Une simple journée, sur notre territoire. Yu no Kuni, un pays tranquille, dans lequel nous nous étions installés depuis un bon moment. La nouvelle commençait à se répandre, la tension grimpait facilement, même en interne. Et cela pouvait se comprendre. Nous avions beaucoup perdu. Et rester au sein même de la base était devenu un véritable enfer. Il était impossible de se poser, au calme. Non. Dans chaque parole, dans chaque action, on ressentait la pression émaner de tous ces gens. Tourner la page n’était pas chose aisée, je pouvais le comprendre, et ce mieux que quiconque. Seulement, ils ne m’aidaient pas à y parvenir.

Je profitais donc, de chaque moment libre, pour m’évader. Sortir de cet amas de tension, et prendre l’air. Voilà ce que je voulais. Me libérer, même quelques bref instants. Je n’étais pas le plus qualifié pour les rassurer. À vrai dire, j’avais moi-même bien assez du mal à me faire à l’idée qu’il n’était plus là. D’autres seront plus qualifié que moi pour faire le sale boulot, qu’est de réconforter les troupes. Là n’était pas mon rôle, après tout.

J’errai donc, sur nos terres. Dans quel but ? Aucun. Je ne m’attendais à rien de particulier. Seulement à passer un moment calme, sans trop d’ennui. Je m’éloignais de tout signe de vie, de quoi me ressourcer un peu. Et c’est dans un coin reculé du pays que j’arrivais. Non loin d’une source chaude naturelle, une grande clairière, et pourtant très peu connue et visitée, de par son isolement d’autres zones plus attractives, et accessibles. Un petit coin de paradis, que peu connaissaient. Idéal pour se ressourcer... enfin, c’est ce que l’on aurait pu penser.

Surprise, il semblerait qu’il y ait quelqu’un d’autre. Je ressentais une présence inconnue, à l’endroit où je me rendais. Intrigué, je continuais mes pas, sans crainte.

Un homme, blond, y était. Lame en main, il avait l’air de s’entraîner. Ici, un lieu d’entraînement ? Chacun avait une interprétation bien différente de l’environnement qui nous entoure. C’était bien étrange. Sans aucune retenue, je m’approchais de cet homme, l’observant de plus près. Je frappais dans mes mains trois brefs coups.

Jolis mouvements.

Je m’avançais davantage, ayant entamé la discussion. Pourquoi ? Comme ça. J’avoue avoir été intrigué par la fluidité de ses mouvements, lorsqu’il maniait son arme. C’était plaisant à voir, et démontrait un certain talent. À l’inverse, en ce qui concernait le combat rapproché, je n’étais qu’une simple brute. L’idée me déplaisait, mais je ne pouvais pas qualifier ce fait autrement.

Et le plus impressionnant, ce n’était pas le fait de manier juste cette épée. Non, j’étais plus intrigué par l’ensemble des lames qu’il portait sur lui. Là, cela pouvait être plus impressionnant.

Excusez mon irruption dans votre entraînement. J’étais juste... curieux de voir à l’oeuvre un tel style de combat. Faites, je vous en prie.

Une approche un peu particulière, mais qui avait le mérite de dire clairement la raison de ma venue ici. Un pur hasard. Tout. simplement. L’idée était plus de me changer les idées, que d’aller chercher des noises à quiconque. Et puis, je ne sais pourquoi je ferai ça.

Après trois jours d’attente dans la ville de Chakagai, j’ai décidé de quitter l’enceinte des murs pour visiter les montagnes environnantes. Laissant derrière mon Boke à l’étable et un message aux gardes de l’entrée pour mon commerçant ambulant, je me dirige vers le côté Ouest de la région. Sans me hâter plus que nécessaire, je marche le long de grands monts jusqu’à arriver dans une partie clairsemée. Surpris de l’environnement chaud et invitant, j’y dépose mes deux carquois dans lesquels se trouvent des dizaines de lames différentes. Je fais le tour rapidement de la zone et, voyons bien que je suis seul, je décide de prendre le temps pour me ressourcer.

Dénudant mon torse, révélant mes tatouages diverses, je prends position. Lentement, j’extirpe Froideur de son fourreau et, sans même y penser, succède les attaques, envoyant de petites rafales de vent causées par mon aura. Mes yeux sont fermés durant cette méditation, me concentrant plutôt sur mon esprit que sur mon environnement.
Trois petits clappements rapidement suivis par une courte phrase.

« Oh! » Est mon unique réaction alors que, lentement, j’expire et range mon sabre dans son fourreau.

Un homme aux cheveux blancs, comme ceux de Kibo, et aux vêtements noirs s’avance dans ma direction. Il m’explique qu’il est simplement intéressé à mon style, à mon entraînement. Un sourire apparaît et je baisse un peu ma tête, respectueusement, chuchotant le mot « merci » de bout des lèvres.

Retournant mon regard vers lui, je remarque que ses iris pointent vers mes étuis. Dès ce moment, je réalise qu'il est intéressé, comme plusieurs personnes, au nombre de Katanas que je possède.

« Oh! » Répétais-je. « Oui, bien sûr, je peux vous montrer. C’est un style bien à moi. »

J’attrape un des deux carquois par sa bandoulière. Je fais quelques pas vers une grosse roche. Je souffle pendant une seconde et me lance vers l’arrière. Je pivote en même temps, balançant mon poids d’un côté et utilisant cet élan pour basculer l’ouverture de mon petit carquois duquel s’envolent plusieurs sabres. Ces armes se plantent toutes dans la pierre. Je termine mon acrobatie à quelques pas.

« Voilà. J’utilise plusieurs sabres en même temps pour les envoyer sur une ou plusieurs cibles! »

Je souris à l’étranger en déposant mon étui au sol. Rapidement, j'enlève la sueur de mon visage causé par l'effort et la source chaude à l'aide de mon chandail avant de l'enfiler de nouveau. Je m’assois sur mon carquois et présente, de la main, l’autre à l’homme, l’invitant ainsi à prendre place.

« Êtes-vous un amateur de sabres, dites-moi, monsieur? »