Après avoir quitté mon monastère, je savais que la vie ne serait pas facile pour un homme comme moi. Jeune, inexpérimenté, il allait me falloir comprendre le monde et m’y accoutumer. Néanmoins, j’avais toute la théorie humainement assimilable à l’intérieur de ma tête. En effet, j’avais lu tellement d’histoires, développer si bien mes sens et ma culture que rien de ce qui appartenait à l’Histoire ne m’échappait. J’étais pour ainsi dire, presque une encyclopédie infaillible, un gouffre de savoir. Néanmoins, j’avais en moi ce côté inédit que j’avais découvert. Ce côté tout sauf théologique et qu’il allait falloir que je maitrise. Je fis donc route vers l’inconnu. Suivant les sentiers les plus imposants, ceux qui semblaient mener aux plus grandes villes, je traversais vallées et champs agricoles. Sur mon chemin, je ne fis la rencontre que d’individus méfiants. Devant mes vêtements de moine et mes airs d’ancien combattant, il se méfiait presque par instinct. J’avais eu le temps de laisser une barbe pousser sur mon visage vieilli par les heures de méditation et l’entrainement aux arts de Maskine. J’avais donc le faciès de ces vétérans de grandes batailles, mi héros, mi vagabonds.

Mes sentiers de pierres et de marbres m’ont amenés jusque dans ce nouveau pays que je ne connaissais pas encore. D’après les pancartes que je croisais ici et là, il s’agissait de Yu no Kuni. J’avais fait mon entrée par le Nord et avait suivi pendant une longue journée le cours du fleuve. Celui-ci ne semblait tout d’abord mener qu’à plus de végétation mais au final, me fit me rapprocher d’une sorte de ville portuaire. Au premier abord, il devait s’agir de la ville portuaire de Chiheisen. Cette dernière, j’en avais entendu parler, était la seule ville de Yu économiquement prospère puisqu’elle se trouvait sur le littoral. Ainsi le pays dépendait principalement de son commerce et cela faisait donc de la métropole un lieu de rassemblement de masse pour tous les voyageurs. Je me dis qu’il ne serait sans doute pas une si mauvaise idée de me fondre dans la foule de cette immense agglomération. Mais en me rapprochant, je me rendis compte que la ville n’était pas si grande que cela. Moi qui prenais les villes humaines pour de véritables champs de maisons s’étendant à perte de vue, je fus bien déçu.

Finalement, je me complus relativement bien dans ces petites ruelles, dans ces avenues et entre ces magasins attrape touristes dans lesquels je dépensais plusieurs de mes Ryos durement volés à quelques hommes bien trop fortunés. Néanmoins la nuit tomba bien vite et les rues commencèrent à se vider. Très vite, il n’y eut plus personne à part les ivrognes et quelques musiciens espérant faire de la soirée une période plus douce. Quelques secondes je m’arrêtais devant l’un d’eux et lui lançai une pièce. Cependant l’une de ses chansons, ou plutôt l’un de ses accords, réveilla en moi ce sentiment de colère, de mélancolie et d’amertume. Mes frères étaient morts, je m’en contrefoutais un peu. Mais j’étais en colère de ne pas avoir vécu jusque là à cause d’eux. Ou en réalité, je ne savais pas vraiment pourquoi j’étais en colère.

Je tournais la tête, là-bas, au loin, je vis une pancarte indiquant en grand le mot taverne. Je n’avais bu de l’alcool qu’en cachète au monastère, mais j’avais l’âge et terriblement envie. Alors je cessais d’écouter le musicien et je fis route vers ce fameux établissement. Sans une once d’hésitation, je poussais la porte et fis mon entrée. Un léger regard circulaire autour de moi, je comptais dans l’établissement un total de cinq individus. Au comptoir, un homme dont l’habit était relativement exotique, peu commun. Sur une table, trois hommes donnant l’impression d’avoir déjà terminé l’ensemble des chopes en magasins et enfin, prostrée dans un coin de la pièce, une jeune fille. Blonde, des yeux verts, elle semblait vouloir qu’on l’ignore. Elle portait un jean découpé et une chemise rouge au dessus d’un T-shirt noire. Elle essayait de le cacher, mais elle était d’une très gracieuse beauté. Une poitrine assez remplie, des joues toutes blanches, elle représentais certainement un fantasme pour beaucoup des membres de la gente masculine. Même moi, je devais l’avouer, elle ne me laissait pas indifférent.

Je pris ma décision presque instantanément : sans trop me demander pourquoi, je fis route vers le comptoir. Derrière ce dernier, le tavernier faisait ce que tous les barmen font toujours ; il lavait l’intérieur d’un verre avec un chiffon spécial. Je lui jetais un petit regard tout en m’asseyant et il sembla comprendre. Il vint vers moi et me demanda ce que je désirais consommer. Je lui fis un léger geste de la main, lui montrant une bouteille dans son dos. Il se retourna et empoigna la dite bouteille. Il y avait dessus les emblèmes de mon monastère. Un instant je souris, et lui aussi, la bouteille était pleine, personne ne devait prendre ce genre d’alcool par ici. C’était à la fois peu fort et particulièrement singulier au niveau du goût.

« Que viens faire cette jeune colombe dans un endroit comme celui-ci ? »

« Aucune idée. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est là depuis quelques minutes seulement et qu’elle à déjà l’air d’émoustiller quelques gars. »

Il me montra d’un mouvement de tête le groupe de messieurs assis à leurs tables. Ils avaient troqués leurs calambours et leurs regards fraternels pour quelque chose de plus sensuel. Ils fixaient tous la jeune fille avec un œil vicieux. Ils la déshabillaient pratiquement du regard et cela me gêna quelques peu. Mais ce n’était pas le moment de faire une scène ou de m’immiscer dans les affaires des autres.

Près de moi, le dernier inconnu ouvra la bouche, il dit quelque chose de manière voilée et il attira mon attention. Un regard jeté lentement vers lui tandis que mon verre se remplissait près de moi, je compris que ce n’était pas n’importe quel ivrogne.

« Je suis Guerre, vous êtes un habitué ? »

- Que viens faire cette jeune colombe dans un endroit comme celui-ci ?

- Aucune idée. Tout ce que je sais, c’est qu’elle est là depuis quelques minutes seulement et qu’elle à déjà l’air d’émoustiller quelques gars.

* Enfin une tenue plus adéquate *

- Qu'est-ce tu fais là minus ? Elle est hips... où la bl...