Flashback :
Nous avions quitté le lieu de rencontre avec Konoha, à quelques encablures de l’avant-poste du Shoraizen. J’avais donné un ordre et, immédiatement, nous nous étions tous repliés, filant en direction de la frontière entre Yu no Kuni et Shimo. Je voulais qu’on aille le plus vite possible et qu’on évite de se faire pister d’une manière ou d’une autre. Ce grand homme aux allures de guerrier, celui-là qui s’était approché d’Hasaki. Je ne sais pas quels étaient ses pouvoirs, mais dans le doute… Sans compter tous ces insectes de l’Aburame dans la zone où nous nous trouvions. Mes oreilles bourdonnaient encore de leurs bruits significatifs.

Ce n’est que lorsque nous sommes arrivés au lieu de repli, que j’ordonnais que l’on stoppa tout mouvement. Je demandais que tout le monde vérifie la présence de toute chose, toute matière, tout être aussi minuscule soit-il sur nous. Nous avions là différentes spécialités dans notre troupe. Ces vérifications allaient certainement prendre du temps, mais elles étaient nécessaires. Pendant que cela était fait, j’écoutais plus attentivement les alentours. Il me semblait qu’il n’y avait aucune interférence, que personne ne venait et que j’étais éloigné de tous ces satanés insectes de l’Aburame. Il y en avait d’autres ici, certes, mais leur sonorité semblait différente.

« Taiyo, finis-en avec cet homme que l’on sache s’il nous sera d’une quelconque utilité ou pas. »

J’indiquais le prisonnier. Konoha nous avait tout bonnement interrompus dans notre manœuvre militaire, mais nous étions repartis avec cet homme. Il allait nous permettre d'en savoir plus. Je regardais le visage de mes hommes. Ils semblaient plutôt zen. Mais, je sais qu’au fond d’eux, ils devaient être en plein questionnements. Un peu comme moi, je l’avais été après l’épisode du Temple de Kyuubi. A la différence, que j’eu vite fait de relativiser. J’avais joué mon rôle, ce jour-là. Et je ne regrettais rien. Pas plus que je ne regrettais ce qui s’était passé il y a quelques heures avec Konoha. Pour que mes hommes, puissent tourner la page, il faudrait que je leur explique plus en profondeur.

« J’imagine que vous n’avez probablement pas compris tout ce qui s’est passé. Je me dois de vous donner des explications, kumojins. Notre opération avait pour but de localiser la base du Shoraizen et la détruire, en plus de massacrer le maximum, sinon la totalité de ses membres. Pour cela, nul besoin d’une armée. Une unité d’élite, comme la vôtre aurait suffi. Une attaque initiale dont je me serais chargé et le reste, un massacre en profitant du chaos et de leur incompréhension. »

Je prononçais tous ces mots avec la plus grande froideur. Et je lisais dans leurs regards. Les membres du Satoru, étaient stoïques. La chose semblait un poil différente pour les deux jeunots de l’équipe. Mais c’était normal. Ils étaient les moins expérimentés, même s’ils débordaient d’avenir.

« Vous l’avez constaté, Konoha également était sur l’opération Shoraizen. Ironie du sort, nous avons décidé d’agir au même moment. Seulement, vous l’avez compris, les konohajins ont pour objectif de récupérer certains de leurs déserteurs ayant rejoint le Shoraizen et de massacrer le reste; ceux qui s'opposeraient à ce retour. »

Une courte pause. Si Konoha avait sa vision des choses, Kumo en avait une toute autre. Et c'est cela qui avait justifié notre aparté, Aburame Miko et moi.

« J’ai discuté d’un éventuel assaut coordonné sur le Shoraizen, mais les relations entre Kumo et Konoha se sont détériorées à un tel point que la confiance n’est plus de mise. Le plan qu’elle a proposé ne me convenait pas, car il retirait tout le pan discrétion de l’approche que j’avais souhaité. Kumo n’a aucune discussion à mener avec le Shoraizen, contrairement à Konoha. Dans la mesure où la tension grimpait entre nos deux groupes et que visiblement les konohajins étaient prêts à nous combattre sans raison logique, j’ai préféré éviter le bain de sang et un sacrifice inutile pour une cause qui ne vaut pas la peine qu'une guerre soit déclenchée entre nos deux nations. Les konohajins se chargeront de la question Shoraizen. Si le travail n’est pas correctement fait, nous aviserons. »

Je venais de donner la version de Kumo. Il me semblait que c’était nécessaire. Il restait cependant des zones d’ombres. Tel que le pourquoi fondamental de cette opération, ou d’autres questions encore.

« J’imagine qu’une question reste encore sans réponse : pourquoi le Shoraizen ? Au cas où ce ne serait pas clair. Le Shoraizen, à travers son chef et ses membres, s’en sont pris à Kumo plusieurs fois. Lors de l'affaire du Temple, en tuant des innocents au nom de Kumo ; lors de l’assaut de Sabakyô Seito à Kaminari no Kuni, en entraînant la désertions de certains anciens kumojins, et j'en passe. »

J’espérais avoir été clair. Kumo n’est pas Konoha. Nous n’avons pas avoir d’états d’âmes pour une question devant être abordée sur le seul plan militaire. Le Shoraizen est une gangrène qu’il faut éliminer. Cette question me hante depuis belle lurette, seulement, ce n’est que récemment, grâce à ce kunai, que j’ai pu avancer à grand pas vers la résolution de ce problème. C’est ce kunai qui nous a permis de savoir où se situe cette satanée base. J'ai voulu agir rapidement et ironie du sort, ce que je pensais être la base principale n'était autre qu'un avant-poste. A présent, nous avons des certitudes. La base se trouve en plein Yu no Kuni. Un avant-poste n’est jamais très éloigné du lieu qu’il protège. De plus, Konoha, qui dispose d’informations précises sur le Shoraizen, s’est trouvé là, dans ce pays, avec un objectif à moitié similaire au notre.

Je portais mon regard vers le prisonnier. Il se mettait à parler. Il se mettait à table comme on dit dans le jargon. Contrairement à ce que l’Aburame avait raconté, il n’y avait nulle marque qui l’empêchait de donner des informations. Bien au contraire. Plusieurs minutes après que l’attentionné Taiyo lui eut démontré une palette de ses méthodes de persuasion, le prisonnier nous livra la position de la véritable base du Shoraizen.

Très bien. J’enverrais un éclair sur ce lieu, plus tard. Après que Konoha ait terminé ses manœuvres histoire d’éviter toute brouille inutile avec la Feuille. Pour l’heure, nous avions encore à traverser Shimo no Kuni.


Retour au présent :
De retour à Kumogakure no Sato. De retour, dans un état que j’imaginais différemment. Mais surtout, de retour bien trop rapidement. J’eus un sourire. C’était un échec, pour dire vrai. Mais dans tout échec, quelque chose de bon est à tirer. A présent, nous avions la certitude que nos relations avec la Feuille étaient presque impossible à redresser. Du moins, dans le contexte actuel. Les choses auraient pourtant pu se passer autrement. Si… Si… Si…

Nul regret à avoir cependant. Dès lors que les visions ne sont plus les mêmes, il est préférable de se séparer.

Je passais les portes du village et d’un pas leste, je me dirigeais vers le palais, vers cet endroit à partir duquel, je pourrais improviser une annonce nécessaire. Quelques minutes plus tard, je me trouvais là sur le balcon où j’avais annoncé, au début de ma prise de pouvoir, la libération des Genins qui ne se sentaient pas réellement kumojins. Une décision que je ne regrettais pas le moins du monde. C’était ma vision pour Kumo que j’avais réalisé ce jour-là. Je préfère un Kumo avec peu de membres dévoués jusqu’à la mort, qu’une foule de shinobis prêts à démontrer leur manque de loyauté à la première occasion. Construire un village fort passe par ces sacrifices. Du moins, à mes yeux.

Des badauds s’étaient rassemblés à ma vue. Le peuple kumojin n’avait pas été prévenu, mais qu’importe. Tous entendraient mon message. J’étais assez doué pour me faire entendre de tous les kumojins.

« Kumojins ! Seki Zennosuke, requiert votre attention. Suite à une opération en terres étrangères, une de nos escouades a pu rencontrer une escouade konohajine en ma présence. A la suite de nos échanges, force est de constater que les relations avec le village de la Feuille se sont énormément détériorées. Dès lors, les shinobis de Konoha ne sont plus à considérer comme des alliés. Ils entrent en catégorie 2. Vous êtes invités à adopter une attitude de stricte neutralité envers eux. En leur présence, soyez sur vos gardes, mais n’exprimez aucune animosité envers ces alliés d’antan. Jusqu’à nouvel ordre, je ne vous accorde que le droit de riposte. Ce sera tout. »

Ma voix avait porté dans tout le village. Le Kage que j’étais devait préparer ses hommes à un avenir proche sans la collaboration de Konoha ; collaboration, qui de fait, n’était plus effective depuis deux ans déjà.

A présent que l’arc Shoraizen était en passe d’être bouclé, les projets suivants pourraient être réalisés, je l’espère, du moins.