Hi no Kuni. Voilà un Pays qui pesait lourd dans la balance des bénéfices. La bourse plutôt fournie qui se trouvait dans la creux de la main d'Hasü en était la preuve. Le Public de ce pays l'adorait et c'était pas plus mal. Elle avait traversé pas mal d'auberge depuis qu'elle avait franchit la frontière qui séparait Kawa du Feu, et à chaque coup c'était une pluie de Ryos. Si ça continuait, elle serait plus riche qu'un noble. Un comble quand on savait qu'elle avait commencé du "Bottom". Fille d'aubergiste, Hasü n'avait jamais été aussi couverte d'or. Bientôt elle ne tarderait pas à chanter à des réceptions du Daimyo ! Des étoiles pleins les yeux, la jeune femme continua son chemin vers sa prochaine destination. Si sa carte ne lui jouait pas de tour, la prochaine cité se trouvait à quelques dizaines de kilomètres de sa position. D'un regard blasé, la rouquine dût se rendre à l'évidence : Elle n'arriverait pas à arriver avant le coucher du Soleil. Poussant un soupir, Hasü dévia de la route et partit à la recherche de la rivière. Le clapotements de l'eau était assez fort pour que l'on puisse l'entendre du chemin. Guidée par ce son, la DJ n'eut aucun mal à trouver quelques minutes plus tard, la source aquatique. Les arbres agissant comme une protection solaire naturelle, l'endroit restait frais et aéré. Un endroit parfait pour établir un camp de fortune.

Posant son sac contre un arbre, la jeune femme en sorti alors de la viande séchée ainsi que quelques fruits. Ne souhaitant pas s'encombrer pendant son déjeuner, la jeune femme laissa son imposante bourse dans son paquetage, soigneusement rangé dans une des nombreuses poches de ce magnifique sac de voyage. C'est donc là, posée, au calme, que notre protagoniste appréciait son repas devant un paysage idyllique. Les carpes Koi nageaient tranquillement au fond de cette étendue aqueuse et remontaient de temps à autre à la surface histoire de déguster les quelques morceaux de bouffe que lançait la Koken à leurs adresses. Ce pays était vraiment différent de Kawa. On s'y sentait bien mieux. L'air était différent, la culture n'avait strictement rien à voir. Que ce soit en cuisine ou même au niveau de la religion, le Feu n'avait rien à voir avec sa terre natale. Et sans mentir, elle se plaisait bien mieux ici ! C'est alors qu'elle entendit un tintement. Se retournant aussi vite qu'elle le put, elle aperçue une ombre s'emparer de son sac. Sans demander ses restes, la silhouette fila à une vitesse insoupçonnée.

— Hey là ! Gros bâtard, reviens par là !

Alors là ! Ce gars était allé trop loin ! Personne ne prenait les ryos de la Rouquine, à moins d'avoir un katana ou autres armes potentiellement dangereuses ! N'ayant pas l'air d'avoir ce genre d'outil sur lui, la DJ se lança à sa poursuite. Difficile de courir avec des talons, pourtant notre protagoniste ne semblait pas avoir de difficultés à suivre le voleur. Elle arriva même à partir d'un certain moment à se rapprocher du pickpocket.

— Enfoiré ! Quand j't'aurais attrapé, j'te ferais bouffer tes...

Pas le temps de finir que notre protagoniste se mangea le tronc d'un arbre. Plus énervée que jamais, la jeune femme accéléra davantage balançant ses talons à travers la végétation. Finalement cette course à travers la forêt la mena à nouveau sur la route. C'est alors qu'elle vit un gars. Voleur ou pas, cet homme avait sûrement vu quelque chose.

— Yo, toi là ! T'aurais pas vu un gars, avec un sac, courant comme un shlag ?

Spoiler:

La silhouette se dessina au fur et à mesure que les pas d'Hasü se rapprochait de cette personne. Chapeau de paille, kimono, pipe à la bouche et un sabre à la ceinture. Ce gars n'était pas la personne que pourchassait la Koken et c'était tant mieux. L'arme qu'arborait l'homme au chapeau avait eu son petit effet, la chanteuse s'était directement calmée à la vue de la lame. Pas question pour la demoiselle de se frotter à un katana. Ses talents combattif étant inférieur à zéro, ce Samouraï ne ferait qu'une bouchée de la rouquine. Au cours de ses périples, la jeune femme n'avait rencontré que deux serviteurs du Bushido. Cet homme et un ivrogne qu'elle avait rencontré à un concours de Punchline il y avait de ça quelques semaines déjà. Ce surnommé Vagabond, faute de n'avoir montré aucune de ses maîtrises pour le Kendo, avait scotché la Belle par sa capacité à rapper. Il l'avait littéralement mise sur le cul. Peut-être que les quelques bouteilles qu'il avait avalé lors de cette soirée avait été le secret de sa réussite ? Quoi qu'il en soit, ce nouveau manieur du sabre ne semblait pas du tout bourré. Un air sérieux se cachant sous ce couvre chef, Hasü sentait que cet homme l'examinait de près, la faisant rougir.

Le silence ne dura pas longtemps. En effet, la question posée ne resta pas en suspens bien longtemps. Son interlocuteur lui répondit d'un ton monotone, inexpressif, qu'il pensait que sa cible, le voleur, se dirigeait vers le Nord de leurs position. Un sourire apparut sur les lèvres de la Koken lorsque le Samouraï prononça le mot Shlag. A croire que ces gens étaient tellement polis qu'ils ne connaissaient rien aux insultes du moment ! Quoique... Hasü non plus ne connaissait pas la signification de ce mot... Qui passait pour une conne maintenant ? Et pour finir, en parfait gentleman qu'il était, le Guerrier proposa ses services afin d'aider la rousse dans ses recherches. Une proposition alléchante qui fit mouche dans l'esprit de la Koken. Cependant, ils s'étaient attardés ici pendant trop longtemps. L'enfoiré qui lui avait volé son sac et ses Ryos devait sans doute avoir mit pas mal de distance entre lui et le duo. Il allait falloir qu'ils se serrent le popotin s'ils voulaient lui mettre le grappin dessus.

— Ouais, je serai pas contre. Mais maintenant, c't'enfoiré doit avoir prit pas mal d'avance. Plus qu'à prier pour qu'il se décide à faire une pause.

S'enfonçant à nouveau dans les bois, la jeune femme se tourna vers le Samouraï :

— Allons-y !

Deux pas plus tard, Hasü se retourne à nouveau, gênée :

— Par contre, tu veux pas passer devant ? Parce que perso', j'suis pas une pisteuse de ouf... D'ailleurs, comment est-ce que t'as su qu'il partait vers le Nord ? Tu l'as vu ? Ou t'as un sixième sens peut-être ? Un truc de Samouraï sans doute... Enfin... T'es bien un Samouraï ?

S'enfonçant encore plus, la jeune femme se gratta l'arrière de la tête, signe de sa gêne. Rouge comme une tomate, elle essaya de se justifier :

— J'veux dire... J'ai vu votre sabre ! Du coup, j'ai direct' pensé à ça... Héhé... Sabre... Samouraï... Toussa toussa...

Décidément, cette fille était la pire des idiotes...

Spoiler:

C'est avec un sourire angélique et une face rougie par la gêne que notre protagoniste observait le Samouraï qui lui tournait le dos. Elle aurait dû fermer sa gueule, tout simplement. Si ça se trouve ce gars n'avait rien à voir avec cette caste ou peut-être qu'il les détestait ? Allez savoir. A tout les coups, il l'enverrait balader. Mais non à la surprise de la rouquine ce dernier répondit qu'il était bien un de ces manieurs de sabre. Et pour aller plus loin dans son explication l'homme annonça être un Ronin : Un Samouraï sans attache. Un guerrier où sa loyauté vacillait vers tel ou tel côté. Certains choisissaient ce mode de vie afin de s'enrichir, d'autres parce que leurs anciens clients étaient morts. Ce n'était pas le genre de personne qui aspirait à la confiance, leur passé était souvent sombre et flou. Mais c'est aussi ce qui faisait leurs charmes, leurs manque de célébrités les rendaient dangereux par le fait qu'on ne connaissait pas grands chose de leurs capacités. Hasü avait déjà entendu ce genre d'histoire à l'époque. Mais seulement voilà, pour le moment son sac et sa bourse était clairement des cibles prioritaires. Elle avait donc besoin de ce gars au cas où les choses se compliqueraient. C'est alors qu'il demanda à la rouquine son prénom. L'homme ne souhaitait pas faire équipe avec une personne qu'il ne connaissait pas et c'était parfaitement compréhensible. Un sourire apparut à nouveau sur le visage de la Koken lorsque l'homme au chapeau énonça parfaitement le mot shlag.

— Haha ! T'es vieux jeu dis donc ! Moi, c'est Hasü. Mais t'inquiètes pas beau brun... Quand on aura retrouvé mon oseille, j't'apprendrai à parler comme un vrai gars de la Street !

Bah ouais quoi ! Il avait beau être un Samouraï, le monde changeait et le dialecte des "djeun's" aussi ! Et vu la face que ce guerrier arborait, il n'était pas aussi vieux que le premier manieur de Sabre que notre protagoniste avait rencontré. Non, visuellement parlant, il devait avoir la vingtaine, comme la rouquine. Pas question pour la Koken de laisser ce garçon mûrir trop vite. C'est alors que le duo s'enfonça dans la forêt, à la recherche du voleur. Le Samouraï en tête de file, ce dernier avait dégainé un sabre de belle facture et commença à trancher la végétation qui leur barrait la route. Cette partie de la forêt était un endroit peu fréquenté, la nature avait donc prit ses aises et s'était développée de manière totalement anarchique transformant cette marche en un véritable parcourt du combattant. Certes, l'Inconnu faisait tout le boulot avec son sabre débroussailleuse, mais côté Hasü on souffrait. Les écorces, morceaux de bois et autres herbes voletant à chaque coup de katana, fouettaient le visage de la pauvre rouquine qui ne pouvait que se protéger maladroitement de ses deux bras. Poussant de petits cris de douleurs, la jeune femme entendit alors son interlocuteur parler. Il était persuadé que le pickpocket n'avait pas put aller bien loin avec toute cette végétation. Entre deux "Aïe", Hasü se décida à répondre, un air blasé et boudeur sur le visage :

— Cool ça ! Par contre m'sieur le Samouraï, si vous pouviez éviter de me transformer en buisson vivant avant la fin de notre excursion... Vous s'rez bien gentil ! ♪

Finalement quelques minutes de marche plus tard, le duo s'arrêta de nouveau. S'accroupissant, le Samouraï ramassa quelque chose de brillant qui se trouvait sur le sol. Souhaitant faire part de sa découverte avec notre protagoniste, le gars tendit un Ryos à la rouquine. Il s'avérait que le Guerrier ne s'était pas trompé. Hasü commençait à croire qu'il avait réellement un sixième sens. Mieux même, il annonça par une "question-affirmation" que le voleur n'était plus très loin. S'emparant de la pièce, Hsü annonça avec une sombre excitation :

— Yay ! On va enfin pouvoir donner une bonne leçon à cet enfoiré. Enfin... Tu vas donner une bonne leçon à ce gars ! Pas vrai ?

Un sourire aguicheur, adressé au Samouraï, apparut alors sur les lèvres désirable de la rouquine. Elle espérait que cet homme se pli à sa demande. Elle n'aimait pas se salir les mains et encore moins se battre.

— Bon. Où est-ce qu'il est ?

Scrutant les alentours, une main en visière, la jeune femme tentait d'apercevoir le gars qui lui avait volé ses richesses. Mais rien. Nada. Elle ne voyait que dalle à travers cette végétation. Personne n'imaginait dans combien de taverne Hasü avait dû performer pour obtenir une telle bourse. Ce voleur devait en payer le prix ! Elle lui flanquerait une bonne grosse tarte une fois qu'elle lui aura mit le grappin dessus, Parole de DJ ! C'est alors que le côté non tranchant d'un katana s'écrasa sur la poitrine massive de la Koken. Rougissant à l'extrême, la jeune femme protégea son joli 95C de ses deux mains et envoya un regard outré à l'adresse de son collègue Samouraï. Sortant une phrase branchée à l'anglaise, ce dernier lui demanda de ne pas bouger. Et avant même qu'elle ne puisse lui faire regretter son geste, le Samouraï était parti, laissant la chanteuse seule.

— L'enflure... Il va ramasser.

Les bras croisés, adossée contre un des nombreux arbres de la forêt, Hasü attendit. Toujours sous le choc du geste pervers du manieur de sabre, la jeune femme marmonnait diverse insultes plus exotiques les unes des autres destinées à ce dernier. Finalement après quelques minutes d'attente, elle entendit un cri à travers l'épaisse végétation. Surprise et anxieuse par ce son, la jeune femme quitta son support et essaya de discerner quelque chose à travers la flore. Finalement, elle vit une silhouette revenir tranquillement vers elle : Son allié. Un soupir de soulagement dépassa ses lèvres lorsqu'elle avait aperçu cet enfoiré. Il était sain et sauf. Mais au fur et à mesure qu'il se rapprochait, elle remarqua des tâches écarlates sur ses vêtements. C'est sans un mot que le guerrier tendit le sac de la Rouquine. Se saisissant du paquetage sans l'ouvrir, la Koken, paniquée, ne put cacher ses interrogations plus longtemps :

— Mais... Mais, c'est du sang ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

C'est alors qu'elle s'imagina un scénario. Le pire. Il n'y avait pas trente six mille solutions. Ce gars ne pouvait pas être recouvert d'hémoglobine comme ça, pour rien ! Le visage pâle, la jeune femme posa son ultime question :

— Tu ne l'as quand même pas...

Désirant en avoir le coeur net, la rouquine se dirigea vers la source du cri, laissant son compagnon. Quelques minutes de marche rapide à travers la forêt, et la voilà sur les lieux. Elle ne vit, au départ, qu'une immense racine. Une flaque écarlate s'exfiltrait de cet abri naturel. D'un pas tremblant, la Koken avança lentement vers l'entrée de cette pseudo cabane. Elle recula violemment lorsqu'elle vit un corps inanimée les deux bras en moins. L'odeur était atroce et Hasü ne put retenir la brusque nausée qui lui monta à la bouche. Tournant le dos à ce triste spectacle, les genoux à terre, elle gerba. Ce pauvre gars n'avait fait que voler un sac. Il n'avait pas mérité de crever pour quelques Ryos. Ce Samourai n'était qu'un enfoiré meurtrier en fin de compte...

Quel massacre. Les yeux fermés, la bouche encore dégoulinante de suc gastrique, Hasü revoyait le cadavre du voleur réapparaître dans son esprit. Le corps était à côté de la rousse et l'odeur du sang emplissait encore l'air, faisant plisser le petit nez de la Belle. Prise d'un coup de barre soudain, la Koken se releva lentement, son corps se balançant légèrement d'un côté à l'autre. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ce Samouraï avait dû mettre fin aux jours de cet inconnu ? Quand la jeune femme avait parlé de règlement de compte, elle avait pensé à un petit passage à tabac, mais pas à un abattoir. Sans compter qu'il n'avait pas du tout tué ce pauvre homme dans la propreté...

D'une démarche lente, fatiguée, Hasü tentait de fuir cet endroit. Son visage se tordit sous la peur lorsqu'elle remarqua qu'elle n'était pas seule. Le meurtrier avait lui aussi regagné la scène du crime. Tombant sur le postérieur, c'est terrifiée qu'elle vit l'expression neutre du Ronin. Il ne semblait pas du tout affecté par ce qu'il avait fait. Impossible pour la jeune femme de connaître ses intentions. Qu'allait-il lui faire ? La tuer ? Des larmes coulèrent sur les joues de la DJ. Oui. Un homme tel que lui, sans morale ne sauverait pas la Chanteuse. Sans compter qu'il avait dû sentir la bourse qui se trouvait dans le sac de cette dernière. Par avarice, il n'hésiterait pas à exécuter la Belle. Tremblante, la Koken attendit son heure, muette. Seul ses pleurs étaient audibles. Elle ne pouvait pas prendre la fuite. Ce guerrier, possédant une condition physique sans aucun doute supérieure à la sienne, la rattraperait sans aucun problème. Mais qu'attendait-il pour terminer sa besogne ?

Finalement, aucun geste brusque ou autre ne se fit. Juste des mots. Des paroles prononcées par le Ronin. Des questions d'abord, puis des justifications. Malheureusement, rien de ce qu'il déclara ne rassura la jeune femme. Bien au contraire, il ne fit qu'effrayer encore plus la rousse qui n'en trembla que davantage. Cet homme était vraiment un monstre. Il disait vouloir être libre. Le meurtre était la seule façon pour lui d'atteindre cet objectif. Non. Il y avait bien d'autres chemin de pouvoir agir à sa guise ! Ce gars ne faisait que choisir la solution de la facilité. Terminant sur d'autres questions, le Samouraï attendit alors la réponse de l’intéressée.

— Vous... Vous êtes complètement barge ! Vous... voulez devenir libre, alors... vous massacrez des gens ?!

On pouvait voir la haine et l'incompréhension se mélanger à sa peur et à ses larmes. Ses pupilles émeraude toujours posé sur le Ronin, elle pointa du pouce le cadavre situé derrière elle d'un mouvement tremblant.

— En quoi ce gars était-il un obstacle à votre Bushido ?!

S'essuyant le nez, la jeune femme tentait en vain d'écouter sa conscience qui lui disait de se calmer. Elle allait mourir si elle continuait dans cette voie. Mais c'était plus fort qu'elle. Elle n'arrivait pas à endiguer cette rage qui montait. Avoir aussi peu de respect pour la vie était quelque chose qu'elle ne pouvait pas accepter.

— Oui ! Oui... j'ai déjà frôlé la Mort. Tout ça parce que j'ai croisé des gens comme vous ! Des malades assoiffés de sang, qui n'avaient aucun respect pour les autres... Qui n'hésitaient pas à tuer pour satisfaire leurs désirs tordus !

Hasü était en transe, elle ne se maîtrisait plus. De nombreuses images de ses moment difficiles traversèrent son esprit : Sa prise en otage, l'incendie, les nombreux brigands qu'elle rencontra et tant d'autres dangereuses partie de sa vie. Puis finalement tout ces instants où elle rigola, s'amusa lui revinrent. C'est avec ces derniers flashbacks que la jeune femme reprit sa déclaration.

— De ce que j'ai vu de ce monde... Quand il n'y avait pas des enfoirés tels que vous... c'était juste magnifique !

Jamais Hasü n'avait fait preuve d'autant de courage depuis sa naissance. Faire face à son possible bourreau était quelque chose de totalement nouveau. Elle pouvait sentir l'adrénaline se mélanger à son chagrin. Une sensation nouvelle.

Hasü tremblait de rage. Les bras croisés, elle tentait de se calmer. Mais elle n'y arrivait pas. Son regard larmoyant était toujours fixé sur le visage neutre de son étrange interlocuteur. Elle était surprise de ne pas encore être morte... Elle avait parlé avec un tel entrain et une telle effronterie... Mais ce qui avait été dit, était dit. Il n'y avait plus de retour en arrière. la Koken allait devoir faire face aux conséquences de ses actes. Mais, encore une fois, rien ne se passa. Le Samouraï ne bougea pas d'un millimètre, observant la Chanteuse d'une expression indifférente. Finalement, l'homme recommença à parler. De toute évidence, il voulait se justifier aux yeux de la Belle. Pourquoi elle ? S'était-il justifié auprès du pickpocket avant de l’exécuter sauvagement ? Hasü en doutait. Voilà maintenant que le Samourai se prenait pour un Justicier, un Cow-Boy. En tout cas c'est ce que ses paroles laissaient entendre. Sans compter qu'il s'était servi de la rousse, et que cette dernière n'y avait vu que du feu. Les poing serrés, la Koken se retenait d'exploser comme elle l'avait fait précédemment... En vain.

— Qu... quoi ?! Vous vous êtes servis de moi ? Tout ça pour vous prendre pour un Juge ?! Tout ça pour le buter ?! Mais vous êtes un grand malade !

Aucun voleur n'aurait mérité une telle mort. De la prison aurait été plus que suffisant. Peut-être, même, que cet homme serait devenu quelqu'un de différent à sa sortie. Malheureusement, ni la rousse ni aucunes autres personnes ne verraient si les pensées de cette dernière étaient avérées. Les paroles du guerrier continuèrent d'affluer aux oreilles de la DJ. D'après cet inconnu, il semblait qu'ils étaient sur la mauvaise longueur d'onde. Il termina avec une question moins alambiquée que celles posées précédemment, plus directe : A quoi ressemblait le monde Ninja ? Et la réponse était tout aussi simple :

— J'en sais rien ! Je n'en suis pas une !

Aucun mensonge dans les paroles d'Hasü. Elle ne savait pas où est-ce que ce gars était allé chercher cette histoire. A part les quelques tours qu'elle était capable d'accomplir pour se protéger des nuisibles tels que ivrognes et autres ou en ce qui concernait sa capacité à chanter, la Belle n'avait aucun lien avec les Guerriers de l'ombre. Comment cet homme avait-il pu croire le contraire ? Non. Si la Koken avait réellement était capable des prouesses d'un shinobi, elle aurait déjà botté le cul de ce gars depuis un bon moment déjà. Malheureusement, elle ne pouvait que crier, pleurer et s'insurger. C'était ses seules armes face à ce genre d'altercation. Attaquer un homme qui avait sans doute des années d'apprentissage militaire d'avance sur une fille de taverne était totalement suicidaire...

— Qu'est-ce que vous allez faire maintenant ? Me tuer aussi ?

Elle voulait être fixée sur les intentions du gaillard. D'apparence, la Chanteuse faisait la fière rebelle, mais intérieurement, la peur de perdre sa vie était belle et bien présente. Elle n'avait que 21 ans, ce qui était beaucoup trop précoce pour mourir de la plus affreuse des manières dans cet endroit lugubre.

C'est tendue, effrayée et toujours en colère que la jeune femme attendit le verdict du Samouraï. Même si elle se faisait peu d'espoir quant à sa survie, elle gardait au fond d'elle une maigre pensée qu'elle ressorte de cette forêt en un seul morceau. L'attente était interminable aux yeux de la Koken. Ce Ronin prenait un malin plaisir à la faire poiroter. Finalement après une expiration lente, le Guerrier parla. Les muscles de la Koken se détendirent légèrement. S'ensuivit alors un long discours sur les Samouraïs. Cet homme avait beau être un sauvage en kimono, il n'en restait pas moins un homme qui savait user des mots. Il avait peut-être été Poète dans une autre vie... Attentive, la jeune femme écouta le Guerrier lui donner des cours d'histoire. Elle ne pouvait faire que ça de toute manière... Faire la sourde oreille aurait pu aggraver son cas, et aurait fait basculé son destin. C'est alors que l'homme au sabre, aborda un autre sujet. Cependant ce dernier était toujours lié à ce qu'il disait. Ne comprenant pas tout de suite ses intentions, la Belle laissa son interlocuteur s'expliquer davantage. Il parlait comme s'il vivait ses derniers instants.

Il remercia la Koken pour ce moment qu'elle partagea avec lui. Lui annonça que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas croisé une personne atteinte par l'obscurité mondiale. Finalement, il termina sur un mot qu'Hasü n'avait jamais entendu parler : Seppuku. Voyant le Samouraï s'agenouiller devant elle, la rousse se détendit encore. Que comptait-il faire ? Son visage neutre laissa place à un air solennel et déterminé. Soudain, tendant ses bras au maximum, mains sur la tsuka, pointe du sabre en direction de son estomac. C'est horrifiée qu'Hasü comprit ses intentions. Il comptait réellement s'ôter la vie ! Elle était beaucoup trop loin tenter de l'arrêter. De la sueur coulait sur son front pendant que ses méninges travaillaient à 200%. Il fallait qu'elle agisse. C'est alors que le Ronin se lança dans son acte de suicide. Chakra dans ses cordes vocales, Hasü hurla à son adresse :

— ARRÊTEZ !

Le Genjutsu était lancé, le Samouraï n'allait pas tarder à subir les effets de l'illusion. Ses mains seraient bientôt brièvement immobilisés. Elle n'avait pas eu le choix. Utiliser les quelques tours qu'elle avait apprise était généralement sa dernière solution. La solution à double tranchant. En effet, Hasü avait peu confiance en ses propres capacités qui usaient du chakra. Le fait étant qu'elle ne s'était jamais entraînée à les perfectionner ou même à se mettre à jour. Un soupir s'extirpa des lèvres de la Belle qui pouvait observer que son mirage avait fonctionné. Se levant lentement, elle s'approcha du Samouraï dévia l'arme tremblante qui menaçait toujours de ce planter dans son torse et posa ses yeux émeraude dans ceux du Tueur. Son regard qui gardait encore les traces de ses pleurs passés, était perçant. Sa voix n'était plus en colère. Hasü ayant réussi son tour de passe-passe et stoppant cet homme dans son désir de sa propre mort, elle était plus calme.

— Je pense que vous avez fait couler assez de sang comme ça... Même le votre serait en trop...

Ses doigts posés sur la lame, Hasü remarqua que ces derniers tremblaient.

— Vous êtes... Un grand malade...

Ce qui au départ fut un simple tremblement dans ses doigts, se dispersa dans l'ensemble de son corps. Elle avait faillit voir un gars se suicider de ses propres yeux... Une immense frayeur en avait résulté. Même si cet homme était un meurtrier, un enfoiré de la pire espèce, elle ne l'avait pas laissé mourir. Non pas qu'elle avait pensé que c'était une preuve de lâcheté ou autres conneries du genre. Non. Juste que la Rousse détestait la Mort, sous toutes ses formes. Elle avait vu largement assez d'hémoglobine pour la journée. C'est la raison pour laquelle elle avait sauvé cet homme qui la répugnait. Sanguinaire, insensible, très loin des préceptes qui avaient fait la fierté de Tetsu no Kuni, le Bushi n'était plus réellement un membre de cette caste de sabreur à part. Malgré cela, la Belle voyait tout de même en lui des qualités : Son charisme et un restant d'honneur. Cette infime partie qui le raccrochait encore, peut-être, sans qu'il le voulait, aux Samouraïs. Cette même partie qui l'avait poussé à retourner son sabre contre son propre corps. Peut-être même qu'Hasü avait détruit cette qualité dans son geste de sauvetage... Dans tous les cas, cette idée ne lui traversa pas l'esprit une seule seconde. Elle n'avait aucun remord. Vivre était pour elle la chose la plus précieuse que l'on pouvait posséder. Elle avait donné, sans s'en rendre compte, une autre chance à cet homme au passé sombre.

Ce dernier s'en rendit compte. Silencieux, le Samouraï se releva, libéré du Genjutsu. En effet Hasü n'avait pas pu maintenir la technique très longtemps. Le manque total d'entraînement avait rendu la durée de ce sort très courte... L'angoisse s'empara de la Belle lorsque le mirage se dissipa. Plus rien n'aurait pu l'empêcher de s'ôter la vie cette fois. Mais le Samouraï n'en fit rien. Rengainant son arme, il posa son regard sur la Koken. La surprise put se lire sur les traits de cette dernière : Les yeux de son interlocuteur avaient changés. Elle douta pendant quelques instants... Était-ce le même individu qui se dressait devant elle ? Plissant ses paupières, elle observa plus attentivement le faciès du Guerrier. Il était différent. Plus... Rassurant. Sans trop savoir pourquoi, la rousse se sentait désormais en sécurité. Elle était persuadée que cet homme ne lui ferait aucun mal.

Frissonnante, vide d'énergie, Hasü arrivait à peine à tenir sur ses pieds, toujours nus. Essayant de ne rien laisser paraître, la jeune femme écouta les paroles du Sabreur. Hasü sentit son égo se gonfler. Annonçant qu'il allait continuer son périple vers le village caché des Nuages, il trouvait que la rousse était sans doute une Sainte. En tout cas, c'est ce qu'elle crut lorsqu'il parla de pureté. L'avertissant de ne pas tomber dans les ténèbres, le guerrier s'éloigna pour de bon. Muette du début à la fin, la Koken se décida finalement à transmettre ses dernières paroles à l'individu :

— Au revoir alors...

Rassemblant ses dernières forces, elle s'approcha du cadavre et se retenant de vomir à plusieurs reprises, tenta de lui offrir une sépulture décente. Le Soleil commençait déjà à s'enfouir à l'horizon, pendant qu'elle recouvrait le corps de nombreuses pierres.