Crépuscule, aussi loin vont mes souvenirs, jamais je n'avais perçu avec autant d'amour une lueur naturelle. Et je reste à ma fenêtre, à le fixer tandis qu'il disparait discrètement derrière le Palais du Conseil. Je me laisse aller aux flâneries en tout genre alors que mes yeux se posent doucement sur la route passant au pied de mon bâtiment. Les mains sous le menton, je reste affalé sur l'ouverture encore chauffée par les dernières douceurs des rayons solaires, du moins de ce que mes souvenirs veulent bien me rappeler, cette douce chaleur ne pouvant plus être ressenti par mon corps meurtri. Pourtant une chose parvient à attirer mon attention, chose aussi étrange que possible, pourtant je ne l'ai jamais vu, qu'elle est cette chose à la forme humaine et à la démarche boisée ? Une marionnette ? Ce ne serait pas la première fois dans ce village de spécialiste, bien qu'ici je ne peux voir personne susceptible de la contrôler par le biais de fils. Intrigué ? Je décide donc de descendre pour suivre cet étrange ballet.

Une foule de curieux s'amasse autour de moi dans le même but, comment ais-je pu passer à côté de ce détail de taille ? Jamais vu auparavant, l'étranger attise une farouche curiosité. Je me rapproche tandis que la rue menant au Palais est descendue à son tour. Au bout j'entends déjà l'orchestre, comme à son habitude, entamer de belles symphonies et dès lors je me doute bien qu'il s'agit là de sa destination, à ce pantin animé. Je le suis donc encore jusqu'à ce qu'il prenne place parmi les artistes, qui le laissent passer bien gentiment tandis qu'il s'accapare un piano laissé libre, comme une invitation à l'évasion. Le voici qui pose ses doigts et de suite toute la musique suit.

La foule est comme hypnotisée, moi aussi d'ailleurs. Qui est ce magicien si particulier ? Pouvant mixer avec magnificence la rigidité de sa marche et la volupté de son doigté sur les touches, amenant cette mélodie parfaite accompagnant la lente reddition du soleil face aux ténèbres ? Je le fixe, tente de m'expliquer. Rien ne vient. Genjutsu ? C'est bien plus beau, bien plus fort que ça, c'est la grâce tout simplement. Je me surprends donc à rester là, au milieu de tous comme un enfant, un illustre inconnu profitant d'un spectacle bien trop parfait d'un véritable virtuose. Je le regarde, il semble ne pas pouvoir le faire, je l'apprécie, il ne se doute même pas de mon existence... du moins pas encore.

Je trouve un petit muret encore près de la scène pour avoir un visuel sur l'orchestre, pour avoir encore la possibilité d'écouter. Je me dis que je me dois de rencontrer ce type, quoi qu'il soit, je me dis que ce pourrait être une belle rencontre, si le bois savait parler bien entendu. Je ne sais pas la réponse à cette interrogation mais ce n'est pas là l'important de la situation, je me laisse enjouer par l'admiration qui attrape la foule. Admiration ou surprise envers ce personnage vraiment peu commun ? Dans le pays des marionnettes, l'une d'entre elle semblait avoir dépassé le stade des fils et désormais semblait vouloir vivre sa vie comme bon lui allait, comme de belles notes de musique rythmant une vie shinobi bien néfaste.

Qui es-tu, étrange créature ?