Taki no Kuni, le Pays de la Cascade, une contrée paisible comme il en existant de moins en moins. Aokiji avait dû s’y rendre afin d’y accomplir une tâche qui lui avait été assigné par l’Oda, section chargé du maintien de l’ordre sur les territoires de l’Alliance. Il avait pour mission d’escorter un marchand du Shozaichi à un petit village se trouvant sur ces terres. Le voyage fut sans encombre et le commerçant arriva à destination avec sa marchandise intacte. Il fallait avouer que cette route était peu dangereuse et aucune menace réelle n’était vraiment à prévoir. Cette escorte avait été demandée par le marchand lui-même, ne voulant surement prendre aucun risque. Bien entendu, une escorte royale ne lui avait pas été affectée. A vrai dire, le Samui était le seul officier du Shûkai mobilisé pour cette tâche, au grand désarroi du commerçant. Ce dernier ne manqua de remettre en doute les capacités du Genin, ne lui trouvant pas l’étoffe d’un soldat. Il ne faut pas juger un livre à sa couverture dit-on. Aokiji ne lui en tenu pas rigueur et se contenta de remplir à bien la mission qu’il lui avait été confié.

Une fois assuré que l’homme n’avait plus besoin de ses services, le Samui décida de ne pas s’attarder dans le coin et s’apprêtait donc à se mettre directement en route pour le Shozaichi. Mais apparemment il y allait avoir une animation sur la place principale du petit village où il se trouvait. C’était surement pour cela que le marchand avait décidé de se rendre ici de toute urgence. De nombreux stands étaient déjà installés, les décorations étaient déjà en place et une grande foule arpentait les rues en direction de la manifestation. Le soldat de l’Alliance décida d’y faire un tour, juste histoire de jeter un coup d’œil avant de partir. Il était déjà là, autant en profiter. Il parcourut donc brièvement quelques stands déjà en place. Entre nourriture, et autres jeux en tout genre, la fête s’annonçait pas mal du tout. Malheureusement, Aokiji n’avait pas le temps d’y assister. Il était temps de rentrer au bercail.

Soudain, au milieu de la foule, un cri se fit entendre.

« AU VOLEUR !! AU VOLEUR !! RATTRAPEZ-MOI CE GAMIN !! »

L’attention se tourna alors vers un homme d’une soixantaine d’années avec une surcharge pondérale certaine. Celui-ci semblait être désespérément à la poursuite de quelque chose ou plutôt de quelqu’un. En y regardant plus attentivement, le Samui aperçu la silhouette d’un enfant se dirigeant droit vers lui. Blond, pas très grand, le jeune garçon semblait tenir quelque chose dans la main. Au milieu de la foule, il était difficile de discerner de quoi il s’agissait, mais à en juger par la manière dont ce gamin se comportait, il devait de toute évidence s’agir du voleur en question.
En tant que membre de l’Oda, il en était du devoir d’Aokiji de régler ce genre de délit. Il se positionna alors face au garçon afin de lui barrer brusquement la route.

« Halte-là toi ! Où penses-tu aller comme ça ? Et que tiens-tu entre les mains ? »

« AU VOLEUR !! AU VOLEUR !! RATTRAPEZ-MOI CE GAMIN !! »

SAUUUUUVE QUI PEUUUUUUUT ! Mais POURQUOI je me retrouve TOUJOURS dans des situations similaires ! Je ne comprends pas moi ! Mais ces gens, ils ont rien d'autre à foutre ?! Sérieusement ! Attendez, je vous explique. Donc généralement, dans les foires comme celle-là, c'est le lieu idéal pour manger à l'œil. Du monde, des étrangers, pas beaucoup de vigilances, car ce sont des festivités... Un travail facile quoi.

Mais en passant devant un SUPER gâteau triple fruit rouge - Chocolat, comprenez que je n'ai pas pu résister ! Attendez, qui ne voudrai pas un gâteau Fraise - Framboise - Cerise avec du Chocolat en prime ? Personne, vous voyez ! Hors, je n'avais pas vraiment d'argent sur moi donc j'ai dû le prendre, car j'en avais vraiment envie... OK, même si j'avais eu de l'argent, je n'aurais pas payé ! Mais quand même quoi, faut être indulgent ! Un gâteau pareil, ça n'a pas de prix ! M'enfin bon... Il était assez gros... Donc à vrai dire, le marchand l'a vite vu, d'où la course folle que je fais à l'instant...

« Halte-là toi ! Où penses-tu aller comme ça ? Et que tiens-tu entre les mains ? »

Mais qu'est-ce qu'il veut lui ? Il me barre la route ce blondinet-là ? Ouais, je suis blond, mais ce n'est pas pareil ! Bref, il me barre la route ? Il a cru en Jashin lui. Ouais, le Jashiniste, c'est une religion débile, baser sur la douleur et la mort. Oui, oui, il y a des gens qui pensent que souffrir, c'est cool. Enfin, un petit Genjutsu et... Voilà environs une dizaine de petit Len courant dans les rues. Surpris, je passe évidemment bien facilement l'obstacle humain !

« Attrape-moi, si tu peux ! »

Et je pars en super vitesse lumière ! Hahaha ! Tu ne comprends pas que personne ne peux m'attraper ? J'ai 10 autres copies conformes qui courent dans tous les sens ! Donc c'est logiquement impossible... Sauf que... Merde... Il me prends en chasse. Mais j'ai quoi aujourd'hui ? On a une dent contre moi quelque part ou quoi ? Rahhh, je vais devoir le semer... Encore une fois. Putain de chance de cocu...

« Espèce de petit… »

Le jeune voleur ne semblait prêt à se rendre aussi facilement. De plus, il avait l’esprit joueur et était parti pour tourner Aokiji en bourrique. Alors que la foule autour regardait attentivement la scène, pensant qu’il s’était enfin fait attraper, le garçon sortit une carte pour le moins astucieuse. Il créa une dizaine de clones à son effigie qui s’éparpillèrent un peu partout sur la place. Cette manœuvre ne manqua pas de créer une certaine confusion alors que le voleur, le vrai, en profita pour s’enfuir. Le Samui tomba dans le panneau comme un bleu, comment allait-il distinguer le garçon de ses clones ? A vrai dire, en y regardant de plus près, il ne s’agissait pas vraiment de clones mais plutôt d’illusions, des images projetées dans l’esprit du jeune homme. Un Genjutsu ? Mais à quel moment ? Le Genin était plutôt surpris par le petit tour de passe-passe du garçon, mais il avait une faille. Il avait effectivement crée plusieurs copies de sa personne, mais le véritable lui était le seule à tenir en main le bien volé, à savoir un gâteau aux fruits rouges – chocolat. Ainsi, Aokiji parvint à repérer l’original et se mit alors à sa poursuite.

« Je t’aurais, sale morveux !! »

Le jeune garçon avait déjà pris une certaine avance. De plus, grâce à sa petite taille, il avait beaucoup plus de facilité que le Samui à avancer dans cette foule. La fierté de celui-ci en avait pris un coup. Il n’allait pas laissé ce petit délinquant juvénile le ridiculiser de la sorte. Il bondit alors hors de la foule afin d’atterrir sur le toit d’un bâtiment non loin de là. Sautant de maison en maison, il évitait de cette manière les personnes arpentant la rue et avançait donc beaucoup plus vite. Il rattrapa alors très rapidement le petit voleur dont il devait absolument arrêter la course.

« Tu n’iras pas plus loin, gamin ! »

Effectuant une rapide série de signe, Aokiji cracha un liquide bleuâtre qui atterrit quelques mètres devant le blondinet. La flaque crée par la technique se changea très rapidement en fine couche de glace extrêmement glissante. Vu à la vitesse à laquelle il détalait, cela allait être compliqué pour lui d’éviter le verglas. Une fois tombé dans le piège, il ne manquera plus au soldat de l’Oda qu’a le cueillir comme un fruit mur. Du moins, en théorie…

Grr ! Il ne me lâchait pas d'une semelle ! Et en plus il avait un véritable avantage sur moi ! Il sautait de toit en toit, habilement et super rapidement ! Bordel ! Sur toutes les personnes que je pouvais tomber, je devais tomber sur un Ninja ! Sérieusement, y a quelqu'un qui m'en voulait à ce point, là haut ?

Et ce n'est pas tout ! Oh non-non non ! Sinon ça serait trop facile ! Car le petit bourge-là ! Il crache de la glace. Et ouais ! De la glace sort de sa bouche. Comment je le sais ? Car j'ai juste glissé dessus sur plusieurs longs et interminables mètres, avant de me scratcher sur le sol, protégeant mon gâteau du mieux que je le pouvais... Putain, si ça continue, je vais me faire attraper ! Raahhh...

Bon changement de plan. Déjà, va falloir qu'il oublie que j'ai des pouvoirs Ninja. Le voilà qui arrive devant moi et... PLOP ! Modification mémorielle ! Maintenant, tu penses que je me suis simplement enfui et que j'étais tellement agile que tu as dû prendre la voix des toits pour me rattraper. Tu n'as jamais entendu une seule fois ma voix, et tu ne sais pas que j'ai des super-pouvoirs ! Me voilà comme un simple voleur, probablement orphelin, à tes yeux !

Me recoquevillant sur moi-même, je serrai fort mon gâteau contre moi. Pas trop fort pour pas l'écrabouiller hein ? Mais assez fort pour mimer parfaitement l'enfant ayant terriblement fin, et aussi terriblement seul. Prendre mon adversaire avec la pitié... Vu qu'il n'a plus de souvenirs sensibles me concernant, cela doit passer comme une lettre à la poste !

« Laissez-moi tranquille ! Ne me faites pas de mal ! Pitié ! »

Et cerise sur le gâteau ? Avec cet air apeuré, je fondais en sanglot !

Le garçon tomba facilement dans le piège d’Aokiji. Il ne semblait pas très habile sur ses jambes et finit donc par glisser sur la surface gelée avant de s’écraser honteusement sur le sol. Le Samui semblait avoir surestimé ce morveux. Il n’était pas un véritable shinobi. Il s’agissait de toute évidence d’un enfant mal élevé et turbulent voulant attirer l’attention. Or, le jeune homme n’avait pas le temps de faire la baby-sitter. Ce n’était pas son rôle de l’éduquer mais celui de ses parents.

Aokiji descendit donc du toit et s’avança vers le blondinet. Soudain, alors qu’il s’apprêtait à le reprendre à l’ordre, le jeune homme eût comme une absence. Son esprit devint flou durant un court instant puis d’un mouvement de tête tenta de se ressaisir. Il posa à nouveau les yeux sur le chenapan, mais bizarrement, toute la colère qu’il avait accumulée depuis leur rencontre s’était estompée. A vrai dire, il ressentait plutôt de la compassion voir même de la pitié. En effet, voir ce petit garçon blond en pleurs et aussi désemparé faisait remonter en lui des souvenirs douloureux. Il se remémora ses premiers jours d’exil à Yuki no Kuni. Lui aussi était seul, sans famille et livré à lui-même. S’accroupissant au niveau du garçon, Aokiji posa sa main sur sa tête et prit un ton moins agressif.

« Calme-toi petit. Je ne vais pas te faire de mal. Aller, aller, arrête de pleurer. Tu es orphelin c’est ça ? Tu as faim ? Je te comprends mais ce n’est pas bien de voler. »

Le Samui se releva et regarda autour de lui.

« Allez viens, je t’offre quelque chose à manger. Mais il va falloir rendre ce gâteau avant, ok ? »

Quelque chose ne tournait pas rond. En regardant autour de lui, Aokiji remarqua la couche de glace qu’il avait créé un peu plus tôt. Comment en était-il arrivé là ? Pourquoi aurait-il utilisé de telles pratiques face à ce pauvre enfant sans défense ? Soudain, quelques flashs des récents évènements lui revinrent en tête. Les clones, les toits, la glace…

« Attends une petite minute… »

Alors que sa mémoire commençait lentement à se remettre en place, Aokiji était toujours aussi confus. Il se tourna alors vers le garçon qui s’était déjà mis à détaler comme le voleur qu’il était !

« Attends gamin ! N’aie pas peur ! Je ne te ferais pas… de mal… »

Voyant la silhouette de l’enfant s’éloigner peu à peu, le Samui se souvenu enfin de la vraie raison pour laquelle il le poursuivait. Dès qu’il réalisa qu’il venait à nouveau de se faire berner, le jeune homme explosa littéralement de rage et se mit à nouveau à la poursuite du délinquant.

« ESPECE DE PETIT MERDEUX !! SI JE T’ATTRAPE, J’TE BUTE !!! »