L’enquête sur la mort des conseillers continuait toujours mais TSukiko continuait à être sollicitée pour quelques missions ponctuelles. Par exemple, on lui demandait de jouer les gardes aux murs pour une petite heure, le temps de trouver un remplaçant à un garde qui a eu un léger malaise. Elle avait accepté non pas par altruisme mais plus par utilité. Il lui fallait se reposer un court instant et penser à tout ce qu’elle avait vu, entendu et vécu jusqu’à ce jour.

Malheureusement, le destin en avait décidé autrement pour elle. A peine avait-elle pris son poste qu’un premier élément perturbateur se présenta aux portes. Et voilà un très étrange élément, entièrement en métal avec des tubes à droite et à gauche. Qui pouvait-il être exactement ?

- Hey gamin, qu’a-t-il dit ?
- C’est un Sunajin.
- Son nom ? Son rang ? La raison de son éloignement du village?
- Aucune idée, termina-t-il en haussant les épaules.

Tsukiko n’était pas convaincue. Pire, elle trouvait cette facilité d’entrer incroyablement laxiste. Il n’était pas étonnant que Suna soit si faible avec des gardes aussi souples et aussi jeunes. Certes, les ninjas pouvaient arborer le signe de Suna mais cela pouvait très bien être un petit tour de magie ou un faux signe.

Elle secoua la tête, souffla longuement et s’approcha de ce corps métallique. Elle était des plus fatiguées ces temps-ci entre cette enquête, ses soucis personnels ou encore l’approche de l’examen chunin. Rien de cela ne l’aidait à garder son sang-froid ou à retrouver son traditionnel sourire. Elle souriait là aussi mais c’était plus par automatisme que réel sincérité. Ses traits fatigués n’arrangeaient guère les choses.

- Bon retour à la maison ninja ! Je me présente Kawaguchi Tsukiko.

Commençons par les politesses avant d’attaquer l’administratif n’est-ce pas ?

- Je vois bien que vous arborez le signe du village mais …. L’entrée au village, même pour un ninja du pays, est dorénavant plus surveillée. Par conséquent….

Par conséquent, il n’allait pas être content de la suite.

- Nous ne pouvons pas vous laisser passer sans que vous ayez découvert votre visage entièrement ninja ainsi que décliné votre identité.

Les gardes habituels auraient pu gérer ce genre de petits détails plus rapidement. Ils connaissaient bien mieux les ninjas entrants et sortants, et savaient bien mieux les procédures. Tsukiko n’en savait rien. Elle marchait en terrain inconnu, et sentait bien qu’elle risquait d’irriter le Sunajin … mais malheureusement, il ‘était de retour aux mauvais moments.

Un climat de suspicion envers les ninjas soufflait dans tous Suna et ce même climat commençait à régner parmi les ninjas. Malheureusement, et elle s’en doutait bien, les ninjas ayant étaient absents durant l’attentat contre les conseillers et qui n’avaient pas eu vent de cet événement risqueraient de mal le prendre. Elle pouvait un tantinet les comprendre : ils avaient traversé le désert et autant entraînés étaient les ninjas de Suna dans ce climat aride, le désert n’en restait pas moins impitoyables et épuisants. Certes, ce sable ardent était à la fois une force contre les ennemis mais également une faiblesse pour ses habitants tant pour le quotidien que pour un aspect économique.

« Allez, soit il coopère soit il va cracher gentiment sa bave. Ce n’est pas la première fois qu’on m’insulte. Une de plus, une de moins, quelle différence » conclut-elle, soudainement plus fatiguée.

Elle était fatiguée d’être la bonne poire.

Spoiler:

« La vie serait déjà bien plus simple si tout le monde voulait bien coopérer … » critiqua-t-elle mentalement à la suite de la remarque peu judicieuse de Jonasan sur son état physique. Effectivement, elle était fatiguée mais comment ne pas l’être ? Comment rester neutre quand des personnes s’amusaient à éclater des bâtiments, des hauts gradés ou encore voler tel ou tel objet ? Comment rester calme quand l’enquête donnée peu de résultat alors que le village grouille de ninjas ?

Cet homme masqué pouvait ainsi être extrêmement préventif et « attentionné » à sa manière mais il n’aidait en rien Tsukiko. Il refusait de découvrir son visage, et pire, il osait lui mettre un « ultimatum ». Elle n’avait droit de poser qu’une seule question … Qu’est-ce que cela voulait dire ? Sous-entendait-il qu’il allait tout de même rentrer en refusant de se plier à une simple requête dont le but était la protection du village ?

- Le village a renforcé sa sécurité au mur et tout Shinobi rentrant doit au moins montrer son visage et prouver son identité.

Si elle se pliait au jeu de ce Shinobi, elle pourrait passer la journée à réfléchir sur l’unique question. Qui était-il ? D’où venait-il ? Pourquoi portait-il un tel accoutrement ? Pourquoi le portait-il si ce n’est pas par gaieté de cœur ? Pourquoi ne pouvait-elle pas l’emmener ?

- De plus rien ne me prouve que vous mentiez ou dîtes la vérité, conclut-elle d’un air critique.

Il faudrait vraiment qu’elle trouve un moyen de découvrir qui mentait ou qui ne mentait pas au vu de ses dernières missions tournant autour de l’interrogation. Devrait-elle se tourner vers ce fameux Yogan dont les capacités en sensorialité n’étaient plus à prouver ? Accepterait-il de lui enseigner deux ou trois petites choses ? Plus important, et voilà un détail que Tsukiko ne savait pas encore, serait-il apte à lui enseigner ou alors allait-elle le rencontrer entre les quatre murs d’une cellule de l’Ergastule ?

- Vous y tenez à ce masque … A quoi vous sert-il ?

A quoi cela servait-il ? Comprendre déjà la personne pourrait aider à déterminer qui il était plus aisément. Elle aurait pu demander comment on enlevait ce fameux masque mais elle était méfiante au vu de ce qu’il avait dit, prétendant qu’elle était incapable de réaliser cette simple action : manquait-elle de la bonne technique ou alors sous-entendait-il qu’il allait se défendre ? Elle aurait pu également demander s’il avait un proche parent ou des amis mais il pouvait orphelin, associable comme un ennemi expert pour tromper l’entourage.

Aussi fatiguée soit-elle, aussi épuisé soit-il, Tsukiko n’était pas prête de lâcher le morceau. Certes, voilà une action qui n’était pas dans ses habitudes. En effet en temps ordinaire, elle se serait tenue à l’écart et aurait attendu docilement l’arrivée d’un haut gradé ou d’un garde avec plus d’expériences. Cependant, en raison de la fatigue précisément, elle n’avait pas la patiente nécessaire et était encore moins « consciente » de ses actes. Elle agit un tantinet impulsivement, et s’entêtait … telle une gamine.

Attitude qu’elle allait profondément regretter prochainement.

Si le ninja avait bel et bien raison, il avait la vie vraiment dure. On disait que l’amour était essentiel dans la vie mais l’oxygène l’était plus … Imaginer que ce dernier puisse être « toxique » lui était « impensable ». Elle sursauta quand une cartouche en métal sortit du masque et observa avec surprise les gestes « automatiques » de l’homme. On sentait bien qu’Il avait l’habitude de le faire.

Un imposteur aurait du mal à imiter une telle « habitude » avec autant d’aisance à moins d’y passer des mois et des mois à faire et à refaire le geste. Elle commençait à être convaincue de la « sincérité » de ce ninja. Cependant cela ne voulait pas dire qu’elle allait le laisser passer si aisément.

- J’ai remarqué que le village a effectivement renforcé sa sécurité. Ce serait bien pour Suna de remplacer les hommes par des machines. Les moyens technologiques sont bien plus fiables qu’un misérable humain. Ils ne ressentent pas les émotions que vous subissez.

« Le village n’a pas renforcé sa sécurité au mur … c’est moi qui est juste arrivée à temps pour donner cette illusion » se dit-elle, en se promettant de faire passer un mot très prochainement à Kioshi comme à la Kazekage à ce sujet-ci.

L’Illusion de la Voie Illusionnée ne suffisait plus.

- Effectivement. De plus nous avons le clan Saibogu, donc votre clan, qui pourrait apporter des idées neuves.

Effectivement, hormis le clan des Saibogu, qui d’autres pouvaient porter une telle « tenue » ? Peu de monde, voire aucun.

- Maintenant, si vous souhaitez parler sécurité, je suis ouvert au dialogue. Nous pouvons entrer et converser à ce sujet. Il ne ferait aucun doute que je vous apprenne des choses, ou vous donne des idées pour renforcer les murs qui nous protègent...
- Vous avez raison, et je passerai du temps à discuter sécurité avec vous. Malheureusement, ce n’est pas de mo…

Elle repensa aussitôt à sa dernière rencontre avec la Kazekage au sujet du développement de Suna. Si elle soumettait une autre requête axée sur la défense du village en se basant sur les connaissances et la technologie Saibogu, l’acceptera-t-elle ? Ou alors devrait-elle changer la question pour celle-ci : pourquoi la Kazekage n’accepterait-elle pas ?

- M’apprendre des choses ? Que sous-entendez- vous par-là ?

Elle était soudainement curieuse. Que savait-il qu’elle ne savait ? Allait-il lui expliquer de long en large le mystérieux et excentrique clan Saibogu ou alors un tout autre détail qui lui aurait échappé ? Allait-il dévoiler deux ou trois failles dans la défense de Suna ?

Cependant, il n’eut guère le temps de dire quoi que ce soit car un ninja senseur arriva enfin pour occuper le poste vacant. Il s’approchait déjà du duo, les traits sérieux, prêt à faire passer un petit interrogatoire si nécessaire s’il ne reconnaissait pas le ninja.

- Je pense qu’on va devoir reporter cette discussion. Cependant, n’hésitez pas à y réfléchir longuement car je pense que l’on va se revoir bientôt à ce sujet, termina-t-elle en lançant un sourire et en s’éloignant. Ou alors quelqu’un fera appel à votre clan. Suna souhaite renforcer ses défenses.

Il fallait qu’elle se repose. La journée a été rude.