Soufflant la bougie qui éclairait la pièce décrépie qu’elle avait loué pour dormir, l’Aburame se repositionna dans son lit. Une partie de ses insectes sortis, ils lui assuraient une nuit paisible à monter la garde à sa place. Enfin. Cela faisait plusieurs jours déjà qu’elle dormait toujours aux aguets, dans le froid. Ne pas avoir à monter le camp lui changeait mais ce n’était pas pour lui déplaire, le marais et l’humidité ambiante ne lui manquaient pas. Enfin. Toit ou non, elle ne dormirait que d’un œil, mais au moins était-elle au chaud.

Se levant aux aurores le lendemain matin, elle se prépara, remettant son éternel long anorak marron par-dessus lequel elle rajouta sa veste de voyage vert kaki. Hésitant avant de prendre son sac qu’elle aurait pu laisser dans sa chambre, elle préférait ne courir aucun risque au cas où elle devrait partir subitement. Les joies d’être une fugitive… Certes Konoha avait probablement d’autres cibles plus importantes, mais elle n’excluait pas l’hypothèse d’apparaître dorénavant sur le Bingo Book du village de la Feuille… Ou alors Onpu n’avait pas compris qu’il grillerait sa couverture s’il la considérait autrement que comme une déserteuse.

Descendant les marches, elle sortit de l’auberge, déboulant sur l’artère principale de la ville où elle se trouvait. Isori, l’un des chefs lieu du Pays du Givre et comme on pouvait s’y attendre, pour une ville ancrée très profondément en plein cœur d’un marais, elle ne payait pas de mine. Le bois donnait l’impression de pourrir à vue d’œil, l’eau stagnante attirait des escadrons de moustiques et l’atmosphère bien que fraîche devait avoir un taux d’humidité dépassant toutes les normes. Mais si elle était venue là ce n’était pas pour la beauté du lieu. Non. Elle était venue là pour chercher des informations. Et d’après ses sources, elle savait exactement où aller.

* * * * *

Je vois.

Gratifiant l’hospitalité de son hôte, l’Aburame but une gorgée du thé qu’il lui avait servi. Moins intime qu’un ami, l’ancienne Konohajin entretenait cependant une relation basée sur le respect mutuel avec le bonze qui lui faisait face. Elle lui avait sauvé la vie plusieurs années en arrière au cours d’une mission originellement censée se dérouler avec un Kirijin, mais qu’elle avait décidé de poursuivre seule pour des raisons … de discorde. Peu diplomatique à cette époque envers les étrangers, elle s’était adoucie avec le temps. Même si encore maintenant elle gardait de nombreux a priori sur les individus qu’elle rencontrait.

Cependant … Si c’est un Sabakyô que vous cherchez, un marchand nous est arrivé hier avec d’inquiétantes nouvelles. Il semblerait que plusieurs habitants de Shimo no Kuni ne souffrent d’un mal étrange. Comme s’ils avaient été ...
Infectés.

Des civils d’un pays neutre ? Cela semblait être un peu en contradiction avec les idéaux que l’ancien Intendant avait prôné lors de sa fuite, mais il était possible que les victimes de cette mystérieuse épidémie ne soient que des dommages collatéraux d’une autre bataille.

Oui ...
Merci Aang pour votre hospitalité et votre information. Il semblerait que j’avais tort d’arpenter Ta no Kuni avant de venir m’adresser directement à vous.

Finissant son thé, elle salua le moine, avant de se lever. Aang avait bien changé également, il n’était qu’apprenti à l’époque, et maintenant il respirait cette même aura mystérieuse que les autres disciples de Maskine. Mais après tout pourquoi serait-elle la seule à mûrir au fil des années ? Le monde était en constante évolution. Sans avoir dévoilé qu’elle n’appartenait plus à Konoha dans son inquiétude de ne pas le mêler aux affaires politiques du village, l’Aburame avait décidé de se faire oublier un temps à Ta no Kuni, cherchant en parallèle une quelconque piste.

Pourtant des rapports avaient dévoilé que bon nombre de membres du Shôraizen s’étaient déplacés en direction du nord. Un autre pays peut-être ? Peut-être les Sabakyôs étaient-ils retournés à Ame, entraînant le reste des fuyards dans leur fuite. Il était étrange qu’un groupe de personnes aussi conséquent laisse si peu de marques et d’indices. Mais les rumeurs de maladie étrange colportées par le moine lui indiquaient qu’en se dirigeant vers Ame elle s’éloignait de ce après quoi elle était : Seitô. Il était temps de se remettre en route.

* * * * *

Laissez je vais vous aider.

Masque protégeant son nez et sa bouche à l’appui, la nouvelle Nukenin aida une femme à s’allonger sur la couverture mise à disposition pour ça. Elle ne s’était pas attendue à ce que la clinique –seule véritable institution médicale de la ville qui n’était pas si peuplée- soit le lieu d’une telle agitation. Des lits de fortune avaient été alignés dans une grande salle en différentes rangées afin de soigner les patients qui présentaient tous plus ou moins les mêmes symptômes : fièvres, nausées, insomnies et convulsions.

Qui aurait cru qu’elle serait devenue infirmière à ses heures perdues ? Certainement pas elle, mais quand quelques heures plus tôt le médecin s’était montré incapable de lui expliquer totalement ce qu’il se passait, elle s’était proposée de lui porter assistance, mettant en avant ses années d’expérience dans la médecine. Elle n’était pas une vraie guérisseuse mais connaissait quelques bases, et surtout être en contact avec les victimes lui permettrait d’obtenir directement les informations qu’elle était venue chercher.

Vous auriez pu attendre que je vous amène une bassine.

Constata-t-elle en regardant le sol tout en soupirant d'un air las. Assurant qu’elle allait revenir, l’apprentie infirmière se leva, évitant plusieurs personnes sur son chemin au vu des nombreux aller-retours entre les rangées. Un sceau donc … Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire. Mais bon, elle débutait bien sa carrière de Nukenin : en aidant autrui.

Spoiler:

Sur son lit d’hôpital, Daini avait encore du mal à réaliser ce qu’elle faisait. Elle était là, en train d’attendre qu’une autre femme vienne lui apporter une bassine. On s’occupait d’elle, et malgré la nécessité que ça se passe comme ça, elle avait toujours eu horreur d’être dépendante des autres, d’être entretenue. Celle qui s’occupait d’elle avait un comportement singulier. Bien entendu, D n’était pas aussi intelligente que son employeur et camarade, mais elle sentait bien qu’elle n’allait pas être soignée par une habituée. Etait-elle tout simplement une nouvelle, une « bleue » ou y avait-il autre chose ?

« Vous auriez pu attendre que je vous ramène une bassine. » C’était une phrase bien sympathique, mais qui semblait révéler un manque clair d’épanouissement dans sa profession. La ville était si peu peuplée qu’on pourrait parler de village, alors peut-être que les postulants n’étaient pas aussi nombreux ici. Sûrement même. Mais quelque-part, D ne pouvait pas croire que celle qu’elle avait en face d’elle était là depuis longtemps et qu’elle s’y plaisait. Mais lorsque l’on vit entouré de shinobis, est-il facile de se mettre dans un contexte plus… civil ? Non, mais le moine qu’elle fréquentait et pour qui elle travaillait l’avait fait tellement voyager qu’elle savait faire la part des choses. Et au fond, peut-être que cette femme était vraiment médecin, se contentant d’une routine écrasante.

Daini avait marqué le sol de ce qu’elle avait eu dans la bouche un peu plus tôt. Elle comprenait naturellement qu’on veuille lui apporter une bassine, aussi elle prenait son mal en patience. Néanmoins, le goût déplaisant qu’elle avait dans la bouche créait en elle une certaine impatience couplée d’une envie d’un petit rafraichissement. Par chance, un médecin passait par là.

« Excusez-moi, pouvez-vous m’apporter un verre d’eau ? »

L’homme à la blouse s’exécuta et alla rapidement chercher un verre qu’il lui rapporta. N’étant pas le médecine en charge de cette dernière, il se contenta de ce service rendu et s’en alla, mais fut encore une fois interpellée par D.

« Ah et, pourriez-vous fermez les rideaux s’il vous plaît ? Tous ces passages, ça me stresse et comme vous pouvez le voir sur le sol… ça ne me réussit pas. »

Une fois les rideaux clos, la jeune femme ferma les yeux. Juste une minute. Avant de les rouvrir sentant que la médecin était revenue.

Tirant les rideaux le seau, la bassine et la serpillière à la main, l’Aburame fronça les narines. Hmmm bien parfait. Quel plaisir de jouer les infirmières d’une journée. Posant le sceau à moitié remplit d’eau auquel elle avait ajouté un produit ménager régional –quelque chose à base de citronnelle vu l’odeur-, l’Aburame trempa la serpillière, l’essora et épongea les dégâts de sa patiente. Ah oui elle en avait presque oublié la bassine. La faisant glisser jusqu’à la grande malade, l’ancienne Jonin continua à prendre sur elle. Bah ce n’était pas la première qu’elle se salissait les mains … Ni qu’elle s’occupait d’enfants capricieux.

C’est bon, ça va mieux maintenant ? Bon … Racontez-moi tout … Dites-moi ce que vous avez. Et pas seulement ce que vous avez mangé. Ça je le sais déjà …

Se relevant, l’Aburame retira ses gants en plastique et s’essuya les mains, regrettant les solutions antibactériennes disponibles un peu partout dans l’Hôpital de Konoha. Bah ce n’était clairement pas les mêmes moyens mis en œuvre que chez elle. Enfin … que son ancien village. Remettant une paire de gants plus pour sa patiente que pour elle, l’Aburame dont le système immunitaire était plus que résistant avec l’aide de ses insectes continua sur sa lancée en plaçant ses paumes au-dessus de la jeune femme. Celles-ci s’illuminèrent d’une aura oscillant entre le jaune et le vert et qui grossissait à vue d’œil.

Bon restez tranquille, je vais procéder à une rapide analyse … À tout hasard ne viendriez-vous pas du Pays de la Foudre ? …

Pourquoi se contenter de ramasser le vomi des autres après tout. Peut-être que la jeune femme serait celle qui lui permettrait de concrétiser ses soupçons. Parcourant ses paumes au-dessus du corps de la femme alitée, l’Aburame savait ce qu’elle cherchait, ce qui expliquait son inintérêt pour les questions préliminaires qui consistaient à identifier le profil de la personne qu’elle auscultait, et dont elle avait fait grâce à son interlocutrice. Un mauvais médecin ?

Il semblerait qu’il y ait eu une violente épidémie là-haut mais rapidement étouffée … Un étrange phénomène si vous voulez mon avis.

Certes. Un mauvais médecin. Elle l’admettait sans aucun scrupule. Elle n’était pas là pour rendre le monde meilleur en guérissant deux-trois personnes rencontrées par le plus heureux des hasards, mais pour trouver un indice qui alimenterait la piste du Sabakyô renégat qu’elle s’était décidée à retrouver.

« Ce que j’ai ? Je n’en ai aucune idée… »

Daini avait laissé échappé ces mots avec une grimace des plus ridicules pour elle. Mais pour une malade, rien de plus normal. En tout cas, elle avait été ravie de voir que son médecin n’avait pas trop tardé. Elle avait rapporté un seau, mais la femme allongée n’allait pas en avoir besoin. Et il n’y avait là rien de plus normal vu le spectacle qu’il y avait sur le sol. Et pour être honnête, D s’intéressait surtout à ce que son interlocutrice pouvait dire.

Elle parla d’une épidémie. Forcément, le bras droit de la Ruche se demanda de quoi il pouvait bien s’agir et surtout s’il y avait un lien avec l’affaire qui intéressait pour l’instant son organisation. Bien entendu, Haibu était tout sauf une organisation à but unique, mais il fallait avouer que le cas du jour était particulièrement intrigant et important sur bien des points.

Lorsque le médecin commença à ausculter sa patiente, cette dernière se trouva un peu mal à l’aise. Mais fort heureusement quelqu’un entra. C’était l’homme habillé en tenue de toute à l’heure.

« Un instant. »

Lorsqu’il ôta son tablier, Howaito prit plaisir à retrouver la couleur de ses habits habituels. Derrière lui, il referma les rideaux. Ils étaient enfin à trois. Et Daini semblait avoir joué son rôle à la perfection. L’homme se courba et alla ramasser un peu de l’étrange mixture qu’il y avait sur le sol, et goba l’extrait sans sourciller. Après quelques mouvements de mâchoire, les yeux tournés vers le haut, il soupira.

« J’aurais du faire mariner le riz un peu plus longtemps, mais j’imagine que l'odeur aurait été encore plus désagréable pour tout le monde. Passons, je vous présente Daini et comme vous devez à présent vous en douter, elle n’est pas souffrante du tout ! »

Ses yeux vacillèrent et visitèrent tous les recoins possibles, et s’arrêtèrent sur une chaise placée contre le mur. Sans attendre un instant de plus, il s’en alla s’y asseoir.

« Les instances de Konoha ne sont pas très loquaces quand il s’agit de parler de ceux qui ont déserté suite à l’incident « Seitô ». J’ai réfléchi longuement au moyen de me mettre en contact avec quelqu’un qui était susceptible de ne pas encore être enrôlé dans l’organisation du Sabakyô, et qui avait donc forcément déserté il y a peu de temps. Et il s’avère qu’il n’y en avait aucun. Tout ce que je pouvais faire, c’était contacter un déserteur de l’ère « Seitô ». Mais encore fallait-il me mettre sur la piste d’un déserteur. »

Il tapota ses genoux, tout en continuant de fixer de ses deux yeux la jeune médecin.

« Rencontrer un gradé de Konoha en personne est une chose compliquée, vous en conviendrez vous-même. Mais demander à le contacter par courrier est une chose bien plus… aisée. Si cette personne est joignable, elle vous répondra ou on vous le fera savoir. J’ai envoyé huit lettres – qui reçurent toutes une réponse de la part des instances de votre ancien village - jusqu’à m’adresser à une certaine Aburame Miko, il faut avouer que votre réputation n’est plus à faire chez vos anciens compagnons. Et là, rien. Aburame Miko, en ai-je déduit, avait déserté son village. »

Stoppant le rythme effréné que suivaient ses doigts sur ses jambes, Howaito utilisa sa main droite pour se recoiffer tandis qu’il faisait craquer les phalanges de la gauche.

« J’avais beau avoir votre nom, vous retrouver était une autre paire de manche. Néanmoins, vous avez eu la mauvaise idée de vous adresser à des gens que je connais trop bien. Etait-ce Omaï, Aang ou encore Tatosu ? Qu’importe, l’affaire était entendue. Mais même sans cela je serais moi aussi venu ici à cause des bruits d’épidémie. Au fond, je suis également intéressé par le cas de l’ancien Intendant. Mais ma première question est la suivante… »

Il se redressa sur sa chaise, et croisa ses mains. Ses yeux n’avaient pas quitté ceux d’Aburame Miko.

« Ai-je à faire à une sbire de Sabakyô Seitô ? »

Se focalisant sur la recherche de particules qui auraient pu être ingérées suite à une rencontre avec un Sabakyô, l’Aburame concentrée ne se préoccupa qu’à peine de la réponse de sa patiente. Absorbée dans sa recherche de virus ou bactéries elle s’arrêta néanmoins alors qu’un inconnu venait la déranger dans son bloc. Réprimant un sursaut, elle arrêta la circulation du chakra curatif dans ses paumes, décalant sa main droite de quelques centimètres tout en regardant l’étranger qui avait fermé le rideau derrière lui se baisser et goûter ce qu’elle avait pris pour du vomi.

Pas pour le moment mais ça ne saurait tarder une fois que je l’aurai retrouvé.

Soutenant le regard de l’étranger jusqu’à présent, elle se laissa dériver à regarder la dénommée Daini afin que son compagnon suive son regard jusqu’au cou de la jeune femme sur lequel un léger chakra bleuté faisait pression. Redressant légèrement la tête pour de nouveau jauger cette personne qui s’était donnée tant de mal pour la retrouver en sa qualité de déserteuse non affiliée au Shoraizen, elle se décida à continuer de parler.

Je n’aime pas vraiment les surprises et les petites manigances surtout quand celles-ci jouent en ma défaveur. Vous ne vous êtes pas présenté ami des moines.

Allongeant légèrement son scalpel de chakra sous la gorge de la fausse patiente, l’Aburame toisa celui qui semblait être la tête pensante du duo.

Allez-y. Profitez-en également pour introduire plus en détails votre compagne et vos motivations.

Aimable mais pas trop, l’ancienne Jonin avait décidé de ne pas répondre d’avantage aux questions qu’on lui poserait. Qui étaient-ils ? Des chasseurs de prime ? Mais de là à demander du travail en faisant du porte à porte aux villages … Non, sûrement poursuivait-il un autre but. Elle devait s’avouer quelque peu intriguée. Un inconnu qui revendiquait un intérêt pour l’ancien Intendant ? Il n’avait plus qu’à s’expliquer ou il risquait de repartir de cet hôpital décrépi seul.

Cela ne saurait tarder… Vraiment ? Les yeux du moine suivaient le moindre mouvement de celle qui n’était pas encore affiliée à l’organisation criminelle de l’ancien Intendant. Son scalpel se dirigea vers le cou de Daini, qui soupira. Elle n’était ni en mesure de prendre le dessus, ni décidée à se laisser faire : son soupir était simplement due à la complication qui venait d’arriver. Quant à Howaito, il n’avait tout simplement pas vu le coup venir. Il n’était pas de ceux qui planifiaient des plans sur de longues durées pour une simple « recherche », mais c’était surtout que la tournure des évènements était inutile et surtout inconvenable.

Elle s’était trop précipitée, et avait voulu rattraper son visible « désavantage » par autre chose. Le Gekei se demanda s’il ne devait pas jouer la carte de la connaissance et ainsi faire croire qu’il avait connu la fausse patiente le jour-même. C’était plausible de payer quelqu’un pour faire semblant de vomir, surtout quand la zone est touchée par une sorte d’épidémie : les gens se tournent vers d’autres impératifs qui peuvent permettre de se sortir de la situation délicate actuelle.

« Daini est une kunoïchi, tout comme vous, elle est d’ailleurs très compétente dans certains domaines. Essayez, je dis bien essayez de la tuer et vous mourrez, soit de sa main, soit de la mienne. Vous le savez aussi bien que moi, n’est-ce pas ? »

L’instinct animal se réveillait petit à petit. Mais tant que la tension n’était pas à son comble : c'est-à-dire tant que Daini n’avait rien, il n’y avait aucun risque pour qu’Howaito perde le contrôle.

« D’ailleurs, pourquoi la menacer ? Je ne suis venu ici que pour vous parler. Penser que je vous veux du mal est une supposition hâtive et infondée car si je l’avais voulu je m’y serais pris autrement. »

Ses mains tapotèrent ses genoux. Puis il pointa du doigt Daini ainsi que celle qui l’avait prise en otage.

« Soyez raisonnable : faites disparaître ce scalpel de ma vue, laissez mon amie se lever, asseyez-vous et discutons. Je le répète une dernière fois : je suis venu pour ça. »

Il était hors de question de passer à une autre étape sans qu’Aburame Miko se soit installée et soit prête à discuter.

Il montrait les crocs donc ? Pas la plus maligne des personnes qu’elle avait déjà rencontrée. Un peu abrupt. Mais était-ce suffisant ? Était-ce un gage d’honnêteté comme il le laissait penser ? Elle mourrait hein ? Si elle achevait sa compagne à l’instant elle déclencherait les hostilités certes mais il n’était pas dit qu’elle ne survivrait pas et que lui si. Il était quelque peu confiant. Un peu trop d’ailleurs. Mais bon, la réussite de l’avoir retrouvé devait l’avoir rassuré sur ses capacités de shinobi visiblement.

Sans trop de modestie disons donc qu’elle n’est pas la seule kunoichi « très compétente » dans les parages.

Mourir de la main de la fille qui se trouvait sous son scalpel de chakra ? Un mouvement suspect de sa part et elle y passait. Alors qu’elle la tue … Elle avait vu certes de nombreux shinobis talentueux mais tout de même ceux capables de s’échapper d’une telle situation se faisaient rares. Soufflant quelque peu, elle retira sa main tout en désactivant sa technique. Le chakra bleuté disparut, s’évaporant en un instant et arrêtant de menacer la gorge de la jeune femme.

Vous comprendrez j’en suis sûr la situation dans laquelle je me trouve. Seule, recherchée, face à deux étrangers qui visiblement en savent plus sur moi que moi sur eux …

Même si étant donné la situation elle se montrait méfiante, il était vrai qu’il serait déjà passé à l’action ou aurait laissé sa kunoichi faire le premier pas alors qu’elle était en position de la prendre le plus par surprise. Tirant une chaise du chevet de sa fausse patiente, elle s’assit dessus à califourchon et joignit ses mains au sommet du dossier.

Bien. Dites ce que vous avez à dire maintenant, je vous écoute. Expliquez-moi la raison de tant d’efforts, en quoi l’affaire Seitô vous concerne et également ce que vous y gagneriez quelques soient vos plans à son sujet.

Elle n’aimait pas cela mais bon … Qu’il parle et s’explique. Enfin.

Daini pas la seule kunoïchi compétente ? C’était une évidence sinon cette entrevue n’aurait eu aucun sens. Est-ce qu’Aburame Miko était vraiment en train de penser que la rencontre qu’elle venait de faire était le fruit d’une réflexion hasardeuse ? Non, la justification était là et l’action murement pesée. Néanmoins, insister sur le fait que tout avait été prévu ou calculé pourrait apeurer ou énerver l’ancienne membre de Konoha. Et ça serait contreproductif. Evidemment.

Mais fort heureusement, la jeune femme accepta l’offre du moine. Sa main se dégagea de tout chakra opaque, et elle arrêta de menacer Daini, à qui Howaito adressa un regard calme. Son bras droit se leva et vint se placer à côté de l’homme assis. Il croisa les mains. L’entrevue pouvait « véritablement » commencer.

« En quoi le cas de Sabakyô Seitô m’intéresse ? Question insuffisante. Tout m’intéresse. Et c’est justement parce que tout m’intéresse que je dois répartir mon temps sur des choses… importantes pour moi. Et Sabakyô Seitô est important pour moi… »

Pendant une seconde ou peut-être deux, Howaito sembla réfléchir à ce qu’il allait dire. Mais cette probable hésitation ne put qu’être aperçue, tant il reprit vite tout en accompagnant son regard vers la lumière d’une fenêtre non loin.

« … car c’est un terroriste intelligent et inutile. »

Son regard flotta pendant quelques instants, puis se replaça dans les iris de l’Aburame. Il s’appuya sur ses genoux, et leva son index droit comme pour appuyer ou préciser son idée.

« Ce n’est pas le fait d’être un terroriste qui me dérange. Des terroristes il en existe des tas. Mais comme je l’ai précisé, ce sont ces deux détails qui me dérangent. Il est intelligent, ce qui implique que je sois obligé d’agir si je veux me mêler de ses « affaires », et que ses actions peuvent être assez conséquentes. Et il est inutile, parce que sa fausse doctrine l’est. Mais ça, vous ne devez pas encore bien le comprendre, et c’est normal. »

Il se toucha les genoux très rapidement, puis reprit aussitôt, accompagnant ses paroles d’un large mouvement de bras, paume ouverte.

« Je sais que le monde est en train de changer, surtout depuis la « fin » des Furyous. J’ai comment dire… un don pour prévoir certaines choses. Mettons ça sur le compte de mon intelligence. Bref. Prenons un jeu d’échecs. Imaginez que vous êtes en train de faire une partie avec moi. Qu’importe si vous êtes en train de véritablement gagner ou pas, vous faites tout pour. Mais imaginez un instant que Daini vienne et change les règles. Une partie d’échecs à trois ? Impensable, ridicule ! Pourquoi changer un jeu qui marche très bien tel qu’il est ? C’est… inutile. C’est en ça que Sabakyô Seitô et son organisation représente une inutilité flagrante. »

Daini restait de marbre. Howaito avait inclut dans son exemple l’une des personnes les moins enclines à jouer à quelque-chose d’aussi complexe et long que les échecs. Mais qu’importe.

« Le monde va avoir assez de conflits à gérer pour devoir subir ceux de l’ancien Intendant. Mettre fin à son organisation, en plus de toutes les pertes humaines ou matérielles que ça éviterait, permettrait au monde de pouvoir se concentrer sur des choses plus intéressantes, à la limite de la primordialité. Et ça sera toujours mieux que de le laisser faire ce qu’il veut, c'est-à-dire une succession d’erreurs qui dureront plusieurs années avant qu’il s’écroule et en paie le prix. »

L’écoutant religieusement, l’Aburame notait les différents points abordés par l’inconnu. L’aurait-elle réellement connu elle aurait certainement été plus réceptive voire d’accord avec lui. Mais en l’état des choses elle ne pouvait décemment pas lui accorder sa confiance pour si peu. Dénigrer ouvertement Seitô devant lui sans être sûre qu’ils ne se connaissaient pas était un jeu dangereux qu’elle ne pouvait se résigner à jouer pas après le sacrifice qu’elle s’était résignée à faire en décidant de vivre en paria.

Un véritable philanthrope en quelque sorte. En plus d’être devin et de posséder une estime de vous-même au-dessus du commun de mortels …

Marquant une pause, elle hésita à sortir une cigarette avant de se souvenir qu’ils se trouvaient dans un hôpital.

Cependant, je peux comprendre votre vision des choses si tant est que nous tournions bientôt la page des Furyous et que nous en ressortions tous indemnes.

Dire qu’elle était d’accord lui aurait immédiatement permis de la catégoriser et d’obtenir un pouvoir ou moyen de pression sur elle. Pendant ce temps-là Daini ne pipait toujours mot. L’homme en face d’elle n’était pour sûr pas ordinaire. Ce qui soulevait d’autant plus de questions à son encontre.

Mais venons-en aux faits. Quel intérêt aurais-je à vous apporter mon aide ? Puisque c’est pour ça que vous êtes là n’est-ce pas ?

Elle avait peur de ce qu’il comptait lui proposer. Il souhaitait voir l’organisation du Sabakyô tomber et avait eu besoin d’un déserteur et ancien gradé de Konoha …

Plus précisément, pourquoi vous aider vous plutôt qu’un autre, plutôt que le Sabakyô par exemple. Qu’espérez-vous accomplir ? Continuer à voir le monde tel que vous l’avez toujours vu ? Effacer les irrégularités ?

Marquant un temps d’arrêt, elle haussa un sourcil et fixa l’homme.

À moins qu’il ne s’agisse pas de me demander de vous aider mais de m’inciter à aider le monde shinobi lui-même… Saviez-vous que l’organisation montée par Seitô recrutait également dans d’autres pays qu’Hi des shinobis de tous les horizons ? Pourquoi ne pas tenter votre chance vous-même ? Monsieur ... ?

Elle avait beau spéculer, elle accepterait avec plaisir certains éclaircissements.

Certaines personnes, sûrement la majorité à vrai dire, trouveraient que l’Aburame n’avait rien d’exceptionnel d’un point de vue intellect. Mais derrière ses faux airs un peu provocateurs, il semblait pour le moine que son interlocutrice réfléchissait bien plus qu’elle ne voulait le laisser croire. C’était tant mieux. Cette information, il n’aurait pas pu l’obtenir même s’il avait par miracle eu accès à d’anciens dossiers de Konoha, mais pour lui ça ne faisait aucun doute : il était en présence d’une femme intelligente. Du moins assez pour ne pas le montrer.

Dès la première phrase, Howaito esquissa un sourire et se mit même à ricaner.

« Vous devez me prendre pour un égoïste qui croit toujours avoir raison ! C’est quelque-chose que l’on retrouve chez des énergumènes comme Sabakyô Seitô ou Kyoshi Rei, et je dois avouer que je ne suis pas loin d’eux de ce côté-là. Mais je me plais à penser que je suis, à ma manière, plus terre à terre. Mais vous, Aburame Miko, vous n’êtes pas non plus une imbécile, pas vrai ? »

Amusé, son regard chercha celui de la récente Nukenin, sur qui il pointa le doigt avant de le faire légèrement danser.

« J’ai du mal à croire qu’une kunoïchi de votre trempe aurait tant de mal à entrer en communication avec une organisation ayant pour dirigeants d’anciens Konohajins. Et même si vous étiez venu ici pour utiliser cette mystérieuse épidémie comme point de départ de recherches, quel serait l’intérêt d’y prendre un travail de médecin ? Mieux étudier ce qui pourrait avoir été fait par Sabakyô Seitô ? »

Il se tapota les genoux à nouveau. La jeune manipulatrice des insectes était toujours surveillée par Daini qui, même sans son imposante épée, était une menace qu’il valait mieux ne pas ignorer, même si elle ne faisait pas le poids, aux yeux experts du moine, contre un ancien membre éminent de Konoha.

« Vous cherchez Sabakyô Seitô, mais j’ai autant de doutes sur votre fidélité pour lui et son organisation que sur le fait que mon acolyte ait réellement été malade, si vous voyez où je veux en venir. »

Ses doigts continuaient de pianoter. Mais il se leva brusquement de sa chaise. Il continuait de démontrer un comportement des plus atypiques.

« Je m’appelle Howaito, et je vous propose de mettre cartes sur table. »

Il approcha sa main de sa bouche, et toussa légèrement plus pour éclaircir sa voix que pour évacuer une quelconque toux.

« Je n’attends de vous qu’à ce que nous nous aidions mutuellement, si vous êtes bien comme je le pense, c'est-à-dire loin d’être une adepte de la méthode de l’ancien Intendant. »

S’autorisant un sourire, l’Aburame regarda l’homme qui s’était levé en face d’elle. Un beau parleur c’était maintenant une certitude. S’était-il levé par politesse ? Howaito … Un nom dont elle n’avait pas encore entendu parler même à la Racine. Soit il utilisait un pseudonyme soit il n’avait jamais fait d’esclandres et à entendre ce qu’il avait à raconter elle pouvait comprendre pourquoi.

Eh bien, je vous écoute Howaito. Qu’avez-vous à proposer ?

Marquant une petite pause, elle savait maintenant avec certitude dans quelle direction cette conversation s’orientait.

Si je comptais bel et bien infiltrer son organisation pour disons, mettre fin une bonne fois pour toute à la nuisance qu’il représente tout en jaugeant ses ressources, quelle aide m’apporteriez-vous ?

Nouvelle pause, ce n’était que des suppositions bien sûr. Son choix d’infiltrer le Shoraizen n’était pas seulement dicté par l’utilité qu’elle pouvait apporter à Konoha. De plus elle n’avait jamais envisagé d’attenter à la vie du Sabakyô. Un bain de sang ? Une guerre ouverte entre le Shoraizen et Konoha ? Ce n’était pas ce qu’elle désirait. Il s’agissait d’une simple évaluation de la menace que lui et ses sbires représentaient.

Un relais extérieur ? Un confident ? J’aurais pris mes dispositions avant de déserter quand même.

Ce n’était pas tout d’être intelligent ou fin stratège, s’ils s’aidaient mutuellement qu’avait-elle à gagner de cet étrange partenariat ? Quel rôle revêtirait-il dans cette histoire ? Elle se mettre en danger ? Ce serait déjà le cas mais si elle devait entretenir des contacts réguliers avec un homme dont elle ignorait tout, l’affaire serait d’autant plus délicate. Déjà qu’ils se montreraient plus suspicieux à son encontre les uns que les autres …

Suivant cette hypothèse, vous devez vous douter que je n’agirais pas seule, peut-être me serais-je dévouée de mon propre chef pour mon village, cependant toute cette mascarade serait appuyée voire soutenue par d’autres Konohajins. En quoi vous démarqueriez-vous Howaito ?

Il avait des moyens c’était sûr mais la retrouver grâce aux indications d’un groupe de moine n’était pas un fait miraculeux non plus. Toutefois elle applaudissait l’effort et surtout la performance.

« En quoi puis-je me démarquer de vos autres alliés ? »

Howaito ne put s’empêcher d’afficher un rictus devant tant de répondant de la part de son interlocutrice. Pour sûr, cette dernière faisait preuve d’une éloquence de qualité et d’une réflexion assez poussée. Elle avait probablement mûrement réfléchi ses récents choix, et donc celui de s’en aller de Konoha pour rejoindre le Shôraizen.

En tout cas, le moine espérait qu’elle n’avait pas prévenu trop de monde. Vu le nombre de Konohajins qui avaient rejoint l’organisation, imaginer qu’aucun membre de cet entourage n’ait décidé de jouer à un double-jeu comme c’était sûrement le cas pour elle serait une erreur.

Mais Aburame Miko était-elle vraiment ce qu’elle sous-entendait être, à savoir effectivement une Konohajin qui cherchait à comprendre et contrer le Shôraizen de l’intérieur ? Le Gekei le croyait, mais il avait appris avec les années que même s’il était très intelligent, il pouvait toujours exister un intellect plus performant que lui. Il pensa à Naminomai, qui était son consultant pour la simple et bonne raison qu’il avait un réel talent et une véritable expérience pour faire disparaître des preuves, ou encore des cadavres…

« Je n’ai aucun lien avec Konoha, ce qui vous enlève certaine épines du pied. Quant à l’aide que je pourrai vous apporter, il ne tiendra qu’à vous de me l’expliquer. Je place notre entraide sur du moyen voire long terme. »

Il avait dit ça aussi simplement que possible. Et ça avait été accompagné d’un petit penchement de tête.

« Je vois Sabakyô Seitô et plus généralement le Shôraizen comme quelque-chose qui a besoin de grandeur. Qu’ils soient dans le vrai ou dans le faux, pour changer le monde, ils ne pourront pas rester cachés comme ils le font. Ils vont se faire connaître. Et j’aimerais profiter de ça pour le rencontrer… »

Il sortit une feuille de parchemin – il aimait toujours en garder quelques-unes avec lui – ainsi qu’un crayon de bois. Il y gratta une adresse. Il tendit le tout à la jeune femme.

« Rencontrer quelqu’un me permet de le jauger plus facilement, de voir ce que je pourrais en tirer… Bref. Si jamais vous intégrez le Shôraizen et que vous voulez que l’on s’entraide, envoyez-moi une lettre en parlant d’un ami ou de quelque-chose d’autre… L’important est que vous indiquerez un mot : terre, feu, eau, source d’eau chaude, rizières… Ce mot-là nommera indirectement le pays dans lequel je devrai concentrer mes recherches pour trouver Sabakyô Seitô. Discuter avec lui me permettra de voir plus clair… sur la façon dont je m’occuperai de la suite. »

Son regard revint sur celui de l’ex-Konohajin.

« Et si vous voulez me rendre service, faites attention à vous. Avant que je ne parte, avez-vous quelque-chose à me demander ? Si je peux faire quelque-chose… »

Ce serait avec plaisir. Oui.

Ils y étaient. Avait-il donc qualifié Seitô de terroriste inutile et avait-il sous-entendu qu’il voulait mettre un terme à ses activités uniquement pour s’attirer sa sympathie ? Le rencontrer hein … Ce serait possible oui. Elle y veillerait s’il y tenait mais chaque chose en son temps. Elle aurait d’abord à gagner la confiance du Sabakyô et de ses partisans. Un allié donc. Qui lui laissait le choix de l’aide qu’il pouvait lui apporter. À voir.

Dont nous nous occuperons de la suite vous voulez dire.

Fournir des informations à cet Howaito était un fait, faire en sorte qu’il rencontre Seitô un autre mais s’il pensait qu’il réglerait le problème de l’ancien intendant sans elle, il se trompait. Son but une nouvelle fois n’était pas l’anéantissement du Shoraizen pour l’heure et Miko en tant que Konohajin membre de la Racine avait un droit de regard un peu plus légitime que ce mystérieux allié sur toutes actions prises à l’encontre de cette organisation dont la plupart des membres étaient de Konoha.

Je verrai ce que je pourrai faire. En temps et en heure. Si vous avez besoin de me contacter, passez par l’auberge du Marcassin Agité à Ame. J’ai quelques contacts dans cet établissement qui s’assureront de relayer tout message.

Leur conversation était bientôt terminée. Ne restait plus pour Howaito qu’à savoir ce qu’elle attendait de leur échange.

Cependant j’aimerais également apporter quelques conditions à notre … partenariat. Vous semblez être un homme très bien informé et visiblement vous vous intéressez à d’autres choses que ce problème fâcheux… J’apprécierais donc d’être tenue au courant de vos découvertes … Dans la mesure du possible bien sûr, je ne vous demande pas de me dévoiler tous vos secrets. Je tâcherai de vous faire part des miennes en guise de bonne foi.

Replaçant une mèche derrière son oreille, elle conclut enfin son discours.

Dernier point, j’aimerais que peu importe les directives que je vous donnerai vous les exécutiez : personne à contacter, message à délivrer … Discrétion à assurer. J’ai conscience que cela peut-être beaucoup demander surtout à un inconnu. Mais j’aimerais que tout message passant par vous ne soit pas revendu au plus offrant. Soyez utile. Je le serai tout autant … Avons-nous un accord ?

Tendant la main par-dessus sa chaise, l’Aburame attendit la conclusion de leur affaire. Cette journée s’était avérée plus productive qu’elle ne l’aurait imaginé.