Ozaï et moi venions de franchir la frontière menant au pays de la foudre. La tension était palpable, le stress commençait à s’emparer de nous. Nous étions des mercenaires, certes, mais des mercenaires débutants. Là, on avait tapé dans le haut de gamme. Espionner un village shinobi. Il fallait être fou pour accepter, ou ne pas tenir plus que cela à sa vie, mais nous l’avions fait. Je ne craignais pas la mort, du moins je la craignais moins que la perte de ma liberté. Je savais que si les choses ne se faisaient pas dans le feutré à Kumo, j’allais devoir donner de ma personne et me battre. Jusqu’à ce que mes réserves de chakra soient complètement vidées. J’avais la ferme intention de ne pas arrêter avant. Sans même lui demander, je savais que la chose était réciproque du côté de mon acolyte. Nos longues et injustifiées années de prison avaient fait de nous deux des irréductibles de la liberté. Elles avaient aussi fait de nous des êtres assoiffés de vengeance. Enfin non, plutôt de revanche. Une revanche sur ce monde, sur les villages pourris par leur pseudo-patriotisme, fermant les yeux sur les malheurs qui s’abattent sur leurs habitants. J’avais voulu défendre ma patrie, et je l’avais payé de ma liberté. Personne ne m’étais venu en aide. C’est en ce point que je remerciais les Furyous. Leurs attaquent sur Kusa no Kuni nous avaient rendus notre liberté, détruisant la prison qui nous retenait, le Jisetsu et moi.

Mais désormais, nous étions libres. Et je comptais bien faire en sorte que ma liberté soit remarquée, et encore plus par ceux qui m’ont délaissés. Cependant, Konoha n’était pas ma priorité absolue, je cherchais d’abord à établir un réseau, à faire surgir la puissance qui pouvait dormir en moi. J’étais un Yamanaka et jusqu’alors, personne ne connaissait les limites de notre pouvoir. Personne ne les avait poussé à l’extrême. La manipulation de l’esprit était un art que je pouvais vendre cher. Ce n’était pas quelque chose de très commun. Au village de la feuille, peut-être, mais sur le marché du mercenariat, c’était peu probable.

La frontière dépassée depuis environ une heure, je me séparais de mon acolyte d’un commun accord. Nous nous retrouverions le lendemain, à la tombée de la nuit, à quelques heures du village de Kumo. Voyager seul, tout en gardant contact télépathique, nous permettais d’être bien plus discrets et de n’éveiller aucun soupçon avant notre arrivée. Je prenais donc par l’ouest, laissant le soin à mon compère de s’occuper de l’autre côté. Je marchais quelques heures, avant de dicerner une silhouette au loin. D’envergure humaine, les traits de celle-ci paraissaient inhumains. Large, grande, se mouvant étrangement. Je m’en approchais, jusqu’à ce que la chose me repère à son tour et se retourne vers moi. Il était redevenu apparemment normal, du moins physiquement. Il s’adressait à moi.

« Qui je suis ? D’ordinaire, quand on ne sait pas sur qui on peut tomber, on se présente avant d’en demander autant à un inconnu. Mais on va éviter les pertes de temps. Hiro. Et toi, “t’es qui” ? »

Je prenais un petit plaisir à imiter sa façon de s’exprimer et son hatitude. Mon assurance et ma confiance en moi étaient peut-être encore surdimensionnées, mais je n’étais pas du genre trouillard. A tord, c’était possible.

Je n’avais ni le temps, ni la motivation, pour des discours qui traînent en longueur, et le type que j’avais face à moi m’arrangeait bien. Il était tout aussi direct que moi. Les présentations avaient été courtes, mais il n’en fallait pas plus que ça en réalité. Un moyen de s’appeler, un nom sur un visage, qu’il soit vrai ou faux. Goren, comme il disait s’appeler, n’avait pas l’air d’appartenir à un des villages ninja. Il avait plutôt l’air d’un shinobi errant, ou d’un vagabond. Lorsqu’il prononça son nom, je vis qu’il s’attendait à une réaction de ma part. Peut-être était-il connu ? Enfin, avec moi il allait être déçu. J’avais une connaissance très restreinte de l’actualité, ces dix dernières années tout du moins. Je ne lui répondais que d’un haussement de sourcils. Il était accompagné d’une gamine, qui lui révéla mon appartenance à la lignée Yamanaka. Une étincelle scintilla dans l’oeil de mon interlocuteur. Je me doutais qu’il connaissait mes potentielles capacités. Je pouvais l’intéresser, ou du moins lui vendre mes services, et ceux de mon acolyte par la même occasion. J’étais la pour cela après tout, j’étais un mercenaire. Sans foi ni loi, tout ce qu’il y a de plus corruptible.

Goren avait un marché à me proposer. Je m’en doutais, son comportement m’avait mis la puce à l’oreille. Il voulait savoir si je n’étais pas un moins que rien. Il me faisait sourire, j’aimais bien ce genre de mec, bourrin à souhait. Je ne savais pas vraiment qui il était, ni même ce qu’il me voulait réellement, mais il se mit en garde face à moi, me fixant dans les yeux. Ce n’était pas assez pour m’impressionner, je lui fis rapidement comprendre.

« Quoi ? T’attends que je tombe amoureux de ton regard de braise ? T’as de beaux yeux mais t’es pas à mon goût, je suis navré. »

Après quelques secondes, il tapa le pied au sol et sortit un tonneau de bière. Pas mal comme tour de passe-passe ! Je ne pouvais m’empêcher de lâcher un léger sourire. A boire, j’étais partant, comme toujours. Alors que Goren me tendais une pinte, j’allumais un cigare que je coinçais au bord de mes lèvres.

« Merci bien, à ta santé dirons-nous. Ton groupe ? Je vais peut-être te vexer, mais je ne sais pas qui tu es, Goren. Enfin, je pourrais sonder ton esprit pour le savoir, mais t’as l’air d’être du genre barbare et bordélique jusque dans tes pensées, j’ai pas envie de chercher ce qui m’intéresse pendant trois jours. Tout ce que tu as à savoir de moi, c’est que je peux être de ton côté. Mes objectifs personnels le resteront. Mais suivant ce que tu as à me proposer, nous pourrons discuter, ou non, plus en détail. Ne tournons pas autour du pot, j’ai autre chose à faire, alors soit direct, je te fais confiance. »

Je tirais une grande bouffée de mon cigare et recrachais un épais nuage de fumée devant moi. La proposition de Goren pouvait m’intéresser, mais il lui fallait des arguments, et plutôt financiers qu’idéologiques.

« Ah et j’oubliais. Je n’intégrerai aucun groupe, oublie l’idée. Je n’ai aucune conviction idéologique et pour m’attacher à une organisation, il m’en faudrait une. Je tiens à ma liberté, par dessus tout. »

HRP:

hrp:

On buvait, on discutait, mais tout était très clair. Le dialogue s’apparrentait plus à des négociations d’ailleurs. Et je n’étais pas d’accord sur tous les termes du contrat. J’avais bien compris une chose, c’était que Goren avait besoin de moi. J’allais bien évidemment jouer le requin. Le monde du mercenariat était sans pitié et j’allais servir mes intérêts avant tout. Ozaï ne pourrait qu’approuver. Je savais que j’avais sa confiance pour parlementer. Ce que disait la brute m’intéressais, je me demandais comment j’allais pouvoir accorder mes conditions avec les siennes. Cependant, une de ses phrases fit tilt des que je l’entendis. Qu’il soit mon seul employeur ? Ça non. Il pouvait y renoncer.

« Je t’arrête tout de suite. Je bosse pour moi, avant tout. Alors oublie tout de suite l’idée d’être mon seul employeur. »

Je reprenais une pinte, pour le suivre. Je la buvais d’un trait, avant de m’allumer un second cigare. On rentrait désormais dans le vif du sujet, la partie épineuse des négociations : les désaccords. S’il y avait bien une condition que je n’étais pas prêt d’accepter, c’était celle-ci. Je marquais un blanc, léger, mais qui nous laissait le temps de réfléchir un peu. Je ne voulais pas me précipiter, je cherchais à être clair, sans pour autant fermer le dialogue. Mon intérêt demeurait dans le fait de bosser avec Goren.

« Sans me vanter, tu trouveras difficilement plus habile que moi pour faire parler quelqu’un. Ou du moins pour qu’il te donne des réponses. La réputation des Yamanaka n’est plus à faire et tu te doute que Konoha garde chacun d’eux au plus près du village. Mais moi je suis là, prêt à te vendre mes services. Alors ne réfléchis pas trop et prépare toi à faire des concessions si tu veux qu’on bosse ensemble, je suis pas du genre facile en affaire. »

Je la jouais franc-jeu. Je n’avais pas prévu de lui faire à l’envers. Je lui proposais mes conditions, et je lui rappelais qu’il avait tout à gagner à les accepter. Quelques gorgées de plus de sa bière, avant de reprendre.

« Sache enfin que je bosse en duo, avec un Jisetsu. En gros, on prend aussi les contrats qui consistent à descendre des mecs, si ça t’intéresse. »

HRP:

Les négociations devenaient intéressantes. J’avais peu à peu amené Goren à accepter mes conditions. Je n’y étais pas allé par quatre chemins et j’avais visiblement fait le bon choix face à lui. C’était une brute, et j’avais combattu le feu par le feu en lui rentrant dans le lard dès nos premiers échanges. Je piquais son ego et la réaction ne se faisait généralement pas attendre. Il était prévisible, tout du moins jusqu’à un certain point. Je ne savais pas s’il allait résister longtemps à mes petits piques, mais je sentais le timbre de sa voix changer doucement. Etait-ce l’envie de me sauter à la gorge pour me faire taire ?

« Des menaces, de mort ? Tu es peut-être connu, puissant, mais sache que tu ne m’intimides pas. Maintenant je vais t’expliquer un truc, Kyu Goren, déserteur de Suna. »

Je marquais un temps d’arrêt. C’était histoire qu’il comprenne bien une chose : je venais de lire dans son esprit. Oh, je n’étais pas allé chercher bien loin, non, j’avais pris la première information que j’avais trouvé. Aucune douleur, aucune sensation particulière. Simplement un doute. Son esprit pouvait avoir été violé, et ce sans qu’il ne puisse rien y faire. Il y avait de quoi le mettre en rogne, le Goren. Mais je faisais là preuve d’une part d’une provocation amusante, et d’autre part d’une démonstration de mon pouvoir. Je reprenais ensuite.

« Je suis un mercenaire. Le principe, je vais te le rappeler. Toi, le commanditaire, tu me donnes une mission. Je l’accomplie, tu me files le pognon, et je ne te connais plus. Tes idées, si elles n’ont rien à voir avec la mission que tu me files, je ne veux même pas les connaître. Je bosse pour moi, pour du pognon et pour mes idées. »

Je voyais que le fait d’avoir évoqué Ozaï et son don héréditaire avait une nouvelle fois éveillé l’esprit de la brute. Le duo que nous formions allait s’avérer intéressant, finalement. S’attaquer au Shukaï ? Et réunir les Jisetsu ? Mouais, je m’attendais à mieux. Enfin, lorsque les temps sont durs, et le carnet d’adresses bien mince, il ne fallait pas faire le difficile.

« C’est ok. Oui. Bien sur. Non, je pourrais te dire que oui, mais je vais être honnête : ce que j’ai dans la tête, personne ne me l’enlève. A toi de me faire confiance. »

Me faire confiance ? Quelle connerie...

HRP:

hrp:

J’avais tapé dans le mille. J’étais allé jusqu’aux limites de la patience de Goren. Pénétrer son esprit, voilà la provocation parfaite. C’était osé, mais ça en valait la peine. La brute se jeta vivement sur moi après que j’eus fini mon petit discours. Un grand coup de poing dans la face, m’envoyant valser à plusieurs mètres, voilà ce que j’avais gagné. On scellait là un pacte, à grandes frappes. Venant d’un type comme lui, je prenais ça pour une poignée de main. Il avait été rapide et puissant, dévoilant donc une partie de son pouvoir. Il était fort, bien plus que moi, et l’avoir de mon côté serait un grand atout.

L’ex-sunajin me tournait ensuite le dos, avant de s’éloigner de moi. Il était confiant, exposer son dos à un gars qu’il ne connaissait pas, c’était dangereux. Enfin, il avait du prendre ses précautions, puis lui sauter dessus ne faisait pas partit de mes plans. J’étais moins fort, et je n’avais aucun intérêt à faire ça. J’encaissais, et je l’écoutais. Je devais rapidement retrouver Ozaï, et ne plus perdre de temps. Voir avec la gamine pour les derniers détails ? Je négocie pas avec les sous-fifres moi. Je choisissais donc d’établir un lien télépathique entre la brute et moi.

* Voilà comment on va garder contact, Goren. On verra plus tard pour les tarifs, en effet. Je dois partir, j’ai du boulot, mais je te recontacterai bientôt, on finira d’établir les conditions nécessaire, et on pourra commencer à bosser.*

Ma voix devait résonner dans sa tête. J’espérais avoir trouver un commanditaire de choix, je n’en doutais pas vraiment d’ailleurs. Mon acolyte serait certainement content de ma nouvelle trouvaille. Je me relevais doucement, m’adossant à l’arbre contre lequel je fus projeté. Je partais ensuite, vers mon objectif premier : Kumo.

HRP: