L'hiver ... J'avais perdu toute notion du temps et pourtant, à peine avais-je débarqué à Lhoka, préférant la tranquillité de ce port par rapport à celle de Dhartsedo, que j'avais repris conscience de tout le temps qui s'était écoulé ... Un an et demi depuis ma dernière visite du pays. Un an et demi donc trois mois que j'avais passés à Kumo, emprisonné dans les geôles puantes de ce pays maudit.
Je soupirais et un nuage de vapeur s'échapper de mes lèvres alors que je constatais sans beaucoup de difficultés que mon simple manteau provenant de Konoha ne me suffirait pas à affronter les températures hivernales du pays des neiges.

Heureusement ... J'avais pris dans les effets que j'avais récupérés à la maison ma lourde cape fourrée. Le cadeau normalement destinés à mes quatorze ans, un cadeau que je n'avais pas pu recevoir étant à ce moment-là ... Loin de mon pays, de ma famille. Je m'emmitouflais dans ce dernier avant de me diriger vers l'une des échoppes fumantes du port. Il me fallait acheter des vivres et des couvertures pour les animaux afin d'affronter le froid glacial qui allait nous barrer la route.
Discussions avec les commerçants rapides. J'en profitais pour en savoir plus sur les réfugiés qui avaient fui le pays de l'eau, mais aussi sur cette curieuse nouvelle nation dont je n'avais jamais eu vent ... Le Shûkai ... Une alliance de pays neutres ? Les Yukijins en semblaient ravis bien qu'ils ne fassent preuve d'aucunes animosités à mon égard. Je restais malgré tout une enfant du pays.

Il était temps de prendre la route à présent. Après une nuit relativement courte, je me levais aux Aurores pour donner les soins à Nectus. Ce dernier s'était bien remis de sa blessure. Malheureusement, je n'étais pas vétérinaire. Impossible pour moi de ressouder la patte morte, de reconstituer la chair ... Nectus était désormais estropié, mais au moins il était vivant. Un regard triste pour le loup, je caressais doucement sa tête avant de sortir en sa compagnie de l'auberge pour aller aux écuries récupérer les chevaux. J'emmitouflais alors le loup dans une couverture que j'avais cousu pour lui, pour lui créer une sorte de manteau laineux épais qui le protégerait des températures glaciales avant de moi-même m'enrouler dans une tenue plus appropriée.
Me mettant en selle, je partais, suivant les rives du fleuve gelé Yangzi Jang, j'espérais atteindre rapidement la capitale.
Le voyage s'annonçait long et pénible, pourtant au bout de quelques heures de route, une ombre se dessina dans le blizzard. Une ombre que je rattrapais rapidement, la hélant de la voix :


"Ohé !!! Voyageur !"


L'homme s'arrête et se retourne, mais je ne le distingue pas. Je m'approche alors et soudain, je le reconnais ... Je parvins difficilement à articuler :


"Ka ... Kakehsuou Sama ..."


Mes mains se raidissent autour des rênes de ma jument. Je pense d'abord à une illusion, mais l'homme ne bouge pas.
Je saute alors de mon cheval et me précipite sur lui. Sans me soucier de sa réaction, je l'enlace, bien que je sois à peine assez grande pour atteindre sa poitrine :


"J'ai eu si peur ... J'ai cru que vous étiez tous morts ..."


Rencontrer le vieil homme au milieu du désert de glace, qu'elle surprise. Je ne pouvais l'espérer.

Le chemin du Voyageur le mène souvent sur des sentiers dont il ignore les lignes d’arrivée. La question n’est d’ailleurs pas de savoir où il va ; le Voyageur l’ignore. Non, la véritable question est de savoir : pourquoi est-il là … ?

Les évènements récents auraient sonné le plus honnête des hommes ! Mais Kakeshuou Samui, au plus profond de son âme, n’était pas quelqu’un d’honnête. Il n’était pas quelqu’un de malhonnête non plus, d’ailleurs ! Mais c’était un soldat. Et en tant que tel, il ne se posait pas plus de questions que cela. Après avoir organisé la fuite du Village caché de la Brume, il avait mené les troupes et les nombreux civils vers de nouvelles terres ; mais l’accueil et les risques de guerres internes avaient poussé les réfugiés à rechercher une nouvelle terre d’asile. Le cas de Yuki no Kuni. Après une semaine où les troupes s’étaient réparties et où chacun s’était remis de ses émotions, les forces de Kiri avaient décidés de leur avenir. Pour le meilleur … et surtout pour le pire. Mais comment se remettre aussi difficilement de la destruction de son Village d’Âme ? Après cela, le quinquagénaire avait décidé de s’accorder un temps de répit, et c’était rendu au Pays de l’Eau. Un moyen de constater les dégâts, de récupérer ce qui était récupérable … et de rappeler à quelque misérable que les Ninjas resteraient toujours les maîtres des lieux !

Après moult rencontre et de nombreux affrontements, le Jônin s’était enfin décidé à agir et à rentrer sur l’Île des Neiges. Il avait pu pleinement profiter de ces derniers jours pour se faire une raison et réfléchir à l’avenir. Se voiler la face ne servirait plus à rien. Il fallait aller de l’avant, et se fixer de nouveaux objectifs ; bien que ceux-ci restaient relativement évidents. Rester fidèle aux principes du Village, faire honneur à ceux qui s’étaient sacrifiés pour le bâtir et le conserver … et venger ses camarades tombés au combat ! Cela, il ne ferait une croix dessus pour rien au monde !
Mais pour l’heure, le vieux briscard devait se recentrer sur certaines obligations ; en particulier celles qui l’attachaient à son Clan. Mis à part le fait qu’il ait été Gouverneur de Yuki no Kuni et qu’il ait emmené avec lui une partie de son Clan, il avait toujours œuvré pour que les Samui gardent une place centrale dans la vie et la politique du Village Caché de la Brume. En plus de cela, étant l’un des membres les plus anciens, et certainement le plus proche conseiller de Masayuki Samui – actuelle chef du Clan de Glace – il se devait d’être présent pour voir quel serait l’avenir des Siens. En espérant pouvoir contenir une issue fatale comme cela avait été le cas pour d’autres Clans … .

Arrivé très tôt dans cette matinée froide au port de Dhartsedo, notre homme avait pu constaté la misère locale. Même à 4h du matin, les malheureux n’ayant toujours pas trouvé un abri pensaient pouvoir s’abriter du froid sous un escalier de bois, ou encore autour d’un pitoyable feu de camp. Quel avenir offrir à ces gens-là, qui n’ont ni ressource ni force pour les porter vers l’avant ? En les emmenant dans ces terres, le Clan et les derniers soldats de Kiri leur avait promis sécurité contre tout envahisseur ou menace. Mais pas contre les risques naturels ou le désastre d’une si lourde défaite … . Sans se retourner devant ce spectacle, l’homme avait loué un traîneau. 50 Ryos l’attelage ?? Les prix avaient triplé en moins de deux semaines ! Une véritable tuerie ! Amis du RolePlay et du Monde Réel, bienvenue à toi : après la misère aux infos, voici la débacle sur le fow ! Bref, passons. Le Jônin n’était pas homme à rechigner en ces temps durs de toute façon. Et, bien qu’en grimaçant devant une telle escroquerie, il avait embarqué les chiens de traîneau et s’était mis en chemin.

Une longue traversée à travers la banquise. Et dans un froid glacial. Rien de plus normal sur cette île et sur ce terrain. Longeant le fleuve, Kakeshuou Samui luttait avec ses chiens contre le blizzard. Après une bonne heure de voyage, les bêtes fatiguant devant la tempête, une pause bien méritée était nécessaires avant de repartir. Dans ce cagnard sans nom ?? Créant son fameux Gorille de Glace, le combattant rassemblait ses bêtes autour des fourrures du traineau et autour d’un morceau de viande sèche, pendant que le Macaque géant croisait les bras et claquait des dents. S’écartant un peu, le quinquagénaire marcha pour contempler les plaines désolées, abandonnant à la nature glacée et au vent épineux. Sont-ce là les terres qui nous serviront d’exil pour toujours ? Y-aurait-il d’autres issus ?

L’interpellation qui vint dans son dos le tira de ses songes. Se tournant légèrement, il était visiblement plus reconnaissable que ne l’était cette petite ombre. Le vieux briscard eut à peine le temps de reconnaître la gamine qu’elle était déjà dans ses bras, à gémir de soulagement. Un premier temps choqué – un câlin !!! Kakeshuou n’a pas été enlacé … depuis le berceau !! Un câlin, quoi, allô ?!? – l’homme s’accorda finalement à accepter cette embrassade, à poser sa main sur la chevelure de l’enfant, et à sourire – nan mais attends, stop, on est où là ?? Et il est où Kakeshuou Samui ?!? .

~ Content de voir que tu n’as rien. Te mettre dans un carcan de Glace a finalement eu l’effet espéré. J’en suis soulagé !

Profitant quelques secondes de l’embrassade, il remit une faible distance entre les deux, puis emprunta le chemin du retour vers son traîneau, s’attendant à ce que l’enfant le suive. Il en profitait naturellement pour répondre à ses inquiétudes.

~ Le Clan a emprunté les accès secrets pour fuir. Nous pleurons évidemment la perte des Nôtres, mais la grande majorité du Clan s’en sort avec beaucoup de chance. Même ta grand-mère est là … . Pour l’instant, ils ont retrouvé les anciens Quartiers de ton Clan près de la capitale … . En attendant de voir la suites des évènements.

Arrivé à son attelage, il faisait signe à ses chiens de s’écarter pour vérifier le traîneau. La monture de la fillette l’avait certainement suivi jusque là. Elle allait donc elle aussi vers la capitale. Une rencontre de bon augure, et qui effaçait certains doutes et soucis dans la tête du quinquagénaire. Il avait certes des questions à poser, mais c’était davantage par pur soulagement qu’il réfléchissait maintenant. Les aspects stratégiques et logiques du pourquoi et du comment lui échappait en cette heure festive.

~ Tu as été transporté à Konoha pour être rétabli, comme cela a été demandé ? Par où es-tu passé pour rentrer … ?

Le vieil homme se sépara alors de moi, de l'étreinte et la proximité que j'avais mis entre nous. M'éloigner fut plus difficile que ce que je pensais car alors que ce vieux bougre représentait pour moi une certaine antipathie, il n'en restait pas moins une origine de mes racines.
Lorsqu'il me dévoila que c'était lui qui m'avait enfermé dans ce cocon de glace pour me préserver, mon regard se fit brillant au travers de la fourrure qui couvrait mon visage:


"Ainsi donc c'était vous ..."


Je le regardais donc s'éloigner, profitant des quelques secondes de répits qu'il m'accordait pour rejoindre moi aussi les chevaux qui m'accompagnaient. Je récupérais sans soucis la longe de Panach et des deux autres avant de siffler Nectus pour qu'il me suive alors que je rejoignais le vieil homme.
Le loup se confondit alors immédiatement parmi ses homologues canins alors que moi, je suivais l'homme jusqu'à son traineau. La bonne nouvelle autant pour lui que pour moi, c'est que la solitude était finie.


"Konoha s'est bien occupé de moi Kakeshuou Sama ! Mais la blessure était probante, mon cœur est fragilisé ..."


Mon danjeon tout comme le sien était passé prêt d'être brisé, c'était le moins que l'on puisse dire et je rougis à l'idée de ce qu'était devenus l'ancêtre depuis lors. Une légende. Je baissais les yeux, intimidée, alors qu'il commençait à me raconter la fuite. Grand-mère et les miens étaient en vie ainsi donc. Un réel soulagement pu se lire sur mon visage alors que je parlais :


"Je ... J'ai vu que vous aviez emprunté les tunnels ..."


Il me demandait alors de façon détourner de lui compter mon retour au pays des neiges et à cela, alors que je me calais proche des chiens emmitouflés les uns contre les autres pour profiter de la chaleur, je commençais mon récit :


"Konoha m'a soigné et remit d'aplomb en quelques jours, mais je ne me sentais pas le courage de revenir immédiatement au pays. J'attendais des nouvelles, mais rien ne m'ai parvenu. J'étais inquiète, perdue, seule ... Puis quelque chose m'a fait changé d'avis. J'ai pensé revenir dans le pays de mon enfance, le seul endroit où je serais à l'aise en attendant qu'un évènement se produise, mais j'ai d'abord décidé de passer par le pays de l'eau. Je voulais moi-même voir ce qui est sur toutes les lèvres des gens en ce moment ..."


Un regard en direction de l'ancêtre alors que ma vue se brouillait. Je baissais une nouvelle fois les yeux :


"C'est pire que ce que l'on dit ... J'ai eu du mal à me frayer un chemin dans la cité ... Les cadavres jonchent le sol sans aucune sépulture digne de ce nom, l'odeur de mort est immonde ..."


Je laissais un petit silence s'installer avant de reprendre :


"J'ai gagné le quartier Samui. J'avais besoin de réponse, mais aussi de récupérer quelques objets familiaux qui me tiennent à cœur. Les miens sont partis sans ne rien pouvoir emporter ... J'ai alors vu que les tunnels étaient ouverts ... Que vous aviez pu fuir ... Je ne savais rien de votre état, mais au moins j'espérais quelques survivants ..."


C'était peu dire, j'avais prié comme une folle pour que cela soit la réalité. Mais encore.


"J'ai trouvé nos chevaux familiaux en bon état au village, épargné par le massacre. Je les ai chargés avec ce que j'ai pu, ce qui me tenait à cœur bien que ça ne soit pas forcément vital compte tenus de la situation ... Puis j'ai fait offrandes et prières à chacun des morts Samui que j'ai pu retrouver ... Je comptais quitter le village, mais il me restait une dernière chose à faire pourtant ... "


Les registres de notre clan ... Mais pas qu'eux ... Ceux des autres clans du pays de l'eau. Ils étaient la mémoire, l'histoire de notre village.

"J'ai voulu récupérer les registres claniques ... Mais je n'étais pas seule Kakeshuou Sama ... Un homme masqué m'a attaqué ... Je ne sais rien de lui, si ce n'est qu'il a créait une technique de gravitation pour tout détruire ... "


La chance avait été qu'il n'avait pas détruit la bonne partie de l'édifice, là ou aurait normalement du se trouver les registres ... Normalement car :


"Les registres ont disparu ... Le sceau les protégeant était levé. Aucune trace d'effraction sur la salle les contenant ... J'espère que c'est l'un des nôtres qui a pu s'en emparer ..."


Je ne savais pas que c'est autre c'était le mizukage ... Alors que je me laissais aller dans la contemplation de Nectus, le loup d'Aoji, désormais coucher entre mes jambes. Je le caressais tendrement :


"J'ai récupéré Shiro et Nectus aussi ... Mais l'homme l'a attaqué et lui a arraché une patte ... J'ai fait ce que je pouvais ..."

L’exfiltration du Village en phase d’anéantissement, les soins prodigués par Konoha, tout s’était finalement passé comme il avait pu l’espérer. L’Ancien prêtait une oreille attentive au récit de sa jeune comparse. Le plus d’informations il aurait, le mieux il saurait gérer la situation à l’avenir. Mais le plus troublant restait le fait qu’elle ait été à Kiri dernièrement. Un véritable acte de folie ! Les Furyou pouvaient toujours être en patrouille dans les environs, afin de traquer les survivants … . Qu’elle se rende donc seule au Village était une véritable fumisterie ; mais pouvait-il protester. Étant donné qu’il était lui-même dans les environs encore la veille. Ayant fait le choix de patrouiller pour conserver l’influence et l’autorité de Kiri Gakure no Sato sur ces eaux, il avait d’ailleurs éliminé plusieurs groupuscules pensant pouvoir profiter de la situation ; et avait même fait une rencontre inattendue ! Un homme, un Kumojin, était dans les environs. Et, malgré une certaine méfiance entre les deux hommes, ils avaient tous deux acceptés de s’échanger quelques informations, histoire d’identifier les profils et capacités d’un Ennemi qui menaçait le monde entier … .

Mais l’histoire de cet Homme Masqué le troublait. Était-ce celui qui avait joué un rôle aussi particulier lors de la dernière Grande Guerre Ninja ? Vraisemblablement non. Mais dans ce cas, … cette capacité spécifique, aussi rare que la Manipulation de la Gravité … ce ne pouvait être qu’un membre du Village de Kumo ! Ce Clan particulier avait déjà été repéré pendant la Grande Guerre. Ses facultés pouvaient représenter un véritable danger en cas de conflit. Et que faisait cet énergumène au sein de l’ancien Village ? Il venait dérober des informations ? Encore un filou qui pensait profiter de la situation ? Décidément, ces mécréants étaient pire que des rats ; prenant profit de toute situation, aussi périlleuse soit-elle, pour obtenir de l’avancement et faire parler de soi … . Rien de plus risible ! Et pour quoi : obtenir des informations, les secrets de Kiri ? Tu rêves, mon grand, il n’y a aucune chance que tu puisses mettre la main sur des éléments aussi précieux pour nous ! D’ailleurs, la jeune membre du Clan Samui abordait cette idée … .

~ Hattan Kentaro a vidé les Archives et les a emporté avec lui. Il a fait son devoir jusqu’au bout. Nous n’avons donc rien à craindre sur ce plan-là … .

Ayant écouté le récit jusqu’au bout, il finissait par se tourner vers la bête susnommée, afin d’observer les soins et les dégâts. Effectivement, c’était une sale plaie. Bon, soyons honnête : notre quinquagénaire en avait peu de choses à taper pour être franc ! Il n’attachait pas autant d’importances pour les bêtes de la Famille. Après tout, un loup, ça hurle, ça pataplop, et basta ! Mais il pouvait comprendre l’affection d’une mioche pour des animaux. Et, sur ce qu’il observait, il était évident que les dommages restaient lourds pour la bête. Or, la pousser à parcourir les prochains kilomètres dans le froid et le vent glacé ne serait pas du meilleur traitement. Il fallait donc choisir. En toute logique, le vieil homme aurait abattu la bête : on ne peut donner plus d’importance à un cabot qu’à une vie humaine. Et le froid des environs pouvait glacer un homme sur place en moins d’une heure. Mais connaissant l’affection de Yuki pour la bête, c’était aller au devant d’une grande colère s’il prenait cette décision. Et l’Ancien ne voulait pas perdre de temps en chamaillerie.
Il restait néanmoins surpris … .

~ Tu as pourtant des compétences en médecine ! Je suis surpris que tu n’aies pas tenté de le soigner … .Mais bon, passons. Le mieux serait de le mettre sur le traîneau. Il sera tiré par les bêtes, pendant que nous marcherons à côté. Mais si dans les deux heures, on ne trouve pas d’abri, il nous faudra faire une pause. Comprends bien ; on ne peut pas risquer nos deux vies et celles des autres chiens pour un loup … .

Se redressant, il alla vers le traîneau et prépara l’espace pour que la bête puisse s’y coucher. Qu’il s’y mette volontairement serait difficile ; il allait falloir l’attacher. Ce qu’elle n’apprécierait probablement pas. Mais passons. Les couvertures furent tassées, et l’espace préparé pour installer le canidé. Un vrai vétérinaire lorsqu’il le veut, ce Kake’ !

Il continuait néanmoins sur sa lancée. Depuis le départ de l’enfant, beaucoup de choses avaient changé, et il fallait s’attendre à ce que les choses continuent à évoluer. Le tout était désormais de savoir ce que le Clan allait faire ; ce que deviendraient les derniers membres du Village, et si le nom de Kiri allait tomber dans l’oubli. En ce qui le concernait, le Jônin ne pouvait le permettre ; mais il était assez expérimenté et sage pour savoir que ce genre de décision ne dépendait pas de lui. Pour cette raison, il devrait avant tout consulter le Clan. Se renseigner sur le Monde, et savoir ce qui se développait en réaction à une attaque que l’on pouvait considérer comme mondiale … .
Cette gamine était bientôt assez grande pour faire partie du Conseil. Elle méritait donc d’en savoir un peu plus.

~ J’étais moi-même à Mizu no Kuni jusqu’au hier. J’y ai rencontré un certain Hasaki Seki, de Kumo. Ils sont en recherche d’informations. J’ai négocié une « paix relative » avec eux pour que nous ne soyons pas traqués comme du gibier inoffensif pendant notre reconstruction. Mais rien ne garantit qu’ils tiendront parole … .
Le Clan va certainement se réunir pour voir de quoi sera fait notre avenir. Que tu participes à la séance serait certainement d’une bonne formation pour toi … .

Spoiler:

Le vieillard avait raison, malheureusement pour moi, Nectus n'était pas un humain :


"J'ai réussi à soigner la plaie avec mes techniques ... Mais je ne suis pas vétérinaire et leurs structures génétiques est aussi complexe que la nôtre ... En définitive, j'ai fait au mieux pour qu'il ne souffre pas trop ..."


Ce qui était la vérité. Le loup était en vie et ne souffrait pas. Je n'étais pas capable de faire repousser les os comme l'aurait fait un Kaguya ou comme j'aurais pu le faire avec un humain. Un nouveau coup dur concernant mon incompétence. Je m'empressais de cacher la peine que cela m'avait faite en appelant le loup pour l'attacher dans le traineau du vieil homme alors que ce dernier me raconter lui-même son séjour à Mizu.
L'évocation d'un Kumojin me glaça le sang. Se pourrait-il que mon mystérieux agresseur soit l'un d'eux ? Possible, mais pas sûr. Les manieurs de gravité étaient de Kumo, cela faisait beaucoup de probabilités et de suppositions concordantes. Mais je ne tenais pas à mettre la peau de l'ours avant de l'avoir tuer. J'attachais donc soigneusement le loup d'Aoji au traineau avant de me remettre en selle sur ma jument et de me lancer à la suite de Kakeshuou.
Ce dernier estimait notre prochaine pause à deux heures et moi, j'évaluais rapidement la distance qu'il nous restait à parcourir jusqu'à la capitale. Après tout, je connaissais ses contrées enneigées beaucoup mieux que lui. Normal, j'y étais née !


"Le glacier semble stable Kekeshuou Sama et le blizzard nous pousse dans la bonne direction ! Dans deux heures, nous atteindrons la forêt bordant la capitale ... Nous y serons à l'abri !"


Je poussais un peu l'allure des chevaux pour leur faire suivre la cadence des chiens qui avait une aisance particulière pour se déplacer sur la glace.
Rapidement, je prenais la tête, profitant de ma hauteur pour tracer le chemin le moins dangereux pour le vieillard alors même que ce dernier évoquait les potentielles réunions du clan. Il souhaitait que j'y assiste ... Je restais pensive un long moment à cette idée. Cela allant à l'encontre de la promesse que j'avais faite à Yusuke, je restais pensive. Mais finalement, je déclarais par politesse et obéissance :


"Bien Kakeshuou Sama ... Je ferais ce que vous jugerez apte pour moi ..."


La route continua sans que nous ne discutions plus et c'est lorsque nous avons enfin la lisière de la forêt et que j'ai singulièrement ralenti l'allure, me portant ainsi à sa hauteur que je demandais :


"Kakeshuou Sama ... Est-ce que vous en savez plus sur les créatures qui nous ont affrontés ? Les autres nations ont-elles cherché à aider les survivants ? Quand est-il des autres clans de Kiri ?"

L’équipe préparée, la bête sanglée, le départ était donné et l’étrange groupe se dirigeait vers le nord. Direction : Gyamda, la capitale. Haletantes mais fortes comme une montagne éternelle, les bêtes tiraient le traineau avec toute leur énergie, comme pour sauver leur camarade blessé. Poussant parfois du pied, se tenant au moyen de transport, l’ancien bravait le vent et ses gifles glacées d’un regard déterminé et sans broncher. Peu importe le froid ; cela faisait longtemps qu’il était sur ces terres. Il s’était habitué à la température et aux intempéries. De la pacotille, à côté de ce que ses comparses avaient vécu récemment. Il ne s’en plaindrait pas.

Le paysage passa, presque éternel et sans modifications précises. Seule l’apparition de la forêt apporta un semblant de changement dans le coin. Elle n’était qu’à une dizaine de minutes, pas grand-chose pour le groupe. Encourageant par moments ses bêtes, l’homme continuait à pousser du pied pour faciliter la course et épargner quelques secondes les loups de son poids. La distance fut raccourcie en peu de temps ; et les arbres fournirent un premier abri de fortune contre une tempête qui se faisait de plus en plus agressive. Une fois cette forêt traversée, les deux Samui atteindraient la capitale et pourraient gérer leurs affaires courantes.
L’Ancien aurait certainement fort à faire. Depuis la dissolution des Forces de Kiri Gakure no Sato, il restait le dernier à croire en un rêve ancien. A un héritage longtemps défendu et si facilement détruit. Le Dernier des Kirijins. Un titre qui le poursuivrait partout sans doute. Peu importe ; il en tirerait une profonde fierté, et saurait défendre ce titre jusqu’au tombeau. Quoi qu’il en soit, il allait d’abord voir quels étaient les preux qui étaient prêts à œuvrer pour un renouveau, alors que tant d’anciens guerriers du Village caché de la Brume avaient préféré la solitude et la « désertion dans les faits ». Vous choisissez la cachette pour y croupir comme des rats que l’on traquera sans relâche. Je ne compte pas laisser mes anciens compagnons et mon Espèce être décimée sans réagir. Bon vent ; et du balai. Seuls les braves présenteront encore un visage fier face aux évènements et aux éléments déchaînés.

En plus de cela, comme susdit, un Conseil Clanique serait certainement à prévoir. Après de tels bouleversements, ce Clan à la réputation fameuse connaissait, en même temps que Kiri, une véritable défaite et un changement important. Nul doute qu’il faudrait voir ce que l’avenir réservait, et quelle direction ces hommes prendraient pour continuer à survivre et à grandir de chaque obstacle franchi. En vérité, ce serait certainement l’évènement le plus important depuis la destruction du Village. Et, en tant que soutien du Chef de Clan Masayuki, Kakeshuou aurait certainement un rôle important à jouer dans toute cette affaire. Il tâcherait d’ailleurs de la voir avant que cette Réunion au sommet ne commence ; histoire de lui affirmer son soutien et de la conseiller dans ces temps difficiles.

Une question le tirait de ses pensées. Ayant déjà été à Yuki no Kuni depuis le désastre, il avait pu discuter avec d’autres Ninjas ayant affronté les Furyou. Et il est vrai que, malgré son combat, Yuki avait rapidement été mise hors-combat et s’était retrouvée cryogénisée et envoyée à Konoha afin d’y recevoir les soins de première urgence. Pendant ce temps, les informations avaient été échangées, les avis rassemblés et les projets mis en avant ! Normal que la jeune femme cherche à en savoir davantage, elle qui a manqué tous ces évènements … .

~ Les Furyou ont attaqué à de nombreux endroits en même temps. Et ils ont causé de véritables ravages parmi toutes les armées de défense. Même si Kiri en sort la plus meurtrie, les autres ont subi de lourds dégâts également. On peut s’attendre à ce que tout le monde soit sur ses gardes. Ils n’auront pas le temps de se préoccuper de nous. Quoi qu’il en soit, les Furyou étaient quelque chose … . On les dit immortels, et leurs capacités étaient formidables … . Il y a peu de chances que l’on puisse les vaincre. Pour l’instant.

Un petit sifflement ; les chiens s’arrêtent. Une légère pause ne sera pas de refus. L’homme pose pied, met genou à terre pour caresser l’un ou l’autre louveteau ; et prend sur son traîneau une gourde encore chaude sous les couvertures. La décapsulant, il avale goulûment une lampée. Histoire de se réchauffer, classique ! Il tendait ensuite la gourde vers la gamine ; elle devait avoir froid, elle aussi.

~ On n’a eu aucun signe des autres Villages, hormis pour patrouiller sur nos terres, et fouiller les ruines de notre Village. De vrais rapaces. Et pourtant, il va falloir faire preuve de courbettes si nous voulons nous en sortir pour la suite … . Quant aux Clans, nous avons eu une Réunion en sommet pour voir quoi faire. Les Clans Suzurane et Samui se sont accaparées les terres de Yuki no Kuni, étant donné nos racines. Les autres Clans sont toujours les bienvenus, mais ils ont du choisir d’autres terres … . Souvent, ils se sont orientés vers les Nations mineures … .

L’Ancien paraissait bien bavard … . Peut-être pas assez ! Il oubliait de dire le plus important : le fait que la boisson chaude était … un alcool maison. Et du fort en plus ! Ce qui n’avilie pas l’homme le réchauffe … et le rend plus fort !

Condescendante, je finissais par m'arrêter à mon tour quand j'eus trouvé un petit renfoncement dans la falaise toute proche de la forêt, ou nous pourrions nous abriter les quelques minutes que durèrent notre pause.
Je m'étais immédiatement pieds à terre, vérifiant rapidement l'état des chevaux, leurs hydratations, leurs membres endoloris et gercés par le froid.
Alors que la discussion allait bon train avec le vieillard, j'en profitais pour enduire leurs membres d'une pâte de ma composition pouvait réchauffer leurs muscles ? J'y m'étais de l'attention avant de m'approcher des chiens de traîneau et de leur infliger le même traitement.
Mes connaissances du terrain étaient un réel atout dans ce paysage enneigé et alors que le doyen me tendait une gourde pour me désaltérer, l'odeur qui s'en expulsa à peine l'approchais-je de mon nez, me fit reculer le bec pour lui rendre sans en boire une goutte.
Nous étions bientôt arrivés de toutes les façons, j'allais pouvoir revoir ma famille, me réconforter dans leurs bras avant que des sujets beaucoup plus importants prennent le dessus sur tout le reste.
Il ne me restait à présent qu'à examiner l'état de santé de Nectus qui semblait, emmitouflé dans ses couvertures, allait très bien.
Tant mieux pour lui alors, je me redressais donc, réajustant la capuche de ma cape avant de revenir vers Kakeshuou Samui pour lui rendre sa gourde d'alcool avant de m'installer aux côtés de Nectus dans le traîneau.
À cet instant, j'avais un peu peur des retrouvailles, mais surtout :


"Qu'allons-nous devenir Kakeshuou-Sama ...?"


J'étais triste car bien que je m'en doutais, je réalisais à présent pleinement la situation compliquée dans laquelle nous nous trouvions. Par nous, je voulais bien entendu dire les Samui.
J'avais beau essayer de me détacher d'eux par tous les moyens possibles, ils restaient ma famille ... Ma grande et puissante famille. Je ne pouvais pas les abandonner. Un regard d'enfant apeuré se posa donc sur l'ancien. C'était son rôle de me rassurer après tout, je baissais les yeux :


"Les autres pays connaissent notre pouvoir ... Ils pourraient essayer d'en profiter pour nous détruire ou essayer de voler nos secrets ... Nous devons nous protéger ..."


Des paroles louables en soit. Mais étaient-elles réalisables ? Je ne connaissais pas assez bien la situation pour en être consciente, tout ce que je savais pour l'instant, c'était que les habitants du pays de la neige n'avaient pas été le moins du monde hostile à mon égard.

La pause aurait bientôt assez duré ; et puis, le duo n’était qu’à un quart d’heure des premières bâtisses du centre politique de l’île. Même marcher serait suffisant. Mais les chiens de traineaux seraient plus rapides. Peu importe, ce ne serait qu’une question de minutes. Désormais, le voyage était achevé, et les deux personnages de cette rencontre auraient tous deux des activités qui les mèneraient sur des routes différentes. L’ancien aurait beaucoup à faire : après avoir revu quelques camarades pour leur faire savoir ce qu’il se passait au Pays de l’Eau, il devrait certainement voir le Conseil des Anciens de son Clan. Bref : dès son arrivée, déjà tant de choses à faire ! Contrairement à ce que l’on peut penser, même avec la destruction de Kiri Gakure no Sato, il restait encore beaucoup à préparer. Pour l’ancêtre, il n’y avait guère de débat sur la question : il fallait maintenant préparer le retour en puissance de cette troupe exilée.

Pour cette même raison, la question de la gamine n’avait pour lui aucun sens. Que faire ? Fuir face à nos agresseurs, nous protéger contre eux ? Tu ne fais qu’énoncer des évidences. Bien sûr que nous allons lutter poutre notre survie ! Mais le Clan a déjà connu des situations similaires par le passé. Pendant plusieurs générations, nous avons lutté de manière acharnée contre ceux qui sont devenus nos alliés une fois le Village créé. Des morts par dizaines, des infirmes et des traumatisés pendant plusieurs années … . Mais tel est l’enjeu de la guerre ; ce que nous vivons actuellement est une expérience que nous n’avions pas vécu depuis longtemps : l’expérience de la défaite ! Mais ce genre d’épreuve devait être croisé au moins une fois pour s’en relever et devenir plus fort. Pour pouvoir devenir un homme, un combattant, il fallait connaître le triomphe comme la fin, les blessures comme la gloire, la tristesse comme la rage … . Sentiment qui serait plus que côtoyé dans ces heures sombres.
Nous détruire et voler nos secrets ? Non, Yuki. Rien de tout cela. Car quiconque pensera pouvoir poser sa marque et son autorité sur le Clan Samui se verra glacé, puis déserté dans un iceberg éternel sur les flots d’un océan sans fin. Tant que toi et moi sommes de ce monde, Princesse des Neiges, rien ne doit nous empêcher de mener à bien notre mission et d’agir avec honneur. Et même si parfois, nos discussions me laissent penser que tu es trop faible pour cela, je veux croire que tu seras capable de porter un tel fardeau.

~ Nous nous protègerons. Plus que cela, même … . Sache que c’est dans des situations désespérées que des hommes tels que nous trouvons nos meilleures forces. Certes, le Village est détruit. Mais les Samui restent une Race forte, unie, capable de prodige ! De notre sang sont venus des combattants aussi puissants que Mahan, Kyoji … . Des noms dont nous pouvons être fiers … .

Si un concept devait représenter au mieux l’homme qu’était Kakeshuou Samui, ce serait la Foi. Car au-delà de tout homme, il avait foi en les Siens. Foi en sa force et en ses convictions. Foi dans sa détermination sans faille. Nulle autre religion n’eut su le détrôner de sa position. Il resterait maître de son destin. Après avoir lutté pendant tant d’années, le quinquagénaire était encore prêt à aller sur le champ de bataille et à y mourir comme la plus méprisable des charognes. Mais il ne renoncerait jamais à ce privilège d’une mort glorieuse pour la défense de ses idéaux. Si seulement les Siens pouvaient voir aussi loin que lui. Si seulement le sang du Ninja coulait encore vraiment dans les veines de ces hommes qui s’étaient peu à peu laissés bercés par une vie douce, si éloignée des combats et de ses dangers … .

Jusque là assis dans la neige, jambes croisées, le vieux Lion se dressa soudainement, le corps ferme et sévère. Encore cette aberrante confiance. Et pourtant, il ne pouvait que reposer dessus. Il ne lisait pas l’avenir ; mais il savait quel était son rôle vis-à-vis de cette gamine plongée dans l’incertitude. Il avait un nouveau devoir désormais. Non ; un même Devoir, mais bien plus fort qu’auparavant.

~ Notre force a subsisté pendant plus de cent ans. En restant unis, nous repousserons tout adversaire s’opposant à nos volontés. Et je serais le premier à me placer face à l’adversité. En cela, tu peux me faire confiance, petite … !

Retour vers les chiens. Il ne reste qu’une courte distance, et – comme dit auparavant – il reste beaucoup à faire. Le meilleur moyen de rendre confiance à cette enfant, c’était encore de lui montrer un investissement sans faille et une dévotion passionnelle pour son Clan. Observe bien, et vois que tu ne crains rien derrière mon ombre.

~ Il en faudra plus d'un millier pour me terrasser ! Tant que je serais là, les Samui seront éternels !