Le Seki s’était fait soigner la main presque aussitôt qu’il avait quitté le déserteur. Quelques os de ses phalanges étaient dans un piteux état à la suite d’un coup porté sur un pilier de la prison du guerrier rouge. Tout ça pour une colère mal évacuée. Bandée de part et d’autre, la main droite du Seki devait laisser une curieuse impression à ceux qui y jetaient un œil. Blessé, le Seki l’était rarement. Lorsque cela arrivait, c’était le plus souvent lors de ses retours du champ de bataille lorsque d’aventure, le ninja faisait la rencontre de quelques ninjas talentueux. La dernière fois qu’il était rentré dans un piteux état d’ailleurs, c’était lors de son affrontement avec deux kirijins dont l’un était senseurs. Un de ceux particulièrement doués dans leur art. Car voyez-vous, un senseur de bon niveau est tout ce qu’il y a de plus chiant à combattre. C’est du moins le point de vue du Seki.

Assis sur un sofa de la salle d’attente du satoru, le Seki réfléchissait au dernier dossier chaud qu’il gérait tant bien que mal : la présence d’Oterashi Yanosa à Kumo. Pour l’heure, lui n’avait pas encore sollicité directement le Raikage sur ce sujet. Cependant, il paraissait évident, que le réseau d’informateurs du Kage lui ferait remonter rapidement l’information. Soucieux, non pas à cause du fait que lui n’avait encore rien dit à son supérieur hiérarchique, le Seki laissait son regard planer, voyager, découvrir ce plafond qu’il avait déjà vu tant de fois. Les bras étalés sur le haut du dossier du sofa de part et d’autres, jambes entrecroisées et étalées devant lui, le ninja semblait être en phase de relaxation. En réalité, il l’était. Seul son esprit était plongé dans une profonde activité. L’homme se remémorait d’une discussion qu’il avait eu, il y a quelques mois, avec un membre du Satoru dont il était plutôt proche : Kadoria Kouga. C’était à propos de ce même déserteurs, qui en ce temps-là, venait mystérieusement d’échapper à une exécution programmée. Lui qui avait été enfermé dans les geôles de Kumo suite à un combat contre le valeureux Ryuuku Namiko, comment pouvait-il avoir échappé aux mains de ses bourreaux, le jour même de sa mise à mort. Aucune réelle enquête n’avait aboutie à ce propos, mais les soupçons du corps d’élite s’était tout de suite posé sur l’actuel Raikage. Lui seul pouvait être à l’origine d’une libération du déserteur. Lui seul. C’était ce qu’avait laissé entendre Kouga ce jour-là, confortant les suppositions du Seki.

La seule chose qui avait empêché les ninjas de réagir négativement à cette situation, était la réponse à une simple question : pour quelle raison le Raikage aurait-il favorisé la fuite d’un nukenin, traître à sa nation, meurtrier de ninjas du pays des nuages ? Nul n’avait réponse à cette question. Et comme c’était le premier réel impair du Raikage, tous avaient fermé les yeux volontiers sur cette situation. Seulement ironie du sort, voilà que le guerrier rouge se présentait à nouveau à Kumo, dans la situation d’un homme ayant perdu la mémoire. Curieux, étrange. Comme si le destin souhaite que tout s’éclaircisse. Yanosa était-il un de ces fameux « ninja de l’Ombre ? » lui aussi ? C’était fort probable. En temps et en heure, Zennosuke saurait tout. Absolument tout.

Deux jours avaient passé depuis que le Seki avait envoyé son élève rechercher un certain Choza. Un éleveur ayant été la première personne en contact avec Yanosa. Le ninja avait besoin de s’entretenir avec cette personne. Il avait besoin de le questionner pour tenter de résoudre une épineuse problématique : celle de la véracité ou non de la démarche du Yanosa ; celle de savoir si oui ou non le nukenin n’était plus conscient de son passé. Ce que cela changeait à la situation du rouge ? Oui et même beaucoup de choses ! Surtout dans l’hypothèse où ce changement profond dans la personnalité du déserteur était irréversible.

L’attente ne fut pas longue. On avait informé le Jônin que Kadoria Sho était revenu depuis le matin avec l’éleveur. Il devait être aux environs de midi. L’homme n’avait eu à se reposer de son petit voyage que deux heures durant. Largement suffisant compte tenu de la situation. Lorsque les deux hommes pénétrèrent dans la salle d’attente, le ninja se redressa. Il se leva même. D’un geste amical de la main gauche, celle encore valide, le Seki invita les deux hommes à pénétrer dans son espace personnel, un espace de travail aménagé pour lui : bureau, armoires, casiers corbeille. Le strict minimum dont il avait besoin pour travailler. Une fois que ces convives se furent installés, l’homme entreprit de prendre en main les échanges.

« Merci Sho. Je savais que je pouvais te faire confiance. Rapide. Efficace… » Le Seki, alors assis sur le rebord de son bureau, à côté de son élève, lui fit une tape amicale sur l’épaule droite tout en lui adressant un clin d’œil entendu. Puis, il se tourna vers l’éleveur.

« Choza je présume ? Je suis Seki Zennosuke, celui qui a demandé à vous voir. Merci de vous être déplacé. Nous sommes sur une affaire importante, pour laquelle il urge de trouver une solution pertinente. Récemment, vous avez vraisemblablement rencontré et aidé un homme à la chevelure rouge, aux nombreuses cicatrices. J’ai besoin de savoir quelles étaient les circonstances de cette rencontre, comment et pourquoi l’avoir aidé. Quelles étaient ses réactions lorsque vous vous êtes vus, tout le temps qu’il est resté auprès de vous… »

Posant sa main gauche sur sa cuisse gauche, le Seki laissait son regard bleuté exprimer à son interlocuteur tout le sérieux de la question. Quoique bien accueilli, le civil avait conscience d’être dans l’enceinte des forces spéciales de Kumo, le village militaire du pays voisin. Officiellement, Kaminari n’a aucun pouvoir sur les gens de Shimo. Officieusement, tout le monde sait que Kaminari protège Shimo et la considère comme une sorte d’avant-poste, une possession avant l’heure.

Spoiler:

Voilà deux jours que Sho marchait  à travers Shimo no kuni en compagnie de l’éleveur qu'il venait d'interpeller, cet homme semblait honnête mais il avait fait l'erreur d'aidé un nukenin déserteur de Kumo qui venait de rentrer au village.

Le vieol homme n'était pas trop bavard, peut être préparait sa défense si il avait quelque chose à se reprocher, Sho n'en savait rien. Le Kadoria savait juste qu'il devait ramener cet homme vers le village au plus vite pour que Zennosuke-sensei le rencontre et l'interroge.

Le genin s'interrogeait intérieurement durant son voyage sur ses propres capacités : était-il assez fort pour survivre face au furyous ? S’entraînait-il assez ?; mais aussi sur son clan et sur Kumo et sur les furyous, ces abominations qui allaient bientôt revenir à la charge pour reprendre ce sceau maudit qui avait déjà causé tant de pertes.
Sho voulait comprendre avant tout, comprendre les raisons de leur retour et de ses massacres mais il voulait aussi battre ces furyous pour que les hommes vivent normalement et non pas dans la peur pour la majeure partie.

Mais voilà déjà que le village se dressait fièrement au loin et sortait le Kadoria de sa torpeur.
Sho n'eut pas le temps de laisser Choza se reposer et lui non plus, il entra dans le village qu'il traversa avec son témoin pour se rendre au QG du Satoru.

Une porte assez simple en bois trônait devant ses yeux, Sho y entra rapidement c'était la salle d'attente, il vit alors son sensei qui les invitait à entrer dans son espace de travail, mobilier assez simple, le juste nécessaire pour travailler ou Sho et Choza s’assirent.

L'utilisateur de la gravité remarqua aussitôt la main droite pansée, sûrement blessée de son sensei qui avait sûrement du s'énerver contre Yanosa mais Zennosuke ne fit rien paraître quand il remercia Sho d'une phrase éloquente, pleine de compliments tout en tapant amicalement son épaule, le genin lui répondit rapidement en souriant :

- Ce n'est rien tant que c'est pour Kumo.

Voilà maintenant, ne lui restait plus qu'à observer son sensei face au témoin, Zennosuke abordait la face du gentil ninja, compréhensif qui questionna son interlocuteur avec des questions simple et courte pour obtenir le maximum d'informations sur Yanosa et son retour au pays.

Sho ne savait pas si il avait le droit à la parole mais il se leva quand même, regarda par la fenêtre avant de dire :

- Comme vous l'a dit mon coéquipier, cette affaire est très importante pour Kumo mais aussi Shimo, l'homme aux cheveux rouges que vous avez rencontré est quelqu'un de très important, c'est donc pour cela que nous avons besoin de votre entière coopération.

Voilà Sho avait mis un petit coup de pression sur l'homme pour espérer qu'il parle plus rapidement, il fit donc signe à son maître qu'il allait maintenant se taire et observer l'interrogatoire tout en se tenant dos à un mur.

Un nouvel enseignement pour Sho aujourd'hui, l'interrogatoire et Zennosuke allait être le maître parfait.

Spoiler:

L’atmosphère dans ce bureau était plutôt décontractée malgré l’importance de la rencontre qui s’y tenait. Bien entendu, il ne s’agissait pas d’une rencontre au sommet entre des Kage, pas plus qu’une réunion entre membres du Satoru, mais juste un interrogatoire devant aboutir à une difficile décision pour le Seki. Si les informations qui résulteraient de cet entretien s'avéraient concluantes avec tout ce qu’il s’avait à ce jour sur Oterashi Yanosa, alors le Seki ne trouvait pas d’autre issue que de devoir plaider en faveur d'une mise en liberté de celui qu’il considérait, à ce jour, comme le criminel le plus dangereux pour Kumo. Le cas contraire, la décision aurait également été difficile pour le Seki, car elle obligerait, en âme et conscience, Zennosuke à s’occuper personnellement de la mise à mort du nukenin. Pourquoi ce dernier acte serait si difficile à poser ? La question, on pouvait se la poser... Pour l’heure, le Seki n’avait aucune réponse à ce sujet. Il s’agissait juste d’un pressentiment.

Calme, le vieillard l’était bel et bien. Il comprenait certainement qu’il n’encourrait aucun risque s’il se mettait à coopérer et ce doit être la raison pour laquelle il restait maître de lui. Ça, ainsi que l’attitude du Seki, devait lui avoir permis d’être plus à l’aise. Très bien. Concerné par ce qu’allait lui raconter l’éleveur, Zennosuke restait attentif au langage corporel du corps de son hôte. La moindre expression corporelle contradictoire avec les mots qui sortaient de la bouche de l’éleveur allait être signe de mensonge ; mensonge que le membre du Satoru ne tarderait pas à récompenser par quelques menaces. Si les menaces ne parvenaient pas à suffire, alors la suite serait un peu plus corsée. Était-ce nécessaire d’en arriver là ? Il fallait espérer que non.

C’est alors que Chôza raconta tout. Une histoire bien simple qui ne dérogeait en rien de la version du guerrier rouge. Tout y était, le fait qu’il l’ait recueilli, près d’un cours d’eau, qu’il l’ai mené sur les côtes dans sa maison, le fait que l’éleveur lui ait fait bénéficier de son hospitalité, cette même hospitalité que les gens des campagnes savent donner de façons si désintéressée. Yanosa et Chôza ne se connaissaient absolument pas. Zennosuke l’avait compris, tout comme il l’avait lu dans les yeux du vieil homme. Très bien.

Après un peu moins de quinze minutes d’entrevue, le Seki fit conduire l’éleveur dans une auberge de la place. Il lui donna l'assurance qu'il serait logé, nourri et blanchi tant qu’il souhaiterait rester à Kumo. La solde du Seki servirait à payer ce petit séjour. Dès qu’il en manifesterait la volonté, un Chuunin le raccompagnerait chez lui, là d’où il avait été tiré. C'était le minimum que pouvait faire le ninja du Satoru. La suite du programme ? Zennosuke commanda un dernier interrogatoire via genjutsu par le meilleur spécialiste en la matière du Satoru. L’interrogatoire ne révéla rien de plus ou de moins que ce qu’il le Seki ne savait déjà. Yanosa ne feignait rien. Il avait réellement subi une perte de mémoire, une amnésie quasi complète…

Poussant un soupir de découragement, le ninja se tint la tête par les deux mains. Une petite réflexion et un début de solution lui vint en tête. Le Raikage aurait la solution ou du moins, peut-être pourrait-il décider quelle serait la suite idéale à tout ceci.

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