Je crois que pendant un instant, j'ai réellement perdu la vie. Au moment où mon corps s'est cogné contre la givre de cette terre hostile, j'ai perdu connaissance, mais maintenant je reviens à moi, lentement.

Je tente de chasser les images de mon père et des mes frères qui me disent que je dois être plu honorable dans mes combats, qui me frappent pour bien faire passer leurs idéologies et qui m'insultent pour me faire comprendre que je ne serai jamais le plus puissant de la famille. Je tente de chasser l'image de mon sabre profondément planté dans le visage de mon géniteur.

*Qu'est-ce qui est advenu de ma mère?* me surpris-je à me demander.

Et, soudainement, je réalise que je ne suis pas mort. C'est une bonne nouvelle, ça veut dire qu'Azumi a trouvé moyen de me protéger.

J'entends des bourdonnements un peu partout autour de mon. Mon cerveau est encore embrumé et mes sens reviennent très lentement. Pourtant, je sens une vague de bonheur, comme si je savais que le danger était, pour l'instant, dissipé.

Je dois prendre une énorme respiration avant d'ouvrir les yeux parce que je sais que la réalité me frappera aussitôt qu'ils le seront. Et, c'est bel et bien le cas.

Mes deux bras sont tellement lourds et endoloris. J'ai l'impression que des dizaines de cheveux m'ont écrasé. Ma poitrine est très douloureuse aussi comme si un poids gigantesque était sur moi. Je commence par bouger lentement les doigts et tenter de sentir leurs connections nerveuses. Bon signe, ils bougent et je sens la pointe digitale. Chaque respiration est un supplice, mais je ne crois pas avoir de côtes de brisées puisque je peux gonfler mon diaphragme sans hurler.

Je me tourne enfin sur le côtés avec la ferme intention de me lever. Ma bouche pousse un râle malgré moi. Je rigole pendant une seconde et reste souriant par la suite. J'étais certain de recevoir un coup de quelqu'un alors que j'allais me lever, mais il semblerait que nous ayons survécus.

J'évalue la situation: devant moi, je vois Azumi qui se tient forte et grande. Je peux apercevoir la comédienne assise plus loin. Elles discutent ensemble de la cargaison qui est éparpillé sur le sol, le véhicule détruit et son conducteur achevé par mes soins.

*Pauvre vieil homme.*

Donc, nous avons échoué, réalisais-je.

Ma partenaire me demande mon avis. Devrions-nous laisser la comédienne prendre un objet en échange de soins pour ma personne.

- "Pour être honnête je me fiche pas mal des marchandises maintenant que le vieux est mort! En ce qui me concerne tu pourrais même tout prendre!" avoua-t-elle. "Mais je crois que la décision finale doit revenir à Taku. C'est à lui de choisir s'il veut se faire soigner dans ton repaire où s'il préfère attendre qu'on arrive dans le prochain village. Vu le prix qu'il a payé pour protéger ces marchandises, je suppose qu'il a bien gagné ce droit!"

Je pense un moment.

- "Donnes-lui son objet, mais je ne veux rien avoir à faire avec des menteurs. Je veux simplement qu'elle le prenne et disparaisse parce que nous allons donner le reste de la cargaison à la famille du vieux bonhomme. Je ne veux pas que cette famille se fasse attaquer par d'autres brigands du genre pour un simple objet."

Je marque une longue pause durant laquelle je me lève difficilement. Je pousse plusieurs bruits durant l'effort et, une fois debout, j'attrape un sabre pour m'aider à marcher.

- "Prend-le et décampe! Si je te revois, je ne serai pas aussi clément."

Sans aucune attention pour la jeune femme, j'attrape mes sabres en prenant le temps que mon corps nécessite. Ce n'est pas la peine de me dépêcher.

- "Azumi. Pensez-vous que vous pourriez m'aider à me rendre à une auberge dans laquelle je pourrai me reposer? Je crois que je vais dormir durant une journée complète."

HRP: