Music ♫:

Voilà maintenant deux semaines que les derniers événements s'étaient produit... Oniri dormait paisiblement depuis déjà tout ce temps.
Je n'étais pas du genre à m'apitoyer sur mon sort et comme je ne savais pas combien de temps durerait son état, ni même si elle en sortirait un jour, il me fallait avancer...
Tous les moments, parfois intenses, que j'avais vécu avec Oniri n'avait altéré en rien les sentiments que j'éprouvais aussi à l'égard de Shinji.
Je devais bien admettre que j'avais presque souhaité que ce soit le cas et ainsi pouvoir oublier l'Akuzu sans avoir à me torturer les méninges pour tenter d'y voir plus clair. Mais voilà : je tenais aussi énormément a lui et bien qu'il était ardu de l'admettre tant je n'aimais pas reposer sur qui que ce soit : j'avais besoin de sa présence...

Il commençait à se faire tard, la nuit pointait le bout de son nez et je n'avais de cesse de tourner en rond. Je prévoyais de retourner bientôt au manoir de mon clan, aussi délabré était-il désormais. En effet, sans Oniri, je n'avais plus de raison de rester au domaine Saibogu et voir toutes ses affaires m'énervaient, j'avais besoin de prendre du recul avec tout ça et essayer de passer à autre chose...

Voilà bien une heure que je fixais le plafond de ma « chambre », allongée sur le lit, à ruminer sur le fait que l'absence de Shinji me pesait. Je faisais une moue désapprobatrice à cette révélation : j'avais vraiment beaucoup changée... Jamais, autrefois, je n'aurais penser à quelqu'un au point d'en ressentir un manque issu d'un profond vide : et pourtant c'était bel et bien le cas...

Avais-je le droit d'aller le voir ? Il était hors de question de lui avouer avoir pensé a lui au point de lui rendre visite !
Peut-être était-il en mission ou bien déjà sur le ring en train d'affronter un adversaire pour se remplir les poches ?! Devais-je donc plutôt me rendre dans la cave du bar clandestin ou directement chez lui ?
C'était tellement ridicule de penser à toutes ces choses... Pourtant, je ne tenais pas en place et j'avais besoin de le voir...

Au fur et a mesure que j'avançais dans les ruelles partiellement couvertes pas la pénombre grandissante, je ressentais davantage l'envie d'être enveloppée de sa présence, au point tel que je pouvais presque m'en délecter d'avance ! Prise d'un émoi profond, je réalisais alors que je n'avais pas simplement envie de le voir mais aussi partager des moments uniques avec lui... Je ne savais pas trop dire pourquoi en cet instant précis mais j'avais envie de laisser libre court à mes sentiments sans me préoccuper du reste ; franchir un cap encore jamais dépassé avec lui pour savourer l'homme qu'il était et pour lequel j'avais des sentiments !
Je n'aimais pas cet état d'esprit... C'était tellement banal d'être sentimentale ! Je me promettais d'écouter mon instinct et non mon cœur la prochaine fois ! Je ne cherchais pas à réfléchir à l'avance à ce que je lui dirais : j'étais spontanée et naturelle et n'avais pas besoin d'un dialogue pré- établi pour me rassurer.

J'arrivais finalement dans son quartier - qui s'animait d'autant plus lorsque la nuit tombait – puis devant sa modeste demeure à laquelle je frappais pour signaler ma présence. Nullement anxieuse, j'attendais simplement qu'il daigne m'ouvrir la porte s'il se trouvait chez lui : ce qu'il ne tarda pas à faire.
Il paraissait surpris de me voir et à en juger par son accoutrement, il s'apprêtait sans doute à partir combattre. Il m'interrogeait un instant sur la raison de ma présence, se demandant même s'il était arrivé quelque chose, tandis que mes lèvres s'étiraient dans un large sourire tant j'étais contente de le voir. Je me jetais dans ses bras, appuyant sur mon état d'esprit, et scellais mes lèvres aux siennes.

Là dessus, je m'avançais à l'intérieur tout en l'embrassant langoureusement, fermant la porte derrière moi d'un coup de pied et le faisant reculer jusqu'à son lit sur lequel il bascula. Les bras tendus et les genoux reposant sur le matelas, je me retrouvais au dessus de lui, ne rompant pas un seul instant notre baiser : nos langues se mêlaient dans une danse sensuelle et empruntes d'envies...

Après quelques instants, je rompais notre échange et m'asseyais à califourchon sur lui, l'observant et lui souriant, la tête légèrement inclinée. Il ne devait sûrement pas s'attendre à me voir, ni même à ce que je me comporte de cette façon. Pourtant, le rouge commençait déjà à empourprer mes joues tant je bouillonnais de désir pour lui.
Dans la pénombre de la pièce, tout juste éclairée par un halo lunaire, je lui disais alors :

« Tu m'as manqué... »

Mes yeux rubis luisaient de sincérité et de joie de me retrouver à ses côtés.

♫:

Ça ne faisait pas longtemps que j'étais debout. Depuis que j'avais recommencé à boire mon rythme de vie s'était à nouveau effrité et je dormais la journée et vivais la nuit. Je n'avais pas vraiment de soucis d'organisation puisque c'était ainsi que j'avais vécu ces dernières années, mon bref passage par l'abstinence s'étant plutôt révélé une exception que la règle. J'allais à nouveau devoir combattre pour gagner de quoi survivre car les missions commençaient à se faire rares ces derniers temps. Que ce soit parce que les responsables avaient décidé de ne plus m'en confier autant ou simplement parce que nous étions encore en examen pour passer Chuunin, j'avais donc une source de revenus en moins et je devais composer avec.

Je m'appuyai des deux mains sur le bord de mon lavabo avant d'adresser un regard à un mon reflet encore brouillé par la buée. Non, je n'avais pas envie d'y aller... Mais on ne fait pas souvent ce qu'on veut dans la vie et si je voulais manger ces prochains jours et nourrir ma bande d'informateurs il fallait bien que j'aille tabasser quelques personnes... J'hésitai un instant à me raser mais il ne fallait pas non plus pousser le vice: pour aller se faire frapper il n'y avait pas besoin d'être sur son trente-et-un. Je me brossai alors les dents tout en pensant à des choses agréables pour me donner un peu de courage et surtout de la motivation. Yami, l'alcool, Yami, un bain de soleil, Yami, faire la planche dans une oasis, encore Yami...

C'est alors que des coups répétés à ma porte résonnèrent dans mon modeste chez moi. Je fronçai les sourcils et restai immobile comme pour attendre confirmation que je n'avais pas rêvé. D'habitude personne ne venait chez moi à part le gamin qui m'amenait mes missions. Et il ne le faisait jamais à une heure aussi tardive. Qui ça pouvait être? Une seconde série de coups me confirma néanmoins que je n'avais pas rêvé et je me hâtai de rejoindre l'entrée, poussé par la curiosité. Je trébuchai au passage sur une pile de vêtement sales et après m'être rattrapé comme je le pouvais à un des rares meubles de la pièce j'ouvris finalement la porte. D'abord un peu pour voir qui se trouvait derrière puis complètement quand je reconnus le regard vermeille qui me fixait.

- "Yami?!"

Il est peut-être utile de préciser à ce stade que chez moi ce n'est pas vraiment un exemple de propreté. Mon regard se porta sur les caleçons qui traînaient un peu partout et sur les diverses paires de chaussettes qui jonchaient le sol. Sans parler de la vaisselle qui traînait dans l'évier depuis quelques jours... Et puis je n'avais pas passé le ménage depuis une semaine et de la poussière s'accumulait ci et là. Ce n'est pas vraiment dans ces conditions que j'aurais voulu recevoir celle que je considérais comme la femme de mes rêves. Elle me prenait complètement au dépourvu même si j'étais ravi de revoir son magnifique minois, évidemment...

- "Heu... Tu m'accordes juste deux petites minutes? Je dois finir un truc et je suis à..." commençai-je à m'excuser.

Non, elle ne me les accordait pas! Et je n'allais certainement pas m'en plaindre parce qu'au lieu de passer ce temps à nettoyer comme je le pouvais le champ de ruine qu'était mon modeste appartement avant qu'elle rentre, elle se jeta dans mes bras avant de sceller ses lèvres aux miennes. D'abord surpris par cette étreinte aussi inattendue que fougueuse, je restai pratiquement sans réagir avant de me laisser guider par le désir qui me consumait depuis que j'avais posé les yeux sur elle. La noiraude referma la porte d'un coup de pied parfaitement ajusté avant de m'entraîner en direction du lit et se laisser choir sur moi. Inutile de dire qu'à cet instant toute notion de ménage avait définitivement quitté mes pensées...

Elle rompit finalement notre baiser et la caresse de sa langue sur la mienne s'estompa à mon grand regret. Je ne savais pas vraiment si je rêvais, si c'était un reste de drogue dans mon organisme qui provoquait des illusions aussi plaisantes ou si c'était bien la réalité. Quoi que ce soit je n'avais en tout cas aucune envie que ça s'arrête. Je ne quittai pas du regard la délicieuse demoiselle dont les joues commençaient à s'empourprer, n'osant prononcer le moindre mot de peur de tout ficher en l'air. Elle me dit alors que je lui avais manqué et je ne pus retenir un petit rire mêlant désappointement et amusement:

- "Ben je vois ça, ouais!" confirmai-je en lui décochant un petit sourire. "Je devrais te manquer plus souvent si à chaque fois j'ai le droit à une surprise du genre!"

Merde, c'était sûrement pas ce qu'elle voulait entendre! J'avais imaginé cet instant tellement de fois dans ma petite tête que s'en était presque devenu une obsession. Mais maintenant que nous étions finalement réunis après des mois d'espérance je ne savais pas vraiment quoi dire ou comment réagir. Et si je me laissais simplement guider par mon instinct et les sentiments que j'éprouvais pour elle?

- "Toi aussi tu m'as manqué..." avouai-je donc en passant une main sur sa joue.

J'écartai une mèche de cheveux sombres de son visage délicat tout en la caressant du regard. Qu'est-ce qu'elle était belle... Je me mordillai légèrement la lèvre avant de me redresser pour approcher mes lèvres des siennes. J'allais l'embrasser quand une pensée inquiétante s'insinua en moi: est-ce que c'était bien Yami ou était-ce Megami qui s'exprimait à travers ce corps qui semblait chargé de désir? Je reculai légèrement la tête pour l'observer à nouveau, sceptique. Je n'avais jamais vu le parasite qui lui pourrissait la vie à l’œuvre et je n'avais donc pas vraiment de point de comparaison. Mais la lueur qui brillait dans le regard de ma belle et la détermination qui s'y lisait ne laissait pas vraiment de place au doute: oui, c'était bien elle!

Je l'enveloppai de mes bras avant de la faire basculer sur le côté de manière à me retrouver dessus. Je poussai sur le sol un tas de kunaïs et mes gants de combats trouvés lors de notre exploration commune de vieilles ruines dans le désert. J'avais rien contre le fait de me faire dominer mais aux dernières nouvelles elle était vierge et je comptais bien prendre les choses en main. Elle n'aurait dès lors qu'à savourer cet instant tandis que je ferais en sorte qu'elle s'en souvienne pour le reste de sa vie. Je retirai en vitesse mon t-shirt et l'envoyai rejoindre ses congénères dans un coin de la pièce avant de m'allonger sur elle et me faire un devoir de recouvrir chaque parcelle de ses lèvre puis de son cou tandis que mes mains s'aventuraient sous ses propres vêtements pour caresser sa peau et l'aider à se dévêtir. En tant normal j'étais plutôt du genre à être plus... heu... direct mais j'avais envie de prendre mon temps, de savourer chaque seconde qui s'écoulait.

- "T'en as pris du temps..." lui glissai-je à l'oreille avant de la mordiller sensuellement.

S'il y avait un paradis, nul doute que j'étais en train d'y gouter...

Music ♫:

Il paraissait décontenancé de ma visite nocturne soudaine. A tel point qu'il n'osait plus parler. Aurait-il peur de dire une bêtise susceptible de corrompre cette atmosphère passionnelle qui s'insinuait en nous ? Sans doute.

Lorsque je l'entendais me retourner mes propos, je recherchais un élan de sincérité à travers son regard et ses yeux pétillants de malices et de joies me le confirmaient.
Sa main caressa ma joue tandis que je fermais les yeux pour m'imprégner de ce contact à la fois chaleureux et réconfortant.
Il se redressa pour mieux approcher ses lèvres des miennes : doutait-il ? De quoi ? J'ouvrais de nouveau les yeux pour mieux l'observer alors qu'il semblait mener une lutte interne que je ne comprenais pas. Toutefois, son air soudainement inquiet me laissait penser qu'il devait se demander si mon attitude si nouvelle n'était pas l’œuvre de Megami : au moins se méfiait-il et j'appréciais le constater... Je préférais le savoir méfiant à mon égard et ainsi être en mesure de débusquer ma Némésis le jour où elle se présenterait en se faisant passer pour moi.

Ses bras vinrent m'envelopper de leur puissance et leur flamboyance, me berçant dans un cocon éthéré alors que le simple contact de sa peau contre la mienne suffisait à embraser la passion qui me consumait à l'idée de notre étreinte charnelle.
Il retrouvait une posture de dominant en me surplombant à son tour tout en retirant son tee-shirt pour me laisser admirer son torse saillant et barré d'une grande cicatrice que j'avais déjà vu lors de notre escapade dans un oasis.
Se posant sur moi, il découvrait ma bouche et mon cou de ses lèvres, caressant avec avidité ma peau nue sous mes vêtements. La température grimpait à mesure qu'il explorait mon corps. Ses attentions doucereuses sur ma personne me coupait le souffle et accélérait les battements de mon cœur.

Il agissait avec délicatesse, comme s'il mesurait le moindre de ses gestes pour rester tendre en toute circonstance, lui qui n'agissait que par instincts sans se soucier d'ordinaire des conséquences : il était tout autre avec moi...
Il me susurrait que j'avais pris mon temps et il avait sans doute raison mais c'était parce qu'avant je n'aurais jamais songé réellement à goûter au plaisir de la chair...

Je retirais mon bustier, l'envoyant valser dans un coin de la pièce. Ses dents s'amusaient avec le lobe de mon oreille, répercutant un flot semblable a des décharges électriques galvanisante à travers tout mon être.
Je me redressais légèrement pour attraper sa lèvre inférieure entre mes dents, la mordillant légèrement avant de faire courir ma langue dessus. Mes doigts caressèrent son dos de leur pulpe et le griffait de leurs ongles alors que je le serrais contre moi pour accentuer notre étreinte.

Nos langues se gratifiaient de nouvelles caresses dans un échange passionnel qui me précipitait toujours plus dans une extase grandissante. Alors même que notre baiser se poursuivait, mes mains firent le tour de son corps, passant de son dos sur ses côtes jusque sur son abdomen. Mes doigts défaisaient sa ceinture sans ôter le bouton de son pantalon, lui laissant davantage de place alors qu'il commençait à être à l'étroit...
C'était drôle de penser au mécanisme des hommes mais je n'avais pas vraiment envie de m'attarder sur la question : les cours de biologie pourraient attendre...

Je le repoussais pour me retrouver de nouveau sur lui, interrompant notre baiser langoureux pour laisser ma langue se promener au creux de son cou, descendant vers son torse tout en gratifiant sa cicatrice de la pointe de ma langue bouillonnante...
J'entreprenais ensuite le chemin en sens inverse, insistant sur son cou et son épaule en les lui mordillant sensuellement pour mieux infliger le même sort à ses oreilles.
Me redressant a califourchon sur lui, j'attrapais l'un de ses poignets pour mieux guider ses mains dont l'un des doigts vint effleurer mes lèvres avant d'être sucé pour mieux le laisser courir le long de mon cou et passer entre mes seins ensuite.
Je prenais un plaisir certain à me jouer de lui en voulant faire grimper son désir jusqu'à ce qu'il perde pied dans la déréliction passionnelle...

♫:

C'était un véritable bonheur que d'avoir la demoiselle contre moi. Je savourais chacune de ses caresse, chacun de ses souffles qui glissaient dans mon cou ou sur mon torse, sa peau chaude contre la mienne. Ce n'était pas ma première relation charnelle mais c'était clairement la plus délicieuse. Ce mélange de désir et de plaisir m'électrisait et des frissons se mirent à parcourir mon corps, menaçant de m'engloutir dans un océan de tendresse. Je posai un instant le regard sur le buste de la demoiselle qui occupait mes pensées depuis de long mois maintenant et une nouvelle fois je me demandai si c'était bien la réalité ou s'il s'agissait d'un rêve. Dans ce dernier cas j'espérais simplement ne pas me réveiller trop vite...

Si j'avais été capable de réflexion et si l'instinct le plus primaire ne prenait pas peu à peu le contrôle sur moi, j'aurais sûrement remarqué que la noiraude semblait avoir un sacré don pour soulever en moi l'envie. Et autre chose d'ailleurs... Je la croyais vierge et pensait que les choses de l'amour lui étaient étrangères. Déçu? Non, pas du tout! Surpris? Oui, pour le moins! Mais je n'allais pas m'en plaindre n'est-ce pas? J'appréciais la manière entreprenante dont elle abordait notre étreinte, chaque mouvement qu'elle m'adressait alors que je sombrais dans un plaisir physique et psychologique à la fois. Je l'avais attendu longtemps, trop longtemps... Mais je me rendais compte à présent à quel point ça avait valu la peine!

Comme si elle comprenait que ma masculinité avait besoin de place pour s'exprimer, la Ketsueki fit sauter le verrou de ma ceinture avant de me repousser pour reprendre "l'avantage". Se mettant ainsi à califourchon sur l'homme conquis que j'étais alors, la délicieuse créature entreprit alors de faire jouer sa langue sur la partie supérieur de mon corps tandis que je fermais les yeux pour mieux savourer ce contact. Elle saisit l'une de mes mains avec un mélange de délicatesse et de fermeté pour la porter à ses lèvres puis m'inviter à caresser sa poitrine. Le genre d'invitation, par ailleurs, qu'il est très difficile de refuser...

J'effleurai du bout des doigts ses seins de velours avant de me redresser pour les embrasser délicatement, faisant parfois jouer ma langue sur leurs extrémités pour les stimuler. Après quelques délicieuses secondes de ce régime je me redressai pour l'enlacer à nouveau, glissant un bras autours de sa taille comme pour la maintenir aussi près de moi que possible et utilisant mon autre main pour envelopper sa nuque. Je gratifiai son cou de multiples baisers avant de m'attarder un instant pour lui apposer un suçon, un sceau de l'amour diront certains experts en Fuinjutsu. Jaloux vous avez dit?

Ceci fait je la fis basculer en arrière avant de me glisser à ses côtés, une jambe se glissant entre les siennes. Enveloppant ses épaules d'un bras et faisant descendre l'autre vers sa féminité, je décidai alors de passer à la vitesse supérieure. Mes lèvres rivées au siennes puis à son buste, ma main libre se fit un devoir de relever sa jupe pour me libérer l'accès à son entrejambe que j'entrepris alors d'effleurer avec douceur puis de plus en plus d'insistance. Je me fiai alors à son souffle et à ses gémissements pour m'assurer que je provoquais l'effet escompté. Je compris alors que contrairement à toutes mes précédentes fois c'était avant tout son plaisir que je recherchais et non le mien. Était-ce ça l'amour? Donner sans attendre en retour?

Je fis finalement glisser son bas sur ses jambes aussi lisses que parfaites et retirai ses derniers vêtements pour les envoyer dans un autre coin de la pièce. Ma langue s'attarda encore un instant sur ses lèvres puis son cou avant de descendre lentement vers son bas-ventre. Entre deux étreintes buccales je relevai un regard mélangeant malice et douceur vers elle:

- "Tu vas avoir droit à la spéciale Shinji!" murmurai-je avec un sourire en coin. "Si après ça tu ne tombes pas définitivement dans mes bras je veux bien bouffer Méphisto! Et avec ses poils s'il-vous-plaît!"

Mes lèvres se posèrent alors sur la crevasse du désir, son atelier de Vénus. Je jouai avec son bouton en imprégnant à ma langue un mouvement tantôt aléatoire tantôt régulier. Puis mes doigts se joignirent avec délicatesse à la fête...

Music ♫:

Ses caresses se faisaient plus insistantes alors qu'il prenait plaisir à découvrir mon corps sous un jour nouveau. Je me trouvais apaisée dans ses bras qui maintenaient fermement ma taille et ma nuque alors qu'il s'évertuait à figer mon sang dans mon cou pour y apposer sa marque. Scellait-il mon appartenance à sa personne à travers ce geste ? Nul doute. Aimais-je cela ? Pas vraiment puisque la sensation d'être enchaînée à quelqu'un en mesurant toujours mes propos et mes gestes avec autrui ne me plaisait guère... Toutefois, prise dans l'élan de la fougue et de l'extase qui grandissait en moi, je jugeais utile de ne pas le souligner.

Les attentions se poursuivirent avec la même chaleur et passion, la candeur du début en moins alors qu'il décidait de passer à une autre étape : je n'allais certainement pas m'en plaindre. Ses caresses embrasaient mon bas ventre et mon cœur palpitait d'autant plus, ma respiration demeurait haletante au fur à a mesure de ses actes. Nos envies grandissantes se sentaient dans nos échanges langoureux qui se faisaient plus passionnels encore.
Toujours munie de ma bague, j'incisais son cou d'où un mince filet écarlate s'écoula. Mon regard gagna en intensité et en instinct prédateur devant ce simple trait vermeil qui n'attendait plus qu'à être cueilli. Je passais la pointe de ma langue sur le nectar tiède qui me faisait envie, croissant intensément mon plaisir plus encore ! La frénésie insatiable de l'appel du sang me gagnait, j'en voulais davantage... Comme une envie irrépressible à laquelle il fallait que j'apporte une réponse. Je buvais goulûment à travers la plaie qu'il avait désormais au cou, me complaisant à lui apposer un suçon à ma manière. J'espérais qu'il appréciait cette sensation galvanisante qu'il devait ressentir et qui se couplait presque indissociablement avec une douleur apaisante.

Tout aurait pu se poursuivre de cette manière : dans ce cocon empreint d'amour dans lequel nous nous trouvions mais, alors qu'il semblait voulait approfondir encore notre échange charnel, il avait fallut qu'il me rebute... Pourquoi parler de Méphisto et de ses … poils... en pareille circonstance ? Ne pouvait-il simplement pas profiter et murmurer des choses attentionnées s'il souhaitait parler ? Pourquoi fallait-il que son côté désaxé se manifeste même jusque dans notre intimité ? Je ne comprenais pas et cela me refroidissait un instant. Prenait-il conscience que c'était ma première fois avec un homme et que je me serais bien passé de ce genre de commentaire ?
Pris par son propre piège, je souhaitais lui faire prendre conscience pleinement de l'état dans lequel me plongeait ses propos.

« Tu n'as qu'à le lui dire... »

Aussitôt avais-je prononcé ses mots que mon félin égyptien apparu dans un coin de la pièce. D'abord ses yeux luisants puis son sourire carnassier alors qu'il quittait son camouflage qu'il avait maintenant depuis le début. J'étais agacée par son comportement mais aussi amusée de la tournure des événements.

« Ah moins que cela ne te gêne de lui en parler ? »

J'imaginais aisément que le voir apparaître et comprendre qu'il nous observait depuis le début avait pu le refroidir mais au moins comprendrait-il l'effet douche froide qu'il venait de me faire subir en premier lieu... J'espérais que cela lui ferait prendre conscience de prendre en maturité et d'éviter à l'avenir ce genre de propos en pareil moment...
Méphisto n'était que rarement pas l'ombre de moi même, surtout depuis les récents événements.
Je ne bridais pas l'Akuzu. J'étais venue jusqu'à lui pour partager ce moment avec lui et j'en avais envie mais pas dans ces conditions... J'attendais de voir sa réaction et ainsi voir s'il savait faire preuve de maturité.
Je n'avais clairement pas imaginé les choses de cette manière...

♫:

Je relevai la tête de l'entrejambe de ma douce alors qu'elle me faisait remarquer que je pouvais m'adresser directement à Méphisto si je le désirais. Je pu lire de la désapprobation dans son regard tout comme j'en percevais dans le ton de sa voix. Est-ce qu'elle avait vraiment osé faire ce que je croyais? En pesant mon oeil valide sur le chat qui venait de faire son apparition je cru tout d'abord qu'il s'agissait d'une blague. Comment avait-elle osé convier son invocation à notre ébat s'en même m'en avertir? Partait-elle du principe qu'elle pouvait m'imposer ses choix sans même m'en parler et qu'en retour je devais m'accommoder à ses désirs?

- "Qu'est-ce que tu fous-là, toi?" murmurai-je sur un ton cinglant. "Dégage!"

Est-ce que je n'étais qu'un objet pour la noiraude? Du genre de ceux qu'on pouvait modeler et utiliser comme on le désirait? Ma remarque l'avait refroidie, je m'en étais bien rendue compte. Mon comportement était rarement exemplaire et ce n'était pas le romantisme qui guidait ma vie, c'était évident. Mais elle le savait! Elle savait ce que je valais, connaissait mes qualités et surtout mes défauts et pourtant semblait désirer que je change. Est-ce que je ne lui suffisait pas ainsi? Amoureux fou et prêt à tout pour la rendre heureuse? Non, il lui fallait plus...

Et si ma phrase n'était guère adaptée, que dire alors de sa manière d'agir? Inviter Méphisto dans notre intimité? Je me redressai en vitesse et bondit vers la porte pour l'ouvrir d'un mouvement rageur, indiquant clairement à l'invocation qu'il avait tout intérêt à m'obéir si elle ne souhaitait pas s'en prendre un. J'étais plutôt tolérant dans mon genre mais me faire mater par un truc doué de conscience pendant que nous faisions l'amour? Et puis quoi encore? Je n'aimais pas les voyeurs, qu'ils soient sur deux ou quatre pattes. J'attendis qu'il s'exécute avant de lever l'oeil vers la noiraude.

Que dire d'elle? Pourquoi était-elle venue finalement? Elle s'était visiblement rendue compte que nous étions trop différents et ne semblait pas prête à m'accepter comme je l'étais. Pire encore, elle ne me faisait pas confiance. Pourquoi ne m'avait-elle pas dit pour Oniri? Est-ce qu'elle craignait ma réaction ou estimait-elle simplement que je ne méritais pas de le savoir. C'était bien là le problème au fond. Elle me considérait comme un gamin. Mon comportement habituel ne laissait guère présager du contraire, j'en convenais. Mais dans ce cas, qu'est-ce qu'elle faisait là? Elle souhaitait simplement coucher avec un homme qui, elle le savait, la désirait plus que tout? N'étais-je qu'un outil sur sa route menant à la connaissance sexuelle?

*Est-ce qu'elle en a seulement quelque chose à faire de moi?* songeai-je sans la quitter du regard.

Elle était arrivée comme une conquérante en territoire étranger, comme si je lui étais déjà acquis et qu'elle n'avait qu'à se baisser pour me cueillir. Je la désirais, l'aimais! Mais j'avais aussi ma fierté et celle-ci me commandait de ne pas me laisser faire ainsi de la sorte. Elle désirait des excuses? Que je reconnaisse ce qu'elle devait considérer comme une erreur? Une simple phrase se voulant détachée méritait-elle que je recueille une telle désapprobation, comme un gamin face à sa mère? J'étais ce que j'étais et je ne serais jamais ce qu'elle souhaitait que je sois. Elle allait devoir m'accepter tel quel ou trouver quelqu'un qui correspondait plus à ses royales attentes...

- "Toi aussi, dégage!" ajoutai-je finalement à son attention. "Je suis ce que je suis et je ne changerai pour personne! Toi compris! Reviens quand tu m'aimeras vraiment ou... ne reviens pas!"

Si ça me faisait mal? Ça me brisait totalement le coeur, oui! Je baissai le regard et portai ma main sur mon cou entaillé pour y passer ma main et observer ensuite mon fluide vital. Mais je savais aussi que les souffrances pouvaient s'amplifier avec le temps. Succomber au désir charnel et aux sentiments que j'avais pour elle? Bien sûr que je le désirais! Ca faisait des mois que j'attendais cet instant. Mais j'avais imaginé être son égal, partager un amour réciproque. Et visiblement elle avait encore du chemin à faire pour m'accepter.

Je restai néanmoins stoïque, du moins autant que je le pouvais. J'avais accepté Megami, j'avais accepté sa maladie ou encore sa soif de sang. Mais la réciproque n'était pas vraie et je crois que c'était encore le meilleur indice quant aux sentiments qu'elle avait - ou, plutôt, n'avait pas - pour moi. Quel idiot j'avais été...

La main sur la poignée de la porte, cette dernière grande ouverte, l'invitation à quitter les lieux était on ne peut plus claire...

Music ♫:

Il n'était pas peu dire que ma contre attaque l'avait sorti de ses gonds. Il ne semblait pas vraiment mesurer ce qu'il venait de m'infliger à travers ces propos douteux... Un instant de doute couplé à un mal aise avait accompagné ses mots, me refroidissant instantanément comme un glaçon. Lui aussi venait de prendre une douche froide mais semblait retourner sa hargne contre moi : douce ironie...

Je n'avais souhaité que ça : franchir ce cap intimiste avec lui et voir où cela pourrait nous mêler, nos sentiments ainsi conjugués. Je ne pouvais le nier j'avais des sentiments pour lui et pourtant il ne semblait pas le voir : bien trop occupé à vouloir chasser Méphisto dans un excès de rage, ce dernier quittant les lieux en se dissipant à nouveau. Pourquoi avait-il fallut qu'il gâche tout alors que tout partait merveilleusement bien... Je n'étais certes pas douée dans les relations sociales et l’interprétation des sentiments était un exercice pire encore mais quelle femme aurait accepté ce genre de propos sans en tenir rigueur et poursuivre ? Qui n'aurait pas tiquer à son détachement total alors que nous vivions notre premier moment charnel ?! Je n'arrivais pas à le comprendre... Il était tel qu'il était bien sûr mais ne pouvait-il pas faire des efforts en pleins ébats et ne pas laisser supposer par ses paroles qu'il s'adressait à la première catin venue qui n'avait que faire des actes et des mots de ses clients tant qu'elle touchait son pécule ?
Je ne demandais pas un noble mais ne voulait pas d'un rustre non plus. Pourtant je le connaissais maintenant et il valait nettement mieux que cela...

Son regard ne quittait pas le mien alors que je restais stoïque, tout comme lui. Je n'aimais pas son regard inquisiteur qui laissait à penser qu'il s'imaginait mille et unes choses plus fausses les unes des autres plutôt que de directement me dire ce qu'il ressentait et me demander des explications. Mais il ne le faisait pas. Non. Il préférait se tenir prêt de la porte et d'expier sa colère à mon encontre en me demandant vulgairement de m'en aller. Qu'avais-je fait pour mérité cela si ce n'était lui faire subir ce que j'avais moi même ressenti un peu plus tôt. Aurais-je dû me taire et poursuivre comme ci de rien n'était malgré mon mal aise ? Non ! Je n'étais pas comme ça : j'étais franche dans toute les circonstance.

« Personne ne te demandes de changer : pas même moi. De quel droit le pourrais-je alors que moi même je ne changerais pour personne ? »

Je me relevais du lit et marchais à pas de velours dans sa direction, ne le quittant pas des yeux. Il exultait la colère et l'ancienne moi n'aurait sans doute pas chercher à lui parler ou lui prouver quoique ce soit : quel perte de temps cela aurait été, aurai-je alors pensé. Mais je n'étais plus comme ça et j'étais attaché à lui, j'avais des sentiments pour lui... il ne devait pas en douter.

Arrivée à sa hauteur je posais ma main sur la sienne, encore en suspend sur la poignée, et refermais la porte. Mon regard rubis scintillait de mille feux en l'observant. Je n'osais pas le brusquer de peur qu'il se fige mais je tentais tout de même de poser ma main sur sa joue après une hésitation, ne le lâchant pas des yeux.

« J'ai des sentiments pour toi... Je le sais... N'en doute pas. »

Je n'étais pas comme les filles superficielles dont il semblait dépeindre le tableau : celles qui voulaient la perfection alors qu'elles mêmes avaient leur lot de défauts. J'avais des sentiments pour celui qui était venu m'aborder au bar, m'emmenant sur le ring avant de me faire découvrir Suna d'en haut à travers une balançoire improvisée. J'avais fini par m'attacher à celui qui avait eu le don de presque nous tuer dans les ruines mais qui m'avait aussi accompagné dans la souffrance à l'oasis et même sauvée la vie dans une mission remplies de chacals et de fou furieux... Je l'avais considéré comme une proie de plus, l'emmenant dans l'Académie pour me repaître de son sang malgré lui mais tout cela avait évolué.

«  Nous n'avons certainement pas un parcours atypique mais nous avons franchis bon nombres d'obstacles et si ce genre de désagrément mineur parvient à nous déchirer alors oui il est inutile que je reste... »

Je cherchais son regard fuyant et caressait la paupière de son œil de verre.
Qu'est-ce que c'était que l'amour ? Tous ces sentiments étaient nouveaux pour moi et je n'arrivais pas vraiment à le définir... Toutefois je pensais pouvoir dire sans me tromper que ça y ressemblait...

« C'est parce que tu es toi que je suis la ce soir et jamais je ne te demanderais de changer comme je ne pourrais jamais le faire non plus pour toi. Cependant, dans notre sphère privée j'aurais souhaité que tu adoptes un comportement plus mature et je pensais que ton désir pour moi et ton amour l'aurait permis. Entre nous, je suis prête à ne pas te demander de ton sang lors de nos ébats si tu trouves cela inapproprié et j'espérais qu'il en irait de même pour toi afin que je n'éprouve pas l'impression de n'être qu'un simple objet à qui tu adresses ton « menu spécial »...

Nous avions besoin de discuter pour mettre les choses au clair et repartir sur de bonnes bases. J'avais toujours envie de lui mais peut-être cela ne serait-il pas pour ce soir... Toutefois, rien ne nous empêchait de remettre cela à plus tard et de simplement passer notre soirée aux confidences pour renforcer notre complicité, dans les bras l'un de l'autre... Je ne demandais que passer du temps en sa compagnie...
Maintenant que je lui avais fait part des choses, c'était à lui de prendre la décision finale.

♫:

Au moment où la main de la noiraude effleura la mienne, la colère que je ressentais se dissipa aussi vite qu'elle était venue. Ne restait plus qu'un profond vide et une désagréable sensation de honte. Elle avait raison! Bien sûr qu'elle avait raison! Je baissai mon regard qui se fit fuyant. Vous savez ce don qu'ont les femmes pour vous faire sentir bête? Pour retourner la situation à leur avantage avec quelques mots et deux fois moins de caresses? Et bien nous étions en plein dedans...

Sauf que cette fois elle n'avait rien à se faire pardonner et c'était moi le fautif. Bon bien sûr elle avait fait preuve d'un manque de jugeote évident en amenant son Kuchiyose chez moi alors que nous nous apprêtions à gouter aux plaisirs de la chairs. Mais que dire de ma réaction qui s'était montrée aussi puérile que disproportionnée? La kunoichi me laissait une chance de me racheter. Mieux encore, elle semblait prendre sur elle pour favoriser le dialogue et résoudre cette mini-crise. Ce qui ajoutait encore à mon embarras. Je l'écoutai parler avec une maturité qui semblait constamment me fuir et je crois bien que le rouge me monta aux joues.

- "Excuse-moi Yami!" soufflai-je avant de refermer doucement la porte. "J'agis un peu trop souvent comme le con que je suis..."

Je capturai sa main dans la mienne et la portai à mes lèvres avant d'y déposer un baiser puis l'emmener à ma suite vers le lit où on prit place assis l'un en face de l'autre. J'avais un peu moins de peine à soutenir son regard écarlate car je ne perdais pas de vue que mon ras-le-bol était tout de même motivé par des faits et pas seulement des ressentiments. Mais puisque nous avions l'occasion d'en parler et de mettre les choses à plat nous aurions torts de nous priver de cette possibilité, n'est-ce pas?

- "Je n'ai pas voulu te mettre mal à l'aise tout à l'heure, je suis seulement un peu perdu par rapport à nous ces derniers temps... Non, en fait je suis perdu par rapport à beaucoup de choses!" avouai-je en caressant du pouce le revers de sa main. "Tu me dis que tu m'aimes et tu peux me croire: j'ai vraiment envie de te croire! Mais certains de tes actes me font douter tu sais?"

Je marquai une courte pause le temps de me rapprocher un peu d'elle et passer ma main sur sa joue. Je me noyai un instant dans son regard chatoyant en cherchant mes mots et surtout la meilleure façon de les accorder sans paraître trop incisif ou, au contraire, trop léger.

- "Par exemple j'ai appris qu'Oniri était dans le comas en surprenant une conversation dans un bar. L'infirmière m'a dit que tu lui rendais visite régulièrement. Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas parlé de ça? Oniri n'est pas ma meilleure amie mais je l'apprécie tout de même. Enfin, à ma manière! Ça m'a blessé tu sais?"

Je haussai les épaules pour bien signifier le désarroi dans lequel je me trouvais par rapport à son manque de communication sur ce sujet. Je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi elle ne m'avait rien dit. Voulait-elle m'épargner ou au contraire me laisser volontairement dans l'ignorance, estimant que je n'avais pas à le savoir?

- "Et puis tu débarques chez moi après des semaines d'absence et tu me sautes dessus! Ne te méprends pas, hein? J'en suis heureux! Mais je n'arrive pas à savoir s'il s'agit d'un acte réfléchi ou plutôt d'une pulsion soudaine que tu cherches à assouvir avec moi en sachant les sentiments que j'ai pour toi! Et puis, qu'est-ce que ça signifie? Que tu veux te mettre avec moi? Est-ce que c'est une façon d'officialiser notre relation?"

Oui, cette discussion était une bonne chose...

Music ♫:

Son comportement changea du tout au tout. De fulminant de rage il était passé a rougeoyant de honte : il avait pris conscience de la situation, de ses actes et je jugeais cela comme un immense pas en avant.
Je lui souriais et cherchais son regard fuyant alors qu'il s'excusait ouvertement, j'étais satisfaite. Qu'importait d'avoir le dernier mot, je ne jouais pas dans la catégorie du puéril, mais j'avais tenté de lui faire comprendre ce que j'avais pu ressentir et il l'avait compris. Bien sûr j'avais moi même des tords, j'en était tout a fait consciente et le reconnaissait sans peine mais pour le coup ce n'était pas des miens dont il était question.

Il posa un baiser sur ma main, m’entraînant vers le lit sur lequel nous nous asseyions face à face, alors qu'il restait dur envers lui même.

« Tu n'es pas un « con ». Tu sais très bien que j'ai de la difficulté avec les relations sociales et humaines mais je peux cependant te l'affirmer. C'est parce que tu te juges ainsi que tu en adoptes le comportement et pas l'inverse... J'ai eu maintes fois l'occasion de t'observer dans les situations les plus sérieuses et périlleuses et tu étais tout sauf idiot tu n'arrives juste pas à te faire confiance a toi même. »

Je m'engouffrais sur une pente ardue puisque je n'y comprenais pas grand chose mais toutefois, je lui donnais mon point de vue sur sa personne : l'esprit critique qui m'avait toujours permis de juger et jauger les gens au premier coup d’œil sans même ressentir quoique ce soit d'autre que du mépris. L’œil de la prédatrice que j'avais pu être alors que je me contentais de voir les autres que comme des proies potentielles sans être digne d'intérêt.

Shinji prenait le ton de la confidence, me confiant ses doutes et ses craintes par rapport à moi, à nous, à lui, tout en se montrant affectueux envers moi même comme pour me signifier qu'il avait besoin de ce contact, de ma présence et de me témoigner de son affection à mon égard : c'était dû moins ainsi que je l'interprétais.
Il avait envie de croire mes sentiments pour lui mais demeurait incertain au vue de certains de mes actes dont j'ignorais tout... Qu'avais-je fait pour qu'il voit les choses de cette manière ? J'étais perdue et ne comprenais pas vraiment. Toutefois, comme s'il avait compris mon désarroi face à son affirmation incompréhensible pour moi, il argumentait d'un exemple : le fait que je ne l'avais pas prévenu pour Oniri... Il en avait été blessé...

« Je ne sais pas pourquoi... Quand c'est arrivé c'était comme ci le temps c'était suspendu... Je commence seulement à « remonter la pente » si je peux dire... Méphisto m'a averti de son état, j'ai accouru mais elle était déjà inconsciente... J'avais bu son sang il y avait peu donc je me suis servi de ça pour tenter de lui extraire tout ce qu'elle avait pu avaler puisque médicaments et bouteilles d'alcool vides traînaient en nombre importants à côté d'elle... J'étais totalement paniquée à l'idée qu'elle y reste et surtout je me demandais pourquoi est-ce qu'elle avait fait ça... Je me le demande toujours. »

Je soupirais.

« Je ne voulais pas le crier sous tous les toits puisque j'étais certaine que cela ferait le tour du village sans que je n'ai a m'y en mêler. Au même moment, une Kaguya est arrivée pour soit disant la voir donc j'ai commencé a la suspecter d'y être pour quelque chose mais finalement elle n'est pas restée : je ne voulais pas qu'elle aille la voir. Je ne connaissais pas cette inconnue et ne voulait pas la laisser seule avec Oniri. Les premiers jours, je voulais comprendre et je pense que je voulais rester seule à seule avec elle pour tenter de trouver une explication. Je vais lui rendre visite tous les jours et j'en ai été si perturbée que je n'ai pas pensé a t'en parler, partant sans doute du principe que vous ne vous affectionnez pas tellement et, alors que je sais que vous éprouvez tous les deux des sentiments pour moi, il aurait été malvenu de ma part de t'indiquer qu'elle avait attenté à ses jours... Je pense que j'avais peur qu'au fond cela te ferait plaisir pour « m'avoir » pour toi seul... Je suis désolée si je t'ai blessé : pardonne moi si tu le veux bien. »

Je baissais la tête vers mes genoux, repensant à tout cela, au mal que j'en avais ressenti et qui, même aujourd'hui, continuait de me ronger. C'était plaisant de ressentir des émotions mais c'était aussi très perturbant et douloureux et je n'avais pas l'habitude d'affronter cet aspect qui m'ébranlait un peu plus chaque jour...
Relevant les yeux vers lui, un larme s'échappait du coin de mes yeux tandis que j'affirmais :

« J'ai peur qu'elle ne s'en sorte pas... »

Ma voix tremblotait un instant, parcouru par un sanglot que je parvenais tout de même à refréner au dernier moment : je devais changer de sujet, mes larmes n'avaient que trop coulées depuis cet événement...

« J'ai eu besoin de prendre du recul vis à vis de toi, pensant que vivre avec Oniri et entamer une relation plus « sérieuse » avec elle me ferait t'oublier. Ne le prends pas mal mais j'étais vraiment perdue et tiraillée pour ce que je ressentais envers vous et parfois je le suis encore un peu... Cependant, malgré tout ça, je ne t'ai pas oublié... Tu fais toujours partie de mes pensées. J'ai envie de construire quelque chose avec toi mais... C'est encore trop tôt pour moi... J'ai besoin d'y voir plus clair dans mes émotions, comprendre comment cela fonctionne vraiment car je n'aime pas m'en sentir perdue et ce que je sais aujourd'hui en revanche c'est que je ne me vois pas « enchaînée » dans une relation de couple qui m'obligerait à penser sans cesse à toi lorsque je voudrais faire quelque chose : me demandant alors si ça pourrait te blesser ou non, ce que je ne veux aucunement. »

Je marquais une pause après coup, cela devait faire beaucoup d'informations pour lui...

« Je ne sais juste pas où est la limite de ce que je peux faire ou pas sans te froisser et je n'ai pas envie d'être privée de ma liberté de la sorte... J'ai été enfermé quinze années en orphelinat et voilà seulement trois que je comprends véritablement le sens de ce mot : je n'ai pas envie de me couper les ailes en plein vol... Tu sais très bien que j'ai besoin de sang pour survivre et qu'auprès de certaines personnes : homme comme femme, peut importe, je dois me montrer un brin provocatrice pour intimider et obtenir ce que je veux et je ne veux pas t'obliger à vivre avec moi tout en le sachant si cela te déplaît... »

Voilà qui avait été dit... Je caressais sa joue de ma main libre, fixant son regard attentif du mien. J'avais moi même des choses à lui faire part cependant.

« Qu'en est-il pour toi ? Comment vois-tu la chose ? Toi qui est amené à te battre chaque nuit pour gagner ta vie... Crois-tu vraiment que cela me plaise de savoir que l'on peut te cogner dessus pour que tu récoltes quelques piécettes ? Tu t'enfermes dans ta vie selon moi... Je peux me tromper mais je pense que ce que tu voyais a la base comme une nécessité pour survivre en deviens presque un devoir et une envie... Toujours plus de débauche, du sang, de l'alcool, du tabac, de la drogue... Pour le reste je n'en ai aucune idée et à la limite je ne préfère pas le savoir... »

Bien sûr je parlais du sexe...

« Comptes-tu reprendre ta vie en main et cesser de mettre ta vie en danger un jour où bien continueras-tu toujours de t'enfoncer toujours plus dans ces addictions qui te tentent les mains pour que tu succombes toujours plus, oubliant un temps soit peu la réalité alors que cette existence ne fait qu'accroître le peu d'estime que tu as pour ta personne ? »

Il n'avait pas confiance en lui et, à mon sens, tous ces écarts de conduites laissaient supposer un mal être dont j'avais besoin de connaître l'origine. Non pas par curiosité mais bel et bien pour l'aider puisque j'étais aussi là pour lui tendre la main dans les moment noirs tout comme il avait été là pour les miens...

♫:

Entendre Yami m'affirmer que je n'étais pas un con me fit le plus grand bien. C'était l'une des rares personnes dont l'avis comptait pour moi et à ce titre ses dires me faisaient chaud au coeur. Je la remerciai d'un sourire un peu contrit mais non moins sincère tandis qu'elle poursuivait en parlant d'Oniri. Je comprenais mieux sa façon de voir les choses et sa manière d'agir. Je n'avais pas soupçonné le fait qu'elle puisse croire que j'aurais profité de la situation mais, au fond, avait-elle tort en me disant que j'aurais pu y voir une occasion de la garder rien que pour moi? Non!

L'idée m'avait effectivement traversé l'esprit, je devais le reconnaître. Oniri était ma rivale dans la conquête du coeur de la belle noiraude, je le savais. Dès lors j'avais perçu sa plongée dans le comas avec douleur, bien sûr, mais également comme une certaine libération. Elle hors course, qui pourrait se dresser sur la route de l'amour que je tentais de construire et relier à Yami? Personne! Enfin, je crois... Mais j'avais également un certain honneur et je ne voulais pas gagner son coeur de cette façon. Je voulais que son choix soit volontaire et non fait à défaut. J'allais d'ailleurs lui faire remarquer qu'elle n'avait pas totalement tort quand je vis une larme perler au coin de ses yeux chatoyants tandis qu'elle m'avouait qu'elle avait peur qu'Oniri ne s'en sorte pas. Voir ainsi l'être qu'on aimait souffrir était une véritable torture. J'avais envie de partager sa peine, de l'atténuer par des mots ou des gestes. Ce que je fis en l'étreignant avec un mélange de douceur et de fermeté. Pour lui faire comprendre que j'étais là, qu'elle n'avait pas à porter ce fardeau seule...

- "S'il y a bien une chose dont je suis certain à propos d'Oniri, c'est qu'elle est solide!" murmurai-je à son oreille en lui caressant le dos. "Elle va s'en tirer, tu vas voir!"

Bien sûr, je n'en savais rien... Mais que dire d'autre? Je déposai un baiser sur sa joue avant de l'étreindre à nouveau comme si ce contact pouvait un tant soi peu atténuer sa douleur. Quant à ses excuses...

- "Il n'y a rien à pardonner Yami! Je crois que je comprends ta façon de penser et ta manière d'agir! Tu as fait ce que tu estimais être juste, c'est tout! Jamais je ne pourrai t'en vouloir parce que tu as été fidèle à toi-même. Ne te fais pas de bile pour ça, c'est déjà oublié!"

La noiraude changea néanmoins de sujet pour se recentrer sur celui qui nous concernait directement tous les deux: notre relation! Je sentis comme une main invisible broyer mon coeur lorsqu'elle m'avoua qu'elle avait tenté d'entamer une relation sérieuse avec Oniri pour m'oublier. Nul besoin d'être un devin pour comprendre que son choix s'était tout d'abord porté sur la Saibogu et non sur moi. D'une certaine façon j'avais perdu cette course aux sentiments et je ne pouvais m'empêcher d'être déçu. Mais vu la situation et l'honnêteté dont la belle demoiselle faisait preuve, je n'eus guère le courage de lui faire la moindre remarque à ce sujet. Je la laissai donc poursuivre tout en tentant de ne pas faire paraître ma douleur...

Je fus bien plus rassuré par la suite: elle souhaitait construire quelque chose avec moi mais il lui fallait du temps. Elle ne voulait pas se sentir enchaînée, emprisonnée dans une relation sur laquelle elle semblait avoir de la peine à mettre des mots. Ce n'était pas ce que j'attendais évidemment. J'étais certain de mes sentiments pour elle et j'avais espéré que c'était réciproque. Je ne voyais pas une éventuelle relation comme quelque chose qui posait des règles, nous limitait. Néanmoins je lui avais promis lors de notre nuit à l'oasis qu'elle pourrait avoir tout le temps qu'elle désirait pour faire son choix et définir plus clairement ses sentiments. Si ce n'était pas encore le temps, alors... ça ne l'était tout simplement pas! Elle m'invitait à commenter et je ne me fis pas prier. Le tout avec une voix douce et un ton qui montrait clairement que je ne lui faisais pas le moindre reproche:

- "Où sont les limites, hein?" répétai-je en me passant une main sur le menton. "Je comprends tout à fait que tu doives faire certaines choses pour obtenir du sang. J'avoue que je désapprouve mais je ne suis pas dans ta situation, celle de devoir tout faire pour rester en vie. Je n'ai pas cette épée de Damoclès qui plane sur ma tête et je ne peux donc pas comprendre ce que ça implique vraiment. Alors..."

Je marquai une courte pause, faisant glisser mon regard sur la fenêtre et l'extérieur de mon chez-moi comme si ça pouvait m'aider à me concentrer sur ce que je devais dire ou, du moins, à réussir à mieux l'exprimer.

- "Alors fais ce que tu dois faire Yami! Tu sais... j'ai peur que tu te découvres des sentiments pour quelqu'un d'autre. Ça, je ne peux pas le nier! Je t'aime et ça implique que je veux avant tout ton bonheur, même si en retour ça doit causer mon malheur! Mais j'aimerais avant tout de l'honnêteté: s'il devait y avoir quelqu'un d'autre, fais en sorte que je sois le premier au courant d'accord?"

J'avais un peu l'impression de lui donner l'autorisation de me tromper, de chercher ailleurs son bonheur. Mais que pouvais-je faire d'autre? La brider? C'était hors de question! Elle pouvait faire ce qu'elle désirait, c'était la moindre des libertés. Tout ce que je pouvais faire, moi, c'était me contenter de réagir. Mais j'espérais sincèrement qu'elle comprendrait que son bonheur était à mes côtés et non auprès de quelqu'un d'autre. J'en étais convaincu mais je ne pouvais le certifier...

La discussion dériva sur moi et je m'écartai un peu de la demoiselle pour venir m'adosser au mur, m'asseyant complètement sur le lit. Je glissai une cigarette préalablement roulée entre mes lèvres et l'allumai sans vraiment m'en rendre compte. Je n'aimais pas parler de moi, ça me mettait mal à l'aise. Peut-être parce que ça me plongeait le nez en plein dans ma merde et que c'est précisément ce que je cherchais à éviter. Mais Yami méritait une réponse honnête et je comptais bien la lui donner. Et tant pis si ça me gênait...

- "Tu sais le soucis c'est précisément que j'aime la débauche..." avouai-je donc en lui décochant un sourire contrit. "Je me hais pour ça mais c'est ainsi! J'ai une faculté à l'autodestruction que je n'arrive ni à repousser, ni à modérer. En fait j'ai surtout peur du changement! Du moins j'en avais peur avant de te rencontrer..."

Le soucis était bien là au fond. Je n'arrivais pas à changer pour moi-même mais je me sentais capable de le faire pour quelqu'un d'autre. Quelqu'un que j'aimais sincèrement et qui me servirait de point d'ancrage dans la tempête constante qu'était mon existence.

- "Le soucis c'est que je ne sais pas vraiment à quoi m'en tenir avec toi! Je ne sais pas si ça va continuer et que je pourrai compter sur toi pour le reste de mon existence ou si au contraire tu vas m'abandonner comme..." commençai-je avant de marquer une pause. Le temps de hausser les épaules. J'étais déjà allé trop loin, je ne pouvais reculer. "Comme tous les gens auquel je tenais..."

Mes parents, mon clan, mes amis... Je crois que j'avais le don de me mettre les gens à dos et en plus de rejeter la faute sur les autres. Mais, à nouveau, c'était plus fort que moi. Comme si j'étais condamné à souffrir tout en faisant en sorte que ça arrive! Autodestruction...

- "Si tu me laisses tomber Yami, ce sera la goutte d'eau qui fera déborder le vase... Je ne te dis pas ça pour te forcer à rester auprès de moi ou te manipuler. C'est bien au-dessus de mes moyens! Mais c'est un fait, c'est comme ça!"

Oui, j'avais besoin d'elle parce que je l'aimais! Mais aussi parce qu'elle était la seule porte de sortie que j'entrevoyais à ma pathétique existence. Je ne désirais pas lui en faire part pour éviter de lui mettre la moindre pression mais nous en étions aux confidences et il fallait qu'on soit le plus honnête l'un envers l'autre. Ne lui avais-je pas demandé la même chose quelques secondes plus tôt.

- "T'es un vrai rayon de soleil dans ma vie Yami! La seule personne qui peut me rendre meilleur, m'apporter un avenir dont je pourrais être fier. J'ai besoin de toi!"

J'écartai les mains avant de les laisser retomber. Je me sentais vraiment pitoyable à cet instant. Exprimer de la faiblesse en même temps que l'amour inconditionnel que je lui vouais. Mais l'amour n'était-il justement pas une faiblesse?

- "Et maintenant?" demandai-je en haussant légèrement les épaules.

Music ♫:

Shinji me réconfortait de sa présence, m'enserrant dans ses bras avec tendresse et fermeté comme pour me protéger. J'en avais besoin alors je ne protestais pas mais cela me renvoyait directement la faiblesse, dont je faisais preuve, en plein visage. Oniri allait s'en sortir selon lui, elle était solide... Oui elle l'était mais cette carapace qui l'avait toujours protégé avait fini par se briser sous le poids des difficultés qu'elle avait rencontré... Etait-elle aussi forte qu'auparavant ? Sûrement pas pour avoir attenté à sa vie... Le temps était celui qui nous le dirait, nous avisant de son tic tac pernicieux alors que nous attendions des nouvelles sans la moindre patience.

Shinji semblait avoir compris mon raisonnement concernant le manque de communication dont j'avais fait preuve en ne l'informant pas du coma d'Oniri. Je le remerciais en mon fort intérieur et en prenais bonne note : si j'avais des nouvelles je lui en ferais part.

Je voulais son avis sur tout ce que j'avais pu dire et des réponses concernant mes interrogations, et il m'expliquait qu'une fois encore il comprenait ma situation et mes récoltes de sang, même si cela le gênait quelque part, il était visiblement près à l'accepter. De toute façon je n'aurais pas vraiment le choix pour survivre donc je ne pouvais pas me passer de le faire. Bien sûr j'aurais pu subir des transfusions régulièrement comme autrefois mais c'était si pesant et humiliant au fond de dépendre a ce point là des autres et de l'afficher devant le personnel soignant que je ne pouvais m'y résoudre : ça reviendrait à me priver de la liberté que je chérissais tant justement.

Son regard devenait fuyant alors qu'il m'expliquait ses craintes quant au fait que je m'en éprennes d'un autre. Je ne pouvais pas lui certifier que non : après tout, j'avais bien des sentiments pour lui et Oniri mais j'en doutais fortement... Je m'étais attachée a eux et cela avait fini par en découler mais c'était déjà assez compliqué comme cela : inutile d'en rajouter...
Il me parlait de faire mon bonheur même si ça ne lui octroyait que du malheur mais puisque je pensais l'inverse comment étions nous censés faire ? Tout cela était tellement compliquée...

J'opinais du chef quand il me demandait de l'honnêteté peu importe ce qu'il se passerait : je n'avais de toute façon pas pour habitude de mentir ou d'y aller par quatre chemin alors il pouvait compter sur moi tout comme j'espérais qu'il en ferait de même à mon égard car je saurais m'en souvenir...

Lorsque la discussion dérivait sur lui, il s'écartait de moi, s'allumant une cigarette tout en s'appuyant le dos contre la tête de lit : il était gêné. Je n'aimais pas non plus que l'on parle de moi mais je ne fuyais pas pour autant... Il avait tellement peu d'estime pour lui même qu'il en venait à esquiver tout ce qui le concernait : s'enfermant alors dans le cercle vicieux de sa vie. Il aimait la débauche tout comme le je pensais... Il ne connaissait que cela au fond et, même si c'était différent, j'avais moi même fini par aimer la solitude dans laquelle je m'étais enfermée. Toutefois Oniri avait été là pour m'apporter quelque chose de nouveau et Shinji avait posé sa pierre à l'édifice qui constituait aujourd'hui le fil de mes sentiments. J'étais devenue celle que j'étais aujourd'hui grâce à eux, et même si j'avais encore des choses à apprendre, j'avais déjà fait un bond en avant. Peut-être que c'était ce qu'il manquait a Shinji... Quelqu'un qui le pousse a se réveiller et à se sortir de là : de tenter le changement même si l'inconnu a le don d'effrayé : je voulais faire partie des personnes qui l'aiderait pour ça, lui même le disait...

« Quoi qu'il arrive je ne t'abandonnerais pas. »

Je ne pouvais pas être certaine de ce que serait demain mais même si notre relation n'aboutissait pas comme il l'espérait, je saurais être là pour lui.

« Je ne suis pas comme tous les gens auxquels tu tenais. »

Non je suis même bien pire tant je ne fonctionnais pas comme tout le monde... Mais ma loyauté, mon amitié ou même mon amour lui, était bien sincère.
Son désarroi était tel qu'il m'expliquait que si je le quittais, il s'effondrerait et ne s'en relèverait probablement pas. J'avais horreur d'entendre ça ! Même s'il précisait le contraire c'était comme si on me mettait le couteau sur la gorge et qu'on me forçait a faire quelque chose : je ne pouvais pas le lui promettre d'être toujours à ses côtés car ça reviendrait peut-être a mentir et nous avions instauré l'honnêteté.

« Je suis heureuse d'entendre tous ces mots car oui je suis là pour toi mais d'un autre côté, j'aurais souhaité que tu n’aie jamais l'occasion de les dires : au moins cela prouverait que tout irait bien pour toi et que tu n'aurais pas besoin d'un aide quelconque. »

Je me rapprochais de lui, m'asseyant a califourchon sur ses cuisses tout en caressant sa joue avec mes doigts.

« Je t'aiderais. Je t'aiderais dans ta quête du changement pour une vie meilleure... et à mes côtés je l'espère. »

Mes yeux se plongeaient dans les siens alors que je lovais un bras dan son cou, ma main plaquée sur sa nuque, tandis que l'autre retirait la cigarette de sa bouche, l'éloignant de lui le temps de poser mes lèvres fugacement sur les siennes. Ma tête venait se caler sous son menton alors que j'entendais les palpitations apaisantes de son cœur contre mon oreille.

♫:

Comment décrire mon état à ce moment-là? J'étais soulagé et heureux. Soulagé car j'avais l'impression d'avoir avoué la part la plus sombre de ma vie à la personne qui comptait le plus à mes yeux. Et que, surtout, elle ne m'avait pas repoussé. Heureux parce que je ne m'étais pas senti aussi libéré depuis de longues années. Peut-être même depuis mon enfance et l'innocence qui la caractérisait alors. J'avais envie de me répandre en remerciements et paroles douces, de témoigner à Yami toute la gratitude qui m'habitait à cet instant précis. Mais je crois qu'à ce stade-là les mots n'étaient plus nécessaires et que nos regards suffisaient à exprimer ce que l'on ressentait l'un et l'autre. Cette discussion avait fort mal commencé mais devenait un exutoire...

Plus que les mots, j'appréciais le contact de ma dulcinée contre moi, sa peau contre la mienne. Je lui rendis son étreinte alors qu'elle posait la tête sur mon torse, certainement avec plus de puissance que de douceur. Mais j'avais besoin de lui faire comprendre par ce geste ce que signifiaient ses mots pour moi. Ce que je retenais de tout ça? Elle allait être là pour moi! Peut-être pas de la façon que j'espérais car son coeur ne m'appartenait pas. Ou du moins pas de la façon que je souhaitais. Mais d'un autre côté je devais me contenter de ce qu'on m'offrait. À en vouloir trop, on fini pas tout perdre n'est-ce pas?

- "Merci Yami!" murmurai-je au coin de son oreille avant d'y déposer un baiser. "Merci!"

Je me surpris à me satisfaire de cette simple étreinte alors que quelques instants plus tard j'étais dévoré par le désir de m'unir à elle. Mais les secondes s'écoulèrent et l'envie revint à la charge comme les vagues s'écrasant continuellement sur un rivage. Nous étions réconciliés et la meilleure façon d'entériner notre discussions et les accordes qui en découlaient n'était-il pas de confirmer tout ça sur l'oreiller? Après quelques minutes de silence et le prolongement de notre étreinte je la fis donc basculer délicatement sur le flanc de manière à pouvoir m'allonger à côté d'elle.

- "Et si nous reprenions où nous en sommes restés?"

J'avais retenu la leçon même si elle m'avait coûté très cher: respecter ce moment d'intimité avec elle et laisser de côté mes remarques aussi inutiles qu'inadaptées à la situation. Nos lèvres s'unirent à nouveau et ce contact m'apaisa et m'enhardit en même temps. Mes caresses reprirent avec autant de douceur que de détermination tandis que je l'aidais à se défaire de ses derniers vêtements et que je faisais de même avec les miens. Je lui pris ensuite la main pour la déposer sur ma virilité tandis que de l'autre j'explorais sa féminité que j'espérais encore inexplorée. La douceur laissa bientôt place au désir puis au plaisir alors que nous mouvements se faisaient plus insistants, moins hésitants. Nous basculions tout deux vers un océan de volupté et le monde autours de nous sembla s'effacer puis disparaître complètement.

Il n'y avait plus que nous et les sentiments qui nous unissaient. Ma bouche se fit un devoir d'explorer les courbes de la demoiselle, tout comme ma langue. M'attardant tantôt sur sa poitrine et son nombril, tantôt sur le délicieux creux de son cou, ses oreilles ou sa bouche, je me laissai guider par les instincts les plus primaires. Cette séduction physique dura un certain temps jusqu'à ce que je décide de me glisser entre ses jambes. Une main sur son fessier et l'autre autours de ses épaules, je me fis un devoir de l'initier enfin aux plaisirs charnels. J'avais rêvé maintes fois de ce moment et maintenant que nous étions aux frontières de la jouissance, je constatai que c'était bien mieux encore que ce à quoi j'avais pensé.

D'une légère pression nos deux corps s'unirent alors tandis que nous reprîmes la danse avec nos langues...

Music ♫:

Shinji me serrait dans ses bras, me témoignant de sa gratitude. J'étais heureuse d'avoir pu discuter avec lu ide tout ça et de mieux le comprendre. Jamais je n'aurais soupçonné que parler de nos faiblesses respectives ce serait montré si salvateur ! Moi qui avait horreur de la faiblesse et qui avait toujours cru qu'avoir de l'empathie pour celles-ci ne s'avérait être que de la pitié et de l'hypocrisie : tout le monde avait ses problèmes et je ne voyais pas l'intérêt de prêter mon épaule pour résoudre ceux des autres quand j'avais déjà les miens auxquels faire face mais cela... c'était avant... J'avais appris, depuis, ce qu'était l'amitié et ses fondements et peut-être même l'amour. Ces sentiments puissant qui vous rappellent que vous êtes quelqu'un et que vous comptez aux yeux de ceux que vous placez dans votre cercle relationnel. C'était bon d'avoir leur soutien et leur avis même si cela restait modéré : j'étais trop fière pour vouloir abuser de leur temps trop souvent.

Les petites attentions que me portais l'Akuzu me faisait chaud au cœur : je me sentais exister... Il tenait à moi comme toutes les personnes désormais chères à mon cœur...
Je profitais pleinement de cette étreinte chaleureuse et chargé d'émotions alors que nous nous retrouvions réellement. Les minutes défilèrent, laissant mes yeux fermés et un sourire satisfait et heureux sur mon visage. Shinji me faisait alors glisser sur le flanc, s'allongeant à mes côtés en plongeant un regard embrasé de désir dans le mien tout en joignant les mots à ce que ses yeux reflétaient. J'en avais de nouveau envie...

Ses iris habitées de ce feu chatoyant m'appelaient et me consumaient à mon tour, m'emportant dans le flot tumultueux qu'était le désir. Comme pour sceller mon accord, je m'approchais de ses lèvres, caressant sa langue de la mienne tout en fermant les yeux pour apprécier le moment à sa juste valeur. Mes mains venaient courir dans son dos que je cajolais de mille et unes caresses depuis la pulpe de mes doigts, alternant parfois avec le bout de mes ongles. Les siennes exploraient mon corps, retirant le peu de vêtements qu'il me restait encore, me laissant complètement nue contre lui. Je venais capturer sa lèvre inférieur entre mes dents, la mordillant avec douceur pour signifier mon envie pour lui...

A mesure que nous nous cajolions, je sentais le désir emplir mon corps sous la forme d'une vague chaleureuse se concentrant dans mon bas ventre. Nos respirations se faisaient de plus en plus saccadées et haletantes alors que nos cœurs battaient à tout rompre, sentant les répercussions de son écho contre me poitrine. Mes yeux écarlate brûlaient de passion à son égard.
Nos baisers langoureux se faisaient plus prenant alors que nos corps nus l'un contre l'autre s'extasiaient de la chaleur de l'autre. L'une de ses mains s'aventurait entre mes cuisses, jouant avec ma féminité alors que je me raidissais de surprise face aux sensations enivrantes qui m'assaillaient. Son autre main venait guider la mienne sur sa virilité durcie par le désir de notre union. Le membre entre ma main, je restais un instant déboussolé par cette nouveauté, ne sachant pas vraiment quoi faire pour lui faire plaisir et quoi éviter pour lui faire mal. Il me guidait un instant, me montrant le rythme du va et vient que je devais faire pour le voir s'extasier. Je m'évertuais à le faire avec application, me laissant guider par mes propres instincts alors que je me trouvais pour la première fois face à la virilité d'un homme. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agissait de Shinji et que je ne connaissais aucun autre homme avec lequel j'aurais voulu partager pareils instants.

Plus rien autour de moi ne semblait exister si ce n'était nous dans cette démonstration de désir mutuel. Sa bouche explorait mon corps alors que chacun de ses baisers et de ses caresses voluptueuses me donnaient l'impression de perdre pieds tant elles me galvanisaient de leur sillon sulfureux. Je ne me faisais pas prier pour lui retourner toutes ces attentions, mordillant et embrassant sensuellement son cou, ses épaules, sa joue... Mes doigts couraient le long de torse alors que la langue suivait leurs directions et que ma main continuait de caresser son membre brûlant.

Je n'éprouvais nulle appréhension à passer à la suite, enhardie par la passion et le plaisir qui m'embrasaient. C'est pourquoi, lorsqu'il posait une main sur mes fesses et l'autre autour de mes épaules, sachant pertinemment ce qu'il s’apprêtait à faire, j'étais détendue. Mes yeux écarlates brillaient de malice et de désir pour lui alors que je constatais la même chose dans le sien, décuplant la passion qui m'habitait.
Il entrait en moi, me provoquant des sensations encore jamais ressenties auparavant. Je m'habituais rapidement à ce nouvel émoi, tentant même de suivre son rythme en ondulant mon bassin pour accompagner ses mouvements et nous faire ressentir moult choses encore... L'union de nos corps m'exaltait et me faisait haleter plus que jamais tandis que j'émettais des gémissements d'extases incontrôlable. Le décor oscillait alors que mon corps semblait parcouru par des picots électriques : déroutant mes sens. Chacun de ses coups de reins me rapprochait un peu plus d'une jouissance inconnue...

♫:

Je poursuivis mon va et vient entre les douces cuisses de ma déesse avec un mélange de vigueur et délicatesse tandis que nous quittions peu à peu le monde qui nous entourait pour plonger dans celui de la passion. À l'inverse de Yami j'étais plutôt coutumier des plaisirs de la chair mais jamais alors je n'avais ressenti un tel délice lors d'une relation charnelle. Mon corps tout entier frémissait et s'enhardissait sous les vagues électriques qui le parcouraient mais mon âme n'était pas en reste. Il n'y a pas vraiment de mots pour décrire ce qu'on ressent lorsque l'on s'unit à la personne autours de laquelle votre monde tourne, la femme pour qui vous vous sentiez capable de décrocher la lune ou d'éteindre le soleil.

J'enfouis mon visage au creux de son cou, y déposant de temps à autre un baiser quand les râles que je commençais à lâcher ne m'en empêchaient pas. J'avais envie que cet instant dur éternellement, que le temps s'arrête autours de nous et nous enferme dans une infinité de douceur et d'amour. Mais le plaisir et surtout la jouissance peuvent s'exprimer de bien des manières et surtout par de multiples façon. C'est donc avec la douceur d'un amant et la fermeté d'un précepteur que je l'invitai à se coucher sur le flanc tandis que je me glissai derrière elle, rompant un instant notre union. Mes bras se glissèrent autours de son corps pour l'attirer contre moi tandis que mes mains le parcouraient pour lui témoigner moult caresses et preuves de mon affection. Je me fis un devoir d'explorer le creux de son oreille avec ma bouche et la mordiller avec douceur.

Nos mouvements s'enhardissaient, les ondulations de ma belle s'accordant aux miens pour amplifier un plaisir qui atteignait peu à peu son paroxysme. Les positions et les caresses se multiplièrent tout comme mes coups de reins. Les yeux dans les yeux, la main dans la main, nous gravissions la montagne de la jouissance. Puis vint l'instant tant attendu, celui de l'ataraxie charnelle. J'eus l'impression de tomber dans un volcan de bonheur, de sombrer dans le plaisir le plus absolue et le plus parfait. Le fougue laissa place à la fatigue et le désir à une sensation d'accomplissement. Le corps tremblant et la respiration haletante, j'attirai encore plus près de moi Yami pour l'étreindre avec douceur.

Nous n'échangeâmes pas le moindre mot pendant quelques minutes, profitant simplement de la douceur de la peau contre la peau tandis que nos enveloppes charnelles se remettaient peu à peu de la jouissance qui les avait parcourus puis étreints. Est-c qu'il y avait besoin de parler? Nos caresses et la tendresse qui les animait suffisaient à elles seules à exprimer les sentiments qui se juxtaposaient au sein de nos esprits encore frétillants de plaisir. Je repensai alors à tout ce que nous avions vécu pour finalement en arriver là. Ça n'avait pas été rose tous les jours si je repensais à tout ce qui avait failli nous séparer et qui le pouvait d'ailleurs encore: Oniri, Megami, nos différences... Autant de choses qui rendaient aujourd'hui cette union aussi méritée que désirée...

Je me redressai pour gratifier la noiraude d'un baiser au coin des lèvres puis d'un sourire un brin absent, accompagnant le tout d'un clin d'oeil. J'allai ensuite chercher deux verres d'eau et en revenant vers le lit j'en tendis un à ma partenaire. J'avais la gorge tellement sèche que j'aurais pu engloutir toute la flotte d'une oasis je crois. Le corps léger et l'esprit plus qu'apaisé, je vins ensuite me coucher sur le dos à ses côtés pour m'allumer une cigarette et glisser un bras autours de ses épaules pour l'inviter à poser la tête sur mon torse. Mon coeur battait encore la chamade, vestige de la passion qui nous avait consumés.

- "Alors?" me risquai-je à demander. "C'était comment?"

C'était bien sûr la curiosité qui motivait cette question mais également le désir d'entendre une réponse positive. Appelez ça de la fierté si vous voulez mais j'espérais vraiment qu'elle avait atteint de nouveaux sommets dans l'art du plaisir. Et puis c'était sa première fois avec un homme pas vrai? Avais-je été à la hauteur? Je voulais que cet instant reste gravée dans sa mémoire pour le reste de sa vie...

Music ♫:

Il me procurait une infinité de sensations et me couvrait de tout autant d'attentions. Ses mains se faisaient un devoir d'explorer chaque parcelle de mon corps, le recouvrant de caresses duveteuses tout à fait délicieuses. Le temps s'était arrêté, suspendu pour mieux nous permettre de profiter plus encore de ce moment de partage intense. Ses râles se manifestaient soudainement, montrant que l'apogée du plaisir n'était plus très loin...

Je me laissais guider par ses mouvements, suivant le rythme délectable qu'il avait imposé à notre union. Mes gémissements se mêlaient aux siens alors que je commençais à perdre pieds, le décor oscillant autour de moi alors que je perdais toute notion. Haletante et galvanisée par la flamboyance du plaisir, mes yeux consumés par le désir ne quittaient pas les siens alors que nous étions main dans la main.
Ce cocktail d'amour et de passion s'achevait dans un delirium qui me submergeait de toute part, laissant mon corps se raidir et tremblotant, parcouru de spasmes alors que la vague de la jouissance me happait de plein fouet, laissant sur son passage une profonde satisfaction couplée à une fatigue naissante.

Respirant avec difficulté, j'étais attirée dans les bras de Shinji qui déversait son souffle chaud sur mes épaules tandis que j'enfouissais ma tête au creux de son cou, tentant de reprendre contenance peu à peu. Je me délectais de ce contact aussi réconfortant qu'apaisant...

Plusieurs minutes s'écoulèrent sans que rien ne se passe ou qu'un mot soit échangé, nous profitions simplement de la présence de l'autre sans que rien d'autres ne nous importe. Shinji scella une nouvelle fois ses lèvres aux miennes avant de se lever et de nous apporter des verres d'eau que j'accueillais volontiers. Je me redressais dans le lit, nue et moite de sueur, portant le liquide salvateur à ma bouche alors que le verre froid s'imprégnait peu à peu de ma chaleur dévorante.
Après quelques secondes, et le récipient vide posé sur la table de chevet, je reposais ma tête sur son torse saillant, barrée de la cicatrice que j'avais déjà vu. Je caressais son pectoral du bout des doigts, dans mes pensées alors qu'il me posait une question à laquelle je ne savais pas vraiment répondre... Bien sûr que cela avait été génial mais... il s'agissait aussi de ma première fois avec un homme alors était-ce vraiment le paroxysme ou ce qui me semblait l'être n'était en fait rien comparé a ce que je pouvais en ressentir ? Je n'en avais pas la moindre idée mais au fond je m'en manquais car je savais comment moi j'avais trouvé cela...

« C'était divin... »

Lâchais-je dans une voix suave encore emprunte du restant de désir qui m'avait embrasé plus tôt.
Oui ça l'avait été... Avais-je imaginé cela comme ça ? Certainement pas... M'étais-je attendu a ce qu'un acte charnel procure ces sensations ? Bien sûr que non... En étais-je effrayée ? Oui un peu... Je n'appréciais que rarement perdre pieds et ne plus régir ma vie : ça me rappelait trop Megami... J'avais crains un instant que mon état de béatitude ne me fasse abaisser mes barrières mentales de façon suffisante pour laisser ma Némésis opérée... Oui je l'avais crains mais j'avais bien vite laissé tombée, me laissant entraînant dans le flot tumultueux et délicieux de l'union... Cette pensée c'était finalement montrée égoïste car s'il tel avait été le cas, j'aurais forcé Shinji à s'y trouvé confronté mais au vue du résultat, j'étais certain qu'il était satisfait de ma prise de risque : bien qu'il l'ignorait sans doute.

La fatigue me gagnait peu à peu tandis que mes yeux s'alourdissaient. Je me laissais portée par son étreinte doucereuse, m'accordant un repos bien méritée après toutes ces émotions qui me laissaient songeuses...

♫:

Elle dormait... et moi je l'observais! De temps à autre je déposais un baiser sur son front ou son nez tandis qu'elle s'évadait dans le monde des rêves. Un monde dans lequel elle ne souffrait pas, un univers d'imaginaire où Megami ne pouvait pas l'atteindre, un refuge contre toute les douleurs de sa vie. Un quelque part où elle pouvait être sereine et libérée des affres de l'existence. La vie est sûrement une bénédiction mais se révèle parfois une malédiction pour certain d'entre nous. Là où elle se trouvait actuellement elle était hors de portée de tous les soucis et toutes les craintes qu'elle pouvait avoir. Elle dormait... et moi je souriais...

Je caressais du revers de la main son épaule dénudée dans un mouvement lent et tendre alors que je savourais chacune de ses respirations qui glissaient sur mon torse. De temps à autre j'écartais une mèche de ses cheveux qui semblait décidée à tomber sur ce visage délicat. J'avais aimé chaque instant passé avec elle depuis que je la connaissais et je redoutais tellement de choses à présent. De la perdre, de la voir s'en aller dans les bras d'un autre, le moment où la mort allait nous séparer, l'instant où je ne pourrais plus poser le regard sur son sourire ou son regard de braise. La vie était une maladie, une mise à mort à retardement. Dès notre naissance nous étions condamnés par le temps. Et je regrettais tous ces moments passés loin d'elle, ceux où je me foutais de son existence. Si seulement j'avais pu la connaître avant. Elle dormait... et elle me manquait...

*Dors mon ange, dors...*

Mon regard se porta un instant sur la vitre de ma fenêtre et au-delà, sur la lune qui inondait de sa douce clarté l'intérieur de ma chambre. Les questions m'assaillaient et ne me laissaient pas trouver le sommeil. Mais en avais-je seulement envie? Non, je voulais profiter de chaque seconde de ce rêve éveillé tandis qu'elle se trouvait dans mes bras. Ma seule envie, mon seul désir en cet instant? L'envelopper dans un océan de tendresse et de douceur alors que son esprit vagabondait dans les limbes de l'inconscience. Je n'osais même pas bouger de crainte de la réveiller et ce malgré l'engourdissement de ma nuque. Elle dormait... et moi je l'aimais...

Pourtant je n'arrivais pas à ressentir pleinement le bien-être que je me devais d'éprouver en pareil circonstance. Notre bref altercation avait réveillé en moi de vieilles craintes. La méritais-je? Non! Allais-je la faire souffrir? Sûrement! Me voudrait-elle à ses côtés pour le reste de ses jours? J'en doutais! J'avais peur de l'instant où elle se rendrait compte que je n'étais pas celui qu'il lui fallait. Peur de voir la tendresse dans son regard chatoyant remplacée par du dégoût ou, pire, de l'indifférence... La gorge serrée à cette pensée je ne remarquai même pas qu'une larme coulait sur ma joue et venait mourir dans ses cheveux. Elle dormait... et moi je souffrais...

Je tentai de prendre du recul, de me dire qu'il fallait se concentrer sur la certitude de l'instant et non sur les possibilités de l'avenir mais je revenais toujours à la case départ. Celle où je la perdais et que ma vie s'écroulait définitivement, m'emportant dans les ténèbres et la douleur. Certains disaient que quand on aimait on ne désirait que le bonheur de l'être qui s'était saisi de notre coeur, qu'il fallait accepter le fait qu'elle puisse être avec un autre tant que ça faisait sa joie, que c'était tout ce qui comptait. Est-ce qu'il valait mieux qu'elle souffre auprès de moi ou qu'elle vive auprès d'un autre? Est-ce que j'arriverais à faire ce sacrifice si jamais ça devait se produire? Arriverais-je à penser à son bien et non à mon malheur? Elle dormait... et moi je doutais...

Mon regard se porta sur la noiraude alors qu'elle s'agitait brièvement dans son sommeil avant qu'un mince sourire vienne éclairer son visage. Cette simple vue dissipa mes craintes quelques instants et je ressentis à nouveau le désir de la protéger et d'écarter d'elle tous les dangers et toutes les souffrances, quelle qu'elles soient. En avait-elle besoin? J'en doutais! Est-ce que j'en avais besoin? Oui, absolument! C'était la mission que je m'étais confiée et celle qui allait devenir mon Nindô sans que j'en aie encore conscience aujourd'hui. J'allais devenir son bouclier, son rempart contre la douleur. Même si devais perdre la vie en essayant. Elle dormait... et moi je me trouvais...

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Je n'avais même pas eu conscience de sombrer dans l'inconscience à mon tour. Je me souvenais être en train de réfléchir à l'élaboration d'un sceau qui me permettrait de vaincre enfin l'alcool! Ce n'était pas grâce à la volonté que j'allais m'affranchir de cette tare mais bien grâce au Fuinjutsu. J'avais des idées pour mener à bien la mission que je m'étais confiée pour mon avenir et celui de Yami. Je ne pouvais pas m'assurer qu'elle resterait auprès de moi, c'était impossible et ça ne relevait pas uniquement de mes choix mais également des siens. Par contre je pouvais faire mon possible pour la garder, pour que j'aie la chance de construire un avenir à ses côtés et de l'observer chaque matin au réveil comme j'étais en train de le faire...

Elle dormait encore quand je soutins délicatement sa tête pour la déposer sur l'oreiller puis me lever en silence pour rejoindre ma petite cuisine. Là je préparais un petit déjeuner digne de la demoiselle en piochant dans les maigres ressources alimentaires qu'il me restait. Qu'importe si je devais crever de faim demain si aujourd'hui j'arrivais à faire de son réveil un souvenir qu'elle garderait dans son coeur pendant quelques temps. Je disposai donc sur un plateau quelques croissants ainsi que du jus de fruit et un peu de lait de chamelle. Je ne savais pas vraiment ce qu'elle aimait pour son petit déjeuner, tout ceci était nouveau pour moi comme pour elle. Aussi je mis un peu tout ce qu'elle était susceptible d'apprécier avant de retourner dans la chambre. Là je la trouvai les yeux ouverts en train de me fixer. Comme elle était belle...

- "Salut toi!" murmurai-je en m'approchant d'elle pour déposer un baiser sur ses lèvres. "Bien dormi? Je t'ai préparé un petit déjeuner dont tu me diras des nouvelles! C'est un peu frugale mais je n'ai pas vraiment eu le temps de faire des courses..."

Si j'avais su qu'elle venait j'aurais non seulement fait le ménage mais également acheté le nécessaire pour notre réveil. Elle était noble et riche et devait être habituée à un rythme de vie bien moins spartiate que le mien. Dès lors j'étais un peu inquiet quant à sa réaction. Et si elle n'appréciait pas? Je déposai le plateau sur ses genoux avant de me frotter les mains, impatient de découvrir son avis sur ce que j'avais préparé. C'était sûrement un peu banal mais c'était préparé avec amour et j'espérais qu'elle s'en rendrait compte. Et si ce n'était pas assez clair la rose déposée dans un verre et que j'avais volé chez le fleuriste en allongeant mon bras par la fenêtre devait suffire à dissiper ses doutes.

Tandis qu'elle mangeait je l'observais en silence avec un fin sourire sur les lèvres. Elle était réveillée... et moi je l'aimais...

Music ♫:

J'étais happée par la doucereuse caresse du sommeil : plongée dans un monde parallèle immuable, au cœur des songes et des cauchemars... Toutefois, mes démons ne ressortaient pas cette nuit... je me sentais divinement bien... Loin de mes soucis quotidien et perpétuels, loin de l'agitation et de Megami... sereine. Il n'y avait que dans ces instants fugaces, dans ce repos non éternel, que mon univers était en toute quiétude...

Cela était un mensonge... La vie ne souriait pas toujours mais elle était parfois porteuse d'un éclat purifié et étincelant : cette pierre précieuse et brute que l'on nomme amitié ou encore amour...
J'avais fait sa rencontre il n'y avait pas si longtemps que cela si bien que je ne savais pas encore vraiment comment l'accueillir... Tout ce que je savais : c'était que j'appréciais sa présence.

Des effluves délicieuses venaient me chatouiller les narines alors que je quittais peu à peu cette entité qui me conférait repos et protection. Me rappelant alors une nouvelle fois que la vie aussi était bien et qu'elle valait d'être vécue tant que l'on était entouré des personnes qui nous étaient chères.

Je me redressais dans les draps de coton, assise, les cheveux retombants en cascade de part et d'autres de ma tête, je frottais mes yeux encore engourdis par le sommeil. J'étais chez Shinji... Je m'étais endormie... Les premières lueurs du soleil s'étaient levés et déjà la chaleur s'amplifiait dans l'atmosphère.
J'entendais des bruits de vaisselles alors qu'on odeur de viennoiseries me mettait l'eau à la bouche. Mon amant s'affichait enfin dans l'encadrement de la porte, muni d'un plateau garni qu'il reposait sur le lit devant moi tout en me saluant et me gratifiant d'un baiser : c'était ça les réveils accompagnés ? C'était beaucoup plus chaleureux et engageants que ceux en solitaire... Personne pour vous accueillir, vous réveiller ou vous apporter un temps soit peu de réconfort...

Shinji s'excusait pour le petit déjeuner qu'il jugeait sommaire en m'expliquant qu'il n'avait pas eu le temps de faire de courses : je m'en moquais bien... Il était très rare que j'avale quoi que ce soit le matin alors cette attention était la bienvenue et me suffisait amplement et puis, il l'avait préparé avec toute l'affection qu'il prouvait avoir à mon égard : cela j'en étais certaine et c'était ce qui rendait ce repas plus bon et délicieux encore...

« C'est très bien »

Lui répondais-je simplement en lui souriant.

J'attrapais la rose rouge qui reposait dans un verre et sentait son parfum avant de la passer dans mes cheveux : elle devait être du même éclat rubis que mes yeux. Là encore je souriais.
Je commençais à manger, attrapant un fruit et un croissant, puis bu un jus de fruit. Voyant que le maître des lieux ne prenait rien je lui en proposais :

« Tu n'en veux pas ? Tu sais... Je ne vais jamais manger tout ça alors sers toi. »

Au fur et à mesure que le plateau se vidait, ma tête se remplissait... Elle s'encombrait de pensées, de questions : de toute l'agitation constante à laquelle j'étais sujette depuis que j'avais découvert cet aspect de la vie qui comprenait les émotions et les sentiments. C'était sacrément pénible d'être tiraillée de la sorte et je devais bien y apporter des réponses si je voulais m'en débarrasser : si seulement c'était si simple...
Tout était si nouveau... Comment pouvais-je gérer cela alors que j'avais déjà Megami et ma maladie à affronter ? Comment pouvais-je penser à mon bonheur quand ce dernier était jonché d'obstacles tous plus insurmontables les uns que les autres ?! Il ne me fallait pas penser à cela où je ne vivrais pas mais je survivrais... Mais... il était là... Shinji était à mes côtés et pourrait m'aider tandis que je l'aiderais en même temps : nous remontrions tout deux, ensemble, le précipice dans lequel nous nous étions enfoncés... Face à face, main dans la main, nous couplerons nos forces pour nous en sortir.

Je repoussais le plateau et penchais ma tête pour qu'elle se pose sur l'épaule de Shinji.
J'étais pensive et cela, il devait le remarquer : j'étais pensive mais j'étais heureuse...

♫:

La noiraude semblait apprécier son petit déjeuner et j'en fus soulagé. Lorsque je parlais de sa première fois je ne pensais pas uniquement à notre relation charnelle mais aussi à la première nuit qu'on passait ensemble, réveil y compris. Je voulais que tout soit parfait de A à Z. Et comme j'avais foiré au début j'espérais me rattraper sur le milieu et la fin. Pour le moment je crois que c'était plutôt bien parti et j'exprimai ma satisfaction par un large sourire. C'était un peu bête de chercher ainsi son approbation et j'en étais conscient. Mais d'un autre côté l'amour rend stupide et ça ce n'est pas nouveau...

Elle me demanda ensuite si je ne voulais pas non plus manger quelque chose. Je ne m'étais même pas rendu compte que j'oubliais de me nourrir tout occupé que j'étais à la dévorer du regard. Elle sublimait la rose qu'elle venait de glisser dans ses cheveux. J'hésitai un instant à lui répondre que la dévisager suffisait amplement à me sustenter mais ça faisait sûrement un peu kitch pas vrai? De toute façon elle devait bien le lire dans mon regard... Je songeai un instant que cette scène était sûrement celle qui se rapprochait le plus d'une vie normale et ça faisait bien longtemps que j'avais oublié ce que ça pouvait faire. Moi qui commençait généralement ma journée par une bière sans rien avaler voilà que je touchais enfin à un semblant de stabilité et c'était plutôt déroutant. Mais pas désagréable, loin de là...

- "Heu... Oui oui je vais manger aussi, bien sûr!" répliquai-je finalement en sortant de ma réflexion.

Je portai donc un croissant à ma bouche et notre petit déjeuner fut certainement le plus appréciable de ma courte vie. Je le savourais comme je le devais avant que la noiraude repousse le plateau pour venir se lover contre moi, déposant sa tête sur mon épaule. Je l'enveloppai de mes bras avant de m'allonger à nouveau et l'attire contre moi. Le soleil filtrait à présent par la fenêtre mais la chaleur restait plus que supportable. J'avais prévu de m'entraîner aujourd'hui mais maintenant tout ceci me semblait si... dérisoire. J'avais simplement envie que cet instant se prolonge, que les confidences se juxtaposent à la tendresse avant qu'elle décide de s'en aller...

- "Dis, Yami... Est-ce que tu en veux à Oniri pour ce qu'elle a fait?" questionnai-je dans un murmure. "C'est peut-être pas le bon moment pour parler de ça, j'en suis conscient! Mais... est-ce qu'il y a un bon moment pour ça, hein?"

Puisque nous étions que les deux et que nous n'avions jamais eu l'opportunité de parler de ça c'était peut-être l'occasion de mettre les choses à plat. Je savais qu'Oniri était sa meilleure amie et je me doutais bien qu'elle était affectée puisque moi-même je l'étais alors que ma relation avec la Saibogu n'aurait pas pu être plus mauvaise au moment où elle avait commis cet acte malheureux.

- "Parfois je me dis qu'on a échoué à l'aider alors même qu'elle nous a sûrement laissé quelques indices! On aurait pu l'éviter je crois! T'en penses quoi?"

Je m'écartai alors un peu d'elle pour plonger mon regard dans le sien comme si ça pouvait me permettre de mieux lire ce qu'elle ressentait. J'écartai une mèche de cheveux de son visage délicat avant de lui adresser un pauvre sourire. Je m'inquiétais pour Oniri, bien sûr. Mais davantage encore pour Yami. La départ d'un être cher - ou plutôt son absence en l’occurrence - était souvent plus dur pour ceux qui restaient que ceux qui s'en allaient...

- "Et toi, ça va? Tu sais que je suis là pour toi si jamais tu as envie d'en parler ou même d'une simple présence à tes côtés hein?"

Music ♫:

Je me retrouvais de nouveau la tête posée sur son torse alors qu'il m'enserrait de ses bras : nous nous satisfaisions uniquement de la présence de l'autre. L'aurai-je imaginer un jour ? Me reposer sur quelqu'un de la sorte, allant jusqu'à lui confier mes faiblesses et mes craintes ? Certainement pas... Le regrettais-je ? Aucunement...
Je détestais cette prise de tête constante qui m'assaillaient du fait de mon inexpérience en la matière : toujours rattrapée et trop submergée par toutes ces émotions nouvelles mais j'avais déjà fait d'immenses progrès et j'avais pu découvrir bon nombre de choses alors non, même si cela s'avérait difficile a supporter au quotidien : ça en valait la peine...

Ce genre de bonheur me suffisait... Mais je savais aussi que j'avais besoin de mon indépendance et de ma liberté et que je ne me voyais pas vivre cela au quotidien, toujours bercée dans son ombre alors qu'il serait toujours dans la mienne... Je n'étais pas prête à cela mais peut-être le serais-je un jour... Je n'avais jamais imaginé devenir un jour celle que j'étais aujourd'hui alors tout était possible.

Nous étions une fois de plus sur le ton de la confidence : cela ne me gênait pas, j'aimais parler avec lui. Toutefois, je ne m'attendais certainement pas a ce qu'il me parle de l'acte inconsidéré, qui ne l'était pas vraiment, d'Oniri... Je rivais mon regard sur son torse, perdue... Etais-je seulement prête à en parler ? Cela ne faisait que deux semaines qu'elle était endormie paisiblement après tout... Mais... J'avais sûrement besoin d'en parler au fond... De me décharger de ce point lancinant dans ma poitrine qui me serrait comme un étau. Peut-être qu'en discuter avec lui soulagerait un peu ma conscience et étiolerait peu à peu les meurtrissures de mon âme...

« Je pense qu'il n'y a pas de bon moment en effet... Par où commencer ? Non bien sûr que je ne lui en veut pas... C'est surtout à moi que j'en veux... »

Il ne pouvait pas savoir... mais il allait bientôt être au courant lui aussi : me couvrant davantage de honte...  Je le fixais du regard, cherchant a y déceler la moindre de ses réactions face à ce que je m’apprêtais à lui dire et dont une partie ne lui plairait certainement pas...

« Oui elle m'a laissé des indices... Mais... Tu me connais je ne suis pas vraiment douée en relations sociales et j'ai horreur des faibles... Lorsqu'elle était complètement déprimée a cause de ce Blake, mort sous ses yeux, et qu'elle ne parvenait pas à se consoler, elle a voulu se confier a moi et je me rends compte maintenant, qu'avec son caractère, ça avait dû lui coûter de vouloir m'en parler mais... Je lui ai juste dit d'arrêter de se lamenter et d'avancer, de ne pas stagner sur son passé... »

Là encore il me connaissait : je n'y étais pas aller par quatre chemins ni avec le dos de la cuillère pour exprimer à ma meilleure amie le fond de ma pensée...

« Je t'ai dit que nous avons entretenu une relation plus sérieuse et... tout semblait parfait jusqu'au moment où elle m'a fait comprendre qu'elle nous considérait en couple, parlant de divers projets et de sorties que nous pourrions faire ensemble en vue de notre nouveau statut... J'ai pris peur et je lui ai dis la même chose qu'à toi... »

Je n'avais pas envie qu'à cause de mes mots lui aussi se mette en tête de se suicider par ma faute... Je n'avais déjà que trop nuis à mon entourage... J'avais envie de lui caresser la joue et même de l'embrasser comme pour lui appuyer que c'était du passé désormais et que je n'avais plus de sentiments pour Oniri dans ce sens mais avais-je seulement le droit de le toucher après ce que je venais de dire ? Je ne savais pas...

« Je ne veux pas me retrouver privée de ma liberté nouvellement acquise. Je suppose qu'elle a pris cela comme un rejet de ma part alors que j'étais, semble-t-il, le maillon qui lui faisait tenir bon. J'ai été la goutte d'eau qui a fait débordé le vase, et après une querelle à ce sujet, je l'ai laissé tranquille pour la soirée comme elle me l'avait demandé... Puis Méphisto m'a prévenue et je l'ai trouvé là... Inconsciente avec alcool et médicaments autour d'elle... Je ne savais pas quoi faire mais j'ai tenté de le faire sans perdre mon calme car chaque seconde comptait pour la maintenir en vie... Voilà deux semaines qu'elle est plongée dans le coma et personne ne sait si elle en sortira un jour ni même dans quel état si elle se réveille... »

Tout cela me faisait peur... Il écartait une mèche de cheveux de mon visage en me demandant si j'allais bien et je plaquais instinctivement mon visage contre son torse, l'humidifiant de mes larmes salines que je ne voulais pas qu'il voit : honteuse et culpabilisée par tout cela.
Je ne savais pas si lui aussi avait eu des indices toujours était-il que j'appréciais sa compassion. Je me reprenais alors, essuyant rapidement mes larmes d'un revers de la main : ce n'était pas la peine de me rendre plus pitoyable que je ne l'étais pour le coup, inutile d'en rajouter en exposant une faiblesse inconsidérée même si je me sentais prête à me montrer sous ce jour peu reluisant s'il s'agissait de lui.

« Je fais avec... Je ne dors plus, ne mange presque plus tant je n'ai de goût à rien. Je déserte ma chambre chez les Saibogu au profit de celle, vide, du manoir Ketsueki. J'ai besoin d'être seule et de réfléchir pour repentir mes actes... Je vais lui rendre visite tous les jours mais c'est pesant... »

Entre deux passages a vide, le visage de l'Akuzu m'était revenu... j'avais besoin de lui... J'imaginais qu'il pourrait être la lumière qui me sortirait de cette torpeur et qui me permettrait de me sortir de ce gouffre sans fond mais j'avais aussi appris hier qu'il attendait la même chose de moi : en cela nous pourrions nous épauler : s'il désirait toujours de moi après tout ça...

♫:

J'avais envisagé le fait que Yami n'en veuille pas à Oniri mais certainement pas le fait qu'elle se reproche elle-même ce qui était arrivé à la Saibogu. Je fronçai les sourcils alors qu'elle m'exposait le fond de l'histoire tout en tentant d'essayer de comprendre ce qui s'était réellement passé. La demoiselle semblait sincèrement troublée par ce qui venait d'arriver et les larmes qui s'écrasèrent sur mon torse quelques instants plus tard ne faisaient que confirmer ce fait. Ainsi donc la noiraude se jugeait responsable de la tentative de suicide d'Oniri et je suppose qu'elle n'avait certainement pas tout à fait tort même si ça m'ennuyait de le reconnaître. Du moins c'est ce qu'une personne extérieure à notre trio serait sûrement amenée à conclure...

Mais je connaissais Yami et je savais que les conventions sociales lui étaient étrangères. Certains iraient jusqu'à dire que c'était une sérieuse tare mais de mon côté je trouvais que ça faisait une partie de son charme. Pouvait-on reprocher à une personne d'être ce qu'elle était? De ne pas avoir tendu la main à une personne dans le besoin alors même que ce concept lui était étranger? Bien sûr je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir un peu mais c'est parce que j'évaluais la situation de mon point de vue et non du sien. Je me forçai donc à faire abstraction de ma vision des choses pour tenter de me mettre à la place de la splendide noiraude. Ou plutôt essayer de le faire...

D'un autre côté j'étais blessé par le fait qu'elle me confirme qu'elle et Oniri avaient entretenu une relation plus sérieux et que tout était parfait! Je me rappelai que je n'étais que le second choix, celui fait à défaut semblait-il. Je fermai les yeux en tentant de faire abstraction de ce coup de poignard en plein coeur, me disant que ce qui était fait était fait. Je ne devais pas trop m'attarder là-dessus au risque d'en souffrir. Non, la page semblait tournée et appartenait à présent au passé. Ce qui m'intéressait encore plus que l'instant présent avec elle, c'était l'avenir.

Toutefois c'était le désir d'Oniri de se voir en couple avec la demoiselle qui avait fait éclater leur relation. Je ne savais pas si Yami m'avait dit ça dans le but de m'adresser un avertissement implicite ou si elle se contentait d'exposer les faits. Mais la brusquer revenait à la perdre! La balle était et restait dans son camp, je n'avais d'autre choix que d'attendre sur elle. Allais-je le faire? Bien sûr! Je n'étais plus à ça près de toute manière.

Vint enfin l'instant où elle me confia qu'elle vivait très mal cette situation, ne dormait et ne mangeait presque plus. Dès lors j'étais satisfait qu'elle ait pu fermer l'oeil en ma compagnie et accepter le petit déjeuner que je lui avais préparé. Un bon point pour sa santé quand on connaissait la maladie qui la rongeait. Elle désirait enfin être seule ce qui n'était pas vraiment une bonne chose selon moi. C'est précisément dans ce genre de moments difficiles que la présence des proches pouvait faire le plus grand bien!

- "Ne sois pas trop dure avec toi-même Yami..." murmurai-je finalement en lui caressant la joue. "C'est facile de se sentir coupable quand une personne qu'on aime est passée à l'acte. Tout semble si clair après..."

Je l'écartai gentiment de moi de manière à la retourner sur le flanc et venir me caler contre son dos, un bras sous sa nuque et l'autre sur son flanc. Je les croisai ensuite de manière à l'envelopper tout contre moi et déposer quelques baisers dans son cou. Je n'avais aucune envie de lui reprocher quoi que ce soit alors qu'elle allait mal. Enfoncer le clou dans ces circonstances? Quel genre d'homme aurais-je été?

- "Tu sais c'est facile de se reprocher des choses une fois qu'on a connaissance de leurs conséquences. Personne ne pouvait prévoir qu'elle réagirait ainsi! Tu t'es montrée honnête avec elle et personne ne peut te le reprocher! Lui mentir pour la préserver aurait pu mener à bien pire encore! Tu ne dois pas être l'otage de ses sentiments comme tu ne dois pas être celle des miens!"

Je calai ensuite ma tête dans le creux de son coup comme si ce geste avait pour vocation de lui faire comprendre qu'elle n'était pas seule. Parfois un petit geste peut suffire à exprimer des sentiments bien plus que des mots.

- "Tu n'es pas responsable de ses actes! Et si tu pars quand même du principe que c'est le cas alors n'oublie pas que tu n'es de loin pas la seule fautive. Oniri apportait bien plus de crédits à tes actes qu'aux miens mais je lui ai rendu la vie difficile! Je me suis transformé en toi lors de notre duel pendant l'examen! Je pensais la déstabiliser mais je me suis rendu compte assez vite que je l'ai fais souffrir, qu'elle a perçu ce geste comme une trahison envers ce qu'elle m'avait confié quelques jours plus tôt. Je suis tout autant responsable que toi! Tout comme notre Senseï ou encore son père." avouai-je en murmurant à son oreille. "Ne porte pas ce fardeau toute seule, ce serait injuste!"

Nous avions tous nos torts, moi le premier. La tentative de suicide de la Saibogu n'était pas seulement basée sur la sensation d'abandon qui avait du résulter de sa conversation avec Yami. Elle avait du être motivée par son vécu récent moins récent. Le passé jouait beaucoup. Si Yami avait peut-être été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase nous avions été ceux qui l'avaient rempli à ras-bord. Elle pouvait se sentir coupable mais pas endosser toute la responsabilité de cet acte. En tout cas je ferais de mon mieux pour la soulager du mieux que je le pouvais.

- "J'aimerais que tu me promettes que tu vas t'alimenter normalement et lorsque tu n'arriveras pas dormir je veux que tu viennes me voir! Pas pour faire l'amour mais pour que je puisse te prendre dans mes bras et te réconforter. D'accord? Si Oniri a décidé de mourir, n'oublie pas que c'était son choix! Personne ne l'a obligé à prendre des médicaments! Toi, tu ne dois pas survivre, tu dois vivre! Parce qu'entre autre c'est ce qu'elle aurait voulu! Et ça tu le sais, j'en suis certain!"

Je l'invita à se retourner pour me faire face. J'allais l'aider à se remettre de cette épreuve difficile mais avant toute chose il fallait parer au plus urgent. Est-ce qu'elle craignait que ce qui s'était passé avec Oniri se reproduise avec moi en cas de refus? Finalement la situation était plutôt similaire et si je ne pouvais la guérir du mal qui la rongeait émotionnellement je pouvais en revanche éviter qu'un autre s'y ajoute.

- "Tu as été très claire avec moi hier soir quant à notre relation et j'accepte ton point de vue! Tu le sais, ça ne m'enchante pas! J'irais même jusqu'à dire que ça me fait mal en fait! Mais je veux que tu aies l'esprit tranquille par rapport à ça: je ne m'ôterai pas la vie et je ferai face, quelle que soit ta décision! Ne crains pas que j'agisse pareillement ou de me perdre parce que ça n'arrivera jamais! Je suis avant tout ton ami et je ferai tout ce que je peux pour rester une épaule sur laquelle tu peux te reposer! Et si je peux faire quoi que ce soit pour te soulager, à n'importe quelle heure et peu importe les circonstances, tu peux compter sur moi! Tu le sais pas vrai?"

J'espérais qu'elle comprenait que je ne faisais pas ça pour la conquérir et que je ne lui disais pas ce que j'espérais qu'elle désirait entendre. C'était ce que je ressentais, mon pur avis sur la question. Je lui caressai à nouveau la joue avant de lui adresser un clin d’œil.

- "Maintenant je veux que tu te reposes encore un peu d'accord? Je vais aller te cuisiner un repas dont tu me diras les nouvelles! Ces viennoiseries vont un moment mais il te faut un truc plus consistant! Interdiction de filer en douce, d'accord?"

Je déposai un baiser sur son front avant de me lever et remonter la couette sur son corps encore nu. Puis après un dernier regard je partis vers la cuisine pour trouver quelque chose susceptible de la sustenter pour de bon!

Music ♫:

Shinji avait peut-être raison... Peut-être que je n'avais pas tous les tords dans cette histoire... Mais qu'est-ce que cela changeait au fond ? J'avais tout de même une grande responsabilité dans ces conséquences... Je n'avais pas voulu lui causer de tord mais la malédiction qui me rongeait et qui s’appelait Megami n'avait pas hésité à lui nuire alors même que je n'en avais pas conscience et que je n'avais rien pu faire pour l'arrêter. C'était tout de même de ma faute si je n'avais pas su l'écouter et que j'avais voulu faire taire ses faiblesses.

Etais-je à blâmer pour cela ? Probablement... Si la situation se représentait sous mes yeux, je n'étais pas certaine de ne pas commettre la même erreur. Je me rendais compte qu'il faudrait presque que je réfléchisse longuement avant de prononcer chacune de mes paroles juste pour confronter ce que je voudrais dire spontanément avec ce qu'il faudrait que je dise pour suivre les conventions sociales...
Mais cela était impossible... Je ne pouvais pas renier ma nature.

Un flagrant constat s'imposait alors à moi : jamais je ne parviendrais à être celle que je souhaitais devenir au fond car ma nature me rattraperait toujours. C'était ardue et parfois même dangereux, de traîner autour de moi et Oniri en avait été la première a faire les frais : je ne pouvais malheureusement pas garantir que cela ne se reproduise pas... Peut-être devrais-je alors me terrer là où je ne nuirais à personne... Apprendre a vivre avec Megami pour mieux la combattre et ne pas attendre passivement le jour où elle se manifestera de nouveau pour véritablement tuer mon entourage. Oui... Je devais combattre le mal par le mal : c'était un affrontement que moi seule pouvait mener.

Plus rien n'existait autour de moi si ce n'est cette nouvelle conviction muette. Shinji me couvrait d'attentions pour me consoler et me prouver qu'il était là pour moi mais je ne parvenais même pas a apprécier réellement ses caresses et je m'en voulais. Calé dans mon dos, ses bras autour de moi, je me sentais pourtant rassurée et apaisée par ce contact inopiné. L'otage de ses sentiments ? Je n'étais pas prisonnière de mes sentiments mais j'avouais mettre sentie oppressée par leur présence il fut un temps... C'était horrible à dire mais le coma d'Oniri, avait balayé quelque peu mes sentiments amoureux à son égard, notre amitié s'en était vu renforcé : j'étais profondément attachée à elle et la voir inerte dans ce lit d'hôpital, chaque jour, m'était insupportable. Mais qu'en était-il de l'amour que j'avais éprouvé pour elle ? Je n'en avais aucune idée... Je ne préférais pas y penser et simplement profiter de la présence et de l'affection de Shinji grâce à laquelle, je parvenais à maintenir le cap.

Il avait pris mon apparence pour l'examen chuunin... Cette révélation me fit écarter les yeux de stupeur : elle ne m'en avait pas parlé... Il connaissait la raison de son mal être, elle lui en avait parlé... J'imaginais la peur, la trahison et l'effroi se peindre sur le visage diaphane de ma meilleure amie face au constat d'un affrontement contre mon apparence qui avait inexorablement dû lui rappeler son combat contre Megami...

Cette diablesse lui en avait fait voir de toutes les couleurs et avait pris un malin plaisir à la torturer aussi bien physiquement que psychologiquement. Elle aimait la souffrance des autres, elle avait même été une traître pour Suna, espionnant et divulguant des informations à l'extérieur. Une boule se formait dans ma gorge alors que je ne pouvais nier me satisfaire et jouir de la douleur d'autrui. Cette frénésie sanglante qui me prenait lorsque mon ennemi était à terre, me suppliant de l'épargner : j'aimais cette vision d'horreur et je ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire diabolique à cette simple pensée. Je n'avais pas honte de ce que j'étais : au contraire, je m'en délectais.
En revanche, jamais je ne trahirais ma nation, mon village qui avait su accueillir les miens et les conserver entre leurs murs malgré la haute trahison de Rei, l'homme masqué qui nous avait mené à Suna.

Je devais lui faire un certains nombre de promesses. Les yeux encore embués de larmes et la tête vaseuse de fatigue, j’acquiesçais : manger, dormir, aller le voir si besoin...

Il acceptait le point de vue de notre relation et j'en étais soulagée... J'avais tellement craint que mon honnêteté et mes intérêts suscitent la même réaction qu'à Oniri et que je finisse par le perdre lui aussi. Ce n'était pas ce que je voulais : j'avais besoin de leur présence et surtout de la sienne en ce moment.

Shinji parlait de repos et de nourriture qu'il voulait que je prenne. Il se levait en direction de la cuisine, m'adressant un dernier regard alors que je soutenais le sien, étirant un faible sourire de mal aise :

« Merci... »

C'est tout ce que je pouvais dire. Plus que de long discours, c'était un mot qui voulait tout dire : merci pour tout... La fatigue me gagnait de nouveau et mes yeux se faisaient plus lourd encore, je reposais ma tête sur l'oreiller alors qu'il couvrait mon corps nu des draps.
J'étais exténuée.