le Kage, qui s’inquiétait un peu du bon fonctionnement de l’unité avec l’absence prolongé de son chef. Kisen ne fut pas trop étonné que Zennosuke le questionne là-dessus directement, il était tout à fait normal pour le chef d’un village de s’inquiéter pour la sécurité de ce village.

- Rien n’est parfait et l’absence de Sho nous oblige a travailler un peu plus. Mais la plupart des membres de l’unité prennent à coeur leur travail et s’impliquent réellement dans la sécurité du village. On pourrait dire que je fais du bon travail, mais c’est surtout que la plupart des membres de l’unité n’ont pas besoin d’être bien dirigé pour faire du bon travail. Et puis vous savez, je ne suis chuunin que depuis quelques mois contrairement à certains membres de l’unité qui ont plus d’expérience que moi. J’en avais déjà discuté avec Sho et cela ne pose de problème à personne, mais je ne suis pas aussi nécessaire que ce qu’on pourrait penser, même en son absence.

Kisen n’était pas quelqu’un de modeste, il savait reconnaitre ses qualités et le travail qu’il accomplissait, mais il savait que si le kazai faisait du bon travail, c’était surtout grâce à ses membres.

Kisen s’était approché de moi. Comme moi, il s’était accoudé sur la rampe de pierre profitant de la vue devant nous. Comme moi, il posa un regard plein d’intérêt sur ce qui se faisait là-bas au loin ; cette caravane que le Kazai avait stoppé à l’entrée du village. Je l’observais du coin de l’œil, par moments. Cette intérêt dans son attitude et pour son travail, voilà ce qu’avait décelé Sho envers de Chuunin. À vrai dire, j’avais moi aussi, en son temps, décelé cette aptitude à seconder le chef du clan Kadoria dans cette difficile, et très ingrate tâche que de coordonner les actions du Kazai. Mais, sans mot dire, j’avais laissé la totale liberté à Sho de s’adjoindre l’adjoint qu’il souhaitait. Je n’avais pas été déçu, car Sho avait fait le bon choix. Du moins, je le crois. Nous ne pouvons être sûrs de rien dans ce monde de shinobis après tout.

À cette pensée, mon esprit se laissa aller à l’image de Sho. Encore une fois. Comment un ninja de sa stature pouvait-il s’absenter, aussi longtemps, sans réel aval de ma part ? Avait-il oublié le rôle qui était le sien ? Pourquoi ? Et c’est là que Kisen coupa mes réflexions, me faisant part, avec une modestie n’ayant autre pareil que sa grande taille, de sa vision du quotidien du Kazai. Qui aurait pu s’attendre à de tels propos sortant de la bouche du Bannin ? Pas moi en tous cas. Je me faisais une idée, que j’estimais assez proche de la réalité sur son caractère et ses aptitudes générales, mais à vrai dire, je n’avais jamais réellement creusé au fond de par moi-même. Je connaissais plus le Bannin à travers les rapports qui m’étaient rendus à son sujet. Voilà qui était intéressant. Je ne regrettais déjà pas, pour ce moment inattendu, d’avoir quitté mon bureau et de gagner du temps à discuter avec celui qui dans les faits, n’était autre que le Chef du Kazai.

Kisen avait terminé sa tirade et moi, je portais mon regard vers cette caravane qui commençait à être fouillée.

« Te crois-tu si inutile Kisen ? Ton rôle, et tu as du le comprendre, est de coordonner cette unité en l’absence de Sho. Lorsqu’une décision rapide et complexe doit être prise, c’est à toi que se réfèrent ces shinobis n’est-ce pas ? Si jusqu’ici le Kazai n’a pas connu de grands déboires, c’est aussi parce que tu fais très bien ce que tu dois faire. »

Mon regard se porta sur le géant, un instant :

« Il est bon que tu prennes encore tes marques au sein de l’unité, mais si Sho ne revient pas vite et avec une bonne justification de son absence, tu seras promu, Chef du Kazai. »

Je le fixais un moment, pour bien faire peser mes mots dans son esprit. J’en étais certain, d’ici, il pourrait mesurer toutes les implications à venir de cette décision. Lui, comme moi, à des degrés différents, avions le même rôle : essayer de placer l’homme ou la femme qu’il faut, à l’endroit qu’il faut, au temps qu’il faut afin de résoudre ou d’anticiper une difficulté donnée. Tout n’est qu’une affaire de gestion des hommes avec grand H.

Alors qu’il disait ces mots, Kisen nota que le Kage était quelque peu surpris. C’était tout à fait normal, les deux shinobis n’avaient jamais réellement eu le temps de discuter ensemble et ils ne se connaissaient donc qu’indirectement. Comme le jeune Bannin s’y attendait, le Kage lui rappela l’importance qu’il avait dans le Kazai et son fonctionnement. Kisen était d’accord avec lui, mais il avait quand même tenu à souligner que le travail des autres facilitait grandement le sien. Il annonça ensuite à Kisen que dans l’éventualité où Kadoria Sho ne revenait pas, il serait promu comme chef du Kazai. Kisen ne fut pas très étonné, il savait qu’il n’y avait qu’une seule autre possibilité, celle de nommer un chef parmi l’élite du village, mais cela aurait pu poser problème avec sa relation avec lui.

- Il est vraie que l’absence d’un chef reste problématique et je dois dire que j’apprécie grandement la confiance que vous me portez comme celle que me portait Sho lorsqu’il était présent.

Kisen était plutôt content même si cela le dérangeait un peu de profiter comme cela du départ de son supérieur pour prendre sa place et gagner en grade. Il savait qu’une nouvelle promotion lui permettrai également d’améliorer sa position dans son clan en gagnant un peu plus les faveurs du chef des Bannin. Avec le temps, il s’était surpris à apprécier qu’on lui accorde de l’importance parmi les siens, lui qui, il n’y avait pas si longtemps, ne souhaitait que protéger les siens du mieux qu’il pouvait. Evidement, ce désir de protection n’avait pas disparu, mais il savait qu’il pouvait mieux agir lorsqu’il avait plus de responsabilité.

- En parlant du Kazai, je comptais en discuter avec Sho mais vu les circonstances autant en parler avec vous. L’unité est formé de façon à protéger le village contre les attaques directes et nous contrôlons la sécurité à l’intérieur. Mais comme nous avons pu le remarquer avec les pertes de l’opération à la base militaire, le pays est trop grand pour que nous puissions assurer sa sécurité dans son ensemble depuis le village de façon rapide. J’ai donc eu l’idée de quelques avants-postes dans le pays, où des membres du Kazai pourraient séjourner alternativement pour suivre un entrainement tout en assurant la sécurité de la zone autour.

Kisen avait muri son idée pendant plusieurs semaines, même s’il savait qu’il ne connaissait pas certains secrets gardés par les autorités.

Je ne notais aucune réaction particulière de surprise après l’annonce d’une possible succession de Sho. Dans son esprit, Kisen devait s’y préparer. Il avait donc fini par passer le cap mental du numéro 2 pour endosser celui de n°1 du Kazai. Pas étonnant d’ailleurs, au vu des performances de cette unité. Le Genin sans grand avenir, au départ, au fil du temps, commençait à prendre du galon. Ainsi va la vie et nul ne peut présager de qui finira où et comment. Il faut juste suivre ses rêves, tenter d’atteindre ses objectifs et se laisser bercer par les voies insondables de la destinée. Qui sait ce que cet homme pourrait devenir demain ? Après le Kazai ? J’espérais, que quoi qu’il arrive, il saurait maintenir ce cap ; garder la tête sur les épaules et tenter d’aller de l’avant sans tambours ni trompettes. C’était la voie qui m’avait mené au sommet, sans que je ne l’ai jamais demandé à quiconque.

Un court moment de silence s’installa entre nous, tandis, que perdu dans mes pensées, je me mis subitement à voir dans ma tête l’image de mes deux petits bouts de bois, ainsi que de Hiryuu. Pourquoi maintenant ? Pourquoi à cet instant précis ? Je fronçais les sourcils tandis que Kisen abordait un sujet fort intéressant, troublant de sa voix, ma courte rêverie. Je me tournais vers lui à nouveau et je l’écoutais. Il abordait un sujet fort intéressant. La protection de Kaminari dans son ensemble. Je sentais dans ses propos qu’il devait probablement passer du temps à réfléchir sur ce type de questions. Une bonne chose. Une preuve à nouveau de son aptitude à pouvoir d’ores et déjà prendre le relais de Sho.

Spoiler:

« Il est vrai que nous disposons à l’heure actuelle que d’un avant-poste digne de ce nom à Sanpuku. Il est vrai aussi que nous avons de petites garnisons dans chacune des grandes villes et villages, sans compter l’unité spéciale chargée de protéger Daitoshi. Mais… Ce n’est pas suffisant. Et je suis heureux de constater que tu réfléchis sur le moyen d’améliorer le niveau de sécurité global du pays. »

Je me caressais le menton. Les yeux rivés vers la cime des maisons en dessous de nous. Je réfléchissais à voix haute :

« Le maillage de la zone d’intervention du Kazai peut être renforcé. Cette idée d’augmenter les avants postes est bonne. En effet. Mais il nous faudrait en ce cas bien plus de shinobis formés et mobilisés au sein du Kazai en plus de moyens de localisation plus performants afin de vous permettre d’agir rapidement lorsque nécessaire. »

Je me tournais vers lui, le regard lumineux. Une idée venait de germer dans mon esprit, là, au fond, mais il restait à la formuler. Peut-être que lui aussi, était sur la même piste que moi ? Sur la même longueur d’onde ? Si c’était le cas, il saurait me compléter pour sûr !

Kisen écouta alors la réponse du Kage à sa proposition. Il fut ravi d’entendre que son supérieur appréciait son idée. Cela le réconfortait donc son envie de faire progresser le village par ses interventions. Sa réponse fut, comme on pouvait s’y attendre d’un homme comme lui, très constructive. Le jeune Bannin ne s’était pas réellement attarder sur les problèmes qu’ils pouvaient rencontrer dans un tel projet. Il réfléchit alors assez vite à des solutions pour régler le problème des effectifs du Kazai qui n’étaient actuellement pas suffisamment grands pour soutenir un tel projet.

- Comme vous le savez, nous disposons de shinobis possédants des capacités sensorielles dans l’unité. Malheureusement, ils ne sont pas nombreux, alors que les groupes comprenant l’un d’eux obtiennent de biens meilleurs résultats lors de la plupart des opérations. Ainsi je trouve qu’il serait intéressant d’encourager l’apprentissage de cette faculté chez les shinobis en formation et d’encourager également les actuels ninjas senseurs, qui ne travaillent pas déjà à la surveillance du village, à intégrer le Kazai.

Kisen savait qu’une telle demande était bien plus difficile à accepter qu’il n’y paraissait. En effet, les ninjas possédant des facultés sensorielles étaient assez rares et ils avaient leur utilité dans de nombreux domaines. Le jeune Bannin ne souhaitait pas dire que le Kazai était plus important que les autres opérations, mais il pensait réellement que la sécurité des villageois devait être la priorité. Il s’attaqua ensuite au problème d’effectif auquel il pensait avoir trouvé une solution possible.

- Il est également vrai que le Kazai ne compte actuellement pas suffisamment de membres pour assumer une telle opération. C’est pourquoi, j’ai eu l’idée que le Kazai pouvait réaliser ce projet en coopération avec une partie du reste des forces de Kumo disponibles. Ainsi les personnes qui le souhaitent pourront travailler avec l’unité, tout en recevant notre formation. Ils découvriront ainsi notre fonctionnement et pourront à l’avenir, rejoindre l’unité ou tout simplement travailler à nouveau en coopération avec nous sur de futures missions en étant plus performants. Le Kazai pourrait même organiser des stages de formation pour les jeunes genins ou les académiciens qui souhaitent progresser plus vite.

Kisen avait lancé toute une série de proposition, cela faisait beaucoup et il s’arrêta là pour ne pas paraître perdu par son interlocuteur.

Échanger avec ses hommes offre d’indéniables avantages. En plus de se faire une idée plus précise de leurs valeurs, de leurs modes de pensées, de leurs aspirations, on peut tenter, par la simple discussion d’évaluer leurs capacités. Celui que j’avais en face de moi, me prouvait, une fois de plus, qu’il disposait d’une certaine vision. Le strict minimum pour qui postulais, même indirectement, aux plus grands rôles à venir au sein du village. Le géant, lui semblait disposer d’un minimum de capacités à se projeter vers l’avenir afin d’orienter les choses, dans le présent, pour atteindre son objectif. Et, chose que j’appréciais réellement, est qu’il ne se trompait pas, pour le moment, dans ses propositions. J’ai le défaut de penser fortement que je suis une sorte de régulateur. C’est à moi qu’il incombe de faire la part des choses, jusque dans les idées de mes collaborateurs ; qu’ils soient proches ou éloignés.

Cette idée de former plus de senseurs… Fabuleux ! J’y pensais vaguement, mais jusque-là, je n’en avais pas fait ma priorité. Il est vrai que Kumo ne disposait pas assez de senseurs. Il y en a du côté des PNJ, certes ! Mais côté PJ… Laissez-moi vérifier une dernière fois… Non, je crois qu’il n’y en a aucun. Ma foi ! Belle idée. Mais comment dans la réalité, influer sur cet objectif ? Comment le matérialiser en activité afin de disposer de kumojins aptes à sentir la présence d’intrus ? Comment ? Car ce qui motive quelqu’un à choisir un PS ou une spécialité quelconque, c’est d’abord une attirance vis-à-vis de ce PS ou de cette spécialité. Un senseur non épanoui en sensorialité… C’est un ninja mort-né !

« Excellente proposition ! Je vais en toucher un mot aux professeurs à l’Académie. Il nous faut plus de senseurs globalement. »

Je repensais aux différentes unités de Kumo. Certaines d’entre elles, inconnues du Bras droit du Kazai avaient aussi besoin d’être dotées en shinobis senseurs. Je hochais la tête. Un épervier tournoyait, haut dans le ciel, au-dessus du village. De là où je me trouvais, je pouvais, avec un minimum de concentration, entendre jusqu’au battement de ses ailes. Si cet oiseau était un oiseau espion, je n’aurai jamais pu le savoir avec mon pouvoir, cependant, un senseur, lui, aurait eu plus de chances. Reporté en situation terrain… Je secouais légèrement la tête en signe d'affirmation. Oui ! La priorité devait être donnée à la formation des senseurs.

« Pourrais-tu te charger de visiter le pays et me proposer des lieux pour implanter des avants postes du Kazai ? Tsukioyo Koémi est actuellement au village, lorsque tu la verras, demande lui de t’appuyer. Elle m’a aidé à améliorer l’aspect détection d’intrus et surveillance du village sur lequel travaille le Chokkatsu actuellement. Je vous charge de ce chantier. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, tu me feras signe. J’en parlerai de moi-même à Koémi bien entendu. »

Je lui faisais un sourire entendu. Pour ce qui est des nouvelles recrues du Kazai, oui, globalement j’étais pour.

« Je vais augmenter le nombre de shinobis affectés au Kazai. D’ailleurs pourquoi ne pas en faire un passage obligé pour nos jeunes recrues ? »

Je réfléchissais à voix haute pour cette seconde idée que je venais d’exprimer. Sourcils fronçés, regard rivé vers le sol, je réfléchissais aux avantages et inconvénients imaginables d’une telle mesure.

Le jeune Bannin était vraiment content que son Kage fut d’accord avec ses idées. Il se sentait réellement écouté alors qu’il n’avait pensé que son avis pouvait être apprécié par les autorités du village. Cela le réconfortait dans les projets qu’il avait pour le futur. Il fut content d’entendre que le Kage allait essayer d’augmenter le nombre de ninja senseur dans le village. C’était vraiment important pour certaines missions et cela pouvait même être un avantage lors d’un combat. Il écouta ensuite Zennosuke lui demander de s’occuper personnellement de l’opération des avants-postes, avec l’aide de Koémi, son ancienne chef d’équipe. Il était ravi, sachant qu’elle était une kunoichi remarquable malgré son jeune âge, le surpassant dans de nombreux domaines.

- Très bien, j’ai déjà quelques idées d’avants-postes, j’en discuterai avec Koémi, et j’irai voir sur place les possibilités que nous avons réellement.

Le Raikage fit alors une proposition surprenante, celle d’obliger les jeunes recrues à travailler pour le Kazai quelques temps. Kisen ne comprenait pas vraiment cette idée, elle pouvait évidement régler le problème d’effectif, mais pas de la meilleure manière qui soit. Il n’hésita donc pas à aller à l’encontre des dires de son supérieur.

- A vrai dire, je ne pense pas qu’un passage obligé soit la meilleure des solutions. Travailler au Kazai n’est pas comme n’importe quel autre travail, cela requiert une dévotion particulière à la sécurité du village. Et même si je ne doute pas que chaque ninja de Kumo est dévoué au village, je pense que les forcer à travailler avec nous ne sera pas forcément très productif. Par contre, il est évident que le Kazai doit être plus impliqué dans la vie quotidienne du village pour augmenter sa réputation et ainsi être plus attractif pour les shinobis. Tous les shinobis ne recherchent pas la gloire, mais ils sont nombreux et s’ils pensent que le Kazai peut la leur offrir, alors ils viendront d’eux-même.

Ce n’était pas réellement une proposition, Kisen le savait, il n’avançait aucune idée précise car il n’en avait pas vraiment mais il savait qu’il y avait plein de possibilités différentes pour atteindre ces objectifs.

J’avais bien fait de formuler cette dernière hypothèse à voix haute. Déjà, sans trop entrer dans les détails, je percevais la vision que pouvait en avoir Bannin Kisen. Il était actuellement le cœur du Kazai, en l’absence de Kadoria Sho. Kisen aborda une des missions particulière du Kazai, laquelle mission faisait d’elle ce qu’elle était : une unité spéciale. Il ne s’agit de rien d’autre que de l’important rôle de protection du village lequel rôle était intimement lié aux missions d’une autre unité beaucoup moins connue : le Chokkatsu.

« Oui, tu as certainement raison. Je ne faisais que réfléchir à voix haute et tu me confortes à ne pas prendre à la légère une décision de ce type. »

Je me caressais le menton en poursuivant une certaine réflexion au fond de moi-même. Je me devais de protéger ces unités créées depuis trop peu longtemps au sein du village. Certes. Mais l’aide des principaux acteurs que j’y ai placé est d’une importance capitale. C’est à eux d’écrire les lettres d’or de ces unités par leurs actes. En ce qui concerne le Kazai, il faut avouer que Kadoria Sho, ne m’aidait pas vraiment pour le moment. Une disparition quelques moins après avoir été nommé.

« Bon ! On a eu une belle discussion. Je suis content d’avoir échangé avec toi à ce propos… Si tu n’as aucune requête particulière, je vais m’en aller. »

J’attendis un moment, puis je lui glissais :

« Je vais te faire parvenir la liste des shinobis nouvellement affectés au Kazai. Il y en a quelques-uns que je crois pouvoir faire de bonnes recrues pour cette unité. »

Je le saluais une dernière fois, puis je m’en allais.
Une fois arrivé au palais. Un parchemin, le sceau du village, de quoi écrire et voilà le décret d’affectation prêt à être publié et notifié aux intéressés.

Lettre d'affectation au Kazai:

La discussion entre les deux se poursuivait alors que le village restait paisible. Le Bannin était ravi de la conversation qu’il avait avec Zennosuke, ce dernier, comme on pouvait l’attendre d’un Kage, était à l’écoute des suggestions de ses hommes. Savoir accepter les idées des autres était une qualité nécessaire pour être un bon dirigeant.

- Ce fut un plaisir d’avoir pu discuter avec vous !

Des nouvelles recrues allaient dont arriver au Kazai. C’était une bonne nouvelle pour le Bannin qui devait de temps à autre gérer des problèmes de manque d’effectif dans ses rangs. Il n’espérait pas particulièrement que ces recrues soient particulièrement fortes, ce n’était pas le plus important. Ce qui comptait le plus était qu’elles soient vraiment motivées à travailler dans l’unité. La motivation était bien plus important, une personne prête à sacrifier sa vie pour le village avait beaucoup plus de valeur que toute autre personne quelque soit son niveau.

Zennosuke décida ensuite de s’en aller, la conversation était terminée. Kisen regarda son supérieur partir avant de reporter son attention sur les portes du village, sa surveillance pouvait recommencer.

Malgré la confiance qu'il lui portait, Kisen avait décidé de ne pas parler tout de suite de l’ancien village des Bannin qu’il rénovait. Il savait que cela pouvait être un lieu utile au village, mais il préférait attendre la fin des rénovations avant de révéler son projet au grand jour. Mise à part les membres de son clan, seul Yukita Eiko avait eu l’opportunité de visiter le lieu. Le secret régnait donc encore quant à la localisation de l’endroit. D’ailleurs, Kisen était persuadé que la plupart d’entre eux aurait des difficultés à retrouver le chemin parmi le labyrinthe de tunnel qui s’y trouvait.

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Une discusion nécessaire [Zennosuke]

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