Il faisait chaud à l'Ergastule aujourd'hui. Très chaud, sous ses vêtements en tissu usés, une Rousse était assise dos contre un mur, le front suant à grosse goutte. Voilà maintenant quelques mois que la Belle s'était faite enfermée dans cette cage par l'homme qu'elle aimait. Le chagrin ne faisait que la consumer, la haine envers ce village ne faisait que s'attiser. A ses yeux, Jaden était probablement morte et tout ça c'était la faute d'Eichi et de toute sa joyeuse compagnie. Les larmes avaient cessés de couler. Désormais, Hasü tentait par tous les moyens d'améliorer sa condition physique, devenir plus forte pour pouvoir sortir vivante de ce nid de vipère. Et quand elle sortira... Elle fera le grand ménage. D'abord la Vampire, le Blond, Michiki et Eichi... La Chanteuse ferma les yeux un moment, puis secoua la tête de gauche à droite : Non. Pas Eichi. Elle n'y arriverait pas. Elle n'arriverait pas à trancher ce lien : le dernier lien d'amour qu'elle éprouvait pour une personne. Un lien solide. Pourquoi ? Elle même ne le savait pas. Il était pourtant celui qui l'avait à nouveau précipiter dans cet Enfer.

Depuis quelques temps Hasü se sentait malade. Nausée, fatigue, maux de tête et brûlures d'estomac étaient fréquents ces derniers mois. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait. La nourriture n'était pas fameuse et il arrivait parfois que l'Espionne se rabatte sur les insectes qui avaient le malheur de traverser sa cellule. Peut-être que la source de son problème se trouvait là ? Bref quoiqu'il en soit, la Belle en aurait le coeur net bientôt, puisque'elle n'allait pas tarder à avoir son examen médical. En effet, pour des raisons qu'elle ignorait encore, l'Ergastule envoyait de temps à autre certains détenus pour un examen médical dans une petite pièce située dans la prison elle même. Tous les prisonniers n'avaient pas droit à ce traitement. La rouquine faisait partie de ces quelques "privilégiés"... Encore une fois, l'Espionne n'avait aucune idée de pourquoi on lui donnait accès à cela. Suna souhaitait la garder en vie ? Là non plus une question où elle n'aurait pas de réponse.

C'est alors que son tour arriva. Deux gardes arrivèrent devant sa cellule. Après quelques brèves salutations entre frères d'armes, la porte de sa cage s'ouvrit et ses futurs escorteurs lui ordonnèrent de se lever. Ne se faisant pas prier, la DJ se remis sur ses jambes sans faire la moindre vague. La suite était similaire à toute les fois où elle devait quitter cette pièce à barreaux de confection Saibogu : On lui mettait les menottes anti-chakra et on l'emmenait en promenade à travers les allées de la prison souterraine alimentée par les râles, les cris et les rires déments des autres détenus. Des mains s'extrayaient de certaines cellules cherchant à toucher ou à s'emparer de certains membres accessible de la Belle. La concernée n'y faisait même plus attention. C'était devenu tellement courant que la rousse n'en était même plus étonnée ou effrayée. Prenant de nombreux tournants et passant par des couloirs qui se ressemblaient tous, le trio arriva à destination. Deux gardes étaient postés à chaque côtés de l'entrée. Ils saluèrent leurs camarades d'un hochement de tête. Finalement, les quatre shinobis entamèrent une petite discussion en ignorant totalement la détenue.

Ce n'est au bout que de quelques minutes, qu'une femme ouvrit la porte du cabinet médical.

— Mme Koken. Veuillez entrer, je vous prie.

C'est alors qu'elle réalisa que la détenue était menottée. Se tournant vers le quatuor, elle leur parla :

— Enlevez lui ses menottes.
— Euuuh... Vous z'êtes sûre Doc' ?

D'une poussée de l'index, elle recula ses lunettes sur l'arête de son nez, soupira puis répondit d'un air blasé :

— Faut-il réellement que je me répète ?

L'un des shinobis claqua sa langue, montrant son désaccord, mais s'exécuta tout de même. Un déclic métallique se fit entendre et Hasü sentit la pression sur ses poignets disparaître. Finalement, la Koken entra dans la pièce suivie de la toubib. La porte se ferma, montrant bien que désormais plus personne ne devait les déranger.

Invitant la captive à s'asseoir, la doctoresse prit elle aussi place derrière son bureau. Ses yeux étaient braqués sur des tas de paperasses. Les minutes passèrent, quand finalement, le silence fut rompu.

— Bon... Aux dernières nouvelles, vous n'aviez aucunes maladies. Voyons voir si aujourd'hui c'est toujours le cas.

Le duo se dirigea vers la table d'examen et l'auscultation commença. Ce n'était pas la première fois que la Belle rencontrait cette femme froide, très polie et pourtant si sarcastique qu'était le docteur Mikasa. Si on se fiait au peu de personne que la Sirène avait croisée ces derniers temps, on pourrait dire que cette Sunajin était l'individu qu'elle connaissait le mieux.

L'examen se termina rapidement. Impassible, la femme regagna son bureau et laissa le temps à sa patiente de se rhabiller. Une fois que cette dernière était de nouveau assise en face d'elle, elle se lança.

— Avez-vous des symptômes à déclarer autre que la fièvre ? Nausée, Brûlure d'estomac ?

Son regard était perçant derrière les verres de ses lunettes.

— Oui... Pourquoi ?
— Oh rassurez vous. Vous n'êtes pas malade pour un sou. Mais si ma déduction est correcte, vous êtes probablement...

D'un rire bref fut expulsé par la doctoresse.

— Et bien... Vous êtes probablement enceinte.

Hasü resta silencieuse pendant quelques secondes. Elle ? Elle attendait un enfant ? La surprise fit peu à peu place à la stupeur. Une seule question apparaissait dans son esprit : De qui tenait-elle le marmot ? Les événements de l'Ergastule étaient toujours solidement ancrés dans son esprit. Et vu ce qui s'était passé, elle pourrait très bien tenir un bambin de ces hommes qui ont abusés d'elle. Non. Ca sonnait faux. Tout cela s'était passé il y a bien longtemps maintenant, elle devrait déjà avoir un ventre bien plus volumineux. Enfin... C'est ce qu'elle pensait. Ses connaissances sur le sujet étaient un tantinet limité... Heureusement, elle avait un toubib à portée de main et cette dernière avait clairement compris ce qui tracassait notre protagoniste.

— Je comprends votre surprise. Je suis moi même étonnée que vous en soyez à votre sixième semaine. J'aurai du m'en rendre compte bien plus tôt...
— S-Six semaines ?

Sans s'en rendre véritablement compte, la rousse posa sa main sur son ventre. D'un geste, elle caressa cette partie de son anatomie. C'est vrai qu'il avait l'air légèrement plus courbé que d'ordinaire. Et c'était bien la première fois qu'elle le remarquait...

— Reste à savoir qui est le Père... A moins que vous ayez une petite idée ?

Les coudes posés sur la table, les doigts de ses deux mains entrelacés, la jeune femme chargée des soins au sein de l'Ergastule ne quittait plus le visage fatigué et suant de sa patiente. La Koken ne parlait plus. Elle avait sa petite idée mais qu'allait-il se passer si elle avouait. Il y avait de grande chance que cela se sache si elle disait qu'elle avait un enfant d'un Jonin de Suna... Et si c'était réellement le cas, elle le garderait. Elle espérait que ce bébé ressemblerait davantage à son Papa : Chevaleresque, ces mêmes yeux rouge et cette chevelure blanche, un coeur grand comme l'Océan...

La Koken étant toujours silencieuse, Dame Mikasa entreprit de continuer la conversation. Evidemment, elle n'était pas dupe. Elle savait que la Belle lui cachait quelque chose.

— J'ai lu tous les rapports de votre premier emprisonnement. Vous en avez bavé. Mais après 4 ans à bosser ici à soigner les pires criminels de Suna, j'peux vous dire que vous n'avez fait qu'effleurer la surface de nos méthodes de torture. Et je ne tiens pas à en utiliser d'autres rien que pour connaître le nom du géniteur du gosse que vous avez.

Elle n'avait pas sourcillé une seule fois et le ton de sa voix ne s'était pas modifié d'un iota, ce qui rendait cet instant encore plus angoissant pour la future mère.

— Je sais que vous connaissez le Père. Cette grossesse est trop récente pour être le résultat de ce qu'il s'est passé lors de votre première incarcération. De toute manière, je ferai part de cela dans mon rapport.
— Non ! Je vous en prie. Je ne veux pas que ça se sache... surtout pas que lui le sache.

La doctoresse soupira, réajusta ses lunettes sur son nez puis parla.

— Et puis quoi ? Vous allez éduquer l'enfant dans une cellule ? Soyez réaliste une seconde Mme Koken.

Hasü fut ramenée à la logique : Brutale et directe. Mais qu'allait-elle faire ? Comment réagirait le concerné, à savoir Eichi ? Elle voulait garder cet enfant. Le fruit de son amour pour cet homme qu'elle adorait. Si jamais ce dernier manifestait son désaccord, il l'a forcerait à avorter... Et ça il n'en était pas question ! La toubib croisa les bras et s'adossa davantage sur le dossier de son siège.

— Vous n'avez pas trente six mille solutions de toutes manières : Soit vous avortez. Soit le bébé naîtra, mais il sera placé en orphelinat, loin de vous. Nous lui cacherons que vous étiez sa mère et il grandira en ne connaissant rien de ses origines. Ou sinon vous me dîtes qui est le Père et si jamais il accepte, nous le lui confierons. Ce qui paraît logique après tout.

La triste vérité était tombée. Hasü ne savait pas quoi faire... Son enfant méritait quand même de vivre en connaissant qui était sa mère et qui est son père. Oui, c'était dur de se dire qu'elle allait perdre de vue son bébé dès qu'il naîtra...

— Il s'appelle Eichi...
— Vous pourriez préciser ?

Des larmes commencèrent à couler le long de sa joue lorsqu'elle continua :

— Wada Eichi... Un Jonin de Suna.

La doctoresse fronça les sourcils quelques instants, essayant de savoir si son interlocutrice lui mentait ou non. Finalement, elle reposa ses yeux sur la paperasse et s'attela à écrire quelques lignes.

— Très bien, Mme Koken. Vous pouvez disposer désormais.

C'est la boule au ventre que la Belle regagna sa cellule sous escorte. Qu'allait-il arriver à son enfant ? Allaient-ils la forcer à avorter ? Dans tous les cas, elle n'allaient pas se laisser faire ! C'était son bébé... Leur enfant.