Musique ♫:

Alors, après tant d'obstacles, tant d’affres, de patiences et d'afflictions j'y étais finalement parvenu. Le rêve d'une vie était à portée. La liberté dans toute sa splendeur me tendait les bras. Et moi j'étais là, à l'extérieur du village juste à côté de la voix illusionné, achevant les derniers préparatif pour mon long voyage. J'avais passé plus de deux semaines à tous mettre en place et à m'assurer que mon équipement serait opérationnel le moment venu. Occupée à vérifier si les deux moteurs de ma moto ne manquaient de rien, je ne prêtai que peu attention aux équipes sortant du village pour partir en mission. Tout ce qui m'importait était mon voyage et puis ce rêve que j'avais, semble t-il, voulue oublier...

Les événements de ces derniers temps m'avaient profondément marqué. Chaque jour je pensai à Yami, et chaque jour je ne pouvais m'empêcher d'éprouver des remords à son égard. Hésitant à plusieurs reprises à faire marche arrière. Je n'avais pas non plus revu Shinji depuis notre escapade dans le désert, mais je lui faisais confiance pour remettre sa vie en ordre. J'étais désormais consciente de tous les tourments qu'ils avaient jadis suscité en moi, pourtant, je ne pouvais m'empêcher de m'en vouloir à moi-même et uniquement à moi-même. D'une certaine façon j'avais été la cause de tous ces problèmes. Si je n'avais jamais existe, sans doute que bon nombres de personnes se porteraient mieux. Mais, plus que tout, je ne pouvais m'empêcher d'aimer ceux que je considérai avant tout comme des amis proches. Cette famille que je mettais efforcée à construire... J'avais finis par la briser. Désormais, je ne voulais plus qu'ils souffrent par ma faute et cette mission était plus que bienvenue pour me permettre de prendre mes distances. Chacun recevrait une lettre de ma part une fois partie. J'avais tant de choses à leur faire part sans pour autant avoir le courage de leur dire en face. Je tenais aussi éviter les «  au-revoir  » et toutes autres situations gênantes. Non pas que je le souhaitai guère, mais simplement parce que je n'en avais aucunement le courage. Honteuse de mon passé, j'aurais été incapable de soutenir leur regard à tous les deux...

Je relevai la tête, puis fut soudainement éblouie par le déchaînement de l'aube resplendissante sur le lointain horizon de l'est. Les feux sanctificateurs de l'astre diurne apposaient leur marque incandescente sur le désert de sable chaud qui s'étendait à perte de vue. D'une certaine façon, ce paysage illustrait bien notre nation. Non pas pour son côté infertile, mais bien pour ce qu'il était réellement, avec ses dunes en perpétuels changements poussées par le vent. Tel était Kaze, évoluant, changeant, encore et toujours. Cette constance mut par le souffle divin de l'existence bouleversait chaque jour le monde qui nous entourait, le rendant, tantôt méconnaissable, tantôt dangereux, tantôt merveilleux avec ses grains de sable d'or qui reflétaient les lueurs du soleil levant et couchant. Ainsi, à l'aube de ce jour et de ce grand départ, je réalisai à quel point j'aimais mon pays et qu'il serait toujours à mes yeux une destination de retour.

Un fois mon véhicule inspecté je vérifiais la longue liste de mes affaires. J'avais suffisamment de vivre pour tenir deux bonnes semaines, il me faudrait par la suite improviser sur place ou en racheter, contrairement à mon stock d'armes et de minutions qui ne pourrait être renouvelé. J'avais de quoi endurer plusieurs affrontement, mais il me faudrait à tout prix les éviter si je ne voulais pas finir démunie contre de puissants adversaires. J’admettais éprouver une certaine crainte à cet égard. Le monde dans lequel je vivais était profondément instable, ébranlé maintes et maintes fois par les conflits ainsi que la guerre. Il mettait donc impossible d'anticiper l'ensemble des dangers auxquels il me faudrait faire face. La mission que m'avait confié Zanshi était des plus périlleuses, beaucoup de shinobi pourrait ne pas y survivre. Je savais cependant que ma Sensei avait confiance en moi et en mes capacités. Et comme j'avais confiance en elle, je me devais de d'écouter et d'obéir.

En effet, l'équipement que j'avais mit au point me plaçait en tête de liste parmi l'ensemble des sunajin pour cette tâche. Si tel en était le succès, alors notre village se retrouverait en possession d'un atout indéniable pour l'avenir. Mesurer l'ampleur ainsi que les conséquences que cette mission pourrait avoir me rendait toujours plus nerveuse, mais aussi toujours plus déterminée. Posant mes lunettes de soleil sur mon nez, j'avisais le lointain horizon avec un engouement certain. Là-bas se trouvait mon premier objectif, à savoir le pays des Rivières. J'enfourchai mon moto puis pressai l'accélérateur afin de démarrer le double moteur à galet cinétique raiton de la machine. Ainsi partis-je à vive allure, transcendant l'étendue de sable et le soleil de l'aube qui frappait mon visage. Durant un instant d'hésitation, je tournai la tête en arrière, avisant alors le village qui s'éloignait de plus en plus. Je ne pus alors m'empêcher de passer à tous ceux que je laissai derrière moi avant de retourner mon attention vers ma destination. Je ne pus m'empêcher de me demander si toute mon histoire avait vraiment un sens. Me demandant alors si, m'éloignant ainsi de mon patrie j'étais vraiment en train de poursuivre quelque chose ou d'en fuir une autre ?