Goren et moi venons de terminer l’une des plus grosses épreuves de notre existence. Je me tourne vers lui essoufflé, il ne dit pas grand chose. D’ailleurs il n’y a pas grand chose à dire, nous avons simplement gagné notre combat. Non pas que j’avais quelques doutes sur notre victoire mais je ne m’attendais pas à ce qu’on s’en sorte sans y laisser une partie –tout du moins- de notre corps. Je me serais d’ailleurs bien vu amputé à vie à cause d’un tel affrontement. Mais non, il semblerait qu’au final, nous ayons acquéri un tout autre niveau. Ainsi le golem de pierre, bien que muet dans un premier temps m’ordonne de me reposer. Je ne suis pas en mesure de riposter et je m’exécute. Nous échangeons quelques tours de garde avant d’être enfin prêt à reprendre la route. Il semblerait que cette marque à notre bras nous procure une quelconque force parce que notre rétablissement est maximal en quelques heures seulement. Je pars donc plus profondément dans l’île avec le sentiment de n’être plus totalement humain. Qui sait, peut-être que le monstre à l’intérieur de moi fait collocation avec une autre entité à présent. J’ai hâte de tester toute la puissance que cela pourrait m’apporter…

Nous avançons jusqu’à ce que le paysage change complètement. Le marécage et les rochers se sont mués en forêt particulièrement intemporelle. Des arbres d’hiver, des arbres d’étés, des arbres de toutes les couleurs et qui s’étendent à perte de vue. Néanmoins quelque chose attire mon attention, je crois –au fur et à mesure que nous progressons dans la brousse- remarquer une sorte de structure en érection au fond de la verdure. Je n’en suis pas sûr mais j’ai le sentiment qu’il s’agit d’une tour. Celle-ci dégage une aura particulière, comme si elle était vivante. J’essaye de me concentrer dessus mais la voix de Goren vient me perturber dans ma réflexion. Il vient d’apercevoir une vieille connaissance. Une connaissance à qui je dois la vie : Konjo. Le bretteur avance vers nous toujours muni de sa grosse épée et de son air de mercenaire. Il a plus d’allure qu’avant cependant et l’air plus puissant. Il a du changer depuis le temps, il doit être bien plus fort. Il s’approche de nous et Goren lui balance quelques bonnes vieilles calambours tandis que de la broussaille sortent également deux autres ninjas dont un que je connais de part mon boulot de mercenaire. Nous sommes tous réunis et Goren met les choses au clair. Je le vois s’activer, je sais qu’il ne plaisante pas et lorsqu’il annonce que nous avons déjà mis hors combat sept personnes, je me rends enfin compte de l’écart qu’il y a entre ma puissance nouvelle et celle des shinobis lambda. J’ai bien évolué. Au milieu de tous ces individus, ma prise de conscience me fait relever la tête et baisser ma capuche. Je suis puissant, je devrais agir comme tel…

« Je vais être clair, je vous connais tous ici sauf cet individu. Je peux sans trop prendre de risque dire que nous avons tous le même objectif et que nous ne sommes pas vraiment dans des camps opposés. Vous n’allez donc rien faire pour nous arrêter moi et Goren ou…»

Je ne finis pas ma phrase, je laisse ma voix se perdre dans le silence. Nul besoin de faire part des menaces que je pourrais laisser proliférer dans mon esprit. Les ninjas présents savent très bien ce à quoi ils ont affaire. Mon nom est assez connu pour ça. Néanmoins, seul le bretteur pourrait se permettre de se méprendre. Après tout lorsque je me suis battu à ses côtés, je n’étais pas le même homme que maintenant. Mais voyons plutôt où tout cela nous mène.

Nous étions vivants. C’était une chose presque étonnante après ce que nous venions de traverser. Un enfer de flammes, régit par une diablesse de feu. Rien de surprenant sur ce point, mais j’avais encore du mal à me remettre de ce que je venais de vivre. Je venais de découvrir un nouveau pouvoir, qui avait d’ailleurs permis de sauver mon acolyte : le suiton. Je ne savais pas comment je l’avais éveillé, certainement lorsque l’assimilatrice élémentaire avait “fusionné” avec moi. Je ne l’avais pas senti ressortir d’ailleurs, mais étant donné mon état, ce n’était pas étonnant que je perde un peu la mémoire.

J’étais brûlé à plusieurs endroits, tout comme Ozaï. Le dernier de notre éphémère trio avait finalement lâchement pris la fuite. Quelle tapette. Il avait préféré se contorsionner dans un portail spatio-temporel à peine plus grand que sa tête, plutôt que d’affronter le monstre que nous avions réveillé. Mais après tout, son départ était une bonne chose, un lâche dans l’équipe nous desservirait plus qu’autre chose. Après quelques temps à récupérer nos forces, plusieurs heures peut-être, la notion du temps étant difficilement perceptible, nous avions pris la décision de s’aventurer vers le centre de l’île. Une folle décision, mais j’avais la conviction que je devais y aller. Le pressentiment que quelque chose de grand allait se passer là-bas m’attirait inéluctablement.

Nous pénétrions dans ce qui pouvait ressembler à une forêt, après avoir traversé la brèche ouverte dans le dôme de chakra. Des arbres, de couleurs et d’aspects tellement différents, à quelques mètres les uns des autres. Un coup en fleur, un coup totalement mort, parfois même noircit. J’aurais pu être étonné, mais après ce que je venais de voir, j’étais simplement content de constater que malgré leur état, des arbres ont pu survivre ici. S’ils avaient pu le faire, je devais en être capable aussi, après tout. Mais mon attention fut en réalité bien vite captée par ce que je voyais au loin : une tour. Érigée au milieu de cette île, elle n’était pas là pour rien.

Sur le sentier que nous traversions, Ozaï et moi, pas un bruit ne se faisait entendre. Cependant, on apercevais clairement un lieu de collision entre deux autres sentiers similaire au notre. Et par là, du bruit se faisait entendre. A peine le temps de réagir, que nous tombions nez à nez avec deux groupes. Il y avait là un duo, et un mec en équipe avec lui-même, mais qui portait une grosse épée. Je repérais bien vite une tête connue : Goren. Le voir ici était une bonne chose, nous nous étions déjà rencontré par le passé, pour négocier le fait de travailler ensemble. Quelle surprise cependant de le retrouver ici ! Je déduisais que son partenaire devait être Katano Yusuke, le blond déserteur de Kiri. Le dernier, je ne le connaissais pas, mais il avait déjà été en relation avec les deux autres.

« Comme les grands esprits se rencontrent, pas vrai ? Je pense que nous sommes tous passé par une étape similaire avant de se rendre ici, et qu’elle nous a montré à quel point cette île est dangereuse. Gardez donc vos menaces, nous n’en avons pas besoin à l’heure actuelle. Je pense que notre objectif est le même, n’est-ce pas ? »

Je dirigeais ma tête vers la tour, qui n’avait évidemment pas bougé de là. Sur cette île, c’était un détail important à préciser, car tout devenait possible...

Spoiler:

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hrp:

Notre réunion n’est pas particulièrement pour me déplaire. Il me sied de voir que certains de mes frères nukenins ont également réussis à se sortir des griffes de l’île. Ce qui me fait surtout plaisir néanmoins, c’est l’absence totale d’ennemi dans la zone. Comme si nous étions en famille et que tous nos adversaires avaient péri sur le champ de bataille. Pourtant, je ne peux garder cette vision utopique des choses en tête bien longtemps, je suis bien vite rattrapé par la réalité et mon expérience de soldat. En effet, plus par souvenir qu’autre chose, je sais que lorsque les choses sont trop calmes, c’est qu’il y a un problème quelque part, un souci quelconque. Je me rends bien compte que sur une île aussi hostile que celle sur laquelle on se trouve en ce moment, il ne peut y avoir un moment de répit sans que cela ne cache quelque chose.

En un clin d’œil ils apparurent. Des soldats en armure classique et traditionnelle. Tous semblaient être des bretteurs de haut niveau. En tant qu’épéiste, il me suffit de regarder la dégaine d’un autre utilisateur d’épée pour savoir si oui ou non il sait effectivement s’en servir. Cette analyse rapide justifie ma réaction qui est de reculer un pied vers l’arrière et de poser une main sur le fourreau de ma lame. Mes yeux font le tour de mon champ de vision analysant aussi vite que je le peux la situation actuelle. Les hommes n’ont que le temps de nous demander de les suivre pour que Goren se décide à agir. Il crée une diversion comme il sait si bien le faire. Accoutumé à la ruse, je n’y prête pas plus attention que cela. Mon compagnon a disparu de derrière moi et se trouvent déjà ses deux victimes. Derrière moi je peux d’ailleurs entendre Konjo foncer sur son propre adversaire. Le souci est désormais de soutenir mes camarades du mieux que je le peux. Mais si je peux m’amuser un peu en cours de route, pourquoi se priver ? Un sourire s’imprime sur mes lèvres tandis qu’autour de moi le temps semble se ralentir.

« Allons-y, teintons le sol de peinture pourpre ! »

Je disparais en une fraction de seconde derrière l’un des derniers bretteurs épargnés. Il n’a pas le temps de réagir, l’impulsion électrique dont je me serre pour me déplacer s’apparente à une vitesse lumière. En une fraction de seconde mon sabre dégainé à toute vitesse s’enfonce dans sa gorge. S’il peut mourir ainsi, alors il est mort. Il n’y a pas moyen de survivre à une telle blessure. Je retire ma lame dans un mouvement rapide et élégant tandis que les gouttes de sang s’étendent sur toute la longueur du mouvement. Je n’ai le temps que de regarder autour de moi une demi seconde, de constater que Goren lui-même s’est tantôt occupé de ses deux victimes et que Konjo ne s’en sors pas trop mal non plus. Néanmoins je ressens comme un sentiment amer de piège. Comme s’il y avait encore anguille sous roche. Après tout, cela est presque trop facile…

Spoiler:

Voir que nous n’étions pas seul m’avait soulagé. De plus, me retrouver entouré de têtes connues, par un intermédiaire tout au plus, me rassurait. Bien que ce ne soit pas mon genre, sur cette île j’en avais besoin. Alors que je soufflais un coup, les autres continuaient la discussion. Mais le répis pris bien trop rapidement fin. Comment avais-je pu croire un seul instant que cet enfer allait nous accorder le moindre temps mort ? L’instant pendant lequel j’y avais cru, j’avais été stupide, tout simplement. Lorsque je relevais les yeux en direction du groupe de Nukenins, je constatais que cinq nouveaux invités, ressemblant à s’y méprendre à des samourais, nous avaient rejoint. Ils accostèrent le seul d’entre nous dont je ne connaissais rien. Ce dernier se mit instantanément dans une état de colère impressionnant et utilisa son imposante épée avec habilité pour essayer de trancher net un des nouveaux arrivants.

Sa dextérité trahissait une grande maîtrise de la lame, ainsi qu’un niveau similaire au mien. A vue de nez, je devais être en mesure de faire jeu égal avec lui. Dans tous les cas, il avait frappé tellement fort que sa cible allait certainement y perdre des plumes. Quasi-instantanément, Yusuke et Goren réagirent au premier assaut. Dans une démonstration impressionnante, et à travers une dépense certaine et énorme de chakra, la brute et le blond s’occupèrent de trois des autres ennemis. Il n’en restait donc qu’un, à se partager entre Ozaï et moi, histoire que tout le groupe mette la main à la patte.

Je ciblais donc le dernier des inconnus d’un de mes genjutsus. Une manipulation d’esprit dont seuls les Yamanaka avaient le secret. Je perdais immédiatement le contrôle de mes deux jambes, pour m’emparer de celles de ma cible. Je tombais en arrière, incapable de retenir mon corps, mais j’allais pouvoir troller tout le monde. Le samourai levais une jambe aussi haut que sa tête, le pied en pointe. Il fléchissait ensuite sa seconde jambe, avant de faire un petit saut. Oui, il faisait un ballet. Une vraie danseuse étoile. Il y avait de quoi faire rire, un si impressionnant contraste faisait au moins décrocher un sourire. Mon petit numéro allait servir à Ozaï pour qu’il assène un coup à ma marionnette danseuse, lorsqu’elle ragerait le comprenant rien à ce qui lui arrive. Reprenant un brin de sérieux, j’arrêtais la reproduction du lac des cygnes pour faire faire des claquettes au sbire de l’île. Je laissais mon plus fidèle allié faire le reste, il avait ma confiance.

HRP:

Les cinq lames se faisaient agresser dans leur orgueil, elles n'avaient pas pactisé pour cela, ce n'était pas ainsi que cela devait se passer, pas le marché ! Quelque chose qui ne tournait plus rond, comme leur force qui les abandonnait, après tout, elle était nouvelle, artificielle... Mais pas celle de ceux d'en face. Pourquoi ! Pourquoi ? Une aura noire et dense entourait les membres du groupe samourai restant, les voilà décidés à en finir... Mais à peine leur appui fait dans le sol...

Leur monde qui se troublait, la terre qui se mettait à trembler. L'une des lames abandonnait immédiatement les hostilités pour fuir. « Lâche ! Reste !», proclamait une autre, bien décidé à disparaître en emportant tout et tout le monde avec elle, mais les avis divergeaient, la survie à tous prix ou la mort dans l'honneur... ? Mais il leur en restait ? La terre se mettait à pencher d'un côté et c'était comme si l'ile s'enfonçait dans l'océan...

Résumé:

Nos attaques sont coordonnées et bien ficelées. Nous nous débarrassons vite de nos adversaires. Chacun s’occupant de son propre petit pantin à soi, tous les samouraï sont exterminés en un rien de temps. Néanmoins d’autres semblent vouloir prendre part au combat. Je lève la tête de la carcasse trouée de ma victime et fais face aux nouveaux arrivant. Mais quelque chose se prépare alors que je m’apprête à dégainer de nouveau. Un tremblement de terre secoue l’île. J’ai comme l’impression que quelque chose se prépare. Mais je n’ai pas le temps de m’interloquer davantage. Déjà les samouraïs commencent à pousser une gueulante. Certains restent devant nous, l’arme au poing tandis que d’autres prennent leurs jambes à leur cou.

Quant à moi je tourne la tête vers Goren qui lui même a remarqué quelque chose de louche. En effet, l’île s’enfonce peu à peu dans l’océan qui l’entoure et se penche avec un angle grandissant avec les secondes. Tous tournent alors le regard vers le golem de pierre qui, une fois n’est pas coutume, prend les décisions pour le groupe. Il me somme de m’approcher de lui et lui transmettre un peu de chakra. Je le fais sans autres cérémonies, s’il était sous l’emprise d’un Genjutsu, il doit maintenant en être sorti. Nous nous mettons alors à courir en direction de la tour. Nous courrons selon la structure établie par le géant nécrotique qu’est mon compagnon et pour nulle raison je ne quitte mon poste. De ma position j’assaille mes adversaires de Shurikens Fuma et de Kunais explosifs pris à l’arraché dans ma sacoche. Très vite, les projectiles ne suffisent plus et je me surprends à laisser mon sang bouillir. Je commence à apprécier ce sentiment belliqueux qui s’insinue en moi quand je m’y attends le moins. Je dégaine mes deux sabres en même temps et, faisant face à certains de mes adversaires, je laisse libre court à mon art. Les membres volent dans les airs et ma tunique jusqu’alors noire se teint d’un pourpre indélébile.

« Si les flots nous rattrapent, qu’est ce qu’on va bien pouvoir faire ? J’ai une technique pour respirer sous l’eau mais je ne suis pas sûr que vous puissiez tous en bénéficier. »

Ma question s’adressait à tous. Il semblerait que dans l’urgence de la situation, nous ayons tous décidé de laisser de côté la part de singularité qui nous caractérise et de ne faire plus qu’un. Un organisme ninja qui sait parfaitement se battre et se défendre. Il faut dire que quelque part, nous sommes tous un peu membre du même groupuscule à différentes échelles. Mais l’unité flagrante de cette petite équipe improvisée me fait sourire et je ne détruis mes ennemis que mieux après un petit réchauffement dans un cœur déjà assoiffé de douleur.

Finalement, je n’allais jamais me retrouver au bout de mes surprises tant que je me trouvais sur cette île. Elle renfermait un secret et un pouvoir si immense… Alors que les assauts étaient tous plus fulgurants les uns que les autres, le groupe de samouraïs tenait encore majoritairement debout. Pourtant, aucun homme n’aurait pu survivre à de tels enchaînements. Mais je commençais à comprendre, ou plutôt à admettre, que personne ici n’avait le potentiel d’un homme. Je me rendais compte, sans doute possible, que j’étais plus faible que toutes ces créatures, et que même de grands shinobis comme la brute ou le blond se retrouvaient quelque peu désemparés face à une force si peu banale mais au combien démesurée.

Alors que les bretteurs allaient lancer leur contre-attaque, que je redoutais, étant donné l’énergie qui les animait encore, le sol se mit à frémir. Doucement quelques instants, puis rapidement les tremblements s'accélèrèrent, jusqu’à commencer à emporter l’île vers la mer, en penchant. Un des sabreur s’enfuit lâchement, tandis qu’un autre se dressait devant nous prêt à en découdre. Il n’avait peur de rien. Un débat démarra rapidement derrière lui, et la question fatidique fut soulevée : fuir lâchement comme leur compagnon, ou mourir dignement au combat ? En réalité, c’était une question qui avait du traverser l’esprit de chacun de nous à ce moment précis, plus ou moins de la même facçon.

Que faire, lorsque l’île elle même se dresse contre nous ? Et dire que cette tour, le secret de cette île certainement, n’était plus très loin… Nous devions y aller, nous devions acquérir le savoir et la puissance que renfermait ce lieu. C’était forcé, la récompense pour avoir atteint le centre de cet enfer serait si… fantastique. Je rêvais d’une force aussi imposante que celle du maître des lieux, j’en rêvais…

« Vous n’avez tout de même pas peur de la mort, les gars ? Allons, droit devant ! »

J’étais motivé, comme jamais. Je n’avais pas grande crainte de la mort, que ce soit en ce bas monde où en enfer, ma vie n’allait pas être bouleversée par le changement. Je me retournais vers Ozaï, lui fit passer le regard qui voulait tout dire, puis bondit en direction de la tour, à l’opposé d’où l’île entière plongeait.

Spoiler: